Exercice inédit d’écriture créative 257
Une sauterelle ayant sauté tout l’été
se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu.
Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé.
Que vous arrive-t-il ? lui demanda le batracien, vous…
Imaginez la suite
Ne surtout pas prendre mon texte au premier degré !
Henriette
Hagab la sauterelle ayant sauté tout l’été se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu.
Fourbue, c’est peu dire… ! épuisée serait le bon mot, harassée même serait plus juste !
Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé. Madame Gafeuz, kiné émérite, habituée à soigner les maux de fins d’été s’étonna tout de même :
« Mais que faisiez-vous au temps chaud ? dit-elle à sa visiteuse
Hagab, fatiguée murmura quelques mots à son oreille.
Madame Gafeuz fut surprise dans un premier temps, puis horrifiée lorsqu’elle eut entendu la totalité de l’histoire de sa patiente.
— Ma pauvre, vous avez rencontré un vrai monstre, il ne faut pas laisser passer ça. Et vous me dites que toute votre famille et même vos amis ont subi ses violences… ! Pourtant vous la dites si jeune, il n’y a vraiment pas d’âge pour la mauvaise graine.
Hagab se pencha encore à l’oreille de madame Gafeuz. Les derniers mots prononcés sous le signe de la confidence lui firent dresser les cheveux sur la tête, et rouge de colère se mit à hurler :
— Vous me dites aussi qu’elle s’en prenait aux grenouilles, aux escargots et aux lézards, mais vous me parlez vraiment d’un suppôt de Satan et pas d’une petite fille. Il faut porter plainte, nous allons tous deux aller trouver maître Buffo, excellent avocat de mes amis qui saura traiter cette affaire. Auparavant, je vais tout de même vous soigner.
Et les voilà partis.
Maître Buffo, vieux crapaud bedonnant, au teint grisâtre, parsemé de veinules rosacées les yeux globuleux cachés par de grosses lunettes rondes, écouta calmement les plaignantes. Lui aussi fut saisi d’effroi à l’écoute de la plainte. Mais décida de reprendre les choses en mains et de questionner Hagab :
« Mais que faisiez-vous au temps chaud ? dit-il à la plaignante ;
— J’ai dansé tous les soirs de l’été, chanté aussi lorsque la nuit tombait et que je pouvais enfin sortir de ma cachette ;
— Vous avez trop abusé, ce n’est point raisonnable, il faut savoir de quoi vous êtes capable !
— Mais c’est donc là mon métier, madame, et j’y suis fort habile ;
— Alors, que se passe-t-il si c’est bien ce que vous me dites ;
— Cette année fut aventureuse, j’ai dû me cacher tout au long du jour, j’étais cernée de toute part, malmenée, rudoyée, martyrisée même, regardez donc mes ailes elles sont presque arrachées, et ma patte est cassée.
— Mais qu’avez-vous donc fait, belle sauteuse ?
— Moi, rien, j’ai du même produire un arrête de travail, et vous n’avez donc pas vu le reste de la bande, certains n’ont carrément plus de pattes, on les a écartelés…assassinés
— On dites-vous, mais qui donc à oser ? s’écria le crapaud inquiet ;
— Une toute petite fille venue en vacances dans notre allée de jardin où nous vivions en paix, ne vous en déplaise !
— Une petite fille ? Je n’en crois pas un mot, elle ne peut-être l’objet de tous vos maux !
— Oh si, l’an passé elle marchait à peine et tentait déjà de nous attraper, mais nous étions tous forts agiles, elle en pleurait de rage, mais cette année, plus vive elle nous a anéantis.
— De mémoire d’avocat je n’ai jamais eu à traiter une affaire pareille, si je résume : elle est coupable d’arrachage d’ailes, de découpage de pattes, de démembrement caudal des lézards, de détournement de nourriture auprès des fourmis, d’épuisement d’escargots par les courses insensées qu’elle les obligeait à accomplir pour pouvoir se nourrir d’une feuille de salade flétrie, de pression allant presque jusqu’à l’écrasement sur le dos des grenouilles vertes qui peuplaient les plants d’artichauts, le procès sera de taille. S’en prenait-elle aux crapauds ?
— Non, ils étaient rares près de chez nous et quand par hasard elle en voyait un, elle se mettait à hurler de terreur. Il n’y a que les crapauds, maître, si je puis me permettre qui pouvaient l’arrêter.
