Coup de mou sur l’effort

Sur mon carnet de notes et de correspondance, il était toujours mentionné : Pascal doit faire beaucoup plus d’efforts. Les enseignants et mes parents s’accordaient à penser que je n’en faisais pas. À leurs yeux, j’étais un cossard, un paresseux.

Pourtant, un élève dyslexique fait beaucoup plus d’efforts que les autres. Si on réfléchit bien, le cancre fait toujours plus d’effort que le bon élève pour suivre un programme imposé. Mais notre système scolaire n’a pas ce discernement, il récompense toujours les » meilleurs élèves » pour qui l’école, c’est facile. Celles et ceux faisant peu d’efforts pour être dans les premiers de la classe sont loués. Et le monde pédagogique trouve ça normal…
Une pernicieuse paresse
Au fil de millions d’années, l’Homo sapiens n’a cessé de faire des efforts pour construire un mode de vie de plus en plus confortable. Mais, nous arrivons à un renversement : le moindre effort.
Dans la foulée des 35 heures et de la Covid, le canapé a envahi les lieux de vie. Le GPS nous mène pas le bout du nez. La calculette a tué le calcul mental. On se questionne de moins en moins, on interroge Internet. Etc.
Bientôt, les robots et l’intelligence artificielle nous feront croire que tout effort est peine perdue, qu’apprendre, chercher, découvrir, c’est gaspiller son temps, que toute créativité est révolue. Ces béquilles robotisées vivront à notre place tandis que nous serons en vacances continuelles.
Peut-être est-ce la mort programmée de notre espèce ?
Se tester à l’effort.
Efforcez-vous à faire, quotidiennement, trente minutes de gymnastique.
Efforcez-vous à écrire, chaque matin, quelques lignes dans un journal personnel
Efforcez-vous à trouver, chaque jour, une idée à partager avec votre entourage
Efforcez-vous à lire un texte en contradiction avec vos opinions
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com
En ce moment je lis un un livre « Silver Scalpel » écrit par Laure Bonnet (avec qui j’ai fait des ateliers d’écriture) et sa soeur Colombe. Le sujet du livre : un trafic de foetus humains.
A lire absolument.
Laure Bonnet a effectué une formation de théâtre avec François Rollin, (acteur et humoriste) Elle est géniale !
Merci pour ce conseil.
Être dyslexique, ce n’est pas être un cancre. C’est une particularité, certes handicapante pour les apprentissages de l’écriture et de la lecture, mais, celle-ci ne définit pas un être dans toutes ses potentialités.
Le cancre.
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le cœur
il dit oui à ceux qu’il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous la huée des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur
Prévert
Cancre veut dire « médiocre ».
Dans ce poème, Prévert nous fait entendre que le cancre n’est pas celui qui dessine le visage du bonheur avec des craies de couleur. Mais, plutôt, celui qui participe au tableau noir du malheur.
L’espèce humaine a mis des millions d’années pour voir son cerveau se développer afin de doter l’homo-sapiens d’une intelligence lui permettant d’évoluer et d’être celui que nous connaissons aujourd’hui… mais je suis convaincu que nous avons commencé à amorcer le processus inverse, parce que toutes les inventions et les nouvelles technologies qui feront les choses à notre place, nous ôteront la possibilité de penser, d’imaginer et d’innover, et elles entraîneront l’atrophie de notre cerveau et nous finirons par ressembler à de véritables zombies… ce à quoi je me refuse… il ne se passe pas un jour sans que je n’écrive pas quelques lignes, à lire une dizaine de pages… une fois par semaine, avec un groupe nous participons à une randonnée et les jours de mauvais temps où nous ne pouvons pas nous occuper l’esprit, soit en travaillant dans le jardin où à nous balader en bord de mer, avec ma douce moitié nous jouons au Scrabble et autres jeux de société qui agitent nos méninges… ce qui ne nous dispense pas d’échanger nos idées sur des sujets divers et variés…