779e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

La personne, qui réécrit nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales…
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La personne, qui réécrit nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales serait bien inspirée de réviser ses cours d’histoire, de littérature, d’arts plastiques…
Ainsi elle vante
– L’éternelle jeunesse de Dick Rivers, lui qui n’a jamais assumé ses cheveux blancs qu’il a teints en noir aile de corbeau
– L’imagination foisonnante et l’œuvre immense d’Alexandre Dumas ; alors que c’est son fils qui n’a produit qu’un seul ouvrage notable «La Dame aux camélias » qui repose là
– La pureté de Marie Duplessis qui a inspiré le jeune Dumas mais qui, courtisane de haut vol, ne mérite certainement pas ce concert de louanges
– La beauté du regard de Dalida alors qu’elle souffrait d’un strabisme convergent
– La délicatesse de Degas bien qu’il ait été un anti-dreyfusard virulent
– La Symphonie fantastique de Berlioz, composée en l’honneur du tsar Nicolas Ier , ennemi juré de Napoléon III et qui, 6 ans après la mort de Napoléon Ier , osa tomber amoureux d’une Anglaise
– Le réalisme cru et le pessimisme de Zola bien qu’il ait écrit « La Joie de vivre »
– La galanterie « vieille France » de Jean-Claude Brialy et sa propension à aimer et trouver belles toutes les actrices bien qu’il n’en ait touché que très rarement
– Le bel esprit et l’amour des femmes de Sacha Guitry alors qu’il ne s’est jamais épargné une vacherie à leur égard
– L’appétit de vivre de la Goulue plus portée sur le boire que sur le manger
– L’amitié et le vaudeville qui liaient Feydeau et Labiche qui pourtant n’ont jamais co-écrit l moindre pièce ensemble
– La diction élégante et si particulière de Louis Jouvet, souvent, jugée théâtrale et étudiée qui lui était cependant si naturelle
– Le talent de Frérérick Lemaitre, comédien injustement oublié mais immortalisé dans «Les Enfants du paradis »
– Le génie flamboyant de Clouzot, misanthrope et maître incontesté du film noir
– La fidélité de Jeanne Moreau qui toujours hésita entre Jules et Jim
Affiche apposée sur la grille d’entrée du Cimetière Montmartre
La personne, qui réécrit nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales n’arrive jamais à les mettre à jour. Elles sont trop sommaires pour être résumées en un seul chapitre. Même s’il s’agit d’un travail à défunts utiles, elle reste au point mort et fait une tête d’enterrement quand on l’interroge.
La personne, qui réécrit nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales… en avait assez de ces dithyrambes, pas toujours sincères, à son humble avis . Tous ces disparus méritaient un peu d’humour, dérsion, certains, elle en était sûre, rêvaient de petites fantaisies ironiques
Elle détournait des noms, prénoms, quelques mots, rajoutait de tendres caricatures , des couleurs, des graffs élégants
Elle retrouvait alors des personnages plus nuancés, qui l’attendaient patiemment en silence dans les nuits profondes …
A la retraite, Léon avait cédé sa place d’employé communal à un jeune trentenaire. Il avait cependant insisté auprès du maire pour conserver l’’entretien du cimetière. Il continuait ainsi à veiller les défunts de sa famille et les amis partis trop tôt. Il aimait déambuler dans les allées, arracher quelques mauvaises herbes, arroser un chrysanthème en perdition, redresser une plaque funéraire malmenée par le vent. Il se sentait utile et fier de son rôle.
Il profitait aussi de son temps libre pour reconstituer l’arbre généalogique des familles, repérer les noms du coin, s’attrister devant les sépultures des jeunes hommes morts à la guerre ou les tombes d’enfants.
Il eut un déclic après l’inhumation récente de Jules :
« A mon mari adoré »,
« Tu as été un exemple pour nous, grand-père ».
N’importe quoi ! Quand les gens sont morts, ils sont parés de toutes les qualités, surtout celles qu’ils n’ont jamais eues de leur vivant. Il profita de la nuit précoce en cette fin novembre pour mettre de l’ordre et de la vérité dans ces niaiseries.
« A mon mari abhorré »
« Ton alcoolisme nous a dégoûtés, grand-père »
Les jours suivants, il scruta les épitaphes trop élogieuses. « Sans toi, je ne suis rien » est devenu « Sans toi, je me sens libre » ; « Tu étais le meilleur » a été transformé en « Tu es en paix et nous aussi » ; ou encore « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » a été revisité en « Un de perdu, dix de retrouvés ».
Evidemment, des plaintes ont été déposées en mairie et même à la gendarmerie. Les personnes qui se disaient éplorées étaient outrées. Certains riaient sous cape et trouvaient que les nouvelles inscriptions étaient plus conformes à la réalité.
Léon, au-dessus de tout soupçon d’irrévérence, fut chargé de l’enquête. Il fit trainer les choses et, après plusieurs semaines, fit un rapport circonstancié.
Monsieur le Maire,
Les désordres ont pris fin sans que je puisse en identifier l’auteur. Si je peux me permettre une remarque bien connue : il n’y a que la vérité qui blesse. Les humains se critiquent abondamment les uns les autres quand ils sont vivants. Pourquoi ne pas instaurer un droit à la critique objective pour les défunts ? La mort rendrait-elle meilleur ? Rien ne le prouve.
Quoi qu’il en soit, si les familles persistent à vouloir enjoliver les caractères de leurs défunts, je propose de remettre avec soin les inscriptions d’origine.