— C’est bien tout ça, nous allons convoquer la chipie, mais cela va prendre du temps, vous me dites qu’elle ne vient qu’une fois l’an.
— C’est bien là le problème, nous ne savons pas comment subsister quand la bise sera venue, nous sommes totalement dépourvus et n’avons pu préserver pas le moindre morceau de mouche ou de vermisseau. Même la fourmi n’a plus de grains pour subsister jusqu’à la saison nouvelle.
— Et elle est partie jusqu’à l’août prochain me dites-vous.
Avez-vous des témoins demanda le batracien ?
— Oui, ils sont là avec moi, ils attendent qu’on les appelle : Il y a Jimmy le cricket, le plus amoché, ma compagne Flip qui elle n’a plus d’ailes, Gabi la grenouille qui avait l’avantage d’être d’une tendre couleur rosée et Verdurette toute verte, Mentalo et Kermit sont là aussi. Ce sont les moins amochés, mais ont tant soufferts qu’ils ont crié vengeance à l’encontre de la fillette. Ah j’oubliais il y a aussi Jojo l’escargot qui arrivera tantôt, il est un peu mou et prends son temps, mais c’est un rigolo.
Il appela Gabi, sa secrétaire, grenouille hypocondriaque à l’air si tristounet qu’il se demanda si elle n’avait pas subi les assauts de la petite fille.
— Faites venir le collectif pour lequel on doit agir. Mais qui va nous payer ?
Hagab prit l’air hagard.
— Vous payer ? Mais je vous ai dit que nous n’avions plus rien pour subsister jusqu’à la sais…
— Ce n’est pas une excuse, vous êtes des profiteurs. Qui me dit que vous n’avez pas menti.
— Moi, moi, nous s’écrièrent en chœur trois cigales. Nous sommes témoins, elle n’a jamais pu nous attraper.
— Deux ou trois fois, nous l’avons même piqué pour la punir, précisa Maya à la tête d’un vol d’abeilles, ils ont eu leur vengeance, laissez-la tranquille, car le grand-père veut démolir notre ruche. Le miel était pour elle.
— Ben, on n’est pas sorti de l’auberge murmura Buffo si les abeilles s’en mêle et la défende !
Henriette
Si je m’en souviens… c’était moi la petite fille ! Je l’avoue !
Une sauterelle ayant sauté tout l’été se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu.
Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé.
Que vous arrive-t-il ? lui demanda le batracien, vous…
– Oh, vous ne pourriez jamais imaginer , dit-elle, en retirant son imper et son écharpe.
– Dans mon cabinet, la discrétion est de mise. C’est « Ni vu ni connu »…
– Dès mon entrée dans le monde, j’ai accumulé les distractions avec Jacques, bien que Roger m’ait tenu la bride sur le cou.
Son regard chercha vainement à s’accrocher , mais les murs du cabinet étaient désespérément nus.
– Tenez, un soir, pour fêter le retour du Grand Blond avec une chaussure noire, Georges m’avait invitée avec les nouveaux aristocrates et nous avons mangé les pissenlits par la racine , à belles dents. Cela fit du rififi à Paname ! Mais, ne nous fâchons pas ! répétait Georges…
– Les bons vivants sont durs à cuire, même quand ils font la chasse à l’homme, murmura Monsieur Batracien.
Le kiné dévorait des yeux la Grande sauterelle, prêt à mourir d’amour en échange d’un seul week-end avec elle.
« Laisse aller, c’est une valse », lui répondit son for intérieur, elle est trop belle pour toi, comme Carole !
Il se pâmait à écouter la voix sensuelle de cette frêle Fleur d’oseille. Elle déroulait sa vie sur le tapis rouge. Le ton changea. Avec nostalgie, elle murmura :
– Mes amis disent de moi : « Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais elle cause… » . Cela ne m’a pas empêché d’avoir de graves problèmes cardiaques puis un terrible accident de voiture . La série noire a continué. Jeff m’a prescrit un séjour en Institut Thermal « Les cœurs brûlés », le mien ayant été brisé par un homme pressé….
Un silence s’installa. Elle songeuse, lui, tétanisé. Allait-il oser faire le grand saut ?
– Dis-moi que tu m’aimes, murmurait silencieusement le kiné, perdu dans son rêve . Je serai le plus vernis parmi les veinards…
La grande Sauterelle se leva, enroula sa longue écharpe , prit son imper et sortit. « Voyage vers l’inconnu », fredonna-t-elle en refermant délicatement la porte.
