Exercice inédit d’écriture créative 76

Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc.
Quand j’ai appris les résultats je suis devenu vert.

Imaginez une suite (en couleur)

13 réponses

  1. Clémence dit :

    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc. Quand j’ai appris les résultats je suis devenu vert.

    PERSONNALISER.

    Ce mot était devenu le « must », la locomotive de toutes les entreprises et aucune n’échappait à ce rouleau compresseur.

    Construction automobile : après toutes les options intérieures, on en était arrivé à personnaliser la carrosserie. Et j’en voyais de toutes les couleurs, mais je me pâmais en rouge Ferrari !

    Portes et fenêtres, portails et portiques : après les grands classiques, les explosions de couleurs, des plus classiques aux plus saugrenues. Celles qui arrachent les yeux et des soupirs de désillusion.
    J’en voyais de toutes les couleurs, mais je persistais dans mon amour pour l’acajou.

    Maquillages et coiffures : après les teintes en camaïeux et en déclinions pastels, voici les assauts des teintes insolites.. Des vieilles dames très indignes aux ongles violacés et chevelure orange-mécanique et des ados très smart aux ongles délicatement porcelainés et chevelure gris argent.
    J’en voyais de toutes les couleurs, mais j’idolâtre voluptueusement le carmin et l’auburn.

    Tenues vestimentaires : adieu les douces harmonies ; bonjour le déstructuré et le mélange des genres. Hippie sexy, nomade urbain, ethnique rétro. Quel charivari ! Que d’indigestions visuelles !
    J’en voyais de toutes les couleurs, mais mon dressing était pétrifié en BCBG.

    Accessoires – cuir de préférence : cuir fauve et savane se sont faits discrets. Les couleurs franches ont phagocyté les pieds, les mains, les tours de taille et allégé outrageusement porte cartes, porte-feuilles et fourre-tout…
    J’en voyais de toutes les couleurs, mais mon « it bag », mes escarpins et mes gants divinisaient le désert et ses ocres !

    PERSONNALISEZ …. votre ordinateur, votre tablette, votre smartphone…votre épouse, votre mari, votre maîtresse, votre amant, vos enfants, pourquoi pas. Merci aux palettes spectrales infinies.

    Où que j’aille, où que mes yeux se portent, c’était un flamboiement de couleurs démentielles. Je devais me rendre à l’évidence.
    Une tendance irrépressible s’imposait.
    Se différencier par « une personnalisation personnelle unique, mais riche en coloratures » – slogan tautologique extrait de la revue « 7 A moa ».
    La tendance « Absolute Hapax ».

    Ma tête n’en pouvait plus, mon estomac se révulsait, mon cœur se contusionnait.
    En digne fille d’ Anti Conformité, je décidai de voter blanc.

    Ivoirin pour ma maison et son intérieur,
    Neige pour ma voiture, mon téléphone et mon ordinateur,
    Immaculé pour mes accessoires,
    Lacté pour mes tenues,
    Opalescent pour mon maquillage et ma chevelure.
    Le blanc dans toutes ses variations. Je m’y sentais infiniment bien.

    Cette douce béatitude ne dura pas éternellement.

    Quelques dizaines de mois plus tard, lorsque j’ai entendu les informations du vendredi soir, j’ai blêmi. J’apprenais, en cinq seconde sept dixièmes, que tous les secteurs économiques venaient de s’engouffrer, d’un commun accord, dans le low coast intégral, sous l’enseigne: « WHITE ABSOLUT »

