Exercice inédit d’écriture créative 120

Printemps    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe !
Du vent, de l’épate !

    Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au vert pimpant.
    Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre…

Poursuivez dans le même esprit, il s’agit d’écrire à contre-courant,
de caricaturer le renouveau printanier au lieu de l’idéaliser. 

 

18 réponses

  1. Clémence dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe ! Du vent, de l’épate !     Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au vert pimpant.     Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre…

    L’hiver touchait à sa fin. Tout comme la session des dix-huit mois de travaux intenses. Le grenier me fut enfin accessible. Un grenier tel que chacun le rêve. Empli de vieux meubles provençaux en châtaigniers, à la patine superbe, de coffres et de malles. Un vieux coffre à la faconde originale attira mon attention. Je soulevai son lourd couvercle et découvris une collection de cahiers. Des couvertures de toutes les couleurs, en carton, en toile ; des petits, des moyens et des grands. Des cahiers à spirales, des cahiers quadrillés et des cahiers lignés. Tous emplis d’une écriture à la calligraphie impeccable.

    Ne sachant par lequel commencer, je déclamai la comptine « Pic et pic et colégram ». Le sort en était jeté. Un frisson de curiosité me titilla …

    Première page : le titre,

    Les révoltés de « Germinal ».

    « 21 mars :
    Depuis plusieurs jours, au gré des événements domestiques, nous parvenions à nous réunir. Pour une fois, nous faisons bloc. Nous eûmes tôt fait de constater qu’une organisation stricte s’avérait nécessaire. Si nous voulions en finir avec ce « Printemps Idéalisé », nous devions agir, fomenter une mutinerie. Nous consacrâmes une journée à chaque Sujet.

    22 mars :
    Les duvets de plumes et les couvertures ouvrirent le festival des doléances.
    – Cette nuit, la patronne maugréait dans son sommeil. Sans cesse, elle nous donnait des coups de pieds, nous repoussait. Le patron tirait à hue et à dia, nous écrasant d’un coup de talon rageur.
    – Cela ne présage rien de bon, nous allons encore être secoués comme des damnés puis enfermés dans des sacs à farine.
    – Beurk, elles n’ont pas la moindre délicatesse, ces brutes de la toile ! Je vais encore avoir ma housse toute gercée !

    23 mars :
    Les pulls de laine et gilets en peau de moutons prirent la parole à leur tour.
    – Nous allons encore passer des mois, enfermés dans des cartons. Nos fibres fragiles et notre gonflant ne résisteront plus longtemps.
    – Les boules puantes de naphtaline nous provoqueront des crises aiguës d’urticaire. Et nous ne parvenons ni à nous gratter tant nous sommes serrés, ni filer en douce, en cuisine, boire une tisane apaisante. Pffff
    – Moi, j’aimais tant me réchauffer près de l’âtre et je me pâmais à me sentir frottée par des mains toutes douces, enduites de quelques gouttes d’huile d’olive…

    24 mars :
    Les bottes et bottillons trouvèrent le moment venu d’ourdir un complot avec les chaussettes de soie et les bas de laine.
    – Nous allons nous dépareiller. Et pour de bon ! La patronne croit qu’elle nous mène à la baguette en nous la glissant à l’intérieur pour ne pas nous gondoler.
    – C’est nous qui allons nous gondoler : pour chaque paire : une reste à l’intérieur, l’autre se défile pour camper sous la lucarne qui fuit.
    – Une godasse en cuir archi-sec comme les chaussettes de l’archiduchesse, l’autre en cuir détrempé comme une détrempe sur plâtre ! Ça c’est du sport !

    25 mars :
    Les conciliabules durèrent encore trois soirées afin de finaliser la révolte jusque dans ses détails infimes, ce dont je vous ferai grâce.