Le maire, pas dupe, ne fit pas de commentaires. Léon ne récidiva pas sauf sur la plaque d’Octavie « A mon épouse » devint « A mon épouse chérie ».
La personne, qui a réécri nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales est sommée de se dénoncer. L’académie française a été stupéfaite de sa créativité et de son insolence. Les académiciens ennuyés d’entendre toujours les mêmes sempiternels compliments aux enterrements ont été enthousiastes , ce n’est pas tous les jours, à l’idée d’entendre égrener les défauts des défunts. Écouter les ragots, ébruiter les rumeurs. Ce sera plus drôle et plus vrai.
On entendrait à l’église : Ici repose notre ami de toujours, le plus pourri. Il était moche et médiocre. Méchant et avare, il a traversé sa vie répugnante. Qu’il repose en enfer. Nous crachons sur sa tombe.
Au lieu de : « J’ai vécu ma vie avec un seul but : donner »
L’épitaphe serait : « J’ai passé ma vie à voler mon prochain, je ne regrette rien. »
La personne qui, cette nuit, a graphité les tombes, en rendant la vérité aux morts est priée de se présenter aux portes de l’Academie pour un CDI éternel.
Premier novembre, le rendez-vous annuel au cimetière. On y va pour se recueillir sur les tombes, recueillir les derniers ragots, vérifier qui est venu ou pas et ainsi de suite. Mais cette fois-ci une énorme surprise attend les visiteurs. Les tombes ont été souillées par des mains hargneuses, venimeuses qui ont gravé sur les tendres épitaphes le mot ERRATUM.
Moment de consternation, de colère. Les forces de l’ordre viennent constater les faits. Ils font un tour rapide du cimetière, ne trouvent rien de particulier et concluent qu’il doit s’agir d’une bande de gamins venus faire une farce.
La nuit tombée certaines personnes osent faire un tour du côté du cimetière, mais ne voient personne.
Mais le lendemain de nouvelles inscriptions ont été ajoutées sur certaines tombes.
Des mots ont été barrés et en dessous les malveillantes mains avaient noté de nouveaux commentaires :
À mon aimé mari devint : À mon gigolo de mari
À mon adorée épouse devint : À mon haineuse sorcière
Et ainsi de suite.
Tous voulaient savoir, mais personne n’osait s’approcher. Ils demandèrent au curé de surveiller le cimetière. Après tout il s’agissait de ses ouailles et il était le représentant du divin.
Pas rassuré, il se cacha dans le cimetière et attendit. Fatigué, affamé et surtout mort de trouille, il allait partir lorsqu’il aperçut une ombre presque translucide, penchée sur une tombe. Le curé ne savait pas quoi faire. Il tenta de s’approcher, mais les gravillons le trahirent et l’ombre disparut aussi mystérieusement qu’elle était arrivée. Il s’approcha de la tombe et lut : hypocrite.
Il avait dû s’assoupir car d’autres tombes avaient également été marquées.
Il rentra chez lui et réfléchit. C’était vraiment moche ce qui survenait dans sa petite paroisse, mais il ne pouvait se voiler la face, les nouvelles épitaphes étaient les bonnes. Elles illustraient parfaitement les défunts.
Mais qui connait si bien tous ceux qui reposent au cimetière ? Qui cherche à rétablir la vérité ?
La nuit suivante le curé envoya le fossoyeur. Lui aussi aperçut l’ombre mais elle semblait illuminée par de petites lucioles qui allaient de tombe en tombe s’éteignant une à une dès qu’une nouvelle inscription était faite. Lui ne bougea pas, d’ailleurs il ne pouvait pas. Ses jambes ne le portaient plus.
Toutes les lucioles éteintes, l’ombre s’évapora.
Le fossoyeur courut chez le curé, lui raconta ce qu’il avait vu.
Monsieur le curé, pour moi ce sont les morts qui ont chargé un ange ou un démon de réécrire leur histoire car ils ne sont pas en paix. Et en plus ça va donner à réfléchir aux vivants, vous croyez pas ?
Je ne sais pas mon fils, peut-être as-tu raison. La vérité finit toujours par éclater, mais pourquoi maintenant ?
Pendant longtemps le cimetière ne reçut plus de visites. Le correcteur continua sa mission en toute sérénité. Plus personne ne chercha à savoir. Le silence se fit, chacun ruminant dans son coin. Au décès du curé, tout le monde se rendit au cimetière la peur au ventre.
Sur la stèle on pouvait lire : Ici repose le premier correcteur androïde né de la fusion entre une compilation d’archives Google et les ragots qui virevoltent de ci, de là.
Le cimetière fut fermé. Plus personne n’y fut enterré. La vérité faisait-elle si peur ?
Ah ! De nouveaux androïdes étaient en cours de préparation. Ce n’était pas fini !
Le gardien du cimetière, surgit de derrière un cyprès et braque sa lampe sur elle.
— Encore vous ! C’est la 5ème fois que je vous surprends à reprendre les épitaphes des tombes. Cette fois s’en est une de trop. J’appelle la Mairie et la Police.
La vioque range calmement son burin et son marteau.
—Monsieur, je ne fais que rétablir la vérité. Ce vaillant soldat, par exemple trouvait que « homme d’honneur » c’était trop lourd pour l’éternité. Il a toussé pour que je corrige en « homme d’humour ».
—Mais vous ne pouvez pas faire cela !
