Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage. Il a trainé pour s’éteindre comme il trainait pour vivre. Mon ami Noyer m’a toujours dit : on meurt comme on a vécu !
Généreux et joyeux, tu quitteras ce monde entouré d’une belle bande d’amis. Pépé Tilleul a mis plusieurs mois pour mourrir. Il appréciait toutes ces visites à son chevet. Il s’étiolait jour après jour. Feuille apres feuille, lentement, il se dénudait. Son voisin, le Saule pleureur le soutenait de ses larmes patiemment. Une feuille tombait, une larme s’écoulait. C’était beau à voir. Mais c’était lent. Le jardinier attendait pour le déraciner. Il avait déjà le remplaçant.
Mais Pépé n’était pas pressé. Il sentait encore un peu de sève couler en son corps.
Il savourait. La caresse du soleil, le chant d’un oiseau, une petite rafraîchissante..
Je passais le voir chaque soir. Il me racontait son histoire. Je prenais des notes pour un jour écrire sa vie de Tilleul au bord de l’Oeuille.
Un soir, un orage gronda. Le vent se souleva. Des rafales, le tonnerre, les éclairs…
Pépé se réveilla en sursaut, s’accrocha à ses vieilles racines en vain.
Il cria un au revoir à la vie.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi…
j’avais compris que le coup de foudre de l’été dernier était un choc violent pour toi, qui avait pourtant connu orages et tempêtes mémorables . Mais touché en plein coeur, tu as baissé la ramure,
Maintenant, branchages dégarnis, lignes épurées, tu es une sculpture magistrale qui trône dans le parc .
Pour moi, tu seras toujours une présence rassurante
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi…
Moi j’ai vu ce que personne je crois n’a vu et aussi entendu.
C’est vrai.
Il m’a fait un clin d’œil. En me chuchotant à l’oreille.
– Tu sais l’ami de toujours, j’ai une bonne carcasse qui dure depuis des décennies et je ne suis pas prêt de casser la pipe.
Vois-tu il faut de temps en temps changer de vie. Je vais donc faire le mort pendant quelques jours et après hop je me casse définitivement d’ici. Le tronc, les branches et le reste.
Voyant que j’étais très surpris, il ajouta :
– Ben oui petit. Je vais me déraciner complètement et je partirai de nuit, rejoindre ma belle tisane qui se trouve à trois kilomètres d’ici.
L’écoutant attentivement car j’ai beaucoup de respect pour pépé Tilleul, je n’ai pas fait de commentaire à ce qu’il me disait.
Mais j’ai également pensé dans ma petite tête que peut-être il était devenu fou.
Et puis la semaine suivante je suis revenu au même endroit, presque à la même heure, vers midi, là où se tenait fièrement pépé Tilleul.
Pour le voir, lui dire bonjour, discuter un peu et surtout voir s’il avait dit vrai. S’il était bien parti.
Ah le bougre, il n’y était plus.
À la place des flics, des journalistes, des photographes. Également le maire et le président.
Ce beau monde certainement devait se demander comment un arbre considéré mort avait pu quitter son « logis » habituel.
Un simple trou dans la terre avait remplacé pépé. Oh quelle affreuse scène !
Un peu par hasard levant les yeux au ciel, je vois quelque chose d’insolite.
Tout là haut il y avait des mots écrits en plusieurs couleurs.
Des mots très gentils.
Oui je la reconnaissais, c’était l’écriture de pépé.
Pépé qui me disait qu’il allait bien, qu’il pensait à moi, avec même la mention de sa nouvelle adresse.
Ah sacré farceur, sacré pépé, tu es vraiment unique dans la vie.
Un jour prochain je passe te voir. Promis.
Que c’est dingue : il lit dans mes pensées.
Voilà que d’autres mots sont apparus dans le ciel. Effaçant les premiers.
C’est dingue. Pépé a répondu.
Voilà ces autres paroles :
« Passe quand tu veux, je t’attends les bras ouverts ».
Sacré pépé Tilleul. Avec toi on ne s’ennuie jamais !
Je l’avais surnommé « Pépé Tilleul ». Je n’avais que cinq ans et il me faisait peur. Il était vieux ; si vieux que je ne savais pas lui donner d’âge. Il passait ses journées dans un fauteuil délabré sous un tilleul aussi vieux que lui, c’est pourquoi je l’avais dénommé ainsi. Il disparaissait sous son feuillage. Il y bougonnait sans répit, invectivant les oiseaux et les moustiques, écrasant rageusement les fourmis, hurlant sur les enfants à la moindre émission de bruit.
