Jean d’Ormesson nous a prévenu

Jean d’Ormesson nous a prévenus, ces mots, bientôt, n’existeront plus.

Notre siècle de pleutres et poltrons chérissant l’euphémisme à outrance, risque d’être fatal à ces mots et ces expressions qu’on n’entend de moins en moins.

Quelques exemples donnés, comme un avertissement, par Jean d’Ormesson :

INCULPATION
A été expurgé du Code Pénal au profit de « mise en examen ». Cela afin d’éviter une infamante présomption de culpabilité. Être « en examen » ne présage pas du résultat de l’examen.
Aujourd’hui quand quelqu’un est MIS EN EXAMEN, on doit toujours insister sur le fait que cela ne préjuge pas de sa culpabilité ! Comme du temps où il aurait été « inculpé ».

INSTITUTEUR
Longtemps remplacé par « MAÎTRE D’ÉCOLE ». Il tend à disparaitre par sa dissolution dans le concept fourre-tout de l’enseignement, au bénéfice de « PROFESSEUR des ÉCOLES »

MAÎTRESSE
Ne pas assimiler à la version féminine d’instituteur! Ce serait une « professeuse des écoles ». Les maris n’ont plus de maîtresse, mais une « amie ».
Les épouses conservent parfois l’amant, mais seulement à cause de la connotation romantique : Les moins romantiques n’ont qu’un ami aussi.
 
MORALE
À force d’être inemployée a disparu. Ne demeure qu’ »ordre moral », mais attention : connoté de « fascisme »
Toutefois, personne ne se réclame du « désordre moral ». La morale n’est plus enseignée, elle est remplacée par « éducation à la citoyenneté »

MOURANT
Il n’y a plus de mourant, mais des malades en « phase terminale ».
Afin d’éviter une regrettable confusion, ne dites pas à votre fils qu’il est en terminale, mais qu’il va passer son bac !
Pour désigner un mort doit-on parler d’un individu « en phase terminée » ?

PATRIOTE
Totalement absent du vocabulaire politique et civique désigne aussi un bon citoyen américain et un missile américain.

PATRON
Nous n’en avons plus, ni même des chefs d’entreprise , mais des DIRIGEANTS D’ENTREPRISE.
Le CNPF (C N du Patronat Français) en a pris acte en devenant le MEDEF.
Seuls quelques cégétistes utilisent encore le terme de « patron » ce qui prouve bien qu’il est désormais péjoratif…

PAUVRE
N’existe plus. C’est un « défavorisé », un « plus défavorisé », un « exclu », un « S.D.F. » à la rigueur un « laissé-pour-compte ».
Dans les années 80, il subsistait uniquement dans l’appellation « nouveau pauvre », ce fut le chant du cygne.

PROVINCE
Dire « en RÉGION ». On ne dit plus du « provincial », mais du « RÉGIONAL ».

RACE
A été abolie au profit « d’appartenance ethnique ». Sinon, vous êtes raciste, fasciste, nauséabond. On peut néanmoins dire « black » en anglais et en banlieue.

SERVANTE
Bonne. Se trouve dans les romans du XIX° siècle. Aujourd’hui c’est une « employée de maison ». Quand elle s’occupe de vieux – pardon de « personnes âgées » – elle devient « auxiliaire de vie ».

SÉQUESTRÉ
Aucun cadre, aucun chef d’entreprise n’est séquestré, il est « retenu contre son gré ».

VANDALE
A laissé place à « jeunes en colère » aux « paysans en colère ».
L’ampleur des dégâts distingue les vandales des autres.

VANDALISME
Impolitesse, injures, agressions, bris de matériel, racket sont regroupés sous le terme « incivilités ». On ne dira plus que ce sont des « sales gosses », mais qu’ils « manquent de civilité ».
A noter la louable tentative de Jean-Pierre Chevènement d’introduire la bénigne expression « SAUVAGEON ». Il dut battre en retraite devant « l’Insurrection des consciences ».

