Exercice d’écriture créative 293

baiser
Imaginez dans quelle circonstance
fut inventé le baiser

26 réponses

  1. ROBERT dit :

    Suite du baiser : Lire en premier le texte du 10 juillet 2016, puis celui du 11 juillet 2016, tous deux signés « ROBERT », merci.

    Ce matin-là, en écoutant à la radio la voix doucereuse d’un ancien ministre de l’économie, Nick se réveilla avec ce mot « ordinateur ». Le concept du baiser imaginé par Polo était donc généré et géré par un ordinateur. Ce génie de la communication espérait ainsi engranger le notion multiple et sensitive du baiser dans des neurones électroniques afin de les restituer à la demande par tout visiteur sensible. Par la simple suggestion de son propre désir en présence d’une idée poétique et d’une musique, le visiteur était invité à découvrir les bienfaits d’une connexion amoureuse autre que sexuelle. Notre héros avait rêvé cette idée grandiose, il était en voie de la réaliser à des fins de liberté. Ses déboires et ces réussites l’avaient conduit vers cette idée folle mais réalisable : utiliser l’argent du contribuable pour réapprendre la joie de vivre communautaire par le moyen d’un ordinateur.
    Il était loin le temps où en arrivant dans une administration, on pouvait vous répondre : « C’est à cause de l’ordinateur ! », sous-entendu c’est lui qui décide je ne peux rien changer. Aujourd’hui, pour quelques euros, un prophète moderne saurait disséquer les émotions non pour lui-même mais pour les rendre, sous la forme d’un spectacle interactif à partager avec le public en les intensifiant au point de les rendre universelles.
    « Frimas d’aurore fait soleil ». Nick méditait souvent sur ce proverbe que Jeanne lui lançait en ouvrant les rideaux pour le réveiller. Ce matin-là, il essayait de combiner la parole de sa grand’mamie avec le mot « ordinateur ». Si Jeanne était partie depuis, elle lui avait laissé cette petite phrase, un bonjour qu’elle lui donnait avec un baiser comme l’assurance d’une belle journée. Un ordinateur était-il capable de ressentir et de restituer les émotions de son enfance ? D’effacer la mornitude du couple ? De réveiller des émotions qui n’avaient pas encore de mots pour les définir ? Et pourquoi pas de résoudre l’incompatible ?
    Décidément Polo était un génie du bonheur. Depuis trois ans qu’il travaillait sur son projet, avait-il pu obtenir les fonds ? En journaliste consciencieux, Nick informé de la recherche d’Elfine et de Gaspar sur l’origine du baiser et comme conclusion à son enquête, voyait se dessiner son intuition. Pour le coup, il était bien décidé à aller jusqu’au bout de son scoop. Obtenir un rendez-vous avec les deux jeunes gens fut un jeu d’enfant. Dans le monde de la presse tout se sait ou presque ! Une interview doit passer au journal « DIX-NEUF TRENTE » mardi prochain. La voici résumée ainsi :
    Nick :  » – Elfine et Gaspar, vous êtes étudiants en histoire de l’art dans votre troisième année, qu’est-ce qui vous a incités à participer à ce projet ? Qui veut répondre à cette question ? Elfine ?
    – Ben ! En fait ! On a été surpris de découvrir à la fac une annonce sur le planning ! Voilà : heu… « Nous sommes un cabinet indépendant diligenté par le ministère et nous recherchons deux jeunes gens sympathiques pour une étude rémunérée sur le baiser ». Avec un numéro de téléphone le 06 08 75…Ah ! Oui ! C’est vrai, pas de pub ni de numéro !
    Oui ! Il y avait juste ça. Au début, on a cru à une supercherie, on en a parlé autour de nous, on balisait un peu quand même et Gaspar m’a dit : « Qui ne tente rien n’a rien ! La chance sourit aux audacieux ! ». Il m’a énuméré tous les proverbes qu’il connaissait pour me convaincre et voilà quoi !… On a téléphoné, je suis tombée sur une secrétaire qui nous a fixé un rendez-vous, on nous a tout expliqué. Tout était très clair ! On a signé un contrat et on sera rémunérés le dix-sept ou le dix-huit novembre.
    – Et quel était le programme ?
    – Le programme ? Complètement libre ! Et on sera évalués sur la qualité.
    – Oui ! Dites m’en un peu plus !
    Elfine chercha l’approbation dans le regard amusé de Gaspar qui poursuivit :
    – Ben ! On peut pas trop dévoiler. Le directeur du projet nous a simplement aiguillés d’abord sur le fait que toutes les civilisations sont en connexion depuis le début de l’humanité et que si le côté guerrier a toujours été mis en évidence, celui-ci ne révèle qu’un aspect culturel. En partenariat avec Polo, l’ami qu’on nous a fait rencontrer, on doit rapprocher toutes nos infos pour l’aider à finaliser le projet de faire découvrir la réelle signification du baiser avec tous les éléments qu’on aura glanés. Voilà, je l’ai dit, ouf !
    Avec une malice de perfectionniste, Nick en voulut encore.
    – Et Polo ? C’est qui ce Monsieur ?
    – Ah ! Polo ? C’est « THE ARTIST » ! Polo c’est le réel promoteur et coresponsable du concept ! Avec une petite équipe de musiciens-acousticiens et de collaborateurs du Dictionnaire Historique et nous-mêmes, il veut mettre en perspective la nécessité de la réconciliation à tous les niveaux. Polo ! C’est un visionnaire !
    – Et l’ouverture du squat, c’est pour quand ?
    – Ah ! Je vois que vous êtes au courant ! En fait tout dépend de Gontran puisque c’est lui qui finance soixante-dix pour cent de l’opération, pour le reste c’est la Région. Et il y aura une générale pour Noël et l’ouverture définitive, c’est pour le quinze février de l’année prochaine.

  2. Alexandre MP dit :

    Edgar se pensait amoureux de Justine. D’abord, elle était belle. Et puis ils avaient des goûts en commun, des amis en commun. Quand ils faisaient l’amour, il lui mordillait l’oreille ou lui léchait le cou. Elle feulait sous ses coups de langue. Ils avaient décidé d’emménager rue de Charonne. Un tout petit appartement – pour ainsi dire, une chambre. Ils étaient sur place, exactement là où ils voulaient être. Ils se disputaient de temps en temps, comme tous les couples. Chose étrange, ils ne s’étaient jamais embrassés. Justine avait essayé une fois ou deux, mais Edgar n’aimait pas cela. C’était bizarre, mais c’était comme ça.
    Au mois de novembre, Edgar rencontra Camille. Ses yeux de braise et ses seins relevés lui faisaient tourner la tête. Camille était une copine de fac. Ils se voyaient à la cafétéria, souvent avec d’autres amis. Edgar ne s’était pas vraiment déclaré mais il était plus enjoué que d’habitude lorsqu’il était en présence ce Camille. Et puis un soir, après avoir passé un long moment à boire des bières sur une terrasse chauffée, Edgar saisit la main de Camille et lui lécha le cou. Vingt minutes plus tard, ils étaient dans le lit de Camille.
    Quand Edgar rentra chez lui, Justine dormait déjà. Il avait pris une douche chez Camille et se contenta de se glisser dans le lit. Au petit déjeuner, Justine parla d’un rêve qu’elle avait fait : ils étaient dans une ville étrangère, Edgar l’abandonnait, elle était perdue. Justine regarda Edgar dans les yeux et lui demanda : « est-ce que tu m’aimes ? ».
    Edgar sentit un trouble, comme un voile qui lui obscurcissait le regard. Il eut peur que Justine ne devine son trouble, qu’elle lise dans son âme. Il approcha son visage du sien, approcha ses lèvres de ses lèvres… et l’embrassa pour la première fois. Justine en eut les larmes aux yeux. Elle avait attendu ça depuis si longtemps.
    Cette histoire montre bien que le baiser a été inventé pour permettre aux hommes de ne pas avoir à se justifier.