    Dernier soir de Germinal, première aurore de Floréal : la Grande offensive est lancée.
    – Pollens des pins, des oliviers et des chênes….
    Présents
    – Virus, bactéries et autres microbes ….
    Présents
    – Acné et herpès labial…
    Présents
    – Rhinites et sinusites…
    Présents
    – Chiendents, pucerons et champignons…
    Présents

    Mesdames et Messiers, à vos postes !
    Prêts ?Partez !
    La chance est avec nous ! Mistral Violent poussa la frégate « Ideale Primavera » vers sa destination : Ad kalendas graecas »

  2. Sabine dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe ! Du vent, de l’épate !
    Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au vert pimpant. Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre…
    Les fleurs de lys se prennent pour les reines-des-prés ; la belle de nuit chante tout le jour « Au clair de la lune » à tue-tête ; les agneaux se gavent de gueules de loup; la monnaie-du-pape nous chante la messe ; les immortelles imaginent qu’elles sont éternelles ; les désespoirs du peintre sèment leurs graines de folie chez les barbouilleurs ; le tabac pétune fièrement ; les œillets de poète recommencent à rimailler et hier, Véronique et Margueritte m’ont fait la nique.
    Non, vraiment, je n’aime pas le printemps !

    ©Margine

  3. Sabine dit :

    Bonjour Christophe

    Votre petite chanson de notre ami l’huissier m’a beaucoup fait rire. J’avoue que j’en suis très jalouse!

    Bon automne
    Sabine

  4. Françoise - Gare du Nord dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe ! Du vent, de l’épate ! Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde du vert pimpant de ces invertébrés d’écolos. Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre. Lui le réveil de la nature ? Le renouveau de la flore ? Le regain dans les jardins? Sa fameuse sève : un fameux prétexte pour raccourcir les jupes des filles et allumer le regard des hommes. Le printemps ; une saison de fornicateurs

    L’été. Ce crétin fini qui se prend pourtant pour le phénix du calendrier avec son soleil au zénith et se veut la saison la plus sexy avec ses pics de chaleur. Ses histoires d’amour avortées aussitôt commencées, ses tubes de la chanson oubliés aussitôt écoutés. Ah et puis enfin, ses congés payés. Dépensés après avoir été longuement épargnés L’été : une saison de fainéants.

    Et l’automne. Je m’en voudrais presque d’avoir de la tendresse pour elle ! Cela ne me ressemble pas pourtant. Mais elle me fait un peu pitié – cela non plus ne me ressemble pas – quand je la vois s’essouffler pour continuer à ressembler à l’été. Elle résiste, cette pauvre fille mais son été indien est pathétique. Et déjà ses feuilles lui tombent des arbres et ses couleurs de feu s’éteignent. Mais elle peut batailler, jusqu’à l’épuisement, fatalement elle finit par tomber dans l’hiver. L’automne : une saison de vaincus.

    Et enfin l’hiver, ma saison préférée. Ses températures glaciales, son vent froid et pénétrant, ses gelées matinales. L’hiver : une saison de vendeurs.

    Gervais Géfrois, Directeur des ventes chez Damart

  5. gepy dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe !
    Du vent, de l’épate !
    Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au
    vert pimpant.
    Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre…

    Les petites bestioles deviennent insupportables.
    L’escargot monte sur « l’escargote ». Leur bave est … baveuse. C’est dégoûtant.
    Le rossignol appelle « sa rossignole ». Il chante à tue-tête. La sieste dans le jardin est impossible, ils sont assourdissants.
    Puis, vont arriver les « petits » des petites bestioles. Les canetons, s’effrayant d’un rien, toujours l’air hagard, désespérément derrière maman canard… Le pire, ce sont les enfants :  « oh, comme ils sont beaux, les petits canards ! Non, pas par là, petit canard, tu vas te perdre, reste à côté de ta mère. »
    Quel crétinisme !
    Et les cygnes, fiers de leur progéniture, avancent prêt à mordre, tels des chiens, au moindre geste suspect.
    C’est pas la joie, le printemps. Les petits lézards qui se promènent. Toutes ces bestioles, sortant de leur hibernation en pleine forme, vont nous envahir.
    L’arrivée des insectes, avec leur obsession de polliniser, vont vrombir autour de nous, se coller au pare-brise. Encore du travail en perspective !
    Heureusement, grâce a ma tondeuse, je vais en raccourcir quelques-uns. Ensuite, il faut s’infuser l’odeur d’herbe fraîchement coupée mais j’ai découvert des masques filtrants d’une grande qualité.
    Les vapeurs d’essence de ma tondeuse, elles, restent présentes mais je préfère. Je me sens moins perdu au milieu de cette satanée faune et flore nouvelle. C’est un repère de civilisation qu’il nous faut conserver.
    En même temps, je tonds les petites fleurs. J’adore passer du multicolore au vert uni. C’est plus élégant cette unité de couleur, plus sophistiqué.
    Ça évite les boutons d’or et les gamins qui se les mettent sous le menton : « Est-ce que tu aimes le beurre ? ». Qu’est-ce que c’est « tarte », ce … je ne peux même pas appeler cela un jeu, tellement c’est niais. Quand je pense que cela se transmet de génération en génération, j’en suis consterné.
    La nuit tombe et devinez… Un vol de chauve-souris. Je déprime.
    Quand je pense que c’est tous les ans la même musique.
    Peut-être devrais-je changer de pays et de climat ?
    Je rentre vite et je ferme la porte derrière toute cette folie printanière.
    Un petit coup de télé, puis un petit coup d’ordi me remonteront le moral.
    Y’ a que ça de vrai dans la vie !

