597e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

L’agent immobilier nous avait avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. »
La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant ….. dans sa propre boîte aux lettres. Intrigué, je décidais de le surveiller.
Quelques semaines plus tard, j’eus la réponse…

Inventez ce qu’il glissait dans sa boîte aux lettres et pour quelle raison


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Les personnes heureuses sont celles qui voient leur vie comme un jeu imaginatif.
Elles continuent à jouer à explorer le grand jeu de la vie, comme dans leur enfance.
Pour elles, tout est sérieux et rien ne l’est.

37 réponses

  1. MALLERET dit :

    597 L’agent immobilier nous avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué ». La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant une enveloppe dans sa propre boîte aux lettres. Intrigué, je décidais de le surveiller.
    Quelques semaines plus tard, j’eus la réponse…

    La curiosité étant un vilain défaut, j’allais en être puni, néanmoins je fis une découverte à laquelle je ne m’attendais pas.

    Pendant trois semaines je surveillai mon voisin, à intervalles irréguliers, mon métier ne me permettant pas de faire le gué de façon continue. Cependant, j’eus la chance d’être là plusieurs fois au moment où celui-ci, toujours en uniforme de fonctionnaire, glissait du courrier dans sa boîte à lettres.

    Un jour, en le guettant, je l’ai vu avec notre facteur habituel. Ils étaient donc deux en tenue réglementaire. Mon voisin a demandé l’autorisation à l‘employé des postes de distribuer le courrier à sa place. Son œil vigilant superviserait la distribution. Le postier refusa net invoquant l’interdiction absolue de se séparer de son courrier. Il risquait sa place si quelqu’un les voyait.
    La promesse d’une bonne bière après le travail a fini par le décider.

    Lundi, en partant travailler j’ai vu mon faux facteur en tenue civile accompagner mon vrai facteur dans sa tournée. Du moins un bout de chemin, car je n’avais pas le temps de les suivre sur tout leur trajet.

    De plus en plus intrigué, je pensais que mon voisin était vraiment bizarre. Pour mieux comprendre, je décidai de l’inviter à prendre un verre chez moi, ce qu’il accepta avec plaisir.

    Il m’expliqua qu’il avait décroché le rôle principal pour un film dont le héros était un facteur :

    – Vous comprendrez que je tiens à faire le plus vrai possible.
    Ha ! Il faut que je vous dise quelque chose. Vous vous souvenez de l’agent immobilier qui vous avez fait visiter la maison. C’est aussi lui qui m’avait vendu la mienne.

    – Oui, je m’en souviens. Pourquoi ?
    – Imaginez-vous qu’il a été interné !

  2. Urso dit :

    L’ agent immobilier nous avait avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. »
    La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant ….. dans sa propre boîte aux lettres. Intrigué, je décidais de le surveiller.
    Quelques semaines plus tard, j’eus la réponse…

    Je voyais que le facteur était de plus en plus agité. À chaque fois que je le croisais dans l’escalier il sentait l’alcool et il parlait tout seul.

    Un jour passant devant les boîtes aux lettres au bas de l’immeuble je vis que la sienne était ouverte.
    Bizarre me dis-je.
    Sur un mouvement de tête je pris tous les papiers qui se trouvaient à l’intérieur et les jetais rapidement dans mon sac à main.
    Ensuite, dans un café, je fis un tri de ces papiers et me mis à lire les 7 lettres manuscrites provenant de la boîte du facteur.
    Ce qui était écrit me bouleversa.
    Aïe aïe que c’était horrible.

    Apparemment le facteur racontait dans ces lettres qu’il avait assassiné sauvagement à la tronçonneuse l’agent immobilier. La raison c’est qu’il se moquait continuellement de lui, disait à tout à chacun qu’il était idiot, fou, toqué …
    Donc pour se venger le postier avait décidé de passer à l’acte et de se débarrasser définitivement de l’agent.
    Dans ces écrits, il consignait ce qu’il avait fait, souvent avec maints détails, sans jamais déclarer qu’il regrettait son geste.

    Oh la la dis-je à mon café crème bien blanc – en relisant des phrases où il me semblait voir ruisseler du sang et des viscères éclater – il faudrait certainement que je prévienne la police de ce crime abominable.

    Puis, comme par une sorte d’amnésie, ne pensant plus à ce que je venais de lire, je réglais le café crème au garçon de café jeune et blond, et je suis rentré tranquillement chez moi m’occuper de mon mari et de mes trois enfants.

    C’est alors que je vis dans le hall de l’immeuble l’homme facteur vraisemblablement assassin. Le regard de ses yeux verts qu’il m’envoya semblait contenir une énorme dose de haine et de méchanceté.

    Il me dit avec une voix de fillette :
    – ma petite dame ne dîtes rien de ce que vous avez vu et lu. Jetez-les au feu ou ailleurs.
    Ou bien je vous découpe au chalumeau et vous glisse à votre tour dans une boîte aux lettres.
    Puis sans un mot il hâta le pas en direction de son logement.
    J’en fis de même et la nuit, ne pouvant trouver le sommeil, j’entrai dans la chambre du postier et lui planta violemment un piolet en plein coeur.
    Revenue dans la mienne, je dormis comme un bébé jusqu’à midi.

    J’avais rendu justice et j’avais aussi évité qu’un déjanté me fasse passer au travers d’une boîte à lettres.

  3. françoise dit :

    L’agent immobilier nous avait avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. »
    La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant une enveloppe kraft dans sa propre boîte aux lettres. Intrigué, je décidais de le surveiller.
    Quelques semaines plus tard, j’eus la réponse : dans cette enveloppe il y avait, me sembla-t-il des prospectus dont il glissa un exemplaire dans chacune des boîte aux lettres.
    Intriguée je courus ouvrir la mienne et je lus « vous êtes invités au pot que donneront Monsieur et Madame de Labarrière à l’occasion du mariage de leur fille le samedi 22 mai prochain vers 18H
    Tout l’immeuble vint, :les hommes en smoking,costumes classiques ou jeans, les femmes étaient toutes sur leur 31.
    Nous fûmes acueillis, me sembla-t-il, un peu froidement. L’un de nôtres montra notre invitation !
    Madame de Labarrière nous fit entrer et nous conduisit sous le patio de leur propriété où les invités semblaient être sur le point de partir.
    On offrit un verre de bière aux Messieurs et une limonade aux dames….
    Une heure plus tard, les invités étant partis, nous fîmes de même.
    Préférant en rire , nous décidâmes de faire un pique-nique tous ensemble sur la pelouse devant l’immeuble ; cela nous permit de faire connaissance en nous amusant.Notre voisin « facteur » que nous aurions volontiers invité à se joindre à nous était absent, enfin semble-t-il.
    Quand la lune se leva nous allâmes nous coucher.

