Exercice inédit d’écriture créative 139

Un goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet,
n’osait pas lâcher prise.
Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans…

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15 réponses

  1. Clémence dit :

    Un goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait pas lâcher prise. Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans…

    Je suis une larme aux formes parfaites, suspendue par une microscopique molécule au-dessus d’une vasque ternie…

    « Les choses ont bien changé avec le temps » me dit-elle d’une voix tremblante.

    Je me souviens de ces jours heureux où ….
    – j’étais une vasque en albâtre aux reflets délicats sur une table d’exposition à Volterra,
    – une jeune fille m’a admirée longtemps avant de me choisir parmi mes consœurs,
    – j’ai été emballée dans des papiers de soie voluptueux,
    – j’ai voyagé, blottie entre deux coussins de velours
    – j’ai été installée dans un cabinet de beauté,

    Je me souviens de ces jours heureux où…
    – je recevais avec délices les rires cristallins du matin,
    – les éclaboussures et les bulles de savons délicatement parfumés,
    – je participais aux projets du lendemain et des lendemains de demain…

    Je me souviens de ces jours heureux et je me disais que l’avenir ressemblerait pour toujours à ces jours heureux…

    Mais un jour, avec fracas,
    A cause d’une photo, d’un texto, d’un cheveu, d’un parfum
    Un mot trop dur tomba,
    Une phrase cinglante trébucha,
    Et ce fut le cataclysme à renfort des toujours et des jamais
    Le mal était fait

    De vasque délicate, j’étais devenue réceptacle
    De haines, de rancœurs et de reproches
    « Tu ne me comprends jamais… »
    « Tu ne m’avais jamais dit …. »
    « C’est toujours comme ça avec toi… »
    « Cela finit toujours comme ça avec toi… »

    De vasque en albâtre, j’étais devenue
    Marâtre coupe aux eaux saumâtres

    Je suis une larme parfaite suspendue au-dessus de cette vasque d’albâtre, aujourd’hui ternie
    Je suis consciente de mon pouvoir de paix ou de guerre…

    Les autres gouttes me crient :
    « Allez, allez, n’hésite guère, viens, viens… rejoins-nous… »

    Où ? Moi, la guerre je n’en veux pas, je ne veux pas être la goutte d’eau
    Qui met le feu aux poudres…

  2. DUMOUCHEL dit :

    Un goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet,
    n’osait pas lâcher prise.
    Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans…le trou que l’humain appelle siphon, c’est sûr, il doit y avoir pleins de belles choses à voir ! Tu ne veux tout de même pas rester toute ta vie dans un tuyau ??
    -« Non je suis d’accord mais les filles j’ai peur du vide, toute cette hauteur m’inquiète. Je crains de m’éclater et de ne pas me retrouver, je n’ai pas envie de prendre une partie d’une amie, vous voyez comme moi, toute ces tâches autour du trou ? Nous n »avons pas de nouvelles de nos copines depuis des siècles, et vu toutes ces traces, c’est certain, elles ne sont pas toutes vivantes ! Viser le tube paraît facile mais j’ai l’impression que je suis mal orientée… Chut quelqu’un arrive.
    Anthony prit un verre au dessus du robinet.
    Les copines s’y remettent de plus belle… dépêche toi… il a soif !!!
    Trop tard, je suis tombée dans son verre, mais de moins haut et les copines sont avec moi !!!
    -« Tu es contente de toi ? Nous ne découvrirons jamais ce qu’il se passe après notre vie dans ce tuyau… A cause de toi, on va finir dans sa bouche et puis tout le reste…
    – Bien sûr que je suis heureuse ! moi toute seule je ne sers à rien mais à nous toutes nous formons l’eau… LA VIE !!!

  3. Béryl Dupuis-Méreau dit :

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet,
    n’osait pas lâcher prise.
    Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans le lavabo plein d’eau. Si tu savais comme on est bien, noyé dans la masse, non identifié, indécelable. C’est un tel repos! Je m’y noierai bien, moi, dans la masse, si j’osais…. Tiens, ça me donne même envie de m’endormir, là, maintenant. M’endormir du sommeil du juste! car on a toujours juste, n’est-ce pas, quand on est en conformité avec son milieu! on est dans la norme, et quelle autre norme pour une goutte d’eau que d être engloutie dans un océan d’eau!… Ah! puisse ce petit lavabo me conduire tout droit vers l’Océan Final, pour enfin réaliser mon rêve suprême, pour qu’enfin aboutisse mon parcours initiatique, pour que je me fonde enfin dans le grand Tout!!!

