L’accent circonflexe est l’hirondelle de l’écriture

« L’accent circonflexe est l’hirondelle de l’écriture » Un billet de Gérard Cénec

Si j’en crois le dernier billet de Pascal Perrat, nous avons eu chaud !
L’accent circonflexe a donc sauvé sa tête. Une étude du Rohmer devait paraître sans accents circonflexes…
Je croyais que les simplificateurs de la langue française s’étaient calmés depuis 1991.
Il faut croire que non.
La guillotine qui voudrait couper tout ce qui dépasse de nos lettres est toujours en place !
François de Closets raconte en détail la tentative avortée de simplification dans son livre « Zéro Faute ».

J’ai sous les yeux « L’accent du souvenir »*, le livre qu’a consacré Bernard Cerquiglini,
ancien délégué à la Langue française à ce brave accent circonflexe.
Savez-vous que c’est en 1740 seulement que l’Académie française introduisit l’accent circonflexe dans l’orthographe du français,
à l’occasion de la publication de la troisième édition de son dictionnaire ?

En 161 pages, l’auteur retrace le difficile itinéraire de ce signe typographique remis encore aujourd’hui en question.
On ne peut trouver plaidoyer plus complet pour sa défense. « Signe visuel, idéographe labile, le circonflexe résume et illustre pour les conservateurs modernes la part la plus noble de l’orthographe française, celle qui, au-delà de la notation des sons, dépose sur le papier, admirable et provocante, toujours quelque figure… ».

Méfions-nous des simplificateurs de l’orthographe.
À force de vouloir simplifier, on va tout compliquer.

Comment  ne pas citer ce mot de Jules Renard, relevé par l’auteur :

«  Hirondelles. Sourcils épars dans l’air.

L’accent circonflexe est l’hirondelle de l’écriture ».  8 mai 1901.

En plus, cette citation n’est-elle pas de saison ?

Gérard Cénec

* L’accent du souvenir, Bernard Cerquiglini, Les Éditions de Minuit, 1995.

3 réponses

  1. Sylvie H. dit :

    Joli moment que vos commentaires. J’étais triste et esseulée d’apprendre que boîte n’aurait plus son chapeau, que le toit de la cime ne tomberait plus jamais dans l’abîme. Tous ces versets mnémotechniques qui en valent bien d’autres, pourquoi les jeter aux orties? Et si les contraintes savent rendre les poètes artistes pourquoi celles de l’orthographe ne sauraient jamais amener la langue vers sa vigueur de belle vivante?
    Et que vivent les hirondelles puisque le ton de cet échange est dédié à la belle aux ailes de scie.

  2. Peggy dit :

    Il est vrai que parfois on ne comprend pas pourquoi tel mot s’écrit comme cela alors que logiquement il devrait s’orthographier autrement. Mais nous avons planché tellement d’heures sur nos dictées que nous avons acquis des réflexes. Pourtant il en passe toujours à travers des fotes !!! Alors faut-il simplifier,

    Bref, je ne sais pas quoi penser sauf qu’il va falloir réapprendre et je n’en n’ai pas envie.

    L’important est que je n’oublie pas cette charmante expression : L’accent circonflexe est l’hirondelle de l’écriture.

  3. Smoreau dit :

    â ê î û ô Mercî pour ce jôli cômmentaire !
    Môi aussi, j’aîme beaucoup les hîrôndelles.
    Celles du cîel, celles des môts.
    Quand elles partent je les salue. Lorsqu’elles reviennent, je les guette.
    Et si parfois, j’hésite : « Une « hirondelle » sur « hote » ? Un accent circonflexe sur « sur » ? Un chapeau sur « mur » ? J’interroge le ciel ou le dictionnaire et ils me répondent !

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