Auteur ou auteure ?
Un député a refusé dernièrement d’appeler la vice-présidente de l’Assemblée Générale, Madame la présidente.
S’obstinant à l’appeler « Madame le président », une amende lui a été infligée.
L’Académie Française vient de rappeler qu’aucun gouvernement n’a le pouvoir de modifier
de sa seule autorité le vocabulaire et la grammaire française.
Ce n’est pas une promesse de campagne qu’on peut bricoler selon les errements du prince et ses visées politiques.
Ouf ! Nous l’avons échappé belle.
Imaginez que nos élus décrètent qu’il faille parler et écrire comme eux.
Adieu les études de lettres…
L’Académie précise que si des féminisations passées dans l’usage – postière, pharmacienne, etc., « sont entrés naturellement dans l’usage, sans qu’elles aient été prescrites par décret », il n’est pas question de légiférer pour imposer des barbarismes comme auteure, chercheure ou sapeure pompière.
Selon les immortels, il s’agit plutôt de laisser les choses se faire.
C’est-à-dire, d’observer les formes dont l’usage s’imposent naturellement et les accepter comme cela a toujours été depuis 1635.
Qu’en pensez- vous ?
Est-ce que les formes asexuées, listées ci-dessous, seraient enrichissantes ?
– professeure
– recteure
– auteure
– chercheuse
– syndique
– écrivaine
– officière
– chefesse
Ce n’est pas sûr, car selon la formule bien connue, la moitié des hommes sont des femmes
Merci Dominique pour ce commentaire très pertinent.
Comme vous le dites si justement, il y a bien d’autres luttes à mener pour l’égalité.
Bonjour,
je viens de lire cette discussion passionnante, et je doute encore. Je suis entrée dans l’Administration en 1968 comme contrôleur. Quand j’en suis partie, on avait commencé à féminiser mon titre. Pourquoi donc me changer ? Mes collègues féminines et moi n’en voyions pas l’utilité. Pourquoi les mots existeraient-ils obligatoirement dans les deux sexes ?
On dit des vaches, des mouches, des chèvres, des abeilles (au féminin) quand on voit certains groupes d’animaux, mais aussi des moutons, des moustiques, des bourdons, des chevaux (au masculin) pour d’autres. pourtant, on sait bien qu’il y a des sexes là aussi.
Comme déjà écrit plus haut, il vaudrait mieux lutter pour l’égalité plutôt que de pinailler sur les mots.
Je porte justement un prénom « difficile ». Je fulmine encore très souvent. Il m’est arrivé plusieurs fois d’acheter par chèque du vin ou d’autres choses apparemment réservées aux hommes, et de recevoir par la suite des courriers au nom de Monsieur. Pourtant mon nom est précédé de Madame sur mes chèques !
Il est si facile de ne rien mettre si on doute.
Le moins qu’on puisse dire est que ce sujet ne nous laisse pas indifférents!
Je serais curieuse de garder cette page et de la ressortir dans 20 ou 30 ans…
Souvent j’hésite. Je ne sais si je dois me revendiquer comme étant « Rédacteur » ou Rédactrice ». En Presse, il me semble, peut-être à tort, que ces deux termes ne recouvent pas la même profession. Du coup, il m’arrive de me définir comme journaliste. La facilité…!
Bonjour à tous,
Que de choses de dites ! C’est fort intéressant tout ça et finalement ça n’impose pas de solution. Alors, je dirai plutôt comme MIC. Il me semble que modifier les mots au féminin ou au masculin n’est qu’une question d’habitude. Certains coulent avec beaucoup de facilité, d’autres moins, certes, mais avec le temps et l’usage quotidien, ils s’imposeront d’eux-mêmes. Personnellement, auteure ou écrivaine, ça me plaît bien et, si dernièrement je me suis fait reprendre après les avoir utilisés… m’en fiche, na ! J’assume pleinement.
Bonjour,
Même au Québec (Canada) nous sommes loin de l’équité salariale et de la disparition de la violence. Toutefois la féminisation des termes ne semblent pas causer de souci majeur.
La chanteuse Ariane Moffat chante si bien « L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne ».
Je suis une femme, je m’appelle donc animatrice, intervenante, amoureuse, auteure, cela va de soi et c’est à chacune d’affirmer comment elle veut se définir.