  4. SoizeD dit :

    Plouffffff !! Je viens de lire le texte de durand.
    J’en écrase une goutte qui vient de s’essorer de mon cœur pour se glisser dans la tuyauterie photo-sensible de mon œil désormais sans cible.
    Merci !

  5. Françoise - Gare du Nord dit :

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait pas lâcher prise.
    Allez, n’aie pas peur, lâche ! Lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans le tuyau…

    Elle hésitait. Une fois encore, elle se trouvait confrontée à une alternative : tomber ou rester. Toute sa vie, elle avait dû choisir entre ces deux options : écouter la voix des autres ou suivre sa propre voie.

    Elle n’était pourtant pas née de la dernière pluie. Elle avait vu le jour, lors du fameux déluge biblique, où pour la première fois, elle se trouva face à un choix lorsque ses milliards de semblables l’exhortaient : « Allez viens, elle est super bonne ! ». Mais par peur ou par vanité – elle se pensait née pour un destin plus glorieux – elle resta accrochée à son cumulonimbus.

    Celui-ci la balada de continent en continent, et elle commençait à s’ennuyer ferme et un jour, alors qu’il était gorgé de ses congénères, voulut irriguer une zone désertique. Mais toujours dans le souci de se singulariser et voulant se démarquer, elle refusa et préféra rejeter dans le Nil, provoquant ainsi une crue catastrophique

    Chacun de ces choix se révéla désastreux : fuites d’eau mémorables ou sécheresses du siècle, pluies torrentielles, écoulements nasaux incoercibles, crise de larmes intarissables et abondantes fuites urinaires

    Alors, sur ce coup-là, elle ne voulait pas prendre la mauvaise décision. Qu’avait-elle à gagner à suivre ses consœurs ? Elle coulerait le long des tuyaux pour finalement aboutir dans les égouts de la ville. Elle pouvait difficilement descendre plus bas.

    Tandis que si elle demeurait accrochée à ce robinet, elle pouvait servir le grand humaniste qui vivait là : il avait tant œuvré pour l’éducation du genre humain, son bien-être et son bonheur. Quelle noble mission que de le désaltérer, le laver, lessiver son intérieur ou son linge, cuire ses aliments. Elle tenait absolument à rester pour lui qui pouvait être encore appelé à de hautes tâches.

    Mais son choix fut fatal au grand homme : notre petite goutte ignorait qu’elle était porteuse de la bactérie de la dysenterie.

  6. isabelle hosten dit :

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait pas lâcher prise.
Allez, n’aie pas peur, lâche ! Lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans le regard. Vu d’ici, le monde se réduisait à une flaque sombre, coulant vers un inconnu menaçant, la grille d’évacuation qu’elle lorgnait l’œil en coin. La liberté avait de la gueule tout de même, l’eau vive, le retour aux sources, et qui sait peut-être même l’azur au grès d’une évaporation. Et par dessus tout, il y avait la mer. Le rêve d’espace, la saveur du sel imaginée, le toboggan des vagues, la caresse du sable. Des réminiscences lancinantes, montées des tréfonds des canalisations. Les copines avaient dit qu’il s’agissait des voix de la mémoire de l’eau. Des légendes de l’abîme, les splendeurs des abysses, les vertiges de l’infiniment grand et de la dilution. L’ivresse d’appartenir au « Tout », lier son destin à ses semblables et laisser la nature régner en maître. Confier son destin aux courants et marées. Elle sentait clairement sa force d’adhésion se réduire au bord du zinc et la force de Newton allait bientôt gagner la partie. Quand Pilou déboula en trombe du coin de la maison la babine écumante, le grand saut semblait imminent. C’était sans compter sur la soif du canidé dégourdis qui lapa vaillamment le trou du robinet. Adieu les grands espaces, les brumes et les embruns. Le destin prend la pause pour finir tragiquement dans la panse d’un chien.

  7. Peggy dit :

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait pas lâcher prise.

    – Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans la baignoire. Regarde la veine qu’on a eue ! Arriver pile pour le bain du beau Serge ! On en rêve encore de notre descente le long de son dos musclé et tout bronzé. Un léger petit ralentissement au creux des reins et hop ! c’était déjà terminé. On aurait adoré que ça dure éternellement. Quelle chance tu as, encore tout à découvrir ! On meurt d’envie d’être à ta place, et t’es là comme une andouille à ne pas vouloir te lancer !! Vas y, tu ne sais pas ce que tu vas rater sinon. De toute façon tu seras obligée de sauter quand il va ouvrir le robinet pour réchauffer l’eau et tu ne profiteras de rien puisque tu seras poussée par des milliers d’autres gouttes.
    Comment peux-tu résister ? Un rêve on te dit. Allez lance-toi. N’oublie pas, descends le plus lentement possible… c’est divin.

    Ne pouvant résister au chant des sirènes, Goutte se lance. Une fraction de seconde plus tôt, le beau Serge se tourne et Goutte se retrouve sur le poitrail du bel Adonis, coincée dans une forêt inextricable.

  8. SoizeD dit :

    Goutte que goutte

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait pas lâcher prise
    Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! lui criaient ses copines,
    en bas, dans la bassine
    Mais le fond de l’évier, mais le fond du siphon
    empoignaient son esprit, aspiraient sa raison

    « Que vais-je devenir ? Goutte parmi les gouttes je ne serai plus que flaque,
    répandue dans l’égout, appelée par le vide, sombrerai dans l’oubli.
    Mon robinet chéri, je suis folle à lier de ton beau col de cygne,
    Ne me laisse pas choir : je ne puis te quitter
    Dis-moi, dis-moi encore : c’est moi que tu adores !

    Les autres gouttes en bas n’ont pas compté pour toi
    Et cette goutte-là, qui marche dans mes pas,
    cette petite gourde
    ne sera rien pour toi qu’une larme de plus
    qu’une goutte qui passe sans te désaltérer ! »

    Elle s’agrippait ainsi, suspendue aux désirs de l’obtus mélangeur,
    pendante et dépendante, cœur ballant, cœur battant
    N’écoutant que son moi, que son tout-à-l’égo *
    « Mais je me liquéfie… Je sais, je te dégoûtes
    J’ai trop goutté à toi… »

    Lâcher est-ce être lâche ou ne faire que relâche ?
    Faut-il mourir un peu pour sourire à la vie,
    S’agripper au passé ou juste l’enlacer ?
    Accepter le présent comme un cadeau précieux
    pour mieux voir l’à-venir et le goûter bien mieux ?

    Elle s’apaise, elle coule, elle glisse et chavire
    plutôt que de sombrer elle semble voler
    en tombant là elle chantonne
    une chanson d’amour et d’infidélité qui parle d’une bague et d’un cœur que l’on brise… *
    « Auprès de ma bonde… »

    * Un humble merci à Pascal Perrat pour son « tout-à-légo », ainsi qu’à Guillaume Apollinaire pour son « Automne »

    ©SoizeD

  9. durand dit :

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait lâcher prise.

    Allez, n’aie pas peur, Lâche! Lâche! lui criaient ses copines, en bas, dans l’évier.

    Ne reste pas là, mitigée, à ne pas savoir sur qui ou quoi tu tomberas.

    La chute n’engendre pas forcément l’effondrement. Tu trébucheras peut être

    sur un moins liquide que toi, un renforçant tes capacités à solidifier les relations,

    un prince fluide mais possible amarrant, un dévaseur de port, englouti.

    Ce serait la plus grande des surprises…pour toi…,te découvrir un marin détaché

    de la bitte, un n’ayant qu’une relâche et qu’une femme, un seul miroir

    d’affection, une courtoisie quotidienne et distanciée, un retour possible sur le

    meilleur de soi même.

    Ne crains donc pas de partager ton envie d’un ailleurs, d’un autre

    semblablement mieux, d’un extra permanent, d’un décoiffeur de permanences,

    ton besoin de t’extraire d’un confluent brûleur d’images, de simagrées d’amour,

    laisse toi couler vers ce qui t’entraîne, ce qui te charrie, petit pois vers une

    sobre légumineuse, tranquille, et face aux vents, phare en rescousse, brûlot

    sans combat, arrêté d’office, une non violence d’entre deux et que personne n’y

    glisserait une feuille, un spasme, juste avant l’envol toujours possible,

    imaginable et magnifié, restreint mais existant, une tendre douceur, une

    authentique bienveillance, une saine rigidité, une balise de tendresse, mais pas

    froussarde, un pinceau de lumière accompagnant nos flirts du soir, nos

    accomplissements possibles, nos simples décharges, nos émouvances.

