Il avait déjà éprouvé de la pitié envers eux, surtout au début. Ils étaient parfois si jeunes. On devinait parfois dans leurs yeux plus que de la peur, de l’angoisse.
Même les plus farauds qui vous narguaient du regard où se livraient à des plaisanteries qui ne faisaient rire qu’eux-mêmes ne pouvaient lui dissimuler leur anxiété.
Très souvent, une fois allongés comme pour leur dernier sommeil, il percevait leurs derniers tremblements alors que ses aides leur entravaient pieds et mains.
Alors, ils s’enfermaient dans le silence, et fermaient leurs paupiéres avant de hurler une dernière fois le nom d’une mère, d’une femme aimée ou d’une cause sacrée.
Et puis il y avait deux souffles et le second était leur dernier.
Mais jamais leurs dernières paroles n’étaient adressées à lui Samson, bourreau de Paris.
Et puis, il y eût ce jour. C’était Elle. Malgré les ans et le chagrin des souvenirs, il la reconnût tout de suite. Elle avait gardé sa beauté qui avait perdu un Roi et brisé sa vie à lui. Ses magnifiques yeux bleus voilés par les larmes et la peur brillèrent un moment à sa vue.
Sa voix aussi musicale qu’au premier jour murmura, comme étouffée :
– Bonjour, Charles.
Son prénom ! Elle s’en souvenait.
Alors, il écarta ses assistants et lui entrava lui-même avec une douceur infinie pieds et mains.
— Encor un instant, mon ami.
Doucement, il prît un linge, le trempa dans l’eau et lui en caressa le visage comme il aurait tant aimé le faire autrefois.
— Merci, Charles…
Cela faisait tant d’années qu’il attendait ce Merci Et voilà qu’il venait de la bouche dont il aurait aimé entendre tant d’autres choses…
— Au revoir, Jeanne.
Il n y ’eût pas même un cri, juste un léger courant d’air.
(Jeanne, comtesse du Barry fût exécutée le 19 août 1793 ; On murmura que la douceur avec laquelle le bourreau Sanson la traita était du à ce qu’il fût dans sa jeunesse l’un de ses soupirants. Charles Sanson mourût en 1806).
Cette chronique et ce simple mot MERCI semble avoir libérer les vieilles « souffrances » de l’enfance de ceux ou celles de la génération des enfants « d’après-guerre », qui ont probablement mon âge, ou s’en approche.
C’est vrai que la vie était difficile pour les enfants que nous étions à cette époque-là : long trajet pour aller à l’école, à pied, dans le froid et souvent la nuit, l’hiver, par exemple. Bien sûr, nous avons tous connu le martinet de la mère ou la ceinture du père. Nous avons aussi tous connu le « Merci Qui ? …Merci mon chien… Non Merci Maman !
Mais tout ça est loin, ne devrait-on pas l’enterrer ?
Nos parents nous ont élevés comme ils avaient été eux-mêmes élevés ! Sans doute, j’en suis persuadée dans des conditions nettement plus difficiles pour eux.
Chaque époque avait sa manière de faire.
Le « je vais te dresser » typique de mon père se transforma au fil des années par un « je t’ai mal dressée » ! Cette phrase lui venait tout naturellement jusqu’à ce que mon mari le remette un jour vertement à sa place. Lui dressait « ses enfants », comme … son chien (le nôtre s’appelait Touki), moi j’ai essayé « d’élever » les miens, en tentant d’améliorer les codes reçus.
J’ai transformé pour mes enfants et mes petits enfants le « Merci mon chien » en « Et le mot magique ! » qui les amusait beaucoup et le disaient souvent eux-mêmes à la place dans un éclat de rire :
« Maman, je te dis le mot magique »
Je ne pense pas toutefois qu’apprendre à un enfant à dire ces simples mots « S’IL TE PLAIT » ? puis « MERCI » soit une chose traumatisante pour ces chères têtes blondes ou brunes ou rousses, comme vous les avez. Mais il s’agit seulement de leur apprendre les codes de la vie en société.
Le « Merci mon chien » nous amusait beaucoup ma sœur et moi. Nous l’entendions aussi dire par les parents de nos amis, c’était la phrase du temps.
Par contre, je le maintiens encore, moi je tiens à ces mots magiques qui ne traumatisent personne, mais qui ouvrent bien des portes.
Si j’ai bien des choses à reprocher à mes parents, ce n’est pas ce mot-là qui me dérange… mais je suis sidérée que certains de mes petits enfants… et surtout de leurs parents (qui sont pour la moitié nos enfants tout de même) que nous avons dû probablement traumatiser avec le mot magique) ne se rappellent pas que ce mot existe et considèrent comme tout à fait obligatoire que nous soyons à leur totale disposition, et râlent lorsque par hasard nous nous excusons de ne pas pouvoir accéder à leur demande, ou plutôt à leur caprice.
J’ai vraiment peur pour cette future génération « d’enfant-roi » qui arrive.
Cette chronique de Pascal ne va pourtant pas se transformer en chronique psychologique ou tout le monde déverse ses vieilles souffrances.
Oublions tout çà et je donne une mention spéciale à Catherine, Laurence et Clémence pour leurs beaux textes. Laissons dormir au fond de nous nos vieilles rancœurs, car nos propres enfants, et les leurs également, pourraient avoir eux aussi très probablement des choses à écrire sur ce qu’ils n’ont pas aimé dans leur enfance.
À bientôt pour la prochaine proposition de Pascal.
Henriette
Merci Henriette,
Pour ma part, je suis trop honnête pour être polie
La politesse est bien souvent un signe d’hypocrisie codifiée par l’éducation ou la société.
Laissons parler notre coeur.
Et dire qu’il ma fallu écrire tout un roman pour me libérer. Vous, en quelques lignes, vous êtes parvenue à sortir toute votre colère. Une petite différence, notre père ne nous a jamais frappés et c’est notre mère qui s’en donnait à cœur joie avec le martinet, ses sarcasmes, ses humiliations, ses interdictions pendant qu’il était au travail. Devant lui, elle jouait à la gentille maman. Et c’est bien vrai, finalement, qu’elles sont bien à plaindre ses mères exemplaires qui nous ont tant désirés ! Nous avons été des entraves pour elles et elles nous l’ont fait payer beaucoup, beaucoup trop cher. Ce qui est étonnant c’est que ces « saintes » ne se remettront jamais en question et vous l’avez très bien exprimé. Ma génitrice se demande pourquoi j’ai eu le culot de couper les ponts après tout ce qu’elle a fait pour moi.
Mille fois « Bravo » Martine.
Amicalement. Fanny
C’est certain, il faudrait tout un roman, pour raconter. Car les coup de martinet et les coups bas pendant que papa était au travail, j’ai connu aussi.
Mais je viens de remarquer quelque chose : dans la vie je tutoie ma mère. Et dans ce texte je l’ai vouvoyé sans m’en apercevoir..
Ça ne m’étonne pas. Si tu veux on peut en parler en privé.
Mon témoignage « dérangeant » fut un exutoire et je me suis décidée à le publier car je me suis dit que s’il pouvait aider ne serait-ce qu’une seule personne à ne pas culpabiliser alors j’aurais atteint mon but. (c’est déjà le cas).
Amicalement. Fanny dumondf@hotmail.fr
J’étais arrivée un peu plus tôt que d’habitude. Elle n’avait pas encore enlevé son tablier. Elle discutait avec sa voisine par-dessus la clôture. Elle ne m’a pas entendu arriver.