—Je ne décide rien. Ils me le soufflent, la nuit. Ils toussotent de manière insistante, pour que je vienne.
Le gardien cligne des yeux et lâche :
—Comment ça ? Les morts vous parlent ?
—Ils s’indignent surtout de leurs épitaphes. Ils ont des exigences stylistiques. Alors je suis la correctrice des tombeaux. Regardez celui-là, ne supportait plus « époux fidèle » alors qu’à soixante-quinze ans, il courrait encore après les poules. J’ai donc changé « fidèle » par « passionné ».
─Votre sort est ficelé, vous allez finir en prison.
—En prison ? Vous rigolez ! Je suis une archiviste du réel, monsieur. Une Greta Thunberg de la sincérité funéraire. Je restaure le climat moral des cimetières. Et entre nous, si les pierres tombales pouvaient vous parler, vous verriez combien, sont puissantes les louanges qu’elles m’adressent.
Pendant que le gardien appelle la Police et la Mairie :
—Faites vos petites affaires administratives, moi je remplace pour cette grand-mère, décédée en 1920, « repose en paix » par « fait la sieste avec élégance ».
Cette vieille Dame est plutôt sympathique. Dans sa réécriture des épitaphes, rien d’agressif, mais de l’humour et de la bienveillance. J’aime beaucoup votre récit Mijoroy. Votre plume a de l’élégance.
Lépi taf !
La personne, qui réécrit nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales… n’est autre que le pauvre Martin Spiroto. Un garçonnet tout juste âgé de 12 ans au QI d’un poisson rouge.
Ses parents, à la suite de la fermeture du bassin industriel de sidérurgie de Longwy, s’étaient retrouvés au chômage. Les emplois ne couraient pas la campagne dans ce coin de Lorraine abandonné. Leurs droits épuisés, pour compenser leurs déboires successifs, ils avaient fini par sombrer dans l’alcoolisme et ils prenaient également plaisir à embrouiller leur esprit en fumant régulièrement des joints. Ils avaient progressivement glissé dans la peau de marginaux, qui vivaient dans un taudis où s’entassaient les ordures ménagères sur un sol recouvert d’une épaisse couche de poussière. C’est dans cet environnement familial, dépourvu d’humanité que Martin grandi, sous une pluie de torgnoles et de coups de pied au cul, distribués sans raison apparente, mais, seulement parce le pauvre garçonnet passait tout près de son père au moment où il ne fallait pas… la pire des punitions consistait à rester des heures à genoux sur les gravillons de la terre battue et les mains sur la tête.
Curieusement, et malgré l’environnement familial dépourvu d’amour et d’affection qui lui était dû, Martin avait le sens de l’honneur, et, de ce fait, il ne supportait pas le mensonge. Ce qui lui causa quelques désagréments.
Un jour, alors qu’il avait entendu des parents dirent à leur fillette qu’elle était belle dans sa robe de dentelle… Martin avait lancé :
« C’est des menteurs. Dans ta jolie robe, avec ta tête de crapaud, tu es laide ! »
Il est vrai que la petite fille n’était pas gâtée par mère Nature… mais à quoi bon lui jeter cette vérité à la face ? C’était tout simplement sa façon à lui de rendre justice à la fillette… parce que ses parents lui mentaient…
Il y eut aussi la mort du chat de la voisine, qu’elle déposa dans un trou creusé dans son jardin, avec une pancarte gravée de ces mots :
« À mon minet adoré. » Griffonnée sur une feuille volante, Martin avait, là aussi, souhaité rétablir sa vérité dans un langage qui n’appartenait qu’à lui seul :
« Bi hein fé pour toa. Boufeur de souri, Cé à cose de toa ke jé jamé u de pié se sou mon oréié »
Martin avait toujours eu du mal avec la mort. Il réagit étrangement lors du décès de sa grand-mère maternelle. On le vit s’agenouiller près de sa tombe, un caillou dans la main. D’un geste presque rituel, il glissa sous la pierre un petit mot où l’on pouvait lire :
« Ma maire é une mente se. É le a pa de cha grain. É le ve jus té sou. »
Personne n’osa corriger. La naïveté de ses mots, leur maladresse, avait plus de poids que n’importe quelle phrase policée.
Mais la goutte d’eau — celle qui aurait pu faire déborder le vase — survint lorsque sa mère perdit l’enfant qu’elle portait. Comme si son corps se refusait à une nouvelle maternité et peut-être que sa tête refusait aussi de suivre. Une petite fille, qui devait se prénommer Camille.
Martin attendit que ses parents s’éloignent de la sépulture, creusée à même la terre commune. Puis, seul, il s’approcha. D’une main tremblante, il accrocha à la petite croix blanche une feuille de papier où il avait écrit, dans son langage à lui :
« Tu a bi hein fé de mourir. Sata é vité l’ai gifle é lai coude pié o cu. Ton gran frèr. »
Le vent rabattit la feuille contre le bois. Puis plus rien. Le silence de la tombe, la maladresse de ses mots, la colère et la tristesse mêlées : tout cela semblait résumer, à lui seul, l’étrange manière qu’avait Martin de sentir, d’aimer et de haïr la vie.
D’autres faits furent découverts par hasard, un matin d’octobre, alors que la brume tardait à se lever sur le cimetière de Longwy-le-Haut. Le fossoyeur, un certain monsieur Coudret, remarqua le premier que quelque chose clochait. Plusieurs épitaphes avaient été « revisitées » pendant la nuit.
