Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs. Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front...
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs. Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front…
Au doux nom vernaculaire , il était né Edgard Escargot, gastéropode ordinaire, avec deux jolies petites cornes.
Il y a deux ans, Edgard, fut prit d’une brusque envie de passer ses vacances en bord de Méditerranée. Il prépara, avec excitation mais aussi avec soin, son périple languedocien.
Jour J.
Il quitta les hauteurs du Massif de La Clape et se dirigea lentement mais sûrement vers le Golfe du Lion.
Il serpenta dans la garrigue et se la coula plus douce dans les vignes et les champs. Il n’imaginait pas que sa région pouvait être aussi jolie, même vue à ras du sol ! Il lui arrivait cependant de faire l’ascension d’un monticule, histoire de se rincer les mirettes.
Les semaines et les mois s’enchaînent.
Sentant venir la fatigue sur son dos et la sécheresse à ses pieds, Edgard envisagea de faire escale à Gruissan. Il avait lu dans un guide touristique :
« Gruissan, un bourg fascinant. Sur un gros bloc de calcaire, la Tour Barberousse se dresse fièrement et à ses pieds s’enroulent des ruelles au charme désuet. Les maisons extérieures font rempart … »
– Même si les maisons extérieures forment un rempart, se dit-il, cette circulade devrait certainement être accueillante pour un voyageur de mon espèce. Les similitudes sont évidentes !
Peu de temps avant l’heure de fermeture, il entra à l’Office du Tourisme pour y glaner les informations de la semaine. Il remercia respectueusement l’employée qui ferma boutique derrière lui.
Le voyant si las, elle lui proposa de prendre place dans le panier avant de sa bicyclette rose-fuschia.
Boulevard de l’Étang, quai de l’Étang, Rue Isidore Bouis.
– C’est ici que je m’arrête, dit la demoiselle, en montrant sa maison aux persiennes vertes.
– Vous avez de la verdure aux fenêtres, c’est bien joli !
– Mais, maintenant que j’y pense, avez-vous réservé un logement ?
Tout penaud, Edgard répondit par la négative.
– Nous réglerons vite ce problème, je vous dépose dans un pot de géranium pour la nuit. Cela vous convient-il ?
– Edgard fut ému aux larmes et promit de ne rien grignoter sans autorisation.
Un soleil joyeux les réveilla .
Elle alla faire un brin de causette à son nouvel ami et l’interrogea sur ses projets du jour.
– Je serais bien tenté d’assister à une course camarguaise… mais je ne sais pas si j’aurai le temps de…
– Ne vous inquiétez pas ! Je vous y emmènerai car j’aime ces spectacles hauts en couleurs. La bête y est « consacrée » et respectée.
– Il n’y a donc pas de mise à mort…. J’aime mieux ça….
– Bon, je file ! Ah… je me suis permise de téléphoner à une vieille connaissance qui viendra vous chercher pour vous faire visiter Gruissan.
Dans les arènes de Narbonne, un samedi.
La Belle choisit une place au bas des gradins, face à la porte du toril. Elle installa Edgard sur une barrière et s’assura de son confort car l’ambiance s’échaufferait….
Les courses se succédaient dans une ambiance haletante, ponctuée des annonces de primes et les sonneries de trompette.
Egard se trémoussait sur sa barrière !
Entra le troisième taureau au son de « L’èr di biòu ». Il se planta au milieu de l’arène, son regard dans la direction d’Edgard.
Edgard resta bouche bée d’admiration devant cette bête au poil brillant, à l’œil vif, aux cornes majestueuses. Un front noble orné d’une cocarde tricolore, les cornes entourée de ficelles, deux glands effleurant l’intérieur des oreilles…. Edgard était sous le charme de la bête.
Il tourna sa corne droite vers la Belle, son amie…
– Tu as vu, comme il est beauuuuuuu ! J’en suis tout ému…..
Le taureau fut tout à coup hypnotisé par Edgard.
– Ça alors ! Une petite bestiole double-cornue parvient à les bouger et même séparément ! Ça, c’est du jamais vu….
Le taureau perdit toute sa concentration et sa vindicte. Vaincu face aux raseteurs et aux tourneurs, sourds aux annonces de primes et aux quolibets, il était tombé sous le charme d’Edgard. Il finit sa course, non sans avoir heurté méchamment sa tête contre la barricade au point d’en voir des étoiles…
Il regagna le toril au petit trot.
