La chambre des Dames n’était qu’un lointain souvenir, je n’avais pas vu les visiteurs et j’étais trop jeune pour avoir vécu l’époque médiévale.
Je n’allais jamais au Mac Do, et oeuvrait sans relâche pour en dégoûter mes proches en culotte courte.
A vous lire, tous, devant tant de talent, j’avais le sentiment de ne pouvoir faire mieux, voire aussi bien. Vous aviez tout dit… Tout rapporté.
C’est alors qu’en panne sèche sur mon ordinateur, je constatai une présence : un jeune homme se tenait près du canapé où nous nous étions installés, mon fidèle Mac et moi. (un autre Mac, pas celui dont vous attendez l’histoire).
Devant mon étonnement, il m’avoua être entré par la fenêtre laissée ouverte par ce bel après midi de mai.
Le jeune damoiseau, pour rester un peu dans le thème, détenait dans une main un miroir et dans l’autre des pavots de l’Himalaya aux pétales diaphanes, bleu ciel satiné qui semblaient sortir tout droit de l’imagination d’un artiste peintre. Dans son dos, les ailes d’un ange ou d’un papillon géant brassaient sans bruit l’air capiteux émanant des iris sous ma fenêtre. Cette brise parfumée, ce souffle bleuté aux volutes rassurantes eurent raison de ma vigilance et je me sentis glissée dans les bras de ce bel éphèbe.
Il m’avait touchée de ses pavots soporifiques et je sus son nom en même temps que je sombrai dans l’inconscience.
Morphée.
Dommage, la visite de Dame Muse m’aurait mieux servie.
Un bruit de chevaux, assourdissant et couvrant le brouhaha de la salle, était parvenu à mes oreilles. Le silence s’était fait, les mouvements s’étaient figés et tout le monde regardait vers la porte de la taverne. Elle s’ouvrit brutalement et une dizaine de guerriers entrèrent. Ils étaient couverts de poussière et leur air effarouché disait long sur ce qu’ils venaient de vivre. Le silence n’avait duré que quelques minutes, puis l’animation reprit de plus belle.
Ils s’attablèrent à coté de moi. Ils étaient excités et affamés. Ils parlaient à voix haute et riaient de leurs galéjades en se donnant des coups sur le dos. Ils s’étonnaient des changements apportés à la taverne et à son nouveau nom. Ils ricanaient en observant les clients qui, docilement, apportaient, débarrassaient eux même leur plateaux et jetaient les restes dans un vieux tonneau de pinard.
A dire vrai, et au tout début, j’étais moi-même étonné des nouvelles habitudes de « Mac-Do Taverne ». Mais maintenant, c’était devenu mon endroit préféré, surtout en ce jour de cohue. J’aimais surtout voir la joie dans les yeux des enfants qui ouvraient leur cadeau surprise, avant même de commencer à manger.
Ne voyant personne venir à leur table, leur tolérance avait atteint ses limites et leur chef cria soudainement :
– Personne ne vient servir les guerriers victorieux ?
La nouvelle propriétaire, vêtue de sa nouvelle blouse rouge, arriva à leur table et leur dit avec son plus large sourire et son plus généreux décolleté :
– Bonjour à vous, brave guerrier ! Je devine que vous n’êtes pas venus ici depuis longtemps et que vous n’êtes pas au courant de nos nouvelles règles. Maintenant, et depuis que Mac-Do a acheté la taverne, chacun va faire sa commande tout seul pour choisir le menu qui lui plait.
– Vous insinuez que nous ne serons pas servis à table ? Vous croyez qu’après avoir fait la guerre pendant tant d’années, nous ne méritons pas cette petite faveur ?
– Sachez, brave guerrier, que notre maison vous rendra touts les hommages pour votre courage par des offres spéciales, gourmandes et alléchantes.
Las de ces niaiseries et à bout de patience, le chef se tourna vers le plus gringalet de ses guerriers et lui ordonna d’aller leur chercher de la nourriture et du vin. Quelques minutes après, le frêle guerrier revint bredouille, se lamentant de la longue file d’attente et de la diversité des plats proposés. Le chef des guerriers, rouge de colère, se leva d’un bond et se précipita vers le comptoir. Soudain, il s’arrêta devant une belle demoiselle qui attendait son tour pour passer sa commande. Hésitant, il s’approcha d’elle. Dès qu’elle le vit, la jeune fille se jeta dans ses bras.
– Vous êtes revenu ! J’en remercie les dieux !
– Je vous l’avais bien promis. Je suis un homme de parole.
A contre cœur, il la libéra de sa puissante et tendre étreinte pour bien la regarder. Le changement était radical entre le guerrier affamé et l’homme qui retrouvait sa bien-aimée après une longue absence.
– C’est le ciel qui vous envoie ! Je ne comprends pas ces tableaux et j’ai très faim, ainsi que mes pauvres camarades.
– Ne vous inquiétez pas, je m’en charge. Je vous prendrai, à chacun, deux menus « Guerriers » pour vous rassasier et aussi pour vous faire profiter des boissons à volonté.
– Et vous, qu’allez-vous prendre ?
Elle lui adressa un regard brillant de malice et lui susurra à l’oreille :
– Pour moi, un menu « Amour éternel » avec sa sauce tartare et pour lui un menu « Kids » avec frites.
Une lueur faite d’un mélange de tristesse et de jalousie, couvrit le regard de ce chef guerrier qui tout à coup revenait au monde des communs des mortels.
– Voudriez vous m’expliquer et me dire de qui il s’agit ? Je le connais ? Il est nouveau dans le village ?
D’une voix enjouée, la jeune fille appela un petit garçon qui jouait dans le château miniature avec d’autres enfants :
– Bernard ! Venez dire bonjour à votre père.
« Oyez, Oyez, gentes dames, et bons gens ! Notre seigneur le Sieur de Saint-Brévin a grand plaisir d’organiser un concours de bonnes mangeailles à l’occasion de la foire de printemps, sur la halle de Bauliach-la Rivière.
Notre seigneur récompensera la meilleure idée culinaire de la région.
Le premier prix sera remis à celui qui aura eu une idée nouvelle et agréable aux palais de nos juges de la guilde des aubergistes, mais également à ceux des visiteurs et autres vendeurs, durant cette foire. Il aura l’immense honneur de prendre possession de l’auberge de Bauliach la Rivière fermée depuis le trépas dramatique de Maitre Rondelet.
Le second prix se verra attribuer une charriote équipée pour faire commerce de mangeaille à emporter dans les villages alentour.
Cinq postulants seront en compétition. Ils devront pour être choisi proposer leur idée à Dame Aline de Saint Brévin et les honnestes gens de la Guilde avant la fête pascale. Chaque crépuscule verra l’élimination d’un candidat. Les deux derniers s’affronteront dans un tournoi le jour de la Saint-Jean. »
Dans chacun des villages et hameaux de la région, les hérauts sonnaient et portaient la parole de Sieur Gauderic de Saint-Brévin.
L’agitation était à son comble. Diantre, le prix en valait la peine, mais l’idée il fallait l’avoir.
Odeline et Alaïs Fourachaux les deux jumelles de la ferme de Coustaussa, s’enfermèrent dans la cuisine de leur mère et complotèrent tout au long de la nuit.
Pour Doriane D’ocnal qui n’avait point de dot et Martin Pailles, son amoureux, fils du boulanger de Limoux, l’aubaine était bonne. Ils pourraient enfin s’épouser.
Adelphe et Eulalie Coll, qui traînaient leurs savates dans l’auberge de leur oncle, vieux rapiat qui chipotait sur tout et sur rien, verraient ainsi leur avenir s’affirmer.
Muguette et Colin Lafleur, les enfants de Gersande … elle avait épousé en seconde noce Balan Lavergne, un vieil hypocrite râleur qui ne supportait plus les deux feignasses qu’il nourrissait à ne rien faire – disait-il – alors que du soir au matin ils trimaient dans ses vignes, ils pourraient ainsi acquérir leur liberté.
Gautier Sansort et Gauderic Dupré, deux compagnons ménagers, se louant de ferme en ferme au hasard des saisons s’enivrèrent d’espoir à l’annonce de cet édit.
Ceux-là parmi tant d’autres furent retenus ! Ils avaient tous des idées, des bonnes et quelques moins bonnes, mais ils avaient tous su convaincre ce jury difficile.
Dame Aline de Saint Brévin était connue dans la région pour sa bonté et son impartialité, mais les gens de la Guilde personne ne les connaissait. Ils se disaient, car les langues allaient bon train, que Clotilde Delalingue, Borhort Desqueues et Morgane Guilledoux, avaient un palais très affiné et n’étaient pas des tendres.
Tudieu ! L’affaire était nouvel et tous en rêvaient, on en parlait le soir dans les chaumières, et même les curés donnaient des conseils de prudence au cours de leurs prônes. Les jaloux qui n’allaient pas pouvoir concourir faisaient courir des bruits sur les raisons du trépas de Maître Rondelet qui se serait empoisonné en confondant les baies de belladone avec celles de la salsepareille. Affaire surprenante pour un homme aussi chevronné !
La Foire arriva enfin.
Samedi 20 juin 1185, dès potron-minet, tous les cantons s’étaient vidés. Le marché devait être prêt pour recevoir les chalands. Isoline, la reine des abeilles, installait déjà ses pots de miel, on disait qu’il était le meilleur de la région. Elles se retrouvaient toutes, ces femmes de paysans allant vendre le maigre produit de leurs terres desséchées par le soleil et le vent. Elles poussaient des carrioles à bras couvertes de cages à poules, se déhanchaient sous le poids des couffins débordant de navets, de choux, d’ail et d’oignons, de pois ou de lentilles. Les paniers d’œufs si fragiles étaient surveillés par les mères qui ne les confiaient pas aux enfants trop turbulents, croulants pourtant sous le poids des paniers d’osier vides qu’ils vendraient au marché.
Le soleil rehaussait les couleurs vives de leurs châles et de leurs corsages. Rouges, vertes, safran, indigo, leurs robes bariolaient le ruban terne des chemins.
Les hommes, eux, conduisaient les bœufs, les moutons ou les chèvres qui devraient avoir impérativement vendus à la fin du marché.
Seuls les vieux étaient restés à la ferme pour garder les cahutes et les petiots.