Il me faisait vraiment peur. Je me tenais à distance. Un jour que je courais après un papillon, je me suis engouffré sous l’arbre oubliant que Pépé s’y trouvait. Il a brandi un bâton pour me rosser. Heureusement, je courais plus vite que lui !
Enfin, Pépé Tilleul est mort et le tilleul n’a pas survécu à sa disparition. Paix à l’âme de Pépé et paix aussi à son feuillage favori qui lui a si souvent servi d’abri.
Le jardin parait bien nu tout à coup. Je peux y gambader à loisir mais j’ai un pincement au cœur en pensant à Pépé. Finalement, ce n’était pas un mauvais bougre.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi j’allais enfin exister. En ces temps plus qu’incertains je ne sais pas ce que serait ma vie… mais je dois l’avouer Pépé tilleul aura eu une belle vie, ça c’est sûr.
Oui pépé tilleul a été un arbre heureux, planté il y a une trentaine d’année, par mamy, même si à l’époque on n’aurait pas eu intérêt à l’appeler comme cela, il a eu beaucoup de chance de la rencontrer. Il était tout frêle quand il a été rapporté de la jardinerie, mais s’est bien vite installé. On l’a collé dans un grand terrain où de nombreux chênes poussaient. Papy, un fada de la tronçonneuse, a sur un coup de tête coupé tous ses voisins. Pendant des années il s’est venté auprès de ses copains : ’’où y du chêne y a pas de plaisir’’ et tout le monde de partir d’un rire gras, une canette à la main. Heureusement que ce jour- là, mamy est arrivée en courant tout en essuyant ses mains dans son tablier et a crié plus fort que la tronçonneuse, je t’interdis de toucher à mon tilleul c’est une nouvelle variété, appelée Henryana, tu remarqueras qu’il a de magnifiques feuilles découpées, qu’il fleurit plus tardivement, une aubaine pour tes ruches dont tu es si fier !…. alors si tu veux du bon miel ne touche pas à mon arbre.
Il me permet par ailleurs de faire mes réserves de tisane pour l’hiver et d’offrir des sachets à mes copines a-t-elle ajoutée !. ..A partir de ce jour, papy a fait profil bas et pépé tilleul a prospéré, prospéré, offrant une ombre bienfaitrice aux plantes environnantes. Les seules interventions au niveau des branches se sont faites en douceur à la scie….
Les années ont passé.
Mais avec ces changements climatiques que l’on rend responsables de tout, un terrible orage s’est abattu sur le village. Etant le seul arbre de la prairie, bien évidemment la foudre est tombée sur papy tilleul , le foudroyant au point de le partager en deux et de faire éclater son tronc, sa ramure se trouvant dispersée tout autour…
Il a bien fallu se rendre à l’évidence, mamy a dû accepter que papy ressorte la tronçonneuse, l’aiguise, et commence à débiter pépé en morceaux, coupant le tronc a une vingtaine de cm du sol. A partir de ce jour plus personne ne mit les pieds au verger celui-ci se transforma rapidement en une friche envahie d’orties et de ronces.
Oh, depuis quelques années je pointais mon nez régulièrement en bordure du tronc, et régulièrement on me donnait un coup de sécateur, mais là maintenant j’avais toute liberté de pousser, j’étais le rejeton de papy tilleul. Je n’étais du reste pas peu fier. Certes j’avais l’impression de manquer de place pour pouvoir m’épanouir. Toutes les plantes alentours me traitaient de gringalet me disaient que j’étais rachitique que je n‘avais pas d’avenir. Moi ça m’était égal j’étais le seul survivant, je balançais ma frêle tige au grès du vent, attendant le jour où on m’admirerait autant que feu grand-père tilleul !
Quand un beau jour, je fus réveillé par des bruits de portières, des paroles et des cris. Ce n’est que le lendemain, que je compris que ’’petite fille ‘’ avait hérité de la maison et était venue s’y installer avec sa famille. Tout le monde débarqua au milieu du verger, ça courait dans tous les sens. Petite fille et son mari se dirigèrent vers moi. Je me redressai espérant faire bonne impression. Qu’est ce que c’est que ce truc dit le mari et petite fille d’expliquer l’histoire de grand père tilleul. Ne pas y toucher parce qu’il a de belles feuilles lui retorqua-t-il, mais t’en a vu où des feuilles dentelées, c’est un tilleul ordinaire, regarde de plus près…et puis il est vraiment moche accolé à ce vieux tronc à moitié pourri. Je ne savais plus quelle contenance prendre. Je sentais que cela allait mal finir. Mais repris embarrassée petite fille, mamy a toujours dit… mais réfléchis lui dit son compagnon, ton beau tilleul était greffé sur une variété ordinaire, celui-ci n’est qu’un rejet on ne peut plus ordinaire. La semaine prochaine je le fais arracher et ici on aura notre piscine!