— Oui, madame Duchamp, c’est ingrat les enfants. Nous on s’est saigné pour nos filles. Vous vous rendez compte, j’ai eu la première, Martine, à dix-sept ans. Ca a gâché ma jeunesse. J’ai dû arrêter l’usine, et mon mari ne gagnait pas tant que ça. Il a fallu se priver. Mais elles n’ont jamais manqué de rien. Une fois je me suis privée même d’une jupe neuve pour qu’elles aient des chaussures. Parfois je faisais des ménages chez le docteur pour payer les travaux de la maison. Parce qu’elles avaient même une chambre. Et on les a bien éduquées. Elles sont allées à l’école et elles ont eu leur bac toutes les deux. Aujourd’hui elles sont bien polies. Et puis elles allaient en colonie. Et mercredi dernier Martine m’a dit qu’elle ne viendrait plus manger qu’un dimanche sur deux ! Mon mari n’est pas content. Ah oui, c’est bien ingrat les enfants…
Je suis retournée à la barrière, et j’ai crié, souriante, mon bouquet de fleurs à la main:
— Coucou, c’est moi !
Comme si je venais d’arriver.
Nous avons mangé du lapin à la moutarde.
Que croyez-vous, ma mère ? Vous m’avez mise au monde et vous m’avez éduquée. Soit. Faut-il que je vous dise merci chaque jour ? Alors comme d’habitude, je vais vous obéir. Je vais vous remercier.
Vous remercier pour l’amour que vous ne m’avez pas donné. Vous remercier pour la méchanceté dont vous faisiez preuve quotidiennement. Pour les hivers en pension, pour les étés en colonie. Pourvu qu’on soit loin de la maison. Je vais vous demander pardon d’avoir gâché votre jeunesse, comme si vous n’aviez pas gâché la mienne. Cependant je dois reconnaître que vous avez souvent été généreuse : en humiliations et en fessées, que vous faisiez donner par notre père, d’ailleurs.
Je vous plains de tout mon coeur, ma mère. Ma venue au monde a dû vous sembler bien pénible. Alors merci. Sincèrement, merci pour toutes ces années que vous m’avez sacrifiées.
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci.Mais pas n’importe quel merci,celui que, depuis plusieurs générations de bâtards hasardeux au service de ces fermiers, en bon corniauds utiles, ils espéraient.
Combien de fois Médor,l’arrière grand’père,couché près de son maître dans la cuisine,avait-il entendu cette phrase :
» Tiens, voilà ton lait disait la mère
– merci,répondait l’enfant
– merci qui? Merci mon chien?
Médor frétillait de la queue, dressait une oreille, en attente, mais :
– merci maman »
L’animal reposait son museau sur ses pattes en soupirant.
Son fils Ricky avait lui aussi servi fidèlement ses propriétaires,entendu l’échange entre enfants et mères, mais le merci était toujours adressé à cette dernière,rien pour le cabot.
Très vieux,quasi aveugle,Ricky s’était éteint,remplacé par un de ses petits, joyeux rondouillard court sur pattes, baptisé Bouboule.
Mais déjà les jeunes parents devenaient moins pointilleux sur la politesse,les gamins prenaient leur bol de céréales en silence.
Devant cet état de fait Jason,issu de Bouboule,un costaud au poil hirsute, n’attendait plus rien.
A cette génération , la mère de famille travaillant, sa propre mère venait s’occuper des petits derniers.
Ce matin, ils étaient en vacances, elle avait préparé des crêpes. Ils se servirent sans rien dire.
– Qu’est-ce qu’on dit ? leur rappela-t-elle
– merci
– merci qui,merci mon chien ? plaisanta l’aïeule
Les enfants,ravis de cette drôle d’expression qu’ils n’avaient jamais entendu, se penchèrent en riant vers Jason, lui caressèrent la tête en criant :
– Oui!!! Merci mon chien !!!
Très jolie histoire Nadine
Elle me ramène à mon enfance. « Merci mon chien », combien bien de fois entendu à la maison !
Et, encore plus fort, notre chien s’appelait Bouboule, je pense à lui très souvent
C’est vous dire si votre texte me touche.
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci. Pas n’importe quel merci…
Vlan, la porte claqua derrière moi et je fus précipité comme un malpropre dans le compartiment. Je n’étais pas très reluisant et me fis donc très discret. J’attendis patiemment que mon cœur cessa de battre la chamade et que ma transpiration cessa de m’inonder. Après quelques minutes, je me sentis un peu mieux. Cependant, c’était sans compter sur la présence de mes voisins. Ils n’étaient, pas plus que moi, en odeur de sainteté. Et, curieusement, ce fut ce constat qui me permit d’engager discrètement la conversation.
Poussant mon voisin du coude, je lui demandai :
– Que vous est-il arrivé pour être dans un tel état ?
– Ah, mon cher ami, mon histoire est tellement longue et me donne tant de chagrin que je ne tiens pas à vous en faire part…
Sans être refroidi par cette réponse, je posai une question silencieuse à mon autre voisin en levant mon nez et mon menton vers lui…
– Et vous ? Une triste et longue histoire aussi ?
– En quelle que sorte, oui, j’en ai tellement bavé avec les coups bas et les crasses qu’on m’a faits ! Je me fais encore honte et je ne voudrais pas vous offenser, vous me semblez encore si vulnérable.
Je le remerciai avec un pauvre sourire…
Un voisin de mon voisin roulait des yeux pareil à des billes de charbon. Je sentais qu’il avait envie de prendre part à cette espèce de monologue collectif…
– Et vous, voulez-vous me conter vos malheurs ?
– Mon pauvre ami, avez-vous entendu le triste sort de nos confrères ? Sachez que je n’ai guère été mieux loti qu’eux… jeté comme un malpropre après de bons et loyaux services…
Après ces confidences, à demi-mots et à mots couverts, en huis clos, je me sentais de plus en plus mal, quasi défaillant. Était-ce la conséquence des malheurs suggérés ou de mon état nauséeux, je ne sais, mais un fait est certain , l’ambiance se détériora franchement.
Après un silence aussi long qu’une nuit sans lune, un murmure naquit, s’amplifia et tout à coup, éclata en un tir continu de doléances, des hauts cris dénonçant les scandales de l’incivilité de la société d’aujourd’hui, les manques de reconnaissance et de gratitude…
Aussi vite cette colère avait grondé et enflé, aussi vite elle se tut et s’étala, inerte…
Vaincus, nous l’étions tous…au rebut sans un merci…
La porte claqua plusieurs fois d’affilée laissant une légère odeur de violette, d’herbe fraîche et d’agrumes s’engouffrer.
A contre jour, je la vis se pincer les narines en murmurant :
– Franchement, me faire jeter ainsi, c’est pas possible… moi qui..
Un gros sanglot l’empêcha d’aller plus loin, elle s’épongea quelques larmes qui ne pesaient plus une seule once de bonheur.
Ensuite, ce fut au tour d’un bout de nez tout rouge qui rejoignit la troupe en claironnant…
– Scandale, scandale, me faire ça à moi… moi qui….
La bouche pincée, plus un seul mot ne filtra entre les lèvres carmin.
Je crus rêver lorsque le phénomène précédent se reproduisit : un murmure, des doléances, des cris de colères… puis le retour au calme .
