40 réponses

  1. Urso dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous. Cela dit…

    Cela dit l’autre matin Gromeux tomba sur un os.
    Un défaut karatéka de son état qui ne voulait pas se faire éliminer. Un atémi bien placé sécha le père Gromeux qui lorsqu’il se réveilla au bord d’un trottoir à trois heures du matin rentra tout penaud chez lui.
    Gromeux se dit que les temps étaient devenus difficiles pour lui.
    Il le savait, ses espions le lui avait dit, les défauts souhaitaient le tuer et cela très prochainement.
    Il paraît que le grand Manitou des défauts avait prévu la date du vendredi saint, qui approchait, et son supplice serait terrible puisque on voulait le crucifier sur une croix.

    Gromeux ça lui avait servi de leçon ce coup d’atémi au niveau du cou. Il allait fuir, se fondre dans une foule dans la grande ville de Pékin ou partir se réfugier en plein cœur de l’Himalaya.
    Mais il pensait que défaut karatéka qui disait s’appeler Zorro défaut pourrait bien le retrouver même s’il partait sur la lune ou sur Mars.
    Il irait dans un monastère, n’importe lequel. Là ce Zorro défaut ne pourrait le retrouver !

    Manque de bol le premier monastère de son choix , il retomba sur un os, apparemment le même. Dans le monastère en question il revit le karatéka certes déguisé en abbé. Mais c’était bien lui.
    Il prit alors la poudre d’escampette, ne sachant plus où aller pour échapper à cet os de défaut.
    Il chercha, il chercha, et ne trouva pas d’endroit, un lieu tranquille pour finir son séjour sur Terre.
    Oui le père Gromeux après tout ce qu’il avait fait aux défauts, il craignait de plus en plus pour sa vie. Une fin désespérée, une fin atroce, pensait-il, pire qu’un martyr.
    Aussi cherchait-il une sorte de bunker, d’ermitage, au sein duquel on n’aurait pas l’idée de venir le déloger.
    Pâques approchait et il voulut partir sur l’île de Pâques espérant que dans ce coin du globe personne ne retrouverait sa trace.

    Ah ! Ah ! ce Gromeux ça lui fera les pieds, çà lui apprendra la prochaine fois à faire la chasse à mort aux vilains, sympathiques … gentils et coriaces défauts.
    Car Ho ! Ho ! on en a tous des défauts et donc rien ne sert de courir Kir ! Kir ! comme un lapin à travers champ pour Euh ! Euh ! pour …
    Ah ! oui oui ça me revient, c’est à peu près la chose qui suit :
    – C’est de voir en très très gros la paille qui est par exemple dans l’œil de notre voisin et surtout le lui faire remarquer ; et parallèlement ne pas ou ne pas vouloir voir la poutre, que dis-je le gratte-ciel, qui sont dans notre propre œil !

  2. Peggy Malleret dit :

    Tous les médias braquaient leurs feux sur cet exploit ! La chirurgie était reléguée à l’époque de grand-papa. Ce gommeur de défauts n’avait pas fait d’émules parce que personne n’y croyait et la liste d’attente devint interminable. Nul n’échappait à cet engouement.

    Au bout de quelques années, un nombre incalculable de gommeurs de défauts professaient sur des centaines de milliers de personnes. Jusqu’au jour où une des influenceuses les plus suivies expliqua pourquoi elle se trouvait maintenant quelconque sans ces petits riens qui lui donnaient tant de charme. Plus personne ne se retournait sur son passage.
    Elle tomba dans une profonde déprime. Aucun psychothérapeute ne réussissait à la sortir de cet
    état. Les messages d’encouragements affluaient. Ils réussirent à la faire rebondir. Elle décida de retrouver ce qui la différenciait des autres. Elle chercha quel thérapeute serait capable de lui redonner ses défauts. Lorsqu’elle le trouva, elle mit ses coordonnées sur son compte Tik Tok qui explosa ! Les « moutons de Panurge » accoururent. Elle devint encore plus riche et ces praticiens d’un nouveau genre furent incapables de gérer leur succès

  3. Nadine Remond dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous.

    – S’il vous plait, maître Gommeur, des paupières moins lourdes et des yeux plus grands, et verts en amande.
    – Des cheveux plus épais et souples.
    – Des cheveux moins ternes, roses.
    – Quinze centimètres de plus en tour de poitrine.
    – Dix centimètres de moins en tour de taille.
    – Vingt centimètres plus grand SVP.
    – Des pectoraux plus larges.
    – Un nez moins proéminent.
    – Une bouche plus sensuelle.
    – Des jambes plus fines.
    Avec ou sans les formules de politesse, toutes les demandes avaient été les mêmes depuis le début. Gommer des imperfections de la nature, des petits travers de l’apparence physique. « Plus de …», « moins de … »… Il commençait à s’ennuyer désormais. Surtout au sortir de son laboratoire. Il ne croisait maintenant que les corps parfaits de ses concitoyens qu’il avait façonnés. Et s’en lassait. Tant d’uniformité après tant de demandes…Qui l’eut cru ? Mais surtout, toujours la même ambiance pesante.

    Cela dit, personne ne lui avait encore fait l’autre demande.
    Alors, un matin, il s’allongea lui-même sur sa table d’opération. Il programma le gommage. Chercha le bon bouton. Tous ceux-là n’avaient encore jamais servi : envie, cruauté, jalousie, avarice, cupidité, égoïsme, colère…Il appuya sur le bon : orgueil. Après le temps requis, il se releva et se saisit d’un bidon d’essence et d’une allumette. Un feu purificateur détruisit son laboratoire. De maître Gommeur, il était redevenu homme. Quel bonheur.