  4. Avoires dit :

    Malgré la remarque formulée sur un ton amusée par l’agent immobilier, nous décidâmes de louer l’appartement voisin de celui du voisin toqué. C’était justement ca qui nous avait plu !
    Peu de temps après avoir emménagé, je vis notre voisin distribuer le courrier dans les boîtes aux lettres de l’immeuble. Il était bel et bien facteur, portait l’uniforme de La Poste , n’était donc pas déguisé et tout le monde l’appelait par son prénom : Boris. Le facteur Boris habitait l’immeuble où sa tournée le menait  !
    Ce qui était insolite tout de même, c’est qu’il glissait du courrier dans sa propre boîte aux lettres…Après tout, pourquoi pas, il est bien normal qu’un facteur se distribue son courrier…
    Intriguée, je décidai de me trouver dans les parages des boîtes aux lettres pour tenter de résoudre l’énigme. Quel ne fut pas mon étonnement de voir Boris, non pas en uniforme de La Poste mais la tête coiffée d’une…toque d’Astrakan ! L’agent immobilier ne s’était pas trompé : notre voisin était toqué, et joliment, mais pas dans le sens entendu !
    J’ai fini par apprendre de l’intéressé que, lorsqu’il venait chercher le courrier qu’il avait déposé dans la matinée dans sa boîte aux lettres, il se coiffait de sa toque pour maintenir le souvenir de la Grande Russie ! Bien sûr , il ne l’avait jamais connue puisque sa famille avait émigré il y a une centaine d’années.
    Recevait-il des lettres de Russie, du Caucase ou d’ailleurs ? Je n’ai jamais osé lui demander la provenance de son courrier. J’apercevais seulement des timbres qui me faisaient rêver… Boris refermait sa boîte aux lettres en tenant les lettres bien serrées contre sa poitrine.et remontait chez lui.

  5. 🐻 Luron'Ours dit :

    LA BISE DU VOISIN

    L’agent immobilier m’avait glissé  » il n’est pas méchant ». J’avais compris. Il est bizarre. Sort habillé. A des rapports ambigus avec sa propre boîte à l’être. Un facteur-chance en somme…
    Il devint mon modèle, je calquais mon rythme sur le sien, je sortais dès qu’il surgissait, me calefeutrais lorsqu’il tirait sa porte.
    À la maison, j’étais désœuvré. Mon déménagement restait en caisses. Je me tenais des heures assis sur ma malle d’osier à en avoir les fesses striées. Elle renfermait ce qui était dans le grenier de mes parents. Un trésor peut-être. Vêtements, parures, vieux jouets.
    Je devinai que cet étrange voisin avait ouvert une penderie où il était enfermé enfant, n’attendant de secours que de l’extérieur. Oui, je n’avais le choix que de m’installer où partir. J’y suis encore, lui non plus.
    🐻 Luron’ours

  6. Nadine de Bernardy dit :

    L ‘agent immobilier nous avait avertis. Ne faites pas attention au voisin d’à côté il est un peu toqué.
    La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant dans sa propre boîte aux lettres un petit récipient creux.
    Je décidais de le surveiller.
    Déjà, rien qu’à le voir, on se posait des questions. Au lieu d’antennes il avait de chaque côté de ce qui lui servait de tête une excroissance de chair circonvolutionnée. Devant tant d’étrangeté, je prenais des photos avec mon oeil droit à polaroïd superséquentiel, pour pouvoir situer le personnage.
     » Etre humain, vivant sur la planète Terre. Flexivore d’humeur imprévisible, se reproduisant en couple à volonté etc… » m’avait renseigné la tablette implantée dans ma palme droite.
    Ses yeux étaient petits, derrière de fines fenêtres de verres peu seyantes posées sur son nez car il ne possédait pas de trompe comme nous autres. Je tenais ces détails de mes recherches de plus en plus fouillées qui me passionnaient. Mais le plus hilarant de tout c’est qu’il n’était pas d’un vert normal, mais d’un blanc rosâtre maladif revêtu d’un costume bleu avec truc à visière sur la tête.
    Un facteur !!! me dit encore ma palme droite.
    Il était vraiment rigolo le voisin. Toqué je ne sais pas, mais bizarre, ça oui. On se croisait de temps en temps, il émettait des sons en agitant la main mais nous ne comprenions rien. Alors on secouait nos palmes en bougeant notre ventouse buccale.
    Son manège avec la boîte aux lettres continuait quotidiennement, alors j’ai commencé à le surveiller avec mon oeil gauche à lorgnette tout en avalant mes pilules nutritives de la journée.
    Trois fois par jour, il ouvrait tout doucement la porte de sa boîte,retirait le petit plat creux pour en remettre un autre. J’avais beau faire de puissants zooms avant, je ne distinguais rien d’autre. Agacé, de plus en plus curieux, je commençais à me décourager, quand ma patience fut enfin récompensée. Quelques semaines plus tard j’eus enfin ma réponse.
    Depuis quelques jours déjà, j’entendais des sons ténus,aigus, provenant de la fichue boîte aux lettres, et enfin,un matin, mon voisin ouvrit la porte et en sortirent en voletant quatre êtres en qui je reconnus des oisillons pour les avoir étudier en Sciences des Univers Parallèles.
    Des oiseaux sur Plutonius !!!!
    J’en averti immédiatement la Société concernée, tout excité d’être le témoin privilégié d’un tel phénomène !