N’y tenant plus, je décidai qu’il était temps d’organiser une table ronde et d’échanger nos vécus et nos expériences respectives afin de faire émerger une stratégie.
Les résultats furent édifiants : que ce fut dans une situation gratifiante ou, au contraire, dans une situation avilissante, nous étions jetés comme des malpropres !
Une stratégie fut trouvée et adoptée à l’unisson.
Nous nous associâmes sous l’acronyme « MERCI » et signâmes un projet de loi.
Avec tous les adhérents, dont le nombre croissait à vue d’œil, telle une boule de neige avalant tout sur son passage, nous nous rendîmes à L’Assemblée Générale des Presses Réunies.
Nous exigeâmes que cette mention spéciale figure sur nos demeures respectives.
« Un merci ne peut nuire à votre santé. »
Signé : Les Mouchoirs En Réelle Cellulose Intégrale.
J’ai aimé ce texte, malgré quelques lieux communs (nuit sans lune, demi-mot)
et l’odeur de sainteté qui suit la transpiration
Je n’ai pas compris pourquoi ils se retrouvent dans un compartiment, peut-être un licenciement au sein de la SNCF?
Ce qui m’a plu surtout, c’est l’analyse des conséquences, et non des causes du REMERCIEMENT de toutes ces personnes
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci. Pas n’importe quel merci, pas la formule de politesse dont on use pour remercier (accompagné parfois de grand ou de mille- Merci de vous être dérangé. Mille mercis pour votre aide-). Non, ce qu’ils avaient donné six ans auparavant méritait une autre forme de gratitude.
Elle était arrivé en larmes un matin d’avril alors que les premières tulipes tâchaient d’un sang vermeil les plates-bandes du jardin de curé dont ils étaient si fiers.
Gloria, en train de frire les œufs du petit-déjeuner avait sursauté lorsque sa sœur avait fait irruption au milieu de la cuisine alors qu’il n’était pas neuf heures du matin. Max, comme toujours, n’avait posé aucune question, se contentant de remplir jusqu’au bord, un mug de ce café noir dont il avait le secret.
Le grésillement des œufs en train de frire dans la poêle, leur fumet un peu écoeurant qui s’échappait par la porte-fenêtre ouverte sur le jardin, les reniflements de Laura qui, entre deux sanglots, tentaient de raconter la perte subie à cinq mois de grossesse et l’impossibilité pour elle d’enfanter à nouveau, tout cela semblait dater d’hier seulement…
Gloria avait offert son ventre comme on offre une place vacante dans son véhicule pour aller d’un point à un autre.
La transaction s’était faite tacitement, sans contrat. Entre sœurs, à quoi bon.
L’enfant avait aujourd’hui cinq ans. Leur neveu.
Un neveu qui possédait le sourire rêveur de sa tante et le teint mat de son oncle et qui se révélait le duplicata de ses cousins de quelques années ses aînés.
Laura n’était jamais revenue sur cette accommodement. Elle avait le fils dont elle avait toujours rêvé, elle et son mari avaient réussi dans la vie, d’ailleurs Tom muté à l’étranger, tous trois allaient s’établir en Californie, la vie n’était-elle pas merveilleuse ?
Gloria et Max n’avaient fait aucun commentaire au récit de ce nouveau bonheur. Ils auraient pu être heureux pour ce trio si chanceux. Si seulement… Si seulement un seul petit mot avait été prononcé. Un mot qui n’aurait pas écorché la bouche de celle qui l’aurait prononcé.
Mais c’était sans doute, trop demander.
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci. Pas n’importe quel merci…
Ils avaient créé des confusions, des erreurs grossières, des contre-sens parfois très drôles, mais ils avaient permis à tous ces gens de plume de créer des nouveaux mots, des jeux phonétiques. Ils attendaient un clin d’oeil, ouvert ou fermé, tonique ou pas, une distribution plus ou moins irrationnelle. Provoquer de nouvelles batailles , voilà qui les réjouirait comme remerciement !! on les rassembla pour le circonflexe, inflexion gracieuse qui les entraîna dans d’étonnants amuïssements ….
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci. Pas n’importe quel merci…
M.E.R.C.I. ?
Mais qu’est-ce qu’il leur prend ? Que veut donc dire ce mot ? Il doit faire partie des vieux mots oubliés. Il ne vient à l’idée de personne de dire saperlipopette, ou billevesée, ou bigre, diantre, parbleu, sacrebleu ou tudieu… ! Ce sont de vrais hurluberlus ces deux-là ?
Pourtant ils en auraient mérité des « MERCIS » !
Merci pour le linge que tu m’as gentiment repassé,
Merci pour les belles vacances que vous avez permis à nos enfants de passer,
Merci pour les services que tu nous rends,
Merci pour le chèque (j’exagère, là il y en a eu un petit, discret, timide, juste prononcé avec presque la pensée en arrière fond : ils essaient de m’acheter, mais je ne me laisserais pas faire !)
Merci, merci pour, merci pour…
Non, en fait, ce n’est même pas un tel merci qu’ils attendent, car ils pensent qu’ils ont raté un virage dans l’éducation donnée à leurs petits, celui de ne pas leur avoir fait comprendre que l’on ne vit pas seulement avec l’air du temps, celui ou l’enfant est roi, celui ou tout est dû, tout est normal et où l’on n’en a jamais assez !
Non, ce n’est pas un merci prononcé avec la bouche, ce n’est pas le son qu’ils veulent entendre, d’ailleurs, ils entendent mal, il faut crier fort et avouez que hurler MERCI à travers le salon cela fait un peu grotesque !
Non, c’est un merci silencieux, muet, un sourire, un merci dans les yeux, le regard, le geste, un merci qui vient du cœur.
Une présence, une visite sans motif, pas pour l’obligation, juste pour prendre des nouvelles et s’inquiéter peut-être des besoins.
Ce merci-là vaut de l’or, tous les mercis du monde.
Ce merci-là rembourse de tous les instants de la vie, de celle que l’on a donnée pour commencer, même s’ils considèrent que sur ce sujet-là ils n’ont rien demandé, et que peut-être on aurait dû… !
Fichtre ! se disent-ils en riant : « Nous ne sommes plus des tendrons valétudinaires, mais nous ne manquons pas de sémillance » ! Là, on va leur traduire avec leur langage, peut-être encore trop vieux pour eux : (nous n’avons pas la patate, mais nous avons au moins de la jugeote). Les temps ont changé, les malheureux, ils courent toute la journée tant est si bien qu’ils n’ont plus le temps d’écrire les mots en entier et doivent utiliser des textos incompréhensibles avec une rapidité déconcertante. Alors pas de rodomontade, le MERCI, ils l’auront sans doute à la Saint-frusquin !
C’est tellement vrai ! Chaque mot est pesé, juste. Que de résonance en moi ce texte qui touche ma sensibilité à fleur de peau, en ce moment. Mais bon, la roue tourne. Amicalement. Fanny
Cela faisait des années
Qu’ils attendaient un merci
Pas n’importe quel merci
Pas celui de Valérie
Car il est momentané
…ET ELLE, ELLE ATTEND SON HEURE…
Cela faisait quatre mois
Qu’ils attendaient un bébé
Pas n’importe quel bébé
Un poupon, un nouveau-né
Leur cher petit enfant-roi
…ET PAS N’IMPORTE QUELLE HEURE…
Cela faisait des semaines
Qu’ils attendaient un signe
Pas n’importe quel signe
Un indice entre les lignes
Une indication certaine
…S’IL Y A 24 HEURES…
Cela faisait quinze jours
Qu’ils attendaient un peu
Pas n’importe quel peu
Peu importe, depuis peu
Pour eux, ça faisait beaucoup
…ELLE A CHOISI 16 HEURES…
Cela faisait des secondes
Qu’ils attendaient un instant
Pas n’importe quel instant
L’imminence du présent
Pour une œuvre féconde
… PARCE QU’ELLE EST POETE A SES HEURES.