Ces jours-là, c’était la fête, ces femmes joyeuses allumaient des feux dans le regard des hommes. Ce n’était que rires, œillades, vantardises, messages bon enfant. Ils étaient tous heureux.
Le soir, les plus chanceux dormiraient chez des amis ou des parents, mais la plupart s’enrouleraient dans une couverture au pied de leur étal.
Le marché fourmillait de rires et de joies, mais nos dix concurrents, la peur au ventre et la tête pleine de rêves s’affairaient, eux aussi autour de leur carriole prête pour leur concours.
Chacun des concurrents avait élaboré en grand secret quelques recettes.
Des paris furent pris et chaque clan eut ses partisans et ses détracteurs.
En silence, ils devaient cuisiner jusqu’à l’angélus de midi les produits qu’ils avaient apportés, leur recette secrète, celle qui leur donnerait le droit de concourir le lendemain.
Les feux allumés, un instant on crut entendre les mouches voler autour des charriotées. Puis la chaleur aidant, la piquette étanchant leur soif, ils commencèrent à se chamailler d’une charriote à l’autre, quand ce ne fut pas entre eux.
« Regarde ? Tu as laissé tomber un bout de coquille dans les œufs que tu bas !
– Tu mets trop de farine,
– Les pissenlits sont mal lavés, et l’on n’a pas assez d’huile d’olive, cours vite chez la Rose, pour en acheter…
– Tu n’as pas épluché les navets pour la soupe,
– Aura-t-on assez de lard ?
– Comment va-t-on appeler notre plat ! Tu as entendu les navets font frizz dans l’huile ! Oh l’idée me vient
– Il faut creuser un peu plus les pains pour mieux les garnir…
Ils transpiraient, ils se hâtaient, le temps passait bien vite sous le regard des badauds qui souhaitaient deviner ce qui se tramait derrière les toiles de jute qui cachait chaque concurrent.
Le gagnant du jour ne serait divulgué qu’au moment de l’Angélus de midi.
Pour cette première partie rien n’était imposé et tout était cuisiné en grand mystère.
Le soleil était au Zénith et des fauteuils furent installés pour dame de saint Brévin, son époux et les trois jurés de la guilde.
Les premiers coups de l’angélus de midi sonnèrent. Et les draps furent détachés.
Les odorats et les estomacs titillaient.
Le Curé Bonnard vint bénir les plats et récita le bénédicité.
Enfin, les plats furent présentés au jury. Chacun gouta, l’air sévère, quelquefois l’œil frisa ou tiqua à l’énoncé du plat.
Ils allaient devoir éliminer un concurrent ! Épreuve délicate !
Les participants se tenaient, raides, les bras le long du corps, la peur au ventre, les joues rouges ou blêmes, n’osant regarder.
Qui serait éliminé le premier ?
Qui serait félicité en gagnant une première médaille ?
Le tirage au sort de passage avait désigné Odeline et Alaïs en première position. Serait-ce un présage.
Les jumelles, belles brunes au teint mât, présentèrent leur « Pascade à la ciboulette sur tranchoir de pain d’épeautre »
La couleur était belle, mais le plat semblait un peu sec.
Doriane et Martin venaient ensuite avec : « Cœur de froment garni de viande hachée et accompagné de frizz de navets »
Ce fut Doriane qui offrit ses plats aux jurés, elle resplendissait de bonheur, semblant offrir avec ses cœurs de froment, son amour pour Martin.
Aucune émotion ne transparaissait parmi les jurés.
Adelphe et Eulalie présentèrent une écuelle de soupe aux trois choux et aux lardons.
Le fumet embaumait l’assistance. Eulalie était rouge de plaisir ou d’angoisse. Son chignon s’était détaché et elle se sentait gênée.
Muguette et Colin Lafleur proposèrent leur salade de pissenlit aux œufs durs, sur un tranchoir de pain d’avoine.
Quant à Gautier et Gauderic, ils avaient oublié de cuire leurs asperges sauvages, mais elles étaient accompagnées d’une vinaigrette pimentée et d’œufs durs écrasés qui aurait pu sauver leur oubli.
Les parieurs aussi se taisaient, car certains avaient joué gros, selon leurs affinités évidemment.
Flora de Saint Brévin, la jeune et jolie fille des seigneurs, présenta une corbeille à chacun des gouteurs. Chacun y déposa le nom de leur champion.
Le temps s’était arrêté à Bauliach la Rivière… et l’on n’était pourtant qu’au premier jour du concours.
Au loin, une vache meugla, un chien aboya, mais les humains osaient à peine respirer.
Flora de Saint Brévin, lut les petits papiers :
– Doriane et Martin
– Doriane et Martin
– Muguette et Colin
– Adelphe et Eulalie
– Odeline et Alaïs
Gautier et Gaudéric hurlèrent de rage, et se précipitèrent dans la taverne. Ils allaient devoir repartir à la recherche d’un autre louage.
Doriane et Martin avaient gagné deux médailles les autres en avaient une chacun.
Mais tout n’était pas joué.
Dimanche 21 juin, on leur imposa un panier garni qu’ils devaient accommoder à leur manière.
Ce furent Adelphe et Eulalie qui remportèrent les deux médailles avec leur soupe châtaigne et potiron. Ils tenaient le haut du classement. Les jumelles furent éliminées. Le choix avait paru difficile.
Lundi 22 juin, ce fut au tour de Muguette et de Colin de rendre leur tablier, Muguette éclata en sanglots, mais Aline de Saint Brévin, connaissant leur problème et ayant apprécié le premier jour la fraîcheur de leur salade de pissenlits et aussi ce jour-là leur soupe de cresson des bords de la Bauliach, leur proposa un emploi aux cuisines du château.
En lice ne restaient que les deux charriotes gagnantes : celle des amoureux et celle des neveux de l’aubergiste.
Qui seraient les plus qualifiés ?
Les paris rebondirent ! Certains misèrent le prix de vente de leurs vaches ou de leurs œufs. La marchande de fromage proposa tout un lot de fromage (c’est vrai, ils étaient invendus) …
Jeudi 23 juin, jour de la Saint Jean !
Les fagots de sarment étaient déjà entassés pour le feu du soir. Les musiciens étaient prêts pour le bal. Le concours serait présenté lors de l’angélus du soir, dès la fermeture du marché.
Les concurrents étaient fébriles. Ils avaient quartier libre, chacun choisissait son menu, comme le premier jour, mais cette fois ils se devaient de présenter aussi un dessert, et désigner un nom pour leur commerce.
Adelphe et Eulalie inventèrent une soupe merveilleuse servie avec des croutons grillés, du chou, des raves le tout cuit doucement avec un jambon fumé. Leur dessert fut composé de fraises des bois à la crème fraîche.
Doriane et Martin, toujours aussi amoureux, décidèrent de rester fidèles à leur pain en forme de cœur, garni cette fois de fromage, de hachis de bœuf, et d’herbes fraiches de la campagne (offertes par Marianne une voisine spécialiste des plantes) et accompagné de frizz de navet et de betterave. Leur dessert fut merveilleux… un biscuit de sucre en neige au cœur coulant de miel et de fraises.
Les choix furent difficiles, les concurrents étaient à ce moment du jeu ex aequo. Comment les départager ?
Ce furent sans doute les noms qui jouèrent en leur faveur.
Adelphe et Eulalie Coll avaient nommé leur échoppe « Le jardin d’Eulalie »
Doriane D’ocnal et Martin Pailles avaient joué avec leurs patronymes mélangeant les syllabes.
Ce fut Mac’Dor qui gagna le premier prix : l’auberge de Bauliach la Rivière où l’on sert depuis ce jour des frizz de légumes accompagnant leur pain de froment en forme de cœur.
Adelphe et Eulalie étaient ravis, ils allaient pouvoir quitter le vieux grigou.
Ils furent tous heureux et eurent quelques enfants.
Ce soir là on dansa fort tard, la bière coula à flot et nos cuisiniers s’endormirent plein de rêves.
Le Mac Do de Carcassonne va ouvrir ses portes pour l’heure du déjeuner
La scène se passe sur la place de cette bourgade fortifiée
Au fond on voit on voit l’auberge Mac Do, façade flambant neuf,décorée d’oriflammes rouge et jaune
Des bancs et quelques solides tables en bois sont installés dehors à l’ombre d’arbres factices
Une servante y dépose hanaps et pots d’eau
Côté cour entre une charrette pleine de petits pains ronds et de filets de viande,le tenancier,son couteau économe à la main,vient réceptionner la marchandise
Des badauds arrivent côté jardin : une dizaine de femmes avec leurs enfants des filles intimidés
A peu près autant de jeunes hommes tout farauds,des galopins poussant une brouette ou portant un seau d’eau
2 ou 3 gardiens de l’ordre qui veillent à ce que tout se passe bien
Devant l’auberge se tiennent le prêtre ,le seigneur du lieu et sa dame
Les acteurs se bousculent un peu,le tenancier fait signe aux sbires de canaliser la populace car d’autres personnages arrivent encore
On entend au loin une rumeur indistincte à laquelle personne ne prête attention
La rumeur augmente,elle vient de derrière l’auberge
Cette fois le foule se fige,on voit apparaître des paysans ,la faux sur l’épaule, l’un d’eux pousse devant lui un veau
On entend :
A bas le Mac Do
Préférez notre veau
La garde se rassemble,le prévôt se dirige en courant vers le seigneur
Le tenancier,inquiet,se replie à l’intérieur
Dans la foule la rigolade,la surprise ou l’inquiétude se lisent sur les visages
Les mères ramènent les enfants dans leurs jupons
Hilledegarde, couverte de bas-de-chausses usées, après avoir servi un bouillon chaud à son mari Godefroy malade,s’apprêtait pour aller au MacDo faire quelques emplettes. La Seigneurie dont ils dépendaient ne leur laissait pas assez sur leurs récoltes pour se nourrir suffisamment. Avant, elle irait sur la tombe de son fils Pépin qui avait fait un bref séjour sur la terre avant d’être rappelé à Dieu. Parfois elle trouvait celui-ci bien cruel et en avait assez de s’y soumettre ainsi qu’ à son Seigneur terrestre et révoltée pensait « mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ». Bernard Clavier ne l’aurait-il pas plagiée?