  3. Alexandre MP dit :

    Ourlées, charnues, ouatées, lumineuses, sucrées comme du miel, scintillantes comme une lyre au soleil, ses lèvres ne cessaient de se mouvoir, de se rencontrer, de s’ouvrir en un sourire. Je n’écoutais rien, je ne voyais que ces lèvres jouant avec le pétillement de ses yeux. J’approchai ma joue de la sienne et sentais ses paroles contre ma peau. Peut-être était-ce l’ivresse du soleil ? Peut-être mes émois d’adolescent ? La rencontre de nos lèvres me parut infinie. Ce fut mon premier baiser, celui par lequel tout fut inventé.

  4. Levasseuri dit :

    Il était une fois, un conteur extraordinaire. Il contait si bien que le public buvait ses paroles. Une jeune fille en avait entendu parler, elle vint l’écouter. Elle fut si charmée qu’elle voulut goûter ses paroles

  5. Christine Esnault dit :

    Dehors, la noirceur d’une nuit sans lune s’installait, imposant le silence. Le froid en profitait pour se faire plus mordant. La neige, bientôt, figerait la nature dans une gangue épaisse.

    À l’intérieur, un bon feu de bois sec crépitait, généreux de sa chaleur. Les flammes jouaient à faire danser les ombres sur les murs.

    L’endroit était commode. L’entrée, à flanc de colline, permettait de voir venir de loin les intrus. L’ouverture était large et haute. Puis, le sol montait à la rencontre du plafond tandis que les parois, de chaque côté, se rapprochaient vers une seconde ouverture, beaucoup plus petite, qui trouait la voûte d’une immense salle creusée dans la roche. De loin, l’entrée de la caverne ressemblait à la bouche béante d’un géant édenté.

    Elle était accroupie près du foyer principal, au centre de la grotte, en contrebas.

    Il surveillait l’accès de leur tanière, assis sur une pierre, en haut de l’étroit chemin qui menait à la sortie. Il écoutait la nuit venir, une main sur sa lance posée en travers de ses cuisses, et alimentait de temps en temps un second foyer, à ses pieds, attentif à soustraire aux flammes gourmandes l’extrémité d’un gros bâton qui lui servirait à la fois de gourdin et de torche, en cas de besoin. Il la regardait s’affairer autour de l’âtre, en dessous de lui.

    Elle apprêtait les viandes des petits gibiers qu’il avait chassés dans la journée et étendait les lanières de chair sur des claies de fortune pour les faire sécher et les conserver plus longtemps. Les petits fruits et les racines qu’elle avait ramassés seraient vite consommés. Heureusement, ils avaient des noix et des graines en quantité. Elle s’arrêta pour remettre du bois dans le feu, s’assit quelques instants près de sa chaleur réconfortante et caressa son ventre arrondi qui tendait sa tunique en peau de bête. La petite vie en elle s’agitait et, déjà, semblait vouloir capter son attention. Sans qu’elle l’ait commandé, les muscles de son visage s’unirent pour étirer ses lèvres dans un sourire béat. Elle trouva l’expérience plaisante. Elle leva les yeux vers lui, le vit qui l’observait. Son sourire s’élargit jusqu’à entrouvrir sa bouche.

    Troublé, il détourna le regard vers le trou sur la nuit. Deux petites lueurs rondes se tenaient là, suspendues, côte à côte dans l’obscurité. D’un seul élan, il saisit sa torche et empoigna sa lance. La bête, rapide et souple, était déjà sur le seuil. Il sentait sa chaleur et son odeur. Il brandit le feu au bout de son bâton sous le nez de l’animal, qui, surpris, recula. Face à face, ils s’affrontaient du regard, les muscles bandés, prêts à l’attaque ou à l’esquive.

    Elle s’était levée d’un bond. Son sourire l’avait quittée. Elle tenait, elle aussi, à la main un tison et s’apprêtait à défendre chèrement sa vie et celle de l’enfant à naître. Son compagnon était un habile chasseur. Il était fort et maniait la lance avec dextérité. Son tir était puissant et il pouvait clouer sur place une proie à plus de trente pas. Hélas, sur l’étroit promontoire qui surplombait la grotte, cette adresse ne lui serait pas utile.

    Devant lui se tenait le plus féroce prédateur que lui et ses semblables aient eu à affronter. Campé sur ses quatre pattes massives, sa queue balayant furieusement l’air, sa tête à hauteur d’homme, le tigre aux dents de sabre feula sa colère de voir son repas si peu coopératif.

    La faim lui tordant les entrailles, le félin évaluait la situation. Il y avait ce feu partout, lumière aveuglante et chaleur dangereuse, qui éveillait en lui une peur viscérale. Mais il y avait aussi de la chair fraîche. De quoi satisfaire ses besoins vitaux. Le petit bipède qui se dressait devant lui, étrangement, loin de craindre le feu, s’en servait comme d’une arme contre lui. Dans sa situation, après des jours de disette, il choisit de combattre à la fois sa phobie et le curieux animal qui le menaçait d’une pointe d’un côté et de sa torche de l’autre en lançant des cris perçants à vous vriller les oreilles. Décidé à ne pas mourir d’inanition, le tigre attaqua brusquement. Cherchant à éviter la morsure des flammes, il se jeta sur l’homme, griffes premières, du côté de la lance. Une douleur aigüe lui transperça l’épaule. Il avait sous-évalué la force de l’adversaire, mais sa charge n’avait pas été vaine. Il l’avait déséquilibré et l’autre était tombé plus bas avec armes et vacarme. Malgré sa blessure, le tigre sentait la fin du combat proche et à son avantage. Il dominait maintenant ses futures victimes. Celui qui avait eu l’audace de se dresser contre lui gisait en contrebas. À son côté, la femelle se tenait debout et le fixait en grondant.

    Quand la bête avait attaqué, elle avait vu son compagnon se dérober et éviter les griffes d’un mouvement rapide, puis projeter sa lance d’une détente fulgurante dans le corps de l’animal. La violence du choc avait fait céder la roche sous son pied, provoquant un éboulement qui l’avait emporté et fait rouler dans la pente abrupte. Il avait atterri à ses pieds, inanimé.

    Désormais seule face au danger, sans quitter la menace des yeux, grognant de rage et de peur, elle s’éloigna du corps inerte. Le tigre l’observait et la jaugeait. Il ne devait pas la juger si terrible, son maigre tison moribond dans une main, l’autre soutenant son ventre lourd. Il se léchait déjà les babines. Du haut de la caverne, il la voyait reculer vers le feu. Il préférait l’atteindre avant qu’elle n’en soit trop proche. Sûr de lui, il s’élança dans les airs pour l’écraser de son poids. La pierre effilée, longuement et soigneusement taillée et aiguisée, s’enfonça dans sa poitrine, lui taillada le cœur et le tétanisa alors qu’il planait encore, le corps tendu dans un ultime saut. Il tomba lourdement sur le flanc, tout étonné de se voir terrassé par une créature si chétive. Elle le regardait s’éteindre sans haine. Viande, peau, dents de sabre et griffes acérées ne seraient pas perdues.