  4. Kyoto dit :

    Il ne payait pas de mine, pâle comme un malade au bord de l’agonie. Un homme de petite taille, peu avenant. Laid. Cependant, d’une notoriété retentissante !
    Dans ce restaurant de gamme supérieure, la clientèle ne parlait que de lui : Monsieur Kompa est un maître dans son art ; Monsieur Kompa n’a qu’une règle : satisfaire ses clients en une seule séance ; Monsieur Kompa devrait être médaillé de la Légion d’honneur !…
    – Dis-moi, Charlotte, tu le connais ce Monsieur Kompa ?
    – Bien évidemment ma chère ! Cet homme est un génie !
    – Les génies, moi, je m’en méfie !
    – Ma pauvre Gertrude !
    – Dis-moi, Charlotte, que fait-il donc comme prouesse cet homme si talentueux ?
    – Il est gommeur de défauts !
    Le rire tonitruant de Gertrude fit taire toutes les conversations. Tous les regards convergèrent vers la briseuse de cet espace guindé, ce qui n’affecta pas l’attitude de Gertrude :
    – Ah ! La grosse blague ! Gommeur de défauts ! Et ben dis donc, il doit en avoir du boulot !
    Une femme, maigre comme une asperge, s’approcha de la table des deux sœurs :
    – Mademoiselle, je me présente : je suis l’épouse de Monsieur Kompa, et je ne vous permets pas de vous moquer de mon mari !
    – Alors, il a dû s’exercer sur vous. Il a gommé toutes vos rondeurs ! En combien de séances ?
    Suffoquée, Madame Kompa asséna une violente gifle à Gertrude, ce qui fit chuter la température de la salle d’au moins vingt degrés. Cependant, Gertrude n’a pas bougé :
    – J’ai grande envie de vous en balancer une aussi, mais je crains que la brindille se casse !
    – Mesdames, Mesdames, je vous en prie, cessez immédiatement ces enfantillages, s’exclama le Chef étoilé !
    – Vous ne me verrez plus jamais dans cet établissement qui accepte des dégénérées !
    Gertrude, qui une fois de plus, ne put contenir son rire si caractéristique, s’adressa à sa tortionnaire :
    – Quand vous serez arrivée chez vous, demandez à votre cher époux, qu’il gomme tous vos défauts !
    – Espèce de…
    Une fois, Mme Kompa partie, les langues se délièrent, et la température remonta rapidement.
    – Vous savez, moi, mon mari a fait appel au gommeur, car il était tout le temps énervé. Je ne sais pas ce qu’il lui a fait, mais depuis, c’est un vrai mouton ! D’ailleurs, il bêle.
    – Moi, j’ai également fait appel à lui. Je voulais qu’il gomme toutes mes rides. Je suis sortie avec une peau de jeunette, comme la vôtre, Mademoiselle. Un mois plus tard, j’étais mille fois plus ridée !…
    – Dis-moi, Charlotte, j’espère que ce charlatan n’a pas abusé de ta naïveté !
    – Bien sûr que non, Gertrude, tu sais bien que je suis Parfaite !
    Pour la troisième fois, le rire éclatant de Gertrude fusa !

  5. Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous. Cela dit…, il restait parfois, défauts semblants. Et pour ceux-là, il fallait s’y reprendre à deux fois. Mieux, en effet, valait une qualité, même acquise sur le tard, qu’une tare qui pèse sur la conscience. Alors, il mettait vraiment la gomme pour bien mener sa barque et pouvoir enfin jeter l’ancre…une ancre sympathique, bien sûr !

  6. ourcqs dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous.

    Il faisait rêver … estomper les rides, les ombres, mauvaises attitudes,
    Effacer les comportements inappropriés, sournois, les tendances à l’ironie cinglante, aux colères tonitruantes, à la paresse,
    Gommer l’utilisation de mots choisis
    Éliminer des faux semblants, des faux fuyants, des faux bonds, des faux négatifs, des faux pas ..
    Cela dit… ,
    Tout le monde était beau, était gentil ??? Pas évident de vivre avec des gens parfaits, sans quelques trucs bien personnels, quelques défauts qui font le sel de la vie …

  7. mijoroy dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous. Cela dit, il est un domaine où notre redresseur de morgue et de rogue avait plus que du pain sur la planche. Les récalcitrants étaient nombreux et leur nombre en constante augmentation. Jour et nuit cette communauté de durs à cuire tripatouillent la souris. Ces gens là ne parlent plus à personne depuis qu’ils ont entre leurs mains un smartphone neuf ou reconditionné. D’autres, même pas peur des torgnoles du crédit agricole depuis qu’ils achètent sur Vinted. Ils ont confondu le haut débit et la carte de crédit. Celle-ci n’est pas un forfait illimité. Ces âmes perdues ne vont même plus au ciné, préfèrent télécharger. Le gommeur peinent à rebooter ces gens qui à force de cliquer et zapper sont presque devenus des banques de données. Pire vont même plus à confesse mais font cela par sms. Pour compliquer son affaire y’a un gars qui vient d’arriver dans les familles il s’appelle IA. J’crois que le gommeur va devoir embaucher. Remarquez y’en a bien qui a dit : « Vous traversez la rue et vous trouvez du boulot ». Moi c’que j’en dis c’est que les lieux de débauche créent l’embauche.

  8. Alain Granger dit :

    Pierre et Justine s’aimaient. Ils s’étaient choisis pour de nombreuses qualités physiques et quelques qualités morales. Au bout d’un temps chacun envoyait à la figure de l’autre ses défauts, des défauts qui devenaient insupportables. Comme ils adoraient mélanger leurs corps plus que toute autre choses, ils ne voulaient pas se quitter. Divorcer n’était que la dernière option. Aussi décidèrent-ils de recourir au gommeur de défauts.

