Exercice inédit d’écriture créative 105

 

Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin

Inventez leur dialogue

17 réponses

  1. Clémence dit :

    Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin.

    La Scala de Milan – 2006.
    Je n’entre pas dans les détails, ma mémoire me fait parfois défaut. Mais je me souviens de la grande effervescence pour cette première. Le public comptait autant de mélomanes que de personnalités.

    Elle arriva enfin, sculptée dans un fuseau rouge grenat. Seule parure : une rivière de diamants et de longs gants de soirée en peau fine de couleur ivoire.
    Elle s’installa, seule, dans sa loge. Discrètement, la porte s’ouvrit. Il s’assit à ses côtés. Elle tourna légèrement la tête et sourit. La magie opéra.

    Acte 1.
    Il tendit la main…
    Acte 2.
    Il lui prit la main…
    Acte 3.
    Elle retira ses gants et les posa sur ses genoux.

    La représentation fut un triomphe suivi d’une standing-ovation. Elle se leva aussi. Ils partirent heureux, main dans la main. Un gant dans la main, l’autre orphelin. Son domicile serait dorénavant une loge d’opéra.

    Silence et obscurité. La Scala est assoupie.
    Le gant étendit ses doigts, allongea son bras, cligna de ses deux boutons nacrés et toussota discrètement.

    – Elle m’a oublié !
    – Pstttt, qui es-tu ?
    – Je suis un gant de soirée, oublié…
    – Oublié ? Comment est-ce possible ? Et par qui ?
    – Par elle ! Elle m’a laissé tomber, elle regardait son amoureux…
    – Elle reviendra, j’en suis sûre…
    – Hum …Mais qui es-tu ? Je ne te vois pas…
    – Regarde, je suis là, coincée dans un creux au pied du fauteuil.
    – Je ne te vois pas…
    – Mais si, regarde bien, je suis roulée en boule…
    – Ah, je te sens… mais qui es-tu ?
    – Je suis une chaussette orpheline, mais pas tout à fait oubliée !
    – Comme ton explication est étrange ! Précise ta pensée…
    – Le locataire de la loge est très pointilleux : il ne supporte aucun grain de poussière, les bois doivent être lustrés de près avant son arrivée, et avec une encaustique parfumée à son goût…
    – Mais je ne vois pas le rapport avec toi, chaussette orpheline…
    – Écoute…le locataire pointilleux a demandé à l’ouvreuse de veiller à l’époussetage de sa loge. Sa demande a été accompagnée d’un geste d’une grande largesse. Elle a accepté, mais comme elle ne veut pas se promener avec un plumeau – ça ferait mauvais genre à la Scala- elle m’a choisie avec soin pour ma texture et ma couleur, elle m’a saturée d’encaustique ..
    – Je commence à comprendre…
    – Et quand sa tâche est terminée, elle me fourre dans un petit coin ! Le tour est joué !
    – Et ta jumelle ?Elle t’attend quelque part ?
    – Absolument, chez nous ! Quand j’aurai fini ma carrière et que je serai à la retraite, elle prendra le relais !
    – Elle est belle, ton histoire !
    – Attends, cela ne s’arrête pas en si bon chemin ! Cette vie a effectivement du bon ! J’assiste gratuitement à tous les spectacles…
    – Tu en as de la chance, dis-moi… qu’as-tu vu ?
    – Presque tout. Les opéras de Mozart, Rossini, Bellini,Verdi. Les plus célèbres Tosca, Norma, Figaro . Mon plus grand regret… être trop jeune que pour avoir entendu la Callas…

    Depuis cette rencontre fortuite, Chaussette Orpheline et Gant Oublié formèrent un couple musical inédit. Ils créèrent un duo artistique remarquable. L’une asticotait, l’autre prenait note……
    Ainsi naquit la chronique « Vues des loges » par les Deux Orphelines Musicales.