Edgard murmura quelques mots à l’oreille de son amie, elle acquiesça d’un sourire. Ils rejoignirent le manadier lors du bandido et Edgard se trouva face à la Bête.
Nul ne sait ce qu’ils se sont dit.
Le manadier comprit très vite que sa bête n’était pas faite pour les courses. Il la reconduisit en Camargue.
Personne ne vit qu’Edgard avait élu domicile au creux du cou massif de la Bête.
Une année plus tard, sur l’étang de Thau, à Bouzigues, la communauté accueillit un nouveau venu, au poil noir, aux yeux brillants…. Les ostréiculteurs étaient heureux ! Une force herculéenne en renfort pour les tâches les plus dures du métier.
Une nouvelle terrasse s’ouvrit. Les propriétaires, originaux à souhait, offraient un verre de Picpoule et un plat d’huîtres savoureuses pour une bouchée de pain, à condition d’être très patient !
Les locaux et les habitués y ont leur table. Ils aiment à se réunir et à se faire servir par un Edgard amoureux et resplendissant !
Un escargot avait deux jolies petites cornes,
qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs.
Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front.
L’escargot, par les cornes alléché, lui tint à peu près ce langage :
– Hé ! bonjour , Monsieur du taureau. Que vous me semblez beau. Quel cornage vous portez !
Mais où donc l’avez-vous trouvé ?
Le taureau ayant chanté tout l’été dans l’ignorance était resté et à l’escargot ne sut répondre.
La cigale, installée sur une corne du taureau pour manger un fromage à l’escargot s’adressa :
– Ses cornes servent de table aux insectes !
Mais la grenouille de la conversation se mêla :
– C’est uniquement par prétention qu’il porte de si grandes cornes !
A ce moment commère la cigogne se posa sur la corne gauche :
– Vous ne savez rien ! C’est une sorte de perchoir à oiseaux, comme le nez de Cyrano !
Devant tant de discordes, on se fâcha fort. La grenouille goba la cigale mais fit une allergie et s’enfla si bien qu’elle creva. Compère Renard, par le vacarme attiré se jeta sur la cigogne et la mangea. Mais il s’empala sur les cornes du taureau et mourut. Le taureau par la peur dérangé s’enfuit en avant et écrasa l’escargot.
Un escargot avait deux jolies petites cornes,
qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs.
Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front fanfaronnant au bord d’une route
– Et toi ! Tire-toi de là, tu es sur mon chemin, lanca l’escargot au taureau
– Pardon ?
– En plus d’être gros, t’es sourd ? répondit l’escargot
Le taureau fut prit d’un énorme éclat de rire tonitruant.
– C’est à moi que tu parles, minus ? Sais-tu que je peux t’écraser d’un seul tout petit coup de sabot ?
– Et pourquoi ferais-tu cela ?
– Pour t’apprendre à t’adresser à moi, dit le taureau
– Ce n’est pas parce que tu es costaud et que tu as de grandes cornes que tu m’impressionnes, tu sais…
– Te voila bien culotté pour un si petit animal…
– Je ne suis pas culotté, c’est ma coquille que je porte sur le dos
– Et à quoi te serve tes minuscules cornes ?
– Et les tiennes, alors, elles te servent à quoi ? railla l’escargot
– A encorner lorsque je vois rouge ! Mais où vas-tu minus ?
– Je me pousse de la route, ça ne se voit pas ?
– Mais pourquoi ?
– Un camion arrive droit sur nous, le bovidé
– Comment le sais-tu ?
– Grâce à mes cornes minuscules !
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs.
Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front…
– « Bonjour à vous, escargot, comme voilà de belles petites cornes rétractables ! J’avoue les trouver très « craquantes » !
– « Bonjour à vous.
Je me présente : « E dward» l’Escargot et vous remercie de ces compliments. Pour ma part, je suis ébloui par vos majestueuses cornes, si puissantes, si brillantes dans la lumière du soleil. Elles sont votre élégance et votre force , sans conteste !