    Quand il avait repris connaissance après sa chute, le tigre se tenait encore au-dessus de lui, prêt à bondir. Il avait suivi le regard du fauve, attaché à sa nouvelle cible. Il l’avait vue, si petite, si fragile, tenant tête au monstre blessé. Elle s’était éloignée de lui, s’approchant pas à pas de la lance qu’il avait laissée échappée en tombant. Lorsque la bête avait plongé, la femme s’était élancée et accroupie avec une agilité et une vitesse remarquables pour son état, et dans un même mouvement souple et fluide, s’était emparée de la lance, l’avait levée vers l’animal tout en s’écartant prestement, le manche de l’arme calé contre des roches. Le félin s’était empalé sur cette pique et écroulé aux pieds de la jeune femme.

    Le danger passé, elle se sentait faiblir. Elle vacilla. Son compagnon s’était relevé. Il arriva près d’elle juste à temps pour la rattraper. Il s’assit, la soutenant, et l’allongea avec douceur posant sa tête sur ses genoux. Elle tenait son ventre à deux mains. Son corps tremblait. Sa respiration était saccadée.

    Ils restèrent là, sans bouger, leurs regards rivés l’un à l’autre. Puis, elle tendit sa main vers lui, effleura son visage, laissa descendre ses doigts sur son cou jusqu’à son épaule meurtrie. Elle recommença ce rictus étrange qui faisait remonter les commissures de ses lèvres et lui donnait un air satisfait. Elle ne tremblait plus.

    Lui, immobile, la contemplait. Il avait failli la perdre. Il sentait monter en lui le désir charnel, mais cette fois, il y avait autre chose que le seul besoin animal de l’acte sexuel dicté par l’instinct de reproduction. Il ne comprenait pas très bien ce sentiment, pas tout à fait nouveau, mais qu’il n’avait encore jamais ressenti avec autant d’intensité.

    Sa vue se brouilla. De l’eau coula sans qu’il puisse rien n’y faire. Elle se hissa à sa hauteur et délicatement, de ses lèvres, à la source de ses yeux, recueillit les gouttelettes salées qui y naissaient, suivit leur course sur ses joues jusqu’à ses lèvres.
    Le contact de sa bouche sur la sienne le fit tressaillir. Cette caresse chaude et douce le plongea dans un état de bien-être rare. Elle se détacha lentement de lui pour regarder son visage, aussi surprise que lui par cette sensation nouvelle. Il ne voulait pas que cela s’arrête. Avec douceur, il la retint, soutenant sa nuque dans sa main, alla à sa rencontre et unit sa bouche à la sienne. Un frisson de plaisir les parcourut. Ils s’enlaçaient étroitement et goûtaient l’un à l’autre, langoureusement, se tenant par les lèvres.

    Ce qu’ils firent après ne nous regarde pas!

    Après cette première fois, ils renouvelèrent l’expérience assidûment et raffinèrent le geste. Ils l’adoptèrent comme rituel amoureux et le pratiquaient en toute occasion. Cette expression corporelle de leur attachement réciproque renforçait leur union de tendresse et de complicité.

    Les enfants apprenant par l’exemple, ce comportement se transmit de génération en génération, puis de clan en clan, pour finalement parvenir jusqu’à nous.

    Au cours du temps, des variantes apparurent. Si le baiser dans sa forme originelle existe toujours, on retrouve aujourd’hui bien des déclinaisons :
    • le premier baiser;
    • le baiser chaste;
    • le baiser volé;
    • le baiser d’adieu;
    • le baiser mouillé de grand-mère;
    • le baiser qui pique de la grand-tante;
    • le baisemain;
    • le bisou-câlin de maman;
    • un gros bec du Québec…

  6. Clémence dit :

    Imaginez dans quelle circonstance fut inventé le baiser …

    Ils faisaient partie du clan et pourtant, ils étaient si différents de tous les autres membres. Ils affichaient un caractère bien trempé.
    Seren n’avait peur de rien. Il repoussait toujours ses limites. Seran, plus discrète, s’émerveillait de toutes ses audaces.

    Lorsque le grand voyage fut annoncé, ils rejoignirent le groupe des volontaires. La route fut longue et difficile et les mena vers d’autres horizons. Le nouveau clan décida de s’arrêter et une vie plus paisible s’organisa. Il y eut des décès, il y eut des naissances.
    Seren et Seran devinrent parents. Leur fils aîné, Dî, marchait dans les pas de son père. Il fit connaissance de Dâa, ne la quitta plus et l’histoire continua.

    Après une longue période, un grand voyage fut annoncé. Les lointains descendants de Seren et Dî rejoignirent le groupe des volontaires. La route fut longue et périlleuse. Ils arrivèrent en des terres accueillantes et s’installèrent.
    Immuablement, le cycle de la vie perpétrait les mêmes événements.
    Invariablement, des grands voyages s’organisaient, vidant le clan de ses membres les plus vigoureux.

    Des temps improbables plus tard, l’idée du grand voyage revint, engendrant des tensions terribles au sein du clan. Les hommes s’entre-déchiraient quant à la direction à prendre.
    Pî, dernier descendant de la lignée de Seren, s’écarta des protagonistes. Pâa le rejoignit et s’assit contre lui. Un seul regard suffit. Ils regardèrent la lune et les étoiles. Lorsque les premières lueurs éclairèrent le ciel, ils s’en allèrent.

    L’expédition fut hasardeuse . Les obstacles ne manquaient pas et les brusques changements de température les épuisèrent.
    Un matin, ils découvrirent un monde étrange. Ils se mirent à trembler. Ils ressentirent un froid glacial.
    Le spectacle était grandiose. Sous la voûte d’un bleu profond, tout était blanc.
    Pî prit la main de Pâa et l’attira vers lui. Elle lui tendit l’autre main.
    Une brume légère enveloppait leurs visages.
    Elle leva les yeux vers lui.
    Il pencha sa tête doucement.
    La température chuta abruptement.
    Un tourbillon sauvage les enroula, les bouscula, les secoua.
    Les bouches se heurtèrent en une fusion cryogénique.
    Un éblouissement immarcescible s’imprima dans leurs cerveaux reptiliens.

    Dix lunes plus tard, une petite fille naquit. Ils lui donnèrent le nom de SerenDîPîTé
    Et depuis, sur le chemin des arts ou sur le chemin de la vie, les hommes et les femmes tentent désespérément de retrouver ce frisson absolu.

    © Clémence

  7. maelle dit :

    Imaginez dans quelle circonstance
    fut inventé le baiser

    Elle était là, debout, à l’entrée de la grotte. Elle scrutait l’horizon, à la recherche du moindre mouvement dans la savane qui viendrait la prévenir du retour des hommes.

    Ils étaient partis déjà depuis plusieurs jours, semaines… peut être même plus, elle n’avait aucun moyen de mesurer le temps passé. Elle savait seulement que le soleil s’était levé, puis couché et de nouveau s’était levé… elle ne savait pas compter.

