L’avis de gens qui n’y connaissent rien
Je connais un auteur débutant qui a demandé un avis sur son texte à une cinquantaine de personnes.
Une autre personne qui relit et corrige ses écrits sous les conseils de sa fille, prof de lettres. L’auteur d’un polar qui a adressé un questionnaire à toutes ses connaissances.
Les destinataires étaient invités à donner leur avis en répondant à 25 questions.
Pourquoi aborder ce sujet ?
Parce que je suis stupéfié par le nombre de débutants qui sollicitent l’avis, voire la bénédiction, de personnes qui n’y connaissent rien.
Oui, je dis bien : Qui n’y connaissent rien ! Ou pas grand-chose.
Ce n’est pas parce qu’on lit plus d’un livre par mois, ou parce qu’on a suivi des études de lettres, qu’on sait comment écrire une fiction ou connaît les erreurs de narration à ne pas commettre. À plus forte raison, les finesses pour appâter un éditeur, d’une part, et séduire des lecteurs, d’autre part. Certes, vos amis et connaissances peuvent, à condition d’avoir lu votre texte jusqu’au bout, dire : « j’aime ou je n’aime pas ».
Mais, comme disait ma grand-mère, « Ça me fait une belle jambe ! »
Votre entourage est certainement très sympathique et plein de bonnes intentions, mais il ne vous apprendra jamais comment écrire un bon roman .
Le succès d’un livre est un mystère, on peut, sans trop s’avancer,
dire qu’il tient à 3 choses :
– l’originalité de l’histoire
– la qualité du style, (c’est lui qui porte l’histoire)
– et la force du titre.
Vous aviez une histoire à raconter et vous l’avez fait ! Bravo !
Une fois le premier jet écrit, prenez quelques jours de repos puis relisez-le, tel un futur lecteur se demandant,
au fil des pages, « s’il en a pour son argent »
Une petite voix intérieure – votre meilleur critique – vous dira, au cours de cette relecture, si c’est une bonne histoire ou pas.
Faites-lui confiance. Ne l’entendez pas, seulement, écoutez-la.
Après quoi, il sera temps, de vous pencher sérieusement sur « comment c’est écrit ? ».
Là, vous aurez besoin d’un regard extérieur, de conseils, de recommandations, d’un avis sur votre style.
C’est une affaire de professionnels de l’écriture.
Mais soyez vigilant. Bien des « experts » se proposeront pour vous conseiller. Ils pullulent sur Internet.
Avant de vous décider, voyez déjà comment écrivent ceux qui vous promettent de faire de vous un écrivain.
Vous aurez quelques surprises…
Dites, flipperine ! Est-ce vraiment un commentaire ? Une réflexion sur le sujet ? J’en doute…
Oui Valérie, l’analogie est bonne.
Le risque, en se fiant à des amis lecteurs, c’est de s’illusionner et croire que notre texte fait l’unanimité. La controverse est nécessaire et salutaire.
une bonne réflexion
J’ai assisté récemment à plusieurs rencontres littéraires. Les auteurs (publiés) sont formels. Ne jamais faire lire un texte à un proche. Une erreur qu’on commet tous et qui n’apporte que déception. Selon Marie-Laure Hubert Nasser, c’est comme « voir un repas cuisiné longuement et avec amour, avalé en 5 minutes ».
Pour ce qui concerne les soi-disant coach en écriture, le conseil est précieux : d’abord regarder si eux-même ont écrit et ont été publiés ! Sous peine de grosses désillusions…
Vous avez raison Joailles, les ateliers d’écriture sont un bon moyen de partager le plaisir d’écrire.
De lire ses textes en groupe et de découvrir ceux des autres.
Cela dit, ce n’est pas le sujet de mon article, il s’adresse principalement aux personne souhaitant publier un ouvrage.
Mais je reviens aux ateliers d’écriture, un domaine qui m’est cher puisque je suis parmi les premiers à avoir créé un atelier d’écriture créative en 1984; peut-être n’étiez-vous pas née…
Je prépare un article sur ce sujet, notamment sur l’esprit des quelques précurseurs et celui qui prévaut aujourd’hui. Je sais déjà qu’il va en faire bondir plus d’un…
Amicalement
Bonjour Pascal,
Ce que vous dites est sans aucun doute très vrai, mais pour tous ceux qui participent à des ateliers d’écriture, et qui écrivent plutôt par plaisir que dans l’idée d’être publié, ne pensez-vous pas que c’est quand même agréable de partager des textes, des poèmes , et de savoir que d’autres prennent plaisir à les lire ? Pourtant ceux-ci n’y connaissent rien, comme vous dites, ne sont pas des professionnels … mais cela pousse à continuer d’écrire et à s’améliorer ; à chercher « à faire mieux la prochaine fois », à comprendre pourquoi certains sont beaucoup appréciés, d’autres moins, d’autres pas du tout …
Enfin, ce que j’en dis …
La merveilleuse aventure de l’écriture n’aboutit pas forcément à la publication, mais elle est un tel exutoire que cela en vaut bien la peine malgré tout.
Bonne journée, Pascal et merci.
Bonjour Pascal, vos conseils sont très justes, comme d’habitude.
Cela m’a évoqué un de vos billets dans lequel vous évoquiez une jeune femme qui voulait vendre un objet de grande valeur dans un vide-grenier. Ses clients potentiels n’y connaissaient rien. Devant sa déception, son père lui avait conseillé de le proposer à des antiquaires qui apprécieraient la valeur réelle de l’objet…
Faire lire son manuscrit à des gens qui n’y connaissent rien, c’est s’attendre à « j’aime… oui c’est pas mal…. » Sans intérêt !
« …voyez déjà comment écrivent ceux qui vous promettent de faire de vous un écrivain. »
Merci Pascal, un texte très pertinent et ce simple bout de phrase est tellement vrai!!
Ça me soulage aussi que la perfection ne soit pas de ce monde en voyant votre titre avec une lettre manquante 🙂
Amicalement,
Huguette
Ce petit S manquant je l’ai cherché longtemps. Merci Huguette.
S ainsi que les choses avancent ? Oui bien sûr, grâce à votre bienveillante vigilance.
J’avoue que, vu le sujet abordé de mon article, cette coquille est malvenue