  2. Geneviève dit :

    Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin

    –  » Salut, elle est où ta moitié? »
    – « Je ne sais pas, depuis la dernière lessive elle est introuvable! »
    – « eh bien moi, je suis dans le même cas, impossible de savoir où est passé mon compagnon… »
    – « Je commence par être inquiet »
    – « Pour tout avouer, moi aussi! »
    – « Et tu as vu où on nous a fourré?!…au fond d’un vieux placard! »
    – « Ouai, pas bon ça, mais…t’as entendu quelque chose? »
    – « oh oui, j’ai entendu le gamin ronchonner, « où est ma chaussette avec superman? », la mère lui a répondu: « tu n’as qu’à prendre soin de tes affaires! »
    « tu parles d’une réponse!…et bien moi aussi j’ai entendu la même chose, mais c’était la gamine qui se plaignait d’avoir perdu un gant rose! »
    – « Oh qu’est ce qui bouge là dessous »
    – « Attends mais regarde, ce sont des tas de chaussettes dépareillées!… »
    – « Heps les copines réveillez-vous? Semblent complètement inertes les pauvres! »
    – « au secours! »
    – « Qu’est ce qu’il t’arrive?! »
    –  » Mais regarde où nous a mis dans le cimetière à chaussettes! »
    – « brhhh..ça me fait froid dans le dos!…je ne suis pas rassuré, parce que j’ai entendu une drôle de conversation… »
    – « Alors, raconte!  »
    – « Un jour j’ai entendu le père dire aux enfants, « il y a une bête qui mange les chaussettes, elle a déjà dévoré trois de mes chaussettes cette année! »  »
    – « t’y crois toi? »
    – « J’ai fait ma petite enquête, j’ai prêté l’oreille, et il semble qu’il y ait des disparitions brutales et inexplicables »
    – « Alors une bête genre, yéti, l’abominable mangeur de chaussettes! »
    – « C’est cela, le yéti des placards! »
    -« Quand même on l’entendrait, on le verrait, et …il ne se nourrirait que de chaussettes? »
    – « C’est ma conclusion »
    – « Qu’est-ce qui se passe dans la maison? »
    – « Oh là là c’est grand rangement, tout le monde s’y met!
    – « tu entends »
    -« Maman regarde ce que j’ai trouvé dans ma caisse à jouets, ma chaussette superman! »
    – « Maman, mon gant rose il était sous mon lit! »
    – « Ah tiens une chaussette de papa au fond d’une couette! »
    – « Hum, hum, on se serait trompé!? »
    – « Je crois que cela signe pour nous la sortie du placard. »
    – « Tu ne me réponds pas, et la bête? »
    – « Mais tu causes de toi? »
    – « Mais tu perds la tête mon pauvre gant!!! De la bête qui mange les chaussettes! »…
    Geneviève Tavernier
    PS ceci dit chez moi, je suis sûre qu’elle existe la bête qui mange les chaussettes!!!

  3. Halima BELGHITI dit :

    Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin
    – Et bien, dis-moi, on fait la paire, nous deux !
    – Et oui, encore une fois seule, mais cette fois c’est la bonne !
    – Tu crois que le pied droit ne réapparaîtra plus ?
    – Non cette fois, je pense que je le reverrais plus
    – Pourquoi dis-tu ça ?
    – La dernière fois que je l’ai aperçu, c’est dans le panier à linge…et depuis plus de nouvelles
    – Peut-être que rien n’est perdu
    – Ecoute à l’heure qu’il est, le linge est lavé, essoré, séché et rangé à sa place. Or il n’est pas venu me rejoindre dans le tiroir à chaussettes… Donc je me fais une raison… Et toi alors ?
    – La main gauche m’a quitté !
    – Vraiment ? Vous vous êtes disputé ?
    – Je l’ai souvent vu lorgner sur le gant de toilette
    – Tu crois qu’ils sont partis ensemble ?
    – C’est certain….Comme tous les couples, nous connaissions des hauts et des bas…Mais on était inséparable, nous affronterions les intempéries main dans la main.
    – Ça va sûrement s’arranger…
    – Non, non… elle m’a quitté…Je suis sûre qu’elle me trompait déjà avec lui…ce petit freluquet de gant de toilette en éponge tout bleu…tout doux. Elle avait envie de douceur. Tu sais à force de frotter la laine, ça finit par faire des étincelles. Elle en avait marre de se râper contre moi.
    – Un gant bleu ? Mais ils ne sont pas du tout assortis !
    – Je sais, mais c’est peut-être pour ça qu’elle a été attirée vers lui…Les opposés s’attirent, c’est bien connu!
    – Mais enfin, tu es sa main droite ?
    – Oui, mais le gant de bain est hermaphrodite ! L’ordure! Main gauche ou droite, il peut tout faire !
    – Que va-t-on devenir, alors ?
    – Et bien la vie continue. Je vais faire savoir que je suis célibataire, à la recherche d’une nouvelle main gauche et toi tu devrais faire de même
    – Tu sais, sans mon pied droit, je suis perdu…
    – Oui, ça fait ça au début les chagrins d’amour, mais ça finit par passer avec le temps…
    – Tu crois ?
    – Ecoute, j’ai vu un demi-bas noir trainer tout seul et il me semble bien que c’est un pied droit…
    -Un bas noir….sexy ! Et où ça ?
    – Près de la commode dans la chambre. Cela fait plusieurs jours qu’il git au sol, abandonné…Tu devras tenter ta chance
    – Et toi que vas-tu faire ?
    – Je vais m’intéresser au gant de vaisselle. J’en ai vu un troué qui a finit dans la poubelle. Avec un peu de chance, le gant restant est une main gauche
    – Tu as raison, rien ne sert de se laisser abattre…
    – Non, et puis nous sommes deux dans cette galère, en cas de mauvais moral, nous serons toujours là l’un pour l’autre.
    – Oui, c’est bon de se sentir pieds et poings liés …

    Halima BELGHITI

  4. isabelle hosten dit :

    Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin, collé comme elle en mauvaise posture. Un cadre en bois brut. Des mouches mortes entre les deux. Des rubans de balsa dépassant du support en jute blanchi. Des éclats de boite de conserve, peints en rouge et vert. Des épingles à linge en acier chromé plantées sur des fils traversant le châssis.
    – Eh Pssstt? La chaussette gigote. Oh? toi là-bas?
    Le gant dresse l’index.
    – Oh là… Je ne suis pas seul on dirait…
    -Ben non, j’y suis aussi…Quelle galère…
    – Bof..Je ne suis pas mécontent. Il m’a repêché dans le fonds de son armoire. Franchement, j’aurais pu finir plus mal.
    – Tu rigoles? Moi ça me déplisse. On a l’air fin, perchés comme ça à la verticale en plein milieu. Non mais avoue que c’est comique!
    – Ce n’est pas comique. C’est de l’art ma vieille. La FIAC…Tu réalises? Moi ça me fait rêver…
    -Pfff, quel snobisme…Je les vois déjà, défiler, s’extasiant avec leurs petits carnets…Quelle créativité …Comme c’est original…Et puis tellement dans l’air du temps…Des collages avec de la récup…La symbolique de la société de consommation…Patati patata…
    -Moi maintenant plus rien ne m’étonne. Tu sais que l’artiste vivant le plus cher du marché vend des veaux découpés en tranche dans du formol?
    -Et ben avec un peu de chance, on sera les gant et chaussettes les plus célèbres de la planète…Après les WC de Duchamp, ça le fait non?…
    -Bon, les mouches mortes j’ai un peu de mal. Malheureusement, nous n’avons pas de recul sur cette foutue création. Il paraît qu’il est côté tout de même…
    -Si tu le dis…Consolons nous, nous aurions pu finir dans une boite à cirage…
    -En plus on est peinard pour l’instant. C’est pas encore ouvert. Ceci dit, on pourrait continuer la conversation. Je suis sûr que le public jugerait notre dialogue proprement génial.
    -on pourrait s’amuser à leur faire peur. T’imagines? Ils admirent, on commente…Pas mal non ?
    -Tu en as de l’imagination…Certain qu’on serait le clou du salon…Ils croiront tous qu’il y’a un truc, genre une bande sonore planquée dans le tableau…
    – Ben voilà, de quoi donner un coup de pouce à la postérité…
    – En même temps, c’est long une semaine à discuter…
    -Ah non, on réserve ça aux huiles parisiennes, juste pour l’inauguration…On trie; les attachés de presse, les galeristes, les critiques d’art. Toute façon, ils sont inratables. Entre le look et les commentaires ampoulés, on va pas passer à côté crois moi..
    Les techniciens boulonnent les dernières estrades. Les spots s’éteignent un à un.
    -Allez, on pionce un peu?
    – Bonne nuit chéri. Et demain, à nous la gloire…

  5. Nathalie dit :

    Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin dans le tambour d’une machine à laver.
    G : – ah t’as l’air maline ; maintenant que tu n’es plus portée confortablement, au chaud, dans une chaussure. Tu fais moins ta prétentieuse devant moi aujourd’hui.
    C : – bon, ça suffit.
    G : – ah, non ça ne suffit pas ! Tu t’es vue ? Tu es toute élimée. Jamais tu ne retrouveras tes fibres. Tu resteras moche. Et quand Robert n’aura plus son plâtre, il n’aura plus besoin de toi et te jettera comme une vieille chaussette que tu es.
    C : – mais tu t’es vu toi ? Tu te venges. Moi, au moins, j’ai eu une jumelle, une belle vie de famille, de chaussette douillette et aimée d’un pied.
    Mais toi, tu as toujours été dépareillé des autres linges de bain. Tu ne sers qu’à récurer la crasse jusqu’à en perdre ta propre peau.
    G : – oui, mais moi, je ne serais pas jeté…..
    C : – ah oui ? Méfies-toi des fêtes : un petit lot de belles serviettes neuves, avec gants assortis, tout gonflés, tout doux, tout moelleux… Et hop ! A la poubelle toi aussi ! C’est peut être ton dernier tour de tambour aujourd’hui. D’ailleurs, il y a des promotions en ce moment. Et Robert les a vues lors de sa promenade…
    G : – on fait un marché ?
    C : – avec toi ?
    G : – ben oui , les autres, les vêtements, ils ne nous adressent même pas la parole. Alors tu vois quelqu’un d’autre que moi ?
    C : – non, effectivement.
    (silence)
    Bon, c’est quoi ton marché ?
    G : – je te promets de garder du savon dans mes angles pour faire patiner Robert dans la salle de bains. Il aura peur, il va se méfier, c’est sûr. Ainsi, il te gardera, au cas où.
    C : – tu ferais ça ?
    G : – oui
    C : – tu es un chic type en fait. Je m’étais trompée sur ton compte. Et moi, qu’est ce que je fais en échange ?
    G : – tu m’aides à m’évader. J’ai un plan : je file au Relais ; ils me transforment en ouate pour isoler les plafonds, et là, je finis ma vie tranquille, au chaud, pendant 20 ans, dans les combles d’une maison. J’en ai MARRE DE L’EAU !

  6. Samia dit :

    « Je suis mouillée.
    – Moi aussi.
    – On va se sécher ensemble ?
    – Avec plaisir, j’ai de nouvelles choses à te raconter.
    – Intéressant. Dis-voir !
    – Attends que Sabrina nous pende au fil. Quand elle aura fermé la porte de la buanderie, nous serons plus tranquilles.