    Et puis, elle les vit au loin. Les hommes de sa tribu étaient de retour. Avaient-ils pu atteindre cet endroit convoité, qui devait regorger de nourriture et autres bienfaits dont ils avaient besoin ?
    L’hiver arrivait, il fallait faire des provisions, mais aussi et surtout trouver un endroit plus accueillant que cette grotte triste et froide.

    C’était la première fois qu’ils partaient aussi longtemps. C’était la première fois qu’elle avait ainsi ressenti l’absence.
    Elle était encore très jeune, une jeune femme. C’était la première fois qu’elle ressentait une envie, une besoin de se sentir près de lui.

    Elle fit signe aux autres femmes qui arrivèrent, les enfants aussi. Les sourires illuminaient leurs visages.
    Et puis, ils furent là, tout près, les bras chargés de victuailles. Eclats de rire, joie des retrouvailles. Au milieu de tout ce tumulte, elle se fit discrète. Leurs regards s’étaient croisés. Ce qui venait de s’échanger était nouveau pour elle.
    Une impression, un ressenti qu’elle ne pouvait nommer.
    Plus tard, quand les hommes eurent fini de raconter leur périple, les dangers qu’ils avaient écartés, décrit ce merveilleux endroit qu’ils avaient découvert et où la tribu allait pouvoir s’installer en toute sécurité, chacun regagna sa couche.

    Encore empreinte de ces récits, elle n’avait pas sommeil. Elle se dirigea vers l’entrée de la grotte. Elle regardait le ciel, la lune qui éclairait la nuit.
    Et puis, elle sentit une présence, tout près. Elle ne bougea pas. Elle savait qu’il était venu la rejoindre. Il s’assit près d’elle, effleurant son épaule. Elle y posa sa tête, et ressenti la chaleur de son corps. Il l’entoura de ses bras, elle se laissa aller à cette étreinte. Ils ne parlaient pas, mais leurs corps parlaient pour eux.

    Quelque chose d’inhabituelle était en train de se produire. Alors que dans leur tribu, femmes et hommes s’accouplaient sans cérémonie, seulement guidé par un besoin sexuel, ils étaient là, tous les deux, en train d’inventer autre chose.

    Elle se tourna pour lui faire face, approcha sa joue de la sienne, lui caressant ainsi le visage. Il lui rendit ses caresses, jusqu’au moment où leurs lèvres se rencontrèrent. Ce fut une sensation sans pareil, ils n’en finissaient pas de se donner baiser sur baiser, et d’en éprouver un plaisir intense. Ils venaient de découvrir la sensualité, et le sentiment amoureux.
    Et c’est ainsi que naquit le premier baiser.

  8. ROBERT dit :

    – Le baiser ! J’en ai rien à foutre du baiser. J’me suis toujours fait baiser…
    – On n’a pas parlé de se faire baiser on a parlé d’un baiser comme un bisou !
    – Ah ! Bon ! J’avais pas compris. Ben ! Non ! J’sais pas c’que c’est. Depuis que ch’ui passé chef sur le mur là, j’m’occupe plus de ça.
    – Le mur ? C’est quoi le mur ?
    – Ah ! C’est une connerie entre nous. C’est à cause de Johnny. Il dit toujours l’amur, toujours l’amur ! Alors pour emmerder Polo on s’est baptisés « le mur ». C’est un, fan de Johnny Polo. C’est pour le charrier ! Lui il baise encore avec la Simone. Mais j’m’occupe plus de ça. C’est des histoires à embrouilles j’m’en mêle plus. T’as qu’à lui demander à Polo il te répondra c’est not’docteur il connaît tout.
    – Hé Polo ! T’as de l’imagination ?
    – Ben ouais !
    – Imagine dans quelle circonstances fut inventé le baiser.
    La chevelure rousse de Polo domine sa silhouette et descend en longue nattes jusqu’au milieu du dos. Ses yeux noirs attestent la gentillesse qu’il confirme en vous tendant une main qu’on aurait imaginée plus calleuse.
    – Ah ! Ben ! T’en as de bonnes toi ! Pourquoi tu me demandes ça ?
    – C’est un jeu.
    – T’as pas aut’chose à faire ?
    – Alors ?
    – Laisse-moi réfléchir. Attends, j’te dirai ça demain.J’demanderai à la Simone.
    – Non ! Là maintenant !
    – Le baiser de cinéma, le baiser de Judas, le baiser de Klimt, le baiser de Rodin ou le baiser à la Russe ?
    – Le baiser en général !
    Polo est l’artiste du squat c’est la référence. Personne ne sait d’où il vient. Il est ex un peu de tous les métiers : médecin, directeur de la superette du coin qui a fait faillite, chanteur et accordéoniste sur les bals et d’un club de polo. C’est pour cela qu’on l’appelle Polo.
    – Viens voir je vais te montrer notre mur.
    Ils quittent le boudoir pour arpenter le long couloir qui débouche sur une grande salle dont le plafond a été aménagé en mezzanine. Sur le haut mur ainsi dégagé travaillent Paul et Virginie sur deux esquisses de fresques, l’une représentant le baiser de Klimt l’autre le baiser de Rodin.
    Le journaliste ébaubi reste sur le seuil et met la main à son sac en bandoulière. Là j’ai un scoop se dit-il.
    Prévoyant son idée Polo pose doucement la main sur le bras du reporter.
    – Pas de photos lui dit-il.
    Docile mais déçu Nick revient à son « garde à vous » d’enquêteur discret en attendant.
    – Oui ! Nous montons un dossier pour le ministère en ce moment et je ne veux rien divulguer, faire de la pub ça pourrait nous desservir. Ce bâtiment est du XVIIIè, il est classé mais il a été racheté par la banque régionale qui veut le raser et construire un hôtel cinq étoiles à la place. Notre idée c’est de réhabiliter les murs comme supports de nos oeuvres originales ou copies.
    – C’est une grande idée !
    – Oui ! Pour l’instant nous squattons, la mairie nous soutient plus ou moins mais notre présence ici ne tient qu’à l’octroi de fonds venant du ministère. Nous devons boucler le dossier pour fin septembre. Je ne peux pas te faire monter, ils sont dans l’inspiration il ne faut pas les déranger.
    – Ah ! Les filets c’est pour éviter la chute.
    – Chut ! Parle moins fort. Ils sont en train de tester un système laser capable d’appréhender l’émotion du visiteur et de la mettre en connexion avec la pensée d’un auteur connu ou avec la sienne propre sur la musique de son choix et il pourra ainsi voyager dans sa propre conception du baiser en regardant les oeuvres. C’est spécial pour les amoureux évidemment mais les gens pourront venir en solo aussi.
    – Waouh ! C’est génial !
    – Oui ! Viens à côté je vais t’expliquer. On veut faire un labyrinthe. L’idée générale, c’est d’entrer au rez de chaussée par le baiser de cinéma de Lauren Bacall et Humphrey Bogart dans « Le port de l’angoisse » ou celui de Michèle Morgan et Jean Gabin dans « Quai des brumes », mais le visiteur peut choisir le baiser qu’il veut, même un baiser qu’il a vécu. La musique et la pensée sont réunies dans l’espace clos du labyrinthe avec des glaces qui le renvoient à sa propre image. Il y a une surprise au niveau du Baiser de Judas où de l’argent lui est proposé et une autre au niveau du baiser de Klimt où il peut tomber dans un gouffre. Le touriste doit trouver une pensée de son cru ou une autre sur la musique de son choix toujours, pour sortir de chaque salle qui compose le labyrinthe. Et tout le système s’alimente de lui-même en mémorisant les données de chaque participant.
    Ca paraît compliqué comme ça mais c’est très ludique. Il y a plusieurs niveaux de jeu et des jokers pour ceux qui veulent sortir plus rapidement.
    – C’est super votre idée ! Mais le personnage de l’entrée ?
    – Ah ! C’est Gontran ! Il t’intrigue celui là ! C’est normal c’est un comédien. J’espère qu’il t’a bien baisé. Mais le baiser c’est beaucoup plus compliqué que cela encore. L’ordinateur nous le dira par la suite.
    – L’ordinateur ?

