Je me remémore mon existence : une enfance laissée à l’abandon, une éducation sans limites ni repères, bien que mes parents me menaçaient chaque jour « d’un sacré coup de vis » que j’espérais pourtant ardemment dans ma solitude de petite vis déboussolée.
Ma vie se poursuivit dans la caisse à outils d’un vice-amiral où je voisinais avec les plus vicieux, les plus vicelards sans compter ceux qui avaient le vice dans la peau : le tournevis qui jamais ne me toucha car il était cruciforme – si vous voyez ce que je veux dire – , la perfide clé anglaise qui toujours m’appela « le vis » comme elle disait « la marteau », le marteau justement complètement dément, une scie sauteuse de tout ce qui bougeait, une lame qui ne pensait qu’à limer, un fer à dessouder, une brosse toujours à poil, un burin mal dégrossi , des ciseaux aux dents pointues etc…
En dépit de ce voisinage encombrant et de toutes les vicissitudes qui en découlaient, je gardais mon innocence et l’espoir chevillé au corps.
Mais je passais mes journées à me morfondre, tournais en rond et pensais que j’étais condamnée à demeurer une vis sans fin jusqu’à l’usure définitive.
Mais l’arrivée d’un écrou tout juste après sa levée vint bousculer le cours de mon existence. Il me tourna rapidement autour, me fileta, me claveta, me déclaveta, me décolleta. Et vice-versa car je n’étais pas en reste
Quelque temps plus tard, notre union donna naissance à un ravissant petit boulon
Cela faisait bien longtemps que je n’étais pas venue ici.
J’avais oublié à quel point le hall était majestueux et j’eusse fut, autrefois, impressionnée par sa splendeur. La décoration bleue des murs se mariait parfaitement avec leur blancheur éclatante. Une stupéfaction de beauté.
C’est vrai qu’aux TOA (Trucs et Objets Anonymes) on aimait travailler dans un environnement luxueux, où comme aimait si bien le rappeler Tommy, le tournevis, « ici tout n’est que luxe, calme et volupté ».
Un grand poète ce Tommy !
En tout cas, depuis le temps rien n’avait changé. Si Tommy était là, Martin le marteau aussi, la famille Punaise également. J’entrapercevais quelques nouveaux : des trombones, un stylo à encre sèche, un post-it sans son support…
Un bruit de porte retentit et le lustre s’alluma nous permettant d’admirer sa luminosité édifiante et signalant ainsi le début de la réunion.
Tout le monde y allait de ses différentes histoires et ressentiments, quand vint mon tour. Il y a longtemps je n’avais aucun mal à parler de moi mais là… L’exercice me semblait difficile.
Tommy m’encouragea en souvenir de vieilles collaborations, alors je me lançais :
« C’est toujours étrange de ne voir que l’envers du décor vous savez… On est caché, personne ne nous voit ou ne nous apprécie et pourtant on fait parti du décor je crois !
J’ai supporté le miroir de l’entrée où il fallait aussi supporter les états d’âmes des passants, le cadre photo du salon, ou encore l’horloge au dessus de la télé coincé entre le bruit du tic-tac insupportable et les émissions à la chaîne… Un poste vraiment dur où il était quasi impossible de dormir… Sauf quand Henri l’horloge n’avait plus de pile… Bref tout ça… Tant de services utiles pour finir ici, dans cette soupière, certes magnifique, mais place si inutile pour une vis comme moi… Surtout après dix-sept ans de bons et loyaux services ! Bien vissée, mal vissée j’ai tenu bon à chaque mission pourtant ! »
Tout le monde s’approcha de moi pour me réconforter, j’étais une des plus anciennes ici avec Tommy et Martin, et ça ça imposait le respect !
Et comme à chaque fois, Tommy trouva le lyrisme nécessaire pour dédramatiser la situation :
« Mais tu sais on est pas sérieux quand on a dix-sept ans… »
Ah vraiment… Je vous le dis moi ! Quel poète ce Tommy !
Mal vissé ! Mal vissé !! Comme ça, bille en tête !
Il s’est regardé lui, droit comme on « i », il a jamais pété un boulon p’t’être ?
J’ai pas b’soin d’lui pour me donner des leçons sur la façon de serrer la vis.
J’m’en vais lui river son clou qui n’en vaut même pas un à c’t’citoyen, toujours entre le marteau et l’enclume, en dents de scie, sur le fil du rasoir mais pas toujours dedans… les clous ! c’pas !
Comme on dit : « si vis pacem para bellum » !
mouais…
… bah, vu qu’il commence à avoir du plomb dans l’aile, j’vais pas le lui enfoncer… l’clou !
Il y’a des jours qui commencent mal. Ce matin tout va de travers. On me trouve mal vissée, on insiste, Pourquoi je fais une tête pareille ?? où est donc passé ce maintien fier et parfait, tout mon charme, si discret ???
Je résiste, bien sûr, je m’accroche, mais mon pas n’est plus très sûr, on menace de me donner un tour de vis supplémentaire, pour une allure irréprochable. Enfin, un peu de tenue !! On insiste lourdement, rien ne change .De rage on me fait faire plusieurs tours…. dans tous les sens
Alors, je craque,
je suis une grande incomprise, personne n’a remarqué que ma cheville s’était cassée ….. tout s’écroule…… je dévis se ….