Les pierres tombales semblaient griffées, bavées d’écritures qui disaient des choses étranges. Pas des graffitis vulgaires comme on en voyait parfois, mais des phrases entières, tremblées, hésitantes, comme si un enfant avait voulu répondre aux morts.
Sous « À mon époux bien-aimé », on pouvait lire, tracé au crayon de menuisier :
« É té pa si bien k’a dise. Té senti le vin é la transpiraçon. »
Sous « Ici repose ma chère mère », la main anonyme avait ajouté :
« É ben kel repose. Pask é féte jamé la cuisin. »
Et sur la tombe d’un ancien curé, la correction était encore plus étrange :
« Pa si sain ke sa. É regardé tro lé jupe. »
On crut d’abord à une plaisanterie macabre, puis à la vengeance d’un fou. La gendarmerie ouvrit une enquête pour profanation, sans imaginer un instant que l’auteur de ces épitaphes corrigées ne serait autre qu’un gamin de douze ans, mal nourri, mal aimé, au regard vague et au langage cabossé : Martin Spiroto.
Le garçon fut arrêté derrière la chapelle du cimetière, un soir de pluie, en train de tailler laborieusement un mot sur une plaque de marbre. Dans sa poche, les agents trouvèrent un carnet d’écolier, jauni et couvert de fautes, où il tenait une sorte de registre parallèle : Lépi taf ! — ainsi l’avait-il titré. Chaque page portait un nom, une date, et, en dessous, la version « corrigée » de Martin. Son orthographe tenait du désastre, mais son intention, elle, ne laissait aucun doute : dire la vérité aux morts, parce que les vivants n’en étaient plus capables :
« Lépi taf, sé pour di la vérit, pask lé zome son tro menteur. »
Ainsi se justifia-t-il, devant les gendarmes, les yeux pleins d’une sincérité désarmante. Les services sociaux furent alertés, puis un collectif de médecins et de psychiatres se pencha sur son cas. Le rapport Spiroto, comme on l’appela bientôt, fit grand bruit jusque dans les colloques de pédopsychiatrie.
On y lisait :
« Le sujet souffre d’un syndrome de sincérité pathologique, combiné à un analphabétisme affectif majeur. Il rétablit la vérité comme d’autres panseraient une plaie. Chez lui, la franchise n’est pas vertu, mais vengeance. »
Les journalistes s’emparèrent de l’affaire : « L’enfant qui corrige les morts », titra Le Républicain Lorrain. Pendant quelques semaines, Martin devint une curiosité nationale, un symbole de la détresse sociale des bassins miniers, avant d’être oublié comme tout le reste.
On l’envoya à l’Institut Saint-Wandrille de Metz, un établissement gris où l’on soignait les troubles de la conduite. On lui proposa des tests, des dessins, des séances d’orthophonie. Il parlait peu, mangeait mal, et passait ses nuits à découper des mots dans les journaux. Les infirmières racontent qu’il demandait souvent un crayon avant de dormir — « pour écrire la fin », disait-il.
Un an plus tard, il s’enfuit pendant la sieste. On le retrouva à l’aube suivante, dans le petit cimetière de Longwy-le-Haut, assis au bord d’une tombe anonyme. Il y avait déposé un caillou blanc sur lequel on pouvait lire, gravé avec un clou rouillé :
« Jé fé mon taf. »
Personne ne sut jamais vraiment ce qu’il était venu faire là. Certains disent qu’il voulait corriger sa propre épitaphe ; d’autres, qu’il venait simplement dire adieu à ce monde de mensonges. Le fossoyeur, lui, jura avoir vu le garçon sourire avant de disparaître dans la brume. Depuis, à chaque Toussaint, quelques pierres du cimetière changent mystérieusement de texte dans la nuit.
On y lit parfois des mots d’enfant, parfois des vérités qui dérangent. Et les gens d’ici murmurent, en passant devant les croix :
« C’est lépi taf… qui revient faire son travail. »
Bien belle histoire Gilaber. Il est bien sympathique ce jeune Martin.
Dans un « Jardin du Souvenir » — nous le nommerons ainsi, c’est plus joli —, des événements singuliers se produisaient. Ceux qui étaient conviés à les vivre n’osaient en parler, de peur qu’on les prenne pour des fous. Si bien que chacun restait pétrifié d’effroi, puis progressivement subjugué, y voyant là quelque chose de surnaturel.
Certains cultivèrent cette « folie » jusqu’à la fin de leurs jours, murés dans le silence le plus absolu. D’autres se rapprochèrent du prêtre qui, à défaut de croire aux miracles, sauf à ceux des temps bibliques, les rassurait gentiment en leur disant invariablement que leur hallucination était liée au chagrin.
Quelques-uns allèrent consulter le rebouteux du village, lequel possédait, disait-on, des capacités extra-sensorielles. Entre fous on pouvait se comprendre !
L’homme fut très troublé en écoutant sa première cliente. Se connectant au défunt de celle-ci, il entendit ce dernier se présenter comme une sorte d’écrivain public de l’Au-delà. Il expliqua qu’après avoir réécrit avec succès sa propre épitaphe, il avait été délégué par ses semblables, moins doués que lui pour l’écriture, afin d’atténuer l’emphase de la leur, qu’il jugeait non méritée.
Il évoqua les remords de tel adolescent révolté, refusant toute forme d’autorité et entretenant une relation conflictuelle avec ses parents ; l’immense culpabilité d’un père de famille violent envers ses enfants ; ou encore les regrets d’une femme qui, toute sa vie durant, s’était montrée si économe de gentillesse envers les siens.