En boitillant car ses varices la faisaient cruellement souffrir, elle arriva au MacDo. En regardant à travers les vitres, elle vit des hommes et des femmes en train de manger à pleines dents des tartines de rillettes, de pâtés et de cochonailles diverses. Poussée par la faim, elle entra, au moment où on emportait Macha sur une civière. Elle proposa son aide à Do qui accepta. Et c’est ainsi qu’elle remplaça tout simplement Macha. Comme c’était , quoi qu’on puisse en penser, une bonne chrétienne, elle porta ou fit porter chaque jour du bouillon bien chaud à Godefroy. Pépin lui fut un peu oublié mais comme le dit la vox populaire « les morts avec les morts, les vivants avec les vivants ».
Désormais,partout dans le monde, aux carrefours des villes, on voit des MacDo implantés; on n’ y sert plus de tartines mais des burgers qui ont beaucoup de succès.
Charles, vous devriez envoyer votre histoire chez le directeur France de Mac Donald !!
Bravo à tous d’avoir trouvé des idées pour cet exercice ardu !!!
C’était jour de foire à Saint Babel. Depuis l’aube, un couple s’activait dans l’arrière-salle de la taverne qu’il tenait depuis ce jour où il prit l’envie à Dominique de faire le cabaretier. À l’époque, Macha, sa femme, ne fut guère enthousiaste ; avoir son mari dans les jambes toute la sainte journée ne lui disait rien qui vaille. Depuis une vingtaine d’années, elle s’escrimait à maintenir à flot cette gargote. Elle se souvint de leurs débuts. Sans trop se creuser les méninges, ils avaient décidé de baptiser le fonds « Chez Macha et Dominique ». Mais ne voilà-t-il pas que l’écriteau ne pouvait accepter toute cette prose.
Depuis lors, les affamés et les buveurs invétérés se rendaient « Chez MacDo ».
Macha ruminait une idée. Elle n’en pouvait plus de servir, tous les derniers samedis du mois, les chalands qui venaient faire la foire. En outre, elle n’aurait plus à embaucher une ribambelle de filles de salle toutes plus délurées les unes que les autres.
– J’ai eu une idée pendant la nuit, avait-elle dit à son mari. Si on ne faisait plus que des plats à emporter les jours de foire. On ne proposerait que des tartines de terrine de lièvre, de grives, de poisson, de saindoux avec des oignons frits, des oublies, des portions de tarte…
– Pauvre femme, tu as perdu la tête ? fulmina Dominique. Les clients veulent être assis pour manger. Et puis, ils boivent et c’est ce qui rapporte le plus.
– Rien ne t’empêche de te mettre derrière l’étal pour leur servir le vin et la cervoise. D’ailleurs ça te changerait guère.
– La soupe et la bouillie d’avoine, ils l’emportent comment ? Je ne vais quand même pas leur faire cadeau d’une écuelle et d’une cuillère !
– Eh bien, pour une fois ils s’en passeront. Ces jours de foire sont une vraie torture pour moi. Toi tu t’en fous, ce n’est pas toi qui as des jambes comme de poteaux à la fin de la journée et que j’en ai pour huit jours à m’en remettre.
– Bon, t’as toujours raison. Essaye-la ton idée et on verra ce qu’en dira la pratique.
La veille du marché, pendant que son mari ronflait à l’étage, Macha s’activa à pâtisser, pâtisser… Quant aux tartines, elle les ferait à la demande. Elle n’était pas bien compliquée, son idée ! À deux heures du matin, elle rejoignit enfin sa couche mais ne put fermer l’œil tant elle ruminait son invention.
Et c’est ainsi qu’en cette fin de printemps 1398, les maquignons furent stupéfaits et jurèrent de ne plus remettre un pied dans cette taverne qui n’en était plus une ! La rumeur fit rapidement le tour du bourg. Les mères de famille furent les premières à se précipiter « chez MacDo ». Des tartines, quelle idée géniale ! Elles pouvaient profiter pleinement de la foire et s’attarder devant les étals pendant que les gosses se pourléchaient les babines.
La file d’attente atteignit le seuil de l’estaminet. Macha tartinait, tartinait…
– Dominique, viens m’aider à couper du pain. Je n’y arrive plus !
– Je ne peux pas abandonner mon comptoir. Tu vois bien que moi aussi je suis débordé ! hurla le tavernier.
Dominique n’en croyait pas ses yeux. Il tirait déjà des plans sur la comète : un gars avec moi pour la boisson, une ou deux filles pour seconder Macha et l’affaire sera du tonnerre de Dieu. J’ai bien fait d’ouvrir ce troquet malgré les réticences de ma femme.
Effectivement, les curieux se ruaient « chez MacDo ». Au grand désespoir de Macha, les clients s’impatientaient et soupiraient. Fort heureusement, Marie, une amie qui passait par là, proposa son aide. L’une taillait dans les miches pendant que l’autre étalait, étalait… Or, il advint que le pain fit défaut. Dénouant son tablier, rajustant une mèche de cheveux dans son bonnet, Macha courut chez le boulanger qui lui vendit tout son stock. Le brave homme n’eut plus qu’à fermer son étal et se rendre chez MacDo boire une petite pinte bien méritée.
Macha cavalait sans cesse de la salle au cellier. Elle calcula qu’à la fin de cette mémorable journée sa provision de cochonnaille serait épuisée. Elle aussi cogitait : avec une ou deux filles pour m’aider, mon idée est du tonnerre de Dieu malgré les réticences de mon mari.
D’un revers de main, Macha essuyait les gouttes de sueur qui perlaient sur son front. La queue n’en finissait plus de s’allonger. Puis, soudain, tout se mit à tourner, à tourner… et elle s’étala dans la panetière.
Elle reprit connaissance à l’hospice où une bonne sœur lui dit :
– Voulez-vous une tartine ?
Des siècles plus tard, un certain Ray Kroc eut une idée de génie !
Voilà un bel exemple de storytelling * très mode en ce moment dans la com.
Vous avez brillamment réinventé l’histoire de MacDo et l’origine de son nom. Bravo Fanny.
* Avant la pollution de notre langue, quand il n’y avait pas encore trop de trous dans l’ozone du français, on faisait du patin à roulettes, on courait, aujourd’hui on fait du roller et pratique le joking.
Bientôt le terme narration n’aura plus la frite
Un vrai plaisir que ce texte ! L’idée et l’écriture sont excellentes. Moi j’arrive après la bataille des Mac Do, et il va me falloir trouver une nouvelle idée, car je crois que tout le monde a bien été inspiré.
J’avais d’autres chats à fouetter, et je vais me mettre dare-dare à mon Mac Do à moi.
A bientôt
Henriette
Sa Majesté apprend que des gargotiers répandus dans le Royaume, trompent les habitants.
Ils persuadent les populations, que, sans bourses déliées, elles peuvent goinfrer piètres mangeailles, boire cacacola et amuser les mouflets et mouflettes.
Sa Majesté invite tous ses bons sujets à s’opposer de tout leur pouvoir à ce désordre gustatif qui fait la honte de la France.
Elle rappelle qu’il s’oppose aux règles bienfaisantes de bon goût et de bonne santé dont le Roi et ses chefs étoilés sont animés pour le bonheur et la prospérité du Royaume.
« Oyez, oyez, bonnes gens ! Publication de notre bon Seigneur ! Sonnez, buccines !»
En ce jour de marché, il y a foule sous la halle. Le héraut porte haut et clair sa voix afin que chacun l’entende :
« Notre preux chevalier Enguerrand de La Bichebraisée a grand-plaisir d’accueillir en notre cité son cousin d’outre-Manche, Arthur McDo, queux du roi d’Angleterre. Ce gentilhomme vient jusques à nous pour nous faire descuevre un nouvel art de mangeaille véloce et succulente.
Dans la bouticle affichant l’enseigne « McDo », vous pourrez déguster des miches d’épeautre garnies de larges tranches de bœuf assaisonnées de verjus, des poulardes émincées, grillées et panées ; fèves et racines agrémenteront vos écuelles de gibier au fumet incomparable. Pour étancher votre soif, hypocras et cervoise couleront à flots. Mettez-vous en rang, remisez vos écus, au jour d’ui, tout est gratuit !
Grâce soit rendue à notre chanoine qui ne comptera pas en excès nos péchés de gourmandise. »
Aussitôt, gentes dames, seigneurs, bourgeois et vilains se précipitent. Quelques gens d’armes policent la mêlée.
Des cris fusent : « Ventre-saint-gris, quel est ce manant qui salit mes chausses ? Reculez, j’étais par devant vous depuis une quarte d’heure ! »
Les coiffes à cornes faseyent, les tuniques brocardées jouent des coudes avec les surcots. Chevaliers, belles dames, courtisanes, lavandières, équarrisseurs, palefreniers, ménestrels et vivandières se pressent et se bousculent. On jette une œillade sur la boustifaille des premiers servis. D’aucuns s’indignent : comment diantre se fait-il que les damoiselles reçoivent double ration ?
Par toute la ville, la rumeur enfle, affabule. « Tous chez McDo, ordre du roi ! ».
C’est ainsi qu’au fil des siècles, les descendants de Messire McDo ont perpétué l’œuvre originelle.
Désormais, point de cohue, il n’y a ni cothurnes, ni pourpoint, ni cottes de mailles. Sarrazins, Francs et gens d’Orient s’empiffrent de glucides et lipides dans des tenues dont nos aïeux rougiraient.
En l’an 778, le vieux guerrier normand Magnus Hald, renvoyé par sa femme Ulka pour courtiserie voisinesque, quitta précipitamment le vert bocage où paissait son troupeau pour se réfugier loin d’une famille suspicieuse et vengeresse.
Galopant frénétiquement vers le sud dans le vent chaud, là où les damoiselles sont plus légères, sans craindre de traverser les lignes sarazines d’Haroun Al Rachid et leurs cimeterres affûtés, Mag, comme l’appelait sa mère, rejoignit le fief de Pampelune où il s’engagea dans les troupes du bon prince Inigo Arista.
Il fallait survivre.
Il prit pour habitude de s’introduire dans les cuisines de sa majesté où il arrachait sauvagement les quelques restes de viande qu’il trouvait sur les ossement ou autres relief de chasse. Il en faisait de petits morceaux qu’il entassait dans ses poches trouées.