    Soyons le devenant encore plus sobre! Buvons la vraie source…dit la goutte

    d’avant…celle nous interdisant d’abuser du découlant, du trop peu dégoûté, du

    pâle, du triste, du moribond malodorant, du javelisé de l’amour.

    Et ne lâchons pas…surtout…par delà les pardessus de l’automne, à venir, des

    hivers probables, les prises possibles, pour subvenir, face à notre nature.

    Face aux probables, aimons nous encore mieux et plus précis.

    Au delà des quant diras tu!

    Des qu’en dirais je!

    Aucune goutte me souffla t’elle n’a jamais fait déborder un évier!

  10. Sylvie dit :

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait pas lâcher prise. « Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! » lui criaient ses copines, en bas, dans la grande vasque. « C’est grandiose, on glisse à n’en plus finir, quelle sensation ! », lui lança une goutte effilée qui slalomait avec adresse sur la paroi de marbre avant une arrivée bouillonnante au milieu de ses congénères. La petite goutte timide, tremblant de peur, n’était en rien rassurée et s’accrochait encore plus au robinet. « Allez, descends. Regarde, on est toutes là, tu ne crains rien, on forme maintenant une bonne petite flaque et on va te réceptionner en douceur », criaient les gouttes rassemblées au creux de la vasque. La petite goutte allait partir mais se retenait au dernier moment aux lèvres de cuivre luisant du robinet. Soudain elle se mit à trembler. Une voix rauque grommela : « Ecoute, petite, cette fois il faut y aller. Je ne peux plus attendre. Derrière, ça se bouscule, ça rouspète. J’en ai plein les tuyaux. J’en ai vu passer des gouttes depuis toutes ces années, je peux te dire que tu ne risques rien. Saute. Sinon, le jardinier va augmenter la pression et là, tu n’auras pas le temps de dire ouf. Tu seras projetée dieu sait où, ça va gicler de partout. Et tout ça ne va pas arranger mes vieilles articulations… Allez vas-y, petite. » La petite goutte, fébrile, arrêta de regarder en bas, ferma les yeux et, enfin, se détacha du robinet. Elle se sentit lourde, lourde, entraînée dans une chute irrésistible vers une bouche béante qui l’aspirait, quand soudain… pouf, elle était arrivée… non… C’était doux, sec. La petite goutte ouvrit les yeux. Elle n’était pas au fond de la vasque, mêlée à ses congénères, mais seule sur un sol mouvant, vert, duveteux et nervuré, qui la portait au rythme de la brise du soir et l’éloignait peu à peu de la fontaine. Elle leva les yeux et vit le vieux robinet qui – mais peut-être était-ce le reflet du soleil sur sa robe de cuivre – esquissa un sourire. La petite goutte, angoissée par le grand saut, avait été enlevée par une jeune feuille de hêtre qui passait par là. Sur ce doux tapis volant, elle fit le tour du jardin, visita ses contrées les plus reculées aux peuplades les plus étranges et resta lovée dans ce divan soyeux où elle finit ses jours. Après sa disparition, on dit que la feuille de hêtre jamais ne prit d’autres passagères.

    ©Sylvie Wojcik

  11. Antonio dit :

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait pas lâcher prise.
    – Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans l’angoisse de voir le bouchon sauter et ne plus revoir Bibi.
    Oui, chaque goutte a son identité. Il ne faut pas croire tout ce qu’on dit, il n’y a pas deux gouttes d’eau qui se ressemblent.
    – Oh, mais c’est haut, lâcha Bibi toujours accrochée à son robinet.
    – Allez, dépêche-toi, Bibi, tu vas rater le train d’évacuation, lui lança Goutagoutte en haut d’une énorme bulle, comme elle aimait se vautrer.
    – Mais j’ai peur de m’éclater la tête, continuait de rechigner la goutte suspendue.
    – Mais pas là, tu vois bien, qu’on est toutes là pour te rattraper, la rassura Aude Pluie, la chef de file.
    – En plus avec le liquide vaisselle, on glisse dessus comme une perle, ajouta Goutagoutte toujours lovée dans la mousse.
    Bibi ferma les yeux et s’étira de tout son long prête à faire le grand saut quand un brouhaha et des cris la stoppèrent dans son élan. Elle jeta un oeil en bas, il n’y avait plus personne, un grand rot venant de l’évier recracha l’écume savonneuse du train d’évacuation de 20h33.
    – Hé ! … les copines ! … vous n’allez pas me laisser là ! se lamentait Bibi ne sachant plus quoi faire.
    Soudain, le bec du robinet la happa comme on renifle une goutte au nez.
    – Allez, finie la comédie, grommela le robinet chef de gare qui refoulait du bec. T’as pas voulu te faire mousser avec tes copines dans le grand bain, tu passeras tes vacances au frigo en glaçon, c’est le prochain départ.
    – Pas le frigo ! … Bouh !!!
    Bibi venait de se faire moucher, elle qui rêvait de voir la mer des égouts avec ses copines.

