De plus en plus crétinisés et abêtis.
La première chose que j’ai apprise en découvrant le journalisme, c’était : » Aucun effort ne doit être demandé au lecteur. « Effort de temps de lecture*, effort de compréhension des mots, etc.
Avec l’intelligence artificielle, nous voilà comblés.
Bientôt, il ne sera plus nécessaire d’apprendre à lire et écrire. L’IA s’en occupera.
Brian Porter et Machery, chercheurs de l’université de Pittsburgh, ont donné à lire à des cobayes, des poèmes rédigés par ChatGPT dans le style de grands auteurs anglais.
La majorité de ces 1600 lecteurs a préféré les poèmes écrits par l’intelligence artificielle que ceux écrits par de grands auteurs.
Les chercheurs n’ont pas été surpris. La poésie générée par intelligence artificielle est très facile à lire. Les mots sont communs, les phrases sont courtes, les comparaisons, analogies et métaphores, sont très simples à comprendre.
Aucun effort de lecture n’est nécessaire. Un poème écrit par l’IA est beaucoup plus facile à lire que la complexité d’un poème rédigé par un grand poète.
Je vous propose de vivre une expérience. Il s’agit d’écouter la radio et de regarder la télé pendant une semaine, particulièrement au moment des informations. De noter simultanément les phrases stéréotypées employées continuellement par les journalistes, les présentateurs, les animateurs et leurs invités.
Quel que soit le sujet abordé, tout ce beau monde, censé nous informer et nous enrichir intellectuellement, répète à l’envi les mêmes conneries.
Le même vocabulaire, le même phrasé, les mêmes termes : le budget a explosé, surfer sur la vague, un avant et un après, avec son franc-parler habituel, je me pose la question de savoir, mettre sur la table, merci à vous, construire une maison neuve, complètement anéanti, j’appelle de mes vœux, une vraie icône, véritable légende, une vue à couper le souffle, etc.
Ils ignorent les verbes : doubler, tripler, quadrupler, quintupler, sextupler, etc. Ils multiplient par deux, par trois, par quatre, cinq. Ils ont toujours aussi quelques statistiques plus ou moins fumeuses à nous proposer. Alors qu’on sait très bien qu’une statistique, c’est comme le bikini, ça montre tout, sauf l’essentiel.
Si on n’y prend pas garde, cette nullité intellectuelle s’installe, jour après jour, dans notre cerveau et bientôt, on s’exprime comme eux, avec un vocabulaire appauvri.
Notre lexique amenuisé se réduit à quelques mots.
C’est comme si on pressait ton cerveau telle une éponge et qu’il ne te resterait que quelques mots pour t’exprimer. Entre deux et trois cents mots, pas plus…
La prochaine fois, j’aborderais un autre danger pour notre culture. Les anglicismes. Ces virus sont en train de détruire notre langue. Et presque tout le monde collabore avec ce pernicieux ennemi.
* Mettre coûte que coûte à la portée de tous : Le temps de lecture d’un texte est souvent affiché sur Internet, cela pour ne pas effrayer le lecteur qui a certainement autre chose à faire que lire du Proust…
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com
Depuis longtemps je ne cherche que des infos « bonnes nouvelles » et j’ai des difficultés à les trouver ?!
Heureusement que Pascal Perrat est là pour nous garder en bonne forme imaginative , que je transmets à tous ceux qui m’entourent
Merci Pascal
Je suis entièrement d’accord avec toi !
Comme la personne qui a fait un commentaire, je préfère une heure de « France culture » à un quart d’heure d’informations télévisées !
Bonne journée !
Nat
Ah ! Je constate que je ne suis pas seule à me désoler dans mon coin en entendant, même sur France Culture, des tas d’expressions toutes faites et des anglicismes à tire-larigot ! C’est effrayant la pente (je n’écrirais pas « vertigineuse ») qu’est en train de descendre notre langue, notre culture.
J’ai hâte, Pascal de lire ta réflexion sur les anglicismes.
Je n’écrirai pas à la place de n’écrirais pas
Accueillons bras grand ouverts l’IA qui balaiera peut-être l’idiotie influenceuse qui s’est répandue aussi vite qu’une nappe de pétrole sur l’océan des cerveaux ramollis
Cher Pascal, j’aime tellement tes interventions du mercredi !
J’adhère totalement à ce que tu nous écris, mais je ne suis pas prête à écouter les informations. J’ai abandonné depuis longtemps. Toutes les fausses ou mauvaises nouvelles nous arrivent de toute façon.
Pascal vous êtes un homme merveilleux et je suis heureuse de pouvoir faire ces exercices d’écriture et j’attends toujours avec impatience vos commentaires si chaleureux .
Je vous remercie de tout mon cœur
Le plus difficile est de savoir à quel moment de l’Histoire l’appauvrissement de la pensée a commencé.
Y a t-il un point d’ancrage dans ce qu’on nous a enseigné à l’école, y a-t-il eu des étapes ? Par exemple, les causes de la Révolution Française sont-elles bien ce qu’on nous a expliqué ?
Théoriquement cette période aurait dû être salutaire pour la population. Mais voilà, la notion de progrès est apparue avec elle d’autres idées qui bercent l’homme moderne dans l’illusion. Jusqu’à quand ?
Assurément Pascal. Personnellement, je me contente du journal d’Arte et de celui de France Culture à la mi-journée. Quand je vais voir mon père, qui prend les informations sur la 2, je réalise la différence : nouvelles franco-françaises et faits divers.
Autre problématique, les publicités niaises qui s’introduisent dans beaucoup de programmes…
Je crains le jour où mes supports d’information et de divertissement se sentiront obligés de se plier à la loi des annonceurs pour survivre.
e plussoie ! votre papier est excellent. Hâte de lire celui qui évoquera les anglicismes.
Les tics de langages, de plus en plus envahissants, sont également source d’appauvrissement du vocabulaire et, pour tout dire, horripilants lorsqu’on entend des « pas de souci » quinze fois par jour.
Bravo pour votre travail !
Bien à vous
Il y a, dans ce « pas de souci » qui, répondant à l’excuse, se voudrait courtois, tout l’opposé de la courtoisie.
« Pas de souci » signifie : Vous me dérangez mais, magnanime, je consens à ne pas d’histoire.
et si ce n’était que le manque de vocabulaire !
J’ai encore relevé hier chez un présentateur à la télé « rabattre » les cartes pour rebattre les cartes et « une aparté » pour un aparté.
AU SECOURS !!!
En effet, Pascal, il y a un appauvrissement culturel. La plupart des gens parlent comme s’ils étaient pressés de débiter quelques paroles qui restent parfois inaudibles car meme la diction se perd!
C’est plus « secure » et plus « raccord »avec le commun des mortels « au jour d’aujourd’hui ». Ce qui n’a aucun sens (et non comme on l’entend bien trop souvent) « fait sens ». Pauvre de moi, dans quel état j’erre?
Mon cher Pascal, je partage chaque mot de ton texte. Je fais dans mon petit coin ce que je peux pour endiguer les conséquences de cette tempête. Je lis, j’écris, j’anime des ateliers d’écriture, je participe à des ateliers d’écriture, le lis à voix haute en public, j’offre des livres à mes petits-enfants Je déplore le fait que l’élite intellectuelle soit plus vilipendée qu’admirée.😘
La vue à couper le souffle a encore de beaux jours devant elle .
(Ce qui fait 2 clichés pour le prix d’un)