    Le gant a la peau fripée. Un acrylique gris clair de mauvaise qualité, perclus de bouloches. La chaussette en coton a mieux survécu aux lavages successifs. Merci l’étiquette (laver sur l’envers).

    – Alors ? Encore une dispute ?
    – Euh, non. Disons plutôt un accrochage. Il a encore oublié de me retourner.
    – Et alors ?
    – Eh bien maintenant, moi aussi j’ai des bouloches. Je n’ai que trois mois !
    – T’en fais pas, on s’habitue vite. Ave le temps, elles font partie du décor.
    – Ce n’est pas moi que ça dérange. C’est elle ! Les choses devraient rester intactes.
    -Elle n’a qu’à en acheter plusieurs pairs à la fois.
    -C’est exactement ce qu’il lui a suggéré. Mais il y a autre chose.
    – Oui ?
    – Il ne pense jamais à rouler les chaussettes ensemble, avant de les jeter dans la panière à linge sale.
    – Qu’est-ce que ça peut faire ?
    – Elle perd son temps à chercher ma moitié, enfouie sous la masse des vêtements, quand elle ne s’est pas glissée dans une manche.
    – Bref, encore une histoire de chaussette ! »

  7. Sylvie dit :

    Une chaussette rayée multicolore, orpheline, était reléguée au fond du tiroir du haut de la commode. A force d’être poussée par tout ce qui était rangé devant elle, elle disparaissait de plus en plus au fond du tiroir. Un jour, le gant orphelin qui se trouvait dans le deuxième tiroir, relégué lui aussi tout au fond, vit arriver un bout de chaussette multicolore. Il ouvrit un œil, leva un doigt puis un autre et rampa en direction de la chaussette.
    – Bonjour, enchanté de faire votre connaissance, lui dit-il, je suis le gant orphelin. Vous m’avez l’air en fâcheuse posture, puis-je vous aider ?
    – Bonjour, articula avec difficulté, la chaussette, coincée entre le premier et le deuxième tiroirs. Je suis … la chauss…ette orphe…line, et je suis tomb…ée…
    – Je vois, interrompit le gant, je vais essayer de vous tirer de là. Pour une fois que je peux me rendre utile…
    Le gant activa ses cinq doigts et sortit la chaussette.
    – Oh merci, dit-elle, ses jolies bandes multicolores prenant une légère teinte rosée.
    – Mais, c’est tout naturel, répondit le gant. Je suis heureux d’avoir pu vous rendre service, je me sens tellement seul et inutile. Depuis que j’ai perdu ma moitié, je vis croupi au fond de ce tiroir, au milieu de la poussière, la propriétaire m’a abandonné au profit de jeunes gants bien prétentieux, qui rentrent le soir tout guillerets et me repoussent dans les profondeurs du tiroir.
    – C’est triste, dit la chaussette. Moi aussi, j’ai perdu ma moitié il y a quelques jours seulement. Je n’arrive pas à m’y faire. Toutes les deux, nous gambadions dans le gazon l’été et sur l’épais tapis du salon l’hiver. La propriétaire nous adorait, nous avons à peine le temps de sécher sur le fil à linge qu’elle nous attrapait vigoureusement pour nous remettre à ses pieds. Nous n’étions presque jamais dans la commode. Mais aujourd’hui, tout ça, c’est fini…
    – Eh oui, dit le gant, songeur, seuls nous ne sommes rien, seuls nous ne servons plus à rien… Vous, vous êtes jeune, vous trouverez probablement une autre compagne. Mais moi, je suis un vieux gant usé et tricoté à la main en plus. Aujourd’hui, plus personne ne veut se donner la peine de me tricoter un compagnon. J’ai même l’impression que ça l’arrangeait, la propriétaire, de perdre mon compagnon. Je l’ai surprise à dire quand elle m’a rangé, seul, au fond du tiroir : « Ah, j’ai enfin un prétexte pour changer ces vieux gants de Tante Martha, je n’ai jamais aimé les porter de toutes façons ».
    – Je comprends votre amertume et votre tristesse, dit la chaussette. Mais il ne faut pas vous laisser aller. Et puis, vous m’avez sauvé la vie. Sans vous, je serai restée coincée très longtemps entre les deux tiroirs. Est-ce que je peux rester près de vous ? Je n’ai pas envie de retourner dans le tiroir du haut. Les nouvelles chaussettes multicolores, qui nous ont remplacées, ma compagne et moi, sont désagréables et ne font que m’humilier. Je ne les aime pas du tout. Je préfère votre compagnie.
    – Vous savez, je suis un vieux gant usé qui n’a pas beaucoup de conversation, mais je partagerais volontiers le fond du tiroir avec vous. Vous serez l’arc-en-ciel de mes jours.
    Des semaines passèrent. L’été était arrivé. Un jour, la propriétaire du gant et de la chaussette ouvrit précipitamment le tiroir supérieur de la commode et fouilla jusqu’au fond. « Où peut-elle bien être ? Je l’avais bien rangée ici, ma chaussette multicolore ? Ah, c’est agaçant à la fin. Maintenant que j’ai retrouvé celle que j’avais perdue, l’autre est introuvable ! » Elle chercha partout, la chaussette multicolore avait bel et bien disparu. La propriétaire, tête en l’air, ne vit jamais non plus que par de beaux après-midis ensoleillés, un vieux gant usé et une chaussette multicolore gambadaient à cœur joie dans le gazon, en se tenant par la main.

