Exercice inédit d’écriture créative 90

La mer commençait à se retirer.
Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge,
quand elle sentit une présence dans son dos.

Elle se retourna.
Personne ne la suivait, la plage était déserte,
mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur le sable.

Celles imprimées par ces pieds nus et…

Imaginez la suite

9 réponses

  1. Clémence dit :

    La mer commençait à se retirer. Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge, quand elle sentit une présence dans son dos. Elle se retourna. Personne ne la suivait, la plage était déserte, mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur le sable. Celles imprimées par ces pieds nus et…

    Elle le savait maintenant et avec certitude : ces pas la suivraient pour toujours, où qu’elle aille.

    Un soir de novembre, elle atterrit enfin après quelques mésaventures et un mal de tête épouvantable.
    Le premier vol partit avec un retard important et, sur ce vol d’à peine deux heures, la plupart des passagers s’étaient montrés insupportables, râleurs et exigeants. Les hurlements continus de quatre bébés achevaient l’électriser l’ambiance dans la cabine.

    La correspondance fut ratée à Londres. Elle eut une place sur le vol suivant, le premier siège après la sortie. Le petit écran TV était hors service. Elle fut malade durant tout le vol. Elle savait pourquoi !
    Washington D.C. La nuit était belle. Elle n’eut pas à attendre ses bagages. Ils tenaient dans un grand sac. Elle passa tous les contrôles et accomplit toutes les formalités sur le qui-vive. Elle s’attendait à entendre son nom, suivi de la phrase fatidique « Est priée de se présenter… »

    Calme plat et cœur battant. Elle regarda l’heure une dernière fois, l’heure de son pays ; puis elle fit tourner les aiguilles.

    Poussée par la foule, elle arriva à la sortie où son amie Jane l’attendait. Elle commença par s’excuser, mais son amie, souriante , lui expliqua qu’elle avait eu toutes les informations sur les raisons de son retard.

    Au calme, dans la voiture climatisée, elle resta quelques minutes les yeux fermés puis, d’une voix froide, elle dit : « Je l’ai tué ».
    Coup de volant et coup de frein.
    – Hein ? Quoi ? Tu l’as tué ? Comment ?
    Elle lui répondit :
    – Roule, je t’expliquerai, mais pas en voiture. A la maison. J’ai besoin de faire le vide.

    Après une heure d’autoroute, elles arrivèrent à Annapolis. Un quartier résidentiel. Des maisons magnifiques, des allées boisées, des pelouses s’étirant doucement vers Chesapeake Bay…
    Elle s’accorda encore une petite heure pour se rafraîchir. Elle enfila un jeans et un pull léger et descendit à pieds nus.

    Elles s’installèrent dans le séjour. Une bouteille de vin et deux verres à dégustation étaient posés sur une table basse.
    – Dis-moi….
    Elle commença sur un ton monocorde le récit de ses deux dernières années. Les premiers enchantements, les premiers désenchantements, les manipulations de plus en plus perverses, les mensonges, les escroqueries, les trahisons, les violences verbales qui prirent rapidement l’escalade des violences physiques.

    Elle parla de sa patience, de ses appels au secours tombés dans le vide ou dans l’ironie.
    Elle exagérait, elle dramatisait, elle mentait….Lui, ce n’est pas possible.
    Elle raconta la dernière journée alors qu’elle rentrait d’un dîner avec une amie. Il l’attendait avec un couteau, le regard fou et le visage tordu de haine.

    Elle raconta la lutte. Et le geste fatal. Elle ferma les yeux et expira longuement. Elle revoyait les yeux globuleux et entendait ses dernières paroles dans un gargouillis de sang…
    –  Je te … suivrai jus……qu’à …ta mort…. 