J’étais pourtant bien installée dans ma petite boîte en plastique, allongée tout près de mes sœurs. Nous avions été déposées là quelques mois plus tôt, dès notre naissance, sur une ligne de production en Chine, avant d’être expédiées loin de chez nous. Je commençais à peine à me faire à ma nouvelle vie… Il a d’abord secoué notre écrin douillet, me réveillant brusquement. A ouvert la boîte, plus doucement cette fois, avant de plonger la main parmi nous. Il m’a saisie de ses doigts sûrs (enfin c’est ce que je croyais), a posé sur ma tête son tournevis crasseux, et je suis immédiatement partie en vrille ! Et depuis : j’ai le corps, dans l’décors, et la tête qui s’la pête, j’ai le pas raplapla, et la pointe toute dépeinte. Ah mon dieu qu’c’est embêtant d’loger dans ce montant. Ah mon dieu qu’c’est embêtant d’être serrée autant !
Au secours Archimède !
J’avais toujours vécu avec mes semblables sans état d’âme, en parfaite harmonie ! Toutefois j’aurais dû me poser des questions car de temps à autre une ou plusieurs vis étaient prélevées et ne réintégraient jamais notre boîte.
Toujours est-il qu’un malotru, une casquette vissée sur la tête, l’air vicieux,enfin c’est ce qui me semblait, me prit avec ses grosses mains malhabiles et à cet instant je sus que je ne reviendrai jamais ! Philosophe je me dis que j’allais atteindre ma finitude ! Mais ce fut affreux ! Ce maladroit, ce vicieux (je maintiens) à croire qu’il n’avait jamais tenu une vis dans ses mains, me vissa de travers. Y a-t-il plus triste situation pour une vis ? Je ne crois pas ! Mais peut-être aurai-je tout de même mon utilité. Allez il faut que je garde le moral car une vis sans moral c’est comme une journée sans vin ni soleil pour un homo sapiens du 21ème siècle et pour les vis aussi.
Je suis de travers,
J’ai la tête en l’air
Alors j’accroche
laines, doigts, et livres
tous ceux qui,
trop près de moi s’approchent.
En colère contre ce travers,
Je visse mal,
Défaut pervers
Qui dépasse, trépasse.
Je suis fatiguée, j’ai lâché mon pas.
Je rêve de vivre à fleur de bois,
où rien de moi n’émergera.
Me fondre dans mes spirales,
Enlacer pour assembler,
Oh ma jeunesse !
Ma force première,
bien droite, et si discrète,
Filtée comme une fée,
Crucifiée comme un corps.
Et me voilà, à l’aube de ma mort !
Mon pas écrabouillé,
à vouloir me sauver,
m’a aplati, m’a condamné.
Quand je la vis je sus que c’était elle
Amoureux, je me sentais des ailes
Lui susurrant mon admiration
A grand renfort de mots : rotation, fixation
Elle rougit sous le compliment
Et je pris ça pour du sentiment
Tout doucement du bout des doigts
Je la présentais à la tablette en bois
Certain qu’elles se plairaient
Vu qu’ensemble elles cohabiteraient
Mais c’était sans compter sur la visseuse
Cette jalouse pernicieuse
Qui l’a regardée de travers
Et brusquement prise par derrière
Un procédé pas très honnête
Adieu la fête !
J’en ai pris pour mon grade
Et une belle engueulade
Archimède en était vert de rage
Exhibant son système de pompage
J’aurais voulu les envoyer au diable
Tant je me sentais misérable
Et maintenant que faire ?
Impossible d’envisager la marche arrière
Le cœur brisé, sans un mot
Je m’en allai quérir le marteau
En dernier ressort
Coquin de sort !
Désespéré d’y avoir recours
Une bien piètre preuve d’amour
Pour ma toute petite vis
Pourtant si prompte à rendre service
Jolie comme un cœur
Et morte au champ du déshonneur
A tout jamais vissée à l’envers
Le corps meurtri et la tête en jachère
Las je rangeai mes boîtes, mes outils
Mes rêves de bâtisseur anéantis
Amoureux d’une vis, faut-il être idiot
Dérangé du ciboulot, totalement dingo !
C’est quoi, ces vis étalant leurs états d’âmes ? Elles n’ont aucune envergure, aucune pudeur, aucune ambition, qu’elles soient de fixation, à bille, à écrou, sans fin ou même micrométrique !
Elles se dévissent.
Elles grincent quand il s’agit de pénétrer un bois à texture trop ferme.
Elles pleurnichent quand il faut infiltrer de l’aggloméré.
Elles grimacent au moment de se faufiler dans du triplex !
Les pauvres chéries !
Elles gémissent lorsqu’elles sont abandonnées au fond d’un tiroir.
Elles sanglotent quand elles ont chu derrière un derrière quelque chose.
Elles se plaignent de torticolis dextrogyres et lévogyres.
Elles hurlent rien qu’à la vue d’une tête de marteau.
Non, mais, elles seraient pas un peu marteau ?