Dans son cabinet, le kiné s’allongea sur la table, mit un coussin sous la nuque et étendit une couverture. Il se dit que sa vie était aussi dissolue que la vie dissolue de Gérard Floque.
– Je vais mourir, écrasé de chagrin par une sauterelle. Au secours, je ne veux pas mourir de la mort d’un pourri ! Il continua son cinéma.
– Si elle dit oui, je ne dit pas non, murmura le batracien en l’imaginant déposer d’un geste élégant, un Borsalino sur sa chevelure blonde. Elle lui répondrait….
© Clémence
Fifi la sauterelle se trouva fort fourbue d’avoir sauté depuis la fin de juin jusqu’à celle de l’été.
Ces trop nombreux efforts, facteurs d’une immense fatigue,d’un grand flagada l’amenèrent à consulter un spécialiste car ses facultés physiques s’en trouvaient amoindries.
Ce dernier,fieffé as en la matière, s’enquit de ce qui lui arrivait.
Elle lui narra ses faiblesses,il l’écouta en agitant ses frêles antennes sensibles.
Tout ça n’est en effet qu’un peu de faiblesse passagère ma fille – dit-il . Vous avez un tantinet abusé de vos forces.Ce n’est que trois fois rien, affirma le forfaitaire assis dans son fauteuil, après l’avoir examinée sans feinte ni a-priori.
Rien de franchement alarmant. Ce n’est pas un fiasco loin de là.Prenez du repos,flânez à votre guise,foin des folies si vous ne voulez pas en payer la facture plus tard.
Je vais vous faire faire quelques mouvements pour vous détendre facilement et buvez ceci trois fois par jour dit_il en lui tendant une fiole brune et ne flanchez pas surtout.
Fifi reparti soigner sa flemme à la maison.
Elle suivi très fidèlement les conseils du kiné et s’en porta fort mieux en trois fois moins de temps qu’il ne faut pour le dire .
Moralité:
là où se trouve du bon sens, un futur heureux vous attend.
Une sauterelle ayant sauté tout l’été se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu. Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé.
– Que vous arrive-t-il ? lui demanda le batracien,
– Vous a-t-on jamais vu dans un tel état ?
– Jamais de ma vie s’écria-t-elle ! J’ai cette fois cumulé les heures de vol, mais aussi les décollages, qui demandent comme vous le savez, un effort tout particulier de ma musculature mon cher ami.
La sècheresse qui a sévi durant tout le mois de juillet m’a obligée à sillonner de nombreux champs, à la recherche de mes herbes favorites, brûlées par le soleil. Du Vaucluse au Gard, en passant par la Drôme et l’Ardèche, plus rien n’était sur pied. J’ai dû monter jusqu’en Auvergne ! Je n’étais pas belle avoir en arrivant à Clermont-Ferrand. Défraîchie, désaltérée, épuisée, j’ai dormi pendant 1 journée complète avant de me retrouver sur pied, prête à l’ouvrage. Mes amis de chez Michelin ont veillé sur moi, mais le mal était fait. Cette saison m’a épuisée ! Criquet des Pneus m’a alors conseillé de venir vous voir, pour préparer mon voyage de retour, que j’appréhende réellement.
Akel le kiné réfléchit un instant, puis lui dit :
– Vous êtes jeune et belle dame sauterelle, avec Akel pas d’atèle, pas de séquelle.
Il lui conseilla de battre des ailes cing fois par jour durant l’hiver afin que la belle, réponde à l’appel du printemps.
Beau cliché ! Sans rancune ;( Cordiales salutations d’une auvergnate et BIB.BRAVO à tous, je me suis régalée à vous lire. Fanny
Une sauterelle ayant sauté tout l’été
se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu.
Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé.
Que vous arrive-t-il ? lui demanda le batracien, vous…
Vous arrivez trop tard, imprudente et imprévoyante comme tous les autres !! :
la cigale a trop stridulé, problèmes de vibrato nécessitant une rééducation très spécifique,
la fourmi avec des douleurs thoraciques, pénibilité du travail collectif, pose problème,
les abeilles ont récolté des substances inconnues avec leurs brosses à pollen, de longues analyses sont indispensables, avant de regagner la ruche
les lombrics ne peuvent plus onduler, des massages s’imposent,
J’attends les grillons qui ne chantent plus, encore un problème d’élytres !!