    Lentement, elle se leva, poussa la porte et alla vers la plage. La mer commençait à se retirer. Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge, quand elle sentit une présence derrière elle. Elle se retourna. Personne ne la suivait, la plage était déserte, mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur le sable. Celles imprimées par ses pieds nus et…

    Quelques minutes plus tard, elle sentit à nouveau une présence derrière elle. Elle se retourna, son amie était là.
    Elles virent les traces de pas. Elles sourirent discrètement. Jane lui posa sa main sur l’épaule.
    – Tu t’es juste défendue, lui murmura-t-elle …

  2. Sabine dit :

    Dans le village les commentaires des femmes allaient bon train :
    – Elle a perdu la tête depuis que son Albert est mort en mer.
    – Drôle de vie, quand même, femme de marin.
    – Je suis certaine qu’elle attend son Albert. Elle ne croit pas à sa mort, elle n’est pas venue aux obsèques.
    C’était tous les jours le même scénario. Quand la mer était loin, les villageois voyaient la veuve descendre sur la plage. Tantôt elle priait à genou face à la mer, tantôt elle levait les bras au ciel. Elle arpentait la plage des heures durant, les yeux posés sur l’horizon, jusqu’à ce que la nuit ou la marée montante ne la ramène chez elle.
    On la plaignait. C’était malheureux, cette femme devenue muette. Elle était encore jeune, elle aurait pu refaire sa vie avec l’Alain. Il n’attendait que ça, l’Alain. Albert racontait même à qui voulait l’entendre qu’ils avaient été amants, il y a longtemps.
    Mais tous et toutes se trompaient. Si elle se mettait à genou sur le sable, c’est qu’elle remerciait la mer de lui avoir pris si vite son époux. Si elle levait les bras au ciel, c’était pour danser. Si elle cachait son visage dans ses mains, c’était pour cacher ses rires, pour rêver à la joyeuse vie qu’elle mènerait demain, quand elle aura quitté cet affreux village breton. Et si elle ne parlait plus, c’était pour ne pas se trahir.
    Aujourd’hui la mer commençait à se retirer quand elle est descendue sur la plage. Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge, quand elle sentit une présence dans son dos. Elle se retourna. Personne ne la suivait, la plage était déserte, mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur le sable. Celles imprimées par ces pieds nus et celles d’…
    – Albert! Non, Albert, laisse-moi vivre maintenant.
    Les quelques villageois qui baguenaudaient sur la digue la virent fuir, la peur sur le visage, tout droit le long des vagues, comme un cheval emballé. Ils crièrent si fort qu’il leur était permis :
    – Non…Arrête-toi… Les sables mouvants…
    Personne n’arriva à temps.

    ©Margine

  3. Mickaël dit :

    La mer commençait à se retirer. Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge, quand elle sentit une présence dans son dos.
    Elle se retourna.
    Personne ne la suivait, la plage était déserte, mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur la plage.
    Celles imprimées par ces pieds nus et de deux beaucoup plus petits.
    Des traces perfides d’un passé qu’elle a décidé d’oublier.
    La morsure du temps qui la faisait souffrir depuis des mois et la cornaquait dans la tristesse d’une femme meurtrit dans sa chair devait désormais laisser place à une bravade sensible et déterminée.
    Elle savait qu’elle devait continuer son chemin pour ne pas sombrer dans la dépression.
    Ce mot qui fait peur à tout le monde revêt le costume d’un être disparu trop tôt, trop vite et surtout avant le plaisir de le découvrir.
    Elle marchait souvent seul pour conjurer ses hallucinations de plus en plus difficiles à surmonter. La fatigue du corps était pour elle le salut de cette présence néfaste.
    Elle cherchait un remède à sa récognition viscérale tout en n’occultant pas son combat psychique contre cette absence malheureuse. Une fuite bélître à sa peine insurmontable. Mais sa détermination était sans limites et surtout animait ses marches quotidiennes.
    Parfois son corps prit de trémulations lui faisait perdre l’équilibre et de temps en temps une odeur familière la paralysait et elle reprenait espoir.
    Cet arôme lascif des premiers émois qui la transportait dans le désir de bannir l’oisiveté d’une existence et l’emportait dans les projets les plus impétueux.
    Dans ces moments son cœur s’emballait et anesthésiait son chagrin pour de nouveau croire que son corps pouvait donner la vie.
    L’acte de soi dans la guète de l’autre.
    Elle se retourna une seconde fois se baissa et effaça d’une main sereine les marques invisibles.
    Elle appela son compagnon qui manipulait un olifant pour animer la fête du village et surtout qui avait pour effet de faire fuir la colonie de mouettes.
    Celui-ci se précipita vers elle, en évitant les latrines sauvages de leur doberman, et sans geindre lui demanda les raisons de son appel.
    Elle le regarda avec passion et lui glissa :
    « Mon amour je suis prête… »
    Mik l