    Monsieur Maped les reçut dans son cabinet. Il avait une tête qui virait au bleu comme s’il avait eu très froid ou s’il était apparenté à un schtroumpf. Par contre son corps était très rose, comme celui d’un cochon ou celui d’un anglais bon teint. Aussi bien Justine que Pierre avait dressé la liste des défauts qu’il voulait voir disparaître chez son partenaire. Monsieur Maped en prit connaissance. Il fit allonger chacun sur une table de massage en petite tenue. Le thérapeute exerça un massage en profondeur. Il frotta les peaux avec vigueur jusqu’à ce que le sol soit couvert de squames, d’excoriations, de kératoses et de d’acrochordons. Lorsque les corps se sentirent plus légers, les portefeuilles s’allégèrent aussi de sommes conséquentes.

    Au bout d’une semaine, Pierre et Justine ne pouvaient à nouveau plus se supporter. Mais cette fois c’était pire qu’avant. Ils retournèrent voir le gommeur de défaut. Celui-ci s’étonna de leur réclamation. Il regarda la liste qu’on lui avait donnée au départ et posa la question :
    – Ces défauts n’ont-ils pas disparus ?
    – Mais si, justement, répondirent les époux en écho.
    Justine prit la première la parole :
    – Je vous amène un homme autoritaire, arrogant, rancunier, impulsif, colérique et têtu. Voilà que vous me rendez un homme timide, effacé, pondéré, mou et qui dit amen à tout ; un homme ennuyeux en quelque sorte. Il était imprudent et maintenant il est devenu lâche. J’avais un mythomane et aujourd’hui je me trouve en face d’un mec sans imagination, totalement incapable de raconter ses exploits à sa fille.
    Pierre enchaîna :
    – Quant à moi, j’ai conduit jusqu’à votre cabinet une épouse bavarde, immature, impatiente, capricieux, émotive et envahissante. Me voilà aujourd’hui avec une compagne taciturne et taiseuse, froide et distante, ordonnée et calculatrice. Moi qui la trouvait influençable et paresseuse, la voilà désormais diligente et dirigeante, à tel point qu’elle est plus au travail que dans son foyer.
    D’une seule voix ils demandèrent :
    – Rendez-nous notre ancienne personnalité.

    Moralité : adaptons-nous aux défauts de celui ou celle que l’on aime car à trop vouloir le/la changer, on en perd la raison pour laquelle l’autre nous a séduit. Un petit défaut peut s’avérer nous être indispensable.

  9. Le gommeur de défauts

    Cette technologie de pointe — révolutionnaire — pouvait en un temps record réparer n’importe quelle disgrâce d’un visage, ou défaut de votre corps. Cependant elle avait un prix… et pas n’importe lequel.

    Pour se l’approprier, les lobbies de la santé avaient dû se résoudre à être sous la tutelle du gouvernement mondial qui se mettait en place. Autoritaire, cela s’entend, mais qui vous garantissait de l’emploi ou un revenu universel. De la sécurité. Des soins gratuits pour tous, dont le fameux gommeur de défauts faisait allègrement partie.

    Il suffisait en échange d’être un citoyen exemplaire et responsable, de se plier à tous les quotas ou normes exigés.

    Rodés en amont par l’arrivée du tout-connecté, des voitures autonomes, et de l’intelligence artificielle, les individus avaient renoncé à ce qui les caractérisait en tant qu’être unique, pour se fondre massivement à la doxa régissant tout le corps social. Ils trouvaient au fond confortable de n’avoir pas à se poser de questions.

    Quant à ceux qui refusaient énergiquement de vendre leur âme à une forme d’Éden castrateur et illusoire, ils étaient voués au pilori électronique. Dans tous les lieux publics, de grands panneaux faisaient apparaitre leurs visages et leurs noms.

    Et cette lumière qui brillait encore dans leurs yeux.

    Une lumière aveuglante pour tous ceux qui promenaient sur elle un regard éteint.

  10. Gilabert de Florates dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous. Cela dit…

    Hui Fen – Ou l’art à gommer les défauts…

    Laissez-moi vous conter l’histoire, ou plutôt la légende de Hui Fen, qui se prononce Kweï-fèn et qui signifie : « Philosophie lumineuse ». C’est le nom choisi par Charles Durant alors qu’il partait entreprendre de longues études dans le temple de Shaighan, au fin fond de la Shaighanie dans l’Est de la Chine. Un monde perdu de Shaanxiam à la lisière désertique de la Chine et de la Mongolie-Intérieure. La même légende disait que la bibliothèque du temple était située dans une forteresse construite sous la dynastie Xia-Zhou-Shang, en l’an -2100 avant notre ère, mais que seuls les élus pouvaient la trouver, après une longue marche de plusieurs mois dans les montagnes de L’Altaï…

    Durant cinq années, Hui Fen avait passé d’interminables journées dans la pénombre de la bibliothèque secrète du temple où il puisait dans les livres sacrés de Xin-Sui-Tang : « Rúguǒ bù yán ér yù, shuō chūlái huì gèng hǎo », dont la traduction littérale correspondrait, plus de trois mille ans avant la célèbre phrase de Talleyrand à : « Si cela va sans le dire, cela ira mieux en le disant »…

    Après que la confirmation de la somme de ses savoirs fut établie par le grand maître Song-Han-Qing de Shaighan, Hui Fen avait été officiellement décrété ; « Zhīshì dà shèng », autrement dit : « Grand sage de la connaissance » au cours d’une assemblée à laquelle avait assisté le digne représentant de la Dynastie Xia, en personne. Mais qu’avait donc si longtemps étudié Charles Durant au cœur de l’Empire Céleste où il était devenu, Hui Fen, l’homme pourvu de la « Philosophie lumineuse » ? Il avait tout simplement acquis l’art à gommer les défauts !