  9. Skmoreau dit :

    Je chante un baiser, je chante un baiser volé sur tes lèvres déposées… La la la
    Alain nous fait rêver d un baiser amoureux, un baiser voluptueux. On l écoute et on se met penser à son 1er baiser, romantique, tant attendu. Innocent, ignorant on le donne, on le reçoit sans savoir comment. On s’en souvient même s il n’a pas été le plus intense..
    Mais en réalité, au départ ce n est pas du tout cela ! Pas question d’amour, d’attirance sexuelles, d’échanges hormonaux ni de désirs. Non, le 1er baiser fut inventé par un chimpanzé pas du tout amoureux, en revanche, il était serviable. Il se nommait bézédé. Une de ses copines ou copain, l’histoire ne le dit pas avait une écorce ou un jour de bois coincé dans la mâchoire. Il hurlait. Bézédé lui ouvrit la bouche fermement, essaya de retirer le truc avec sa main. Mais impossible ! Alors inventif, il plaqua ses grosses babines et à l’aide de ses dents extirpa l’engin coincé. S.y connaissant un peu en soins de secours, il pourlécha l’ensemble de la bouche et des lèvres de son copain pour éviter l’infection. Un bon moment…
    Bien sûr toute la tribu était là et regardait attentivement.
    Comme d’habitude, ils « singèrent » ce geste inhabituel désormais appelé bézé. Pendant plusieurs semaines, ils s’embrassèrent à qui mieux mieux y prenant bcp de plaisir .
    L’homme copia le geste tout simplement.
    Une autre version dit que la baiser a été inventé par un dentiste qui tombait raide amoureux de la denture de ses patients et plongeai sa langue pour mieux en saisir la forme.

  10. Héloïse de la Sablonnière dit :

    Imaginez dans quelle circonstance fut inventé le baiser.

    Il y a de cela des milliards d’années, quand les hommes ne peuplaient pas la terre. Quand d’autres créatures inconnues des humains vivaient en paix. Une jeune fille de seize ans se promenait entre les arbres.
    Semblable aux autres de son espèce, elle avait la peau bleue et de longs cheveux blancs. Ses yeux, entièrement noirs, sans iris, ni blanc des yeux, débordait de malice et de joie de vivre.
    Elle adorait sauter d’arbre en arbre dans la forêt.

    Un jour, alors qu’elle se promenait d’un arbre à l’autre, elle vit, en bas, sur le sol, une créature inconnue.
    «C’est un mâle.» pensa-t-elle.
    Il avait la peau pâle, des cheveux longs, jusqu’au milieu du cou, noirs, et de grand yeux bruns.
    Elle sentit un neu se former dans son estomac. Elle n’avait jamais vu un mâle d’une aussi grande beauté! Elle devait découvrir de quelle genre de créature il s’agissait!
    Le jeune homme leva soudainement les yeux vers l’arbre dans lequel elle se cachait. Elle recula brusquement dans l’ombre.
    — Il y a quelqu’un! Je le sais! Sortez de votre cachette!
    Il avait une voix grave mais mélodieuse.
    — Allez! Sortez de là! reprit-il.
    Elle observa son beau visage un instant. Voulant s’approcher pour mieux le voir, elle tomba de l’arbre. Elle n’avait jamais été aussi maladroite!
    Le jeune homme se précipita vers elle.
    — Tout va bien?! s’alarma-t-il.
    Elle hocha la tête. Elle l’observait, la gorge nouée.
    Il l’aida à se lever.
    — Qui es-tu? Comment appelle-tu? lui demanda-t-il.
    — Ashalina. Et toi? répondit-elle, se dénouant enfin la langue.
    — Je m’appelle James.
    — Qu’es-tu? Je veux dire, tu n’es pas un Shyrlia. Alors, qu’es-tu?
    — Tu es une Shyrlia?
    Elle hocha la tête.
    — Je suis le seul, le premier de mon espèce. Beaucoup appellent ma race: les humains.
    Il l’observait avec attention. Elle était magnifique.
    — Alors, que faisais-tu? lui demanda-t-elle.
    — Rien. J’étais perdu.
    — Tu veux voir mon village?
    — J’aimerais bien.
    Il se mîrent en route vers le village de la jeune Shyrlia.
    —Ashalina? Tu… tu faisais quoi, toi?
    — Je me promenais.
    Ils parlèrent un bon moment. Ils découvrir qu’ils avaient beaucoup de points en commun.
    Cela faisait presque deux heures qu’ils marchaient quand Ashalina trébucha sur une racine. James la rattrapa de justesse avant qu’elle ne tombe par terre. Elle voulu se redressé. Mais au passage, leurs lèvres s’unirent et restèrent liées un bon moment. James enlaça la jeune fille, comme pour la garder près de lui, pour éviter qu’elle ne disparesse loin de lui. La jeune fille passa les mains dans ses longs cheveux noirs.
    Ils se séparèrent enfin. Cette sensation avait été si intense qu’il n’y avait aucun mot pour l’expliquer. Il décidèrent donc d’en inventer un.
    — Que pense-tu de «baiser»? lui proposa James.
    — J’adore!

    C’est comme ça que fut inventé le baiser. Par pûr accident.

  11. Ourcqs dit :

    Bouche en coeur,
    Art majeur, amour, amitié, amour courtois,
    Inuit nez à nez, Ivresse
    Souffle secret, sensuel,
    Emotions, effleurement, effervescence,
    Rêves, romantisme depuis des millénaires ????

  12. ROBERT dit :

    Imaginez dans quelles circonstances fut inventé le baiser.
    Ils marchaient le long de la plage en se posant cette question. Peut-être valait-il mieux être deux pour trouver la réponse ? C’est une vraie colle qu’on nous a posée là ! Ils se disputaient sur la façon de la résoudre.
    – Cela doit être un travail de recherche seul, sinon c’est tricher, dit Gaspar. Si on est au moment du baiser, c’est qu’on a fait une démarche pour y parvenir.
    – Un baiser c’est spontané, répondit Elfine. Pas besoin d’une démarche. Tu as raison, il vaut mieux être seul pour résoudre cette question.
    Ils se mirent d’accord en se promettant de ne se revoir que lorsqu’ils auraient trouvé la réponse.
    Le lendemain ils se revirent. Ils ne devaient pas s’embrasser, ils se l’étaient promis.
    – Alors tu as trouvé ?
    – Toi d’abord.
    – J’ai trouvé ! Le baiser est dans les mots que j’ emploie.
    – Moi j’ai trouvé qu’il remonte à l’origine de l’humanité.
    – Alors les gens s’embrassent depuis toujours !
    – C’est ça ! Il n’y a pas de spontanéité la-dedans, c’est inscrit dans les gènes.
    – Si le baiser remonte à l’origine de l’humanité, on ne parle plus d’invention mais de création.
    – C’est ça ! Tu crées le baiser, le ou la partenaire crée le baiser, le baiser te crée, le ou la partenaire se crée par le baiser, le baiser se crée lui-même. Quand deux êtres se sont rencontrés, ils se créent des baisers pour vivre leur amour. C’est le baiser qui crée l’amour. Et l’amour crée les baisers. Le baiser est comme l’amour il est éternel.