  8. Hazem dit :

    — Dans le sombre d’une boite —
    – Bonsoir, tu es toute seule ?
    – Bonsoir, dit-elle tristement. Oui, j’ai perdue ma soeur à la patinoire… Et vous ?
    – Mon frère est partie lui aussi, je ne sais pas où, il ne supportait peut-être plus l’absence de nos parents de toute manière.
    – Chienne de vie… — Mais tu es un beau gant, laine ou acrylique ?
    – Je suis un métis, 80% laine et 30% acrylique. Et toi ! Tu n’es même pas trouée, dit-il jovialement… Une belle chaussette comme toi, tu vas bien trouver chaussure à ton pied !
    Elle rit franchement. Un silence de complicité occupa les 30 secondes suivantes.
    – Je … dirent-ils de concert, des rires.
    – J’aimerais bien avoir un enfant unique moi, dit la chaussette.
    – Je pensais à la même chose ! Déjà que nos parents nous sont arraché trop tôt, autant ne pas avoir à perdre son frère… ou sa soeur.

    – J’ai vu un reportage l’autre jour posé sur le canapé, repris le gant. Ils parlaient de l’évolution, il suffirait de trouver quelqu’un avec la bonne mutation.
    – J’aimerais bien avoir un collant, soupira la chaussette tournée vers le mince faisceau de lumière qui perçait les portes entrouvertes du placard.
    – J’ai vu l’autre jour des gants d’enfants, enfin… je ne sais pas si on peut dire des, car ils étaient attachés. Des siamois tu crois ?
    – Oui ! J’en ai déjà vu… ça pourrait vite partir en vrille si tu veux mon avis.
    Le gant rit franchement à son tour – Oh oui, j’imagine.

    Le gant passa le petit doigt derrière la chaussette. Elle se rapprocha de lui et il s’affaissèrent un peu plus contre le fond de la boite.
    – Je suis bien contre toi, frémit-elle.
    – Moi aussi, murmura-t-il.

  9. Alfred dit :

    Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin.

    – Chère Madame, veuillez pardonner l’outrecuidance qui me pousse à vous aborder d’une façon aussi cavalière mais j’ai l’irrésistible impression de vous avoir déjà rencontrée … Vous n’avez pas toujours servi à passer le café ! Me trompé-je ?
    – Votre sagacité vous honore, Monsieur, et vient remuer des souvenirs enfouis. J’ai en effet connu la gloire, aux temps heureux où ma sœur était présente. Hélas, ma maîtresse a connu des revers de fortune et nous voici toutes deux ravalées à de bien tristes besognes. Ainsi, moi, fille d’Écosse, me voici réduite à vivre dans l’humidité amère et permanente d’un infâme moût noirâtre. Mais ma plus grande honte est de voir ma chère maîtresse s’abîmer les yeux à me repriser. J’en pleurerais de rage…Bast, assez parlé de moi ! Que fait donc une personne de votre qualité dans ce triste endroit ?
    – Je cherche mon frère, l’auriez-vous rencontré ? Un superbe gant droit, comme moi millavois. Mon maître, un baronnet au sang chaud, l’a, un jour maudit jeté inconsidérément aux pieds d’une fine lame qui releva le défi. Le duel fut épique, le sang coula des deux côtés. Mon maître, bien que blessé, l’emporta, mais à quel prix ! Il avait, sans le savoir, occis un archi-duc. Il dut changer de vie, changer de nom et de condition. Je n’ai jamais revu mon frère.
    – Nous servons des humains, nous attachons à eux, partageons leurs destins… Nous nous sommes effectivement déjà rencontrés, Monsieur. Je suis la chaussette de l’archi-duchesse !

    Alfred

  10. Peggy dit :

    Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin.

    Un gémissement attira un gant noir. Oubliant un instant sa détresse, il s’approcha, souleva un vieux journal et vit une chaussette en pleurs.