Sa technique était simple : il procédait à une surimpression sur l’épitaphe, en lettres de lumière. Le message était spontané et provisoire, destiné à la personne venue se recueillir sur la tombe.
En conclusion, il avait fallu le caractère définitif, irrévocable de la séparation entre deux plans d’existence pour que se délivrent enfin, de part et d’autre, gravées dans la pierre ou tracés en lettres de lumière — des mots d’amour, de pardon et de gratitude.
« La personne qui réécrit des épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales… »
« Qu’est-ce c’est ce truc bizarre ! »
Toussaint leva les yeux un instant.
Au fond du café, il était plongé dans un clair obscur. Il n’avait pas remarqué que l’encart était suivi de lettres et de chiffres. Il avait des créanciers aux fesses. Il posa son journal « Les Ex aequo ». En tombant sur cette note, il en oublia soudain ses soucis. Ca ne pourrait pas longtemps continuer, cette histoire. Il lui fallait résoudre ses embrouilles sur le champ. En plein centre ville, il se trouva du génie. Le premier encart était paru, il y a environ une quinzaine. Il n’y avait pas prêté attention. Mais voilà que ça recommençait. C’était sa fête ! Il lui faudrait retrouver le journal de l’édition précédente.
Il le demanda au patron qui le regarda d’un air neutre.
— Les journaux ça s’insert bien sous les braises, dit-il en souriant.
— Je peux vous poser une question indiscrète ?
— Je ne suis pas sûr d’y répondre. Allez-y toujours.
Toussaint pensa qu’il devait le prendre pour un farfelu. Tant pis ! L’enjeu était trop important.
— Est-ce que vous pensez plus aux morts qu’aux vivants ?
— Je ne me suis jamais posé la question. Pourquoi vous me demandez ça ?
— C’est en rapport avec l’annonce du journal.
— Ah, je vois… En tout cas vous, vous avez l’air de plus penser à votre amie. Celle d’il y a quinze jours. Vous voulez la retrouver. Vous avez bien raison.
Toussaint ne releva pas, le laissant penser ce qu’il voulait.
— Vous avez de la chance, je crois que je l’ai gardé, repondit-il, en parlant du journal. Un instant…
Pendant que George le patron s’enquit de l’objet, Toussaint reprit sa lecture. En-dessous de pierres tombales, étaient mentionnés quelques chiffres et lettres qu’il s’empressa de mémoriser. Il pourrait les comparer avec ceux de l’autre journal, éventuellement. Ne serait-il pas question de cette émission de télé, par hasard ? J’ai l’impression que tout se brouille dans ma tête. Il ne s’aperçut pas qu’il venait de prononcer cette dernière phrase tout haut.
— Voilà, j’ai même retrouvé les trois précédentes éditions, si ça vous intéresse, dit George en lui tendant les journaux.
— Ah, très bien, merci ! Je vous dois combien ?
— Laissez ça !
Toussaint sauta sur la porte d’entrée en esquissant un au revoir avec les journaux pliés en quatre. Il devait prendre du temps pour analyser les messages.
Ne concernant pas les épitaphes, il découvrit un autre article.
« Quand la science valide le transgénérationnel ».
D’après lui, nous n’en étions encore qu’aux balbutiements. Il fallait prendre la phrase en sens inverse. En partant de tout ce qui nous avait été transmis, la presque totalité n’avait pas encore été décryptée ; il est possible que la science soit susceptible encore d’évoluer d’après ce que nous pourrions découvrir. Comment l’IA s’en servirait ? La notion de progrès serait devenue obsolète. Il faudrait tout reprendre à zéro. Même au niveau du gouvernement, ils étaient en rupture de solutions. Ceci étant un autre sujet, il était plus urgent, pour le moment, de s’occuper de cette personne qui, visiblement cherchait à le contacter. Car les inscriptions se trouvaient sur la tombe de son père.
» Quand je travaille, je suis bien ! »
Celle-ci ne pouvait avoir été écrite que par une seule personne.
Les chiffres et les lettres dispersés sous chaque photo, indiquant une adresse, il fut heureux d’y retrouver son frère qu’il n’avait pas vu depuis 40 ans.
Violette habitait rue Malte Brun, à deux pas du Père La Chaise.
Il y avait maintenant vingt cinq ans que la vieille femme allait rectifier nuitamment dans le célèbre cimetière, les épitaphes ampoulées qui y fleurissaient
Elle avait commencé par les plus connus, puis à présent, s’attaquait laux anonymes, ses voisins, des connaissances aux obsèques desquelles elle s’était parfois rendue.
Sa trousse d’outils à la main, elle se faufilait la nuit tombée par un petit éboulement du mur, entre la tombe de Jim Morisson et une modeste pierre dédiée à Jeanne Lebourgeois 1924 – 1989.
L’on entendait alors les petits clic – clic du métal sur la pierre.
Au commissariat du 20ème, tout proche, des générations de policiers avaient tenté de surprendre celui qui vandalisait les sépultures, en vain. Dès qu’elle voyait le faisceau de la torche des margoulins balayant si discrètement les allées, Violette ramassait ses outils, se réfugiant dans un caveau abandonné jusqu’à ce que la patrouille bredouille rejoigne ses pénates en pestant.
Cette nuit pourtant, voulant fuir comme à l’habitude, elle buta contre un pot de fleurs renversé au milieu d’une travée, se tordant la cheville.
