Le haïku, un tweet poétique à portée de toute plume
Le haïku, sorte de fragment de vie poétique, doit son succès en occident à sa brièveté. Des milliers de personnes s’y adonnent. Très bref et condensé, le haïku est une sorte de tweet des temps anciens. Un signe de vie exprimé avec un minimum de mots.
S’essayer au haïku sans chercher à imiter un maître, tel Bashô est un très bon exercice pour entretenir sa créativité.
Des instants de présent
Le haïku est à la portée de toutes les plumes, surtout si on ose prendre de libertés avec les règles absolues : 17 syllabes en une suite rythmique très codifiée :5/7/5
Capter un instant de présent (haïku) est possible n’importe où et à tout moment. Il suffit d’ouvrir en grand sa réceptivité, d’intérioriser l’essence de l’instant ressenti et de le traduire en une phrase, sans chercher à poétiser.
Nul besoin de se trouver dans un lieu de culte ou devant un paysage mystique pour ressentir ce que nos cinq sens perçoivent quand on les tient sur le qui-vive. Quel que soit l’endroit où vous vous trouvez, considérez que vous êtes dans un temple. Celui de la vie. Il suffit d’ouvrir, de lever, ou de baisser les yeux, pour découvrir de nouvelles sources d’inspiration.
Un conseil : si vous tentez l’expérience ne cherchez surtout pas la perfection. Laissez faire votre ressenti; écrivez ce qui vous traverse l’esprit à un moment donné. Les phrases que vous produirez seront peut-être modestes, cela n’a pas d’importance. Le but de cette écriture jaillissant en un instant très court, est d’exacerber votre sensibilité créatrice.
[Dyslexie_fautes][/Dyslexie_fautes]
Le sable mouvant
enseveli l’amour de
ma vie.
y-l
J’ai entendu récemment une personne à la radio, qui a donné sa définition du haïku :
« Une phrase jolie et courte avec un sursaut de pensée! »
Belle formule.
Je suis désolé de n’avoir pas retenu le nom de cette personne.
gentil par delà la vie
certain de rire, de sourire
le gentil reste ton ami.
Une graine. Deux petites feuilles.
Dix feuilles. Cent feuilles.
Une liane qui envahit tout.
l’oignon dans le fond
me larmes les yeux.
y.l
J’ai vu le ballet des grèbes
Leur parade nuptiale.
Je n’avais plus de bague à t’offrir.
La coccinelle sur la feuille
Apprend le juste compte
De ses points!
Le peuplier nargue
Sur la digue
La raideur de l’homme.
du rose et du bleu
arc en ciel coupé en deux
à dix-huit heures deux
Un brouillard givrant
A muré les beaux yeux bleus
De son vieil amant.
haïku de réaction suite aux mesures anti-immigration de Trump :
rouge-gorge mort dans ma cour
frontières fermées
il pleut
le 30 janvier 2017
Femme ne vit point
Par la force de ses poings
Et fait son chemin
On peut vivre sans
D’autres ne vivent qu’avec
Trop de sentiments
Il ne faut pas plus
Beaucoup en demande moins
Question de besoin
Faire la liste
Trouver la bonne piste
Etre l’artiste
Marche de Bronze
Récompense en argent
Médaille en or
Oh mais qui est je ?
Etrange est-ce bien moi
Miroir es-tu moi ?
J’entend dans les bois
Le doux chant du haïcoucou
En cinq à sept cinq!
Forme très restreinte:
17 syllabes en trois vers (5-7-5).
C’est le Haïku
Tête vide
Yeux brouillés
Jambes lourdes
Dos courbé
Le temps me nuit
La nuit s’impose
Jeunesse
Que ne t’ai-je plus longtemps goûtée
L’écorce de l’orange, pliée,
En un clin d’œil acide
M’a arraché une larme
Balade mâtine
La mer dans l’eau céans
L’enfant badine
La rive
dans le vague
regarde l’amer
j’aime :
la rive
dans le vague
regarde l’amer
Marie
Au fond du jardin de sa vie
Le vieux sur son banc
Comme la peinture a séché.
Un rocher dans la mer
Sur la mousse rousse
Le ballon glisse.
N’y cours pas,
Le bonheur a quitté le pré,
Depuis longtemps
Il est là,
Bien proche de toi,
Au plus près de ta prairie.
Boule de poils
Le présent s’est étiré
Boule de plumes
Le passé s’est envolé.