Avez-vous un caillou dans votre écriture ?
Après un refus par les éditeurs, la plupart des auteurs débutants ont comme un caillou dans leur écriture. Une pierre d’achoppement sur laquelle leur esprit bute à chaque nouvelle page d’écriture. Ruminant leur déception et s’interrogeant continuellement sur ce qui n’allait pas dans leur ouvrage présenté aux éditeurs, ils s’angoissent dès qu’il s’agit d’écrire à nouveau.
Je ne suis pas un spécialiste du stress, mais voir son manuscrit rejeté par tous les éditeurs peut s’apparenter à une douleur physique. Notre fierté en prend un coup, la déception est grande et un sentiment de dépit s’installe.
J’en parle en connaissance de cause. Quarante ans plus tard, je me souviens encore de ma tournée chez les éditeurs parisiens avec mon recueil de poésie sous le bras. Du petit sourire condescendant des secrétaires m’éconduisant.
Plus proche de nous, lorsque je dois révéler à une personne, après lecture de son premier jet, « qu’elle n’est pas en capacité d’écrire un roman » formule très prisée par nos politiques, elle rompt, neuf fois sur dix, toute relation avec moi. C’est dire si sa déconvenue est rude. Même si je prends toujours mille précautions pour ménager sa fierté d’écrire.
Tous les refus d’édition ne tournent pas au dépit obsessionnel, heureusement. L’estime de soi reprend peu à peu le dessus et la douleur de ne pas avoir été reconnu s’estompe avec le temps.
Cela dit, il reste toujours un petit caillou dans notre écriture après un rejet par les éditeurs. Être fier de ce qu’on a écrit pousse à se surpasser, l’inverse inhibe.
Les éditeurs devraient y penser quand ils rédigent leurs réponses stéréotypées. Un petit encouragement ne coûte rien…
Je ne cherche pas à être éditée mais j’ai participé à différents concours : concours de poésie et concours de nouvelles. Je n’ai jamais « gagné ». Je le faisais surtout pour m’obliger à finir mes écrits. Car j’ai le défaut d’avoir du mal à passer à l’acte, lorsque c’est tout bon dans ma tête je m’en contente et c’est dommage.
Le fait de ne jamais avoir gagné ne m’a pas posé problème (je ne suis pas sûre que ce que j’écris puisse intéresser) par contre j’aurais bien aimé connaître mes défauts d’écriture. Etant trop réservée je ne suis jamais allée à la remise des prix où j’été invitée et où j’aurais pu discuter avec le jury. Ça me pose problème un tel entretien. Ça me demanderait une énergie considérable.Je compte participer cette année encore au concours de nouvelles de ma commune. J’aime bien même si je n’aime pas les concours ou l’esprit de compétition. J’espère en pas finir avec un caillou dans mon écriture 😉
J’ai choisi le marathon. Partir à petites foulées dans des recueils de nouvelles, s’auto-éditer, participer à des salons, proposer mes textes à des concours… Courir à pied pour éviter le caillou dans la chaussure dès le départ… S’exposer dans un blog… Apprivoiser les commentaires, les incompréhensions, les compliments et les critiques…
Plus tard, l’épreuve d’envoi aux éditeurs.
C’est une démarche compliquée de donner à lire ses textes, mais cela s’apprend aussi ! Il s’agit ensuite d’accepter les effets dans le regard de l’autre mais j’encourage cette méthode. Elle permet indéniablement de progresser dans son intentionnalité d’auteur. Plus il y a de retours, mieux c’est pour moi. Je vois bien que je progresse. Bien choisir ses interlocuteurs cependant me semble important.
J’espère que ce premier palier permettra de « digérer » les lettres des maisons d’édition ! Je vous raconterai le jour où je m’y mets.
La fierté est un aiguillon, certes, elle peut galvaniser l’envie d’écrire encore et encore. Mais comme elle est fondée sur le succès elle peut vous faire la grosse tête
j’avoue que voir son manuscrit refusé est une épreuve compliquée même quand on connait le peu de chances d’être publié…le plus difficile est de garder ce plaisir d’écrire malgré tout ! Pour ma part je gère cette frustration en publiant sur un blog, en offrant mes textes et en auto éditant….
La première chose, n’est-elle pas alors de retirer son écriture et de la secouer un peu, voire écrire pied-nu un temps (encore plus s’il s’agit de poésie) ?
Si on garde la métaphore de la chaussure, pour peu qu’il s’agisse d’une chaussure de course à pied moderne, sans doute ne savons-nous pas écrire pied-nu, c’est à dire sans s’appuyer sur les mécanismes de ressort qu’on a sur nos talents (les clichés par exemple, mais pas que) … Testez-le ! Courrez sur le bitume pied-nu… aïe !
Et oui, certains coureurs ont réappris à courir sur la pointe des pieds (comme le font naturellement les coureurs africains) pour se donner plus d’impulsion et aller plus vite.
Alors cette métaphore me permet justement de réfléchir à donner plus de rythme à mon texte, de réapprendre à écrire pied-nu, non sans mal.
Et puis en me remettant dans mon écriture, non seulement le caillou a disparu, mais je me trouve mieux dedans, elle devient d’un coup plus fluide.
Cela ne règlera pas le problème de l’éditeur, car là il s’agit de trouver un autre type de chaussure à son pied 😉
Hello Antonio !
Et la Françoise
La Sagan qui conduisait sa Jag pieds nus
Hors la moi toujours
Sagan, sa clope entre ses lèvres, ses doigts sur les touches, écrivant pour nous …
Les pieds nus aie sur le bitum le tarmac des aéroports les cailloux de tous les chemins
Ça me l’a rappellée soudain
Sagan! tu dois manquer à pas mal d’âmes en Tristesse. … Au revoir !
N’étant pas concernée par une démarche d’édition, il n’empêche que je fais appel à Pascal pour me donner son avis sur mes bouts de texte. Certes, je m’attends parfois à autre chose. Alors je boude (oui Pascal !), mais ça ne dure pas. Ce que j’aime, c’est son côté « cash », et sa délicatesse pour dire que ce n’est pas ce que j’espérais ! Eh oui, l’écriture est un long chemin. Et même si elle se fait dans le plus grand anonymat, elle peut rester un pur plaisir pour soi-même. Peut-être un peu pour lui, parfois, qui sait ?! Un grand merci encore pour ces tonnes de patience. Christine