Crise récurrente, problème de personnel, je ne peux plus prendre en charge les séquelles de sauteries estivales, désolé …… votre arthrite attendra.
Je vais retrouver ma rainette qui prépare le dernier concert de la saison …….
Une sauterelle ayant sauté tout l’été
se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu.
Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé.
Que vous arrive-t-il ? Lui demanda le batracien, vous
avez un air bien penché ?
– Oui docteur j’ai les pattes toutes bizarres
– -Hum… voyons, aller vers la gauche, doucement
– – impossible docteur, mes pattes Meta thoraciques sont complètement bloquées depuis quelques jours.
– Oh ! attention, pas de grands airs avec moi, dites plutôt les pattes qui vous servent à faire la folle dans les blés ce sera plus simple.
– Honteuse la pauvre baissa sa tête et devint toute rouge de confusions, pourtant elle avait bien apprit de ses professeurs le nom exact de ses 6 pattes et il ne fallait pas se tromper en les énumérant.
Pour calmer ce médecin mal léché, elle lui confia qu’elle venait consulter de la part de Monsieur Criquet.
Cela fit l’effet escompté et monsieur Crapaudin changea de ton immédiatement.
Asseyez-vous, je vous en prie chère amie que j’ausculte cette patte distordue et douloureuse. Elle se posa comme elle put dans le fauteuil de jonc capitonné de feuille de chêne.
– Soulevez la petite aile qui m’empêche de bien observer le repli délicat, merci. Monsieur Crapaudin ajusta ses grosses lunettes et régla son éclairage, une écaille d’aile de grand paon du jour qui reflétait le soleil de très merveilleuse façon, miroir dont il se servait pour les demoiselles uniquement. Ou pour les vieilles taupes qui venaient juste pour se faire plaindre.
– Avec précaution il posa ses doigts épais, mais tendres sur la petite patte blessée, frotta un peu sans appuyer, puis leva la tête avec un sourire satisfait. Il avait beau vouloir être aimable son sourire était quelque peu dégoutant et malgré ses efforts il ne pouvait dissimuler une bave malpropre.
La longue et fragile écervelée se mit à trembler, mais Monsieur Crapaudin la rassura du mieux qu’il put.
– Rien de grave jeune fille, quelques jours de repos et tout se remettra en ordre. pas de sauts intempestifs ni de danse au clair de lune et tout ira bien. Une abeille est venue me voir pour un problème de pollen dans les yeux, et pour me remercier elle m’a offert cette fleur de liseron remplie de miel, je vous l’offre avec plaisir, chaque matin prenez en une goutte et massez vos pattes avec douceur, si vous le désirez je viendrai vous aider matin et soir jusqu’à la guérison complète.
– Inutile docteur, j’y arriverai bien moi-même ou je ferai appel à mon ami Criquet, ne vous dérangez pas pour si peu.
– Monsieur Crapaudin était triste. Il avait pu rêver un instant en posant ses gros doigts sur l’élégante sauterelle
–
– Mais la magicienne dentelée (c’est le nom de sa famille) n’avait que faire des sentiments de ce Crapaudin peut ragoutant malgré son bon cœur.
– Elle rentra chez elle en boitillant portant avec prudence le liseron sur sa tête. Elle pensait en souriant que Criquet se ferait bien un plaisir de l’aider pour masser avec tendresse ses jolies pattes élancées. Elle se disait en secret que ses douleurs ne seraient pas guéries en 3 jours, mais peut-être bien qu’elles dureraient tout un long hiver.
– .
–
La sauterelle, le crapaud et la libellule
Une sauterelle ayant sauté tout l’été
Se trouva fort fourbue
Quand l’automne fut venu
Elle s’en alla voir un kiné
Qu’un criquet lui avait conseillé
Que vous arrive-t-il ? lui demande le batracien
Exténuée, déprimée
Après avoir batifolé
Tous les soirs sur la dune
Près d’un jeune criquet au clair de lune
Vous voilà effectivement bien amaigrie
Un régime fortifiant sur-le-champ je vous prescris
Sans quoi j’ai bien peur, la froideur hivernale
Risque de vous être fatale.