  4. Plume dit :

    La mer commençait à se retirer.
    Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge, quand elle sentit une présence dans son dos.
    Elle se retourna.
    Personne ne la suivait, la plage était déserte, mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur le sable.
    Celles imprimées par ces pieds nus et …

    / …celles de pas chaussés, s’enfonçant légèrement derrière les siens.
    Abasourdie, elle chercha en vain une explication. Une angoisse, inconnue jusqu’à lors, la saisie.
    Devenait-elle cinglée? Y avait-il une explication rationnelle?
    Elle décida de faire quelques enjambées sur ce support qui dévoilait l’invisible et de se retourner à nouveau.
    Rien. Seuls ces deux pieds avait modelés le sable.
    Ce n’était pas la première fois que quelque chose de cette nature arrivait. Le matin, alors qu’elle prenait seul son petit déjeuner au balcon de son hôtel quatre étoiles, les cheveux encore ébouriffés de la nuit agitée de mauvais rêves qu’elle venait de traverser, le rideau se mit à danser, sans explication apparente. Le vent était tombé pendant la nuit et l’air était lourd. Elle avait ignoré ce détail inquiétant, se disant que la fatigue accumulée ces derniers jours lui jouait des tours.
    Elle commençait sérieusement à douter de sa santé mentale.
    Son médecin lui avait dit de prendre quelques jours de vacances dans un lieu paradisiaque pour oublier le dramatique accident de voiture auquel elle avait assisté, impuissante, depuis son magasin. Une voiture filant à toute allure avait grillé un feu et happé, sur le passage piéton, une petite fille, vêtue d’une robe rose et de deux couettes légères, qui traversait la rue.
    Son corps avait été propulsé avec une violence inouïe sur la vitrine derrière laquelle elle se trouvait, elle, la gérante de l’échoppe.
    Sous le choc, elle n’avait plus dit un mot pendant des semaines. Aujourd’hui qu’elle reprenait confiance en elle, que les images horribles qui la hantaient semblaient peu à peu s’effacer, ces apparitions furtives mais réelles prenaient possession de ses peurs… Et si… Et si ces petits pas dans le sable étaient ceux de la petite fille ?
    Impossible, se dit-elle. Pourtant, au fond d’elle, tout au fond, elle savait que le fantôme de cette vie cueillie trop tôt était là, à ces côtés, sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi…

  5. gepy dit :

    La mer commençait à se retirer.
    Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge quand elle sentit une présence dans son dos.
    Elle se retourna.
    Personne ne la suivait, la plage était déserte, mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur le sable.
    Celles imprimées par ses pieds nus et celles d’une paire de chaussures visiblement d’homme. Ces traces étaient plus profondément enfoncées dans le sable que les siennes. La pointure semblait approximativement être du 44.

    Une bouffée d’angoisse commença à l’envahir.
    Elle scruta rapidement l’horizon. Son regard s’intensifia à la recherche du moindre détail anormal.
    Elle développa son ouïe pour repérer tout bruit inhabituel.
    Elle sursauta de peur à l’envol de quelques mouettes sur la mer. A ce moment, son imagination s’installa : un homme en combinaison de plongée sortirait de l’eau. Elle sourit de sa bêtise,mais non l’agent 007 ne surgirait pas !
    Mais, la sensation d’être observée persistait. Une certaine tension nerveuse l’envahit à nouveau. Des visions de films d’épouvante lui apparurent. Elle tenta de chasser ses idées lugubres de son esprit. « Arrête ton cinéma », s’encourageait-elle.