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite et elle s’étendait sur tous les continents. En une séance, Hui Fen le gommeur de défauts, parvenait à les enlever tous. Cela dit, la partie la plus délicate de sa mission revenait à faire admettre, aux personnes qui sollicitaient ses services, leurs erreurs et leurs faiblesses, puis, d’accepter d’en tirer des enseignements…

    Mais, ce que Hui Fen le gommeur de défauts n’avait pas découvert dans les livres sacrés, il en fit le constat sur le terrain, parce que bien souvent l’homme dit et fait le contraire de sa réflexion la plus profonde, comme dans la plus pure obscure clarté. Face aux contradictions d’actions et d’idées, Hui Fen le gommeur de défauts rencontrait de plus en plus de mal à mettre en pratique son postulat. Les personnes que consultait Hui Fen, acceptaient difficilement les critiques constructives qu’il tentait de distiller avec bienveillance.

    Au fil du temps Hui Fen supportait avec difficulté les défauts des autres qu’il ne parvenait plus à gommer, ce qui représentait un non-sens au regard du travail considérable que lui avaient demandées ses longues années d’études pour devenir un gommeur de défauts. Il sentait bien que ses connaissances sur tous les sujets d’imperfections comportementales, finissaient par l’abandonner et les arguments pour convaincre son auditoire, lui échapper. Sa grandissante incapacité à gommer les défauts l’inquiétait fortement, d’autant que sa lumineuse philosophie éclairait tout son être d’une étrange pâleur…

    Ce qui était le pire pour lui, c’était de constater que dans le regard des autres il voyait sa propre image. Autrement dit, il était victime de l’effet miroir, une théorie psychologique selon laquelle les autres nous renvoient une image de nous-mêmes, par leurs comportements, leurs réactions ou les émotions qu’ils suscitent en nous. Toutes ces images le bouleversaient au point qu’il s’interrogeait sur son état mental : était-il encore sain d’esprit ? Cette incertitude emmêlait sa pensée et il se demandait si toutefois, il n’était pas frappé d’anopsie au point de ne plus rien voir et rien entendre de ce qui pouvait bien se passer et être dit autour de lui. Mais, à force de vouloir comparer et opposer toutes choses afin d’atteindre la tranquillité de son âme, Hui Fen avait donc irrémédiablement été touché par un scepticisme profond. Au point d’admettre que rien n’était vrai ni faux, ni vrai et faux à la fois, et que toute chose s’opposait à elle-même… comme l’intérêt de gommer les défauts.

    Il avait longtemps bataillé avec ses propres convictions pour sortir du dogme dans lequel il était enfermé, et qui lui imposait une doctrine établie ou regardée comme une vérité fondamentale et irréfutable, transmise par les écoles philosophiques qu’il avait fréquentées durant sa formation. C’est à partir de ce constat que son entreprise avait donc consisté à ne plus rien accepter sans preuve et à suspendre tout gommage de défauts tant que la preuve d’une imperfection ne lui serait pas donnée. Il n’avait pas été aisé pour lui d’admettre que son enseignement, auquel il adhérait fermement, pouvait être contestable. Grâce aussi à ceux qui entretenaient l’ambiguïté entre une chose et le contraire de celle-ci, et qui favorisaient des interprétations opposées. Dans ce contexte, pourquoi vouloir continuer à gommer les défauts dont la plupart des êtres humains s’accommodaient aisément ? Le contrôle de la situation et la maitrise du dialogue avaient fini par lui échapper complètement, il assistait impuissant à la fracture de la société. Mais en réalité, ses difficultés à pouvoir trancher sur le sujet étaient arrivées à le convaincre que l’objectif de sa mission avait toujours consisté en la création de milliers de jumeaux du comportement. En quelque sorte, il manipulait les esprits des masses de la société à laquelle il n’était pas nécessaire de donner une pleine et entière perfection qui aurait pu être profitable à son épanouissement. À vouloir gommer tous les défauts des uns et des autres, il influençait l’opinion d’une façon beaucoup plus perfide, au point de faire aimer aux gens les choses qu’ils détestaient auparavant ! Il avait également découvert que le fait de gommer les défauts générait un manque de compétences, d’habitude de réfléchir, de penser, d’exprimer des sentiments et d’utiliser des langages appropriés à toutes sortes de situations. Sans défauts, toutes les actions devenaient monotones et nos comportements étaient simplistes et ennuyeux.

    Ce qui revenait à dire que le fait de gommer nos défauts agissait sur les êtres humains que nous sommes, comme une sorte de placébo de l’esprit, et que nous finissions par nous comporter en comédiens affublés de costumes bien trop grands pour nous.

    Hui Fen commençait à douter du bien-fondé de sa quête à gommer les défauts. Pourtant, il avait toujours été convaincu que le bonheur universel consistait en une société sans défauts, parce que la perfection servirait à maintenir les rouages de la société en un fonctionnement régulier. Et, que l’authenticité et la beauté de toutes les choses que nous défendrions alors, seraient incapables de gripper la mécanique intellectuelle des hommes, si merveilleusement reconfectionnée !

    Malheureusement, c’était sans compter qu’il y avait autant de défauts que d’êtres humains en ce bas monde et que chacun était convaincu de ne pas en être doté, autrement dit, d’être parfait ! Devant ce triste bilan, Hui Fen pris enfin conscience que de vouloir à tout prix gommer les défauts du monde, était une mission impossible et qu’en vérité, elle n’était que la vanité des rêves. Et qu’en définitive, la seule vérité qui comptait était celle que les gens croyaient… et pour se convaincre les uns et les autres, ils usaient de mauvaises raisons qui leur étaient propres ! On peut comprendre alors combien avait été profonde la déception de Hui Fen. Du jour au lendemain, il disparut et l’on n’entendit plus jamais parler de lui !