Très vite repéré, Hald fut envoyé en Navarre dans une région désolée, dominée par le cirque de Gavamie pour y combattre quelques Basques félons au côté du Comte des Marches de Bretagne un dénommé Roland.
Ce dernier n’arrivait plus à utiliser sa corne trouée dont il jouait pour appeler un certain Charlemagne à sa rescousse.
Mag eu pitié et lui sorti une boule de viande hachée des poches de son paletot avant qu’il ne rende un dernier souffle lamentable. De retour à la Cour du Prince avec quelques blessés agonisants, il fut acclamé en héros et Inigo le fit aussitôt anoblir.
Mais Don Hald continuait secrètement de fréquenter les cuisines, non pas ces fois-ci pour quelques agapes de boulettes, mais pour y retrouver la Princesse Hidergarde dont les gens mal intentionnés racontaient qu’ils l’avaient surpris maintes fois en train de lui soulever ses jupailles, une fois même de lui besogner son pertuis…
On lui conseilla de déguerpir avant que le jeune Prince ne s’enflammât de ces débordements intempestifs.
Mag ne se le fit pas dire deux fois et enfourcha son fier destrier pour rejoindre le Royaume de France. Il y erra des semaines sans savoir où se rendre.
Une rivière que suivait sa monture le conduisit au sommet d’une falaise abrupte où se trouvait un village du nom de Millau.
L’endroit était aride, comme les gens qui ne mangeaient que des asperges sauvages et des radis agrémentés de quelques tripailles de porc conservées dans des fûts de saumure peu ragoutante. Rencontrant le seigneur du village à qui il offrit sa dernière boulette de viande, ce dernier fut enchanté de ce mets et lui proposa de s’installer à la bastide.
C’est ainsi que Mag Don Hald installa sa première paillote qu’il nomma du même nom.
Le seigneur lui ayant cédé un troupeau de bœufs, « Mac » comme disait les paysans du coin, reproduisit maintes fois sa viande cramoisie qu’il insérait entre deux miches de pain d’épeautre au plus grand bonheur des villageois qui s’amassaient chaque jour plus nombreux. Il avait des clients réguliers, notamment Jehan le casseur de cailloux avec ses fils Julius et Damiano. Jehan, troubadour à ses heures, fréquentait Christous, une jolie blonde issue du pays des morues salées. Sa cambrure bien marquée attirait les badauds et autre curieux qui consommaient allègrement ses pains chauds fourrés. Un seul ronchonnant cassait l’ambiance, Jojus Bovus, promis le mettre le feu un jour à cet estaminet menaçant pour son commerce de moutons paludéens.
Mais la foule était là, les enfants taquinaient leurs parents pour y rester tard le soir, à voir ce drôle de bonhomme peinturluré que Mac Do, comme on l’appelait, avait engagé pour les faire rire.
La journée, les feux de bois crépitaient et les odeurs de pain brûlé envahissaient les narines. Mac engagea les estropiés à hacher la viande de bœuf. Ils y allaient dur avec leur moignons à écraser les filets.
Mais leur danse sur la flamme ravivait les papilles. Il fallait faire couler tout ça.
Le chancelier fit livrer la cervoise et du vin dans des timbales de bois. Jehan lui, apporta des fûts d’anis macérés dont les effluves embrasaient l’esprit des chalands. Lui-même se prenait au jeu et racontait des histoires de sorcellerie lointaine, là où des gens au teint noir brûlaient des pierres au bout de la rivière : « en même temps…il faut bien qu’ils se chauffent l’hiver ! »
La vie au village se déroulait dans une cohue de bonheur depuis que Mac Don Hald était arrivé.
Mais un beau dimanche, alors que les paroissiens se ruaient vers le paillotte après les vêpres, Josus Bovus déboula avec se brigands. Ils attaquèrent le commerce avec de drôles de légumes rouges et les meubles de fromage invendues du Larzac.
Le seigneur fit donner sa garde. Bovus partit aux galères.
Mac Don Hald ramassa les légumes rouges d’Ibérie et les fromages invendus.
« Josus Bovus déboula avec se brigand »
« l’avaient surpris maintes fois en train de lui soulever ses jupailles, une fois même de lui besogner son pertuis »
Etc.
Texte plein de joyeuses et divertissantes formules.Truculent et inventif.
Imaginez un MacDo moyenâgeux
et décrivez-le un jour de cohue.
Aujourd’hui est un grand jour.
Le comte Hamburger , le moine fransiscain Cheddar, et Peter Mac Donald, paysan métayer ont décidé d’unir leurs efforts pour créer un plat unique qui conviendra à tous pour bannir de la société l’idée selon laquelle on doit se nourrir selon sa « qualité »
Adieu les bellatores, qui combattent et se nourrissent de viande
Adieu les oratores, qui prient et se nourrissent de pain
Adieu les laboratores qui travaillent et se nourrissent d’oignons
A bas l’ancien régime, bonjour les calories pour tous, pauvres et riches.
Aujourd’hui, ils ont dressé la table et apporté leur » viandoignonpain »
On imagine la cohue, mais chacun est reparti avec la recette de ce plat fédérateur.
Recette originale (de ce que dix siècles plus tard, nous appelerons le « Hamburger »):
Despecés vos oingnons et faictes harler dans un peu de lart au frire
Cuissiez bien vostre viande à chair
la saisonnés de sel ainsi qu’il appartient.
Et bailler enstre deux leches de panis
Imaginez un MacDo moyenâgeux et décrivez-le un jour de cohue.
232. Imaginez un MacDo moyenâgeux et décrivez-le un jour de cohue.
1568 – Pieter Brueghel l’Ancien, dans son atelier, peint : Le repas des noces – Les mendiants.
A l’époque, ces deux images si contradictoires cohabitaient déjà…
Je regarde mes deux toiles juxtaposées et je lis mon commentaire succinct. Ce matin, je déplore une fois de plus combien je suis maladroit avec une plume et une feuille. Mais donnez-moi des pinceaux, donnez-moi une palette et une toile, je vous peindrai, dans les moindres détails, les faits menus du quotidien ou les grands de ce monde.
A mon infortune littéraire s’ajoutent des douleurs articulaires aux mains car cette année l’hiver fut particulièrement glacial. Ceci expliquant cela, je me suis rendu, dès les premiers jours de printemps, chez mon ami Charles Bonnier. Il habite à Bruxelles, entre la Place Sainte Catherine et le Marché aux Poissons. Au cours de nos longues promenades, il me fit ce récit que je ne parviens pas à traduire en huile et encore moins en gravure.
« Non loin de chez moi vivait une jeune et jolie jeune femme. Magdalena. La grâce incarnée, toujours souriante, attentive aux uns et aux autres. Chaque matin, elle partait, son panier à la main acheter quelques vivres sur le Marché aux poissons. A son retour, quelques mariniers audacieux lui demandaient un morceau de pain, un oignon ou un peu de lait. Jamais elle ne refusait…
Un jour, le jeune Aldobert la vit et tomba éperdument amoureux. Très vite, un bambin joufflu vint égayer leur foyer.
Magdalena s’occupait de son foyer avec une grande sagesse. Son plus grand plaisir était d’aller, son petit sur les bras, acheter le pain et le lait et saluer son mari qui travaillait au déchargement des péniches. Sur le chemin du retour, elle était toujours aussi généreuse, mais son mari lui fit remarquer que la vie avait son coût.
Magdalena commença à faire son pain. Elle se lança également dans la confection de maquée *. Chaque midi, elle allait porter le repas à son homme. Ses compagnons de travail l’enviaient et ne se gênaient pas de clamer :
– Je donnerais bien quelques pièces pour avoir une femme aussi gentille, qui m’apporterait…
L’idée fit son chemin.
Magdalena commença à fabriquer des petits pains qu’elle fourra de maquée. Elle se rendit sur les quais et les vendit pour quelques menues pièces. Une seule remarque la titilla…
– Elle est un peu trop coulante, la maquée…
Elle tenta quelques expériences pour lesquelles Aldobert donnait un avis très tranché. Bientôt, la formule idéale fut trouvée.
Désormais, sur les quais du marché aux poissons et sur la Place sainte Catherine, Magdalena vendait pour quelques sous, un pistolet fourré de fromage et d’oignons.
Sa trouvaille fit grand bruit. De tous les quartiers de la ville arrivèrent hommes, femmes et enfants pour goûter ce menu unique.
Magdalena et Aldobert transformèrent le rez-de-chaussée de leur maison en salle de consommation. Sans même qu’ils ne cherchent à suspendre une enseigne, il se dit bien vite :
– On va chez Magde et Aldo…
La renommée s’étendit comme un feu de paille, le bouche à oreille se chargea du reste !
D’autres boutiques alimentaire s’ouvrirent…sous l’enseigne qui se transforma, au fil du temps , en Mac Do…
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
La chambre des Dames n’était qu’un lointain souvenir, je n’avais pas vu les visiteurs et j’étais trop jeune pour avoir vécu l’époque médiévale.
Je n’allais jamais au Mac Do, et oeuvrait sans relâche pour en dégoûter mes proches en culotte courte.
A vous lire, tous, devant tant de talent, j’avais le sentiment de ne pouvoir faire mieux, voire aussi bien. Vous aviez tout dit… Tout rapporté.
C’est alors qu’en panne sèche sur mon ordinateur, je constatai une présence : un jeune homme se tenait près du canapé où nous nous étions installés, mon fidèle Mac et moi. (un autre Mac, pas celui dont vous attendez l’histoire).
Devant mon étonnement, il m’avoua être entré par la fenêtre laissée ouverte par ce bel après midi de mai.
Le jeune damoiseau, pour rester un peu dans le thème, détenait dans une main un miroir et dans l’autre des pavots de l’Himalaya aux pétales diaphanes, bleu ciel satiné qui semblaient sortir tout droit de l’imagination d’un artiste peintre. Dans son dos, les ailes d’un ange ou d’un papillon géant brassaient sans bruit l’air capiteux émanant des iris sous ma fenêtre. Cette brise parfumée, ce souffle bleuté aux volutes rassurantes eurent raison de ma vigilance et je me sentis glissée dans les bras de ce bel éphèbe.
Il m’avait touchée de ses pavots soporifiques et je sus son nom en même temps que je sombrai dans l’inconscience.
Morphée.