    – Bonjour, et bien que t’arrive-t-il ?
    – Je suis orpheline, je viens de perdre mon double, celle qui a passé si longtemps avec moi. Il n’y avait jamais l’une sans l’autre. Une pour chaque pied et toujours rangées ensemble. Inséparables, nous étions.
    – Ah ! La race humaine ! Regarde-moi, je suis en deuil de la perte de mon jumeau droit. Non seulement je suis malheureux de ne plus avoir mon binôme, tant de souvenirs nous unissaient, mais en plus la jeune femme à qui j’appartenais, m’a largué sans un « merci » pour avoir gardé ses mains au chaud pendant des années. Je t’assure, des années. J’avais l’impression qu’elle me chérissait car, malgré la multitude de gants dans son tiroir, elle finissait toujours par me choisir. Ah, elle était bien contente de me trouver lorsqu’il faisait froid !
    – Je te comprends si bien
    -J’ai trainé un moment, abandonné dans une poche. Moi qui la croyais un tant soit peu reconnaissante, attachée même, un jour elle m’a jeté comme un chiffon sale. Pfitt !!
    – ……
    -Je n’imaginais pas qu’une telle indifférence puisse exister, mais je dus me rendre à l’évidence, désormais j’étais seul, bien seul.
    – Quelle tristesse…
    – Mais, toi, pourquoi pleurs-tu ? Je ne t’ai pas laissé parler
    – Oh, mon histoire ressemble un peu à la tienne. Mon propriétaire Etienne, avait un penchant pour nous. Tu vois bien je ne ressemble pas à n’importe quelle chaussette, sur le côté j’ai l’insigne du hockey club de Trifouillis les Colombes, un club renommé pour ses nombreuses victoires.
    – Et alors ?
    – Alors Etienne était le capitaine de l’équipe. Une star mais pas la grosse tête. La vie était belle. Et puis patatras, tout s’écroula. Je fis les frais d’une colère avec laquelle je compatissais de tout mon coeur. Des matchs et des matchs gagnés ensemble, des hurlements de joie partagés après les remises de coupe, balayés, oubliés! Avec rage, les yeux brillants de larmes, il m’attrapa et me jeta violemment par la fenêtre de l’hôpital. Un camion fou avait percuté sa voiture le laissant unijambiste.

    2) Tu vois je ne ressemble pas à n’importe quelle chaussette, sur le côté j’ai un cœur rouge brodé à la main. C’était le premier cadeau de Noël de son amoureuse. Ils étaient charmants ensemble, la vie était joyeuse. Et puis patatras ! Un soir, il était assis, et balançait nerveusement sa jambe pendant une communication téléphonique houleuse. Lorsqu’il raccrocha il était facile de comprendre que leur idylle venait de se terminer. J’étais triste pour lui, mais ce qui me fit beaucoup de peine est la façon dont, après avoir été le témoin de leur belle histoire d’amour, il me retira rageusement de son pied et me jeta par la fenêtre !!! Et tu vois moi tout seul, parce qu’elle n’avait brodé qu’un seul cœur.

  11. Durand Jean Marc dit :

    Quelque part au fond…d’ une machine à laver!

    Un gant orphelin rencontre une chaussette orpheline.

    « Ah… vous, je vous connais!
    – Ah bon ?
    – Bien oui…voyons, nous étions ensemble au fond du sac Quechua de Thérèse.
    – Ah bon ??
    – Ben oui, rappelez vous. Thérèse nous avait emmené, nous et nos époux crapahuter sur les cimes.
    – Ah bon ?
    – Elle avait besoin d’oublier!
    – D’oublier mon compagnon ?
    – Mais non…d’oublier qu’elle avait été largué par son mec!
    – Ah bon ?
    – Et du coup…elle a inconsciemment égaré chacun de nos époux.
    – Ah…bon…tant mieux! Moi qui croyait avoir été jeté,comme une vieille!
    – Ah non, on ne peut plus abandonner sa chausette…comme çà… n’importe quand…n’importe où!
    – Et tout cela…à cause de quoi ??
    – A cause, à cause…plutôt grâce à la journée de la Chaussette!
    – Ah bon ??
    – Que croyez vous…que moi…j’allais me faire dépouiller sans rien dire. J’ai cinq doigts et je sais m’en servir!
    – Ah bon!
    – La journée du gant existe depuis dix ans…et elle a fait ses preuves…non ? Entre nous, notre coup de pouce vous a été bien utile pour organiser votre journée. Sans nous…vous seriez encore…au fond du panier.
    – Bon ben, merci pour les informations…! Etre largué…c’est la vie. Le tout est de saisir pourquoi. Comprendre pour ne plus se laisser prendre!
    – Sinon comment envisagez vous l’avenir?
    – Moi….au vu de la nouvelle situation, je vais faire…au jour le jour!
    – Et donc, aujourd’hui…quel programme ?
    – Economique, rapide…pour tissu fragile!

    (Cette fable et son message subliminal ont été créé spécialement le 25 Novembre 2012, jour de la femme encore battue!) Un Homme!

  12. sanders dit :

    suite!
    voilà nos deux êtres dépareillés, le gant et la chaussette, en communion d’âme. ils ont décidés de faire du chemin ensemble ; seulement la chaussette est un peu courbaturée : elle a mal au dos ; qu’à cela ne tienne le gant lui masse avec amour le dos et cela va mieux ! la chaussette retrouve ses couleurs et sa bonne humeur et se met à chanter ! le gant est émerveillé par le son mélodieux qui sort de la chaussette ; lui ne sait pas chanter ;il se cache les yeux pour pleurer ; qu’à cela ne tienne la chaussette l’entoure de sa laine douce et soyeuse et le regarde avec plein d’amour ; « tu vas y arriver , essaye aie confiance ». Des sons très caverneux sortent de la bouche du gant, il y a si longtemps qu’ils étaient enfouis en lui ; il faut ramoner un peu …
    et nos deux amis partent joyeux chantant et riant ; quelle explosion de joie à deux pour le bien de la forêt