Je vous conseille un séjour de marécageo-thérapie
Chez la libellule mon amie
Bains de vase, piscine d’eau trouble
Régime gras aux fruits du marais
Sieste dans les roseaux
Vous m’en direz des nouvelles
Et crédule sauterelle
Signa pour la cure miraculeuse
La demoiselle paresseuse
De l’opulence du buffet
Et de la qualité des mets
Fut plus que ravie
Jusqu’au jour de sa sortie
Où voulant prendre son envol
Pauvre folle
S’effondra de tout son poids
Dans la mare en contrebas
Au secours, cria-t-elle
Et la libellule de se frotter les ailes :
Que faisiez-vous cet été ?
Sur la dune vous sautiez ?
J’en suis fort aise
Et bien nagez maintenant !
Aussitôt le crapaud de batracien
Par l’odeur alléché
De la sauterelle joliment engraissée
Ne fit qu’une bouchée
©Sylvie Wojcik
Une sauterelle ayant sauté tout l’été
Se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu.
Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé.
-« Que vous arrive-t-il ? » Lui demanda le batracien chenu
– « J’ai la tête qui m’embête
– J’ai les pattes qui me grattent
– Et les ailes qui s’entremêlent
– Les antennes qui se gangrènent
– J’ai le thorax qui me malaxe
– Le fémur qui se claquemure
– Le tibia qui dit du charabia
– Les mandibules qui affabulent
– L’abdomen qui me malmène
– Les spiracles qui renâclent
– Et les yeux catarrheux. Guérissez-moi » supplia cette éternelle hypocondriaque
La grenouille était soupçonneuse. C’était là son moindre travers
-« Qu’avez-vous fait en août ? » demanda-t-elle d’un ton pervers
– « Je sautais pour tout venant »
– « Vous sautiez ? Eh bien cotisez maintenant ! »
Une sauterelle ayant sauté tout l’été se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu. Un de ses potes criquet lui conseilla d’aller voir un kiné batracien réputé…
– Eh Jimi, t’es fêlé de m’envoyer chez ce crapaud, il va me faire la peau !
– Mais non ma petite radeuse, c’est un vrai pro, avec éthique et plaque sur la porte…
– Et mes tocs, c’est du poulet !
– Tu es sur les nerfs, chérie : il faut faire quelque chose ! Sinon, fini le Bois pour toi : tu te vois retraitée à ton âge… Sois raisonnable, tu sais que tu n’as pas encore tous tes trimestres ! Tu veux te retrouver à des kilomètres du Marais, dans une banlieue paumée ? T’es encore bien verte et t’as une bonne cote sur les Champs. Je t’assure, c’est un des meilleurs rhabilleurs du quartier, il ne ferait pas de mal à une mouche. Je crois d’ailleurs qu’il est de l’autre bord : lui son truc c’est les grenouilles-léopard, aucun risque qu’il s’intéresse à tes jolies cuisses autrement que pour leur redonner des ailes, ah, ah !
– Ah, ah, c’est fin ! Ferme ton clapet, Jiminy, et retourne à tes cartoons ! Pas question d’aller me faire tripatouiller par un tétrapode baveux…
Et tournant sur ses talons haut perchée, la grande sauterelle remonta l’Avenue d’un pas décidé pour battre son quart : aujourd’hui dimanche, il y aurait du gandin gominé, c’était pas le moment de céder un bout de trottoir. Au diable les courbatures : l’exercice physique, rien de tel pour vous remettre les gambettes (et le reste) en état de marche !
Bon dimanche, Christine
Une sauterelle ayant sauté tout l’été se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu. Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé.
Le diagnostic fut sans appel! A force de sauter tout et n’importe qui, n’importe où et n’importe comment elle (il,en fait) courait (si l’on peut dire!) un grand risque!
Son zizi génital risquait de grossir jusqu’à un stade fatal et handicapant.
De fait, la sauterelle mâle est unique avec ses pattes postérieures clairement disproportionnées par rapport à celles de devant. Cette conformation lui rend la marche difficile, voire impossible surtout avec un sac à dos trop chargé.
Si l’insecte souhaitait encore se déplacer normalement,il fallait se calmer. Il devait cesser de profiter du fait de voyager incognito, en nuage pour gambader ainsi de troués en orifices.
Le kiné lui fit comprendre qu’il ne pouvait pas grand chose pour lui…ah non, surtout pas le toucher.
L’insecte retint juste un discret conseil du spécialiste qui lui massa longtemps la tête!
Se ranger… peut être, faire grillon dans un foyer quelconque!
Une sauterelle ayant sauté tout l’été
se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu.
Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé.