Cela fait des années qu’elles attendent un Merci
Pas n’importe quel merci, tout petit, riquiqui,
Prononcé du bout des lèvres avec une pointe de mépris.
Pas non plus de la dévotion avec courbettes et compagnie
Non, une vraie reconnaissance, sans démagogie.
C’est surtout l’été qui en veut à la terre entière
Tu te rends compte, si je n’existais pas,
Plus de barbecues ni de bains de mer,
De nuits torrrrrides sous la moustiquaire
Quelle misère !
Mais l’hiver n’est pas en reste de récriminations
Arguant que les enfants sont bien ingrats
De ne pas savoir apprécier les moments privilégiés
Qu’il s’évertue, chaque année, à leur procurer.
Qui donc est plus généreux que lui
Quand, en décembre, il s’acoquine avec l’homme en rouge
Pour réaliser des rêves souvent ourdis depuis très longtemps ?
Et moi donc, susurre le printemps
Qui me remercie pour la douceur de l’air,
Les forsythias, les jonquilles et les primevères,
Les soirées interminables passées autour d’un verre ?
L’automne ose à peine s’immiscer dans la conversation
Il sait que son temps ne suscite pas de passion
Et pourtant toutes ces couleurs chamarrées
De l’or, du brun, des verts, des orangés,
Il n’y a que lui qui les offre à profusion
Régalez-vous les yeux, Mesdames et Messieurs
Cela ne va pas durer, il faut en profiter
Allez, encore un peu, remplissez vos mirettes
Avant qu’elles ne prennent la poudre d’escampette …
Vont-elles attendre encore longtemps les 4 saisons
A part Vivaldi, qui va leur dire Merci ?
Tercets gagnants
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci.
Pas n’importe quel merci…
Mais un merci en poésie…
Sur le Général La Fayette,
Elle le sait, Elisabeth,
Que l’Amérique lui fait fête
Mais qu’elle a bien payé sa dette.
Ma galerie d’hommes illustres
Sans femme aurait manqué de lustre.
C’eût été se conduire en rustre
Habitant de cité lacustre,
D’oublier de les illustrer
Par des quatrains, par des tercets
Et des quintiles, sans forcer !
De ce plaisir, je ne vous frustre.
Lauren Bacall est un regard
Sur un gars, posé avec art.
Ce beau gars s’appelait Bogart.
Liselotte sait qu’Aristote
De la catharsis est l’apôtre
Et qu’Alexandre fut son prote.
Mélissande lit George Sand
De La Mare au diable et des landes.
Rien sur ses amours, il me semble…
Si tu danses avec Mandela,
Angela !
C’est que l’Afrique, tu l’as là,
Angela !
Tu sais quel avenir elle a !
Connais-tu, Chère Jacqueline
L’Impératrice Catherine ?
De la Russie, c’est la Tsarine !
Et je la préfère à Staline !
Ta Laitière, mon cher Vermeer
C’est elle que Robert préfère !
Celle de la publicité,
Copiée, hélas, par Nestlé !
Marie Gouze, Olympe de Gouges,
Tu agitais le chiffon rouge !
Tous ceux qui t’ont coupé la gorge
Voulaient aussi guillotiner
Droits de la femme et parité.
Sais-tu, Hubert, que Gutemberg
Etait homme de caractère !
Bon pied, bon œil, et puis du cran
Il fit bonne impression en grand !
Marie Curie, mon cher Henri,
Est une femme rayonnante,
Deux fois Nobel ! Et étonnante,
Car donnant son nom au Curie.
« Il faudrait laisser Lucie faire ! »
Lucie répète cette scie.
Mais chacun le sait bien aussi :
Ce pur génie visionnaire
En sciant sciemment devint scie !
Elle s’appelait Emilie
Du Châtelet. C’est un génie
Des Lettres et de l’Infini…
Tire la langue, Albert Einstein !
Tu es la relativité !
Que ton humour jamais n’atteigne
A ton centre de gravité !
Vous tous, Louise ou bien Michel
Vous pouvez être fiers de celle
Que Vierge Rouge, on appelle !
Sais-tu, Marius, que Confucius
Fut un sage puissance plus !
Son Honnête Homme, son Junzi
Etait un adepte du Li !
Et c’est ainsi que se finit
Ma personnelle académie,
Ma façon de dire merci !
J’ai respecté la parité…
Presque, car quinze est sans moitié !
Bel hommage, en vérité
même si, je dois l’avouer
je n’ai pas tout de suite capté
le sujet de ce récit
ce matin, je l’ai repris
et l’ai bu jusqu’à la lie
Il faut parfois insisté
pour être récompensé
et ne pas passer à coté
de mercis aussi jolis
de parfaite académie
de Monsieur Maître Jean-Louis
Merci, Laurence Noyer,
Tu as bien fait d’insister !
Je me suis bien amusé,
Perrat sait nous stimuler,
Avec ses sujets variés.
Ils font parfois remonter
Les souffrances du passé…
Moi, j’ai plutôt badiné,
Mais certains m’ont fait pleurer,
Avec les « Merci, mon chien…. »
Les mots qu’on met les maux
Guérissent bien des bobos
Et partager fait du bien…
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci.
Pas n’importe quel merci, non !
Certains leur reprochaient d’être nés sous une mauvaise étoile. Ils les avaient traqués, délogés, transportés tels des bestiaux dans des wagons plombés.
Ceux qui avaient résisté à la chaleur, au manque d’eau et de nourriture se voyaient séparés de leur famille, dépouillés de leurs biens et de leur humanité puis, comble du luxe, douchés.
Les plus robustes étaient épargnés et servaient de bêtes de somme aux Humains.
Peut-êtres suis-je hors sujet mais « Pas n’importe quel merci » m’a interpelée. J’ai fait des recherches et trouvé un autre sens plus ancien à merci.
Demander merci c’était demander grâce ou pitié.
Il est vrai que le sujet était un peu ardu cette fois-ci mais l’essentiel est de prendre du plaisir à se creuser les méninges.
« Un grand merci » pour votre commentaire qui fait chaud au cœur et je m’en vais de ce pas lire votre texte. Je suis en pleine plantations de fleurs dans ma campagne et n’ai pas eu le loisir de lire les textes de nos amis. Cordialement. Fanny
P.S. : Peut-être que Pascal pourra m’éclairer et me dire si je suis complètement à côté de la plaque (pour employer une expression passe-partout).
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Il avait déjà éprouvé de la pitié envers eux, surtout au début. Ils étaient parfois si jeunes. On devinait parfois dans leurs yeux plus que de la peur, de l’angoisse.
Même les plus farauds qui vous narguaient du regard où se livraient à des plaisanteries qui ne faisaient rire qu’eux-mêmes ne pouvaient lui dissimuler leur anxiété.
Très souvent, une fois allongés comme pour leur dernier sommeil, il percevait leurs derniers tremblements alors que ses aides leur entravaient pieds et mains.