  7. Alain Granger dit :

    L’agent m’avait recommandé de l’éviter, qu’il fallait se méfier de lui, qu’il était un peu timbré. Sous son enveloppe de père tranquille se cachait peut-être un schizophrène qui ne freinait pas ses pulsions. C’était vrai qu’il était un peu fou, mais d’une folie douce. Il avait celle d’un homme seul qui dépose du courrier dans sa boite au lettre, histoire de se donner l’illusion de n’être pas seul, pour un instant, pour un instant seulement. Il s’écrivait des petits mots, des mots d’admiration, ceux d’un fan qui aimait ses poèmes. « Les mots aiment votre plume. Ils se font un sang d’encre lorsque vous les ignorez un peu trop longtemps », lui écrivait-il. Un autre lui disait : « Vos mots me font du bien. Ils soignent les miens ». Mon voisin lisait ces mots pour les prendre à la lettre. Les maux, il les avait connus lorsqu’il avait perdu les siens, ses êtres chers, ses hêtres de chair qu’il aimait enlacer, ceux dont la présence ne le lassaient jamais. Pourtant ils l’avaient laissé, ils étaient partis, ou plutôt la mort les lui avait enlevés. Alors, après le désespoir, après l’envie de les rejoindre, il avait un jour ressenti la fraicheur d’un matin sur sa joue, il avait entendu le chant des oiseaux qui se réjouissaient d’un soleil qui se levait encore. Il y avait vu un signe, un signe de l’haut-delà, un signe de l’eau d’ici, un signe de vie, un signe d’envie, celle de ne point accepter de partir. Lorsqu’il se déguisait en facteur, histoire de s’illusionner, de donner un peu de magie à ses désirs inassouvis, il postait une allusion à une vie différente. Dans cette autre vie parallèle il était connu des chroniqueurs de mots. On donnait des apostrophes à sa légion d’honneur. Et puis, et surtout, il avait sa femme et son fils auprès de lui. Si le facteur sonne toujours deux fois dans son monde réel, il n’avait pas encore sonné dans cette autre vie. Une fois que j’eu appris à le connaitre il s’en suivi une amitié qui dépassa les simples règles de bon voisinage. Je l’invitais plus d’une fois à partager mon repas et il en fut ravi. Après avoir été servi dans ma vaisselle blanche il fallut qu’il me convie à son tour à mettre les petits plats dans les grands. Notre entente se poursuivit dans l’épanchement de nos petits et grands malheurs et non pas de synovie même si mon genoux me faisait souffrir d’une arthrose récurrente. Moi aussi j’avais connu des drames avec quelques femmes. A force de jouer aux dames je m’étais fait damer le pion. Mon cœur avait été mis en échec jusqu’à devenir mat, complètement insensible à toute nouvelle émotion. Alors on partageait les nôtres en buvant un verre de vin, en faisant de bons mots et en admirant les couleurs du ciel dans le soleil couchant de nos âges déclinants.

  8. 🐀 Souris verte dit :

    Le ronron

    L’agent immobilier nous avait avertis : « Ne faîtes pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. »
    Si seulement.. Mais ce n’était pas tout !
    On avait été surpris par le prix de ce petit pavillon situé dans un quartier où quasiment toutes les fenêtres étaient fermées entre 13h30 et 15h et après le film plus de lumière. Mais devant, dans le jardin de grosses boîtes à lettres de toutes les couleurs.
    – il n’y a donc personne dans le coin?
    -si la maison d’à côté… Les autres n’ont pas résisté ils y habitent très peu dans la journée et jamais la nuit…
    Intrigués dites-vous ? C’est rien de le dire! On se serait cru dans un décor en carton de film du début du siècle dernier.
    Bien fatigués après un emménagement sommaire, on s’est couché.
    C’est là que ça a commencé. Il y eu un remue-ménage tout autour sauf le voisin… Puis un bruit de fond…
    D’abord doucement… Puis de plus en plus fort… Mon mari est allé voir au poêle si tout allait bien.
    -il tire bien !
    Cela aurait dû nous rassurer mais nous nous sentîmes enveloppés dans un édredon de ronrons, de bourdonnements, vrombissements. Après une grognement d’ours affamé on tira le rideau en claquant des dents de peur. Nous étions tétanisés.
    C’est là qu’on l’a vu le voisin à moustaches… Il portait sa couverture et son oreiller, se glissa dans sa boîte à lettres qui s’allongea se transforma en une sorte de combi.
    C’était drôlement bien ce truc-la car après, tout est redevenu calme.

    Le lendemain, on a convoqué l’agent immobilier qui nous a expliqué que nous étions dans le quartier des ronfleurs invétérés et que, pour dormir à loisir ils se réfugiaient tous dans des boîtes à lettres insonorisées.

    Puisqu’ils avaient pris leur précaution cela nous mettait à l’abri du bruit.

    Nous avons donc suivi le programme 13h30-15h et après le remue-ménage nous convoquions Morphée. Mais nous, nous dormions dans notre lit ! 🐀

  9. 🐀 Souris verte dit :

    🐀 j’ai bien aimé votre texte Grumpy.

    • Grumpy dit :

      Merci, moi j’ai préféré le vôtre, aller roupiller dans sa boîte aux lettres façon combi, en voilà une bonne idée !