Elles se tortillent du croupion rien qu’à penser aux 10 mille volts de Bécaud.
Elles ne refuseraient pas un bouche-à-bouche avec Maurice, le menuisier du dimanche.
Elles s’émoustillent quand la perceuse les aspire dans une sarabande infernale.
Elles dansent, elles valsent.
Les Valses de Vienne.
Le bal est fini. Sortez les mouchoirs.
Les voilà, indignées, qui se vengent des tortures infligées.
Elles bousillent la planche ou le formica.
L’une écorche, l’autre coupe, la troisième transperce.
Mauviettes et pleureuses. Pleureuses et mauviettes. Dans quel état j’erre !
Qu’elles prennent seulement exemple sur moi.
Je naquis dans un rêve, en plein jour.
Faut dire que ça turbinait ferme, chez lui. Il avait des rêves de grandeur. Des rêves de mégalo, comme seuls les rois peuvent en avoir.
Combien de fois l’ai-je entendu soupirer, penché sur sa table, les mains noueuses roulant et déroulant mille parchemins.
– Archi, aide-moi…
Un beau jour, je vis défiler des esquisses sur lesquelles je chambardais et chamboulais les traditions.
Je vis enfin le jour.
Je suis devenu vis.
Je suis devenu doublement vis.
Et même avec cinq siècles au compteur, je vis des jours paisibles et coquins dans un château.
A Chambord.
Chère Madame,
Suite à votre demande, veuillez trouver ci-joint le devis pour vos travaux d’amélioration, prenant en compte la complexité de vos états d’âme.
Si…
Vous êtes mélancolique
Mettez Elvis
Et ses chansons rockabislisque
Sur votre tourne-visque
Vous êtes triste de vous la serrer
Entrez dans la vis active,
Et vous direz adieu au spleen
Qui vous écroue dans la morosité
Vous avez peur de mal tourner,
Faites-vous la tête fendue
Pour que les dents crochues
Du tournevis puissent s’agripper
Vous avez pris un mauvais pas
Vivez votre vis ! vis mal vissée !
Vous entrerez dans la joie
Et la vis sans fin tournera.
Elle l’avait deviné dès la première fois ou ce mal fagoté était entré dans l’atelier,elle n’échapperait pas à l’incapacité de cet empoté qui massacrait tout ce qu’il touchait.
Et vas-y que je me tape sur les doigts avec le marteau,que je torde un clou à la moindre occasion.
Quand ce mal dégrossi l’avait attrapé dans la boîte à vis,elle s’était sentie mal à l’aise,son tour était venu.Il allait lui arriver malheur,c’était évident.
Il tenait son tournevis de façon si malhabile qu’il allait lui faire mal,sans conteste.Et ça n’avait pas manqué.Il commença à l’insérer dans l’emplacement et à tourner mal à propos,en dépit du bon sens..
Elle eut beau résister,tenter de se rebiffer,il était plus fort qu’elle et parvint à la faire entrer tant bien que mal,un peu de traviole, afin de faire tenir l’équerre sous l’étagère.
Tout content, il alla chercher une autre victime,tandis que la pauvre vis,mal embouchée,se contorsionnait pour trouver une position qui lui convienne,forcée qu’elle avait été par ce malotru,tordue dans le bois pour un temps mal défini.
« Ce n’était pas une vie pour un pas de vis » se dit-elle ,se mettant à rire malgré tout de son bon mot .Rire lui redonna du courage,au diable la mal façon,elle allait trouver le moyen de se faire la malle dès que possible.
A chantonner sur l’air de « Je ne suis pas bien portant » de Gaston Ouvrard (ou pas).
Depuis que je suis sur cette terre,
J’ai d’jà déménagé quinze fois
De la soupière à l’étagère.
C’est la même galère à chaque fois.
Mais un beau jour du mois de mai,
Ils m’ont surprise, ils m’ont vissée !
Rev’nant de chez Ikea
Manquait je sais pas quoi.
Ils s’sont grattés la tête,
Moi j’ai trouvé ça chouette.
Je m’suis dit, c’est mon heure.
J’suis sortie de ma torpeur.
Ils m’ont pris dans leurs mains,
Et j’ai trouvé ça bien.
Puis, j’ai vu la visseuse,
Venir sur moi, peureuse.
Elle m’a gratté la tête,
Et j’ai r’trouvé ça chouette.
Le chaud du bois laqué,
Je me suis dit, ça c’est le pied !
Mais j’ai vite déchanté,
Ils étaient trop pressés,
Savaient pas bricoler.
De biais, ils m’ont fixée !
Ah ! Bon Dieu! Que je m’embêtais,
D’être toujours en vrac.
Mais j’suis bien plus embêtée,
Depuis que j’suis mal vissée.
Une fois la chose terminée,
J’ai regardé autour de moi.
Y’avait des livres tous alignés,
Et des images en quatre par trois.
Et en ce beau jour du mois de mai,
Pour moi, les choses avaient changé.
J’avais la tête à droite,
Je me sentais toute patraque.
Je les ai vus s’en aller,
Mais je pouvais pas crier.
Je vous rappelle que j’suis qu’une vis,
Et une vis qui dévisse,
J’étais toute de guingois,
Et je suis restée comme ça.