    Mais la peur était là, comme un mauvais pressentiment. Toujours poursuivie par cette impression d’être la proie d’un éventuel chasseur. Il lui fallait vite retourner à sa voiture sur le parking et partir, partir loin, s’enfuir, échapper à cette atmosphère de plus en plus lourde. Malgré tous ses efforts, elle perdait un peu de son sang-froid .
    Rejoindre son véhicule, oui, mais c’était revenir sur les empreintes de cet homme.
    Mon dieu ! Prendre son courage à deux mains, respirer un grand coup et courir sans réfléchir. Vite, aller à la voiture, ne pas penser.
    Elle arriva sur une dune,essouflée. Son cœur s’accéléra lorsqu’elle perçut le frottement d’un papier plastique sur les barrières en bois.
    Elle fut envahie de terreur.
    Elle avait comme l’odeur d’un déodorant d’homme dans le nez. Fabulation ou réalité ?
    Elle ne savait pas, elle ne savait plus.
    Elle arriva à la hauteur des sapins. Elle aperçut une ombre furtive bouger derrière l’un d’entre eux.
    Vite, avancer, tête baissée, ne pas regarder, foncer… Surtout ne pas penser. Ça y est, elle voyait sa voiture. Les clefs, sortirent les clefs, tout de suite, maintenant, ne pas perdre de temps ;
    elle les chercha précipitamment dans son sac, les trouva, les sortit et les fit tomber sur le sol sablonneux. Non pas maintenant, réfléchir, ne pas se précipiter, ramasser les clefs… Tout allait bien, se rassurait-t-elle, tout allait bien.
    Elle essaya de calmer ses pas, ses gestes. Elle tremblait de tout son corps lorsqu’elle débloqua les portes de la voiture. Ouvrir la portière, vite, se jeter sur le siège et refermer la portière, vite, ne pas chercher à comprendre quoi que ce soit ; se protéger dans la voiture.
    Elle claqua la porte, prit soin de se barricader et s’effondra en sanglots.
    Au bout de quelques minutes, elle se ressaisit, s’essuya les yeux. Ouf, ça va mieux mais quelle terrible trouille !
    Elle éclata de rire, d’un rire nerveux mais libérateur.
    Elle soupira de soulagement, se ressaisit et démarra tranquillement.
    Soudain, elle blêmit, le cœur quasi à l’arrêt. Un regard noir et pervers apparut dans son rétroviseur. Un homme au visage barbu se montra derrière son épaule.
    Elle frissonna et hurla d’un cri de désespoir qui se perdit dans le vide, sur ce chemin sableux de ce bord de mer.