Dommage, la visite de Dame Muse m’aurait mieux servie.
Un bruit de chevaux, assourdissant et couvrant le brouhaha de la salle, était parvenu à mes oreilles. Le silence s’était fait, les mouvements s’étaient figés et tout le monde regardait vers la porte de la taverne. Elle s’ouvrit brutalement et une dizaine de guerriers entrèrent. Ils étaient couverts de poussière et leur air effarouché disait long sur ce qu’ils venaient de vivre. Le silence n’avait duré que quelques minutes, puis l’animation reprit de plus belle.
Ils s’attablèrent à coté de moi. Ils étaient excités et affamés. Ils parlaient à voix haute et riaient de leurs galéjades en se donnant des coups sur le dos. Ils s’étonnaient des changements apportés à la taverne et à son nouveau nom. Ils ricanaient en observant les clients qui, docilement, apportaient, débarrassaient eux même leur plateaux et jetaient les restes dans un vieux tonneau de pinard.
A dire vrai, et au tout début, j’étais moi-même étonné des nouvelles habitudes de « Mac-Do Taverne ». Mais maintenant, c’était devenu mon endroit préféré, surtout en ce jour de cohue. J’aimais surtout voir la joie dans les yeux des enfants qui ouvraient leur cadeau surprise, avant même de commencer à manger.
Ne voyant personne venir à leur table, leur tolérance avait atteint ses limites et leur chef cria soudainement :
– Personne ne vient servir les guerriers victorieux ?
La nouvelle propriétaire, vêtue de sa nouvelle blouse rouge, arriva à leur table et leur dit avec son plus large sourire et son plus généreux décolleté :
– Bonjour à vous, brave guerrier ! Je devine que vous n’êtes pas venus ici depuis longtemps et que vous n’êtes pas au courant de nos nouvelles règles. Maintenant, et depuis que Mac-Do a acheté la taverne, chacun va faire sa commande tout seul pour choisir le menu qui lui plait.
– Vous insinuez que nous ne serons pas servis à table ? Vous croyez qu’après avoir fait la guerre pendant tant d’années, nous ne méritons pas cette petite faveur ?
– Sachez, brave guerrier, que notre maison vous rendra touts les hommages pour votre courage par des offres spéciales, gourmandes et alléchantes.
Las de ces niaiseries et à bout de patience, le chef se tourna vers le plus gringalet de ses guerriers et lui ordonna d’aller leur chercher de la nourriture et du vin. Quelques minutes après, le frêle guerrier revint bredouille, se lamentant de la longue file d’attente et de la diversité des plats proposés. Le chef des guerriers, rouge de colère, se leva d’un bond et se précipita vers le comptoir. Soudain, il s’arrêta devant une belle demoiselle qui attendait son tour pour passer sa commande. Hésitant, il s’approcha d’elle. Dès qu’elle le vit, la jeune fille se jeta dans ses bras.
– Vous êtes revenu ! J’en remercie les dieux !
– Je vous l’avais bien promis. Je suis un homme de parole.
A contre cœur, il la libéra de sa puissante et tendre étreinte pour bien la regarder. Le changement était radical entre le guerrier affamé et l’homme qui retrouvait sa bien-aimée après une longue absence.
– C’est le ciel qui vous envoie ! Je ne comprends pas ces tableaux et j’ai très faim, ainsi que mes pauvres camarades.
– Ne vous inquiétez pas, je m’en charge. Je vous prendrai, à chacun, deux menus « Guerriers » pour vous rassasier et aussi pour vous faire profiter des boissons à volonté.
– Et vous, qu’allez-vous prendre ?
Elle lui adressa un regard brillant de malice et lui susurra à l’oreille :
– Pour moi, un menu « Amour éternel » avec sa sauce tartare et pour lui un menu « Kids » avec frites.
Une lueur faite d’un mélange de tristesse et de jalousie, couvrit le regard de ce chef guerrier qui tout à coup revenait au monde des communs des mortels.
– Voudriez vous m’expliquer et me dire de qui il s’agit ? Je le connais ? Il est nouveau dans le village ?
D’une voix enjouée, la jeune fille appela un petit garçon qui jouait dans le château miniature avec d’autres enfants :
– Bernard ! Venez dire bonjour à votre père.
« Oyez, Oyez, gentes dames, et bons gens ! Notre seigneur le Sieur de Saint-Brévin a grand plaisir d’organiser un concours de bonnes mangeailles à l’occasion de la foire de printemps, sur la halle de Bauliach-la Rivière.
Notre seigneur récompensera la meilleure idée culinaire de la région.
Le premier prix sera remis à celui qui aura eu une idée nouvelle et agréable aux palais de nos juges de la guilde des aubergistes, mais également à ceux des visiteurs et autres vendeurs, durant cette foire. Il aura l’immense honneur de prendre possession de l’auberge de Bauliach la Rivière fermée depuis le trépas dramatique de Maitre Rondelet.
Le second prix se verra attribuer une charriote équipée pour faire commerce de mangeaille à emporter dans les villages alentour.
Cinq postulants seront en compétition. Ils devront pour être choisi proposer leur idée à Dame Aline de Saint Brévin et les honnestes gens de la Guilde avant la fête pascale. Chaque crépuscule verra l’élimination d’un candidat. Les deux derniers s’affronteront dans un tournoi le jour de la Saint-Jean. »
Dans chacun des villages et hameaux de la région, les hérauts sonnaient et portaient la parole de Sieur Gauderic de Saint-Brévin.
L’agitation était à son comble. Diantre, le prix en valait la peine, mais l’idée il fallait l’avoir.
Odeline et Alaïs Fourachaux les deux jumelles de la ferme de Coustaussa, s’enfermèrent dans la cuisine de leur mère et complotèrent tout au long de la nuit.
Pour Doriane D’ocnal qui n’avait point de dot et Martin Pailles, son amoureux, fils du boulanger de Limoux, l’aubaine était bonne. Ils pourraient enfin s’épouser.
Adelphe et Eulalie Coll, qui traînaient leurs savates dans l’auberge de leur oncle, vieux rapiat qui chipotait sur tout et sur rien, verraient ainsi leur avenir s’affirmer.
Muguette et Colin Lafleur, les enfants de Gersande … elle avait épousé en seconde noce Balan Lavergne, un vieil hypocrite râleur qui ne supportait plus les deux feignasses qu’il nourrissait à ne rien faire – disait-il – alors que du soir au matin ils trimaient dans ses vignes, ils pourraient ainsi acquérir leur liberté.
Gautier Sansort et Gauderic Dupré, deux compagnons ménagers, se louant de ferme en ferme au hasard des saisons s’enivrèrent d’espoir à l’annonce de cet édit.
Ceux-là parmi tant d’autres furent retenus ! Ils avaient tous des idées, des bonnes et quelques moins bonnes, mais ils avaient tous su convaincre ce jury difficile.
Dame Aline de Saint Brévin était connue dans la région pour sa bonté et son impartialité, mais les gens de la Guilde personne ne les connaissait. Ils se disaient, car les langues allaient bon train, que Clotilde Delalingue, Borhort Desqueues et Morgane Guilledoux, avaient un palais très affiné et n’étaient pas des tendres.
Tudieu ! L’affaire était nouvel et tous en rêvaient, on en parlait le soir dans les chaumières, et même les curés donnaient des conseils de prudence au cours de leurs prônes. Les jaloux qui n’allaient pas pouvoir concourir faisaient courir des bruits sur les raisons du trépas de Maître Rondelet qui se serait empoisonné en confondant les baies de belladone avec celles de la salsepareille. Affaire surprenante pour un homme aussi chevronné !
La Foire arriva enfin.
Samedi 20 juin 1185, dès potron-minet, tous les cantons s’étaient vidés. Le marché devait être prêt pour recevoir les chalands. Isoline, la reine des abeilles, installait déjà ses pots de miel, on disait qu’il était le meilleur de la région. Elles se retrouvaient toutes, ces femmes de paysans allant vendre le maigre produit de leurs terres desséchées par le soleil et le vent. Elles poussaient des carrioles à bras couvertes de cages à poules, se déhanchaient sous le poids des couffins débordant de navets, de choux, d’ail et d’oignons, de pois ou de lentilles. Les paniers d’œufs si fragiles étaient surveillés par les mères qui ne les confiaient pas aux enfants trop turbulents, croulants pourtant sous le poids des paniers d’osier vides qu’ils vendraient au marché.
Le soleil rehaussait les couleurs vives de leurs châles et de leurs corsages. Rouges, vertes, safran, indigo, leurs robes bariolaient le ruban terne des chemins.
Les hommes, eux, conduisaient les bœufs, les moutons ou les chèvres qui devraient avoir impérativement vendus à la fin du marché.
Seuls les vieux étaient restés à la ferme pour garder les cahutes et les petiots.
Ces jours-là, c’était la fête, ces femmes joyeuses allumaient des feux dans le regard des hommes. Ce n’était que rires, œillades, vantardises, messages bon enfant. Ils étaient tous heureux.
Le soir, les plus chanceux dormiraient chez des amis ou des parents, mais la plupart s’enrouleraient dans une couverture au pied de leur étal.
Le marché fourmillait de rires et de joies, mais nos dix concurrents, la peur au ventre et la tête pleine de rêves s’affairaient, eux aussi autour de leur carriole prête pour leur concours.
Chacun des concurrents avait élaboré en grand secret quelques recettes.
Des paris furent pris et chaque clan eut ses partisans et ses détracteurs.
En silence, ils devaient cuisiner jusqu’à l’angélus de midi les produits qu’ils avaient apportés, leur recette secrète, celle qui leur donnerait le droit de concourir le lendemain.
Les feux allumés, un instant on crut entendre les mouches voler autour des charriotées. Puis la chaleur aidant, la piquette étanchant leur soif, ils commencèrent à se chamailler d’une charriote à l’autre, quand ce ne fut pas entre eux.
« Regarde ? Tu as laissé tomber un bout de coquille dans les œufs que tu bas !
– Tu mets trop de farine,
– Les pissenlits sont mal lavés, et l’on n’a pas assez d’huile d’olive, cours vite chez la Rose, pour en acheter…
– Tu n’as pas épluché les navets pour la soupe,
– Aura-t-on assez de lard ?