Comme le tableau en face,
Qui tient jamais en place.
Il a le même problème,
On a vraiment pas de veine !
Puis, le temps a passé,
Je commence à rouiller.
Et je sens bien que je m’effrite,
J’ai plus beaucoup la frite.
Bientôt ce sera la fin,
La poubelle du jardin.
Ah ! Bon Dieu! Que je m’embêtais,
D’être toujours en vrac.
Mais j’suis bien plus embêtée,
Depuis que je suis mal vissée.
Dès qu’il m’a prise entre ses doigts j’ai su que j’avais affaire à un rustre.
Les ongles rongés et crasseux, il me serrait comme une aiguille de peur de se piquer ou encore que je lui échappe.
Aucune délicatesse !
Tel un étudiant en première année de tourne ‘vice’, il a cherché à placer tout de suite son machin cruciforme dans ma fente.
Eh oh ! Et les préliminaires ?
Moi, je rêvais d’un peu de tendresse, de sensualité, de caresses le long de mes courbes hélicoïdales qui ne demanderaient qu’à se laisser prendre dans son filet et à s’abandonner à une saillie explosive qui percerait les mystères de l’amour viscéral.
Je rêvais d’un Leroy Merlin, l’enchanteur… Tu parles ! Le rustre ! Le bricoleur du dimanche ! … Il ne lui arrivait même pas à la cheville.
Le voilà, tout fier… en une minute, il a fait son affaire.
Et il me laisse là, comme une vis bien biaisée…. à faire la Tour de Pise.
Rien de pire que ces bricoleurs de l’instinct!
Ils passent leurs longs we et leurs journées de récupération à restaurer les improbables ruines stockées dans les greniers de leur famille.
Si on les qualifie d’intellos, ce n’est pas pour rien.
Ils n’ont jamais porté un seau d’eau, jamais manœuvré une brouette, encore moins dépiauté un lapin.
De leur enfance, ils n’ont retenu que les coups de marteau donnés de l’autre côté d’un mur. Un migrant, certainement, en panne d’intégration, accrochant sur la cloison le calendrier de son pays. Ou bricolant dans une palette un lit pour le petit dernier des six.
Quel idée aussi de s’aimer quand la place manque pour entasser les bébés?
Les chinois l’avaient compris, eux, en limitant à un enfant les possibilités d’un couple. Et tout ce temps gagné sur la galipette, reconverti en heures de travail. Maous Costaud, les débridés du boulot!
Maintenant, avec leur pollution galopante, leur garantie quotidienne de décès par incapacité à continuer de respirer, les pouvoirs peuvent se permettre d’autoriser un deuxième lardon, un déjà fumé de naissance.
Tu t’égares, tu t’égares, me souffle ma voisine…mais pas tant que ça, petite. Toi,tu
n’as jamais eu à côtoyer une vis fabriquée en Chine.
C’est quelque chose de voir un empoté du tournevis s’esquinter le poignet sur un matos mou du genou.
Et le gars s’acharne à faire tenir debout un escabeau que même un petit pot en plastique contenant un oignon de glaïeul ferait chavirer.
Pour consolider son « machin » il m’a barbouillé de cette colle censée tout coller sauf aux doigts.
J’ai compté. Nous sommes déjà 24 vis agglutinées dans cette sciure poisseuse. Toutes de travers.
Et il va continuer, continuer, en attendant béatement de constater que le poids du métal face à l’insignifiance du bois pourri va faire basculer son marchepied faire l’ultime degré de l’oubli.
« Yes, enfin pour une fois je vais voir le monde de travers ! J’attendais cet instant depuis des dizaines d’années ! A chaque fois qu’un humain démonte les pans du buffet, je garde espoir mais rien…Toujours de bons bricoleurs passent par là…Et puis il y a aussi la stupide visuelles électrique..;celle là me donne du fil à retordre..;J’ai pourtant essayé de partir en biais plusieurs fois mais rien n’y a fait…sauf ce matin…Faut dire que l’humain en question ‘arrêtait pas d’éternuer. J’ai même entendu qu’il y avait une panne de courant et que la visseuse était déchargée. J’ai profité pour choper un peu la buée de la cuisine. leur VMC est en panne aussi ! Les doigts m’ont agrippé et j’ai lancé une prière aux dieu des boulons. ET CA A MARCHE ! Plus rien ne sera comme avant ! Je sens bien que tout le poids bascule d’un coté..;A terme la porte va coincer voir même casser. je serai enfin libre, prêt à être changer ! Je pourrais voyager dans la caisse à outils avant de rejoindre mes copines dans le pot du garage…
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Je me remémore mon existence : une enfance laissée à l’abandon, une éducation sans limites ni repères, bien que mes parents me menaçaient chaque jour « d’un sacré coup de vis » que j’espérais pourtant ardemment dans ma solitude de petite vis déboussolée.