    Gepy

  6. Christine Macé dit :

    Cherlock était dubitatif, et de surcroît de mauvais poil : être dérangé pendant ses vacances était la chose qu’il détestait le plus au monde ! Décidément, tout foutait le camp ! Il pensa un instant contacter son cher Watson pour lui annoncer qu’il voulait rentrer, séance tenante, dans sa non moins chère Angleterre.
    Pourquoi n’en fit-il rien ? Il n’aurait su le dire à cet instant. Quelque chose persistait à l’intriguer dans cette histoire…
    Qui était cette fille qui lui avait téléphoné en plein après-midi, à l’heure de la sieste ? Réveillé, et de méchante humeur, le détective n’avait pas été des plus agréables avec la mystérieuse correspondante qui n’avait même pas eu la correction de décliner son identité. Il avait juste compris qu’elle avait peur, mais ne pouvait dire de quoi. Elle parvint tout de même à lui expliquer qu’elle marchait sur la plage quand, s’étant retournée, elle avait découvert d’autres marques de pas, parallèles aux siennes : il n’y avait pourtant personne alentour, elle le jurait, le criait presque dans l’appareil. Cherlock lui avait demandé de se calmer. Elle avait raccroché.
    L’après-midi était belle, le vent avait chassé les nuages de la mer vers la terre, le ciel était insolemment bleu : la Bretagne dans toute sa splendeur. Cherlock, qui était plutôt casanier, retrouvait là une atmosphère voisine de celle de sa Grande Bretagne, condition essentielle pour qu’il consente à traverser le Channel et séjourner quelques jours dans l’unique hôtel ce petit village de pêcheurs où il louait invariablement la même chambre avec vue sur mer. La propriétaire de l’établissement, une grosse femme au visage rubicond, l’accueillait tous les ans avec le même sourire spontané et un « hello Sir ! », seules paroles en anglais qu’elle prononçait. Cherlock en profitait lui pour tenter d’améliorer son niveau de français, une langue qu’il appréciait pour la subtilité de ses nuances.
    Il quitta l’hôtel et descendit les quelques marches qui menaient au port. Ca sentait le goémon à plein nez et le détective trouva dans ses relents maritimes de quoi tonifier ses neurones encore vaguement embrouillés par sa sieste brusquement interrompue. Au loin, on voyait les îles et la marée remontait doucement : il avait juste le temps de faire l’aller et retour. Il retroussa ses pantalons et marcha plein ouest.
    Pour atteindre Boëdic, Cherlock emprunta le chenal dont il ne fallait pas dévier sous peine de s’enliser dans le sable noir et mouvant ; puis il franchit une barrière de fougères hautes comme un homme : cette conquête d’un territoire vierge n’était pas pour lui déplaire, faisant renaître en lui l’instinct du fin limier. Tout à ses pensées conquérantes, il faillit chuter sur un bout de menhir caché par la végétation. Il se retint de proférer ce juron indigne qui lui brûlait les lèvres et débarqua enfin sur la plage, ayant retrouvé ses esprits et facultés d’analyse. Elle s’étendait, immense, formant un arrondi gracieux. Côté mer, on y voyait une tour, flanquée dans le sable humide ; côté terre, une seule maison aux volets clos semblait elle aussi défier la mer et le vent. Cherlock traversa délicatement une zone de coquillages pour se retrouver sur le sable sec, les yeux rivés au sol en quête de ces fameux pas. Pour le moment, seuls les siens s’imprimaient derrière lui : il constata à plusieurs reprises qu’il il n’y en avait pas d’autres.
    Un moment plus tard, Cherlock arriva au bout de la plage et se retourna pour rebrousser chemin. Cette promenade l’avait définitivement revigoré mais il était clair qu’elle mettait un terme à cette histoire rocambolesque, née d’une imagination fertile en légendes du pays breton.
    C’est alors qu’il aperçut des marques de pas comme si quelqu’un avait marché près de lui, un peu en retrait. Ce qui était d’autant plus étonnant qu’il n’avait vu ni entendu personne se rapprocher et n’avait pas cessé de surveiller le territoire. Il refit donc le chemin à l’envers, prenant soin de progresser dans ses anciennes traces le long desquelles se dessinaient clairement celles de pieds qu’il jugea féminins. Diantre ! Voilà qui remettait en cause ses doutes quant à l’intégrité de la mystérieuse interlocutrice. Cherlock leva les yeux : le ciel s’assombrissait sur Boëdic, l’île jumelle, et la mer avait gagné du terrain plus vite qu’il ne l’aurait imaginé. Le chenal, de l’autre côté, serait rapidement recouvert pas les eaux, rendant impossible tout retour vers la terre. Le détective prit le parti de suivre les pas jumeaux qui, en s’écartant des siens progressivement, partaient vers la maison aux volets clos.
    On ne sût jamais ce qui était arrivé au fameux détective : Watson chercha en vain une raison plausible pour expliquer la disparition de son ami. Longuement interrogée, la logeuse répéta qu’elle était au village quand le monsieur anglais avait quitté sa chambre, qu’à aucun moment il ne lui avait donné l’impression de vouloir mettre fin à ses jours, que c’était insensé ! Elle pleura généreusement. Quelques journalistes locaux couvrirent l’évènement qui fit le tour des bistrots, multipliant les tournées et déliant les langues sur des histoires plus terrifiantes les unes que les autres, pour le plus grand plaisir des rares touristes de passage. Puis tout se calma et la vie reprit son cours.
    Sur Boëdic, si un jour vous allez, prenez garde ! Et si vous apercevez, à côté des vôtres, de mystérieuses traces de pas, fuyez à toutes jambes ! Car on chuchote depuis, à la veillée, qu’une fée-sorcière y sévit, une sœur de Morgane, égarée un soir d’orage et qui rôde en quête du promeneur qu’elle charmera pour l’emmener dans la lande danser la sarabande.

    Bon dimanche à tous, Christine

  7. Durand Jean Marc dit :

    La mer commençait à se retirer.

    Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge, quand elle sentit une présence dans son dos.

    Elle se retourna.

    Personne ne la suivait, la plage était déserte, mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur le sable. Celles imprimées par ses pieds nus et deux autres plus larges et palmés.

    Elle avait toujours autant de mal à s’habituer à sa nouvelle situation. Pourtant son programme actuel était limpide, inéluctable. Se jeter à l’eau et nager des kilomètres, des dizaines de kilomètres, des centaines de kilomètres.

    A cette condition, elle ne pouvait que réussir.

    Son nouveau profil devait lui permettre d’atteindre tous les sommets.

    Son manager avait été catégorique. Cette dernière greffe avait parfaitement réussi.