– Comment va-t-on appeler notre plat ! Tu as entendu les navets font frizz dans l’huile ! Oh l’idée me vient
– Il faut creuser un peu plus les pains pour mieux les garnir…
Ils transpiraient, ils se hâtaient, le temps passait bien vite sous le regard des badauds qui souhaitaient deviner ce qui se tramait derrière les toiles de jute qui cachait chaque concurrent.
Le gagnant du jour ne serait divulgué qu’au moment de l’Angélus de midi.
Pour cette première partie rien n’était imposé et tout était cuisiné en grand mystère.
Le soleil était au Zénith et des fauteuils furent installés pour dame de saint Brévin, son époux et les trois jurés de la guilde.
Les premiers coups de l’angélus de midi sonnèrent. Et les draps furent détachés.
Les odorats et les estomacs titillaient.
Le Curé Bonnard vint bénir les plats et récita le bénédicité.
Enfin, les plats furent présentés au jury. Chacun gouta, l’air sévère, quelquefois l’œil frisa ou tiqua à l’énoncé du plat.
Ils allaient devoir éliminer un concurrent ! Épreuve délicate !
Les participants se tenaient, raides, les bras le long du corps, la peur au ventre, les joues rouges ou blêmes, n’osant regarder.
Qui serait éliminé le premier ?
Qui serait félicité en gagnant une première médaille ?
Le tirage au sort de passage avait désigné Odeline et Alaïs en première position. Serait-ce un présage.
Les jumelles, belles brunes au teint mât, présentèrent leur « Pascade à la ciboulette sur tranchoir de pain d’épeautre »
La couleur était belle, mais le plat semblait un peu sec.
Doriane et Martin venaient ensuite avec : « Cœur de froment garni de viande hachée et accompagné de frizz de navets »
Ce fut Doriane qui offrit ses plats aux jurés, elle resplendissait de bonheur, semblant offrir avec ses cœurs de froment, son amour pour Martin.
Aucune émotion ne transparaissait parmi les jurés.
Adelphe et Eulalie présentèrent une écuelle de soupe aux trois choux et aux lardons.
Le fumet embaumait l’assistance. Eulalie était rouge de plaisir ou d’angoisse. Son chignon s’était détaché et elle se sentait gênée.
Muguette et Colin Lafleur proposèrent leur salade de pissenlit aux œufs durs, sur un tranchoir de pain d’avoine.
Quant à Gautier et Gauderic, ils avaient oublié de cuire leurs asperges sauvages, mais elles étaient accompagnées d’une vinaigrette pimentée et d’œufs durs écrasés qui aurait pu sauver leur oubli.
Les parieurs aussi se taisaient, car certains avaient joué gros, selon leurs affinités évidemment.
Flora de Saint Brévin, la jeune et jolie fille des seigneurs, présenta une corbeille à chacun des gouteurs. Chacun y déposa le nom de leur champion.
Le temps s’était arrêté à Bauliach la Rivière… et l’on n’était pourtant qu’au premier jour du concours.
Au loin, une vache meugla, un chien aboya, mais les humains osaient à peine respirer.
Flora de Saint Brévin, lut les petits papiers :
– Doriane et Martin
– Doriane et Martin
– Muguette et Colin
– Adelphe et Eulalie
– Odeline et Alaïs
Gautier et Gaudéric hurlèrent de rage, et se précipitèrent dans la taverne. Ils allaient devoir repartir à la recherche d’un autre louage.
Doriane et Martin avaient gagné deux médailles les autres en avaient une chacun.
Mais tout n’était pas joué.
Dimanche 21 juin, on leur imposa un panier garni qu’ils devaient accommoder à leur manière.
Ce furent Adelphe et Eulalie qui remportèrent les deux médailles avec leur soupe châtaigne et potiron. Ils tenaient le haut du classement. Les jumelles furent éliminées. Le choix avait paru difficile.
Lundi 22 juin, ce fut au tour de Muguette et de Colin de rendre leur tablier, Muguette éclata en sanglots, mais Aline de Saint Brévin, connaissant leur problème et ayant apprécié le premier jour la fraîcheur de leur salade de pissenlits et aussi ce jour-là leur soupe de cresson des bords de la Bauliach, leur proposa un emploi aux cuisines du château.
En lice ne restaient que les deux charriotes gagnantes : celle des amoureux et celle des neveux de l’aubergiste.
Qui seraient les plus qualifiés ?
Les paris rebondirent ! Certains misèrent le prix de vente de leurs vaches ou de leurs œufs. La marchande de fromage proposa tout un lot de fromage (c’est vrai, ils étaient invendus) …
Jeudi 23 juin, jour de la Saint Jean !
Les fagots de sarment étaient déjà entassés pour le feu du soir. Les musiciens étaient prêts pour le bal. Le concours serait présenté lors de l’angélus du soir, dès la fermeture du marché.
Les concurrents étaient fébriles. Ils avaient quartier libre, chacun choisissait son menu, comme le premier jour, mais cette fois ils se devaient de présenter aussi un dessert, et désigner un nom pour leur commerce.
Adelphe et Eulalie inventèrent une soupe merveilleuse servie avec des croutons grillés, du chou, des raves le tout cuit doucement avec un jambon fumé. Leur dessert fut composé de fraises des bois à la crème fraîche.
Doriane et Martin, toujours aussi amoureux, décidèrent de rester fidèles à leur pain en forme de cœur, garni cette fois de fromage, de hachis de bœuf, et d’herbes fraiches de la campagne (offertes par Marianne une voisine spécialiste des plantes) et accompagné de frizz de navet et de betterave. Leur dessert fut merveilleux… un biscuit de sucre en neige au cœur coulant de miel et de fraises.
Les choix furent difficiles, les concurrents étaient à ce moment du jeu ex aequo. Comment les départager ?
Ce furent sans doute les noms qui jouèrent en leur faveur.
Adelphe et Eulalie Coll avaient nommé leur échoppe « Le jardin d’Eulalie »
Doriane D’ocnal et Martin Pailles avaient joué avec leurs patronymes mélangeant les syllabes.
Ce fut Mac’Dor qui gagna le premier prix : l’auberge de Bauliach la Rivière où l’on sert depuis ce jour des frizz de légumes accompagnant leur pain de froment en forme de cœur.
Adelphe et Eulalie étaient ravis, ils allaient pouvoir quitter le vieux grigou.
Ils furent tous heureux et eurent quelques enfants.
Ce soir là on dansa fort tard, la bière coula à flot et nos cuisiniers s’endormirent plein de rêves.
Henriette.
INVASION CULINAIRE EN PAYS CATHARE
Pièce en 3 actes ( mise en scène )
1er acte
L’action se situe au Moyen Age
Le Mac Do de Carcassonne va ouvrir ses portes pour l’heure du déjeuner
La scène se passe sur la place de cette bourgade fortifiée
Au fond on voit on voit l’auberge Mac Do, façade flambant neuf,décorée d’oriflammes rouge et jaune
Des bancs et quelques solides tables en bois sont installés dehors à l’ombre d’arbres factices
Une servante y dépose hanaps et pots d’eau
Côté cour entre une charrette pleine de petits pains ronds et de filets de viande,le tenancier,son couteau économe à la main,vient réceptionner la marchandise
Des badauds arrivent côté jardin : une dizaine de femmes avec leurs enfants des filles intimidés
A peu près autant de jeunes hommes tout farauds,des galopins poussant une brouette ou portant un seau d’eau
2 ou 3 gardiens de l’ordre qui veillent à ce que tout se passe bien
Devant l’auberge se tiennent le prêtre ,le seigneur du lieu et sa dame
Les acteurs se bousculent un peu,le tenancier fait signe aux sbires de canaliser la populace car d’autres personnages arrivent encore
On entend au loin une rumeur indistincte à laquelle personne ne prête attention
La rumeur augmente,elle vient de derrière l’auberge
Cette fois le foule se fige,on voit apparaître des paysans ,la faux sur l’épaule, l’un d’eux pousse devant lui un veau
On entend :
A bas le Mac Do
Préférez notre veau
La garde se rassemble,le prévôt se dirige en courant vers le seigneur
Le tenancier,inquiet,se replie à l’intérieur
Dans la foule la rigolade,la surprise ou l’inquiétude se lisent sur les visages
Les mères ramènent les enfants dans leurs jupons
Arrive un homme à cheval
Fin du premier acte
Hilledegarde, couverte de bas-de-chausses usées, après avoir servi un bouillon chaud à son mari Godefroy malade,s’apprêtait pour aller au MacDo faire quelques emplettes. La Seigneurie dont ils dépendaient ne leur laissait pas assez sur leurs récoltes pour se nourrir suffisamment. Avant, elle irait sur la tombe de son fils Pépin qui avait fait un bref séjour sur la terre avant d’être rappelé à Dieu. Parfois elle trouvait celui-ci bien cruel et en avait assez de s’y soumettre ainsi qu’ à son Seigneur terrestre et révoltée pensait « mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ». Bernard Clavier ne l’aurait-il pas plagiée?
En boitillant car ses varices la faisaient cruellement souffrir, elle arriva au MacDo. En regardant à travers les vitres, elle vit des hommes et des femmes en train de manger à pleines dents des tartines de rillettes, de pâtés et de cochonailles diverses. Poussée par la faim, elle entra, au moment où on emportait Macha sur une civière. Elle proposa son aide à Do qui accepta. Et c’est ainsi qu’elle remplaça tout simplement Macha. Comme c’était , quoi qu’on puisse en penser, une bonne chrétienne, elle porta ou fit porter chaque jour du bouillon bien chaud à Godefroy. Pépin lui fut un peu oublié mais comme le dit la vox populaire « les morts avec les morts, les vivants avec les vivants ».
Désormais,partout dans le monde, aux carrefours des villes, on voit des MacDo implantés; on n’ y sert plus de tartines mais des burgers qui ont beaucoup de succès.
Ainsi MacDo poursuivit son activité grâce à Hilledegarde ! Oyé, oyé braves gens, je suis très curieuse de connaître la suite. 😉
je compte sur vous !!!
Charles, vous devriez envoyer votre histoire chez le directeur France de Mac Donald !!
Bravo à tous d’avoir trouvé des idées pour cet exercice ardu !!!