  13. francoise dit :

    Imaginez dans quelle circonstance
fut inventé le baiser
    je feuilletais sur le bureau de la chambre de mon frère de 13 ans son cahier de devoirs de vacances et je tombai sur la page où on demandait à l’élève d’imaginer dans quelles circonstances fut inventé le baiser, lorsque celui-ci entra et me dit « dehors le nabot ». Ce n’était pas la première fois qu’il m’appelait ainsi. Vexé je sortis et me précipitai sur google pour connaître le sens véritable de ce mot et là mon moral en prit un coup «personne de petite taille  et mal conformée » . Du haut de mes dix ans quand je me regardais dans une glace, je me trouvais beau et plutôt sexy.
    Sur ces entrefaites, nous partîmes au musée Rodin avec des amis et leur fille de mon âge. Et là il y en avait des hommes et des femmes nues avec des seins.Tous s’attardèrent devant la statue « le baiser ». Enhardi je m’approchai de ma copine, mis la main sur ses épaules, espérant lui donner mon premier baiser ; mais elle s’écarta en me traitant de nabot.Je ne comprenai pas, depuis toujours les hommes et les femmes s’étaient embrassés, même que c’est pourquoi Adam et Eve avaient été chassés du paradis terrestre.
    Le soir j’allai me coucher tôt et prenant mon nounours contre moi je me promis de manger de la soupe à chaque repas « pour grandir » comme me disait ma Maman.

    I

  14. Nadine de Bernardy dit :

    Entrant en catimini dans son jardin d’Eden afin de vérifier que ses deux créatures se portaient bien et ne transgressaient pas les consignes de chasteté, Dieu surprit nos deux comparses,leurs feuilles de vigne accrochées à une branche de pommier,nus comme au premier jour,dans une fâcheuse posture.
    Eve,assise sur les genoux d’Adam,avait le visage levé et presque collé a celui du premier homme qui semblait lui révéler quelque important secret.
    Les yeux dans les yeux ,ils n’entendirent ni ne virent arriver le Grand Barbu,la main d’Adam resta posée sur la cuisse d’Eve. On aurait dit que leurs bouches allaient se toucher.
    N’ayant rien vu de semblable de toute sa divine existence,Dieu s’approcha,un petit quelque chose tressaillant dans une partie de son corps céleste jusqu’à présent ignorée de lui.Un frisson agréable parcourut son échine.Que se passait-il donc? Outré de sa propre faiblesse,il se ressaisit et tonna :
     » Que faites vous tous les deux? je vous avais pourtant bien interdit de….
    Interdits, ils le furent et sursautèrent,leurs bouches se rencontrèrent, se reconnurent,ne voulurent plus se quitter.
    Adam resserra son étreinte tandis que le Créateur se voilait la face et que Eve se coulait plus étroitement dans les bras de l’homme.
    Il n’y avait plus rien à faire! il ne restait qu’à nommer la chose,afin d’ exorciser cet acte odieux avant de séparer ces êtres sans vergogne qui le narguaient dans son propre univers.
    Le couple avait ainsi inventé le baiser,sans l’aide de personne, au nez et à la barbe de Dieu le Père.

  15. laurence noyer dit :

    A une certaine époque dans le dictionnaire,
    Les mots baïonnette et bakélite se suivaient.
    Le baiser a été inventé
    Pour s’intercaler entre les deux.
    De même, le mot caresse caline carène et cargo
    Chamade soude chalumeau et chamailler
    Rive relie rival et rixe
    Bleu colore blet et blindé
    Capiteux enivre capitalisme et capituler
    Les mots doux ont été inventés
    Pour réchauffer les mots rudes
    Les mots d’amour, pour enjôler les mots acres…
    Ah!, si tous les mots pouvaient se faire la bise…

  16. Christine Macé dit :

    Imaginez dans quelle circonstance fut inventé le baiser.
    L’inspecteur Santer relisait une fois de plus la phrase écrite à l’encre bleue marine, avec majuscule et point à la ligne, sur la feuille de papier A4 maculée de sang. Le sang de la victime, à n’en pas douter. De cela au moins il était certain. Pour le reste, l’enquête ne faisait que commencer. Sans indice probant. Il regarda son adjoint, obnubilé par le trou dans le crâne du mort.
    – Vous en pensez quoi, Jardin ?
    Le dénommé Jardin haussa les épaules sans tourner la tête. Avec un nom pareil, les idées ne fleurissaient pas facilement sous sa caboche : à l’instar de la nature, il lui fallait du temps pour que ça mûrisse. Mais c’était un bon gars. Il finit par se relever en se tenant les reins comme s’il avait bêché une rangée de patates.
    – Le baiser ? Un patin quoi !
    Pour comprendre les mots, les gens et la vie, Jardin avait besoin de recourir à son propre langage, le seul qui lui fît monter la comprenette et friser de l’œil : ainsi s’ouvrait une lucarne dans son cerveau qui souvent manquait d’air. Imperturbable, l’inspecteur ne fit aucun commentaire et continua à soliloquer dans son coin, le macchabée manquant cruellement de conversation.
    Manifestement, la phrase n’avait pas été écrite par feu le cadavre, mais plus probablement par son agresseur. Ou agresseuse. Un terme peu employé chez les flics qui lui préféraient celui de « meurtrière » – sans doute pour faire plus chevaleresque ! L’égalité des sexes valait pourtant aussi – et surtout – pour les homicides, et plutôt deux fois qu’une. L’inspecteur stoppa net la petite phrase un peu trop conventionnelle qu’il sentait monter, prétendant que des femmes il fallait toujours se méfier. Trop bien placé pour le savoir, mais pas décidé à revenir là-dessus. Pas aujourd’hui, en tout cas.
    De son côté, Jardin expliquait à un jeune flic, tout pâle et un peu tremblotant, comment rassembler les pièces à conviction sans bousiller la scène de crime. L’impact de la balle, tirée à bout portant à l’arrière du crâne, ne faisait plus aucun doute.
    Santer, lui, lisait et relisait l’énigmatique phrase, imaginant sans doute que ce faisant, il n’allait pas tarder à recevoir, telle la grâce divine, une évidente explication. Ce serait bien que ça vienne vite : on était dimanche et les voisins l’avaient invité à prendre l’apéro pour fêter la demi-finale victorieuse des Bleus. Grand évènement planétaire.
    – Si je comprends bien, chef, il – ou elle – se demandait d’où venait le palot ? Faut vraiment être un peu barré pour se poser des questions pareilles. Qu’est-ce qu’on s’en fout de savoir le pourquoi du comment : le principal, c’est le goût que ça a, non ? Même après vingt ans de mariage…
    Un grand sentimental, Jardin. Surtout quand on connaissait « sa grosse », comme il l’appelait si affectueusement. De plus en plus grosse, en effet, avec l’âge – un avis totalement subjectif de la part de l’inspecteur. Mais tout le monde sait bien que les goûts et les couleurs… Il s’empressa de chasser l’image qui n’allait pas tarder à s’imposer : Jardin et sa moitié se roulant des pelles allégrement. Pas étonnant qu’un jour ou l’autre, ça finisse dans le sang !
    De retour au commissariat, et pendant que ses sbires échangeaient leurs impressions, Santer se laissa aller à une petite sieste, bercé par le ronronnement du ventilo qui brassait de l’air chaud. Déjà midi, c’était râpé pour l’apéro : il avait promis que ce soir, oui, pour la finale… enfin, peut-être. Au poste aussi la soirée serait festive, et « réservée » : manquait plus que le panneau à l’entrée « fermé pour cause de match ». On sortirait le pastis des armoires, les glaçons et les chips. Le patron avait même promis de passer.
    D’ici là, ils auraient bouclé l’affaire. En apparence, du moins. Car bien malin celui qui pourrait dire dans quelles circonstances le baiser avait vu le jour, et qui avait tiré le premier : elle ou lui ? Mystère.

