S’arcbouter contre le progrès

On va toujours du connu vers le connu. L’incertain fait peur, c’est dans la nature humaine. Aujourd’hui, je vous raconte quelques anecdotes face au progrès. Comment ont réagit quand la nouveauté vient déranger nos habitudes.

Années 90. Arrivée du premier appareil photo numérique

Cette anecdote se déroule au CFPJ. Le centre de formation, des journalistes à Paris. J’anime  » Enrichir son style « , un stage que j’ai créé pour la presse. On en vient à parler de l’appareil photo numérique. Il arrive en France, il est hors de prix, mais a des possibilités étonnantes. Les journalistes présents, notamment les photographes, disent que ça ne conviendra pas, que c’est trop gros, trop lourd, trop compliqué. Qu’il n’aura jamais, le même rendu, le développement ne sera jamais pareil, etc. Bref, ils n’y croient pas du tout. Voyez ce qu’il en est aujourd’hui. Tout le monde l’utilise en modèle réduit dans son téléphone.


La plupart des gens refusent les avancées.
Tout progrès nous dérange.
Quand les premiers ordinateurs sont arrivés à la banque de France, où mon épouse travaillait, les gens changeaient de service pour éviter d’être confrontés à l’ordinateur, ils ne voyaient pas l’intérêt de ce « machin »

Cette première anecdote pour montrer que l’inconnu nous dérange, rare sont les personnes qui aiment le changement, l’invariabilité rassure.

L’écriture robotisée

Autre anecdote. Là, il s’agit de journalistes de la presse régionale pour laquelle j’anime un stage d’écriture créative. Le dernier jour, au moment de l’évaluation de la formation, ils me disent : C’était super Pascal, tu as réveillé notre imagination et enrichi notre créativité, mais qu’est-ce qu’on va en faire, une fois de retour au journal ? Pourquoi mettre de la créativité dans nos articles quotidiens ou hebdomadaires ? L’information locale c’est beaucoup de faits divers et souvent du pareil au même !

Ils n’ont pas pris conscience qu’en rédigeant toujours les mêmes phrases, les mêmes titre, les mêmes comparaisons, qu’en utilisant d’innombrables clichés, ils se répètent dans chaque article. Que s’ils n’apportent pas un peu plus de créativité dans leur écriture, un logiciel va bientôt pouvoir écrire à leur place. Qu’il suffira d’entrer les éléments essentiels d’un fait divers dans la machine et basta !
Quand je leur ai dit qu’il risquaient de perdre leur job, il se sont esclaffés : Pascal ! Tu es trop imaginatif. Ils m’ont charrié.
Aujourd’hui, chez les Anglos saxons et même chez nous, l’IA se charge de rédiger à la place des humains. Et ce n’est qu’un début…

Cette fois encore, la plupart refusait de sauter dans le train de la modernité, préférait rester sur la quai, attendre qu’il démarre. Aujourd’hui certains agitent peut-être leur mouchoir et voyant s’éloigner leur métier.

Traducteurs en péril

Là, il s’agit d’un stage pour les traducteurs et traductrices sous l’égide du SFT (Société Française des Traducteurs). Je découvre que toutes les personnes présentes ignorent qu’un premier congrès international sur la traduction automatique a déjà eut lieu en 1952…
Comme Google commence à traduire approximativement l’anglais en français, j’en parle pendant la formation.
Je me permets d’avertir ces professionnels de la traduction :  » Méfiez-vous, l’informatique avance à grand pas, c’est une menace pour votre votre job «  Je les invite à réfléchir à une éventuelle diversification.
Et, réaction unanime :  » Jamais l’informatique n’aura la finesse et la qualité intellectuelle d’un humain pour traduire un livre, y’a qu’à voir les problèmes de syntaxe de Google !  »

Aujourd’hui, l’IA, l’intelligence artificielle traduit n’importe quel ouvrage. Avec moins de finesse et de créativité qu’un humain, mais en très peu de temps et pour beaucoup moins cher. C’est catastrophique pour le métier de traducteur et d’autres : assurances, banques, etc.
Voyez, là encore, les gens tournaient le dos du progrès. Ne faites jamais l’autruche, quelle que soit l’innovation, imaginez tout de suite ce que ça peut vous apporter ou détruire.

Notez qu’aucun éditeur, actuellement, ne doit mentionner sur la couverture d’un livre qu’il a eu recours à l’IA – pour l’écriture, la traduction ou l’illustration.

Aucun métier n’échappe au progrès continuel. Quand votre activité est remise en question, ce ne sont pas vos diplômes qui peuvent vous aider à quitter ce que vous savez bien faire pour aller vers ce vous pourriez faire, c’est votre imagination.

Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com

3 réponses

  1. 🐀 Souris verte dit :

    Si on prend comme exemple l’industrialisation, il est certain que ça fait peur. La crainte de perdre son emploi remplacé par une machine sans cœur. Il en va de même avec IA. Et, quand on voit rien que ce que nous propose notre smartphone ! On a peut être raison.
    Enfin s’il y a des clones P.Perrat on ne sera pas malheureux. 😉/ 🐀

  2. Rose Marie HUGUET dit :

    C’est vrai, le progrès nous incommode. Saurons-nous nous adapter à lui ? Pourtant, nous vivons avec lui au quotidien. Il entre dans nos vies sans même que nous nous en apercevions. La projection est plus difficile, déstabilisante. Nous savons ce que nous avons, on en est fort contents la plupart du temps. Nous maîtrisons les outils à notre disposition, certains savent les utiliser avec brio. Cela les rend fiers et pour certains ce talent les fait sentir incontournables, indispensables. S’imaginer que les progrès technologiques puissent les détrôner et les ranger dans la catégorie des fossiles, bof !
    Les nouveautés en cours de développement nous font lever un sourcil, notre bouche fait une moue sceptique. En fait, nous n’analysons pas l’avancée en tant que telle, mais nous nous imaginons face à elle. On s’imagine antiques, dévorés par des esprits plus avant-gardistes. Bref ! on craint de perdre de notre superbe. Il faut réapprendre, se remettre en question, s’adapter, se projeter. Le confort quotidien n’est plus de mise. Nous n’avons pas envie de changer nos habitudes. Demain, c’est si loin !
    Le progrès n’est pas un escargot, plutôt Bip-Bip. L’accepter et l’anticiper, c’est progresser.

  3. HOUSSAY dit :

    Je me permets juste:  » rester sur la quai », même si nous ne sommes pas des valets… Merci Pascal

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