  6. eleonore dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe !
    Du vent, de l’épate !
    Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au
    vert pimpant.
    Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre…
    Et moi l’imbécile j’ai cru que c’était arrivé ! Soleil, douces fleurs des champs, petits ruisseaux qui glougloutent. Mon romantisme se ragaillardi plus audacieux que jamais.
    On sonne à ma porte, pas trop fermée d’ailleurs : « tu viens faire une balade dans le bois gentil ? »
    Vite, chaussée mes bottes m’emmitouflée dans mon vieux polaire, on ne sait jamais…. Et hop ! On y va. Siffler les chiens tout trépidants d’impatience ! En route.
    Chantonner, aller devisant, marcher vite. Le soleil est déjà chaud.
    « Crois-tu que les crocus sont en fleurs ? Regarde, les saules libèrent leurs chatons tout blonds»
    Ôter le polaire, le nouer autour des reins, relever les cheveux, les retenir d’un bout d’élastique qui traine au fond des poches.
    Les chiens gambadent, le ciel est enivré de nuages gris et roses qui volent à toute vitesse et se pourchassent.
    Une flaque, réminiscence des dernières pluies, une ornière sous les bois secs que le vent à jeter à terre, et … vlan… tu n’as que le temps de m’attraper le bras pour éviter la chute inévitable.
    Ton regard dans mon regard…
    Tes grands bras me serrent plus fort, tu approches tes lèvres…
    Mais, la raison me murmure : « Le printemps ce n’est que de l’esbroufe ! »

  7. Valy dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe !
    Du vent, de l’épate !
    Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au vert pimpant.
    Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre…
    A l’instar d’un défilé de mode du dernier créateur en vogue, les atours sont pimpants, crieurs, voyants… Importables et improbables, comme un déballage suffisant de couleurs tapageuses et fleurettes acidulées.
    La marmotte en personne s’en veut de se lever pour pareille débauche de couleurs, dysharmonie et compagnie.
    Non, vraiment : je hais les couleurs du printemps!

  8. Nathalie dit :

    A ce printemps, c’est le retour des ennuis ! Quel danger ! Des exemples ? Finies les ballades en montagne ! A cause des ours ! Cela devient trop dangereux !
    Et vous avez pensé au rhume des foins ? Ou aux insectes : taons, guêpes, frelons, abeilles, et j’en passe… Ils sont de retour eux aussi pour nous piquer !

    Et quel travail ! Tout le monde se réveille. La végétation va encore tout envahir : il faudra couper ! Les cotons des peupliers s’envoleront : il faudra balayer ! Les garnements grimperont aux arbres : il faudra les surveiller ! Les merles viendrons picorer les premières cerises : il faudra les chasser ! Les moineaux se nicheront partout pour élever des petits : il faudra enterrer les oisillons ramenés par le chat ! Les hirondelles de fenêtres se logeront dans un coin : il faudra nettoyer leurs fientes !

    Et quel bruit !! Les oiseaux chanteront tôt le matin : ils nous réveilleront ! Et les voisins avec leur barbecue !! Faudra aussi inventer des excuses pour y échapper…
    Le pire, ce sont les touristes ! Ceux-là, dès qu’il y a un beau week end de prévu, ils débarquent envahir notre littoral ! Et dire qu’ensuite ce sera l’été, et là, on aura carrément des enfants en liberté….