Que vous arrive-t-il ? lui demanda le batracien, vous boîtez ?
Je ne sais pas justement ce qui m’arrive, je sautais, je sautais comme je le fais depuis que je suis née mais depuis que la bise est survenue mes pattes se dérobent sous moi !
Je ne vais pas vous dire, en plagiant Mr de la Fontaine, eh bien dansez maintenant !
De toute façon vous avez frappé à la mauvaise porte, je suis un batracien et ne soigne donc que des batraciens.
Effrayée d’être face à un batracien, en quelque sorte un ennemi, elle prit ses « jambes » à son cou ! Mais où se diriger maintenant, handicapée, grosse de ses œufs, Il lui fallait trouver un endroit. Se rappelant que tous les chemins mènent à Rome, suivant le vent et son instinct, elle partit au hasard ; sur un bas-côté, elle aperçut une cigale et une fourmi en train de discuter mais ne voulant pas se détourner du droit chemin, elle continua, mais à quelques sauts de là, ses pattes la trahirent et elle tomba, à moitié évanouie. Un corbeau qui volait par là l’attrapa mais la trouvant encore moins digne de lui qu’un fromage la laissa retomber…. sur une tortue qui nullement gênée continua son chemin vers la plage pour pondre ses œufs. Elles le firent de conserve . Puis elles repartirent, chacune vers son destin, un peu lasses, un peu tristes, mais la sauterelle en sautant mieux que jamais.
Lis ces vers avec délices
Qui happent, sans prétention,
Perrat tes propositions
Toujours emplies de malices…
La Saut’relle et le Kiné
La Saut’relle ayant sauté
Tout l’été
Tant sursauté et tressauté
Qu’elle se trouva fourbue
Quand l’automne fut venu.
Plus un seul tout petit saut
De carpe ou de souriceau !
Elle alla crier sa chouïne
Chez l’Kiné qui vaticine.
Conseillée par un criquet
Pèlerin et très coquet.
« Bon ! Que vous arrive-t-il ?
Demanda le Batracien
Avec ses manières subtiles
D’habile rhétoricien.
– Tout l’été, j’ai sauté tant
Et à tire-larigot !
Que j’ai maint’nant la mollesse
D’une espèce d’escargot
Pleura le pauvre orthoptère
Désormais cloué à terre. »
La Grenouille est une andouille,
Fût-elle Kiné Piqu’ Niqu’ Douille,
Car ell’ ne boit que de l’eau
Et encor’ cell’ des ruisseaux !
« Vous sautat’s à fond la caisse !
Lui décroch’ l’homme de l’art,
Véritable têt’ de lard,
C’est fortiche, c’est bonnard,
Eh bien, traînez sur les fesses,
Comme un lézard, maintenant ! »
Une sauterelle ayant sauté tout l’été se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu.Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé.
– Que vous arrive-t-il ? lui demanda le batracien étonné. Vous vous êtes égarée ?
– Déjà que je n’étais plus trop en forme ne voilà-t-il pas qu’hier j’ai fait un faux mouvement en voulant éviter une tondeuse à gazon. Depuis, j’ai d’atroces douleurs dans une patte. D’ailleurs, j’ai eu un mal fou à sauter sur votre nénuphar.
– À votre âge, il faut faire attention, pontifia le crapaud dubitatif.
– Espèce de malotru ! Je ne suis pas venue ici pour me faire insulter. C’est Jimmy mon meilleur ami, si vous voyez ce que je veux dire, qui m’a conseillé de venir vous voir pour un massage.
– Ah bon ! dit-il plus que perplexe. Je l’ai vu pas plus tard qu’hier soir jouant la sérénade à Cricri.
– Qu’est-ce que vous insinuez ?
– Oh moi, ce que j’en dis ! Installez-vous ici, je vais vous faire une séance d’acupuncture.
Le batracien s’amusa à planter de-ci de-là quelques brindilles affutées dans le corps de la sauterelle qui sursautait à chaque piqure.
– Ça fait mal vos aiguilles ! hurlait-elle.
– Demain il n’y paraîtra plus. Je ne vais pas vous manipuler plus longtemps. Vous avez de la veine que je sorte d’un banquet pantagruélique. Je vais vous avouer un truc : je ne suis pas kiné.
– Ah ! s’exclama-t-elle horrifiée.
« Je n’ai pas plus de jugeote qu’un grain de maïs », dit-elle in petto.