    J’en suis devenue verte…

  2. DUMOUCHEL dit :

    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc.
    Quand j’ai appris les résultats je suis devenu vert.
    C’est la colère ! Je ne supporte pas de voir ma femme avec tout ces bleus.
    Et ses marques, partout sur son corps, tout se rouge
    Elle qui avait de longs cheveux tressés et bruns,
    Ces yeux en amandes qu’elle maquillait de marrons.
    Elle portait la robe que je lui ai offerte, la grise
    Avec son foulard, sur l’épaule, le violet…
    Elle avait pris la petite, vêtue comme d’habitude en rose
    Nous la surnomions « boucles d’or »
    Et elle mettait chaque jour son parfum à la canelle !
    Cet été pour être bronzée, elle se badigeonnait de jus de carotte
    Pour son anniversaire, hier, on a bu tous les trois du champagne
    Elle aimait les fleurs et nous lui avons acheté un bouquet de coquelicot
    La voir, dans cet état, le visage couleur ivoire
    C’est un militaire qui les a trouvé, dans son uniforme kaki
    Il a le visage qui n’exprime rien, pas de compation, il est tellement blanc
    Le chirurgien, lui, plus avenant avec sa blouse verte
    m’annonce que ma femme va remarcher mais dans des souliers spéciaux… ils seront pour le coup couleur pêche
    Pour ma fille, j’ai du mal à admettre qu’elle restera dans le noir
    Malgré le drap, qui la protège, lui il est blanc

  3. Antonio dit :

    J’aime beaucoup votre style, Soize… rafraîchissant ! 🙂

  4. Soize dit :

    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc.
    Quand j’ai appris les résultats je suis devenu vert. Vraiment vert, je veux dire. Ni olive, ni pomme. Vert tendre. Vert tige. Vert à pied, qui plus est, car tout vert qui se respecte évite de consommer de l’énergie fossile. Le vert pédale. Le vert marche. Vert qui roule n’amasse pas mousse.
    Je vire au vert, donc.
    Moi qui n’ai jamais suivi de drapeau, de quelque couleur qu’il fût, je ne peux plus, ne fût-ce qu’un instant, m’abriter derrière mon habituelle neutralité. Moi, daltonien de conviction, mélangeant allègrement et renvoyant dos à dos les rouges et les noirs, les blancs et les verts de gris, les roses et les bleus, j’affiche pour la première fois la couleur. On peut la lire sur mon visage. Elle me ripoline la face. Elle pigmente désormais ma vie.
    Ma femme, qui craint que je ne lui déteigne dessus, vient de m’annoncer son intention de me quitter pour un gros rouge qui ne tâche pas. Ça m’a fait un bleu à l’âme, mais dans toute cette verdure, ça ne se voit même pas. Je suis marron.
    Alors c’est décidé, au second tour, je me repens et, j’espère, me repeins. Je voterai pour l’homme de couleurs qui me promettra un avenir plus rose.
    J’espère ne pas me réveiller chocolat.

    ©SoizeD

  5. gepy dit :

    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc.
    Quand j’ai appris les résultats je suis devenu vert.

    Pas moyen de me fixer en ce moment, c’est fatigant !
    Un coup c’est à droite que je me plais ; un coup, c’est plutôt à gauche.
    Souvent, c’est au centre que mon attention va s’arrêter.

    Car je suis partagé dans mes choix : dois-je opter pour la combativité à droite ou
    la défense à gauche ? De quel côté porter mon regard ?
    Difficile, je suis indécis.
    En fait, pas vraiment, je m’adapte à mon contexte environnemental. Mais c’est vrai, je n’y avais pas pensé ! j’aurais pu voter écolo, cela aurait été dans mon intérêt ! J’en suis abasourdi ! le vert, j‘ai laissé passer le vert !Vu ma position, c’était le choix idéal! Honte à moi !
    Je baisse la tête et plonge dans mes feuilles.

    Le vote bleu marine ? Oui… mais non.
    Même si c’est une belle couleur, je ne suis pas sûr d’être protégé. Peut-être même serais-je piégé ! Je serais repéré par mon voisinage et je ne me sentirais pas en sécurité. C’est trop risqué vu mes origines. Il me faut plus « discret ».
    Non, sans regret, j’abandonne le bleu.

    Alors, j’ai choisi le blanc. Conscience sereine tout en étant extrêmement vigilant et observateur. Pas d’appartenance, plutôt solitaire, c’est une pause « naturelle ».
    Mais, stop ! Election imprévue à l’horizon : futur élu à droite ! Candidat possible à gauche ! (je m’accroche à ma branche et surtout, je reste zen, pas de décision hâtive !)
    Choix final au centre et… lancer de langue gluante droit devant moi !