  10. iris79 dit :

    L’agent immobilier nous avait avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. »
    La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant une enveloppe dans sa propre boîte aux lettres. Intrigué, je décidais de le surveiller.
    Quelques semaines plus tard, j’eus la réponse…
    Chaque jour il se déguisait. Le lundi en facteur, le mardi en policier, le mercredi en livreur, le jeudi en maraicher, le vendredi en boulanger…
    Je ne comprenais pas quel sens pouvait avoir cette action. Il semblait n’avoir cure que ses voisins soient témoin de son manège . Il ne se cachait pas et assumait pleinement ses déplacements accoutré de ses uniforme parfaitement assortis à ses différentes expéditions. Il se disait qu’il était marié mais personne n’avait vu son épouse et peu de gens semblaient franchir le portillon menant à la maison. De temps à autre une infirmière ou des enfants qui vendaient des tickets pour financer leur voyage scolaire poussaient la porte qui jamais ne s’ouvrait en grand. Plus rarement des voitures immatriculées différemment de celles d’ici passaient la journée garées dans l’allée mais le mystère restait entier. Quand je le croisais, on se contentait des formules de politesse d’usage et je me demandais, intrigué, quel mal il pouvait ainsi le ronger.
    Un jour, à la mairie, je croisais un élu à qui je répondis laconiquement oui à la question « Alors, bien installé ? Heureux dans votre quartier ? Et le voisinage est tranquille ? »
    Devinant que je ne lui disais pas tout, il marqua une pause, prit un air solennel et d’une voix grave, il baissa d’un ton et continua :
    -ah, je vois…Vous êtes intrigué par votre voisin que bien des gens traitent de zinzin…Vous avez forcément été témoin de ses agissements étonnants, n’est ce pas ? Si ce n’est pas triste tout ça…
    Il fait tout ça pour sa femme vous savez. Elle a perdu la mémoire suite à un accident peu de temps après leur arrivée ici. Il l’aide comme il peut en essayant de raviver des souvenirs. Il se déguise en facteur et lui laisse une lettre car c’est comme ça qu’ils se sont rencontrés. Il s’écrivaient une fois par semaine. Son père à cette pauvre dame était policier et lorsqu’elle était petite, elle guettait son retour derrière la fenêtre avide et pressée d’entendre les récits qu’il inventait pour elle.
    C’est une femme au grand cœur parait-il et elle n’oubliait jamais un anniversaire ! Ceux de sa famille, de ses amis, de ses voisins. Aussi le livreur connaissait parfaitement le chemin ! Elle chérissait chacun avec un cadeau qu’elle trouvait toujours juste à propos. Maraicher, c’était son métier à lui avant qu’ils ne connaissent cette tragédie. Depuis, il travaille de nuit à l’EPHAD du coin. Il ne la quitte pratiquement plus de la journée pour l’aider, l’aimer l’accompagner. Il croit dur comme fer à sa guérison avec cette méthode de stimulation qu’il a bricolée dans son coin.
    Et vous vous demandez pourquoi le boulanger je présume ? Et bien juste avant l’accident, ils avaient fêté leur anniversaire de leurs dix ans passés ensemble. Le boulanger leur avait livré une magnifique pièce montée…
    Bien des gens ignorent toute l’histoire et le prennent pour un fou. Il ne s’épanche pas, Il ne veut pas d’aide ni que quiconque compromette son plan. Il investit toutes ses forces et son énergie dans ce combat pour la vie de sa femme chérie.
    Je n’en revenais pas et en avais le souffle coupé . Je ne savais comment l’aider alors quand je le vis en facteur le lundi suivant, je ne fis que le saluer cessant de l’ignorer cette fois, le gratifiant de tout mon respect et de tout mes espoirs qu’il puisse un jour enfin juste être lui-même.

  11. Maguelonne dit :

    L’agent immobilier nous avait avertis : « Ne faîtes pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. »
    La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant….dans sa propre boîte aux lettres. Je décidais de le surveiller. Quelques semaines plus tard, j’eus la réponse.
    Il m’a fallu quelques semaines car n’ayant plus un rond, je devais trouver des solutions pour m’équiper : grande jumelle sur trépied, petite jumelle mobile, vin blanc et quelques biscuits, de quoi tenir le siège. Des cousins et la supérette m’ont, à l’insu de leur plein gré, bien aidé.
    Premier jour de surveillance : le voisin bizarre déguisé en facteur se glisse dans sa propre boîte à lettres. Ça, c’est bis répétita. Dix minutes après, une plume sombre s’échappe par le trou de la boîte à lettres. Je ne me laisse pas distraire et attends la sortie du voisin ou du facteur. J’ai pourtant attendu le temps de descendre une bouteille de blanc et de tomber de ma chaise. Rien, rien de rien.
    Deuxième jour d’observation. Même scénario mais là j’ai suivi la plume : une grande plume d’un noir tirant sur le bleu s’est envolée et a disparu dans le majestueux chêne sur la colline. Dix minutes après une nuée de corbeaux déchaînés prenait son envol en croassant.
    Je n’aurai jamais dû voir ça. Depuis c’est la cata.
    Mon mec a reçu une lettre anonyme révélant mes ébats extra conjugaux. Il en a profité pour rejoindre Jeanne, la folle du quartier. Elle lui a mis le grappin dessus. Mais au bout d’une semaine, ne le supportant plus, elle lui a caressé le crâne un peu trop fort. Depuis il ne quitte plus son fauteuil et bave toute la journée.
    La justice a mis Jeanne au trou où elle a fomenté une mutinerie. La prison est devenu un brasier incontrôlable. Des cendres, des cendres, en veux- tu, en voilà et tous les voyous se sont évadés.
    On ignore ce qu’est devenu Jeanne mais les escrocs ont pris le pouvoir et ont réduit le quartier en esclavage : faut les nourrir, faut les distraire…J’en ai marre, c’est fatigant !
    Heureusement les lettres anonymes ont continué à circuler et les charlatans se sont tapés dessus de plus en plus fort. Et nous voici libérés, délivrés. 
    Entre voisins, nous avons décidé de ne plus ouvrir le courrier masqué. Tous ces ragots ne nous regardent pas, mais quand même… Je suis dévoré par la curiosité, je ne vais pas tenir très longtemps.
    En attendant j’ai repris mon poste d’observation : boîte à lettres, voisin, facteur, corbeau ? Je n’ai toujours pas compris ce mystère.

  12. Grumpy dit :

    – Le voisin serait un peu toqué dites-vous ?

    – On peut le penser en effet, mais surtout ne vous inquiétez pas, à mon avis il est juste légèrement timbré

    – Mais …. ça pourrait être dangereux ça quand même ?

    – Mais non, ne vous faites pas de bile, ça fait des années qu’il est dans cet état, ça lui a pris quand il a été mis à la retraite

    – Ah ! Avant l’âge requis ?