    Si je devais choisir une morale à cette légende ce serait : « Les choix des hommes sont légitimités par le fait qu’ils pensent détenir la science du sujet qui les pousse à agir ! »

    Texte inspiré par ma nouvelle – Liao-Chin-Ming
    Ou la découverte de l’art de se taire…

    • Gilaber de Florates dit :

      Bonjour à tous,
      Je suis conscient qu’avec ses 1250 mots, vous trouverez que mon texte est long… Comme d’habitude d’ailleurs… mais, je viens du Sud, de Marseille plus exactement et sur la Canebière comme sur les quais du Vieux-Port, nous avons de la tchatche…
      Bon dimanche à vous !

  11. Michel-Denis ROBERT dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous.
    Cela dit, il pratiquait depuis qu’il était tout petit. Dès qu’il apprit à marcher, il mit la gomme, une vraie pétrolette qu’il bruitait sans l’avoir jamais entendue. A peine deux ans et demi, il avait déjà prévu son cursus. Ses parents furent étonnés par sa précocité. Au cas où il aurait fallu le surveiller, ils l’emmenèrent chez le médecin pour savoir s’il était normal. Le docteur répondit : « Ne vous inquiétez pas, votre fils est surdoué. Vous serez surpris par ses inventions. Ne le contrariez pas, choyez-le et qu’il se crée sa propre nature, il vous apportera la fortune ! »
    Effectivement. Ils le pouponnèrent. Et il grandit dans les meilleures conditions, si bien qu’il développa sa créativité au maximum.
    C’est donc un peu plus tard qu’il découvrit ses facultés d’inventiosn et qu’il acquit une solide expérience dans le jeu. Mais pas n’importe lequel, en plus de son don inné.
    Sa passion des mots prit naissance en même temps que jouer aux billes. Il traçait des lignes avec ses billes. Il perfectionna son style, son père fut émerveillé. « Il écrit bien le début de sa vie, dit-il de lui ! » Car c’est lui qui inventa le stylo à bille. Une question d’associations d’idées qu’il avait résolu à l’âge de 14 ans. Il avait inventé un nouvel art basé sur la métaphore. Dans la presse, on vénéra le phénomène.
    C’est vers cet âge qu’un journaliste fit la confusion entre gamer et gommeur. En réalité, c’était le journaliste qui n’était qu’un journaleux à la gomme. Il l’avait assimilé à un simple joueur de mots se conformant à une mode quelconque qui passerait rapidement. Le jeu pour le jeu. Le jeune homme lui lança un défi, à ce fantaisiste des mots qui n’avait rien compris alors qu’il aurait dû le mettre en valeur.

    Le petit garçon qui avait grandi, tenait à ce titre : « Le gommeur de défauts », ce qui correspondait à une nécessité de ce temps-là. La com. comme on disait alors, étant devenue quelque chose de factice au point que les gens, tout en parlant normalement, ne se comprenaient plus. Il avait eu du flair. Par une simple phrase prononcée, le gommeur déterminait ce qui était bancal chez son interlocuteur. Un silence ou un simple mot bien placé pouvait le remettre sur la bonne voie. Il avait inventé un nouveau jeu de lois.

  12. Sylvianne Perrat dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous. Cela dit, il n’agissait pas tout seul. La fameuse Lia l’assistait. Elle était son bras droit ou plutôt son hémisphère gauche. Il lui soumettait le cas, en 3 secondes elle proposait une solution parfaite pour gommer les défauts de l’individu concerné, de l’objet défaillant ou du texte inachevé. Il lui restait la tâche la plus passionnante. Il peaufinait, nettoyait, ciselait, agrémentait la « chose » en question. Il recherchait la perfection. 2 secondes ne lui suffisaient pas. Il prenait son temps. Il ne refusait aucune commande. Tout défaut était bon. Il avait commencé tout petit avec sa gomme magique à l’école. La moindre faute était effacée. Ses cahiers étaient nets. Obsessionnel, il en avait fait son métier. Gommeur de fautes. Faute d’ortographe, faute de goûts, faute de soins, faute l’étourderie, lourde faute, faux pas. Parfois, il acceptait même de gommer les péchés ! La facture était plus élevée car il se faisait aidé de la cousine de Lia au Vatican. Il aurait voulu un monde parfait. Sans bévues, sans taches, sans ratures, sans rayures, sans égratignures, sans bavures. Un monde propre…
    Petit, sa mère utilisait la Javel pour aseptiser leur environnement. Cette odeur le hantait. Plus tard, il utilisa des masques et de la solution hydroalcoolique pour tout purifier. D’ailleurs, quand il recevait une commande, il mettait des gants.

  13. Rose Marie Huguet dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous. Cela dit…

    Lassée par mes jérémiades, une amie m’emmena consulter le gommeur de défauts qui, à ses dires, faisait des miracles. Prise de court, la panique me gagna tandis que mon cerveau se prenait pour un manège infernal. Il tournait dans tous les sens.
    C’est ainsi que je suis retrouvée face à un homme rougeaud vêtu de bleu.

    Que dois-je gommer me demanda-t-il ?
    Je restais perplexe. J’avais bien envie de lui répondre tout, mais j’avais peur de me retrouver sous forme d’épluchures de gomme sur son fauteuil.
    Je ne sais par où commencer. Je suis percluse de défauts comme d’autres de rhumatismes.
    Donnez-moi la liste des plus handicapants à vos yeux. Nous verrons pour les autres lors d’une prochaine séance.
    Waouh ! Il ne m’aidait pas beaucoup. Histoire de voir si ses pouvoirs étaient à la hauteur de sa notoriété, je lui citai ceux qui m’étaient reprochés par mon entourage, même si moi je ne les considérai pas comme tels.

    Et c’est ainsi que je me suis retrouvée dépouillée de mon narcissisme, de mon côté capricieux, de mon égocentrisme, plus deux trois petites choses.