    Il est délicieux mon criquet, un vrai régal !
    Moi, le caméléon, ventre plein, je vais pouvoir me rendormir et de nouveau blanchir dans mon sommeil.
    A mon réveil, je sortirai avec de belles couleurs et, dans ma lente course, je repartirai à la recherche d’un nouveau postulant. Ma plus grande fierté est de toujours désigner l’heureux finaliste.

    Des volontaires pour la nouvelle présidence ?

    Gepy

  6. Fred Nache dit :

    Fred Nache
    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc.
    Quand j’ai appris les résultats je suis devenu vert. Et en laissant tomber mes illusions, j’ai attrappé des bleus car la vie est loin d’être rose pour ceux qui boivent des petits blancs pour oublier et finissent tout gris.

  7. Françoise - Gare du Nord dit :

    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc. Quand j’ai appris les résultats je suis devenu vert de rage. A ce propos, en parlant de vert, je l’ai trouvé un peu délavé, le troll sauveur de notre oxygène. Quant aux autres, ils étaient dans le même ton. Le rose était un peu pâle, le bleu toujours aussi électrique, les rouges un peu primaires, l’orange passé mode, le brun vulgaire et criard… Bref ! Un ensemble haut en couleurs mais pourtant pas très grand teint. Alors, dimanche, peu importe qui portera le maillot jaune et qui broiera du noir, c’est décidé, j’irai me mettre au vert.

  8. Antonio dit :

    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc. Quand j’ai appris les résultats je suis devenu vert.

    « Ah ben c’est du joli ! Marine en troisième position, nous v’là marron. »

    Je décidai de m’engager politiquement et donner de la voix sur la place de la République. J’étais d’humeur révolutionnaire ce matin-là. J’empruntai le boulevard Magenta, grillai le feu rouge et me garai, insouciant, sur la première place handicapé libre. Quand une pervenche aux yeux turquoises m’interpella.
    « Si vous ne voulez pas prendre une amende, je serais vous je stationnerais ailleurs ». Elle avait le melon, c’est clair. La moutarde me monta au nez.
    « Vous dites ça parce que je suis basané, c’est ça ?
    – Pas du tout, rétorqua t-elle un brin énervée, je fais mon travail, Monsieur !
    – Je ne bougerais pas, mettez moi la prune si ça vous chante, j’ai à parler au peuple ! »
    Alors que j’allais rejoindre la grande place, l’aubergine enclencha son téléphone.
    « Allo la centrale, j’ai un client pour vous. Un chocolat qui fait du zèle, l’air communiste, en plus »
    Je me retournai, interloqué par ses propos. La cerise sur le gâteau, elle était raciste.
    « Vous n’aimez pas les noirs, quelle aubaine, je suis à la pêche aux voix des électeurs de Marine !
    – je n’ai pas voté pour elle ! m’assura-t-elle de son regard bleu clair.
    – Ah, bon ? répondis-je, incrédule.
    – J’ai voté blanc, si vous voulez tout savoir, ajouta-t-elle. »
    Je l’ai cru. Quand une brigade arriva, me prit par les bras et me jeta dans un fourgon. L’un d’eux se marra.
    « on va te mettre à l’abri, coco ! » Un autre, rouge écarlate et sentant l’alcool, enchérit. « un endroit où on ne bronze pas, ha, ha ! »
    « Mais je n’ai rien fait, hurlai-je. J’ai de l’argent, je peux payer rubis sur l’ongle. Relâchez-moi, vous violez mes droits ! »
    Mon courage fondit comme neige au soleil, redevenant une mauviette plumée par des blancs de poulets.

    C’est ainsi qu’après deux jours de garde à en voir de toutes les couleurs, je décidai de ne plus m’occuper de politique et votai blanc à nouveau au deuxième tour.