    – Oui, sa hiérarchie a trouvé qu’il commençait à travailler du chapeau, alors, ni une, ni deux, VLAN ! Son chef de service, sans prévenir et très sèchement, l’a oblitéré d’un bon coup de tampon.

    – Alors, depuis, il est affranchi, en petite vitesse sans doute …

    – C’est exactement ça, et c’est ce qui est rassurant. Que cela ne vous empêche pas d’habiter la maison d’à côté, vous n’avez rien à craindre, il est un peu déroutant, mais seulement de temps en temps.

    – Mais comment savoir à quel moment il est dérangé ?

    – Vous l’observez, et vous vous tenez un peu à l’écart : le jour où il rentre à vélo la casquette PTT sur la tête, c’est celui où il fait sa tournée. Ne soyez pas inquiet, il ne se distribue du courrier qu’à lui-même.

    – AH ! Et comment ça se fait?

    – Ça lui a été fortement Recommandé avec Accusé de Réception. Le courrier lui disait « tenez-vous tranquille sinon on va vous filer une tournée ! »

    – Oh, ben, le pauvre, ça c’est dommage, au fond c’était sans doute ça qu’il voulait …

  13. Opaline34 dit :

    L’agent immobilier nous avait avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. »
    La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant une enveloppe dans sa propre boîte aux lettres. Intrigué, je décidais de le surveiller.
    Quelques semaines plus tard, j’eus la réponse…
    Chaque jour, à la même heure, le voici devant sa boîte à lettres.
    Toujours le même geste, précis, efficace.

    Il est étonnant, ce voisin qui se prend pour le facteur.

    Pourquoi donc glisse-t-il une enveloppe, chaque jour, à la même heure, qu’il pleuve ou qu’il vente ?

    Il m’intrigue.
    Je l’observe, derrière les rideaux de ma cuisine, ou plutôt je l’épie.
    De fait, je me transforme, chaque jour à la même heure, en détective.
    Et, curieux, je cherche à percer le mystère.
    Car mystère il y a.

    Imaginez-vous la scène : votre voisin, déguisé en facteur, qui dépose dans sa boîte aux lettres une enveloppe, chaque jour à la même heure, forcément, vous seriez intrigué.

    Ma période d’observation a commencé depuis au moins 3 semaines, quand, un beau jour, ou plutôt un jour pas fait comme les autres, il n’est pas au rendez-vous.

    Que se passe-t-il, pour qu’il ne soit pas, aujourd’hui, devant sa boîte à lettres ?
    Me voilà inquiet.

    Est-ce qu’il lui est arrivé quelque chose ?
    Est-ce qu’il a besoin d’aide ?
    Mille questions tournent dans ma tête.

    N’en pouvant plus, je me décide à aller « toquer » à sa porte.
    Tant pis, il faut que je sache.
    La porte s’ouvre, et je découvre le visage de cet homme, l’œil vif.
    Et, là, derrière lui, j’aperçois une avalanche d’enveloppes, jonchant le sol, et toutes les lettres affichées sur les murs.
    Je lui demande si tout va bien.
    Il parait surpris par ma question.
    Oui, oui, me répond -il , j’ai rassemblé tous les indices et maintenant je vais résoudre l’énigme.
    Merci cher voisin de vous être inquiété, si vous le permettez, je retourne à ma besogne.

    Me voilà donc, sur le palier de sa porte, tout déconfit.

  14. camomille dit :

    L’agent immobilier nous avait avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. »
    La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant une lettre dans sa propre boîte aux lettres.
    Alors, ça m’a repris sur le champ : j’enfilai frénétiquement ma tenue d’infirmière et courus vers lui, seringue à la main menaçante.
    Le voisin/facteur prit peur et se mit à crier : « NON ! NON ! »
    Je jubilais. Je me rapprochais de lui de plus en plus excitée.
    Il se plaqua contre les boîtes aux lettres, terrorisé.
    Arrivée à sa hauteur je lui enfonçais l’aiguille dans le bras…
    Mon plaisir assouvi, je rentrais chez moi.
    Les jours suivants, je ne vis plus le voisin déguisé en facteur…
    Pourtant, on s’amusait bien tous les deux ?
    Déçue, je déménageai… une fois de plus.

  15. mijoroy dit :

