Le cliché mignon

clicheUne étrangère, installée en France depuis quelques années, écrivait un roman. Elle souhaita avoir mon avis sur les 30 premières pages de son texte, rédigées dans notre langue.

L’entame de son futur roman était truffé de clichés et de lieux communs. Un toutes les deux ou trois phrases ou presque. Lorsque je lui ai dit que ces expressions stéréotypées étaient à proscrire ou à employer parcimonieusement, elle fut stupéfaite. Je ne comprends pas, me dit-elle, je les trouve très expressives, très imagées et vivantes. Elles disent tout en quelques mots !
Cette personne ne parlait pas le français en arrivant à Paris, elle l’avait appris in vivo ; ces expressions populaires, glanées ça et là, l’avaient séduite.

Un cliché est généralement séduisant quand on le rencontre pour la première fois. « L’insight » produit est si fulgurant qu’il frappe immédiatement l’esprit. Sa mémoire s’en était donc imbibé telle une éponge (cliché).

Je vous raconte cette anecdote car elle est symptomatique de la contagion sournoise des clichés. Dès notre enfance et jusqu’à notre mort, notre cerveau est constamment contaminé par eux.
Il est d’abord embrumé par les clichés colportés par nos géniteurs, la famille et l’école. Puis, une fois adulte, par ceux des politiques et des médias qui enfoncent le clou (cliché) en ressassant quotidiennement les mêmes paroles et écrits.

Si bien que notre mémoire plongeant ses racines dans ce fatras d’idées reçues, il est très difficile de parler et d’écrire autrement qu’avec du prêt-à-penser.

Comment sortir de ce mode de pensée automatique ? Comment résister au réflexe d’engager notre esprit dans ce couloir aérien où l’inventivité ne vole pas haut (cliché) ?
Par une prise de conscience. Quand vous croyez exprimer une idée originale, mettez-la sous les projecteurs (cliché) de votre clairvoyance puis examinez-la à la loupe. (cliché) 
Si elle ne vous paraît pas exotique, pas surprenante, voire, étrange ; si elle ne sort pas des sentiers battus (cliché) n’espérez pas trop d’elle.

7 réponses

  1. luxury bio dit :

    Si elle ne parait pas exotique, pas surprenante, voire étrange ; si elle ne sort pas des sentiers battus (cliché) n’espérez pas trop d’elle. Elle n’aura pas l’aura dont vous rêvez, elle ne vous invitera pas à la fantastique ballade que vous attendez.
    Vous patientez, attendez, réfléchissez, pensez à tout ce qu’elle pourrait dire ou vous faire dire.
    Vous attendez sagement, parfois activement qu’elle pénètre votre esprit, qu’elle s’y installe durablement pour y créer quelques nouvelles connexions.
    Vous la plongez volontiers dans les méandres de votre cortex cérébral afin qu’elle y ouvre quelques chemins jusqu’alors secrets.
    Vous voudriez la retenir, qu’elle se perdre dans votre esprit pour mieux la retenir prisonnière. Vous voulez vous l’approprier, la revendiquer, la clamer, la faire vôtre. Vous voulez lui servir de conducteur, qu’elle s’exprime à travers vous. Vous lui prêtez même quelques pouvoirs.
    Ces possibilités sont infinies, illimitées, elle est libre comme l’air de vagabonder au gré de votre inspiration. Non, si elle ne parait pas exotique ou étrange, laissez là tomber. L’imagination si elle ne sort pas des entiers battus, n’espérez pas trop d’elle.

  2. oholibama dit :

    Bonjour
    pas évident de s’y retrouver…
    surtout si, notre esprit en est imprégné,pour ne pas dire imbibé… Le  » je monte en haut chéri » peux tu  » descendre en bas » me cherché un…. me fait sourire.

  3. Tous ces clichés mériteraient bien une photo!
    Ne bougez plus! le p’tit poncif va sortir

  4. joailes dit :

    « Si elle ne vous paraît pas exotique, pas surprenante, voire, étrange ; si elle ne sort pas des sentiers battus (cliché) n’espérez pas trop d’elle. »
    Cette phrase est si belle (qui l’a écrite ?) qu’elle ne me paraît pas être un cliché.
    Un homme qui dirait cela à une femme « sortirait des sentiers battus » donc ne serait pas un cliché ; et la femme qui mériterait cette phrase non plus.
    Mais peut-être … suis-je une éponge …
    Merci pour ce beau partage.

  5. Stephanie dit :

    Personnellement j’utilise parfois un truc pour lutter contre le cliché, je décortique en détails l’image, minutieusement et ensuite je tente de raccourcir le texte. C’est amusant à faire !

  6. C’est comme le sucre, y’a addiction.
    Un exercice marrant: repérer les clichés dans les commentaires des journalistes d’informations à la télé: Parce que depuis le temps que « la tension est encore montée d’un cran » ou qu’on a « fait un pas en avant »….
    Et tout le monde connaît cette perle d’un homme politique des années 70:
    « Nous étions « au bord du gouffre » et depuis, nous avons « fait un grand pas en avant »!
    Mais à ce degré de raffinement dans l’interférence, ça devient presque de la poésie, non?

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