Alors, ils s’enfermaient dans le silence, et fermaient leurs paupiéres avant de hurler une dernière fois le nom d’une mère, d’une femme aimée ou d’une cause sacrée.
Et puis il y avait deux souffles et le second était leur dernier.
Mais jamais leurs dernières paroles n’étaient adressées à lui Samson, bourreau de Paris.
Et puis, il y eût ce jour. C’était Elle. Malgré les ans et le chagrin des souvenirs, il la reconnût tout de suite. Elle avait gardé sa beauté qui avait perdu un Roi et brisé sa vie à lui. Ses magnifiques yeux bleus voilés par les larmes et la peur brillèrent un moment à sa vue.
Sa voix aussi musicale qu’au premier jour murmura, comme étouffée :
– Bonjour, Charles.
Son prénom ! Elle s’en souvenait.
Alors, il écarta ses assistants et lui entrava lui-même avec une douceur infinie pieds et mains.
— Encor un instant, mon ami.
Doucement, il prît un linge, le trempa dans l’eau et lui en caressa le visage comme il aurait tant aimé le faire autrefois.
— Merci, Charles…
Cela faisait tant d’années qu’il attendait ce Merci Et voilà qu’il venait de la bouche dont il aurait aimé entendre tant d’autres choses…
— Au revoir, Jeanne.
Il n y ’eût pas même un cri, juste un léger courant d’air.
(Jeanne, comtesse du Barry fût exécutée le 19 août 1793 ; On murmura que la douceur avec laquelle le bourreau Sanson la traita était du à ce qu’il fût dans sa jeunesse l’un de ses soupirants. Charles Sanson mourût en 1806).
Cette chronique et ce simple mot MERCI semble avoir libérer les vieilles « souffrances » de l’enfance de ceux ou celles de la génération des enfants « d’après-guerre », qui ont probablement mon âge, ou s’en approche.
C’est vrai que la vie était difficile pour les enfants que nous étions à cette époque-là : long trajet pour aller à l’école, à pied, dans le froid et souvent la nuit, l’hiver, par exemple. Bien sûr, nous avons tous connu le martinet de la mère ou la ceinture du père. Nous avons aussi tous connu le « Merci Qui ? …Merci mon chien… Non Merci Maman !
Mais tout ça est loin, ne devrait-on pas l’enterrer ?
Nos parents nous ont élevés comme ils avaient été eux-mêmes élevés ! Sans doute, j’en suis persuadée dans des conditions nettement plus difficiles pour eux.
Chaque époque avait sa manière de faire.
Le « je vais te dresser » typique de mon père se transforma au fil des années par un « je t’ai mal dressée » ! Cette phrase lui venait tout naturellement jusqu’à ce que mon mari le remette un jour vertement à sa place. Lui dressait « ses enfants », comme … son chien (le nôtre s’appelait Touki), moi j’ai essayé « d’élever » les miens, en tentant d’améliorer les codes reçus.
J’ai transformé pour mes enfants et mes petits enfants le « Merci mon chien » en « Et le mot magique ! » qui les amusait beaucoup et le disaient souvent eux-mêmes à la place dans un éclat de rire :
« Maman, je te dis le mot magique »
Je ne pense pas toutefois qu’apprendre à un enfant à dire ces simples mots « S’IL TE PLAIT » ? puis « MERCI » soit une chose traumatisante pour ces chères têtes blondes ou brunes ou rousses, comme vous les avez. Mais il s’agit seulement de leur apprendre les codes de la vie en société.
Le « Merci mon chien » nous amusait beaucoup ma sœur et moi. Nous l’entendions aussi dire par les parents de nos amis, c’était la phrase du temps.
Par contre, je le maintiens encore, moi je tiens à ces mots magiques qui ne traumatisent personne, mais qui ouvrent bien des portes.
Si j’ai bien des choses à reprocher à mes parents, ce n’est pas ce mot-là qui me dérange… mais je suis sidérée que certains de mes petits enfants… et surtout de leurs parents (qui sont pour la moitié nos enfants tout de même) que nous avons dû probablement traumatiser avec le mot magique) ne se rappellent pas que ce mot existe et considèrent comme tout à fait obligatoire que nous soyons à leur totale disposition, et râlent lorsque par hasard nous nous excusons de ne pas pouvoir accéder à leur demande, ou plutôt à leur caprice.
J’ai vraiment peur pour cette future génération « d’enfant-roi » qui arrive.
Cette chronique de Pascal ne va pourtant pas se transformer en chronique psychologique ou tout le monde déverse ses vieilles souffrances.
Oublions tout çà et je donne une mention spéciale à Catherine, Laurence et Clémence pour leurs beaux textes. Laissons dormir au fond de nous nos vieilles rancœurs, car nos propres enfants, et les leurs également, pourraient avoir eux aussi très probablement des choses à écrire sur ce qu’ils n’ont pas aimé dans leur enfance.
À bientôt pour la prochaine proposition de Pascal.
Henriette
Merci Henriette,
Pour ma part, je suis trop honnête pour être polie
La politesse est bien souvent un signe d’hypocrisie codifiée par l’éducation ou la société.
Laissons parler notre coeur.
Et dire qu’il ma fallu écrire tout un roman pour me libérer. Vous, en quelques lignes, vous êtes parvenue à sortir toute votre colère. Une petite différence, notre père ne nous a jamais frappés et c’est notre mère qui s’en donnait à cœur joie avec le martinet, ses sarcasmes, ses humiliations, ses interdictions pendant qu’il était au travail. Devant lui, elle jouait à la gentille maman. Et c’est bien vrai, finalement, qu’elles sont bien à plaindre ses mères exemplaires qui nous ont tant désirés ! Nous avons été des entraves pour elles et elles nous l’ont fait payer beaucoup, beaucoup trop cher. Ce qui est étonnant c’est que ces « saintes » ne se remettront jamais en question et vous l’avez très bien exprimé. Ma génitrice se demande pourquoi j’ai eu le culot de couper les ponts après tout ce qu’elle a fait pour moi.
Mille fois « Bravo » Martine.
Amicalement. Fanny
Merci Fanny.
C’est certain, il faudrait tout un roman, pour raconter. Car les coup de martinet et les coups bas pendant que papa était au travail, j’ai connu aussi.
Mais je viens de remarquer quelque chose : dans la vie je tutoie ma mère. Et dans ce texte je l’ai vouvoyé sans m’en apercevoir..
Ça ne m’étonne pas. Si tu veux on peut en parler en privé.
Mon témoignage « dérangeant » fut un exutoire et je me suis décidée à le publier car je me suis dit que s’il pouvait aider ne serait-ce qu’une seule personne à ne pas culpabiliser alors j’aurais atteint mon but. (c’est déjà le cas).
Amicalement. Fanny
dumondf@hotmail.fr
Ça me rappelle quelque chose de vécu…
J’étais arrivée un peu plus tôt que d’habitude. Elle n’avait pas encore enlevé son tablier. Elle discutait avec sa voisine par-dessus la clôture. Elle ne m’a pas entendu arriver.