    L’agent immobilier nous avait avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. » La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus…
    De la fenêtre de ma chambre, armé d’une frontale, de pelle et d’une pioche, et chaussé de charentaises toutes neuves. La haie de seringats et d’hortensias très épaisse me cachait ce qu’il faisait. Je l’entends ahaner, souffler, à chaque coup de pioche. C’était clair qu’il peinait. Mais à quoi faire ? Ce petit manège recommençait chaque soir à 19 heures, lorsque je remontai du dîner, et que je m’installai à mon bureau, pour calligraphier dans mon journal, ce qui m’avait plu ou déplu dans ma journée. Le moment où je choisissais le mot du jour le plus joli entendu, ou la phrase la plus exquise lue, dite par ceux que j’avais croisés. Au bout d’une semaine d’observation du même rituel, je prétextai après le souper, une envie de faire un tour au jardin, me portant volontaire pour sortir Eclair, notre golden retriever. Surpris par un tel enthousiasme, mes parents n’objectèrent aucun contre-argument. Je préférai m’adjoindre Eclair, non pas qu’il soit aussi impressionnant que le Beauceron de ma tante Huguette, mais au moins un chien qui grogne cela peut être dissuasif. J’avais peut-être un voisin serial killer. Mieux valait assurer mes arrières. Je m’approchai de l’endroit où officiait notre voisin. Ça creusait, je reconnaissais le son d’une pelletée que l’on charge et que l’on déverse. Je le vis retourné chez lui et revenir avec des sacs poubelles chargés. Enterraient-ils ses déchets ou pire un cadavre découpé ? Je me terrorisais tout seul. Voyons, je n’étais pas une chiffe molle ! Je m’enhardis et écartai un peu plus les pompons d’hortensias, afin d’avoir un point de vue plus pertinent sur le jardin du voisin. Quelle ne fut ma surprise de constater qu’il enterrer ses charentaises, ses vêtements, son oreiller, qu’il déballait des sacs poubelles. Pour sûr, ce voisin était bizarre. Cachait-il de l’argent dans ses charentaises ? Je voulais bien l’admettre, mais ses vêtements ? Il ne m’avait pas semblé que ceux-ci soient taché de sang, ou d’une toute autre matière compromettante.
    Je m’en retournai avec une foule de questions vers la maison, Eclair, frustré de n’avoir fait une promenade que jusqu’au bout du jardin, tirait sur sa laisse pour flâner encore. Qu’à cela ne tienne, dès demain, j’aurai le cœur net de cette étrange manie du voisin.
    Maman ayant fait ces cookies de la mort, ceux avec les énormes pépites de chocolat et des éclats de noisette. Une tuerie pour le goûter. Je proposai l’air de rien, d’en porter au voisin pour me présenter. Ravie, de me voir m’intéresser à des humains, plutôt qu’à mon smartphone, s’empressa de préparer un Tupperware. Je trouvais notre voisin installé dans la balancelle sur sa terrasse. Il était dépité. Il m’accueilli avec emphase trop heureux d’avoir de la visite. Après un bol de chocolat chaud et ragaillardi par les cookies de maman, j’osais demander :
    ─ Vous sembler triste monsieur Coeurdeboeuf ?
    ─ C’est vrai mon p’tit gars. Je ne comprends pas, chaque matin quand je me réveille mon oreiller a disparu, mes charentaises et mes vêtements aussi. Alors tous les matins je retourne en acheter. Pourtant ma porte est fermée à clé, personne n’est entré. Je ne sais quel plaisantin me cache mes affaires, et cela m’épuise. J’ai l’impression que mes nuits ne sont plus réparatrices des tensions de la journée. J’ai le sentiment d’avoir pioché, et remuer de la terre du jardin toute la nuit.
    Je souri et lui demandai s’il y avait des cas de somnambulisme dans sa famille. Puis je le pris par la main, et au fond du jardin, près de notre haie d’hortensias, je creusai et déterrai des dizaines de charentaises, autant d’oreillers et de vêtements.
    Depuis ce jour, j’ai appris à ne pas juger sur les apparences, qui sont souvent trompeuses. J’avais aussi trouvé un nouvel ami, qui joua le rôle de mon grand-père paternel disparu brutalement en mer. Il était Terre-Neuvas.

  16. FANNY DUMOND dit :

    L’agent immobilier les avait avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. »
    La première bizarrerie de cet étrange voisin leur apparut quand ils l’aperçurent, déguisé en facteur, glissant des lettres magnétiques dans sa propre boîte aux lettres.

    – Chérie de mon cœur, regarde il se prend pour le facteur, il met l’alphabet dans sa boîte aux lettres.

    – Oui, mon Doudou d’amour. L’agent immobilier nous avait bien prévenus qu’il était dérangé ce type. Il doit la confondre avec sa poubelle. Tant qu’il ne fait de mal à personne, il faut faire avec et l’éviter.

    Quelques jours plus tard :

    – Chérie de mon cœur, regarde il retire une liasse de papiers de sa boîte aux lettres, et c’est pas de la pub.

    – Oui, mon Doudou d’amour, pourquoi tu t’occupes de lui, vas plutôt tondre la pelouse.

    – Il fait trop chaud, ça attendra bien demain. Regarde, il a remis sa casquette de facteur et il les poste dans toute la rue.

    – Ouais, c’est bizarre, il n’en met pas chez nous. Nous ne sommes pas du village, alors il nous snobe. Laisse tomber, c’est l’esprit de clocher.

    Lorsque madame partit faire ses courses à l’épicerie qui ne vendait que trois carottes et deux navets, elle ramassa un papier froissé en boule. Curieuse de nature, elle le déplia et lut un billet de toutes les couleurs :

    « Les Pell.gr.n. sont des abrut.s ! Elle ta.lle ses ros.ers en talons a.gu.lle et en robe de so.rée et lu. est s. con qu’.l la.sse pousser ses ronces pour en fa.re une ha.e entre mo. et eux. S.gnons une pét.t.on pour les fa.re déguerp.r ! S.gné : Furax »

    Monsieur alla trouver le maire qui, ne sachant que répondre, tournait en rond dans son minuscule bureau :

    – C’est un pauvre bougre. Il n’est pas méchant, il a eu des malheurs dans sa vie.

    – Ça ne se passera pas comme ça. Si je l’ai payé si cher ce petit coin de campagne, c’est pour avoir enfin la paix durant ma retraite.

    Le corbeau expliqua aux gendarmes qu’il était tout content de sa boîte aux lettres :

    – J’en étais sûr que c’était une Ronéo. C’est moi qui imprimais les tracs pendant la guerre.

    Plus tard, il répondit au psychiatre, étonné de l’absence de la lettre I :

    – Elle a dû le perdre, j’ai pas fait attention. J’ai trouvé cet alphabet dans la chambre de ma fille. Soi-disant qu’elle serait devenue une romancière.

  17. Antonio dit :

    L’agent immobilier nous avait avertis : « Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué. » La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus, déguisé en facteur, glissant dans sa propre boîte aux lettres. Intrigué, je décidai de le suivre.

    C’est dingue ce que, par la simple volonté, l’on peut réussir à faire !

    La fente ne devait pas faire deux centimètres et mon corps, de 1m70 et 80 kilos tout rond, s’y infiltra comme une lettre de la Poste pourchassant son facteur.

    Je reconnais qu’il faut être soi-même suffisamment timbré pour en arriver là. Je me suis toujours affranchi de prendre la vie au pied de la lettre. Je préfère la suivre entre les lignes jusqu’à ce la mort nous surprenne en train de jouir au fond d’une boîte de nuit.

    C’est qu’il faisait aussi noir dans celle-ci. Je distinguais à peine le liseré jaune de la casquette du faux facteur. Où pouvait-il bien se rendre ? La boîte semblait infinie, tel un univers de timbres-poste scintillant par millier. Une galaxie de lettres. Qui était-il pour en recevoir autant ? Dieu lui-même n’avait pas autant de fans sur terre.