  9. Sylvie dit :

    Le printemps n’est que de l’esbroufe ! Du vent, de l’épate ! Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au vert pimpant. Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre. Les crocus, ces minus, se voient comme un champ de marguerites. Et le gazon en est fier ! Il n’avait qu’une hâte ; montrer au grand jour les rejetons qu’il avait dans le ventre pendant tout l’hiver. Quelle inconvenance ! Des enfants terribles, oui ! Tout ça sort de partout, n’importe comment, sans prévenir, sans la moindre discipline. Ici, on attend des tulipes et ce sont des jacinthes qui pointent le bout de leur nez. En plus, on ne peut rien leur dire car elles embaument le jardin… même un peu trop d’ailleurs. Depuis le temps, elles pourraient changer de parfum. Elles n’ont vraiment rien dans le bulbe ! Et les primevères, ces naines qui s’étalent en douce, elles ne manquent pas de toupet ! Quant aux arbres fruitiers, il n’en ont pas assez de s’enguirlander de fleurettes roses ou blanches : quelle mièvrerie ! Un écrivain en herbe là-dessous et c’est une nouvelle saga à l’eau de printemps qui déferle.
    Il suffirait que l’hiver, à peine le dos tourné, fasse soudain volte-face et qu’un souffle sibérien fige en un rien de temps toute cette jeunesse arrogante. Pétrifiée à peine sortie de l’œuf, cette sève montante aurait moins fière allure ensuite, une fois délaissée par le gel : déliquescence assurée, belle leçon d’humilité.

  10. ourcqs dit :

    le printemps, ce n’est que de l’esbroufe …..

    Il parade , tout en chimères . Il veut nous faire croire que les jours sombres de

    l’hiver sont loin derrière, mais il nous envoie brutalement des gros nuages, des

    rafales sauvages, des gelées pernicieuses . Des sautes d’humeur ravageuses,

    même orageuses . Il nous promet l’épanouissement, l’éclosion des jeunes

    pousses, des explosions de couleurs, mais pas du tout, les bourgeons restent

    engoncés, les premiers feuillages sont tout pâles, les premières fleurs en nuances

    pastel, pas vraiment éclatantes ! Il nous berce vraiment d’illusions , pensant peut-

    être que nous allons sortir les petites robes légères ? Evidemment, le soleil n’est

    pas toujours au rendez-vous . Même les piafs, merles et merlettes déchantent très

    vite et regagnent leurs taillis abrités .

    Heureusement, les arbres à poèmes sont toujours là, en mars, pour nous faire

    rêver, les couleurs, les parfums, les sons, restés dans les mots .
    ourcqs

  11. Virginie Durant dit :

    Oubli : Amitiés, et bon week-end 🙂
    Virginie

  12. Virginie Durant dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe !
    Du vent, de l’épate !
    Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au vert pimpant
    Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre.

    ô printemps, automne de mes délices !
    Les rayons du soleil brûlent la douce lumière hivernale. Ingrats, ils intensifient leur activité, font exploser leur quota d’heures supplémentaires au détriment de ceux qui aspirent à un long et profond sommeil.
    Finies les grasses matinées dominicales et les soirées passées à l’ombre de la liseuse !
    Cui, cui le printemps est là, quel hâbleur ! Avec l’arrivée du protégé de Boticceli migre la menace cancéreuse. L’astre diabolique darde ses flèches empoisonnées d’ultra-violet : le mélanome frétille à chaque parcelle de lumière.
    ô printemps, automne de mon insouciance !
    Les moustiques aiguisent leur arsenal de piqûres ; abeilles, guêpes, frelons essaiment leur venin. Les astuces anti-piqures, anti-démangeaisons germent à chaque recoin de la maison, déposant derrières elles une traînée nauséabonde de citronnelle. Tables, guéridons, bibliothèques, bureaux, se parent de pots fleuris de kleenex : un concerto d’atchoum salue l’allegro primavera. Les pollens assaillent ; poumons, gorges, nez trouvent refuge auprès des anti-histaminique qui plonge l’assiégé dans une léthargie.
    Le printemps : renaissance, quelle foutaise !
    Les programmes minceurs bourgeonnent. Le printemps est là, quel imposteur! Le diktat de l’anti-cellulite, de l’anti-plaisir à se nourrir, de l’anti-cm2 de gras assujetti les gambettes qui se dévoilent.
    ô printemps, automne de la mansuétude des coeurs !
    le gazouillis des oisillons sonnent le glas de la solidarité sociale qui plie bagage. Si tu as faim et froid, hiver prochain, on compte sur toi !!!!