— Oui, madame Duchamp, c’est ingrat les enfants. Nous on s’est saigné pour nos filles. Vous vous rendez compte, j’ai eu la première, Martine, à dix-sept ans. Ca a gâché ma jeunesse. J’ai dû arrêter l’usine, et mon mari ne gagnait pas tant que ça. Il a fallu se priver. Mais elles n’ont jamais manqué de rien. Une fois je me suis privée même d’une jupe neuve pour qu’elles aient des chaussures. Parfois je faisais des ménages chez le docteur pour payer les travaux de la maison. Parce qu’elles avaient même une chambre. Et on les a bien éduquées. Elles sont allées à l’école et elles ont eu leur bac toutes les deux. Aujourd’hui elles sont bien polies. Et puis elles allaient en colonie. Et mercredi dernier Martine m’a dit qu’elle ne viendrait plus manger qu’un dimanche sur deux ! Mon mari n’est pas content. Ah oui, c’est bien ingrat les enfants…
Je suis retournée à la barrière, et j’ai crié, souriante, mon bouquet de fleurs à la main:
— Coucou, c’est moi !
Comme si je venais d’arriver.
Nous avons mangé du lapin à la moutarde.
Que croyez-vous, ma mère ? Vous m’avez mise au monde et vous m’avez éduquée. Soit. Faut-il que je vous dise merci chaque jour ? Alors comme d’habitude, je vais vous obéir. Je vais vous remercier.
Vous remercier pour l’amour que vous ne m’avez pas donné. Vous remercier pour la méchanceté dont vous faisiez preuve quotidiennement. Pour les hivers en pension, pour les étés en colonie. Pourvu qu’on soit loin de la maison. Je vais vous demander pardon d’avoir gâché votre jeunesse, comme si vous n’aviez pas gâché la mienne. Cependant je dois reconnaître que vous avez souvent été généreuse : en humiliations et en fessées, que vous faisiez donner par notre père, d’ailleurs.
Je vous plains de tout mon coeur, ma mère. Ma venue au monde a dû vous sembler bien pénible. Alors merci. Sincèrement, merci pour toutes ces années que vous m’avez sacrifiées.
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci.Mais pas n’importe quel merci,celui que, depuis plusieurs générations de bâtards hasardeux au service de ces fermiers, en bon corniauds utiles, ils espéraient.
Combien de fois Médor,l’arrière grand’père,couché près de son maître dans la cuisine,avait-il entendu cette phrase :
» Tiens, voilà ton lait disait la mère
– merci,répondait l’enfant
– merci qui? Merci mon chien?
Médor frétillait de la queue, dressait une oreille, en attente, mais :
– merci maman »
L’animal reposait son museau sur ses pattes en soupirant.
Son fils Ricky avait lui aussi servi fidèlement ses propriétaires,entendu l’échange entre enfants et mères, mais le merci était toujours adressé à cette dernière,rien pour le cabot.
Très vieux,quasi aveugle,Ricky s’était éteint,remplacé par un de ses petits, joyeux rondouillard court sur pattes, baptisé Bouboule.
Mais déjà les jeunes parents devenaient moins pointilleux sur la politesse,les gamins prenaient leur bol de céréales en silence.
Devant cet état de fait Jason,issu de Bouboule,un costaud au poil hirsute, n’attendait plus rien.
A cette génération , la mère de famille travaillant, sa propre mère venait s’occuper des petits derniers.
Ce matin, ils étaient en vacances, elle avait préparé des crêpes. Ils se servirent sans rien dire.
– Qu’est-ce qu’on dit ? leur rappela-t-elle
– merci
– merci qui,merci mon chien ? plaisanta l’aïeule
Les enfants,ravis de cette drôle d’expression qu’ils n’avaient jamais entendu, se penchèrent en riant vers Jason, lui caressèrent la tête en criant :
– Oui!!! Merci mon chien !!!
Quand l’humour des enfants remet au goût du jour les « us et coutumes » de chez nous…
Une belle histoire à semer à tous les vents et sans modération!
Très jolie histoire Nadine
Elle me ramène à mon enfance. « Merci mon chien », combien bien de fois entendu à la maison !
Et, encore plus fort, notre chien s’appelait Bouboule, je pense à lui très souvent
C’est vous dire si votre texte me touche.
Amicalement
Pascal
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci. Pas n’importe quel merci…
Vlan, la porte claqua derrière moi et je fus précipité comme un malpropre dans le compartiment. Je n’étais pas très reluisant et me fis donc très discret. J’attendis patiemment que mon cœur cessa de battre la chamade et que ma transpiration cessa de m’inonder. Après quelques minutes, je me sentis un peu mieux. Cependant, c’était sans compter sur la présence de mes voisins. Ils n’étaient, pas plus que moi, en odeur de sainteté. Et, curieusement, ce fut ce constat qui me permit d’engager discrètement la conversation.
Poussant mon voisin du coude, je lui demandai :
– Que vous est-il arrivé pour être dans un tel état ?
– Ah, mon cher ami, mon histoire est tellement longue et me donne tant de chagrin que je ne tiens pas à vous en faire part…
Sans être refroidi par cette réponse, je posai une question silencieuse à mon autre voisin en levant mon nez et mon menton vers lui…
– Et vous ? Une triste et longue histoire aussi ?
– En quelle que sorte, oui, j’en ai tellement bavé avec les coups bas et les crasses qu’on m’a faits ! Je me fais encore honte et je ne voudrais pas vous offenser, vous me semblez encore si vulnérable.
Je le remerciai avec un pauvre sourire…
Un voisin de mon voisin roulait des yeux pareil à des billes de charbon. Je sentais qu’il avait envie de prendre part à cette espèce de monologue collectif…
– Et vous, voulez-vous me conter vos malheurs ?
– Mon pauvre ami, avez-vous entendu le triste sort de nos confrères ? Sachez que je n’ai guère été mieux loti qu’eux… jeté comme un malpropre après de bons et loyaux services…
Après ces confidences, à demi-mots et à mots couverts, en huis clos, je me sentais de plus en plus mal, quasi défaillant. Était-ce la conséquence des malheurs suggérés ou de mon état nauséeux, je ne sais, mais un fait est certain , l’ambiance se détériora franchement.
Après un silence aussi long qu’une nuit sans lune, un murmure naquit, s’amplifia et tout à coup, éclata en un tir continu de doléances, des hauts cris dénonçant les scandales de l’incivilité de la société d’aujourd’hui, les manques de reconnaissance et de gratitude…
Aussi vite cette colère avait grondé et enflé, aussi vite elle se tut et s’étala, inerte…
Vaincus, nous l’étions tous…au rebut sans un merci…
La porte claqua plusieurs fois d’affilée laissant une légère odeur de violette, d’herbe fraîche et d’agrumes s’engouffrer.
A contre jour, je la vis se pincer les narines en murmurant :
– Franchement, me faire jeter ainsi, c’est pas possible… moi qui..
Un gros sanglot l’empêcha d’aller plus loin, elle s’épongea quelques larmes qui ne pesaient plus une seule once de bonheur.
Ensuite, ce fut au tour d’un bout de nez tout rouge qui rejoignit la troupe en claironnant…
– Scandale, scandale, me faire ça à moi… moi qui….
La bouche pincée, plus un seul mot ne filtra entre les lèvres carmin.
Je crus rêver lorsque le phénomène précédent se reproduisit : un murmure, des doléances, des cris de colères… puis le retour au calme .
N’y tenant plus, je décidai qu’il était temps d’organiser une table ronde et d’échanger nos vécus et nos expériences respectives afin de faire émerger une stratégie.
Les résultats furent édifiants : que ce fut dans une situation gratifiante ou, au contraire, dans une situation avilissante, nous étions jetés comme des malpropres !