C’était jour de foire à Saint Babel. Depuis l’aube, un couple s’activait dans l’arrière-salle de la taverne qu’il tenait depuis ce jour où il prit l’envie à Dominique de faire le cabaretier. À l’époque, Macha, sa femme, ne fut guère enthousiaste ; avoir son mari dans les jambes toute la sainte journée ne lui disait rien qui vaille. Depuis une vingtaine d’années, elle s’escrimait à maintenir à flot cette gargote. Elle se souvint de leurs débuts. Sans trop se creuser les méninges, ils avaient décidé de baptiser le fonds « Chez Macha et Dominique ». Mais ne voilà-t-il pas que l’écriteau ne pouvait accepter toute cette prose.
Depuis lors, les affamés et les buveurs invétérés se rendaient « Chez MacDo ».
Macha ruminait une idée. Elle n’en pouvait plus de servir, tous les derniers samedis du mois, les chalands qui venaient faire la foire. En outre, elle n’aurait plus à embaucher une ribambelle de filles de salle toutes plus délurées les unes que les autres.
– J’ai eu une idée pendant la nuit, avait-elle dit à son mari. Si on ne faisait plus que des plats à emporter les jours de foire. On ne proposerait que des tartines de terrine de lièvre, de grives, de poisson, de saindoux avec des oignons frits, des oublies, des portions de tarte…
– Pauvre femme, tu as perdu la tête ? fulmina Dominique. Les clients veulent être assis pour manger. Et puis, ils boivent et c’est ce qui rapporte le plus.
– Rien ne t’empêche de te mettre derrière l’étal pour leur servir le vin et la cervoise. D’ailleurs ça te changerait guère.
– La soupe et la bouillie d’avoine, ils l’emportent comment ? Je ne vais quand même pas leur faire cadeau d’une écuelle et d’une cuillère !
– Eh bien, pour une fois ils s’en passeront. Ces jours de foire sont une vraie torture pour moi. Toi tu t’en fous, ce n’est pas toi qui as des jambes comme de poteaux à la fin de la journée et que j’en ai pour huit jours à m’en remettre.
– Bon, t’as toujours raison. Essaye-la ton idée et on verra ce qu’en dira la pratique.
La veille du marché, pendant que son mari ronflait à l’étage, Macha s’activa à pâtisser, pâtisser… Quant aux tartines, elle les ferait à la demande. Elle n’était pas bien compliquée, son idée ! À deux heures du matin, elle rejoignit enfin sa couche mais ne put fermer l’œil tant elle ruminait son invention.
Et c’est ainsi qu’en cette fin de printemps 1398, les maquignons furent stupéfaits et jurèrent de ne plus remettre un pied dans cette taverne qui n’en était plus une ! La rumeur fit rapidement le tour du bourg. Les mères de famille furent les premières à se précipiter « chez MacDo ». Des tartines, quelle idée géniale ! Elles pouvaient profiter pleinement de la foire et s’attarder devant les étals pendant que les gosses se pourléchaient les babines.
La file d’attente atteignit le seuil de l’estaminet. Macha tartinait, tartinait…
– Dominique, viens m’aider à couper du pain. Je n’y arrive plus !
– Je ne peux pas abandonner mon comptoir. Tu vois bien que moi aussi je suis débordé ! hurla le tavernier.
Dominique n’en croyait pas ses yeux. Il tirait déjà des plans sur la comète : un gars avec moi pour la boisson, une ou deux filles pour seconder Macha et l’affaire sera du tonnerre de Dieu. J’ai bien fait d’ouvrir ce troquet malgré les réticences de ma femme.
Effectivement, les curieux se ruaient « chez MacDo ». Au grand désespoir de Macha, les clients s’impatientaient et soupiraient. Fort heureusement, Marie, une amie qui passait par là, proposa son aide. L’une taillait dans les miches pendant que l’autre étalait, étalait… Or, il advint que le pain fit défaut. Dénouant son tablier, rajustant une mèche de cheveux dans son bonnet, Macha courut chez le boulanger qui lui vendit tout son stock. Le brave homme n’eut plus qu’à fermer son étal et se rendre chez MacDo boire une petite pinte bien méritée.
Macha cavalait sans cesse de la salle au cellier. Elle calcula qu’à la fin de cette mémorable journée sa provision de cochonnaille serait épuisée. Elle aussi cogitait : avec une ou deux filles pour m’aider, mon idée est du tonnerre de Dieu malgré les réticences de mon mari.
D’un revers de main, Macha essuyait les gouttes de sueur qui perlaient sur son front. La queue n’en finissait plus de s’allonger. Puis, soudain, tout se mit à tourner, à tourner… et elle s’étala dans la panetière.
Elle reprit connaissance à l’hospice où une bonne sœur lui dit :
– Voulez-vous une tartine ?
Des siècles plus tard, un certain Ray Kroc eut une idée de génie !
Voilà un bel exemple de storytelling * très mode en ce moment dans la com.
Vous avez brillamment réinventé l’histoire de MacDo et l’origine de son nom. Bravo Fanny.
* Avant la pollution de notre langue, quand il n’y avait pas encore trop de trous dans l’ozone du français, on faisait du patin à roulettes, on courait, aujourd’hui on fait du roller et pratique le joking.
Bientôt le terme narration n’aura plus la frite
Un vrai plaisir que ce texte ! L’idée et l’écriture sont excellentes. Moi j’arrive après la bataille des Mac Do, et il va me falloir trouver une nouvelle idée, car je crois que tout le monde a bien été inspiré.
J’avais d’autres chats à fouetter, et je vais me mettre dare-dare à mon Mac Do à moi.
A bientôt
Henriette
Sa Majesté apprend que des gargotiers répandus dans le Royaume, trompent les habitants.
Ils persuadent les populations, que, sans bourses déliées, elles peuvent goinfrer piètres mangeailles, boire cacacola et amuser les mouflets et mouflettes.
Sa Majesté invite tous ses bons sujets à s’opposer de tout leur pouvoir à ce désordre gustatif qui fait la honte de la France.
Elle rappelle qu’il s’oppose aux règles bienfaisantes de bon goût et de bonne santé dont le Roi et ses chefs étoilés sont animés pour le bonheur et la prospérité du Royaume.
« Oyez, oyez, bonnes gens ! Publication de notre bon Seigneur ! Sonnez, buccines !»
En ce jour de marché, il y a foule sous la halle. Le héraut porte haut et clair sa voix afin que chacun l’entende :
« Notre preux chevalier Enguerrand de La Bichebraisée a grand-plaisir d’accueillir en notre cité son cousin d’outre-Manche, Arthur McDo, queux du roi d’Angleterre. Ce gentilhomme vient jusques à nous pour nous faire descuevre un nouvel art de mangeaille véloce et succulente.
Dans la bouticle affichant l’enseigne « McDo », vous pourrez déguster des miches d’épeautre garnies de larges tranches de bœuf assaisonnées de verjus, des poulardes émincées, grillées et panées ; fèves et racines agrémenteront vos écuelles de gibier au fumet incomparable. Pour étancher votre soif, hypocras et cervoise couleront à flots. Mettez-vous en rang, remisez vos écus, au jour d’ui, tout est gratuit !
Grâce soit rendue à notre chanoine qui ne comptera pas en excès nos péchés de gourmandise. »
Aussitôt, gentes dames, seigneurs, bourgeois et vilains se précipitent. Quelques gens d’armes policent la mêlée.
Des cris fusent : « Ventre-saint-gris, quel est ce manant qui salit mes chausses ? Reculez, j’étais par devant vous depuis une quarte d’heure ! »
Les coiffes à cornes faseyent, les tuniques brocardées jouent des coudes avec les surcots. Chevaliers, belles dames, courtisanes, lavandières, équarrisseurs, palefreniers, ménestrels et vivandières se pressent et se bousculent. On jette une œillade sur la boustifaille des premiers servis. D’aucuns s’indignent : comment diantre se fait-il que les damoiselles reçoivent double ration ?
Par toute la ville, la rumeur enfle, affabule. « Tous chez McDo, ordre du roi ! ».
C’est ainsi qu’au fil des siècles, les descendants de Messire McDo ont perpétué l’œuvre originelle.
Désormais, point de cohue, il n’y a ni cothurnes, ni pourpoint, ni cottes de mailles. Sarrazins, Francs et gens d’Orient s’empiffrent de glucides et lipides dans des tenues dont nos aïeux rougiraient.
Bénédicte Froger-Deslis – 9 mai 2015
En l’an 778, le vieux guerrier normand Magnus Hald, renvoyé par sa femme Ulka pour courtiserie voisinesque, quitta précipitamment le vert bocage où paissait son troupeau pour se réfugier loin d’une famille suspicieuse et vengeresse.
Galopant frénétiquement vers le sud dans le vent chaud, là où les damoiselles sont plus légères, sans craindre de traverser les lignes sarazines d’Haroun Al Rachid et leurs cimeterres affûtés, Mag, comme l’appelait sa mère, rejoignit le fief de Pampelune où il s’engagea dans les troupes du bon prince Inigo Arista.
Il fallait survivre.
Il prit pour habitude de s’introduire dans les cuisines de sa majesté où il arrachait sauvagement les quelques restes de viande qu’il trouvait sur les ossement ou autres relief de chasse. Il en faisait de petits morceaux qu’il entassait dans ses poches trouées.
Très vite repéré, Hald fut envoyé en Navarre dans une région désolée, dominée par le cirque de Gavamie pour y combattre quelques Basques félons au côté du Comte des Marches de Bretagne un dénommé Roland.
Ce dernier n’arrivait plus à utiliser sa corne trouée dont il jouait pour appeler un certain Charlemagne à sa rescousse.
Mag eu pitié et lui sorti une boule de viande hachée des poches de son paletot avant qu’il ne rende un dernier souffle lamentable. De retour à la Cour du Prince avec quelques blessés agonisants, il fut acclamé en héros et Inigo le fit aussitôt anoblir.
Mais Don Hald continuait secrètement de fréquenter les cuisines, non pas ces fois-ci pour quelques agapes de boulettes, mais pour y retrouver la Princesse Hidergarde dont les gens mal intentionnés racontaient qu’ils l’avaient surpris maintes fois en train de lui soulever ses jupailles, une fois même de lui besogner son pertuis…
On lui conseilla de déguerpir avant que le jeune Prince ne s’enflammât de ces débordements intempestifs.