  12. ourcqs dit :

    …. bien sûr, elle hésitait, après avoir été bousculée, blakboulée, propulsée dans le dédale noir de tuyaux sans fin, de siphons tourbillonnants, dans des borborygmes assourdissants, elle pouvait enfin s’arrêter, respirer, au calme. Voir la vie d’en-haut, ressentir cette liberté de se balancer, d’osciller, de narguer ces ectoplasmes de copines en flaque au fond de l’évier, qui ont l’air pressé de terminer dans la mousse savonneuse et les eaux de vaisselle, c’ est vraiment jouissif ! Elle préférerait accompagner un verre et transiter autrement, c’est plus satisfaisant de jouer un rôle de rafraîchissant, de désaltérant. Elle continuait à philosopher quant à l’importance d’une toute petite goutte d’eau, qui, tout le monde le sait peut faire déborder la coupe, quand elle sentît la langue du chat la happer avec douceur, et s’ en lécher les babines …

  13. JAINE dit :

    Un goutte d’eau,
    suspendue au bec d’un robinet,
    n’osait pas lâcher prise.
    Allez, n’aie pas peur, lâche !
    lâche ! lui criaient ses copines,
    en bas, dans…

    un seau bleu…

    « Ne reste pas là,
    Le goutte à goutte
    Tu ne peux rompre…

    Arrête ton blablabla
    Vraiment tu dégouttes,
    Veux-tu nous corrompre ?

    Restons ensemble,
    Pas de parcimonie,
    Quelle étourderie…

    Point ne faut que tu trembles
    Pour les grands et les petits
    Nous sommes la vie…

    La petite goutte d’eau, alors, s’évanouit…

  14. Lafaurie Alain dit :

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait pas lâcher prise.
    Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans l’évier inox.
    Plic se faisait la plus insistante :
    Ne me fais pas languir, tu sais bien que je ne peux pas vivre sans toi. T’as la trouille ou quoi ?
    La trouille, pas du tout, je me concentre…
    C’est cela. Bon, évite de penser et grouille-toi, tu vas nous faire perdre la cadence. Et puis, tu n’es pas toute seule, derrière toi, ça se presse au portillon.
    Ne me mets pas la pression ou je n’y arriverai pas.
    Tôt ou tard, la gravité aura raison de toi, allez laisse-toi aller.

    Une éternité plus tard, la goutte s’ovalise, quitte son perchoir et rebondit dans l’évier en faisant retentir un Ploc assourdissant.

  15. laurenced dit :

    Une goutte d’eau, suspendue au bec d’un robinet, n’osait pas lâcher prise.
    Allez, n’aie pas peur, lâche ! lâche ! lui criaient ses copines, en bas, dans l’évier de la cuisine.
    La petite goutte se transforma en larmes. Ses copines agglutinées pour voir le spectacle n’en revenaient pas. La goutte avait peur de se noyer. Elle ne savait pas nager.
     » Tu fais quoi pleureuse ? lui lança une goutte plus téméraire.
    Elle ne répondit pas.
    Bientôt un concert de rires et de gloussements s’éleva du lavabo.
    Manon entra dans la cuisine après son match de volley. L’été tapait fort et de jolies couleurs rouges agrémentaient ses épaules.
    Elle prit une serviette pour s’essuyer le front et saisit un verre dans le buffet blanc. D’une main rapide, elle ouvrit le robinet et se servit un grand verre d’eau fraiche.
    La goutte cessa ses pleurs et toute heureuse pu enfin toucher le bout des lèvres roses de Manon.
    Les autres râleuses s’engouffrèrent dans le siphon sans pouvoir dire un mot.

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