Je me présente, je m’appelle Nino, je suis le comparse de ce pauvre Pépé, mort de vieillesse hier.
J’ai le cœur gros de vous en parler car nous avions été plantés en même temps tous les deux sur le Cours Jean-Jaurès de notre bonne ville vers 1900 ou quelque chose comme ça.
Nous n’étions pas seuls, puisque une cinquantaine d’autres congénères avaient été plantés sur le Cours par le service des Jardins de la mairie. Choyés, dorlotés, nous avons grandi dans cet espace devenu très prisé par la population et les touristes. Des bancs, des fontaines, un kiosque sont venus agrémenter notre lieu de vie. Un vrai paradis !
Pépé et moi avions rapidement sympathisé du fait de l’installation d’un banc entre nous deux et nos racines avaient même fini par se rejoindre !
Le temps passait agréablement pour nous car nous étions devenus les vedettes du Cours Jean-Jaurès par la fréquentation quasiment ininterrompue de notre banc où s’asseyaient des amoureux, des poètes, des solitaires attendant en vain la rencontre prévue, des amateurs de musique lors des concerts.
Nos préférés étaient les peintres : ils nous prenaient pour les modèles des tilleuls. Nous étions les chouchous des barbouilleurs. Une vraie mode ! En ont-ils utilisé des tubes de peinture pour nos verts et jaunes uniques !Certains ont eu la fortune de pouvoir exposer leurs œuvres et vous pouvez toujours les admirer à la galerie du Cours où leur côte reste élevée. Un mouvement pictural « Les Tilleuls du Cours » avait même vu le jour, c’est pour vous dire …
Mais, ceux que nous aimions par-dessus tout, c’étaient les oiseaux. Nous adorions quand merles, rossignols ou fauvettes venaient troubler note tranquillité d’une si jolie manière, nous leur faisions un tendre accueil dans nos ramures odorantes. Combien de délicieux gazouillis, chuchotements, murmures avons-nous abrités! Ajoutez à cela la fragrance de nos fleurs…
Oh ! mon Pépé, tu es parti et je me sens bien seul.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi… jeune bourgeon, ne l’ai pas beaucoup connu. Je sais qu’à force d’infuser, il avait dû être traité pour ne pas perdre la boule. Il avait de la branche mais je ne connaissais pas son arbre généalogique.
Chaque matin, je respirais sa bonne odeur et aimais prendre racine sous son ombre. Mais le temps et la maladie ont eu raison de lui et il a fallu l’abattre, faute de trouver un tronc commun avec ses congénères. Depuis lors, l’atmosphère est devenue irrespirable…
Ce jour-là, un orage éclata sur la plaine. Des éclairs zébrèrent, surprenant l’air lourd. Des trombes d’eau se mirent à couler à flots d’un ciel noir en colère et grossirent les ruisseaux en à peine une heure. Des coups de tonnerre retentirent, faisant trembler les vitres. Il grêla dans quelques endroits sur les champs de blé, le peu de vignes et sur les pommeraies à perte de vue. Au mois d’août, à Saint-Martin-du-mont, on n’avait pas vu ça depuis des années.
Janine s’inquiéta. Papy Tilleul, isolé dans sa petite maison en bord de rivière, à 5 km de Saint Matin était resté optimiste. Personne n’avait jamais pu le faire bouger de sa bicoque qu’il avait entretenue avec amour. Dernièrement, il avait encore refusé de déménager. Au téléphone, la communication toujours précaire était restée en l’état. A cause de cet orage, Janine craignit le pire. Inquiète, elle appela Monique :
– Tu as vu ce qu’il tombe ?
– Ben oui, tu vois, ici, c’est pareil. Et il paraît que ça va durer. Tu as appelé Pépé ?
– Oui, j’ai réussi à l’avoir, mais tu sais bien que la communication est mauvaise. Il m’a dit que tout allait bien. Avec lui, tout va toujours bien. Même quand ça va très mal, il ne veut pas qu’on s’inquiète. Vu cet orage, tu comprends, il faudrait aller y voir. Je pense qu’il ne m’a pas dit la vérité.