    Je retrouvai ma copine qui me scruta au microscope. Elle me noya sous un flot de questions auxquelles je ne pouvais répondre que par monosyllabes. On se dirigea vers notre café préféré où nous attendaient des dizaines de paires d’yeux. La même pluie de questions.
    Ne pouvant répondre à cette avalanche d’interrogations, mes copines déclarèrent à l’unisson que le gommeur était génial. Elles me voyaient plus sereine, plus attentive, etc, etc…
    Elles se désintéressent de moi et s’occupèrent à lister les défauts qu’elles devraient gommer pour rayonner dans le monde.

    Les semaines passèrent. Certaines de mes copines s’étaient fait aspirer leurs défauts. Nous nous voyions de moins en moins. Il faut bien dire que nous rigolions moins, nous étions moins naturelles. En revanche, qu’est-ce qu’on était devenues ennuyeuses !! Celles qui n’avaient pas franchi le pas, n’étaient pas prêtres à le faire. Bref, notre grand groupe de copines un peu loufoques se scinda en deux : les bonnes vivantes et les zombies.

    Le gommeur m’avait suggéré de gommer de mon esprit les souvenirs liés aux défauts pour mon bien-être, genre package all inclusive. J’avais refusé.
    Maintenant, je doute un jour sur deux. Pas marrant de passer inaperçue, de ne plus être bousculée par les copines. Cool, de ne plus entendre leurs reproches.

    Fichu gommeur. Il n’a pas insisté lorsque j’ai dit non au gommage des souvenirs. Il savait très bien que cela allait être compliqué dans ma calebasse et que l’envie de tout gommer pouvait me pousser à revenir vers lui.

    NON ! Je ne le ferais pas. Je ne veux pas être aseptisée comme toutes ces personnes qui ont fait appel à lui et qui maintenant n’ont plus ni personnalité, ni charme, ni charisme. Elles sont fades ! Elles n’ont plus de couleurs, plus d’étoiles dans les yeux. Non, non et non !
    Je veux redevenir moi. Je veux récupérer mes défauts qui vont de pair avec mes qualités.

    Je me rends dans ma superette préférée, achète une éponge magique, me rends chez le gommeur, lui ordonne de me donner l’antidote et avant de partir lui frotte la tête et les mains avec l’éponge Monsieur Propre pour lui enlever toute envie de robotiser les gens.

    Non mais !

  14. Grumpy dit :

    Pour une fois, à l’agence pour l’emploi on lui avait proposé un métier tout nouvellement mis sur le marché. Pas d’expérience ?
    Aucune importance Monsieur, ce métier venant d’être créé il ne rencontre encore aucune concurrence que ce soit.
    Pouvez-vous me le décrire davantage ?
    Eh bien voilà : Il s’agit de devenir gommeur de défauts (ni plus, ni moins)
    Donc on vous demande de parcourir villes, villages et campagnes, montagnes, mers, lacs et forêts aussi, et d’y gommer tout ce qui se présente à vous sans états d’âme tant pour l’humain que l’animal, le végétal, le minéral, l’aqueux, etc. Il s’agit de nettoyer d’un grand coup la planète comprenez-vous ?
    – Vrai, bonne initiative, voilà un boulot qui va me plaire,ça fait si longtemps qu’elle n’a plus été récurée, elle a bien été rincée quelquefois mais ça n’a pas suffit, son odeur est devenue carrément insupportable. Elle empeste Monsieur, mieux : elle pue !
    – Donc vous êtes preneur ?
    – Certes oui, je vais faire mon maximum et je vous garantis le résultat.
    Et le gommeur dégomma tant le figuré que le propre : un comble.
    Et c’est ainsi qu’il remit à l’agence le rapport de son premier jour de travail :
    Il avait gommé :
    – les points noirs des visages dans les salons de beauté,
    – les tracés des cartes routières et au passage villages et clochers
    – l’accélérateur de sa Fiat 500 qui avait un peu trop tendance à mettre toute la gomme
    – les gommes des écoliers qu’il coupa en deux supprimant le côté rose qui ne râpait pas les fautes efficacement
    – la gomme de toutes les semelles de crêpe qu’il trouva (fort peu car elles n’étaient plus à la mode, il eut plus de chance dans les garages et leurs pneus)
    – le plus jouissif : supprimer les qualités mentholées de la gomme à mâcher Hollywood chewing-gum qui devint fadasse, etc …
    – au passage et pendant qu’il y était, il dégomma sa femme pour de bon, il en rêvait et se garda bien de le signaler, elle le menaçait si souvent d’agir à l’identique.
    Tout compte fait, bizarrement, là où il avait le mieux pris son pied, ce fut à rendre leur superbe aux murs des villes en qualité de dégommeur de tags. Sans crainte puisque le mot dégommeur n’existe que pour les voyous.

  15. Nadine de Bernardy dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance le gommeur de défauts les enlevait tous.
    Cela dit, à chaque fois que j’avais recours à ses services, je me posais la question :
    mais pourquoi n’utilisait il pas ses dons pour lui même, l’homme étant en effet laid, à moitié chauve, bedonnant, une peau boutonneuse, lui qui savait vous gommer un nez trop long, des oreilles décollées, la cellulite sur des cuisses encore jeunes.
    Il m’avait entre autre écourté les bras, raffermi les mollets et effacé les bajoues. Cette fois j’y allais pour un épaississement capillaire.
    Je le trouvais particulièrement peu à son avantage et m’autorisais à lui demander:
    cher ami ,vous qui gommez depuis des années les défauts ou soit disant tels de votre clientèle, pourquoi ne vous en faites vous pas profiter?
    Vous me trouvez si amoché que ça, demanda-t-il en souriant
    Bien oui, s’il me faut être honnête
    Il sorti d’un classeur la photo d’un éphèbe superbe qu’il me mit entre les mains :
    là j’avais trente ans, depuis j’ai payé de ma personne à force d’expérimentations ratées. Vous saisissez ?