Les miennes ne sont qu’orientation, un peu de vision, un peu de toucher, un peu d’odorat. Un peu de tout, un peu de rien ! J’aimerais tellement vous ressembler, avoir votre fière allure, avec des cornes aussi droites ! (Gros soupir). Enfin ! (Enorme soupir )
Au plaisir, Monsieur… ? »
– « Appelez-moi donc « T eddy », fanfaronne le Taureau. Pour ma part, j’avoue envier les vôtres, si souples, volant dans le vent, elles vous donnent un irrésistible charme ! Les miennes sont plutôt encombrantes vous savez.
Enfin, ainsi va la vie ! ( gros soupir ).
Au revoir, cher Edward. »
Plusieurs jours s’écoulent, ils se rencontrent à nouveau.
– « Edward, est-ce vous ? Quelle triste mine vous avez ! Et vos si belles cornes ! Qu’en avez-vous fait ? »
– « Je les ai transformé, je voulais tellement vous ressembler ! J’ai rendu visite à Dame la Taupe, notre architecte, pour qu’elle me conseille sur la technique à utiliser pour raidir mes cornes.
Elle a fait intervenir les fameuses fourmis ouvrières. Elles ont passé un temps fou à induire mes cornes de boue, de boue un peu molle, mais pas trop pour qu’elle colle sans couler.
C’était un travail minutieux et long car chaque fois que l’on me frôlait, mes cornes se rétractaient mais les fourmis sont d’une douceur sans pareil.
Les vers luisants nous ont éclairé la nuit pour que « ce chantier » soit le moins interrompu possible, et que la boue reste de bonne qualité .
Ce relooking m’avait épuisé ! Mais j’étais heureux. Ce bonheur fut malheureusement de courte durée. Très vite, j’ai présenté des troubles directionnels importants. Très vite, je me suis ridé, impossible de me régénérer dans ma coquille, mes cornes durcies font obstacle ! Comme je regrette, je suis fatigué, je me sens vieux, je n’avance plus et j’ai peur d’être le repas de quelques prédateurs de passage ! Comment ai-je pu être aussi stupide ? Pourquoi ai-je fait travailler ces pauvres fourmis avec autant d’ardeur ? Quelle naïveté ! (Gros désespoir)
Mais vous, je vous trouve, comment dirais-je, différent ! Qu’avez-vous fait de vos si prestigieuses cornes, celles qui m’ont tant inspirées ? »
– « Mon pauvre Edward, je voulais vous ressembler moi aussi et j’ai consulté le serpent, vous savez, le génie qui a côtoyé le cobra des Indes dans un zoo. Je lui ai fait part de mon envie de « ramollir » mes cornes pour qu’elles virevoltent au vent comme les vôtres auparavant. Il a concocté une mélasse, à base de bave de crapaud, de salive humaine et de venin de serpent et de quelques plantes, recette de savoir médicinal des Indes.
Puis, il s’en est inondé et s’est enroulé des heures autour de mes cornes, où il a fait une très longue sieste. A son réveil, il a disparu en me laissant avec mes excroissances voltigeant au moindre souffle d’air. Oh ! Moi aussi, j’ai été au comble du bonheur jusqu’au moment où j’ai croisé des vaches, effondrées de rire sur mon passage. J’avais perdu non seulement mon pouvoir de séduction mais j’étais devenu la risée du troupeau ! Les autres taureaux me provoquaient, sachant que j’étais dans l’incapacité de m’affirmer face à eux.
Sans compter mon éleveur qui m’envoie ce soir chez le vétérinaire. Au mieux, il déduit que je ne suis pas contagieux et je pars à l’abattoir ; au pire, c’est contagieux et, de toute façon, on me transporte dans le couloir de la mort ! Je suis désespéré !
Pourquoi a-t-il fallu que le destin nous réunisse ? Quelle folie nous a prise ? » (Grosses larmes de désarroi)
Au même moment, un gros nuage lâcha avec puissance tout son contenu et aspergea nos deux compères.
La pluie dilua non seulement la boue d’Edward mais aussi l’enrobage de deux appendices mous de Teddy.
Résultat : leurs excentricités disparurent à une vitesse vertigineuse. Edward rentra dans sa coquille et y resta des heures à pleurer de joie. Quant à Teddy, il courut après toutes les vaches qu’il apercevait et provoqua tous les taureaux qui se présentaient sur sa route. Il était comme fou !
Ils vécurent heureux, tout simplement, en étant eux-mêmes. Peut-être eurent-ils beaucoup d’enfants.
Et pour conclure, l’innovation créatrice ne fait pas forcément bon ménage avec le bon sens.
