Le magazine Marianne a testé 6 coachs littéraires

Leurs annonces paraissent régulièrement dans les pages littéraires de la presse et sur le Web.
« Vous écrivez, nous vous accompagnons jusqu’à la publication de votre manuscrit, nous vous trouvons le bon éditeur »,

« Le monde de l’édition est un monde vaste, complexe, mouvant, où des collections se créent et d’autres meurent, où les responsabilités changent souvent de mains. Notre force est d’en connaître les rouages et d’avoir construit un réseau relationnel au fil des vingt cinq dernières années. C’est cette expérience que nous mettons à la disposition de votre manuscrit. Tout est mis en œuvre pour tendre vers 100 % de succès.»

« Vous désirez raconter une histoire qui vous tient à cœur. Faites de votre vie un roman », etc.

Dans la foulée des milliers d’ateliers d’écriture qui pullulent ces dernières années les coachs exploitent l’envie d’écrire et d’être publié qui titille, semble-t-il,un français sur trois.

Des journalistes du magazine Marianne ont décidé de tester certains coachs littéraires, en se faisant passer pour des auteurs en quête d’éditeur.

Extrait de l’article Marianne :

 »  Première étape, le choix du texte à soumettre. Histoire de pimenter l’affaire, nous décidons de faire parvenir à nos coachs, qui dans leur promo insistent tous sur leur grande connaissance de la littérature, un texte déjà paru et jetons notre dévolu sur un Régicide, roman d’Alain Robbe-Grillet écrit à la fin des années 40, avant ses premiers romans à succès les Gommes et la Jalousie.
On peut y lire les pérégrinations mentales et dédoublées de Boris, obsédé par le meurtre qu’il aimerait commettre sur la personne du roi d’une île à l’étrange climat. Un livre typique du nouveau roman, sans intrigue véritable, sans psychologie développée des personnages et dans lequel la narration s’attache surtout à l’organique. Nous scannons les 100 premières pages, les transformons en fichier Word et réintitulons le tout Boris et le roi.

Deuxième étape, nous sélectionnons six des coachs dont les noms reviennent le plus souvent dans la presse et sur Internet. Nous leur adressons, par mail et sous pseudonyme, le fameux manuscrit, en nous faisant passer pour une prof de lettres qui « écrit depuis toujours mais n’osant pas faire lire son texte à des éditeurs par manque de confiance en soi ». Nous prétendons aussi être victime d’un « blocage », afin d’expliquer pourquoi nous en envoyons seulement la moitié du roman. Les retours sont presque immédiats.

(…)

Premier constat : aucun des coachs n’a eu la puce à l’oreille en parcourant un roman à l’identité patrimoniale pourtant si forte. Inquiétant. Deuxième constat : leurs conseils – narration simple, intrigues à rebondissements, personnages campés –, semblent obéir aveuglément aux règles présupposées du marché éditorial actuel. Leur salaire en dépend, mais est-ce vraiment un service à rendre aux auteurs ? Pour mieux comprendre, nous décidons d’enquêter plus classiquement et recontactons les coachs en notre qualité de journaliste. « Il est vrai que nous aiguillons les auteurs vers les normes de ce que veulent les éditeurs qui ne font presque plus de littérature de laboratoire », finit par admettre l’un d’entre eux. Sauf que l’édition n’est pas une science exacte et que les éditeurs eux-mêmes ont parfois bien du mal à anticiper les goûts des lecteurs, comme en témoignent les best-sellers inattendus qui surgissent régulièrement dans les listes de meilleures ventes. Enfin, les coachs aident-ils réellement leurs poulains à être publiés ? Quand on leur pose la question, la plupart s’abritent derrière la confidentialité. D’autres fournissent des noms d’auteurs qui ont en effet été édités mais dans de toutes petites maisons. Certains, enfin, certifient qu’ils ont déjà permis des publications dans de grandes maisons, mais que les écrivains en question ne veulent pas voir leur identité divulguée. Pas franchement encourageant.  (…)

« Jai testé le coaching littéraire », Virginie François, 12 mai 2012 :

Question : Quel journaliste serait capable de reconnaître, sans l’aide de Google,  un article de Georges Clémenceau ou de François Mauriac ?  Cela dit, l’article de Marianne est intéressant et révélateur. De nombreux charlatans se sont précipités sur ce créneau porteur.
Auteurs débutants soyez prudents, vérifiez d’abord la bibliographie de ces coachs improvisés. Avant de vous engager, demandez-leur les coordonnées des personnes ayant bénéficié de leurs services. S’ils refusent, méfiez-vous !

En ce qui nous concerne, nous tenons à la disposition des personnes qui nous contactent, une liste de référents. Ces référents sont des personnes que nous avons accompagnées pour les aider à finaliser leur manuscrit. Cela, depuis de nombreuses années.

Enfin, si vous voulez découvrir Alain Robbe-Grillet, je vous conseille de lire « Préface à une vie d’écrivain » un condensé des 25 émissions sur l’écriture et la littérature, diffusées sur France Culture au printemps 2003. C’est très riche.

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