  16. iris79 dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlevait tous. Cela dit, il était pas mal décrié aussi car il n’y allait pas avec le dos de la cuillère !
    Il gommait tellement qu’il enlevait la fine couche qui enveloppe toute personne, celle qui lui donne son caractère, sa présentation au monde, son apparence. On savait donc tout de suite qui était passé par chez lui ! Les gens en ressortaient tout fripés, avec une mine patibulaire, le regard fatigué et lessivé. Le repos et le sommeil ne suffisaient pas à retrouver un teint frais. Et surtout, la petite étincelle qui luit dans chaque regard s’état éteinte. Les conversations étaient ternes et les blagues avaient presque disparues. Quant à l’autodérision, n’en parlons pas.
    Il y avait défauts et défauts. Mais c’était bien là le problème. La technique et la gomme étaient toujours les mêmes. Elles décapaient plus qu’elles ne s’adaptaient au cas par cas. Il fut un jour convenu que la méthode était à revoir. Vraiment. On ne pouvait plus continuer comme ça, à errer au milieu de zombies fades et amorphes.
    Les chercheurs reprirent donc tout le protocole et revirent leur copie. La nuance était de mise et il y avait du travail ! Il fallait impérativement catégoriser et hiérarchiser les défauts ! Et ce n’était pas une mince affaire.
    Il y avait quand même urgence. Le métier était en plein essor ! Il y avait énormément de travail !

  17. Antonio dit :

    — Cela dit, Madame Ramirez, si je vous enlève cet épi de Damoclès qu’est votre entêtement, ça va laisser un vide sur le front des discussions avec vos proches.

    — C’est mieux comme ça. Je veux que ce soit plus ouvert, aéré devant. Je ne veux pas que ça me retombe dessus, là, vous voyez. Coupez court à tous ces défauts de mèche qui me prennent la tête. Regardez, ces pointes de jalousie, derrière, ça craint, non ?

    — Ne vous inquiétez pas, Madame Ramirez, on va arranger tout ça. Pour la colère, je n’insiste pas, on laisse l’aigri au naturel, comme la dernière fois ? … Non ? Ah ! Vous me faites plaisir, Madame Ramirez, la colère noire vous va tellement mieux et renforce vos traits de caractère.

    — Ça fait surtout vos affaires, oui ! Mais vous avez raison, mon mari me regardait comme sa mère et ça m’irrite à un point, vous ne pouvez pas savoir. Sauf que j’avais perdu ce regard noir qui le fait douter. Parce qu’il ne faut pas croire, je plais beaucoup aux hommes quand je m’énerve. Et surtout à mon mari. Les réconciliations n’en sont que meilleures.

    — Je ne vous le fais pas dire. La colère noire est loin d’être un vilain défaut, tant que l’on enlève ses accès de violence. Avec le brushing, ils ne paraîtront plus. On fait comme d’habitude, une bonhomie au carré, légèrement dégradée, pour ne pas paraître cruche, non plus. Vous allez être parfaite, Madame Ramirez. Je vais vous dire, si je n’étais pas mariée à une sainte, je vous demanderais en mariage.

    — Ah ! vous êtes un beau parleur, vous. Mais votre sainte, vous feriez mieux de veiller à ce que personne n’y touche. Parce que pendant que vous nous gommez gentiment, j’en connais un ou deux qui, dans votre dos, la dégomment… Bah oui !

  18. Jean Marc Durand dit :

    Sa retentissante notoriété n’était pas surfaite, elle était sur fabriquée. Il n’avait de fait obtenu qu’un CAP, un certificat d’apparence professionnel, puis fait beaucoup de bruit, de bazar et d’affichages, afin qu’on cause de lui, LUI, LUI, LUI, HERBERT CANCRELAT !

    En une séance, le soi-disant gommeur de défauts vous enlevait tout ce qui pour lui se présentait de traviole, les aspérités nécessaires et les creux d’évidence. Rien de ce qui touchait à votre personnalité, à votre aimable étrangeté ne lui échappait. Il vous rabotait la tronche et le caractère, vous transformait pour pas cher, en profil de robot, en automaté de la déviance sociale, en dressé au perpétuel couché, face à la norme.

    De fait, en feuilletant la presse interdite, on pouvait découvrir que ce triste sire avait été formé par l’ETAT SUPREME, dans la trop glauque univercité, la sournoise formatrice de dégommeurs de qualités.

    Plusieurs de ces minables insectes prônaient tout et n’importe quoi, par exemple que la tête était blatte. On en trouvait un peu partout, dans la presse, dans la politique, dans le sport, dans la culture, et j’en passe…Ils faisaient croire aux gens que le sang dans leur corps, c’était du coca cola…et que le camembert était fabriqué avec du lait de girafe. Et que c’était pour ça qu’en Normandie, on plantait des haies partout, pour cacher les girafes.

    C’était vraiment n’importe quoi ! Mais le peuple qui s’avère toujours un peu cruche, tant qu’il ne s’est pas aperçu qu’on l’avait tout cassé, et que même l’eau à boire commençait à manquer, mit encore trop de temps pour réagir.

    Heureusement, SUPER DURAND piégea le cancrelat avec ses propres armes. Un jour d’inattention, le Cancrelat s’étrangla avec son propre chewing- gomme et s’effaça lui-même de la ronde surface de la terre. C’était un bon débarras de printemps !

    • Béatrice Dassonville dit :

      – en profil de robot, en automaté de la déviance sociale, en dressé au perpétuel couché, face à la norme. 😀

      – et que le camembert était fabriqué avec du lait de girafe. Et que c’était pour ça qu’en Normandie, on plantait des haies partout, pour cacher les girafes. 😀

      J’aime.

