Le stylo reprend du poil de la lettre
On le croyait mort et enterré comme les buvards et les encriers, on se trompait. Après avoir pris un coup de vieux depuis l’avènement des ordinateurs, puis mis au placard pour laisser la place aux écrans tactiles des tablettes et consorts, le stylo reprend du poil de la lettre.
Il semble qu’à l’usage de nombreuses personnes se sont rendu compte qu’elles ont plus vite fait de prendre une note avec un stylo et du papier qu’avec leur mobile. Il est vrai que déverrouiller le téléphone, ouvrir l’application ad hoc, taper le texte, l’enregistrer, remettre en veille l’appareil et le glisser dans une poche ou dans un sac prend beaucoup plus de temps. Sans compter que la batterie est parfois à plat au plus mauvais moment…
Les détracteurs du stylo objecteront, non sans raison, que certains appareils, tels les Samsungs, ont un stylet incorporé permettant d’écrire rapidement un brouillon dès qu’on le sort de son logement et un système de reconnaissance d’écriture remarquablement performant. Certes, mais il faut débourser entre 500 et 700 € pour ce type d’appareil. Avec une telle somme, on peut acheter des carnets et des stylos pour plusieurs vies.
D’autres accros au porte-plume ravis par ce revirement en faveur du stylo insistent sur le toucher du papier. Tandis qu’une main écrit, l’autre s’y frotte comme dans un échange sensuel avec une peau, s’extasient-ils.
Et comme toujours, il y a quelque part un psy pour dire que l’écriture sur papier incite inconsciemment à mieux choisir les informations orales que l’on souhaite noter et donc retenir. Alors qu’avec un clavier, on note ce que l’on entend sans vraiment se focaliser sur ce qui est dit. Sans compter quelques chercheurs qui avancent que le mouvement de la main lorsqu’elle trace des lettres active des zones du cerveau alors que le clavier numérique les laisse en friche.
Donc, le bon vieux stylo peut espérer un retour en grâce, d’autant plus que la technologie numérique, qui devait le terrasser, vient à son secours. En effet, des stylos connectés permettent aujourd’hui de mémoriser une note que l’on écrit, la garder en mémoire dans « son capuchon » et de la restituer sur papier le moment venu. Voire, de la transmettre dans les nuages sur des services de stockage en ligne comme Dropbox, google Drive, iCloud et compagnie.
(...). Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe. (...)
Le Petit Prince, St-Exupéry
Clin d’œil…insolent….
il me revient des images de cette pub où un mari bienveillant tentait de convaincre sa gentille épouse d’utiliser une tablette plutôt que des post-it dispersés…
jusqu’au jour, où, seul dans les toilettes, Monsieur constata qu’il n’y avait plus de papier…
– Papier, hurlait-il à plein poumon…
Une tablette glisse doucement sous la porte; sur l’écran: l’image d’un rouleau de papier de toilette.
Moralité: on a toujours besoin d’un petit bout de papier sur soi….
À tous,
Non il n’y a aucune faute dans le texte de Pascal. Je viens de le passer en totalité sur plusieurs correcteurs d’orthographe qui sont sur internet gratuitement, et sur le mien (Antidote) que j’ai payé, et la phrase est correctement écrite. C’est la forme pronominale donc pas d’accord.
Par contre, si on la tronque et si l’on vérifie juste avec : « … de nombreuses personnes se sont rendu compte », on trouve une impropriété, car là il faut écrire « de nombreuses personnes s’en sont rendu compte »…
Sur l’ordi (non je précise pour les puristes, ordinateur)on écrit dans la forme « parlée », qui est la plus compréhensible à tout un chacun. Si l’on se mettait à utiliser dans une discussion tous les subjonctifs et autres subtilités de notre belle langue, je pense que 90% des gens ne nous comprendraient pas et nous traiteraient de « vieux ringards ».
On ne devrait pas non plus utiliser les abréviations ni les anglicismes et tant d’autres choses que l’on ne s’y retrouve plus.
Merci, Pascal pour vos belles rubriques, continuez, sans vous inquiétez des grincheux. Votre travail est formidable.
Henriette
Il n’y a rien à faire, du papier sinon rien ! En tous cas pour lancer l’idée… Après, le côté pratique reprend le dessus et l’ordi rend quand même les choses bien faciles pour raturer, copier, coller… et pour partager les textes 🙂
Moi, j’ai besoin des deux, et je ne peux me passer ni de l’un ni de l’autre ! Je suis gourmande me direz-vous, mais des stylos il y en a dans toutes les pièces de la maison, avec des petits calepins ou bouts de papier, car j’ai toujours besoin de noter, une idée, une pensée, un souvenir qui me revient et qui peut m’être utile, et pour cela il ne me viendrait pas à l’idée d’ouvrir mon portable qui reste pour moi un objet qui sert à téléphoner (vu mon grand âge les touches sont bien trop compliquées, pourtant je me risque quelquefois aux textos… )
Par contre pour écrire une histoire je suis liquéfiée devant la page blanche du cahier, mais inspirée devant mon écran. Mes doigts courent et s’agitent sur les touches et voilà c’est parti mes doigts sont en connexion avec mon cerveau.
Je me sers tout de même du cahier pour les notes et le suivi de l’histoire.
Les deux sont utiles et ne sont pas prêts, je pense, à partir au rebu.