A mon avis, c’est un escargot en promenade chez Giono,
il ne nous laisse pas sans divertissement.
Et peut-être que ce belliqueux taureau sort de chez Picasso
mais assurément, l’ensemble rend hommage à Pagnol.
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs. Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front.
Les deux jolies petites cornes en forme d’antenne s’agitèrent comme pour mieux identifier le monstre belliqueux qui s’approchait dangereusement. Le taureau abaissa son mufle aux naseaux fumants et se mit à gratter le sol d’un sabot impatient, prêt à la charge. Devant tant de fureur, le gastéropode tétanisé se prit à rêver d’être un lapin pour détaler à grands coups d’arrière-train.
Éole, qui observait la scène du haut des nues, se prit de compassion pour le rampant lilliputien. Ses joues gonflées firent souffler un mistral qui hérissa les plumes des flamants roses.
« Un vent à décorner les taureaux », confia un buveur de pastis à son compère d’anisette, tous deux attablés à la terrasse ombragée de platanes.
Précisément, le taureau rebroussa chemin offrant sa croupe à la tempête pour préserver ses cornes. Quant à l’escargot, il rentra ses antennes et se replia dans sa coquille. Une rafale fit tournebouler sa spirale nacrée. Poussé par le vent en furie, l’escargot aboutit au pied d’un platane.
Le compère d’anisette, voyant la coquille atterrir, s’exclama : « Un vent à faire voler les escargots ».
« Oups ! » lâcha celui-ci, un instant plus tard en portant ses mains à son crâne décoiffé, à quoi le buveur de pastis réagit en lui lançant : « Un vent à faire voler les casquettes à carreaux ! ».
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs. Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front.
Curieux face à face entre deux animaux qui se découvrent. Le plus petit ose le premier :
– C’est quoi tes trucs en haut ?
– Des cornes, comme toi !
– T’es renfrogné ?
– Mmmm !
– Et c’est quoi tes trucs qui descendent là ?
– Mes pattes !
– Et cet autre truc là ?
– Ça te regarde pas !
– T’es renfrogné ?
– Tu poses trop de questions ! Et toi, t’as pas de pattes ?
– Non, j’ai qu’un pied.
– Et pourquoi tu mets un casque ?
– C’est une coquille, c’est ma maison.
– C’est lourd ?
– Des fois oui, j’en bave !
– Mmmm…
– Tu fais quoi avec tes cornes ?
– Je vais essayer d’embrocher un insolent qui va faire son mariole.
– Ah bon et pourquoi ?
– Parce qu’il y a des animaux qui aiment voir ça !
– Et c’est quoi le mariole ?
– C’est un bipède qui s’amuse avec un tissu rouge, qui te pique et qui finit par te tuer, sauf si tu l’embroches avant.
– Il y a bipèdes méchants ?
– Oui.
– Et moi je peux jouer aussi avec mes cornes ?
– Hé hé …
– Tu te moques ?
– Non, essaye avec le coquelicot là, mais à la vitesse où tu avances il sera fané avant que tu l’embroches !
– Et comment ils s’appellent les bipèdes qui tuent les quatre pattes comme toi pour s’amuser ?
– Des hommes.
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs. Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front.
« Oh la vache ! s’exclama l’escargot, elle doit bien s’amuser votre dame !
– Que voulez-vous, rétorque le bovidé, c’est dans sa nature de se faire tirer les mamelles matin et soir. Et elle en redemande sans cesse.
– Que c’est laid qu’elle vous traite ainsi !
– Vous savez, dans notre couple, chacun vaque à ses occupations et ses plaisirs. Je la laisse volontiers se distraire. Mais vous, d’où vous viennent ces petites cornes ?
– Ah, mais chez nous les gastéropodes, on a une vie unisexuelle débridée ! Et ma femme en moi ne se prive pas , elle a le visqueux dans la peau, elle bave sur tout ce qui bouge !
– Je vois.
– Mais je vais vous faire une confidence, à trop la voir folâtrer au gré du vent, les cornes m’usent ! »
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs. Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front…
Au doux nom vernaculaire , il était né Edgard Escargot, gastéropode ordinaire, avec deux jolies petites cornes.
Il y a deux ans, Edgard, fut prit d’une brusque envie de passer ses vacances en bord de Méditerranée. Il prépara, avec excitation mais aussi avec soin, son périple languedocien.