Une sauterelle ayant sauté tout l’été se trouva fort fourbue quand l’automne fut venu. Elle s’en alla voir un kiné qu’un criquet lui avait conseillé
– que vous arrive-t-il ? Lui demanda le batracien, vous avez mauvaise mine.
– pensez-vous, je ne tiens plus debout on se croirait revenu au cirque ambulant !
Elle se souvint aussitôt, rien qu’en prononçant le mot , l’enfer lui revint, le goût âpre de poussière décollée de la route par les chariots précédents, la chaleur accablante du voyage, au travers les campagnes arides de cette fin d’été.
Elle se rappela trois ans plus tôt au cirque ambulant Pozollini.
Ils viennent de quitter Renne et remontent doucement vers la Normandie. Passage obligé sur Caen, ou se trouve la mère de Pablo, avant le grand retour sur la capitale. Pablo leur fait mener un train insoutenable en enchainant les représentations (parfois trois par jour), et sitôt terminé le dernier spectacle, départ vers la ville suivante. On repère un emplacement, on gare les chariots et on remonte le petit chapiteau. Déjà les exercices reprennent. A peine l’échauffement terminé que Pablo s’insinue en soulevant le rideau.
– bientôt prête les filles ? le début dans trente minutes.
Jusqu’au soir ses copines et elles vont s’exhiber, montrer leur dernier numéro, encore et encore. Elles ont réussi à négocier au moins deux pauses de quinze minutes en plus des arrêts indispensables pour manger. « Sauterelles de scène » avait-il précisé sur leur contrat, tu parles, elles se sont bien laissé avoir. Ce qui les avait convaincues s’était de pouvoir se produire dans ces nouveaux cirques en dur à Paris. Mais avant cela, la route, toujours et encore, la route. De plus ce sacré Pablo (il finira par les tuer) ne les avaient pas prévenues du détour pour voire sa mère malade à Caen.
Du coup, après tout ce dur périple, se retrouver dans un cirque qui ne bouge pas, avoir une vraie loge, certes, commune pour les cinq du groupe, mais une loge tout de même où elles pouvaient laisser leurs affaires et prendre une douche, paru salutaire. Le bénéfice que leur procura le confort de leur nouvelle cage fut de courte durée. Pablo, avide du succès grandissant, et profitant de ne plus avoir, à changer de ville tous les jours, organisait un maximum de spectacle, toujours plus imaginatifs, toujours plus extraordinaires mais toujours plus difficile pour elles.
Le leader du spectacle des criquets lui conseilla donc un kiné. Il faut dire que les criquets avaient des numéros très rodés, ils étaient là depuis plusieurs semaines, ils avaient eu le temps de s’installer d’avantage.
– ah oui vous venez de la part de Monsieur Jomono du cirque Napoléon il me parle souvent de ces cadences infernales. Je le rafistole souvent.
– et encore, leur impresario est plus cool que le nôtre. Regardez donc mes pattes, je ne sais plus quoi faire.
– ne vous inquiéter pas ma petite dame, je vais m’occuper de vous.
Cela fait maintenant plusieurs mois qu’il la rafistole régulièrement, mais la sauterelle est courageuse et rien ne l’empêche de continuer.
Plus tard, bien plus tard, ses arrières petites filles reprenant le flambeau dans la tradition du cirque de mères en filles, verront, avec l’apparition de la radio et de la télé le nombre de leurs représentations diminuer ainsi que celui de leurs spectateurs.
Mais pour l’heure, elle doit retrouver ses camarades dans la loge, enfiler son costume de paillettes brodées, se maquiller, assurer le spectacle.
Show must go on !
La sauterelle ayant sauté tout l’été
se trouva fort fourbue.
quand l’automne fut venu
Elle s’en alla voir un kiné
qu’un criquet lui avait conseillé
Que vous arrive-t-il ? lui demanda le batracien
ah monsieur du crapaud ;
c’est Jules Renard qu’en est la cause
lui et ses Histoires Naturelles !
Il prétend que je suis
le gendarme des insectes,
que je chique et que j’ai
un grand sabre au derrière.
Il m’a poursuivi de ses doigts,
joué avec moi, nuit et jour à tout venant.
La rage de sauter m’a prise.
Je me suis échappée.
Mais, fragile et démontable
j’ ai laissé dans sa main, une petite cuisse .
Pour sauter, je ne suis pas à l’aise
sur un pied ! maintenant.
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