On pourrait en jaser longtemps!!
Je lis qu’il existe des hommes ‘sages-femmes’, bien sûr. Être un homme je me définirais ‘sage-homme’… nous en avons tellement besoin dans les rôles stéréotypés féminins!:)
Le sexisme envers les femmes ou envers les hommes n’a tout simplement pas sa place dans un monde de collaboration… j’ose rêver et avancer, un pas à la fois.
Bonjour,
pour avoir travaillé bien des années en Suisse, je peux témoigner que les termes: auteure, écrivaine, cheffe (et non chefesse), rectrice (et non recteure), professeure, chercheuse… ont fini par s’imposer. Je crois que le Canada est précurseur dans ce domaine. C’est plus ou moins beau, mais on s’y fait!
On dit poulain et pouliche, donc écrivain et écriviche, ça va de soi et non d’un choix !
Ah, je sens que ça tique à ma gauche ! 🙂
Ce n’est pas une présidente, quelle qu’elle soit, qui fera changer la langue française. Ce sont les mots qui s’imposent avant d’être reconnus, avec le temps. Allez prétendre au légionnaire, armé jusqu’aux dents, sévère militaire à la virilité revendiquée, qu’il n’est pas la sentinelle devant son fortin…
Pour ma part, je pense que ce n’est qu’une question de temps… Toute langue vivante et dynamique évolue et c’est tant mieux, cela prouve qu’elle est en bonne santé ! Certaines féminisations gagneraient à entrer dans le vocabulaire, je pense à écrivaine, chercheuse… qu’on emploie d’ailleurs déjà parfois à l’oral. J’aime avoir rapidement toutes les données en main et quand on me parle d’un auteur que je ne connais pas et qui s’appelle Claude, Camille, Frédérique ou autre, comment savoir si c’est un homme ou une femme et comment je dois m’adresser à lui (ou elle) si je dois lui envoyer un courrier. Si je n’ai pas de moyen de recherche sous la main c’est un casse-tête. J’ai fait mon mémoire de recherche de master sur Valery Larbaud. Le professeur qui m’en avait parlé (sans plus de détail, sans titre de référence…) ne m’avait pas écrit son nom, j’ai donc cru avoir affaire à une femme. Peu m’importait mais c’est pour donner un exemple concret de méprise que la féminisation des mots pourrait empêcher.
Pourtant, « chefesse » devrait, à mon humble avis, ne pas entrer dans le dictionnaire. Pourquoi ? Pour une raison purement phonologique qui inviterait plus à la moquerie qu’au respect, enfin, c’est mon avis. Pour l’heure, dans le langage courant on entend « ma chef » et c’est peut-être la meilleure solution…
Quoi qu’il en soit, quelque chose me dit que nous serons fixés dans quelques années tout au plus, la féminisation des professions allant crescendo et le sujet souvent mis sur la table. Ne soyons pas plus conservateurs qu’il ne le faut, une langue qui n’évolue pas est une langue MORTE ! Soyons heureux qu’elle prête à débat !
Je me souviens de la loi Toubon
Je constate que bien souvent, il faut être scolaire avec les gens. J’entends par là qu’il faut imposer des règles pour que certaines notions élémentaires soient bien acquises : l’importance du féminin par exemple.
C’est bien dommage. La féminisation des titres m’importe peu et, personnellement, la journée de la femme me hérisse.
Certes, je m’égare vers d’autres sujets mais …
contribuer à séparer les uns des autres, « auteur » pour monsieur et « auteure »pour madame n’est pas forcément une bonne idée.
Ce qui compte c’est la place accordée au féminin dans les sociétés. Qu’il soit de genre ou de sensibilité.
Changer les règles de l’orthographe c’est un peu comme si les femmes voulaient prendre le pouvoir… comme les hommes. Je veux dire par là « à la manière de ».
Pour conclure, je suis d’accord avec Antonio. Les français et les françaises aiment se compliquer la vie … et l’orthographe !
Nous sommes dans un combat d’arrière-garde, l’essentiel est dans le discours et, au fait … que disait Madame la Présidente (le Président) ?