Jour J.
Il quitta les hauteurs du Massif de La Clape et se dirigea lentement mais sûrement vers le Golfe du Lion.
Il serpenta dans la garrigue et se la coula plus douce dans les vignes et les champs. Il n’imaginait pas que sa région pouvait être aussi jolie, même vue à ras du sol ! Il lui arrivait cependant de faire l’ascension d’un monticule, histoire de se rincer les mirettes.
Les semaines et les mois s’enchaînent.
Sentant venir la fatigue sur son dos et la sécheresse à ses pieds, Edgard envisagea de faire escale à Gruissan. Il avait lu dans un guide touristique :
« Gruissan, un bourg fascinant. Sur un gros bloc de calcaire, la Tour Barberousse se dresse fièrement et à ses pieds s’enroulent des ruelles au charme désuet. Les maisons extérieures font rempart … »
– Même si les maisons extérieures forment un rempart, se dit-il, cette circulade devrait certainement être accueillante pour un voyageur de mon espèce. Les similitudes sont évidentes !
Peu de temps avant l’heure de fermeture, il entra à l’Office du Tourisme pour y glaner les informations de la semaine. Il remercia respectueusement l’employée qui ferma boutique derrière lui.
Le voyant si las, elle lui proposa de prendre place dans le panier avant de sa bicyclette rose-fuschia.
Boulevard de l’Étang, quai de l’Étang, Rue Isidore Bouis.
– C’est ici que je m’arrête, dit la demoiselle, en montrant sa maison aux persiennes vertes.
– Vous avez de la verdure aux fenêtres, c’est bien joli !
– Mais, maintenant que j’y pense, avez-vous réservé un logement ?
Tout penaud, Edgard répondit par la négative.
– Nous réglerons vite ce problème, je vous dépose dans un pot de géranium pour la nuit. Cela vous convient-il ?
– Edgard fut ému aux larmes et promit de ne rien grignoter sans autorisation.
Un soleil joyeux les réveilla .
Elle alla faire un brin de causette à son nouvel ami et l’interrogea sur ses projets du jour.
– Je serais bien tenté d’assister à une course camarguaise… mais je ne sais pas si j’aurai le temps de…
– Ne vous inquiétez pas ! Je vous y emmènerai car j’aime ces spectacles hauts en couleurs. La bête y est « consacrée » et respectée.
– Il n’y a donc pas de mise à mort…. J’aime mieux ça….
– Bon, je file ! Ah… je me suis permise de téléphoner à une vieille connaissance qui viendra vous chercher pour vous faire visiter Gruissan.
Dans les arènes de Narbonne, un samedi.
La Belle choisit une place au bas des gradins, face à la porte du toril. Elle installa Edgard sur une barrière et s’assura de son confort car l’ambiance s’échaufferait….
Les courses se succédaient dans une ambiance haletante, ponctuée des annonces de primes et les sonneries de trompette.
Egard se trémoussait sur sa barrière !
Entra le troisième taureau au son de « L’èr di biòu ». Il se planta au milieu de l’arène, son regard dans la direction d’Edgard.
Edgard resta bouche bée d’admiration devant cette bête au poil brillant, à l’œil vif, aux cornes majestueuses. Un front noble orné d’une cocarde tricolore, les cornes entourée de ficelles, deux glands effleurant l’intérieur des oreilles…. Edgard était sous le charme de la bête.
Il tourna sa corne droite vers la Belle, son amie…
– Tu as vu, comme il est beauuuuuuu ! J’en suis tout ému…..
Le taureau fut tout à coup hypnotisé par Edgard.
– Ça alors ! Une petite bestiole double-cornue parvient à les bouger et même séparément ! Ça, c’est du jamais vu….
Le taureau perdit toute sa concentration et sa vindicte. Vaincu face aux raseteurs et aux tourneurs, sourds aux annonces de primes et aux quolibets, il était tombé sous le charme d’Edgard. Il finit sa course, non sans avoir heurté méchamment sa tête contre la barricade au point d’en voir des étoiles…
Il regagna le toril au petit trot.
Edgard murmura quelques mots à l’oreille de son amie, elle acquiesça d’un sourire. Ils rejoignirent le manadier lors du bandido et Edgard se trouva face à la Bête.