    Bon dimanche, Christine

  17. Antonio dit :

    C’était il y a un petit milliard d’années, un temps où la terre vivait dans son cocon que l’on appelait la Pangée.

    Elle était belle, insouciante, sans marmot encore dans ses jupes. Pas un insecte, pas un dinosaure, pas un vivant pour lui saloper sa robe. Si elle avait su.

    Elle rêvait d’amour et n’en avait que pour lui, son soleil, autour de qui elle tournait timidement chaque jour. Il était loin… loin de s’imaginer qu’elle et lui, un jour… il était loin tout court. Mais elle s’en rapprochait chaque millénaire un peu plus, et cela lui réchauffait le coeur.

    Elle rêvait d’amour pendant qu’un autre astre lui tournait autour sans qu’elle n’y prêta grande attention. Il avait beau lui montrer sa plus belle face, passer le plus clair de son temps à la faire marrer, elle n’était pas attirée par lui. Point.

    C’est là que ce pauvre astre sans lueur aux yeux de celle qu’il aimait décida d’agir. Il s’éclipsa de temps en temps ce qui intrigua la belle. Elle apprit par des voisins qu’il s’était mis sur la même longueur d’onde que le soleil pour briller comme lui. Et plus le petit astre s’emplissait de lumière plus il était plein d’espoir de séduire celle qu’il convoitait. Seulement ce n’était pas pour plaire à l’adolescente jalouse qui commença à faire des vagues et à se craqueler dans sa chair en acnés éruptives repoussantes.

    Et puis un jour, elle les surprit… Elle n’avait jamais vu ça. Un froid glacial la saisit durant quelques minutes. Un frisson lui parcourut la peau. Comment osaient-ils ?
    Cela couronnait le tout en pleine lumière. Le soleil venait d’embrasser la lune dans un éclat majestueux qui dévoilait leur liaison au grand jour.

    Elle pleura et s’ulcéra durant des millénaires. Elle aurait sa revanche, elle aurait des enfants. Elle jura, cracha sa lave au ciel d’emmener le soleil dans son lit et de l’embrasser à son tour dans un baiser aussi éclatant et fougueux… La promesse fut tenue.

    Ainsi naquit la vie sur terre.

  18. Delphine B dit :

    A l’époque où les mots n’existaient pas, chacun s’exprimait avec ses gestes, avec ses sons. Et peignait quelquefois ses rêves, ses ambitions sur la roche.
    Mais ce que chacun faisait le plus souvent était écouter. Bien écouter, tout écouter, tout le temps. C’est qu’il valait mieux ne pas se tromper. Qu’est-ce que l’autre désirait ou ne désirait pas ?
    Ainsi chacun ressentait directement son voisin et vice-versa. Cela marchait ainsi. . .

    En ce temps là, les caresses n’existaient pas et les baisers encore moins. Nos sens étaient affutés pour des besoins vitaux et ceux-ci n’en faisaient pas partie.
    Jusqu’au jour où. . . Lila, grande Homo Sapiens d’un mètre cinquante-deux, effleura, par inadvertance, les lèvres de son nourrisson. Dans l’éclair qui suivit, tout l’esprit de la fillette bascula dans le sien, toutes ses sensations, ses sentiments même la pénétrèrent, et Lila vécut ce qu’elle pensait ne jamais être possible : la vie intime de sa fille.
    Elle essaya de nouveau, puis de nouveau encore, variant les moments, les plaisirs. Cela tenait du miracle à n’en pas douter ! L ‘échange était instantané et parfait. Elle découvrait ainsi, l’espace de quelques secondes, la joie d’avoir six mois et de comprendre sa fille.
    L’opération marcherait -elle avec des adultes ? Lila décida d’en avoir le coeur net et voulut tenter l’expérience avec le chef de clan.
    Une nuit, elle se pencha sur lui pendant son sommeil et l’embrassa avec précision. Elle fut aussitôt plongée dans un tourbillon d’émotions et son coeur fit un bond : le rêve du chef était délicieux. Elle le goûta avec bonheur jusqu’à l’aube et, ce matin-là, retrouver propre sa vie se fit avec tristesse.

    Lila réfléchit longtemps. Dans le baiser, la transmutation était réciproque, à n’en pas douter. Il s’agissait donc d’offrir le meilleur de soi-même, de choisir le bon moment et . . . la bonne personne.

    Elle finit par rencontrer un guerrier, ils furent heureux et leurs transmutations intenses. Sa vie prit son essor. D’autres les imitèrent, un peu partout, avec bonheur.

    Cependant, bien des siècles plus tard, à l’arrivée du premier mot, de la première phrase, le baiser perdit tout son pouvoir. Gershwin en parla d’ailleurs longuement dans son livre, l' »Origine du baiser « .

    Embrasser ne révélait plus les mystères de l’autre et chacun devenait seul à découvrir son propre monde.

    La déconvenue fut rude.
    Petit à petit, pourtant, une magie rare, lumineuse apparut et surprit chacun : celle de partager.
    Les sentiments en furent décuplés, un monde naquit et le merveilleux trouva sa place dans chaque moment de chaque journée. Par-ta-ger. . . .

    Aujourd’hui la transmutation n’existe plus depuis longtemps mais l’étincelle de son souvenir jaillit quand on s’embrasse. C’est pour cela qu’on est capable de folies pour y goûter. C’est pour cela qu’on en rêve et que l’on remercie la vie quand elle nous comble.

    Note annexe :
    Au 21 ème siècle, quelques rares chercheurs pratiquent quotidiennement le baiser pendant des heures, avec l’espoir de découvrir le secret de la transmutation.
    Certains y arrivent, parait-il, le plus souvent par hasard, mais ils n’en dévoileraient pour rien au monde le mystère. On suppose qu’il pourrait servir à des fins peu louables.

  19. Jean-Pierre Peyrard dit :

    Je voulais préciser que mon commentaire est une réponse à l’article de Durand et que chou ne prend pas de x au singulier, comme cela m’a échappé dans l’émotion créatrice.