Ma vie se poursuivit dans la caisse à outils d’un vice-amiral où je voisinais avec les plus vicieux, les plus vicelards sans compter ceux qui avaient le vice dans la peau : le tournevis qui jamais ne me toucha car il était cruciforme – si vous voyez ce que je veux dire – , la perfide clé anglaise qui toujours m’appela « le vis » comme elle disait « la marteau », le marteau justement complètement dément, une scie sauteuse de tout ce qui bougeait, une lame qui ne pensait qu’à limer, un fer à dessouder, une brosse toujours à poil, un burin mal dégrossi , des ciseaux aux dents pointues etc…
En dépit de ce voisinage encombrant et de toutes les vicissitudes qui en découlaient, je gardais mon innocence et l’espoir chevillé au corps.
Mais je passais mes journées à me morfondre, tournais en rond et pensais que j’étais condamnée à demeurer une vis sans fin jusqu’à l’usure définitive.
Mais l’arrivée d’un écrou tout juste après sa levée vint bousculer le cours de mon existence. Il me tourna rapidement autour, me fileta, me claveta, me déclaveta, me décolleta. Et vice-versa car je n’étais pas en reste
Quelque temps plus tard, notre union donna naissance à un ravissant petit boulon
Cela faisait bien longtemps que je n’étais pas venue ici.
J’avais oublié à quel point le hall était majestueux et j’eusse fut, autrefois, impressionnée par sa splendeur. La décoration bleue des murs se mariait parfaitement avec leur blancheur éclatante. Une stupéfaction de beauté.
C’est vrai qu’aux TOA (Trucs et Objets Anonymes) on aimait travailler dans un environnement luxueux, où comme aimait si bien le rappeler Tommy, le tournevis, « ici tout n’est que luxe, calme et volupté ».
Un grand poète ce Tommy !
En tout cas, depuis le temps rien n’avait changé. Si Tommy était là, Martin le marteau aussi, la famille Punaise également. J’entrapercevais quelques nouveaux : des trombones, un stylo à encre sèche, un post-it sans son support…
Un bruit de porte retentit et le lustre s’alluma nous permettant d’admirer sa luminosité édifiante et signalant ainsi le début de la réunion.
Tout le monde y allait de ses différentes histoires et ressentiments, quand vint mon tour. Il y a longtemps je n’avais aucun mal à parler de moi mais là… L’exercice me semblait difficile.
Tommy m’encouragea en souvenir de vieilles collaborations, alors je me lançais :
« C’est toujours étrange de ne voir que l’envers du décor vous savez… On est caché, personne ne nous voit ou ne nous apprécie et pourtant on fait parti du décor je crois !
J’ai supporté le miroir de l’entrée où il fallait aussi supporter les états d’âmes des passants, le cadre photo du salon, ou encore l’horloge au dessus de la télé coincé entre le bruit du tic-tac insupportable et les émissions à la chaîne… Un poste vraiment dur où il était quasi impossible de dormir… Sauf quand Henri l’horloge n’avait plus de pile… Bref tout ça… Tant de services utiles pour finir ici, dans cette soupière, certes magnifique, mais place si inutile pour une vis comme moi… Surtout après dix-sept ans de bons et loyaux services ! Bien vissée, mal vissée j’ai tenu bon à chaque mission pourtant ! »
Tout le monde s’approcha de moi pour me réconforter, j’étais une des plus anciennes ici avec Tommy et Martin, et ça ça imposait le respect !
Et comme à chaque fois, Tommy trouva le lyrisme nécessaire pour dédramatiser la situation :
« Mais tu sais on est pas sérieux quand on a dix-sept ans… »
Ah vraiment… Je vous le dis moi ! Quel poète ce Tommy !
Mal vissé ! Mal vissé !! Comme ça, bille en tête !
Il s’est regardé lui, droit comme on « i », il a jamais pété un boulon p’t’être ?
J’ai pas b’soin d’lui pour me donner des leçons sur la façon de serrer la vis.
J’m’en vais lui river son clou qui n’en vaut même pas un à c’t’citoyen, toujours entre le marteau et l’enclume, en dents de scie, sur le fil du rasoir mais pas toujours dedans… les clous ! c’pas !
Comme on dit : « si vis pacem para bellum » !
mouais…
… bah, vu qu’il commence à avoir du plomb dans l’aile, j’vais pas le lui enfoncer… l’clou !
Aujourd’hui tout va mal. Je suis mal vissée parce que je suis mal vissée. Si je suis mal vissée c’est parce que l’on m’a mal vissée.
Difficile à comprendre ? Pourtant c’est simple, si on m’avait bien vissée je ne serais pas mal vissée. C’est plus clair ?
Toujours pas. J’essaie autrement.
En fait je suis une vis que l’on a vissée de travers et ça me rend mal vissée.
Si l’on m’avait vissée bien droite je ne serais pas de mauvaise humeur.
bravo ! j’aime beaucoup ce texte à la « Devos » !
Merci Pipalou. Bonne journée
Il y’a des jours qui commencent mal. Ce matin tout va de travers. On me trouve mal vissée, on insiste, Pourquoi je fais une tête pareille ?? où est donc passé ce maintien fier et parfait, tout mon charme, si discret ???