Nul ne sait ce qu’ils se sont dit.
Le manadier comprit très vite que sa bête n’était pas faite pour les courses. Il la reconduisit en Camargue.
Personne ne vit qu’Edgard avait élu domicile au creux du cou massif de la Bête.
Une année plus tard, sur l’étang de Thau, à Bouzigues, la communauté accueillit un nouveau venu, au poil noir, aux yeux brillants…. Les ostréiculteurs étaient heureux ! Une force herculéenne en renfort pour les tâches les plus dures du métier.
Une nouvelle terrasse s’ouvrit. Les propriétaires, originaux à souhait, offraient un verre de Picpoule et un plat d’huîtres savoureuses pour une bouchée de pain, à condition d’être très patient !
Les locaux et les habitués y ont leur table. Ils aiment à se réunir et à se faire servir par un Edgard amoureux et resplendissant !
Un escargot avait deux jolies petites cornes,
qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs.
Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front.
L’escargot, par les cornes alléché, lui tint à peu près ce langage :
– Hé ! bonjour , Monsieur du taureau. Que vous me semblez beau. Quel cornage vous portez !
Mais où donc l’avez-vous trouvé ?
Le taureau ayant chanté tout l’été dans l’ignorance était resté et à l’escargot ne sut répondre.
La cigale, installée sur une corne du taureau pour manger un fromage à l’escargot s’adressa :
– Ses cornes servent de table aux insectes !
Mais la grenouille de la conversation se mêla :
– C’est uniquement par prétention qu’il porte de si grandes cornes !
A ce moment commère la cigogne se posa sur la corne gauche :
– Vous ne savez rien ! C’est une sorte de perchoir à oiseaux, comme le nez de Cyrano !
Devant tant de discordes, on se fâcha fort. La grenouille goba la cigale mais fit une allergie et s’enfla si bien qu’elle creva. Compère Renard, par le vacarme attiré se jeta sur la cigogne et la mangea. Mais il s’empala sur les cornes du taureau et mourut. Le taureau par la peur dérangé s’enfuit en avant et écrasa l’escargot.
L’ignorance est mère de tous les maux.
© Margine
Un escargot avait deux jolies petites cornes,
qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs.
Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front fanfaronnant au bord d’une route
– Et toi ! Tire-toi de là, tu es sur mon chemin, lanca l’escargot au taureau
– Pardon ?
– En plus d’être gros, t’es sourd ? répondit l’escargot
Le taureau fut prit d’un énorme éclat de rire tonitruant.
– C’est à moi que tu parles, minus ? Sais-tu que je peux t’écraser d’un seul tout petit coup de sabot ?
– Et pourquoi ferais-tu cela ?
– Pour t’apprendre à t’adresser à moi, dit le taureau
– Ce n’est pas parce que tu es costaud et que tu as de grandes cornes que tu m’impressionnes, tu sais…
– Te voila bien culotté pour un si petit animal…
– Je ne suis pas culotté, c’est ma coquille que je porte sur le dos
– Et à quoi te serve tes minuscules cornes ?
– Et les tiennes, alors, elles te servent à quoi ? railla l’escargot
– A encorner lorsque je vois rouge ! Mais où vas-tu minus ?
– Je me pousse de la route, ça ne se voit pas ?
– Mais pourquoi ?
– Un camion arrive droit sur nous, le bovidé
– Comment le sais-tu ?
– Grâce à mes cornes minuscules !
Halima BELGHITI
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs.
Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front…
– « Bonjour à vous, escargot, comme voilà de belles petites cornes rétractables ! J’avoue les trouver très « craquantes » !
– « Bonjour à vous.
Je me présente : « E dward» l’Escargot et vous remercie de ces compliments. Pour ma part, je suis ébloui par vos majestueuses cornes, si puissantes, si brillantes dans la lumière du soleil. Elles sont votre élégance et votre force , sans conteste !
Les miennes ne sont qu’orientation, un peu de vision, un peu de toucher, un peu d’odorat. Un peu de tout, un peu de rien ! J’aimerais tellement vous ressembler, avoir votre fière allure, avec des cornes aussi droites ! (Gros soupir). Enfin ! (Enorme soupir )
Au plaisir, Monsieur… ? »
– « Appelez-moi donc « T eddy », fanfaronne le Taureau. Pour ma part, j’avoue envier les vôtres, si souples, volant dans le vent, elles vous donnent un irrésistible charme ! Les miennes sont plutôt encombrantes vous savez.