Une stratégie fut trouvée et adoptée à l’unisson.
Nous nous associâmes sous l’acronyme « MERCI » et signâmes un projet de loi.
Avec tous les adhérents, dont le nombre croissait à vue d’œil, telle une boule de neige avalant tout sur son passage, nous nous rendîmes à L’Assemblée Générale des Presses Réunies.
Nous exigeâmes que cette mention spéciale figure sur nos demeures respectives.
« Un merci ne peut nuire à votre santé. »
Signé : Les Mouchoirs En Réelle Cellulose Intégrale.
J’ai aimé ce texte, malgré quelques lieux communs (nuit sans lune, demi-mot)
et l’odeur de sainteté qui suit la transpiration
Je n’ai pas compris pourquoi ils se retrouvent dans un compartiment, peut-être un licenciement au sein de la SNCF?
Ce qui m’a plu surtout, c’est l’analyse des conséquences, et non des causes du REMERCIEMENT de toutes ces personnes
Désolée pour cette réponse tardive….
Qui sont-ils?
Leur identité est révélée dans la signature…
« Compartiment » n’est pas un terme exclusivement réservé à la SNCF. Ce terme est aussi utilisé dans d’autres domaines… dont le tri…
Eh oui, on donne toujours sans retour, mais quelquefois ça blesse, ce texte est très beau Miel, doux comme votre pseudo.
Henriette
Merci beaucoup pour ce petit commentaire, je lis également vos textes que j’apprécie…
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci. Pas n’importe quel merci, pas la formule de politesse dont on use pour remercier (accompagné parfois de grand ou de mille- Merci de vous être dérangé. Mille mercis pour votre aide-). Non, ce qu’ils avaient donné six ans auparavant méritait une autre forme de gratitude.
Elle était arrivé en larmes un matin d’avril alors que les premières tulipes tâchaient d’un sang vermeil les plates-bandes du jardin de curé dont ils étaient si fiers.
Gloria, en train de frire les œufs du petit-déjeuner avait sursauté lorsque sa sœur avait fait irruption au milieu de la cuisine alors qu’il n’était pas neuf heures du matin. Max, comme toujours, n’avait posé aucune question, se contentant de remplir jusqu’au bord, un mug de ce café noir dont il avait le secret.
Le grésillement des œufs en train de frire dans la poêle, leur fumet un peu écoeurant qui s’échappait par la porte-fenêtre ouverte sur le jardin, les reniflements de Laura qui, entre deux sanglots, tentaient de raconter la perte subie à cinq mois de grossesse et l’impossibilité pour elle d’enfanter à nouveau, tout cela semblait dater d’hier seulement…
Gloria avait offert son ventre comme on offre une place vacante dans son véhicule pour aller d’un point à un autre.
La transaction s’était faite tacitement, sans contrat. Entre sœurs, à quoi bon.
L’enfant avait aujourd’hui cinq ans. Leur neveu.
Un neveu qui possédait le sourire rêveur de sa tante et le teint mat de son oncle et qui se révélait le duplicata de ses cousins de quelques années ses aînés.
Laura n’était jamais revenue sur cette accommodement. Elle avait le fils dont elle avait toujours rêvé, elle et son mari avaient réussi dans la vie, d’ailleurs Tom muté à l’étranger, tous trois allaient s’établir en Californie, la vie n’était-elle pas merveilleuse ?
Gloria et Max n’avaient fait aucun commentaire au récit de ce nouveau bonheur. Ils auraient pu être heureux pour ce trio si chanceux. Si seulement… Si seulement un seul petit mot avait été prononcé. Un mot qui n’aurait pas écorché la bouche de celle qui l’aurait prononcé.
Mais c’était sans doute, trop demander.
Je trouve votre texte très beau et émouvant
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci. Pas n’importe quel merci…
Ils avaient créé des confusions, des erreurs grossières, des contre-sens parfois très drôles, mais ils avaient permis à tous ces gens de plume de créer des nouveaux mots, des jeux phonétiques. Ils attendaient un clin d’oeil, ouvert ou fermé, tonique ou pas, une distribution plus ou moins irrationnelle. Provoquer de nouvelles batailles , voilà qui les réjouirait comme remerciement !! on les rassembla pour le circonflexe, inflexion gracieuse qui les entraîna dans d’étonnants amuïssements ….
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci. Pas n’importe quel merci…
M.E.R.C.I. ?
Mais qu’est-ce qu’il leur prend ? Que veut donc dire ce mot ? Il doit faire partie des vieux mots oubliés. Il ne vient à l’idée de personne de dire saperlipopette, ou billevesée, ou bigre, diantre, parbleu, sacrebleu ou tudieu… ! Ce sont de vrais hurluberlus ces deux-là ?
Pourtant ils en auraient mérité des « MERCIS » !
Merci pour le linge que tu m’as gentiment repassé,
Merci pour les belles vacances que vous avez permis à nos enfants de passer,
Merci pour les services que tu nous rends,
Merci pour le chèque (j’exagère, là il y en a eu un petit, discret, timide, juste prononcé avec presque la pensée en arrière fond : ils essaient de m’acheter, mais je ne me laisserais pas faire !)
Merci, merci pour, merci pour…
Non, en fait, ce n’est même pas un tel merci qu’ils attendent, car ils pensent qu’ils ont raté un virage dans l’éducation donnée à leurs petits, celui de ne pas leur avoir fait comprendre que l’on ne vit pas seulement avec l’air du temps, celui ou l’enfant est roi, celui ou tout est dû, tout est normal et où l’on n’en a jamais assez !
Non, ce n’est pas un merci prononcé avec la bouche, ce n’est pas le son qu’ils veulent entendre, d’ailleurs, ils entendent mal, il faut crier fort et avouez que hurler MERCI à travers le salon cela fait un peu grotesque !
Non, c’est un merci silencieux, muet, un sourire, un merci dans les yeux, le regard, le geste, un merci qui vient du cœur.
Une présence, une visite sans motif, pas pour l’obligation, juste pour prendre des nouvelles et s’inquiéter peut-être des besoins.
Ce merci-là vaut de l’or, tous les mercis du monde.
Ce merci-là rembourse de tous les instants de la vie, de celle que l’on a donnée pour commencer, même s’ils considèrent que sur ce sujet-là ils n’ont rien demandé, et que peut-être on aurait dû… !
Fichtre ! se disent-ils en riant : « Nous ne sommes plus des tendrons valétudinaires, mais nous ne manquons pas de sémillance » ! Là, on va leur traduire avec leur langage, peut-être encore trop vieux pour eux : (nous n’avons pas la patate, mais nous avons au moins de la jugeote). Les temps ont changé, les malheureux, ils courent toute la journée tant est si bien qu’ils n’ont plus le temps d’écrire les mots en entier et doivent utiliser des textos incompréhensibles avec une rapidité déconcertante. Alors pas de rodomontade, le MERCI, ils l’auront sans doute à la Saint-frusquin !
