J’en ai marre de cette vie !
HISTOIRE CHARGÉE D’ENSEIGNEMENT (3)
Un tailleur de pierres s’épuisait à creuser la montagne sous le soleil brûlant
« J’en ai marre de cette vie. Tailler la pierre c’est éreintant, et le soleil, toujours le soleil !
Ah ! comme j’aimerais être à la place du soleil, je serais là-haut, tout-puissant, irradiant le monde », se disait-il.
Or par miracle, son appel fut entendu et il se transforma en soleil.
Alors, il rayonna de toute sa splendeur. Mais, tandis qu’il s’amusait à brûler la terre, il s’aperçut que ses rayons étaient arrêtés par les nuages. « À quoi ça me sert d’être soleil, si de simples nuages peuvent stopper mes rayons ! s’exclama-t-il, si le moindre nuage est plus fort que le soleil, je préfère être nuage. »
Alors, il devint nuage. Survolant le monde, il répandit la pluie selon ses caprices, mais soudain le vent se leva et le dispersa.
« Ah !, le vent peut disperser les nuages, c’est donc lui le plus fort, je veux être le vent » décida-t-il.
Alors, il devint vent et il souffla de par le monde, provoquant tempêtes, bourrasques et typhons. Mais, subitement, il s’aperçut qu’un mur lui barrait le route. Un mur très haut et très dur. Une montagne. « À quoi ça sert d’être le vent si une simple montagne peut m’arrêter ? C’est elle qui est la plus forte ! » dit-il.
Alors, il devint montagne. À ce moment, il sentit quelque chose qui tapait. Quelque chose de plus fort que lui, qui le creusait de l’intérieur, un petit tailleur de pierre…
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com
Cette jolie fable me fait penser à Pierre Dac qui disait : « Celui qui dans la vie est parti de zéro pour n’arriver à rien dans l’existence n’a de marci à dire à personne ».
En réalité, et sauf erreur de ma part, nous sommes partis de peu de choses et restés au niveau du sol : « un grain de poussière » selon la bible, mais nous avons reçu un sacré coup de pied au c.. qui s’appelle tout simplement « la vie » et qui nous a fait décoller du sol.
Comme nous ne savons pas voler comme les oiseaux, mais en dérobant le bien d’autrui, nous allons forcément retomber au niveau du sol et probablement nous faire mal car nous n’avons pas de parachute intégré comme les graines de pissenlit.
Retomber où ?
Au même endroit, comme votre petit tailleur de pierre sur la montagne qui a été creusée (péniblement) par lui ?
Elle aussi en a marre d’être la victime de ce voleur qui lui arrache ses plus belles pierres en lui tapant dessus. Et elle va sûrement se venger de la pire façon.
Aïe ! Cette histoire risque de mal finir, et pas simplement de tourner en rond, comme un serpent qui se mord la queue.
Toutefois, comme je n’aime pas les histoires tristes, celle-ci se termine bien pour ce travailleur prudent et consciencieux… car il n’oublie pas de remercier la montagne qui lui offre ses plus belles pierres et un moyen de gagner sa vie, et même l’occasion de passer de belles vacances (si les stations ne sont pas fermées à cause d’un méchant virus).
Merci Jean-Pierre, pour cette extension du domaine de l’espoir. Amicalement, Pascale
Merci Pascal pour cette belle histoire. Une fable pleine d’enseignement ! Pour être heureux, il faut savoir changer de point de vue, savoir apprécier le sort qui nous est donné…
Merci encore.
Que je peux comprendre cette « légende personnelle » chère à l’Alchimiste de Paulo Coelho. Il faut bien souvent un long chemin pour s’apercevoir que le trésor est en fait en soi.
Et le tailleur de pierre guidé par ses mains, au delà de sa conscience. Il taille dans l’indicible de la matière. il y sculpte comme la suite d’une histoire. Ses marques d’outils raisonneront pour les âges à venir.
Ne ressentez vous pas quand vous caressez une pierre une source ?
Ce billet me fait penser à la fable de Charles Péguy et du tailleur de pierres
“ Se rendant à Chartres, Charles Péguy aperçoit sur le bord de la route un homme qui casse des cailloux à de maillet. Les gestes de l’homme sont empreints de rage, sa mine est sombre.
Intrigué, Péguy s’arrête et demande :
– « Que faites vous, Monsieur ? »
-« Vous voyez bien », lui répond l’homme, « je casse des pierres ». Malheureux, le pauvre homme ajoute d’un ton amer : « J’ai mal au dos, j’ai soif, j’ai faim. Mais je n’ai trouvé que ce travail pénible et stupide »
Plus loin sur le chemin, il aperçoit un autre homme qui casse lui aussi des cailloux. Mais son attitude semble différente. Son visage est plus serein, et ses gestes plus harmonieux.