Mag ne se le fit pas dire deux fois et enfourcha son fier destrier pour rejoindre le Royaume de France. Il y erra des semaines sans savoir où se rendre.
Une rivière que suivait sa monture le conduisit au sommet d’une falaise abrupte où se trouvait un village du nom de Millau.
L’endroit était aride, comme les gens qui ne mangeaient que des asperges sauvages et des radis agrémentés de quelques tripailles de porc conservées dans des fûts de saumure peu ragoutante. Rencontrant le seigneur du village à qui il offrit sa dernière boulette de viande, ce dernier fut enchanté de ce mets et lui proposa de s’installer à la bastide.
C’est ainsi que Mag Don Hald installa sa première paillote qu’il nomma du même nom.
Le seigneur lui ayant cédé un troupeau de bœufs, « Mac » comme disait les paysans du coin, reproduisit maintes fois sa viande cramoisie qu’il insérait entre deux miches de pain d’épeautre au plus grand bonheur des villageois qui s’amassaient chaque jour plus nombreux. Il avait des clients réguliers, notamment Jehan le casseur de cailloux avec ses fils Julius et Damiano. Jehan, troubadour à ses heures, fréquentait Christous, une jolie blonde issue du pays des morues salées. Sa cambrure bien marquée attirait les badauds et autre curieux qui consommaient allègrement ses pains chauds fourrés. Un seul ronchonnant cassait l’ambiance, Jojus Bovus, promis le mettre le feu un jour à cet estaminet menaçant pour son commerce de moutons paludéens.
Mais la foule était là, les enfants taquinaient leurs parents pour y rester tard le soir, à voir ce drôle de bonhomme peinturluré que Mac Do, comme on l’appelait, avait engagé pour les faire rire.
La journée, les feux de bois crépitaient et les odeurs de pain brûlé envahissaient les narines. Mac engagea les estropiés à hacher la viande de bœuf. Ils y allaient dur avec leur moignons à écraser les filets.
Mais leur danse sur la flamme ravivait les papilles. Il fallait faire couler tout ça.
Le chancelier fit livrer la cervoise et du vin dans des timbales de bois. Jehan lui, apporta des fûts d’anis macérés dont les effluves embrasaient l’esprit des chalands. Lui-même se prenait au jeu et racontait des histoires de sorcellerie lointaine, là où des gens au teint noir brûlaient des pierres au bout de la rivière : « en même temps…il faut bien qu’ils se chauffent l’hiver ! »
La vie au village se déroulait dans une cohue de bonheur depuis que Mac Don Hald était arrivé.
Mais un beau dimanche, alors que les paroissiens se ruaient vers le paillotte après les vêpres, Josus Bovus déboula avec se brigands. Ils attaquèrent le commerce avec de drôles de légumes rouges et les meubles de fromage invendues du Larzac.
Le seigneur fit donner sa garde. Bovus partit aux galères.
Mac Don Hald ramassa les légumes rouges d’Ibérie et les fromages invendus.
FIN
« Josus Bovus déboula avec se brigand »
« l’avaient surpris maintes fois en train de lui soulever ses jupailles, une fois même de lui besogner son pertuis »
Etc.
Texte plein de joyeuses et divertissantes formules.Truculent et inventif.
Ce n’est pas possible, vous y étiez ! Ca sent le vécu d’une vie antérieure…et le Mac do vient de là, assurément, n’en déplaise aux américains !
Ce jour là, ça circulait bien mal. Sire Godefroy ralentit en parvenant sur la place.
Moulte badauds avaient envahi le centre de Bouillon pour l’inauguration du nouveau lieu.
Godefroy mena son cheval derrière l’établissement, confia Ferrari,
son fidèle coursier à son page et pénétra dans son épisserie. C’était une sorte
de cabaret où l’on pouvait consommer de la nourriture toute prête arrosée de
jus d’épices plus ou moins pétillants.
Son roi, fin politicien, avait conçu pour vaincre la famine de distribuer au peuple
pour une somme très symbolique de quoi accepter son esclavage.
Sire Godefroy, en dévoué fils du cuistot royal avait peaufiné quelques recettes
mélangeant l’étrange au nourrissant et au peu coûteux.
Le peuple gavé d’épeautre avait besoin de quelque renouveau et Godefroy leur
proposa plusieurs formules.
Le Saint Eustache où il panachait de la viande bouillie de garenne avec des
tranches de châtaignes fraîches.
Le Saint Barnabé, mélange de pâté de féculents et d’aiguillettes de cygne!
Mais ce qui attirait le plus la foule, c’était l’idée d’enfin pouvoir toucher au
« Royal ». Godefroy avait eu l’idée d’accommoder le sang de la betterave en
purée recouvrant de fines lamelles de blancs de héron.
Pour le peuple ne connaissant de la viande blanche que le malingre pigeon et le
coriace cormoran, ce fut la consécration dans la découverte de ce qui allait
devenir la célèbre gastronomie française.
L’affaire allait se développer de façon inattendue, certains seigneurs choisissant
de mener bataille du côté de la fourchette (c’est évidemment symbolique,
puisqu’elle n’était pas encore inventée !) plutôt que de l’épée.
Certains écrits diffamatoires allaient accuser le pouvoir de faire des économies
de potence en recyclant les bas morceaux de pendards.
D’autres trop bavards insinuant que plus d’une sorcière avaient tourné sur la
broche de l’épisserie furent vite expédié à l’autre bout du monde.
C’est sur ce continent de l’ouest dont ils démarraient la première conquête que
quelques savants agronomes, découvrirent ,plus tard, la pomme de terre.
Mais c’est là, un autre aspect de la future lutte contre la famine que je
développerai au moment voulu.
Imaginez un MacDo moyenâgeux
et décrivez-le un jour de cohue.
Aujourd’hui est un grand jour.
Le comte Hamburger , le moine fransiscain Cheddar, et Peter Mac Donald, paysan métayer ont décidé d’unir leurs efforts pour créer un plat unique qui conviendra à tous pour bannir de la société l’idée selon laquelle on doit se nourrir selon sa « qualité »
Adieu les bellatores, qui combattent et se nourrissent de viande
Adieu les oratores, qui prient et se nourrissent de pain
Adieu les laboratores qui travaillent et se nourrissent d’oignons
A bas l’ancien régime, bonjour les calories pour tous, pauvres et riches.
Aujourd’hui, ils ont dressé la table et apporté leur » viandoignonpain »
On imagine la cohue, mais chacun est reparti avec la recette de ce plat fédérateur.
Recette originale (de ce que dix siècles plus tard, nous appelerons le « Hamburger »):
Despecés vos oingnons et faictes harler dans un peu de lart au frire
Cuissiez bien vostre viande à chair
la saisonnés de sel ainsi qu’il appartient.
Et bailler enstre deux leches de panis
Imaginez un MacDo moyenâgeux et décrivez-le un jour de cohue.
232. Imaginez un MacDo moyenâgeux et décrivez-le un jour de cohue.
1568 – Pieter Brueghel l’Ancien, dans son atelier, peint : Le repas des noces – Les mendiants.
A l’époque, ces deux images si contradictoires cohabitaient déjà…
2015 – Aujourd’hui, les mots me manquent….
Je regarde mes deux toiles juxtaposées et je lis mon commentaire succinct. Ce matin, je déplore une fois de plus combien je suis maladroit avec une plume et une feuille. Mais donnez-moi des pinceaux, donnez-moi une palette et une toile, je vous peindrai, dans les moindres détails, les faits menus du quotidien ou les grands de ce monde.
A mon infortune littéraire s’ajoutent des douleurs articulaires aux mains car cette année l’hiver fut particulièrement glacial. Ceci expliquant cela, je me suis rendu, dès les premiers jours de printemps, chez mon ami Charles Bonnier. Il habite à Bruxelles, entre la Place Sainte Catherine et le Marché aux Poissons. Au cours de nos longues promenades, il me fit ce récit que je ne parviens pas à traduire en huile et encore moins en gravure.
« Non loin de chez moi vivait une jeune et jolie jeune femme. Magdalena. La grâce incarnée, toujours souriante, attentive aux uns et aux autres. Chaque matin, elle partait, son panier à la main acheter quelques vivres sur le Marché aux poissons. A son retour, quelques mariniers audacieux lui demandaient un morceau de pain, un oignon ou un peu de lait. Jamais elle ne refusait…
Un jour, le jeune Aldobert la vit et tomba éperdument amoureux. Très vite, un bambin joufflu vint égayer leur foyer.
Magdalena s’occupait de son foyer avec une grande sagesse. Son plus grand plaisir était d’aller, son petit sur les bras, acheter le pain et le lait et saluer son mari qui travaillait au déchargement des péniches. Sur le chemin du retour, elle était toujours aussi généreuse, mais son mari lui fit remarquer que la vie avait son coût.
Magdalena commença à faire son pain. Elle se lança également dans la confection de maquée *. Chaque midi, elle allait porter le repas à son homme. Ses compagnons de travail l’enviaient et ne se gênaient pas de clamer :
– Je donnerais bien quelques pièces pour avoir une femme aussi gentille, qui m’apporterait…
L’idée fit son chemin.
Magdalena commença à fabriquer des petits pains qu’elle fourra de maquée. Elle se rendit sur les quais et les vendit pour quelques menues pièces. Une seule remarque la titilla…
– Elle est un peu trop coulante, la maquée…
Elle tenta quelques expériences pour lesquelles Aldobert donnait un avis très tranché. Bientôt, la formule idéale fut trouvée.
Désormais, sur les quais du marché aux poissons et sur la Place sainte Catherine, Magdalena vendait pour quelques sous, un pistolet fourré de fromage et d’oignons.
Sa trouvaille fit grand bruit. De tous les quartiers de la ville arrivèrent hommes, femmes et enfants pour goûter ce menu unique.
Magdalena et Aldobert transformèrent le rez-de-chaussée de leur maison en salle de consommation. Sans même qu’ils ne cherchent à suspendre une enseigne, il se dit bien vite :
– On va chez Magde et Aldo…
La renommée s’étendit comme un feu de paille, le bouche à oreille se chargea du reste !
D’autres boutiques alimentaire s’ouvrirent…sous l’enseigne qui se transforma, au fil du temps , en Mac Do…
* Fromage blanc.