  13. Christine dit :

    – Alors jeune fille, on drague !
    – J’vous permets pas, mal élevé !
    – Oh ! fais pas ta chochotte, c’est toi qui m’colle depuis l’départ…
    – Non mais ça va pas ! Et puis j’y peux rien si l’patron était distrait en faisant sa valise. Comme toujours, sous prétexte qu’il va rejoindre sa dulcinée au bout du monde, il perd la boule… et se rend même pas compte qu’il mélange les gants avec les chaussettes !
    – Rouspète pas : j’tavais pas encore rencontrée, vu qu’on crèche pas dans l’même tiroir. Mais autant occuper gentiment le voyage, tu vois c’que j’veux dire…
    Elle rougit jusqu’au bout de son petit pied.
    – Sûrement pas ! Et si vous insistez, je hurle !
    – Pour ameuter qui, hein ?! Dans la soute à bagages, tout le monde roupille. Et les orphelines dans ton genre, ça les ferait plutôt fuir, les « couples » bien assortis, j’aime autant t’avertir ! Crois-en mon expérience, c’est en quarantaine que tu vas t’retrouver ! Alors monte pas sur tes grands ch’vaux, tu veux ! sois gentille…
    Mine de rien, il se rapproche de ses jolies rayures. Elle, reste sur ses gardes mais impossible de trouver un coin tranquille dans cette maudite valoche. Sûr qu’elle aurait pas dû écouter sa moitié qui refusait d’embarquer en marmonnant que le patron avait pas besoin de tant d’chaussettes, que les vacances de rêves, c’est reléguées au fond des bagages qu’elles allaient les passer, et patati et patata. Maintenant elle est dans de beaux draps, toute seule avec ce gugusse et ses doigts qui traînent !
    – Arrêtez de me tripoter, c’est indécent !
    – Indé… quoi ! Me dit pas qu’t’es ?… Non, j’rêve : une pucelle ! Ben mon vieux, c’est l’autre qui va pas en revenir quand j’lui raconterai ! L’autre, c’est mon mec qu’a préféré s’pacser avec une pouf-moufle. Ça m’a rendu dingue et j’ai bien failli l’transformer en mitaine ! Mais quand j’ai vu qu’y avait une occas’ de ficher le camp, très loin, j’ai pas gambergé longtemps…et me voilà, à t’faire la causette : elle est pas belle la vie ?!
    – Non, elle l’est pas, et vous me cassez les pieds avec vot’baratin !
    – Ah, ah ! La jeunette a de l’humour : casser les pieds à une chaussette, faut l’faire ! Bon, écoute, j’ai un plan…
    Au même moment, une paire de chaussettes bariolée pointe son nez :
    – Eh ! on fait une boom ce soir ! Rendez-vous dans l’carton à chaussures !… C’est qui celui-là ?
    – Personne ! on n’est pas ensemble… Salut !
    – Ben, si j’aurais su, j’aurais pas v’nu, murmure le gant dépité par cette cruelle indifférence.

    Bon dimanche, Christine

  14. Smoreau dit :

    Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin.
    Mlle Chaussette était sortie « seule » de la machine à laver. Incompréhensible ! Où était sa copine ? Les mystères de la vie. On rentre à deux et on ressort seule. Même la dame de la maison était stupéfaite. « Je ne comprends rien ! »
    En reniflant, la chaussette se laissa pendre au fil. Cela lui donna des idées. Se pendre au fil… Comment une chaussette peut-elle arrêter de respirer ? A quoi bon vivre ? A quoi allait-elle servir maintenant seule ? Trouver un cul de jatte ? Encore faut-il trouver le bon pied à la bonne pointure. J’avais entendu dire, que certaines orphelines finissait dans la boite à cirages. Et de temps en temps, quelqu’un venait les saisir pour frotter les chaussures. Ca, je ne l’accepterai pas ! C’est indigne d’une Burlington. Des bruits couraient aussi que les gens de la maison, voyant notre inutilité, nous abandonnait au chien. Là, l’horrible bête nous trainerait dans son panier, dans le jardin. Puis, il nous morderait, nous déchiquèterait. C’était une mort atroce, disait-on.
    Pleurant à chaudes larmes -ça ne se voit pas quand on est mouillé-, l’orpheline n’entendait pas les grognements à côté d’elle. Un gant tout aussi solitaire maugréait. « Mais quel con, ce maître, mais quel abruti ! Être aussi bête… » Ce matin, il part à vélo. Il fait frisquet. Il prend son bonnet, son écharpe et nous deux. Chouette ! Une promenade dans les vignes. On adore ! Une heure, deux heures. Ca roule. Et il a chaud. Normal, ça monte. Il pose tout son équipement dans le panier. Et hop, c’est reparti sur les petites routes. Et tout à coup. Oh ! Mon ami, mon frère, mon gantounet, ne pars pas. Mais c’est quoi ce coup de vent. Mon jumeau est tombé. Et l’autre qui ne voit rien, qui pédale en sifflotant. Que faire ? Je saute ? J’ai peur. J’ai le vertige. Je crie comme un gant peut le faire. Inefficace ! Je me retourne avec précaution. Je le vois, à terre, prostré. Blessé.
    Chacun était dans son histoire à se regarder le nombril.
    Quand une pince à linge qui écoutait attentivement, se permet : »1 + 1 = 2 ! »
    Miss Pince à linge s’intéressait à la psychologie des vêtements pendus. Et Dieu sait qu’elle en voyait passer sur son fil.
    Elle répète « 1 + 1 = 2. Gant et Mlle Chaussette lèvent les yeux. Que dit-elle ? De quoi parle-t-elle ? Des mathématiques ?
    « Non, pas des maths. De la logique positive ! Un orphelin à côté d’une orpheline = un couple ! »
    « Ah ? » chuchotte en rougissant Dame Chaussette.
    M. Gant jette un coup d’oeil à la demoiselle. Pas mal, bien rayée, encore fraîche.
    Les deux pinces à linge tentent un rapprochement des deux orphelins en faisant des pieds et des mains.
    Mlle Burlington se présente en séchant une dernière larme.
    M. Gant se fait de velours et lui fait un baise pied.
    Une nouvelle histoire à deux commença, sur un fil.