Henriette
Merci Pascal. J’adore vous lire (quelle merveilleuse découverte que votre site) et de constater que le stylo a encore sa place, je me sens donc un peu moins comme une extra-terrestre en abusant de la chose. J’ai tenté d’y aller directement sur l’ordinateur, ça fait pour quelques lignes mais force m’est de constater que pour moi, c’est en me déversant sur du papier en premier que j’arrive à me vider le cerveau, et ensuite, c’est l’ordinateur qui fait le reste du travail. C’est long et parfois laborieux mais c’est ma méthode… pour l’instant. Tous vos bons conseils sont autant de petits trésors pour moi et lire les commentaires des gens est très formateur. Merci encore.
Sylvie, vous n’êtes pas la seule à passer d’abord par le papier, quand je cherche des idées c’est toujours ainsi que je je procède. Amicalement
Il faut le voir mon index sur le dos du stylographe, comme il se tient en équilibre dessus et surfe sur les vagues des lettres qui s’enroulent et s’éclaboussent sur ma plage blanche.
Il faut les voir mon pouce et mon majeur, comme ils lui tiennent la planche pour ne pas qu’il dérape.
Il faut les voir ces trois doigts-là s’éclater ensemble dans les interlignes, tout schuss dans les lié, les majuscules et les ratures. Quel pied !
Stylographier (curieux que le mot n’existe pas), c’est une sensation, un plaisir de glisse avant tout.
Mais enfin Pascal, enterrer le stylo, c’est comme si aux sports d’hiver on descendait la montagne sur sa console sans quitter Paris. 😉
Ah oui, je voulais dire aussi : j’adore le mot ‘stylographe’ que je n’ai jamais utilisé (à vrai dire, j’ai jamais su qu’il existait) … alors j’en abuse !
Dans votre cas on pourrait dire skilographier!
Bonjour
Permettez moi de signaler une ou deux fautes d’orthographe au premier paragraphe.
J’aime beaucoup l’idée revalorisant l’écriture et ses bon vieux outils mais le style m’a paru un peu trop technique. C’est peut-être parce que j’ai beaucoup de nostalgie en repensant à ma table d’écolière sur laquelle je posais ma trousse pleine de stylos multicolores et de crayons de couleur, mon cahier à la couverture fantaisie et l’étiquette avec des fleurs sur laquelle je m’appliquais à écrire mon Nom-Prénom-Classe avec ma plus belle écriture.
Merci de m’avoir fait revivre ça.
Bonjour Waryam. Je viens de relire trois fois le premier chapitre, je ne vois pas de faute. Mais, comme vous le savez, je suis dyslexique, pouvez-vous me les signaler ?
Amicalement
Pascal
Bonsoir Pascal. Moi aussi j’ai relu plusieurs fois le premier paragraphe et tout le reste de votre tribune très pertinente et je n’ai pas trouvé de fautes.
Se sont rendu compte est juste ; il ne faut pas accorder rendu. Je ne vois que ça qui pourrait faire douter.
Merci de nous offrir de si belles chroniques autour de l’écriture. Une petite question : vous ne vous reposez jamais ?
Amicalement.
Fany
Bonsoir.
….nombreuses personnes se sont rendu compte… Je crois que rendu devrait prendre -es- à la fin
Je crois profondément que lans la langue l’orthographe est important.
Ceci ne diminue en rien de la qualité du blog ni de l’effort nécessaire pour bien le gérer.
Oups, j’ai écrit lans au lieu de dans
Comme quoi on se trompe tous, c’est humain
C’est moi qui suis en faute car rendu est dans ce cas invariable.
Alors désolée.
Qu’importe si quelques fautes se glissent par-ci par là
quand le sujets sont intéressants.
Aaaah! les beaux cahiers tout neufs! les stylos choisis avec soin pour leur style ou leurs couleurs! Souvenirs de rentrée des classes. Encore maintenant je me laisse prendre à leurs charmes.
Et pourtant! C’est bel et bien sur un clavier d’ordinateur que j’écris le plus volontiers:
Mon écriture est faite d’errances, de remords, d’hésitations constantes qui s’accommodent mieux des touches d’effacement de l’ordinateur que des ratures qui en se multipliant rendent mon texte parfaitement illisible. j’ajoute que j’écris comme un chat, en pattes de mouche, pour écrire plus vite, et que même ainsi mon écriture n’arrive pas à suivre mes divagations, ce qui fait que fatalement le temps d’écrire ma phrase au stylo je ne sais plus ce que je voulais mettre derrière!
J’ajoute que quand j’achète un beau cahier c’est pour moi un crève-cœur de l’entamer et de noircir ses belles pages blanches en écrivant dessus.
Et le pire dans l’histoire, c’est qu’avant l’arrivée des ordinateurs je faisais une allergie complète au clavier des machines à écrire!!! Mais ceux-ci n’avaient pas de touche d’effacement et ne permettaient pas de revenir en arrière! La moindre erreur obligeait à recommencer toute la page!!!!
Alors voilà! Non, décidément, pour écrire,vive l’ordinateur!!
Au fait: rien que pour écrire ce court avis j’ai au moins fait douze effacements et maintes corrections de mots. alors? CQFD?
Amitiés à notre animateur préféré.
Ecrire tout un roman dans un transat, au milieu des petites fleurs : chapeau ! Et ensuite, vous envoyez le cahier à votre éditeur ?
L’été dernier, assise dans mon transat au milieu de ma prairie de fleurs, j’ai écrit un petit roman sur un cahier avec un bon vieux stylo. Comment aurais-je pu lui donner le jour avec mon ordinateur portable sur les genoux ? Mon stylo n’a pas besoin d’être rechargé toutes les deux heures, je n’ai pas eu à consulter mon kiné pour mes cervicales en vrac, ni mon ophtalmo après m’être détruit les yeux sur un écran illisible en plein jour . Amicalement. Fanny