  13. Pascal Perrat dit :

    Déjà 4 bons défoulements. Bravo ! Affaire à suivre.

  14. Jean de Marque dit :

    Le Tape à tout.

    Le printemps, ce n’est que de l’esbrouffe! Du vent, de l’épate!
    Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde de vert pimpant.
    Et le dernier des glands se prend pour un arbre.

    A peine sortis de l’oeuf, les oisillons nous serinent de leurs trilles approximatives. Leurs parents, trop occupés à flirter sur les bancs impudiques n’ont même pas pris le temps de les inscrire dans une chorale.

    Chaque piaf a la liberté de vous piailler dans les oreilles. Les nids sont des balcons pour divas de bastringues, des terrassons pour pastiches de ténors.

    C’est le Massacre du Printemps et moi…je garde mon bonnet, bien enfoncé sur la tête!

    La nature a rangé son confortable manteau doublé pour enfiler une broderie ridicule. Elle promène partout sa petite culotte fleurie. Une nouvelle échancrure de poitrine titille toutes les sèves.

    A peine apparues, les floraisons sont évacuées, laissant la place à des chatons prétentieux, prometteurs de caresses passagères, d’attouchements reportés, de futures compotes.

    Au matin de l’équinoxe, les hommes ont stockés les fauteuils au grenier. Ils ont retrouvé une envie de marcher, même dans la boue. Ils arpentent les chemins d’un vieux renouveau, redécouvrent leur Amérique au coin du bois, s’y taillent une jambe.

    Certains, très attachés à la terre, broutent au milieu du troupeau, y invitent leur campagne pour un lait plus prospère, un beurre d’amour.

    Le soleil a sorti un vieux spectre, du fond de ses rayons. Il propose au chaland sa plus belle boîte de couleurs, la même que l’an passé. Chacun s’émerveille, se lance dans une éternelle valse chromatique.

    Certains se tailladent une oreille en ciselant un buisson, se disent peintre.

    Moi…mes outils sont rouillés. Je réajuste quand même les coins décollés de ma tapisserie. L’humidité n’a qu’un temps.

    Les ménagères aèrent leurs poussières. Le grand nettoyage déplace les ombres décoratives. On a beau ouvrir les fenêtres, rien ne circule vraiment ni des poumons, ni de l’esprit. Les tapis secoués ne connaîtront que du ressassé.
    La crasse de l’hiver est ventilée mais rien n’est purifié.

    Les araignées nichent toujours. Elles stockent juste leurs toiles un peu plus loin, à l’abri des reflets, des gouttes d’argent d’orfèvrerie.

    Là bas, une armada de bus a investi Florence. Des hordes de touristes envahissent la Galerie des Offices. Un étudiant saisonnier radote une analyse approximative du tableau de Botticelli. Flore et Cupidon, Mercure et Zéphyr entament un drôle de quadrille.

    Une autrichienne s’émerveille. Vivaldi fleurit encore les ascenseurs.

    C’est partout le temps de la gonflette. Les costumes de carnaval étouffent leurs exposants. Des jabots surfaits emmaillotent de petits mâles. Les froufrous féminins ne font pas dans la dentelle. Venise penche sous le poids des masques. La saison, rame, s’engloutit sous les colifichets.

    Moi… je viens de croiser mon 85ème printemps. J’en ai tant vu de ces soit disantes renaissances, de ces bouillies d’un mois, de ces changements statiques et illusoires.

    Il y a longtemps que pour moi…plus rien ne chante ni ne vole!

    Pourtant, à 20 ans, j’étais chef d’escadrille!

    Mon fils prétend qu’effectivement, à l’époque, les andouilles volaient déjà.