VOL
Terme réserve aux gagne-petit et aux obscurs.
Pour les politiques on parlera « d’enrichissement personnel ». Ce qui est condamné unanimement par les collègues contrairement à l’enrichissement impersonnel, qui, lui, ne bénéficie qu’au parti, mérite la compréhension, ce que les juges n’ont pas encore compris.

VOYOU
En voie d’extinction. On ne connaît que des individus « connus des services de polices », des « récidivistes », des multi-délinquants. »

Jean d’ORMESSON

Merci à Jean Housset pour m’avoir envoyé ce texte attribué à Jean d’Ormesson

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6 réponses

  1. grumpy dit :

    A ceux que ça peut intéresser, il y a sur :

    Herodote.net

    un gigantesque article sur les multiples facettes de la langue française passées et à venir.

  2. Michel-Denis ROBERT dit :

    Si un mot reste dans le dictionnaire, il ne disparaît pas. Il peut s’endormir pour des décennies ou des siècles, c’est son droit. Le mot fait ce qu’il veut. S’il reste accroché à ses racines, un jour il pousse et en donne d’autres. Il suffit de le cueillir et l’adopter au bon moment. C’est ma technicienne de surface qui me l’a dit, heu ! ma femme de ménage. ( Femme de ménage est plus joli que technicienne de surface qui est impersonnel).

  3. Georges Kassabgi dit :

    Les questions qui me reviennent : par qui et pourquoi certaibs mots disparaissent ? Il est peut-être sage de ne pas oublier que ceux qui disparaissent ont probablement fait disparaitre ceux qui furent à la mode avant eux ?

  4. Laurence Noyer dit :

    On ne dit pas « Hélène Ségara »,
    Mais « Hélène s’est perdue ».

    On ne dit pas « Richelieu »
    Mais « Sympa la baraque »

    On ne dit pas « Le ton monte »
    Mais « La fille moche prend l’ascenseur »

    On ne dit pas « Jerrican »
    Mais « J’me bidonne ».

    On ne dit pas « Un ingrat »
    Mais « Un petit gros ».

    On ne dit pas « Javelliser »
    Mais « J’ai lu ».

    On ne dit pas « Un enfoiré »
    Mais « Une année de perdue ».

  5. Souris verte dit :

    Une des origines de nos maux sont les ‘ disparus ‘. Et notamment les mots… Si on ne les regrette pas tous, certains, ceux qui émaillaient notre belle langue, notre conversation d’une sorte de dentelle, ceux qui par leur usage relevaient le niveau de la réunion. Ceux qui ‘ classaient ‘ celui qui les énonçait comme ‘ instruit ‘. J’ai dit ‘ instruction ‘… On instruit une affaire ! Qu’entend-on par instruction ? Le juge, la police, le professeur !!! Kaï kaï kaï.. On les craint tous !… Et L’instruction civique ? En parle-t-on ? ça fait des lustres que… (Pardon, encore une expression en voie de perdition) des plombes… Ouf! On comprend mieux… C’est l’essentiel ça, de se comprendre non ?…
    Plus bonjour mais ‘ salut!’ et encore.. Souvent le salué lâche son téléphone… «Ça va pas non ?» dit le mécontent… ‘ putain j’l’aurais foiré à cause de ce con ‘
    Ah! Bon ! Pour un peu même, je suis rassuré d’être ‘ connecté ‘! Ce fil à la patte qu’ils ont maintenant vissé à l’oreille limite l’usage des mots… Attends ! J’y suis pas là. j’suis au bout j’peux pas … Le pire ou le mieux : ‘ ya pas d’réseau !! Sauvé… On va pouvoir reprendre les mots laissés, lassés d’attendre la suite. Finalement, c’est tellement beau la langue des signes quand nos ‘ qui n’entendent pas bien ‘ mettent la main sur leur cœur et nous saluent avec le sourire de l’amitié. Au moins là, je sais que j’existe et que, pendant quelques minutes, on m’aime.🐀

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