Un aïe! lui échappa. les trois agents foncèrent vers elle.
Mais c’est madame Duchêne !!!
Violette mais que faites vous là ?
Mamie, s’écria le troisième, c’est pas vrai ! Alors c’est toi Corrector comme on dit au poste.
Le jeunot tâchant d’avoir l’air sévère, semblait cependant très fier de son aïeule.
Elle ne pouvait nier, ayant encore son ciseau à la main.
Elle oeuvrait ce soir là sur la sépulture de Casimir Blanchet : 1913-1987, soi disant héros de la dernière guerre mais dont la collaboration active avec l’ennemi était connue de beaucoup de personnes sans avoir pu être vraiment prouvée.
Ses enfants avaient fait graver :
A NOTRE PERE CE HEROS AU REGARD SI DOUX
SES FILS AIMANTS
Avant l’alerte elle avait réussi à corriger :
A NOTRE PERE CE zero au regard SI mou
Elle fut emmenée au commissariat pour une garde à vue légitime mais bienveillante, au vu de son culot et de son grand âge.
Trés bonne idée. Pile dans le thème. Il y a des profanations plus douteuses 😊
Bien les allitérations .! 👍🐀
Je pense qu’il vaut mieux prendre les devants… j’ai informé ma famille que je ne voulais pas d’épitaphe sur ma sépulture. Sait-on jamais !
Bon dimanche.
La personne, qui réécrit nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales, n’est autre que l’écrivaine Colette, errant dans les allées de la 54e division du Père-Lachaise, au lendemain d’une longue et sale guerre.
« Oh Missy ! Regarde-moi toutes ces gloires opportunistes. Si seulement, la moitié avait eu des couilles comme toi, on l’aurait gagné cette guerre, dès 1940, crois-moi !
Non mais regarde celui-là, « Général, tombé héroïquement pour la France ». Attends un peu ! Je rajoute « DANS SA BAIGNOIRE, AVEC UN CIGARE ! ».
Et lui, tu te souviens, il avait épousé la pauvre Huguette. « Bon père », « bon époux » Comment a-telle pu lui laisser un tel honneur ? Il touchait ses gamines et la battait sauvagement. « Bon père-VERS » « Bon époux DE LUCIFER. QU’IL BRÛLE AVEC EN ENFER ! »
Oh ! et ce pauvre Joseph. « Je monte vers mon Père qui est aussi votre Père. Je monte vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu. » Quelle platitude et quel culot ! Il n’a jamais mis un pied à l’église, pas même à l’enterrement de sa femme. Tu ne perds rien pour attendre, mon vieux. « L’ASCENSEUR EST EN PANNE. PRENDS LES ESCALIERS, CA TE FERA LES PIEDS ! »
Oui, je sais, cela ne te fera pas revenir, ma Missy, et ne soulage pas mon arthrite, mais ça me fait du bien de marcher un peu avec toi au milieu de ces mondains qui se glorifient dans la mort. J’ai plus cœur à la vie, ma Missy, ni à écrire, aussi. Je viens de publier mon dernier ouvrage. Il s’appelle Gigi. Tu vas l’aimer, j’en suis sûre. »
Effectivement, il est possible que certaines épitaphes renferment des mensonges… mais que pouvons nous y faire ?
Bon dimanche.
La personne, qui réécrit nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales… hi hi hi !!! C’est moi Maîtresse !
– Toi Arthur ?… Et tu rigoles ?
– Excusez-moi Maîtresse… j’arrête de rire alors !
– Mais qu’est-ce qui t’a pris bon sang ? Qu’est-ce qui t’a pris ?
Arthur a du mal à retenir son fou rire,
Les élèves de la classe le regardent ahuris,
La maîtresse est toute tourneboulée.
– Il m’a pris que j’en avais marre de voir ma grand-mère en pleurs chaque fois qu’elle revenait du cimetière.
Je me suis dit que c’était pas une vie pour elle !
Alors, un soir, je suis allé sur la tombe de Pépé où il y a écrit « regrets éternels ».
A la place j’ai mis un post-it : « regrets périmés »
C’est vous Madame qui me dites toujours que j’ai beaucoup d’imagination…
– N’en rajoute pas, s’il te plaît ! Dis-moi l’essentiel
– Bon, après, j’ai vu à côté (grâce à la lampe de mon portable) une autre plaque avec : « ici repose un être cher ».
Alors, j’ai mis par dessus un autre post-it avec « Patience, c’est bientôt les soldes » !
– Ho ! Arthur… Tu n’as pas honte !
– Pas trop Maîtresse, pas trop. Je ne pensais pas que ça ferait autant d’histoires.
Moi, ce que je voulais, c’est que les gens soient un peu moins tristes. C’est tout !
Et c’est comme ça que j’ai pris l’habitude d’aller presque tous les soir au cimetière avec mon portable et mes post-it. (sauf les soirs où j’ai foot)
La maîtresse était affligée et quelque peu désemparée face à l’audace de son meilleur élève.
Voyant qu’il pouvait pousser encore un peu plus le bouchon, Arthur rajouta :
– Vous savez… depuis ma grand-mère, elle ne pleure plus en revenant du cimetière !
Oh Camomille, il est bien , ce petit !
Une très belle histoire… comment tourner en dérision nos malheurs. Malheureusement, ce n’est pas toujours facile. Le coeur a ses raisons que la raison ignore !