    Une nourriture équilbrée à base de poissons, d’insectes et de jus de kakü, un entraînement assidu ne pouvaient que lui assurer un triomphe.

    Forcément, elle deviendrait la prochaine reine des championnats martiens de natation.

  8. Antonio dit :

    La mer commençait à se retirer.
    Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge, quand elle sentit une présence dans son dos.
    Elle se retourna.
    Personne ne la suivait, la plage était déserte, mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur le sable.

    Elle se retourna à nouveau, les pas avançaient, un, deux, trois, quatre, les deux derniers s’effaçant quand deux nouveaux prenaient place devant. Un, deux, trois, quatre, ils la suivaient, c’était clair. Pourtant personne ne semblait imprimer ces traces par des pieds vivants, en marche derrière elle.
    « Il y a quelqu’un ? »
    Un, deux, trois, quatre, pas de réponse.
    « Je sais que vous êtes là. Qui êtes-vous ? »
    Un, deux, trois, quatre, pas de réponse.

    Son cœur s’accélérait, un, deux, trois, quatre, ses bras amplifièrent le reflux, un, deux, trois, quatre, elle aurait voulu courir, prendre les vagues à son cou, disparaître en un clin d’œil et revenir en tsunami pour effacer ses pas à jamais.
    Seulement les pas suivaient son rythme plus que jamais, un, deux, trois, quatre, dans le même mouvement, réguliers, en mesure avec le tremolo de l’écume qui frémissait sur le sable, un, deux, trois, quatre, ssssch…

    Le jour s’estompait, la nuit s’installait, la lune aux premières loges, belle, toute en rondeur dans sa robe orangée, des crabes arrivaient en nombre, alignés prêts à entamer le madison, des bigorneaux, des patelles, tout un petit monde se posaient ça et là face à la scène.
    « Qu’est-ce qu’on joue ce soir ? » demanda une patelle accrochée à son rocher avec ses sœurs.
    « Aucune idée, lui répond l’anémone en service. En tout cas ça swingue déjà »
    Et d’ajouter : « Je vois qu’on est à marée basse, je vous sers quoi mesdemoiselles ? »

  9. Hazem dit :

    La mer commençait à se retirer.
Elle marchait depuis un moment sur le sable vierge, quand elle sentit une présence dans son dos.
Elle se retourna.
Personne ne la suivait, la plage était déserte, mais il y avait l’empreinte de quatre pas sur le sable.
Celles imprimées par ces pieds nus et celles d’autres pieds, plus larges et massifs.
    Elle soupira laissant s’enfuir la tension qui serrait son ventre, relâcha ses genoux pour retrouver leurs souplesses et rebond, ses épaules s’affaissèrent et en adressant un sourire sur sa droite dit :
    « Tu m’as fait peur Hector ! Tu t’amuses toujours ainsi ! un vrai courant d’air !
    – Oui, tu as raison, il fait frais, mais j’avais vraiment envie de marcher un peu aujourd’hui. J’en peux plus, avec les hurluberlus qu’il y a là-dedans, la bouillie verte de midi et la télé bloquée sur direct 8, j’en peux plus !
    – Non hier, c’était une sortie en groupe au parc d’attractions.
    – Ho non, si tu nous avais vus, moi je me tenais à carreau, mais certains n’ont pas de gêne et les gens qui regardent encore moins.
    – J’ai fait deux fois un de ces manèges avec des nacelles suspendues, on se croit volé dedans et si on ferme les yeux, c’est comme si un nuage te remue tout l’intérieur en douceur.
    – Oh non ! Tu as raison ! Ils ne peuvent pas me lâcher la grappe un peu, je ne vais pas m’enfuir non plus, habillé comme ça !
    – Au revoir Hector, tu viendras demain ?
    – S’il te plaît, même si je ne sors pas, viens à la fenêtre comme d’habitude.
    – Peu importe s’il pleut, viens s’il te plaît. »
    Les appels se firent insistants, alors elle rebroussa chemin vers le grand bâtiment de ciment. Seules ses empreintes marquèrent le sable humide et froid, triste comme son coeur.
    « Tu vas trop loin, Margarethe. Un infirmier t’accompagnera la prochaine fois si ça continue. C’est l’heure de ton rendez-vous avec le docteur, suis-moi s’il te plaît. »

    Hazem

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