    Je décidai d’en ouvrir une qui tournait autour de lui. C’était une lettre d’amour qui commençait par « Oh mon soleil ! », classique, rondement écrite, particulièrement chaude, jusqu’à m’en brûler les doigts, signée Vénus. Je n’ai pas pu aller au bout.

    Une autre qui semblait plutôt égarée m’a glacé le sang. C’était une lettre d’adieu, emplie de haine, de rancœur, de ressentiments agrégés depuis tant d’années.

    D’un coup, je me sentis aspiré jusqu’aux tréfonds de la boîte, suivant un rai de casquette jaune éblouissant entre les milliards de lettres. Ce voisin était clairement une lumière et la clé de sa boîte aux lettres semblait ouvrir bien des portes du mystère de sa vie. Quand…

    BIG BANG BOUM !

    — Qu’est-ce qui vous a pris de me suivre jusqu’ici ?

    Il avait une sacrée droite à me faire remonter l’estomac au fond de la gorge. Je ne savais plus où j’étais, je voyais des étoiles partout autour de ma tête. Une lumière éblouissait mon visage. C’était celle d’une lampe de poche d’un policier.

    — Que s’est-il passé ?
    — Je ne sais pas, répondit le facteur. Il a dû se glisser dans la fourgonnette hier alors que je faisais ma tournée. Quand j’ai ouvert, ce matin, il m’a sauté dessus. alors je l’ai mis KO. Je suis ceinture noire de judo, vous savez. Faut pas me chercher.
    — Ne faites pas attention à lui, monsieur l’agent, il est un peu toqué !

  18. Laurence Noyer dit :

    Mon voisin a glissé dans sa boite aux lettres
    Et il y est resté
    Nouveau baron perché dans un arbre en ferraille
    Il a fait son nid
    Dans l’écrin de sa caisse à courrier
    Il en a vu passer
    Des correspondances et des messages
    Il a reçu
    Des missives sur les pieds
    Il a picoré
    Tous les prospectus

    Intrigué
    J’ai glissé …
    Trois petits points dans sa boite aux lettres
    Des grains en suspension…
    Pour agrémenter
    Le silence de sa quarantaine
    Des points de suspension
    Pour que mon voisin
    Puisse mettre sa patte
    Au pied de la lettre !

  19. Nouchka dit :

    En ce début de printemps, j’ai réservé une location dans la lande, au calme. L’agent immobilier nous a avertis : « Ne faites pas attention au voisin, il est un peu toqué. »
    Je ne pense plus du tout à ce commentaire et installe ma table d’écriture devant la fenêtre sur rue. Ladite rue est très peu empruntée en ce début de saison. J’ai, sous les yeux, un très grand jardin et une modeste maison assez éloignée de la route. Là, vit un couple. L’homme passe ses journées à entretenir les milliers de m² de lande qu’il a fini par dompter au fil des années. J’apprends lors de notre première rencontre, qu’ils s’appellent Madeleine et André. Ce dernier est toujours en bleu de chauffe ; un chapeau de paille fatigué sur sa calvitie protège des pluies comme des rayons du soleil. Madeleine passe le râteau sur les allées de « grou » orangé afin de retirer les aiguilles de pin tombées au sol. Ce décor m’inspire. Il m’évoque le bonheur du quotidien dans le calme du balancement des branches au parfum de résine.
    Un matin, André, grimpé sur son vélo Solex, vêtu d’une sorte d’uniforme de facteur, se dirige vers sa petite boite à lettres blanche. Je ne vois pas très bien ce qu’il y fait ; puis, rentre chez lui. Ce manège dure plusieurs jours.
    Perturbée par ce déguisement et ce nouveau rituel, j’interroge Madeleine.
    – Oh, me dit-elle, André a remarqué des morceaux de mousse et de brindilles dans notre boîte et a pensé que des oiseaux cherchaient à s’y installer. Il a demandé au facteur de laisser, jusqu’à nouvel ordre, notre courrier à la poste où nous irons le chercher en descendant au bourg.
    – Mais pourquoi, passer devant la boîte en vélo moteur ?
    – Et bien, André pense que les oiseaux ont choisi notre boîte à lettres dans son contexte habituel. C’est-à-dire avec le bruit du moteur qui s’arrête là quand c’est nécessaire.
    Vous savez, André aime beaucoup les animaux. Il y a un rouge gorge qui lui tient compagnie au jardin. Il se met sur la bêche et regarde André œuvrer sur ses plants. Pour la boîte à lettres, nous saurons bientôt si l’accueil convient pour quelque nouvelle nichée.
    Effectivement, un couple de mésange choisit cet endroit pour accueillir ses œufs et plus tard, protéger et nourrir leurs petits.
    Je ne sais pas pour quelle raison l’agent immobilier avait fait cette remarque assez désobligeante. Je trouve au contraire, à ce couple, beaucoup de sens de l’observation et d’amour pour la lande où les ajoncs, genêts et autres écureuils vivent en harmonie avec eux, venus la partager.
    Peut-être devrais-je venir m’y installer de manière permanente, moi aussi ?

  20. Durand JEAN MARC dit :

    L’agent immobilier nous avait avertis:  » Ne faites pas attention au voisin d’à côté, il est un peu toqué ».
    La première bizarrerie de cet étrange voisin m’apparut quand je l’aperçus. Il était en train d’installer une quatrième étoile au dessus de sa porte en marmonnant: « Michelin, tous des cons! »

    Puis, nous apercevant, il s’approcha et nous tendit un papier gras: « Tenez Msieur dame, c’est le menu de ce soir ».
    Nous le remerciâmes et tandis que mon épouse suivait l’agent immobilier pour tâter de la profondeur de la baignoire, juger de la contenance des rangements de cuisine et planifier la possible transformation du salon en chambre pour triplés, je me tournais vers le gaillard.

