L’œil du sniper…

Une balle de golf est cachée dans cette image. Vous avez huit (8) secondes pour la trouver.
Ce n’est pas si facile que cela en a l’air.
Si vous y parvenez dans ce laps de temps, vous êtes un bon sniper, une personne dotée d’une capacité d’observation exceptionnelle.

Quand j’avais une dizaine d’années, mon père avait remarqué que j’avais une acuité de vue assez exceptionnelle.
Si bien que je l’accompagnais souvent lorsqu’il partait à la chasse avec ses amis.
Simplement parce que je voyais tout de suite un animal tapi, là où eux ne voyaient rien.
Alors que j’étais encore mineur, j’ai été mobilisé pour la guerre d’Algérie, j’ai vite été remarqué pour la même raison.
Quand il s’agissait de repérer un individu dissimulé dans la nature, j’étais le meilleur.
Conséquemment, je jouais un peu le cowboy, j’en imposais aux autres
Heureusement, un copain m’a averti » Fais gaffe, Pascal, tu vas finir sniper ! «
J’ignorais alors qu’un sniper est un tireur embusqué, opérant généralement seul, pour flinguer l’ennemi. J’ai vite cessé de faire le Kéké, et commencé à contester les ordres reçus. Si bien que je ne suis jamais devenu sniper.
Des années plus tard, devenu formateur, quand j’animais un stage pour des journalistes, lors des relectures d’articles, je repérais immédiatement la phrase boiteuse, le mot inadéquat ou mal placé, le cliché, etc. Finalement, j’étais devenu un sniper de l’écrit.
Je voyais immédiatement, sans être journaliste, ni avoir fait des études de lettres, que ça sonnait mal, qu’il y avait quelque chose qui clochait.
Je le décelais immédiatement dans un article, et ça épatait tout le monde. J’ai d’ailleurs créé un stage spécifique, que j’ai titré : » Dépoussiérer son style », il a eu tant de succès que je l’ai vendu au centre de formation des journalistes. (CFPJ)
Voilà, jusqu’où, cette acuité m’a mené.
Je profite de cette anecdote pour vous inviter à tenter une expérience très créative. C’est le printemps, promenez-vous dans la campagne et essayez de distinguer, dans cette luxuriante nature, des formes plus ou moins lointaines.
Interrogez-vous : « Qu’est-ce que cette forme que je distingue à peine ? », « Qu’est-ce que ça peut bien être ? »

Comportez-vous tel un sniper. Immobilisez-vous, ne bougez plus, observez attentivement, et faites en sorte que votre cerveau n’imagine pas ce que vous distinguez à peine. Il faut que ce soient vos yeux qui discernent ce que c’est. C’est ça, l’acuité.
Autrement, si votre cerveau imagine des tas de trucs à partir de ce que vous distinguez, c’est votre imagination qui va décider et non pas votre regard.
Commencez d’abord par laisser votre imagination inventer ce qu’elle veut. Car vous n’y pouvez rien, elle est en pleine ébullition, puis, quand elle s’est bien emballée, dites-lui : « Du calme l’imagination ! Maintenant, c’est à mon œil de décider.
Si vos yeux n’ont pas une acuité extraordinaire, ce n’est pas grave, vous vérifierez après. Profitez de ce bon exercice de créativité.
Moi aussi je l’ai trouvée, mais en mauvaise snipeuse il m’a fallu bien plus que 8 secondes. Mais je l’ai trouvée, alors VICTOIRE!
Je les vois mes ‘z’heros’ c’est eux qui m’embarquent dans leurs histoires qui souvent n’ont ni queue ni tête. Et je les en remercie car ils me permettent de m’ évader de mon quotidien. Et c’est vrai aussi qu’un mot fait ‘micheline’ en entraînant les suivants. Merci cher Oeil de lynx, ça ne m’étonne pas de toi y a de la perspicacité là dessous !🤗🐀
trouvé de suite et en louchant !
Je ne sais pas pourquoi – ou plutôt si, car c’est toi, Pascal, qui m’a amené chasser ses chroniques – ton histoire de sniper m’a ramené à mon homonyme António Lobo Antunes et sa « chronique pour ceux qui aiment les histoires de Safari » (Livre de chroniques IV).
« Je n’ai jamais d’idée, commence-t-il ;
je me limite à attendre le premier mot, celui qui entraîne les autres derrière lui. Il y a des fois où il vient tout de suite, et d’autres où il met des siècles. C’est comme chasser des antilopes sur la rive du fleuve : on reste adossé à un tronc jusqu’à ce qu’elles arrivent, en silence, sans parler. Et voilà qu’un petit bruit s’approche : la chronique, méfiante, regarde de tous côtés, avance d’un rien la patte d’une phrase, prête à se sauver à la moindre distraction, au moindre bruit. Au début, on la voit à peine, cachée dans le feuillage d’autres phrases, de romans écrits par nous ou par d’autres, de souvenirs, d’imaginations. Puis elle devient de plus en plus nette quand elle s’approche de l’eau du papier, qu’elle prend de l’assurance, et la voilà, toute entière, qui penche le cou en direction de la page, prête à boire. C’est le moment de viser soigneusement avec son stylo-bille, en cherchant un point vital, la tête, le cœur
(notre tête, notre cœur)
et quand nous sommes sûrs de bien avoir la tête et le cœur dans la mire, de tirer : la chronique tombe devant nos doigts, on dispose ses pattes et ses cornes de façon à ce qu’elle soit présentable
(ne pas en faire trop, pour que l’attitude ne soit pas artificielle)
et on l’envoie à la revue. »
J’ai parfois longtemps attendu une idée, tapi dans la forêt de mon imagination pour la reconnaître au premier coup d’oeil et lui pendre sa vie pour qu’elle se réincarne dans un autre monde, dans mon univers. António m’a souvent inspiré, comme toi et tes conseils, Pascal. Merci !
Je finirai avec cette dernière citation qui devrait parler à beaucoup d’entre nous et nous motiver encore plus :
« Les seuls livres qui peuvent devenir bons
(et ce n’est jamais certain)
sont ceux dont on a la certitude qu’on n’est pas capable de les écrire »
Bon mercredi créatif à tous !
António Lobo Antunes 🙌 Je conseille toujours de le lire, comme Pessoa.
J’aimais bien admirer Lauren Bacall. Surnommée « LE REGARD ».
Derrière l’acuité visuelle se cachent des mystères.
Klaus Barbie était, lui aussi, un « REGARD »
C’est vrai que celui-ci devait être un sniper multirécidiviste vu son CV.
5 secondes, vers le bas à gauche. Fière de mon exploit, cher Pascal, car je ne me trouve pas bonne observatrice et ferai un piètre témoin dans une affaire criminelle.
Maintenant que vous avez retrouvé la balle, vous pourrez aller golfer.
Amicalement
Nadine
Vu ! Mais pas facile à déceler…
Bonne journée à vous.
Trouvée ! Mais le chronomètre s’est pris pour un lièvre 😂
Hi hi hi! me voilà une bien piètre snipeuse !!!
Merci Pascal pour cette chronique 🙂