Bon dimanche.
C’est incroyable ce que l’on peut lire sur les pierres tombales. Les messages sont souvent sentencieux. Il peut s’agir de phrases célèbres choisies par la personne enterrée ou par son entourage. L’épitaphe se veut empreinte d’originalité, d’ironie ou d’éloge.
Celle du Cardinal de Richelieu, par exemple, est : « « Ci-gît un fameux cardinal. Qui fit plus de mal que de bien. Le bien qu’il fit, il le fit mal. Le mal qu’il fit, il le fit bien ».
Dans le village où je vis, j’ai pensé à tous ceux qui n’ont pas d’inscription sur leur tombe. En cette nuit d’Halloween, je suis allé déposer, sur une douzaine d’entre elles, un message à l’attention des visiteurs qui passeront par-là le jour de la Toussaint. Je connaissais personnellement ces disparus ou avais entendu nos concitoyens témoigner de souvenirs communs. Leurs familles n’ont, souvent, pas eu les moyens ou le goût de leur offrir une épitaphe.
Alors, à ce médecin qui allait chaque dimanche à la messe mais refusait d’aider cette mère de famille nombreuse à interrompre une énième grossesse indésirée,
J’ai écrit, sur la pancarte de bois peint que j’accroche avec une cordelette de chanvre : « Il aimait Dieu mais tournait le dos à la femme en souffrance »
Sur la tombe de Pierrot, enfant du bourg dont la mère avait confié la garde à la grand-mère. Ce garçon, enfant « naturel », vivait dans la misère, sous les quolibets des autres enfants qui l’invectivaient, le traitant de « bâtard ».
Durant toute sa scolarité, Pierrot se nourrit de ce que les élèves et la population voulurent bien lui octroyer.
La masure qu’il partageait avec sa grand-mère était un bâtiment qui avait précédemment abrité des animaux : sol de terre battu, dépourvu d’eau et d’électricité mais froid et humide à souhait.
La grand-mère mourut laissant Pierrot seul, abandonné à la misère. Au début de l’âge adulte, quelques années plus tard, il fut retrouvé mort dans l’enceinte du cimetière où il prenait refuge.
Entendre cette histoire d’enfant laissé pour contre parce que sa Mère l’avait engendré hors mariage dans un village où le clergé louait chaque dimanche à la messe, l’amour de son prochain…
Rapprocher ces attitudes de rejet, du harcèlement que vivent certains enfants dans les établissements scolaires actuels ou du rejet des personnes qui ont besoin de secours montre, s’il en est besoin que, ni l’évolution de nos sociétés vers plus de richesse, ni les catéchismes des différentes religions, ne nous rendent plus tolérants, loin s’en faut.
Alors pour Pierrot j’ai peint comme épitaphe : « Que ton repos éternel soit plus doux que ce que la vie t’a offert »
François, élève de l’Ecole des Mousses de 14 ans du vaisseau-école Le Calédonien, navigua une douzaine d’années sur divers cuirassés jusqu’à l’autre bout de la terre. Il retrouva ensuite son village moyenâgeux et tenta d’y éveiller la population sur une époque qui s’ouvrait à la modernité. Mais rien n’était fait, par exemple, pour les enfants éloignés de l’école qui n’avaient aucun repas ni lieu où se mettre à l’abri, le midi.
Pour François, j’ai inscrit : « Merci François, d’avoir diffusé des idées novatrices et accompagné le passage à la modernité de ce début de XXème siècle »
Je réalise que vous ne connaissez pas les vedettes de mon village. Je ne vais pas vous assommer à tous vous les décrire. Je suis heureux d’avoir rendu hommage à quelques-uns d’entre eux qui méritaient bien un petit écrit qui permette de ne pas oublier leur passage sur cette terre.
Ce récit est plein de générosité Nouchka. Cela m’a rappelé que lorsque j’étais enfant, avec mes sœurs et mon frère, nous allions déposer sur les tombes oubliées, quelques fleurs cueillies en chemin, au petit cimetière de campagne, accolé à l’église où nous nous rendions pour la messe. Nous avions le sentiment de réparer une injustice.
Il existe des personnes qui agissent avec générosité dans la plus grande discrétion… c’est leur choix et nous devons le respecter.
Bon dimanche.
La personne, qui réécrit nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales…
N’avait pas encore été identifié. Elle n’était pas facile à repérer car il n’y avait pas de logique apparente dans son mode d’action si ce n’est le moment où elle opérait. Certains se penchèrent sur l’identité des victimes pour voir si une logique se dégageait de ces méfaits. Hommes, femmes, de toutes catégories sociales sans lien de parenté… Les caméras de surveillance n’avaient pas permis de mettre un nom sur la personne en question. Et pourtant, elle devait connaitre toutes celles dormant sous terre voyant leur biographie revisitée… Et plutôt bien les connaitre si l’on en jugeait par les phrases écrites d’une belle graphie déliée sous les noms gravés dans la pierre. Le plus étrange est qu’il se murmurait que malgré l’offense faite aux morts, il s’avérait que les nouvelles épitaphes se révélaient tout à fait juste et partagées par le plus grand nombre dans les rangs des connaissances.