Je résiste, bien sûr, je m’accroche, mais mon pas n’est plus très sûr, on menace de me donner un tour de vis supplémentaire, pour une allure irréprochable. Enfin, un peu de tenue !! On insiste lourdement, rien ne change .De rage on me fait faire plusieurs tours…. dans tous les sens
Alors, je craque,
je suis une grande incomprise, personne n’a remarqué que ma cheville s’était cassée ….. tout s’écroule…… je dévis se ….
J’étais pourtant bien installée dans ma petite boîte en plastique, allongée tout près de mes sœurs. Nous avions été déposées là quelques mois plus tôt, dès notre naissance, sur une ligne de production en Chine, avant d’être expédiées loin de chez nous. Je commençais à peine à me faire à ma nouvelle vie… Il a d’abord secoué notre écrin douillet, me réveillant brusquement. A ouvert la boîte, plus doucement cette fois, avant de plonger la main parmi nous. Il m’a saisie de ses doigts sûrs (enfin c’est ce que je croyais), a posé sur ma tête son tournevis crasseux, et je suis immédiatement partie en vrille ! Et depuis : j’ai le corps, dans l’décors, et la tête qui s’la pête, j’ai le pas raplapla, et la pointe toute dépeinte. Ah mon dieu qu’c’est embêtant d’loger dans ce montant. Ah mon dieu qu’c’est embêtant d’être serrée autant !
Exprimez les états d’âme d’une vis mal vissée.
Au secours Archimède !
J’avais toujours vécu avec mes semblables sans état d’âme, en parfaite harmonie ! Toutefois j’aurais dû me poser des questions car de temps à autre une ou plusieurs vis étaient prélevées et ne réintégraient jamais notre boîte.
Toujours est-il qu’un malotru, une casquette vissée sur la tête, l’air vicieux,enfin c’est ce qui me semblait, me prit avec ses grosses mains malhabiles et à cet instant je sus que je ne reviendrai jamais ! Philosophe je me dis que j’allais atteindre ma finitude ! Mais ce fut affreux ! Ce maladroit, ce vicieux (je maintiens) à croire qu’il n’avait jamais tenu une vis dans ses mains, me vissa de travers. Y a-t-il plus triste situation pour une vis ? Je ne crois pas ! Mais peut-être aurai-je tout de même mon utilité. Allez il faut que je garde le moral car une vis sans moral c’est comme une journée sans vin ni soleil pour un homo sapiens du 21ème siècle et pour les vis aussi.
Les états âme d’une vis mal vissée
Je suis de travers,
J’ai la tête en l’air
Alors j’accroche
laines, doigts, et livres
tous ceux qui,
trop près de moi s’approchent.
En colère contre ce travers,
Je visse mal,
Défaut pervers
Qui dépasse, trépasse.
Je suis fatiguée, j’ai lâché mon pas.
Je rêve de vivre à fleur de bois,
où rien de moi n’émergera.
Me fondre dans mes spirales,
Enlacer pour assembler,
Oh ma jeunesse !
Ma force première,
bien droite, et si discrète,
Filtée comme une fée,
Crucifiée comme un corps.
Et me voilà, à l’aube de ma mort !
Mon pas écrabouillé,
à vouloir me sauver,
m’a aplati, m’a condamné.
Quand je la vis je sus que c’était elle
Amoureux, je me sentais des ailes
Lui susurrant mon admiration
A grand renfort de mots : rotation, fixation
Elle rougit sous le compliment
Et je pris ça pour du sentiment
Tout doucement du bout des doigts
Je la présentais à la tablette en bois
Certain qu’elles se plairaient
Vu qu’ensemble elles cohabiteraient
Mais c’était sans compter sur la visseuse
Cette jalouse pernicieuse
Qui l’a regardée de travers
Et brusquement prise par derrière
Un procédé pas très honnête
Adieu la fête !
J’en ai pris pour mon grade
Et une belle engueulade
Archimède en était vert de rage
Exhibant son système de pompage
J’aurais voulu les envoyer au diable
Tant je me sentais misérable
Et maintenant que faire ?
Impossible d’envisager la marche arrière
Le cœur brisé, sans un mot
Je m’en allai quérir le marteau
En dernier ressort
Coquin de sort !
Désespéré d’y avoir recours
Une bien piètre preuve d’amour
Pour ma toute petite vis
Pourtant si prompte à rendre service
Jolie comme un cœur
Et morte au champ du déshonneur
A tout jamais vissée à l’envers
Le corps meurtri et la tête en jachère
Las je rangeai mes boîtes, mes outils
Mes rêves de bâtisseur anéantis
Amoureux d’une vis, faut-il être idiot
Dérangé du ciboulot, totalement dingo !
Bon dimanche, Christine
Les états d’âme d’une vis mal vissée.
C’est quoi, ces vis étalant leurs états d’âmes ? Elles n’ont aucune envergure, aucune pudeur, aucune ambition, qu’elles soient de fixation, à bille, à écrou, sans fin ou même micrométrique !
Elles se dévissent.
Elles grincent quand il s’agit de pénétrer un bois à texture trop ferme.
Elles pleurnichent quand il faut infiltrer de l’aggloméré.
Elles grimacent au moment de se faufiler dans du triplex !
Les pauvres chéries !
Elles gémissent lorsqu’elles sont abandonnées au fond d’un tiroir.