Sur les cartes de visite professionnelles des femmes, il est souvent écrit « Directeur », alors que le mot « Directrice » existe bel et bien. Cela permet de se demander si c’est le genre qui gêne ou l’image qu’on associe au mot : je peux comprendre qu’un chef (une cheffe pour féminiser ?) de département en entreprise ne veuille pas se voir confondre avec une directrice d’école (ce n’est pas un jugement ; c’est simplement que les métiers de l’éducation sont fortement féminisés).
Ma réaction naturelle se rapproche de celle de Françoise. J’y ajoute un avis : ce n’est pas la féminisation d’un mot qui apportera plus de reconnaissance aux femmes, notamment en ce qui concerne le salaire, toujours scandaleusement inférieur de 20% à celui des hommes, à fonction et qualification égales !
Et puis (histoire de provoquer), canaille, ordure, fripouille, frappe, sont des mots féminins qu’on associe plus communément aux hommes, non ? Et ça prouve quoi ?
Un sourire pour finir : il existe des hommes « sages-femmes » et personne n’a l’idée de légiférer pour le masculiniser…
Et si on débattait aussi autour de la suppression du « Mademoiselle » ?
La ménagère, la repasseuse, la nourrice…
Le cadre, l’ingénieur, le professeur…
On ne peut nier que la volonté de la langue française à l’origine était de mettre chacun à sa place.
Alors pourquoi pas remettre un peu d’équité pour éviter de transmettre encore ces clichés à nos enfants : le rose et les poupées pour les filles, le bleu et les voitures pour les garçons.
Si les mots n’existent pas, comment voulez-vous que les enfants se les approprient en rêves ?
Alors à quand le ménager de moins de cinquante ans, le nounou, le repasseur, autre que celui qui affûte ses lames ? 🙂
Refuser la féminisation des titres et fonctions équivaut tout simplement à rappeler aux femmes que la société (dont les lois sont pensées et votées par une majorité écrasante de vieux machos) n’accepte toujours pas qu’elles se hissent aux plus hautes fonctions.
Personnellement je suis assez pour la féminisation de tous ces mots, j’opte pour auteure, écrivaine, ce dernier sonnant bien je trouve.
Pour Sabine, on peut aussi être écri… vain, non?
Et pourquoi pas faire preuve aussi de créativité dans la féminisation.
Quant à la masculinisation de certains mots féminins, cela m’a fait bien rire!
Bien à tous
Marie, animatrice d’ateliers d’écriture, blogueuse et journaliste (là c’est mixte;-))
Moi, dans la mesure où les mots féminins écorchent les yeux par l’image renvoyée, je suis plutôt pour la masculinisation de certains mots.
– Un bécassin plutôt qu’une bécassine.
– Un gourd plutôt qu’une gourde.
– Un cloch plutôt qu’une cloche.
– Un tar plutôt qu’une tare.
Je sais…je suis totalement hors sujet….et j’assume!
Pourtant des beaux noms de métiers féminins, ça ne manque pas:
Entortilleuse de maris.
Bricolleuse de tapisserie.
Croqueuse de noix.
Embaumeuse de printemps.
Ca serait dommage que tout cela disparaisse…..naturellement ou pas!
La féminisation systématique des noms de fonctions et de professions a tendance à me hérisser le poil et surtout les oreilles. Je trouve que parfois elle revêt un côté péjoratif alors que la dénomination « Madame Le … » possède un je-ne-sais-quoi de charmant.
Je voudrais préciser que, dans la liste qui nous est proposée, le mot « préfète » existe déjà et le mot « chercheuse » également à substituer à « chercheure »
Mais comme le disent ces Messieurs-Dames en habit vert : laissons les choses se faire naturellement. Le bon sens tranchera
Eh oui, Françoise, encore votre solide bon sens… je vous reconnais bien là et vous approuve. Un jour, un correcteur à Marie-Claire avait soigneusement transformé en « préfète » tous mes substantifs qui désignaient Bernadette Malgron, la première femme préfet de région et une personnalité énergique. J’ai eu honte que mon article la ravale au simple rang de femme de préfet par ignorance -ou pire, par rouerie-.
Je pense tout simplement que nous ne sommes pas habitués à utiliser ces féminins. En tout cas ils ont du mal à s’imposer dans mon langage.
Et personnellement, je n’ai pas très envie de devenir écri…vaine !!!
Je ne suis pas sûr que de dire une auteure ça élève le débat, mais bon sang que le langue français aime se compliquer le vie ! 😉