Enfin, ainsi va la vie ! ( gros soupir ).
Au revoir, cher Edward. »
Plusieurs jours s’écoulent, ils se rencontrent à nouveau.
– « Edward, est-ce vous ? Quelle triste mine vous avez ! Et vos si belles cornes ! Qu’en avez-vous fait ? »
– « Je les ai transformé, je voulais tellement vous ressembler ! J’ai rendu visite à Dame la Taupe, notre architecte, pour qu’elle me conseille sur la technique à utiliser pour raidir mes cornes.
Elle a fait intervenir les fameuses fourmis ouvrières. Elles ont passé un temps fou à induire mes cornes de boue, de boue un peu molle, mais pas trop pour qu’elle colle sans couler.
C’était un travail minutieux et long car chaque fois que l’on me frôlait, mes cornes se rétractaient mais les fourmis sont d’une douceur sans pareil.
Les vers luisants nous ont éclairé la nuit pour que « ce chantier » soit le moins interrompu possible, et que la boue reste de bonne qualité .
Ce relooking m’avait épuisé ! Mais j’étais heureux. Ce bonheur fut malheureusement de courte durée. Très vite, j’ai présenté des troubles directionnels importants. Très vite, je me suis ridé, impossible de me régénérer dans ma coquille, mes cornes durcies font obstacle ! Comme je regrette, je suis fatigué, je me sens vieux, je n’avance plus et j’ai peur d’être le repas de quelques prédateurs de passage ! Comment ai-je pu être aussi stupide ? Pourquoi ai-je fait travailler ces pauvres fourmis avec autant d’ardeur ? Quelle naïveté ! (Gros désespoir)
Mais vous, je vous trouve, comment dirais-je, différent ! Qu’avez-vous fait de vos si prestigieuses cornes, celles qui m’ont tant inspirées ? »
– « Mon pauvre Edward, je voulais vous ressembler moi aussi et j’ai consulté le serpent, vous savez, le génie qui a côtoyé le cobra des Indes dans un zoo. Je lui ai fait part de mon envie de « ramollir » mes cornes pour qu’elles virevoltent au vent comme les vôtres auparavant. Il a concocté une mélasse, à base de bave de crapaud, de salive humaine et de venin de serpent et de quelques plantes, recette de savoir médicinal des Indes.
Puis, il s’en est inondé et s’est enroulé des heures autour de mes cornes, où il a fait une très longue sieste. A son réveil, il a disparu en me laissant avec mes excroissances voltigeant au moindre souffle d’air. Oh ! Moi aussi, j’ai été au comble du bonheur jusqu’au moment où j’ai croisé des vaches, effondrées de rire sur mon passage. J’avais perdu non seulement mon pouvoir de séduction mais j’étais devenu la risée du troupeau ! Les autres taureaux me provoquaient, sachant que j’étais dans l’incapacité de m’affirmer face à eux.
Sans compter mon éleveur qui m’envoie ce soir chez le vétérinaire. Au mieux, il déduit que je ne suis pas contagieux et je pars à l’abattoir ; au pire, c’est contagieux et, de toute façon, on me transporte dans le couloir de la mort ! Je suis désespéré !
Pourquoi a-t-il fallu que le destin nous réunisse ? Quelle folie nous a prise ? » (Grosses larmes de désarroi)
Au même moment, un gros nuage lâcha avec puissance tout son contenu et aspergea nos deux compères.
La pluie dilua non seulement la boue d’Edward mais aussi l’enrobage de deux appendices mous de Teddy.
Résultat : leurs excentricités disparurent à une vitesse vertigineuse. Edward rentra dans sa coquille et y resta des heures à pleurer de joie. Quant à Teddy, il courut après toutes les vaches qu’il apercevait et provoqua tous les taureaux qui se présentaient sur sa route. Il était comme fou !
Ils vécurent heureux, tout simplement, en étant eux-mêmes. Peut-être eurent-ils beaucoup d’enfants.
Et pour conclure, l’innovation créatrice ne fait pas forcément bon ménage avec le bon sens.
gepy
A mon avis, c’est un escargot en promenade chez Giono,
il ne nous laisse pas sans divertissement.