  19. camomille dit :

    Cela dit, pas facile de vivre gommé de ses défauts du jour au lendemain.
    Je suis en pleine rééducation… et je souffre.
    C’est comme un sevrage.
    C’est ma femme qui m’a poussé chez ce nettoyeur.
    Parait que j’avais de plus en plus de défauts et que je devenais invivable.
    Alors, pour « sauver notre couple » comme on dit, j’y suis allé.
    Je suis ressorti de chez ce type : propre, gentil, souriant, serviable, courageux, travailleur, sobre…oui, sobre !
    Ma femme a dit : « C’est nickel ! »
    Moi, je suis déboussolé.
    Je me demande s’il n’a pas trop gommé ?
    Il s’est acharné sur moi. Sûrement pour faire plaisir à ma femme… j’en suis sûr ! A moins qu’il ne soit un peu pervers ?
    Au fait, gommeur pervers… c’est un défaut n’est-ce-pas ? Comme quoi…
    Réflexions faites, je pense que, sans le dire à ma femme, je vais lui demander de me remettre un ou deux petits défauts…Juste un ou deux petits, histoire de me retrouver un peu.
    Parce qu’une vie sans défauts, c’est pas une vie ! Je vous le dis…

  20. Nouchka dit :

    « Sa retentissante notoriété n’est pas surfaite. En une séance, le gommeur de défauts les enlève tous.»
    Il a des clients uniques, par exemple celui qui souhaite être moins égoïste, ce que lui reproche parents et amis. Après la séance chez le gommeur, il se retrouve sans rien sur ses comptes bancaires; ce qui ne fait ni le bonheur de l’égoïste ni celui de ses proches.
    Il y a celui qui voudrait sentir bon et devenir attirant grâce à cette disposition. Le gommeur s’emploie à supprimer toutes les odeurs de transpiration ou de mauvaise haleine mais également tous les phéromones susceptibles d’attirer les gens vers lui…
    Il y a celui qui trouve disgracieux d’être trop volumineux et ne rêve que de se retrouver longiligne. Le gommeur efface la couche qui enrobe le client et dégage en même temps toute sa pilosité et les magnifiques boucles de son crâne devenu chauve…
    Il y a celui qui ne supporte pas d’entendre les bruits métalliques qui lui font grincer les dents. Le gommeur le rend quasiment sourd et incapable d’exercer son métier d’accordeur de piano…
    Cela dit, dans certaines circonstances et sur certains sujets le résultat est tout à fait édifiant et souvent assez satisfaisant.
    Quand, tel homme politique vint solliciter de ne plus aboyer et se retrouva avec la voix d’une fillette de cinq ans, son présent et son avenir politiques furent arrêtés sur le champ.
    Ainsi en va-t-il de ceux qui ne s’acceptent pas tels que la nature les a faits.
    Nous sommes nombreux à rêver être plus ceci ou moins cela ! Mais, attention aux gommeurs de défauts, ils ne font que retirer et apportent rien en échange…

    • 🐀 Souris verte dit :

      Bien mené votre texte Nouchka. 🐀

      • Nouchka dit :

        Merci souris verte. La proposition de Pascal nous a bien inspiré.
        Bravo à vous souris verte qui encouragez et commentez avec enthousiasme les écrits du blog chaque semaine.

    • Béatrice Dassonville dit :

      Il est vrai que la gomme ne créé rien.
      Les défauts ont parfois du charme. Ils peuvent donner du relief à un visage. Ou à un caractère.
      La tyrannie du parfait est à mon sens tout à fait détestable.

  21. 🐻 Luron'Ours dit :

    POUR LA PEAU
    Le programme était alléchant. Var-Matin offre un voyage à 1250 € à ses abonnés. Ne leur reste à charge que des clopinettes, taxe, chambre individuelle et cetera tu débourses 250 € et basta, destination les merveilles du monde antique. Moi, ce que je désire en outre, c’est une cure de beauté : physique celle-là ! Parlez-moi des effets, des aphrodite, des callipyges. Et que je te masse, que je te frictionne, que je te parfume.
    Un certain quidam prétend être remis à neuf par une recette magique, le gommage ; c’est entre deux lettres qui le dit, donc c’est… Sujet à caution, pas donné et celle-là ! Pour blanchir le malfrat ou ses acquis va falloir cracher…
    J’ai hâte de voir ce que propose les comparses du samedi, je suis prêt avec ma brosse à reluire, d’avance merci.🐻

  22. 🐀 Souris verte dit :

    749/UNE AFFAIRE JUTEUSE

    C’en était une qui marchait très bien et leur notoriété dépassait le département. Ils étaient trois dans ce cabinet qu’ils avaient crée : un Empoigneur de maux, un Redresseur de sors et un dernier arrivé le Gommeur de défauts.
    Je ne vous parlerai pas de l’Empoigneur ni du Redresseur car je n’ai pas eu à faire affaire avec ces deux  »nettoyeurs ». Mais je trouve que le mot ‘cabinet’ convient parfaitement à ce grand nettoyage.
    En revanche le Gommeur de défauts, lui je le connais bien. Évidemment avant qu’il agisse il y a un ‘prélavage’ ça passe par une sorte de prospection de ses pensées ou actes délictueux, puis contrition ou regret et c’est ça le plus dur, et enfin la gommeniction. Et c’est là qu’intervient le Gommeur. Croyez-moi ça nécessite une grande force de persuasion cette fonction-là car je ne sais si c’est qu’on y tient à ses défauts ou si c’est eux qui s’accrochent mais ils font tout de même partie de nous comme nos bras ou nos yeux voire les deux !
    Celui-ci avait un regard vert foncé zébré d’or qui nous faisait rentrer à l’intérieur de nous-même. On s’engageait alors dans un étroit couloir finement émerisé plus ou moins long selon la liste des défauts avec des ronds-points qui nous dirigeait vers d’autres plus ou moins larges et plus ou moins rapeux selon leur importance et quand on avait fini le circuit, on en ressortait propre, on se sentait comme neuf comme après une bonne friction à l’eau de Cologne..
    Et tout prêt à recommencer ! C’est la vie !..🐀

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