Henriette
C’est tellement vrai ! Chaque mot est pesé, juste. Que de résonance en moi ce texte qui touche ma sensibilité à fleur de peau, en ce moment. Mais bon, la roue tourne. Amicalement. Fanny
Cela faisait des années
Qu’ils attendaient un merci
Pas n’importe quel merci
Pas celui de Valérie
Car il est momentané
…ET ELLE, ELLE ATTEND SON HEURE…
Cela faisait quatre mois
Qu’ils attendaient un bébé
Pas n’importe quel bébé
Un poupon, un nouveau-né
Leur cher petit enfant-roi
…ET PAS N’IMPORTE QUELLE HEURE…
Cela faisait des semaines
Qu’ils attendaient un signe
Pas n’importe quel signe
Un indice entre les lignes
Une indication certaine
…S’IL Y A 24 HEURES…
Cela faisait quinze jours
Qu’ils attendaient un peu
Pas n’importe quel peu
Peu importe, depuis peu
Pour eux, ça faisait beaucoup
…ELLE A CHOISI 16 HEURES…
Cela faisait des secondes
Qu’ils attendaient un instant
Pas n’importe quel instant
L’imminence du présent
Pour une œuvre féconde
… PARCE QU’ELLE EST POETE A SES HEURES.
Ingratitude
Cela fait des années qu’elles attendent un Merci
Pas n’importe quel merci, tout petit, riquiqui,
Prononcé du bout des lèvres avec une pointe de mépris.
Pas non plus de la dévotion avec courbettes et compagnie
Non, une vraie reconnaissance, sans démagogie.
C’est surtout l’été qui en veut à la terre entière
Tu te rends compte, si je n’existais pas,
Plus de barbecues ni de bains de mer,
De nuits torrrrrides sous la moustiquaire
Quelle misère !
Mais l’hiver n’est pas en reste de récriminations
Arguant que les enfants sont bien ingrats
De ne pas savoir apprécier les moments privilégiés
Qu’il s’évertue, chaque année, à leur procurer.
Qui donc est plus généreux que lui
Quand, en décembre, il s’acoquine avec l’homme en rouge
Pour réaliser des rêves souvent ourdis depuis très longtemps ?
Et moi donc, susurre le printemps
Qui me remercie pour la douceur de l’air,
Les forsythias, les jonquilles et les primevères,
Les soirées interminables passées autour d’un verre ?
L’automne ose à peine s’immiscer dans la conversation
Il sait que son temps ne suscite pas de passion
Et pourtant toutes ces couleurs chamarrées
De l’or, du brun, des verts, des orangés,
Il n’y a que lui qui les offre à profusion
Régalez-vous les yeux, Mesdames et Messieurs
Cela ne va pas durer, il faut en profiter
Allez, encore un peu, remplissez vos mirettes
Avant qu’elles ne prennent la poudre d’escampette …
Vont-elles attendre encore longtemps les 4 saisons
A part Vivaldi, qui va leur dire Merci ?
Beau texte, sortez les violons!
Tercets gagnants
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci.
Pas n’importe quel merci…
Mais un merci en poésie…
Sur le Général La Fayette,
Elle le sait, Elisabeth,
Que l’Amérique lui fait fête
Mais qu’elle a bien payé sa dette.
Ma galerie d’hommes illustres
Sans femme aurait manqué de lustre.
C’eût été se conduire en rustre
Habitant de cité lacustre,
D’oublier de les illustrer
Par des quatrains, par des tercets
Et des quintiles, sans forcer !
De ce plaisir, je ne vous frustre.
Lauren Bacall est un regard
Sur un gars, posé avec art.
Ce beau gars s’appelait Bogart.
Liselotte sait qu’Aristote
De la catharsis est l’apôtre
Et qu’Alexandre fut son prote.
Mélissande lit George Sand
De La Mare au diable et des landes.
Rien sur ses amours, il me semble…
Si tu danses avec Mandela,
Angela !
C’est que l’Afrique, tu l’as là,
Angela !
Tu sais quel avenir elle a !
Connais-tu, Chère Jacqueline
L’Impératrice Catherine ?
De la Russie, c’est la Tsarine !
Et je la préfère à Staline !
Ta Laitière, mon cher Vermeer
C’est elle que Robert préfère !
Celle de la publicité,
Copiée, hélas, par Nestlé !
Marie Gouze, Olympe de Gouges,
Tu agitais le chiffon rouge !
Tous ceux qui t’ont coupé la gorge
Voulaient aussi guillotiner
Droits de la femme et parité.
Sais-tu, Hubert, que Gutemberg
Etait homme de caractère !
Bon pied, bon œil, et puis du cran
Il fit bonne impression en grand !
Marie Curie, mon cher Henri,
Est une femme rayonnante,
Deux fois Nobel ! Et étonnante,
Car donnant son nom au Curie.
« Il faudrait laisser Lucie faire ! »
Lucie répète cette scie.
Mais chacun le sait bien aussi :
Ce pur génie visionnaire
En sciant sciemment devint scie !
Elle s’appelait Emilie
Du Châtelet. C’est un génie
Des Lettres et de l’Infini…
Tire la langue, Albert Einstein !
Tu es la relativité !
Que ton humour jamais n’atteigne
A ton centre de gravité !
Vous tous, Louise ou bien Michel
Vous pouvez être fiers de celle
Que Vierge Rouge, on appelle !
Sais-tu, Marius, que Confucius
Fut un sage puissance plus !
Son Honnête Homme, son Junzi
Etait un adepte du Li !
Et c’est ainsi que se finit
Ma personnelle académie,
Ma façon de dire merci !
J’ai respecté la parité…
Presque, car quinze est sans moitié !
Bel hommage, en vérité
même si, je dois l’avouer
je n’ai pas tout de suite capté
le sujet de ce récit
ce matin, je l’ai repris
et l’ai bu jusqu’à la lie
Il faut parfois insisté
pour être récompensé
et ne pas passer à coté
de mercis aussi jolis
de parfaite académie
de Monsieur Maître Jean-Louis
Merci, Laurence Noyer,
Tu as bien fait d’insister !
Je me suis bien amusé,
Perrat sait nous stimuler,
Avec ses sujets variés.
Ils font parfois remonter
Les souffrances du passé…
Moi, j’ai plutôt badiné,
Mais certains m’ont fait pleurer,
Avec les « Merci, mon chien…. »
Les mots qu’on met les maux
Guérissent bien des bobos
Et partager fait du bien…
Cela faisait des années qu’ils attendaient un merci.
Pas n’importe quel merci, non !
Certains leur reprochaient d’être nés sous une mauvaise étoile. Ils les avaient traqués, délogés, transportés tels des bestiaux dans des wagons plombés.
Ceux qui avaient résisté à la chaleur, au manque d’eau et de nourriture se voyaient séparés de leur famille, dépouillés de leurs biens et de leur humanité puis, comble du luxe, douchés.
Les plus robustes étaient épargnés et servaient de bêtes de somme aux Humains.
« La vie est belle, Giosuè ! »
Fanny, je n’ai pas compris le rapport avec le sujet, même si le texte est prenant, et beau.
Henriette
Bonjour Henriette,
Peut-êtres suis-je hors sujet mais « Pas n’importe quel merci » m’a interpelée. J’ai fait des recherches et trouvé un autre sens plus ancien à merci.
Demander merci c’était demander grâce ou pitié.
Il est vrai que le sujet était un peu ardu cette fois-ci mais l’essentiel est de prendre du plaisir à se creuser les méninges.
« Un grand merci » pour votre commentaire qui fait chaud au cœur et je m’en vais de ce pas lire votre texte. Je suis en pleine plantations de fleurs dans ma campagne et n’ai pas eu le loisir de lire les textes de nos amis. Cordialement. Fanny
P.S. : Peut-être que Pascal pourra m’éclairer et me dire si je suis complètement à côté de la plaque (pour employer une expression passe-partout).