– Pourquoi voudrais tu que Papy Tilleul mente ?
– Allo ! Tiens ! La communication est encore coupée…
Janine, vite, s’emmitoufla dans son imper marin et se résolut à sortir. Mais sur le pas de la porte, un rideau de grêlons lui interdit de franchir les quelques mètres jusqu’à sa voiture. Elle attendit quatre ou cinq minutes. Le temps de s’habituer à ce changement de temps subit, elle s’arma de courage et se lança jusqu’à l’Opel Oméga. Dans la fièvre, elle réussit à ouvrir la portière et se glissa derrière le volant. Elle démarra en vrombissant mais la visibilité réduite l’obligea à rouler très lentement. Les essuie-glaces semblèrent bien fragiles et inutiles contre ce déchaînement de forces incontrôlables. Toutefois, avec prudence, elle parvint tant bien que mal à franchir la distance en plus d’une heure. Enfin, pendant une accalmie, elle aperçut le jeune feuillage du tilleul que Papy avait planté l’été dernier.
AU PRÈS DE MON ARBRE
Enfin, pépé Tilleul est mort. Paix à son feuillage ! Moi, je ne m’en réjouis pas, enfin, c’est un constat, c’est pourquoi je vous écris. Que s’était-il passé avant ? À Buis-les-Baronnies, pour la récolte, on entendait le linge de mémé sous la futaie. La récolte du tilleul est un appoint pour un original, c’est un violoniste, un collègue. C’est tout ce qui me revient… Le tilleul se chantait lindenbaum, bordait avec ses voisins le musée de Colmar. Visité autrefois, on y trouve une crucifixion célèbre d’un maître qui tente encore les voleurs. Sans la mort de pépé tilleul je n’en aurais plus le souvenir. Un aviateur y avait cassé du bois, enfant on s’en était servi de ses pieds de nez, enfin on en fera des planches, il n’était pas du bois qu’on fait des flûtes ! Je ne souhaite que paix à son feuillage, j’affecte désinvolture, ça ne mange pas de pain. Pépé Tilleul je l’avoue, tu vas nous manquer, on devrait te laisser debout, un témoin, quoi !🐻
Papa Tilleul est mort. Une fois de plus. Même pas Pépé, Papa l’avait planté au fond du terrain. Avec ses deux autres petits enfants. Planter un arbre, c’est laisser les valises s’enraciner, c’est oublier la guerre, tenter de faire fondre le goudron dans les têtes.
Papa les avait donc installés, à 3, tous les 3 ensemble, ce qui, d’après certains les situent bien mieux, que ceux plantés par 2 ou 4. Une histoire de chiffre parfait, ne comptez pas sur moi pour vous l’expliquer. La perfection n’existe pas.
Bref, Papa Tilleul et ses 2 comparses ont longtemps poussé contre le ciel trop bas. Ils ont bien joué de la ramure pour atteindre leur jour de faîte. Ils ont accompagné la vie du Papa. Tout à tour, coin d’ombre, cercle magique, triangle de calmes permissions. A peu près tous de la même taille, la taille soigneuse du Papa exigeant, contre le moindre rejet, une petite manie d’absolu contre la jungle du vécu.
Et puis Papa s’est chopé la sale bête. Il a quitté ses tilleuls. En bon fils, à l’écoute de je ne sais quel instinct, j’ai ramené les cendres tièdes au pied des tilleuls. Les ai éparpillé autour des 3 . La brise les a distribué, à son envie. Le temps, doux balai des poussières a réorganisé, à sa mode, la ronde du moment.
J’aimais bien cette tombe ouverte. Pour lui , ayant eu tant peur de la vraie fosse . Sur les racines d’un des tilleuls surgirent les rejets de l’oubli. Et je ne les taillais pas. J’aurai craint de lui entamer la peau. Il m’avait confié la pince familiale et je coupais les ongles de ma mère, la sauvage, qu’elle puisse encore griffer.
Bien plus tard, question d’économie, de prévision du reste de vie et de recyclage du tout , ma mère et moi décidâmes de vendre le bon bout de terrain où paressaient les 3 tilleuls et mon père.