  15. isabelle hosten dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe !
Du vent, de l’épate !
 Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au vert pimpant.
 Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre. Une éclosion à vous coller le bourdon. Parlons-en du bourdon. Arrogantes butineuses, poudrées jusqu’aux pattes de pollen mayonnaise vulgaire, virevoltant au cœur des pétales sur les pistils dressés. Et ces piafs, la plume en panache, ébroués dans les flaques, paradant au son de trilles en salve pour charmer leurs belles. Une pétarade de phéromones jusqu’à l’écoeurement. Les jardiniers, la casquette altière, plastronnent, jouant du sécateur et de la tondeuse. Un orchestre à fracasser les grasses matinées dominicales. Les robes raccourcissent, dévoilant des gambettes lactescentes qui courent après l’été. Et les terrasses en ruches vibrantes suçotent les menthes à l’eau. Les boules des bambins auront tôt fait de dévaler les pentes des cornets, déguisant chemises et moustaches. Bienheureux ignorants, profitez encore de cette effervescence qui ne durera que le temps d’une gorgée de brise. Ecoutez les torrents qui gonflent déjà sous les crues des sommets liquéfiés. Vos doigts et vos méninges, s’engourdiront bientôt, au détour d’un brouillard arrachant les dernières feuilles rabougries. Car rien ne vaut l’épure du silence et des frimas givrants, la langueur monochrome des ciels de novembre. Et cet assoupissement nécessaire, le temps d’une saison, qui clame à vos oreilles les mots du poète. « Comme la vie est lente, et l’espérance violente ».

  16. Antonio dit :

    J’aime bien le rythme et le ton de ta caricature printanière, Christophe.
    Et en plus c’est drôle ! 🙂

  17. Antonio dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe ! …

    Ecoutez-moi ces oisillons s’égosiller en sons épouvantables sans harmonie ni musicalité. Mon dieu que ce printemps grince dans leurs voix comme des ongles sur un tableau noir. J’en ai des frissons à regretter mon manteau blanc d’hiver !

    Non mais regardez-les, ça se voit déjà voler de leur propre zèle alors que ça leur tombe jusque-là tout cuit dans le bec.
    Quelle mascarade de leur maison de disque qui nous produit chaque année le même show sur des kilomètres de rayons à aucun degré ardent, brillant.

    « Achetez le printemps ! … Nouveau single de la chorale des pinsons »

    Non merci, j’ai celui de l’année dernière, ça me suffit !

  18. Christophe dit :

    Le printemps ce n’est que de l’esbroufe ! Du vent, de l’épate ! Le moindre bosquet se hausse du bourgeon, la moindre pelouse se farde au vert pimpant. Et le dernier des glands se prend déjà pour un arbre. Non mais qu’est-ce qu’il croit le printemps, qu’il va nous refaire le coup chaque année ? Et vas-y que je sors de ma coquille, façon tableau de Boticelli, tout dégoulinant de mièvrerie. Et cui cui, et glou glou. Manquerait plus qu’un Ronsard ou un Du Bellay ressorte d’un bosquet en sautillant, mandoline à la main, avec ses petits alexandrins pleurnichards.
    Printemps, t’es la tête de gondole criarde de la nature qui voudrait nous faire croire qu’un an de plus, c’est une bonne nouvelle. Mais moi on ne me la fait pas. Ta jolie rose toute fraîche, au parfum si subtil, elle pue de ses pieds, qu’elle a bien plantés dans la charogne, dans la pourriture de ce qu’au printemps d’avant tu nous faisait déjà passer pour la quintessence, le nirvana, l’ineffable, tout comme aujourd’hui. Tu te déguises en jeune vierge à la joue duveteuse et au cul de concours. T’es qu’un VRP à gourmette couperosé, aux mances élimées par les comptoirs. Arrêtes de sourire, printemps de mes deux, on voit tes vilains chiquos. Range donc ton baratin. Au printemps les pauvres sont pauvres, les tumeurs fleurissent et le bonheur sucré des adolescents en fleur hurle aux vieilles femmes seules qu’elles ne sont que des merdes. Au printemps sur les paliers bourgeonnent les huissiers :

    Le soleil vient de se lever,
    et il va bientôt débarquer,
    l’ami du petit déjeuner
    ton ami l’huissier
    Il vient toujours accompagné
    Avec un flic, un serrurier
    Il est venu pour t’expulser
    Ton ami l’huissier
    Il vient toujours à la bonne heure
    Celle où les gamins sont en pleurs
    L’ami du petit déjeuner
    Ton ami l’huissier.

    .. printemps de merde ouais !

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