    La curiosité doit être un défaut de fabrication, et je l’assumais. Je parcourais donc le menu….
    « Eh beh, votre menu, ce n’est pas de l’ordinaire…c’est le moins que je puisse dire!
    – Non Monsieur, justement, nous devons nous extraire quotidiennement du médiocre, c’est un fait. Seule la démesure peut encore nous chatouiller les papilles pour éventuellement escalader le mont volcanique de la jouissance.
    – D’accord, d’accord, alors peut-être pouvez m’expiquer en quoi consiste votre « Soupe de navets au whisky sur feuilles de papier kraft ».

    Le bonhomme se tritura longuement la moustache dont il tomba un nuage de copeaux de parmesan:  » Cette recette me fut transmise, Monsieur, par un grand écrivain américain, sortant épuisé d’un match de boxe littéraire, contre de mauvais esprits français. Il m’avait expliqué comment, pauvre aligneur de phrases ignorées, il se devait de jongler entre sa pauvreté, ses doutes et son alcoolisme.

    – Ca peut se tenir… mais que vient faire le papier kraft là dedans ?
    – En général, trop pauvre, il écrivait sur du papier d’emballage et quand le texte ne l’emballait pas , il le balançait dans sa soupe pour l’épaissir. De fait, quand le papier me manque, à moi aussi, j’inscris simplement sur le menu « Soupe à la Bukovski »

    Le bonhomme avait vraiment de fameuses histoires à raconter et comme mon épouse semblait s’attarder avec l’agent immobilier, je m’installais sur un tabouret!

    – Très bien, très bien! Mais alors votre plat de résistance, en quoi cela consiste t’il…exactement ?
    –  » Le waterzoi d’ailerons de corbeau, purée de céleri rave et de fonds d’artichauts au jus de bas de soie. » Ah ça, c’est une recette qui me vient de ma grand mère flamande, une parcheminée de partout après 8 grossesses, plantée comme Jésus, sur sa croix du quotidien, mais elle, avec des clous de girofle. Les corbeaux, yen avait partout. On évitait les trop vieux, nécessitant plus de 4h de cuisson, les légumes, on a toujours un coin de jardin pour que ça pousse presque tout seul. Pour l’engrais, un petit verre de genièvre tous les 2 mois.

    – Oui, ça se tient, mais le jus de bas de soie ??
    -Ah çà c’est une nièce qui lessivait chez une marquise. Toutes les semaines, elle bricolait un bol de jus. Il parait que ça donne de la classe à l »ensemble, ça lisse le palais, comme ils disent au boui boui de la Tour Eiffel.

    Le bonhomme finit lui aussi par s’asseoir. Il sortit une bouffarde de la poche de son gilet et écrasa méthodiquement un cigare cubain dans une gamelle. Puis il en bourra le petit fourneau, l’alluma et en tira une première gorgée du délice, comme Vincent Delerm quand il est parvenu au bout d’une phrase toute en rondeur.

    – Dites donc, eh votre dame, elle ne prend pas des notes. Ca pourrait lui servir , pour la haute tenue de votre ménage. Ca surprendrait plus d’un invité, non ?

    Mon épouse, elle devait mesurer la future taille des rideaux, l’angle de la lumière sur les berçeaux à venir et la place pour la machine à laver, à essorer, à sécher, à repasser et à ranger le linge.

    « Ne vous inquiétez pas, ma femme c’est plutôt, Cuisses de poulets décongelées et sauté de génisse en conserve. Dites moi plutôt, votre « Brique du Hiéroglyphe, ça consiste en quoi ?

    – Ah, ça, c’est le top du top. Vous savez bien que un repas sans fromage, c’est comme une femme sans escalier. Un ami, savant et voyageur a découvert que les pharaons se faisaient enterrer avec leur repas, donc évidemment le fromage. Et quelques explorateurs ont redécouverts dans certains tombeaux ces fameuses « briques » affinées par le temps comme jamais d’autres pâtes trop pressées.

    – Et vous vous en procurez régulièrement, ça pourrait m’intéresser ?
    – Ben , je n’ai plus trop de nouvelles de mon ami. Il paraîtrait qu’il se trouve en stage de réinsertion dans un établissement public. A une époque ,il tentait de vendre aux touristes américains des chats égyptiens des rues croisés avec des chats égyptiens de gouttières, mais les touristes, ils ne marchaient pas, soi-disant que sur les pyramides, ya pas de gouttières.

    – Evidemment, dans les touristes, on ne trouve pas que des gogos….enfin difficile à mesurer, un peu comme le pourcentage de truffe dans le boudin blanc truffé…..alors, et ce fameux dessert .. »L’Oeuf mou sur Charlotte aux marrons »

    -Là, rien que de du presque banal. C’était pour faire plaisir à ma fiancée, Charlotte. elle aime bien la purée de marrons, la gélatine, la crème fleurette, la gousse de vanille et le sucre glace. Ca lui maintient le tour de taille. Elle est mannequin pour la revue « Mon poids, connais pas!. Alors je lui ai malaxé tout çà, réparti, dans des petits moules, 12h au frigo, démoulage et décoration avec un oeuf cassé frais. Ca fait nature et sauvage! Les japonais, ils adorent çà, mais ils fignolent, ils laissent moisir l’oeuf!

    Mine de rien, cela faisait une bonne heure que nous bavardions. J’interpellais mon épouse: « Ca va, ma chérie….une habitude que l’on a pris entre nous, à cause de la cerise cachée à l’intérieur du chocolat »

    – Oui, c’est bon, nous en avons terminé.

    Et elle me rejoint, un peu émoustillée par l’exploration des lieux.

    – Mon chéri, je pense que cet appartement est idéal pour nos projets, pas trop cher, bien situé, pratique, confortable….et puis pour nos futurs triplés, je crois que comme disent les jeunes…agent immobilier et autres…ça va le faire… Et toi, il te plaît!

    – Avec un tel voisinage, j’aurai toujours le moyen de rêver.

    Et nous partîmes bras de sueur, bras de sous. Le bonhomme s’en était retourné aussi. Il avait enfilé sur sa tête une grande toque blanche dont il avait découpé le dessus, pour laisser aérer les bonne idées. Un bouquet de cerfeuil, de persil, de thym et de ciboulette en dépassait et chatouillait le ciel crémeux de notre rencontre.

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