Un couple sain, producteur d’enfants d’amour, un garçon et une fille, comme ma sœur et moi-même s’intéressa à l’espace, pour y construire leur première maison, loin des gares et des péages autoroutiers. Ils parcouraient respectueusement l’étendue proposée, appréciaient l’ombre des tilleuls, y projetaient des repas familiaux. Papa Tilleul, y entendrait d’autres chansonnettes, le bourdonnement des siestes avachies.
Évidemment, nous ne leur avions rien dit de notre réalité. Ca dérange toujours, les disparus pas rangés dans les bonnes boîtes. Les poutres des pendus coûtent trop cher aux descendants des tristes engrangés de leurs parents. Et ce n’était pas par calcul. Le mystère demeurerait, simplement, entre ma mère et moi, la vie continuerai, Papa Tilleul sous un nouvel abri survivrait, autrement. On espère toujours des nouveaux voisins.
On regarda leur maison s’installer, les gamins explorer les herbes toujours sauvages.
Puis un jour de visite, je tombais, ahuri, sur une autre perspective. Tout le fond du terrain avait été retourné, les 3 tilleuls arrachés, le nez dans la boue. Les racines hurlaient dans ma tête.
J’eus une vision de nouvelle guerre. Notre Haut de France était retourné dans le bas des anciens combats. En un éclair, le voisin, faux jeton de propriétaire devenait mon ennemi.
J’ai fui, j’ai fermé ma gueule. Je n’ai même pas osé imaginer Papa Tilleul se prenant une pelle sur la gueule, tassé au fond d’une large taupière, retourner dans l’aveugle.
J’ai du délirer, un temps certain, celui d’imaginer n’importe quoi, qu’il aurait fui par une source souterraine, qu’il naviguait sur une nappe phréatique, à bord une pirogue en bois de tilleul, forcément.
Mais, je n’ai pas pu la tasse. J’ai avalé par petites doses l’infusion de la période, ce drôle d’élastique, tour à tour tendu puis si lâche, face aux réelles incohérences, les seule architectes de la vie.
Grand-père st mort, adulé par les autres arbres et les humains. Pourtant, tout avait mal commencé. Originaire du Moyen-Orient, le tilleul était réputé être un arbre ensorceleur et maudit. On le voyait dans « Hansel et Grete » des frères Grimm ou bien dans le folklore russe où Baba Jaga enlevait des filles qui se promenaient toutes seules dans sa forêt pour les transformer en tilleuls. Mais heureusement au 17ème siècle, avec l’avènement de la science et l’expérimentation sur la pharmacopée, son image va changer. Lui qui possède des feuilles si belles en forme de cœur et d’une couleur si tendre, dont son nom à donné la couleur, ne pouvait être nuisible.
A sa mort, grand-père tilleul était déjà bien âgé avec ses 370 ans. Il était apprécié et considéré depuis longtemps par les humains. La communauté des paysans rendaient la justice sous ses branches. Il faut dire qu’il était depuis longtemps reconnu comme arbre médecine, papy tilleul. Utilisées en infusion, ses fleurs auraient des propriétés apaisantes et calmantes, reconnue efficaces pour le traitement des inflammations et de l’irritation des muqueuses. A cela grand-père leur attribuait des vertus contre les défaillances du cœur, les spasmes douloureux, les convulsions de l’enfance, la ménopause, les vertiges et l’hypocondrie. Ces fleurs étaient de véritables anti-dépresseurs, à la fois euphorisants et sédatifs. D’après certains humains elles seraient également antispasmodiques, diaphorétiques et rendraient le sang plus fluide.
Grand-père, paix à ton feuillage ! Mais moi je veux donner une autre vie à l’arbre tilleul, le rendre moderne, loin des tisanes et autres infusions. Son bois par exemple. Il est tendre et facile à travailler, à scier, à tourner et à sculpter. Après un période de séchage et de mise en œuvre, il devient très stable. Je l’imagine déjà. Dans les mains de l’homme il deviendra sabots légers, ustensiles de cuisine, pinceaux plats, crayons, allumettes, jouets, bobines de fils, récipients divers, meubles, instruments de dessin, plateaux d’imprimerie, moules de fonderie, boîtes, ruches, placages, pâte à papier, panneaux de fibres et de particules, prothèses, ou instruments de musique. J’appellerais notre fabrique : « le Tilleul de mon aïeul ». Je sais que les orthodoxes le tilleul est le seul bois autorisé comme support des icônes. Je surferai sur l’image du bois sacré en évoquant, en suggérant des vertus magiques. Même si l’humain n’en a pas conscience, il a besoin du sacré. Je créerai peut-être un département parfumerie. La senteur du tilleul se rapproche du muguet. La substance produisant cette effluve, le farnésol, est déjà utilisée. Il ne me restera plus qu’à en développer l’utilisation. Pourquoi ne pas créer une liqueur comme la verveine l’a fait. Je n’ai pas encore parlé du bourgeon. Le champ des possibles est infini. The world is mine ! Le monde est à moi !
