Avez-vous des rituels d’écriture ?
Cette histoire commença il y a très longtemps, dans un monastère.
Le maître des lieux méditait, son chat vint le déranger.
Contrarié, il ordonna que le félin fut désormais attaché pendant les exercices spirituels
Des années plus tard, quand le maître mourut, les disciples continuèrent à entraver le chat.
D’autres années passèrent et le chat mourut à son tour. Alors, les disciples adoptèrent un autre chat et l’attachèrent pendant les séances de méditation.
Les siècles succédèrent aux siècles, les chats aux chats et les disciples aux disciples.
Aujourd’hui, il paraît qu’il existe dans ce monastère, une collection de traités sur la signification religieuse du chat attaché dans la pratique de la méditation.
C’est ainsi que se transmettent les rites et les habitudes.
Leurs origines sont peut-être lointaines et empiriques mais on les accomplit sans trop savoir pourquoi.
La plupart des écrivains ont des rituels :
Allumer une cigarette avant de commencer à écrire.
Choisir un disque ou une station de radio
Boire une tasse de café bien serré à petites lampées
Bailler devant son écran plusieurs minutes avant d’ouvrir le traitement de texte
Faire un petit tour à pied
Aller boire un jus au café du coin
Choisir une bonne hauteur de siège
Ranger sa table de travail, etc.
Et vous, dans votre travail d’écriture, quels sont vos rituels ?
Je vous propose de les partager sur ce blog.
Merci pour vous réactions. Vos réponses nous éclairent sur la créativité littéraire et prouvent qu’il y a mille façons de s’y mettre.
Je suis chez moi, impérativement. Sinon mon écrit se limite à quelques mots griffonnés sur un bout de papier quelconque (ce que j’ai sous la main) et vite fourré en boule dans ma poche, parce que j’ai toujours l’impression d’être observée.
Donc, pour écrire, je suis chez moi, seule dans mon bureau, devant mon clavier d’ordinateur. Pas de papier et de stylo parce que ma main ne parvient pas à écrire aussi vite que les mots me viennent, et que j’écris comme un chat et risque de ne pas savoir me relire. Donc c’est l’ordinateur (peut-être parce qu’un écran d’ordinateur noir c’est pas une page blanche, source d’angoisse… Je m’assieds devant, j’ai obligatoirement devant ou à côté de moi un tas d’objets, des trucs qui ont une signification pour moi seule. Je suis dans le silence le plus possible. Si une idée me vient, il faut que je l’écrive tout de suite, une heure plus tard c’est trop tard, donc necessité de saisir l’idée au vol. Et une fois que c’est parti on ne m’arrête plus, je ne me relis qu’une fois le texte terminé, et je ne corrige que pour l’enrichir.
Quant à moi, j’ai quelques conditions, plus que des rituels.
Je ne parle de mes idées à personne, j’écris quand je suis absolument seule.
Je chosis un stylo noir, bleu ou à papier selon mon humeur. Mais il faut qu’il glisse bien. J’écris uniquement sur des feuilles volantes blanches que j’agrafe entre elles.
Puis je range tout dans des chemises cartonnées que j’oublie dans ma bibliothèque…
J’aime débuter un bloc-notes neuf et écrire au porte-mine. Comme je ne peux pas débuter un bloc-notes neuf chaque fois, j’arrache toutes les pages qui ont été utilisées. J’écris avec plaisir tôt le matin avec une grande tasse de café et par obligation tard le soir avec une petite tasse de café….
J’aime boire beaucoup de thé et manger du chocolat….en ce qui concerne le lieu, peu importe j’écris n’importe ou ! si c’est sur un cahier j’aime tous mes stylos de couleurs….
Il me semble que je n’en ai aucun. J’écris avec avidité n’importe où, dès que j’ai 5 minutes. Peut-on dire que mon rituel consiste à ne pas perdre de temps en préparatifs et à sauter sur la moindre occasion?
Avant tout, je rembobine le magnétophone. J’écoute et je réécoute les derniers
caucherêves, les masturbations piteuses d’un cerveau abruti par l’abus de
tisane, la veille au soir. Je note quelques bribions, ces malingres morçeaux
d’histoires qui, mis bout à bout pourraient constituer l’ombre d’un best seller
pour hypondriaque en rupture de Vidal.
Ensuite, je sors les draps du lit, et le bonhomme avec. Je passe toute la lingerie
nocturne à l’essoreuse. J’en extrait le jus d’inspiration péniblement évacué
après les nuits d’orages, tumultueuses des poètes romantiques,
les engloutis du vague à l’âme, les pochards de l’amour.
Ensuite, je fais une longue marche, de 10 à 50kms, selon les embouteillages.
Au retour, je tente quelques phrases, je me réconforte sur les toujours
capacités de mes doigts. Puis je vais me laver les dents. En effet, je relis
toujours mes textes à voix haute. Je surveille donc mon hygiène buco littéraire.
Je me prépare une soupe dite des « 20 légumes », qui me fera le mois.
Je m’assois devant mon bureau, j’en ouvre et referme les tiroirs du rangement.
Tout est à peu près à la même place qu’hier. Le livre à venir est bien contenu,
maîtrisable. Il recèle de corrects espoirs entassés dans un ordre placide, un
arrangement de lignes confuses, une ornière déterminante.
Je me saisis du grand crayon de menuisier hérité de mon oncle. J’en taille les
justes copeaux, l’exigence d’un danseur étoile. J’entame quelques pointes, une
pirouette, un entrechat d’écrivain.
Puis la tasse me tend la main!
Déjà bien entamée, la journée….mais riche…de ces tout petits riens, ces
minuscules grains trop moulus, ces gouttes à peine tombées, desséchées
…dessinant sur la page…
…un texte.