Elles sanglotent quand elles ont chu derrière un derrière quelque chose.
Elles se plaignent de torticolis dextrogyres et lévogyres.
Elles hurlent rien qu’à la vue d’une tête de marteau.
Non, mais, elles seraient pas un peu marteau ?
Elles se tortillent du croupion rien qu’à penser aux 10 mille volts de Bécaud.
Elles ne refuseraient pas un bouche-à-bouche avec Maurice, le menuisier du dimanche.
Elles s’émoustillent quand la perceuse les aspire dans une sarabande infernale.
Elles dansent, elles valsent.
Les Valses de Vienne.
Le bal est fini. Sortez les mouchoirs.
Les voilà, indignées, qui se vengent des tortures infligées.
Elles bousillent la planche ou le formica.
L’une écorche, l’autre coupe, la troisième transperce.
Mauviettes et pleureuses. Pleureuses et mauviettes. Dans quel état j’erre !
Qu’elles prennent seulement exemple sur moi.
Je naquis dans un rêve, en plein jour.
Faut dire que ça turbinait ferme, chez lui. Il avait des rêves de grandeur. Des rêves de mégalo, comme seuls les rois peuvent en avoir.
Combien de fois l’ai-je entendu soupirer, penché sur sa table, les mains noueuses roulant et déroulant mille parchemins.
– Archi, aide-moi…
Un beau jour, je vis défiler des esquisses sur lesquelles je chambardais et chamboulais les traditions.
Je vis enfin le jour.
Je suis devenu vis.
Je suis devenu doublement vis.
Et même avec cinq siècles au compteur, je vis des jours paisibles et coquins dans un château.
A Chambord.
© Clémence
Exprimez les états d’âme
d’une vis mal vissée.
Chère Madame,
Suite à votre demande, veuillez trouver ci-joint le devis pour vos travaux d’amélioration, prenant en compte la complexité de vos états d’âme.
Si…
Vous êtes mélancolique
Mettez Elvis
Et ses chansons rockabislisque
Sur votre tourne-visque
Vous êtes triste de vous la serrer
Entrez dans la vis active,
Et vous direz adieu au spleen
Qui vous écroue dans la morosité
Vous avez peur de mal tourner,
Faites-vous la tête fendue
Pour que les dents crochues
Du tournevis puissent s’agripper
Vous avez pris un mauvais pas
Vivez votre vis ! vis mal vissée !
Vous entrerez dans la joie
Et la vis sans fin tournera.
Elle l’avait deviné dès la première fois ou ce mal fagoté était entré dans l’atelier,elle n’échapperait pas à l’incapacité de cet empoté qui massacrait tout ce qu’il touchait.
Et vas-y que je me tape sur les doigts avec le marteau,que je torde un clou à la moindre occasion.
Quand ce mal dégrossi l’avait attrapé dans la boîte à vis,elle s’était sentie mal à l’aise,son tour était venu.Il allait lui arriver malheur,c’était évident.
Il tenait son tournevis de façon si malhabile qu’il allait lui faire mal,sans conteste.Et ça n’avait pas manqué.Il commença à l’insérer dans l’emplacement et à tourner mal à propos,en dépit du bon sens..
Elle eut beau résister,tenter de se rebiffer,il était plus fort qu’elle et parvint à la faire entrer tant bien que mal,un peu de traviole, afin de faire tenir l’équerre sous l’étagère.
Tout content, il alla chercher une autre victime,tandis que la pauvre vis,mal embouchée,se contorsionnait pour trouver une position qui lui convienne,forcée qu’elle avait été par ce malotru,tordue dans le bois pour un temps mal défini.
« Ce n’était pas une vie pour un pas de vis » se dit-elle ,se mettant à rire malgré tout de son bon mot .Rire lui redonna du courage,au diable la mal façon,elle allait trouver le moyen de se faire la malle dès que possible.
A chantonner sur l’air de « Je ne suis pas bien portant » de Gaston Ouvrard (ou pas).
Depuis que je suis sur cette terre,
J’ai d’jà déménagé quinze fois
De la soupière à l’étagère.
C’est la même galère à chaque fois.
Mais un beau jour du mois de mai,
Ils m’ont surprise, ils m’ont vissée !
Rev’nant de chez Ikea
Manquait je sais pas quoi.
Ils s’sont grattés la tête,
Moi j’ai trouvé ça chouette.
Je m’suis dit, c’est mon heure.
J’suis sortie de ma torpeur.
Ils m’ont pris dans leurs mains,
Et j’ai trouvé ça bien.
Puis, j’ai vu la visseuse,
Venir sur moi, peureuse.
Elle m’a gratté la tête,
Et j’ai r’trouvé ça chouette.
Le chaud du bois laqué,
Je me suis dit, ça c’est le pied !
Mais j’ai vite déchanté,
Ils étaient trop pressés,
Savaient pas bricoler.
De biais, ils m’ont fixée !
Ah ! Bon Dieu! Que je m’embêtais,
D’être toujours en vrac.
Mais j’suis bien plus embêtée,
Depuis que j’suis mal vissée.
Une fois la chose terminée,
J’ai regardé autour de moi.
Y’avait des livres tous alignés,
Et des images en quatre par trois.