Et peut-être que ce belliqueux taureau sort de chez Picasso
mais assurément, l’ensemble rend hommage à Pagnol.
Merci Alain
Cornes contre cornes
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs. Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front.
Les deux jolies petites cornes en forme d’antenne s’agitèrent comme pour mieux identifier le monstre belliqueux qui s’approchait dangereusement. Le taureau abaissa son mufle aux naseaux fumants et se mit à gratter le sol d’un sabot impatient, prêt à la charge. Devant tant de fureur, le gastéropode tétanisé se prit à rêver d’être un lapin pour détaler à grands coups d’arrière-train.
Éole, qui observait la scène du haut des nues, se prit de compassion pour le rampant lilliputien. Ses joues gonflées firent souffler un mistral qui hérissa les plumes des flamants roses.
« Un vent à décorner les taureaux », confia un buveur de pastis à son compère d’anisette, tous deux attablés à la terrasse ombragée de platanes.
Précisément, le taureau rebroussa chemin offrant sa croupe à la tempête pour préserver ses cornes. Quant à l’escargot, il rentra ses antennes et se replia dans sa coquille. Une rafale fit tournebouler sa spirale nacrée. Poussé par le vent en furie, l’escargot aboutit au pied d’un platane.
Le compère d’anisette, voyant la coquille atterrir, s’exclama : « Un vent à faire voler les escargots ».
« Oups ! » lâcha celui-ci, un instant plus tard en portant ses mains à son crâne décoiffé, à quoi le buveur de pastis réagit en lui lançant : « Un vent à faire voler les casquettes à carreaux ! ».
Alain Lafaurie
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs. Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front.
Curieux face à face entre deux animaux qui se découvrent. Le plus petit ose le premier :
– C’est quoi tes trucs en haut ?
– Des cornes, comme toi !
– T’es renfrogné ?
– Mmmm !
– Et c’est quoi tes trucs qui descendent là ?
– Mes pattes !
– Et cet autre truc là ?
– Ça te regarde pas !
– T’es renfrogné ?
– Tu poses trop de questions ! Et toi, t’as pas de pattes ?
– Non, j’ai qu’un pied.
– Et pourquoi tu mets un casque ?
– C’est une coquille, c’est ma maison.
– C’est lourd ?
– Des fois oui, j’en bave !
– Mmmm…
– Tu fais quoi avec tes cornes ?
– Je vais essayer d’embrocher un insolent qui va faire son mariole.
– Ah bon et pourquoi ?
– Parce qu’il y a des animaux qui aiment voir ça !
– Et c’est quoi le mariole ?
– C’est un bipède qui s’amuse avec un tissu rouge, qui te pique et qui finit par te tuer, sauf si tu l’embroches avant.
– Il y a bipèdes méchants ?
– Oui.
– Et moi je peux jouer aussi avec mes cornes ?
– Hé hé …
– Tu te moques ?
– Non, essaye avec le coquelicot là, mais à la vitesse où tu avances il sera fané avant que tu l’embroches !
– Et comment ils s’appellent les bipèdes qui tuent les quatre pattes comme toi pour s’amuser ?
– Des hommes.
Merci Marie-Ange, voilà un compliment qui me fait très plaisir et m’encourage un peu plus !
J’adore, votre texte est très drôle, Antonio, mais en général j’aime beaucoup vos écrits !
Un escargot avait deux jolies petites cornes, qu’il dressait fièrement en se promenant à travers champs. Jusqu’au jour où il rencontra un taureau portant deux énormes cornes sur le front.
« Oh la vache ! s’exclama l’escargot, elle doit bien s’amuser votre dame !
– Que voulez-vous, rétorque le bovidé, c’est dans sa nature de se faire tirer les mamelles matin et soir. Et elle en redemande sans cesse.
– Que c’est laid qu’elle vous traite ainsi !
– Vous savez, dans notre couple, chacun vaque à ses occupations et ses plaisirs. Je la laisse volontiers se distraire. Mais vous, d’où vous viennent ces petites cornes ?
– Ah, mais chez nous les gastéropodes, on a une vie unisexuelle débridée ! Et ma femme en moi ne se prive pas , elle a le visqueux dans la peau, elle bave sur tout ce qui bouge !
– Je vois.
– Mais je vais vous faire une confidence, à trop la voir folâtrer au gré du vent, les cornes m’usent ! »