  20. Jean-Pierre Peyrard dit :

    Cette explication d’une grande rigueur scientifique a ceci d’intéressant qu’elle nous rappelle que les plus grandes inventions naissent souvent d’un événement qui n’a que peu de rapport avec l’objet de la recherche et qu’elles ont des incidences insoupçonnées sur le langage.
    Suivez bien.
    La femme posant ses lèvres sur celle de l’homme à des fins d’approvisionnement (il faut supposer que la joue mâle est alors très hypertrophiée), déclenche en même temps un processus biologico-chimico-sanguino-musculaire (au moins) qui aboutit neuf mois plus tard à la production d’un petit.
    A cette époque très lointaine, l’un et l’autre ignorent le rapport de cause à effet entre le processus biolo etc., et la survenue du petit. Ils croient au contraire que la rotondité du ventre et ce qui en sort sont dus à la nourriture ingurgitée, en particulier les choux dont ils sont friands et que l’hypertrophie joufflue permet de transporter mieux que les cabas qui n’existent pas. D’où, je le signale au passage, le rapport, lui aussi d’une grande rigueur scientifique, établi entre le choux et la naissance des enfants. Ne parlais-je pas des incidences sur le langage ?
    Vous suivez toujours ? Bien.
    Ce n’est que bien plus tard que l’homme, mettant bout à bout le plaquage des lèvres, le processus biolo etc., et le ventre rond de la femme, comprit le sens du baiser. La femme, elle, avait compris depuis longtemps.
    C’est à ce moment-là que s’élargit le champ sémantique du verbe baiser.

  21. Zeller dit :

    Maxence était triste, il ne trouvait aucune Inde a breveter. Les technologies coûteuses lui étaient interdites il n’avait pas le sou. Émilie, sa copine, cherchait à le distraire de sa rumination. Elle le plaqua au mur pour un long très long baiser. Maxence se fondit contre elle avant de la repousser. Il l’avait son idee : breveter les baisers et déclarer gagnant le plus long, le plus voluptueux. Le record figurait au Guiness des records.

  22. joailes dit :

    Au commencement, il n’y avait rien. Juste un homme, Paul, et une femme, Mick qui apprenaient à vivre ensemble, avec ce que cela implique de concessions, de compréhension et de tendresse.
    Ils étaient comme frère et sœur, comme deux doigts indissociables ; quand l’un avait de la peine, l’autre le consolait, quand l’un riait, l’autre riait aussi.
    Pourtant quelque chose manquait … mais ils ne savaient pas quoi.
    C’est lors d’une baignade dans la rivière, alors que Mick glissa sur un galet que Paul l’attrapa entre ses bras et que le plus naturellement du monde, lui donna un baiser qui n’en finissait plus …
    C’était doux … Depuis, ils s’embrassent toujours, de mieux en mieux, de plus en plus amoureusement.
    C’est ainsi que commença l’amour : dans un baiser.

  23. laurence noyer dit :

    On s’aime hors et sur le terrain. Depuis le début de la compétition , on a échangé des baisers d’un crampon à un autre, une manière de célébrer le jeu, les buts et les coups de pied talentueux.
    Payet et Griezmann

  24. laurence noyer dit :

    L’œuvre représente un couple s’embrassant, leurs corps largement cachés par deux capes, l’une ornée de rectangles noirs et blancs, symbole de force, de virilité, symbolisant l’homme et l’autre couverte de ronds colorés et de fleurs, représentant la femme, qui est agenouillée les yeux fermés. On peut aussi distinguer une zone intermédiaire de fusion aux ronds multicolores. Le couple est représenté sur un parterre de fleurs et la femme semble enracinée dedans. On peut comprendre que c’est elle qui donne la vie et inscrit l’amour dans la durée. Les amants sont en tenue de mariage, rien ne semble pouvoir leur arriver et pourtant ils se trouvent au bord d’un « gouffre ». On peut interpréter ce tableau de différentes manières: soit le couple est au bord du gouffre pour représenter l’extase, soit pour montrer que l’amour est fragile et on peut donc imaginer le couple au bord de la rupture (ce qui paraît peu probable tellement leur amour a l’air fusionnel).
    Klimt

  25. laurence noyer dit :

    Le Baiser est à l’origine un des très nombreux motifs de mon œuvre magistrale La Porte de l’Enfer, inspirée par la Divine Comédie de Dante Alighieri et des Fleurs du mal de Charles Baudelaire . Le modelé souple et lisse, la composition très dynamique et le thème charmant valurent à ce groupe un succès immédiat. Aucun détail anecdotique ne venant rappeler l’identité des deux amants, le public le baptisa Le Baiser, titre abstrait qui traduit bien son caractère universel.
    Rodin

  26. durand dit :

    Une expédition de paléontologues a récemment pu dater l’âge du premier baiser ainsi que le pourquoi de cette circonstance.

    Un couple uni par la bouche a été découvert dans une grande flaque, repérée en bord de banquise fondue.

    Américains et russes se chamaillent déjà pour savoir à qui appartient ce missile…pardon, ce fossile.

    Mais là n’est pas le sujet du propos.

    Après une étude approfondie, il s’avère que le baiser est bien une invention féminine. Seules les mauvaises langues pouvaient en douter.

    A l’époque déjà, l’homme chassait et la femme tricotait des rideaux pour décorer leur habitat.

    Dès le matin, la femelle éteignait la télévision virait son mâle dehors: »Du balai ».

    Pour éviter de s’éparpiller, elle faisait d’abord des tas de poussières. Puis elle épongeait les sueurs de la nuit.Enfin, elle nettoyait sa fourrure.

    Le mâle parcourait la commune, son habituel terrain de chasse pour ramener la pitance au foyer.

    Ses armes étaient bien rustiques, quelques os taillés en pointe, des cailloux jetés avec adresse, des cris épouvantables faisant choir la proie dans une crevasse et s’y fendre le crâne.

    Il posait des pièges aléatoires pour attraper des pingouins bleus lors de leur atterrissage (Oui, à l’époque, les pingouins volaient encore!)

    Etant déjà omnivore, il ramenait des fruits noirs et des racines adventives, les plus goûteuses. N’ayant pas de sac à dos, Quechua (c’est son nom!) stockait tout dans sa bouche.

    Au retour de son dur labeur (oui, seul le beurre est mou, le labeur est toujours dur!), son afemmée lui sautait dessus pour récolter sa part de mangeaille.

    Imitant les jeunes oiseaux alentour, elle le becotait pour lui faire lâcher ses provisions de bouche.

    Et le pauvre bougre lui abandonnait tout, raisins dorés, perles d’huître, colliers d’algues d’argent.

    Le couple découvert démontre bien l’effarante gourmandise de la femelle ayant étouffé son « conjoint » (c’est le bon terme!) sous ses exigences. Un morceau de luette du mâle trouvé dans l’estomac de la femelle le prouve définitivement.

    Plusieurs siècles plus tard, l’écrivain Albert Cohen décrit très bien la chose : « Le Baiser, cette soudure entre deux tubes digestifs »

    Certains tatillons vont m’objecter que tout cela ne tient pas debout, qu’ils ne voient vraiment pas comment je pouvais connaître le nom de ce premier esclave.

    L’équipe de scientifiques l’a simplement recopié en découvrant la toute première œuvre primitive écrite et signée, gravée sur l’avant bras du mâle:

    « Chérie, mon corps est tatoué! »

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