Et en ce beau jour du mois de mai,
Pour moi, les choses avaient changé.
J’avais la tête à droite,
Je me sentais toute patraque.
Je les ai vus s’en aller,
Mais je pouvais pas crier.
Je vous rappelle que j’suis qu’une vis,
Et une vis qui dévisse,
J’étais toute de guingois,
Et je suis restée comme ça.
Comme le tableau en face,
Qui tient jamais en place.
Il a le même problème,
On a vraiment pas de veine !
Puis, le temps a passé,
Je commence à rouiller.
Et je sens bien que je m’effrite,
J’ai plus beaucoup la frite.
Bientôt ce sera la fin,
La poubelle du jardin.
Ah ! Bon Dieu! Que je m’embêtais,
D’être toujours en vrac.
Mais j’suis bien plus embêtée,
Depuis que je suis mal vissée.
j’ai chanté de rire! à me dévisser les boulons
merci 🙂
Dès qu’il m’a prise entre ses doigts j’ai su que j’avais affaire à un rustre.
Les ongles rongés et crasseux, il me serrait comme une aiguille de peur de se piquer ou encore que je lui échappe.
Aucune délicatesse !
Tel un étudiant en première année de tourne ‘vice’, il a cherché à placer tout de suite son machin cruciforme dans ma fente.
Eh oh ! Et les préliminaires ?
Moi, je rêvais d’un peu de tendresse, de sensualité, de caresses le long de mes courbes hélicoïdales qui ne demanderaient qu’à se laisser prendre dans son filet et à s’abandonner à une saillie explosive qui percerait les mystères de l’amour viscéral.
Je rêvais d’un Leroy Merlin, l’enchanteur… Tu parles ! Le rustre ! Le bricoleur du dimanche ! … Il ne lui arrivait même pas à la cheville.
Le voilà, tout fier… en une minute, il a fait son affaire.
Et il me laisse là, comme une vis bien biaisée…. à faire la Tour de Pise.
Et merde, encore de traviole….! Quel nul ce type!
Rien de pire que ces bricoleurs de l’instinct!
Ils passent leurs longs we et leurs journées de récupération à restaurer les improbables ruines stockées dans les greniers de leur famille.
Si on les qualifie d’intellos, ce n’est pas pour rien.
Ils n’ont jamais porté un seau d’eau, jamais manœuvré une brouette, encore moins dépiauté un lapin.
De leur enfance, ils n’ont retenu que les coups de marteau donnés de l’autre côté d’un mur. Un migrant, certainement, en panne d’intégration, accrochant sur la cloison le calendrier de son pays. Ou bricolant dans une palette un lit pour le petit dernier des six.
Quel idée aussi de s’aimer quand la place manque pour entasser les bébés?
Les chinois l’avaient compris, eux, en limitant à un enfant les possibilités d’un couple. Et tout ce temps gagné sur la galipette, reconverti en heures de travail. Maous Costaud, les débridés du boulot!
Maintenant, avec leur pollution galopante, leur garantie quotidienne de décès par incapacité à continuer de respirer, les pouvoirs peuvent se permettre d’autoriser un deuxième lardon, un déjà fumé de naissance.
Tu t’égares, tu t’égares, me souffle ma voisine…mais pas tant que ça, petite. Toi,tu
n’as jamais eu à côtoyer une vis fabriquée en Chine.
C’est quelque chose de voir un empoté du tournevis s’esquinter le poignet sur un matos mou du genou.
Et le gars s’acharne à faire tenir debout un escabeau que même un petit pot en plastique contenant un oignon de glaïeul ferait chavirer.
Pour consolider son « machin » il m’a barbouillé de cette colle censée tout coller sauf aux doigts.
J’ai compté. Nous sommes déjà 24 vis agglutinées dans cette sciure poisseuse. Toutes de travers.
Et il va continuer, continuer, en attendant béatement de constater que le poids du métal face à l’insignifiance du bois pourri va faire basculer son marchepied faire l’ultime degré de l’oubli.
Mais il continue…il continue!
A tous les coups, c’est un vissieux!
« Yes, enfin pour une fois je vais voir le monde de travers ! J’attendais cet instant depuis des dizaines d’années ! A chaque fois qu’un humain démonte les pans du buffet, je garde espoir mais rien…Toujours de bons bricoleurs passent par là…Et puis il y a aussi la stupide visuelles électrique..;celle là me donne du fil à retordre..;J’ai pourtant essayé de partir en biais plusieurs fois mais rien n’y a fait…sauf ce matin…Faut dire que l’humain en question ‘arrêtait pas d’éternuer. J’ai même entendu qu’il y avait une panne de courant et que la visseuse était déchargée. J’ai profité pour choper un peu la buée de la cuisine. leur VMC est en panne aussi ! Les doigts m’ont agrippé et j’ai lancé une prière aux dieu des boulons. ET CA A MARCHE ! Plus rien ne sera comme avant ! Je sens bien que tout le poids bascule d’un coté..;A terme la porte va coincer voir même casser. je serai enfin libre, prêt à être changer ! Je pourrais voyager dans la caisse à outils avant de rejoindre mes copines dans le pot du garage…