  15. Antonio dit :

    « Dis, t’aurais pas vu ma sœur ? Ca fait deux semaines que je la cherche. On était en train de discuter dans le bac d’attente pour un lavage complet à 60 degrés, quand un tremblement de panière nous a projeté à terre. Et depuis je ne suis plus où je suis et où elle est ! Et voilà qu’elle se met en sueurs.
    – On est dans la chambre du petit, là. Et ça sent pas bon. Il s’arrête, renifle. D’ailleurs dans tous les sens du terme. Dis donc, tu fouettes !
    – Je suis navrée, ma sœur et moi avons passé une journée enfermée dans des bottes qui nous ont dit qu’elles avaient parcouru au moins dix kilomètres de surfaces des Galeries Lafayette. Comment on est arrivés là ?
    – Ce sale gosse séquestre tout ce qui traîne ou s’égare, avant de nous laisser livrés à nous même au milieu des Lego et des peluches. Quand ils vont nous retrouver, on est bon pour la poubelle si notre moitié y est déjà passée. Ici, ils ne font pas orphelinat, j’ai connu un gant très bien qui a subi le même sort, il y a un an.
    – Oh, non ! … et voilà que la chaussette se remet à suer.
    – Attend, j’ai peut-être une idée. Et si on s’appareillait ?
    – Hein ?
    – Ils sont où tes doigts ?
    – Hein ? … Quels doigts, j’ai pas de doigts !
    – C’est pas vrai, mais c’est la mode aujourd’hui les chaussettes avec doigts. Tu ne sors jamais ou quoi ?
    – Ah bon ?
    – Mais qu’est-ce que tu peux être moufle !
    – Mais c’est pas ma faute, on m’a tricoté comme ça ! Et elle suinte à nouveau en sanglots.
    – Ca ne sert à rien de te faire du sang mauvais, c’est pas comme ça que tu vas t’en sortir.
    Mais à peine a-t-il eu le temps de prononcer cette phrase que la maîtresse de maison entre dans la chambre et s’exclame.
    – Chéri, je l’ai trouvée !
    Les cœurs de laine au milieu du désordre de jouets se serrent, on peut entendre des « pitié, mon Dieu, pitié mon Dieu ! » quand la femme se saisit à pleine main de la chaussette.
    – Oh, il y a aussi ce gant. Toi… poubelle !
    – Adieu la moufle, c’est ton jour de chance !
    La chaussette ne retient pas son émotion , mêlant joie et peine pour son acolyte.
    – Pouah, elle fouette cette chaussette, lâche la ménagère tout en l’analysant.
    Et d’ajouter :
    – Chéri, je crois que je vais te racheter une paire de chaussettes, celle-là a un trou. »

  16. sanders dit :

    Une chaussette orpheline rencontre un gant orphelin : c’est normal ! ils ont pris le risque l’un et l’autre d’oser l’aventure en solitaire !
    Si ils ont froid, ils se tiennent chaud : le gant fait le dos rond et la chaussette s’enroule sur elle même les temps de bise .
    Ah ! quelle aventure !
    les aventuriers des petits chemins il y en a de plus en plus ; et tant mieux .
    Au fond ils retrouveront chaussures à leurs pieds ou une main accueillante ; la confiance est là : c’est le plus important … En attendant la rencontre chacun dans son coin peut détricoter pour recréer un autre univers plus proche d’eux. ils deviendront des créateurs : une maille à l’endroit une maille à l’envers … soyez libres comme le vent chaussette et gant, renouvelez vous au gré du temps ; soyez joyeux, multicolores: la vie habite votre cœur ! soyez changeant, virevoltant, aimant et ouverts. C’est vous qui choisirez désormais ; Les opportunistes qui habitent trop longtemps votre maison sans en prendre soin ! laissez les partir au soleil du printemps ; Vous n’avez plus rien à perdre car vous êtes .
    Aimez vous gant orphelin et chaussette orpheline , mêmes dépareillés, vous êtes touchants .

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