  9. Smoreau dit :

    … Devenu vert. Avec attention, j avais d abord gouté au rouge. Je l’avais approché prudemment, humé. Pris une gorgée. Pas question une nouvelle fois d avaler des couleuvres. Recraché entre chaque terroir. Puis,en fermant les yeux pour ne pas me laisser influencer par l étiquette, je les avais tous regoûtés, observés , écoutés. Indeniablement ce blanc s affichait différent. Comment dire il etait « humain » ! Il sentait les collines. Il donnait le moral. Un vin bien centré. Pas acide ! Parfumé avec du bouquet. Il me faisait rêver. Un vin d entre deux, pas extrême. Pas comme ce rouge revolutionnaire ou ce rosé qui vous emporte les idees. Oui j avais voté blanc ! Un bon cru, pas un negociant.
    L etiquette n etait heureusement pas bleu marine. Un vote pour manifester mon envie de liberté, de gout nouveau Je refuse les goûts communs imposés par le marché. Je ne veux plus de vin de messe. J’ honnis la piquette, la bibine, la pisquanette produits pour endormir les masses.
    Malheureusement, le blanc n a pas été reconnu dans ce vote. Nous allions devoir nous taper un picrate pendant 5 sns. Certains vont se hausser du col, d autres auront des propos acides.

  10. Virginie Durant dit :

    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs. Quand j’ai appris les résultats, je suis devenu vert. C’était écrit noir sur blanc, une vague marine déferlait sur notre planète bleue. Chauffé à blanc, je ne pouvais rien consigner. Page blanche. Toujours très attentionnée, mon cordon bleu me servit un petit jaune, certainement dans l’espoir d’atténuer ma peur bleue. Je lui demanda également un verre de rouge : quand on broie du noir, autant multiplier les chances de voir tout en rose !

    Soudain, des gouttes de transpiration perlaient sur mon front, des frissons m’envahissaient. Serais-je victime de la fièvre jaune ? Alerte rouge ! Il est temps de se mettre au vert !

    Mes amitiés,

    Virginie Durant

  11. JM Durand (alias Jean de Marque) dit :

    Fantaisie électorale (trop sérieux s’abstenir de lire, pas de voter!).

    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc. Quand j’ai appris les résultats, je suis devenu vert.

    Personne ne m’avait prévenu qu’en votant blanc, je votais monarchiste. Sans le savoir, je venais de participer, bien malgré moi, au retour d’un nouveau roi français. Un certain Louis Charles Auguste Philippe XXIII, en exil depuis perpette sur une île grise , mais pas commune (là, c’est un clin d’oeil à Pascal…vous pouvez ignorer la parenthèse).

    Ma femme me voyant tourner au vert de gris m’interpelle: » Ah non, Karl, tu ne vas pas récidiver à voir la vie en rouge! »
    – Si si, je vais recommencer à manifester, par écrit…et dans la rue.
    – Et où veux tu donc aller te faire remarquer?
    – En Auvergne!
    – Eh beh oui, et tu vas encore me ramener plein de bleus!
    – Oui , et ensuite en Bourgogne, ma gretchen…n’aimes tu plus les petits gris ?
    – Mon pauvre Karl, tu commences à débattre sérieusement la campagne!
    – N’importe quoi! Après, on s’étonne qu’il ait fallu attendre les années 40 pour autoriser les femmes à sortir de leur cuisine, apprendre à lire et partager leur scrutin selon les directives de leur mari…!

    Alors là….RIDEAU ROUGE….GRAND TROU NOIR!

    Les chaises (pas celles de Ionesco) volent…les lecteurs tout pâle et les lectrices outrées sortent du théâtre d’une Histoire quelque peu malmenée!

    Jean de Marque
    Historien du dimanche et des jours fériés.

  12. Janine Père dit :

    et j’ai noyé mon chagrin dans un verre de vin rouge…

  13. Marie-José Leclercq dit :

    Ces derniers temps, j’en voyais de toutes les couleurs, alors j’ai voté blanc. Quand j’ai appris les résultats, je suis devenu vert et j’ai commencé à broyer du noir.

    Oh, pas longtemps… Toute de suite après, sollicitant ma matière grise, je me suis dit : « Foin des bleus à l’âme ! Après tout, quel que soit le résultat, le peuple est toujours marron ».

    Et j’ai décidé que, pour les cinq années à venir, j’allais, contre vents et marées, voir la vie en rose.

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