De plus, ce qui rendait la tache encore plus ardue est que plusieurs cimetières étaient touchés par les affres du « vengeur masqué » comme le surnomma bientôt la presse. Allait-on devoir trembler encore longtemps ? Il y eu un grand soulagement lorsque l’intérêt retomba. On ne releva plus de dégradations à partir du 2 novembre. La vie reprit son cours, celle des gens et celle des cimetières. Elle s’arrêta pour certains et de nouvelles épitaphes vinrent fleurir les tombes supplémentaires. Tout sembla normal. Jusqu’à l’année suivante, où aux mêmes dates, celle de La Toussaint, le « vengeur masqué » revint…
Il devait s’agir d’un fantôme… impossible de relever une seule empreinte digitale… il paraît qu’ils n’en ont pas !
Bon dimanche.
🙂
République batave un général’par delà la mort’ réhabilite ses hommes tombés au combat, oubliés, offrant une sépulture à quelques restes et une cérémonie , effort mémoriel *un descendant de grognard,revivant cette épopée, rajoute » mort Pour l’europe » était-ce un échappé de Charenton,ou Napoléon 4,*🐻
Effectivement… le doute subsiste !
Bon dimanche.
Ce n’était parce qu’ils étaient morts qu’il fallait leur foutre la paix. Trop facile, la fuite. Dans l’oubli, dans l’Amérique du sud de la mort. Planqués sous un masque de marbre dont les veines toujours saignaient. Statufiés dans l’indigne position d’un quelconque mérite. Enterrés les dérives, les échouages sur des rivages boueux.
Lui, ce grand noir, avec encore une dent contre le Monde, lui tentait de corriger le court de l’Histoire, le rabougri d’un passé toujours à dépasser. On le payait pour buriner l’existant et en fabriquer de sardoniques dentelles.
Débarqué du Ghana, c’est tout ce qu’il avait trouvé comme boulot, un épitaf, comme un autre !
Il n’y a pas de sot métier… graveur de marbre, c’est tout un art !
Bon dimanche.
Y’en a des comme ça qui le jour bavent sur tout le monde et la nuit, quand les chats sont gris, se donnent bonne contenance en écrivant des phrases élogieuses sur les pierres tombales des ‘débinés’. Crachez…crachez il en restera toujours quelque chose. Ces gens là vous feraient pendre… et c’est ce qui s’était passé. Le pays était à feu et a sang tant le corbeau lâchait de mots bien dégoutants jusque sur le maire et la maîtresse d’école pourtant toute jeune. Alors les ‘bavés’ devenaient silencieux, s’enfermaient derrière leurs volets clos et on ne les revoyait plus que quelques années après et souvent les pieds devant. Alors, la nuit, l’oiseau noir volait de pierres tombales en sépultures et grattait gravait jusqu’à s’user le bec des mots gentiment inutiles pensant ainsi s’acheter une bonne conduite.
Mais vous savez c’qu’on dit : quand le mal est fait… ça s’achète une bonne conscience ?
Vous ne voulez pas me dire où ?
Sacrée Sourisverte… le supermarché de la bonne conduite n’existe pas, et je suis tenté de dire tant mieux… parce qu’il serait trop facile de commettre n’importe quelle bêtise, puis passer faire ses courses pour revenir blanc comme neige…
Bon dimanche.
La nuit des macchabhés.
Par Nicolas – 31.10.25
La personne, qui réécrit nuitamment les épitaphes trop élogieuses sur les pierres tombales…
… Elle peut être ce psychopathe qui déterre les corps pour écrire avec les pauvres défunts un nouveau chapitre de leur vie. Il prélève les morceaux qui l’intéresse pour en faire l’éloge funèbre ou aime parfois l’entièreté du cadavre dans un hymne à l’amour morbide. Il s’approprie chacun de corps, en leur donnant une seconde vie surprenante. Il leur invente une histoire, apparemment plus dégradante que ce qui est écrit à leur sujet, comme épitaphe.
Ils sont morts, est-ce si grave ?
Inspiré par une mère bien trop autoritaire, qui lui préférait son frère, il a cherché son amour toute sa vie, d’une manière inappropriée. Peu adapté au monde réel de part son handicap mental, il n’avait pratiquement aucune interactions sociale. Après avoir tué son frère, puis sa mère, il a pu laisser libre cours à sa passion pour la mort. Une seule personne s’intéressait à lui, une jeune femme dont il aurait pu tomber amoureux. Elle était du genre gothique partageait sa passion funeste, jusqu’à l’aider à déterrer des morts. Il était trop névrosé pour avoir une véritable relation et elle fût assez maligne pour n’être pas vraiment impliquée dans l’épilogue de cette histoire.
Quelques mortes, aux sépultures profanées, ont involontairement joué le rôle de la mère.
Lui, réécrivait le rôle du fils attentionné envers une maman si aimante. D’autres prenaient la place de l’amante qu’il ne pouvait avoir dans la vraie vie. Il fallait les remplacer régulièrement, en fonction de la putréfaction des chairs, mais il gardait quelques morceaux de choix dans leanée formol, je vous passe les détails sordides.
Il était doux comme un agneau, on lui donnait le Bon Dieu sans confession. Il tuait les gens sans affect, avec cruauté et méthode, mais s’il ne considérait pas les vivants, il chérissait les morts, tout en les traitant comme des pantins. Cet homme a existé, on lui attribue des centaines de crimes. Sa terrible histoire a inspiré le fameux film “Psychose” d’Hitchcock, pour la scène de la douche, mais aussi “Massacre à la tronçonneuse”;
Cher Nicolas,
Quelle macabre histoire… malheureusement certains faits divers nous démontrent qu’il existe de nombreux malades capables de commettre d’atroces forfaitures.
Bon dimanche.