5 types de personnes en maturation textuelle.

Depuis un demi-siècle que j’anime des formations à l’écrit et des coachings littéraires, j’observe une chose. Schématiquement, il y a cinq types de personnes en maturation textuelle.
5 typologies empiriques reposant sur mes observations.
1 – Les personnes ayant beaucoup d’imagination et de nombreuses idées originales, mais qui écrivent mal. Leur style est pauvre, truffé de clichés, de phrases tarabiscotées, de superlatifs et de lieux communs.
2 – Celles, plutôt cultivées, possédant un vocabulaire riche, une bonne maîtrise de la syntaxe – parfois trop…, de bonnes connaissances littéraires, mais, peu ou pas d’imagination. Leur créativité est déjà en préretraite.
3 – Celles qui écrivent bien, qui ont de l’imagination et de bonnes aptitudes pour se lancer en littérature, mais aucune confiance en elles. Elles repoussent toujours à plus tard, tout projet d’écriture parce qu’elles ne sont jamais assez prêtes.
4 – Celles qui ont une grande imagination, écrivent bien, ont confiance en elles, mais qui n’ont pas l’art de raconter des histoires.
5 – Celles, enfin, qui n’ont ni le talent, ni le style, ni l’art de raconter une histoire, mais ont une foi inébranlable en elles. Décidées et candides, elles croient ingénument que tout le monde est capable d’écrire un livre, quel que soit le genre.
Quant à l’auteur (e) béni des dieux de l’écriture, il possède une bonne culture, une bonne maîtrise de l’écriture littéraire, de l’imagination, confiance en lui et l’art de raconter des histoires.
Vous reconnaissez-vous dans l’une de ces typologies succinctes ?
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : association.entre2lettre@gmail.com


Cette catégorisation est très intéressante. Chacun y reconnaîtra quelqu’un ou lui-même.
On peut aussi passer, dans sa vie, de l’une à l’autre. Désinhiber sa créativité ou au contraire l’assécher. Progresser dans le style ou le schéma narratif ou le stéréotyper. Calmer son égo ou le boursoufler. S’enrichir de ce qu’on lit ou s’encombrer d’érudition.
Je m’abstiendrai de me situer.
En écriture comme en amour, on est rarement le meilleur juge de sa manière de coucher.
Je ne chercherai pas à quelle catégorie je pourrais appartenir, parce je suis convaincu qu’en participant aux exercices de Pascal, c’est notre moi profond qui transparaît dans nos écrits.
Et je lui laisse le soin d’en juger la qualité, au travers de ses commentaires, d’ailleurs, toujours bienveillants.
Il est cependant vrai, que j’aime raconter des histoires, dont le fil conducteur se trouve toujours dans la bobine que Pascal nous propose de démêler.
Je dirais que par rapport aux exercices proposés par Pascal, il y a toujours un mot, une idée à saisir, à déployer comme un fil conducteur. La plupart du temps, je tire au maximum, jusqu’à l’absurde. Peu importe ! Je dirais plutôt, tant mieux ! Car l’absurde échappe au « cartésien » qui a tendance à influencer et à n’employer que des idées et formules « bien carrées » qui pourraient ennuyer le lecteur.
Alors que dans l’absurde ou le poétique, on peut saisir une lueur qui ouvre sur la continuité. C’est ainsi que la lettre voyage en toute liberté !
Je suis cartésien, mais dans la plupart de mes écrits, c’est le contraire qui en ressort… que faut-il comprendre ?
Bien à vous.
Que la créativité vous révèle vos ailes, cher Gilaber.
Si j’osais, je pourrais dire que Descartes a imposé le matérialisme dans la pensée. Tant et si bien qu’on en oublie le « spirituel » qui fait partie intégrante de la personnalité. Le « spirituel », on n’ose pas en parler parce qu’on le considère plus ou moins comme tabou, ou ringard ou autre.
Bonne journée ensoleillé !
Ensoleillée !
Ces observations me semblent d’une grande justesse, bien que, comme vous le précisez, elles le soient de manière « empirique », « schématique ». Et que s’inscrivant dans une « maturation textuelle », elles peuvent dès lors s’échapper du cadre et entrer dans un processus évolutif.
Elles donnent à chacun à s’interroger et à réfléchir.
Au-delà de ces 5 typologies, il y a ce qui, entre les lignes, s’infuse, se trahit ou se révèle de la personnalité de l’auteur : sa signature vibratoire. Ce qui peut nous la rendre sympathique même au milieu de ses maladresses, ou, au contraire, irriter quand se ressent une boursouflure de l’égo.
Quoi qu’il en soit, le but importe moins que le plaisir de la marche. Et dans tout écrit — dans la gangue des mots ou son substrat — brille un diamant. Peu importe sa taille. Savoir le voir, le trouver, et le sertir dans nos commentaires a quelque chose de passionnant.
Je suis d’accord avec vous chère Béatrice, nos textes livrent souvent notre moi intérieur.
Bien à vous.
Béatrice,
Vous êtes la sagesse incarnée !
Quelques fois, je relis des textes anciens que j’ai écrits et je me dis tiens! j’avais complètement oublié. C’est peut-être ça aussi, l’écriture, se surprendre soi-même.
Cher Michel-Denis Robert, je n’ai pas trouvé les « bottes de sept lieues » pour pouvoir à ce jour l’incarner pleinement. 🙂
Par contre, elles me sont souvent prêtées, pour explorer des continents inexplorés de l’imaginaire et ainsi — comme vous — me surprendre.
Ah, oui ! Les bottes de sept lieues existaient quand on était enfant. Peut-être qu’elles préfiguraient internet ? L’essentiel, maintenant c’est de savoir se défendre contre l’ogre.