– « Que faites vous, Monsieur ?», questionne une nouvelle fois Charles Péguy
« Je suis casseur de pierre. C’est un travail dur, vous savez, mais il me permet de nourrir ma femme et mes enfants. Et puis allons bon, je suis au grand air, il y a sans doute des situations pire que la mienne »
Plus loin, Péguy rencontre un troisième casseur de pierre. Son attitude est totalement différente. Il affiche un franc sourire et il abat sa masse, avec enthousiasme, sur le tas de pierre. Pareille ardeur est belle à voir !
« Que faites-vous ? » demande Peguy
« Moi, répond l’homme, je bâtis une cathédrale ! » ”
Elle se trouve également dans ma boite à histoires. Elles sont très proches, c’est dans le même esprit, avec un message différent.
Morale de cette histoire, il était tailleur de pierres et il en voulait plus et en définitive, il va revenir à son point de départ après moult expériences… La boucle est bouclée. Bravo Pascal ! J’aime votre façon d’écrire, il y a toujours une morale à l’histoire, à nous de la trouver. Merci pour ce beau texte.
Un tailleur de pierre s’épuisait à creuser la montagne sous le soleil brûlant.
J’en ai marre de cette vie ! Tailler la pierre c’est éreintant et le soleil , toujours le soleil…
Harassé, il s’accorda une pause en s’asseyant en tailleur à même le sol.
C’est ainsi qu’il réfléchit à ses pénibles conditions de travail. Ses pensées allaient bon train si bien qu’il envisagea très sérieusement une reconversion professionnelle.
Il fallait à tout prix qu’il se taille de cet endroit pour laborieux serviles !
Tout à coup, il revit le visage de sa mère qui se penchait sur lui quand il était enfant. Elle lui disait qu’il était un beau parleur, qu »il savait tailler la bavette à qui mieux mieux.
Notre petit tailleur de pierres n’étant pas très futé, haussa les épaules en pensant qu’il deviendrait alors boucher.
Son collègue s’approcha de lui en le tirant de ses réflexions et lui confia :
J’en ai marre de ce boulot et des rythmes de travail, tu vas voir, le patron , je vais le dénoncer ! Je vais lui tailler un sacré costard à ce gaillard-là en me plaignant à mon syndicat qu’il ne s’en remettra pas !
Ah, mais voilà, j’y suis merci, merci !
De quoi ?
Ben tu viens de me donner une idée, je serai tailleur !
Qu’est-ce que tu baragouines ? Tu l’es déjà !
Tailler pour tailler je préférerais tailler des vêtements, tu as dit que tu vas tailler un costard à notre boss ! Cà m’a donné une super idée. Je suis tellement fatigué…
Tu as raison, c’est la barbe !
Par association d’idées, le petit tailleur de pierres déclare :
Ou alors je serai barbier..
Son collègue médusé le regarda avec inquiétude.
Pourquoi barbier ?
Tu as dit « la barbe » !
Son colllègue réfléchit un instant et lui rétorque :
– Ah oui, çà c’est au poil, pas trop fatiguant.
Oui mais je ne serai plus dehors , je resterais enfermé toute la journée dans un salon à me raser ! Non, je l’avoue ce métier n’est pas fait pour moi. Je ne verrais plus les arbres à l’horizon.
Si tu aimes comme çà la nature, deviens élagueur !
Elagueur ? répond le petit tailleur interloqué
Comme çà tu tailleras les arbres !
Comme la faim commençait à les tenailler, Mangeons ! dirent-ils en cœur .
C’est ainsi le petit tailleur sortit de son panier une succulente salade composée bien rafraîchissante et son collègue, un savoureux plat exotique.
Le petit tailleur regarda avec convoitise le plat de son collègue ;
Cà à l’air bon ce que ta femme t’as préparé !
C’est un plat thaï ! Goûte !
Oh parbleu que c’est bon ! Il marqua un temps d’arrêt en se frappant la tête avec la paume de sa main et s’écria :
Vain diou, je viens d’avoir une révélation, je serai cuisinier !
Merci pour cet amusant prolongement.
Comme disait le Dalai lama, si tu te sens trop petit pour changer le monde, essaies de passer la nuit avec un moustique!
Merci. La citation est bien trouvée !
Tout est dit avec élégance.
Merci Maestro!
Belle, leçon ! Merci, cher tailleur d’histoires.
Très joli !
Très belle parabole sur notre insignifiante importance.
Bravo
Chacun de nous est un petit tailleur de pierres jusqu’au jour où l’on abandonne définitivement nos outils,