LIVRE EN NOUS critique littéraire d’un club de lecture (7)
« Charlotte » de David Foenkinos
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– un véritable choc, une émotion intense ressentie à la découverte de l’histoire de cette famille marquée par une succession de suicides, de cette jeune fille juive conduite inexorablement à Auschwitz
– tous ces questionnements : quelle est la part du réel découvert par l‘auteur et l’imaginaire créé par lui, du vécu vrai de l’histoire entre Charlotte et Alfred et des propres fantasmes de la jeune fille ?
– pour certains la confirmation d’un auteur de talent découvert grâce à ses livres précédents (« La délicatesse » « Souvenirs ») ; pour d’autres, peu enthousiasmés au contraire à la lecture de ces mêmes ouvrages, la découverte d’un auteur qui méritait amplement une seconde chance
– une forme d’écriture originale, de la poésie en prose – dont certains ont craint d’être rebutés et qui ont été finalement séduits. Cette forme d’écriture tend à alléger une histoire poignante, à libérer le lecteur d’une oppression en rendant plus respirable cette insoutenable tragédie et maintient malgré tout l’émotion dense et intacte
– La publication de cet ouvrage ainsi que les deux prix attribués (Renaudot et Goncourt des lycéens) ont sorti de l’anonymat une artiste d’un immense talent injustement méconnue du grand public. Les membres du club espèrent que la notoriété née de la publication du livre de Foenkinos suscitera de la part de galeristes ou de directeurs musées l’idée de mettre en place des expositions sur ses œuvres
– l’aspect « documentaire » «recherche biographique » intervenu au milieu du livre a été jugé dérangeant. Il aurait mieux trouvé sa place dans un prologue
Vous pouvez consulter sur YouTube plusieurs interventions de David Foenkinos sur son ouvrage notamment :
https://www.youtube.com/watch?v=-AIcXMLoKTQ
https://www.youtube.com/watch?v=clIbzmIMCyU
« Maus » d’Art Spiegelman |
« Spiegelman nous raconte l’histoire de son père, rescapé des camps de concentration. L’histoire alterne les rencontres entre l’auteur et son père et les souvenirs du dernier. Heureusement, les vignettes « contemporaines » injectent une dose d’humour grâce aux dialogues entre le père et le fils, car le reste est proprement effroyable. Ce destin particulier est peut-être plus touchant que l’histoire globale de l’holocauste.
On s’attache à cette famille parce que l’on apprend à la connaître, elle prend pour nous une réalité qui fait ressortir l’horreur. »
– il s’agit d’une BD de grande qualité – peu facile d’accès – et de littérature au vrai sens du terme. Beaucoup de réalisme tant dans le texte que les dessins malgré le fait que ce soit une BD
- cette BD foisonne – peut-être plus le second opus – de liens avec d’autres fictions (« Le Choix de Sophie » roman de William Styron, « Un secret » roman autobiographique de Philippe Grimbert…)
- bien que l’histoire de la Shoah ait fait l’objet de multiples fictions, celle-ci parvient à nous surprendre et à nous interroger encore et encore
- le parti pris de la BD, d’abord plus facile, a pu ou peut inciter les jeunes générations, a priori peu intéressées par l’Holocauste, à la découvrir par ce genre littéraire et, de plus, alléger l’oppression ressentie à la lecture
- le choix du noir et blanc est justifié en raison du fait que ce soit la guerre et qui plus est d’un épisode particulièrement horrible de celle-ci
– la caricature du Juif avare et prêt de ses sous a été jugée gênante
- le fait qu’une telle tragédie soit représentée par des animaux et de plus dans une BD genre jugé un peu léger en a incommodé certains
- les clichés sur le choix des animaux censés représenter les humains par nationalité ou religion : les souris (les Juifs) chassées par les chats (les Nazis), les cochons (les Polonais), les chiens (les Américains), la grenouille (la Française) et les porcs-épics (les Israéliens qui ne figurent pas dans la BD mais il s’agissait d’une intention de l’auteur)
- cette histoire familiale et personnelle est traitée de manière très détachée, peut-être en raison de la distance instaurée entre le père et le fils, du fait que ce soit une BD, de la narration d’Auschwitz faite à des moments indus et dans des endroits peu appropriés (sans qu’aucune intimité entre père et fils ne soit préservée)
- beaucoup de difficultés à entrer dans cette BD en raison du graphisme noir voire sombre.
bonsoir Beautreillis. Malgré les apparences, ce club de lecture n’est pas dédié à la Shoah : seul le hasard né du vote des participants l’a voulu.
Les réunions de ce club « Livres entre nous » ont lieu Gare du Nord et nous n’avons pas encore abordé G.Simenon, R.Van Gulik, K.Blixen, A.Strindberg et H.Ibsen
J’imagine que les réunions de ce sympathique club de lecture parisien se tiennent rue des Rosiers