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi je l’aimais bien pépé Tilleul, il m’a tellement appris ! J’ai tellement aimé grandir à l’ombre de son tronc majestueux et de ses branches protectrices. J’ai pu prendre le temps d’étendre mes propres racines, guidé par ses multiples connaissances du terrain et de notre environnement. Il m’a protégé de bien des tempêtes dont j’ignorais tout à commencer de leur existence. Ce que j’aimais par-dessus tout, c’est qu’il me raconte l’histoire de cette forêt où je grandis, les anecdotes sur les grands arbres qui nous entourent. J’étais fier quand les promeneurs du dimanche s’arrêtaient humer le parfum de pépé, et j’imaginais le jour où à mon tour, je ferai l’admiration des passants. Ce jour était venu. J’avais grandi, muri, m’étais épanoui. Pépé me laissait une magnifique place au soleil pour continuer mon ascension vers le ciel immense. Fort de tous ses enseignements, je prenais ma place avec respect, enthousiasme et excitation. J’avais hâte de faire de l’ombre aux promeneurs fatigués, de donner mes fleurs aux passants qui aimeraient mes tisanes, d’effleurer les branches de mes voisins et de mes voisines. Je n’étais pas triste pour pépé tilleul. Ils étaient venus le chercher un matin de novembre et l’ont hissé sur le grand camion. Je savais qu’à partir de ce moment, nous serions certes séparés mais que pour lui commençait une autre vie pour l’éternité. Il ferait surement un très joli meuble dans un joli foyer, c’est tout le mal que je pouvais le souhaiter.
J’allongeais mes branches en faisant frémir mes feuilles, m’installant pleinement dans cette place que pépé avait si bien su conserver pour que je m’y épanouisse. Je humais l’air à plein poumon remuaient imperceptiblement mes racines pour conforter mon assise, ma place dans ce vaste monde.
– Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi, je vais pouvoir être utile à quelque chose dans ce parc. Il n’y en avait que pour lui, tout le monde m’ignore.
– Tu n’as pas honte, jeune freluquet, de te réjouir de la mort d’un bicentenaire ! s’offusqua Marronnier. Tu en as pour des décennies avant de donner une belle ombre comme la sienne afin que les passants puissent s’asseoir auprès de toi.
– Encore faudrait-il que les employés aient l’idée de poser son banc près de mon tronc. Regarde-moi ça, ils l’ont laissé près de sa souche.
– Tu crois qu’ils n’ont que ça à faire, ils viennent de l’abattre. Moi, j’ai bien du chagrin d’avoir perdu mon meilleur ami. Nous avons été plantés le même jour et nous avons grandi ensemble. Nous en avons vu passer du monde, des changements de modes vestimentaire et écouté tant de conversations intimes ou des engueulades. Si je savais écrire mes mémoires, je suis sûr que ce serait un best-seller.
– Pfff ! Laisse-moi pousser tranquille, se renfrogna le gringalet.
– Je ne vais pas te déranger bien longtemps, je suis couvert de pustules.
– J’avais bien remarqué que tu étais malade comme l’autre vieux. J’espère que ce n’est pas contagieux.
– Va savoir !
– Ils ont coupé mon arbre ! s’écria une jeune femme. Il n’y a plus d’ombre pour bouquiner sur mon banc.
– Toi avec tes bouquins ! lui lança son amie. Pas moyen de causer avec toi. J’ai quelque chose à te raconter de bien plus croustillant que tes romans à l’eau de rose. Le marronnier est occupé. On n’a qu’à s’installer sous ce jeune tilleul.
– Mais, il n’y a pas de banc !
– T’en fais bien des manières ! On peut bien s’asseoir sur l’herbe.
Et c’est ainsi que le jeunot entama sa biographie.
« Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage. Moi », disait le voisin le plus proche, « je l’aurais coupé depuis longtemps. Il fait trop d’ombre à mes plants et à l’automne il y en avait des feuilles mortes à ramasser… »
Cet automne justement, la tempête a déraciné Pépé Tilleul. Son demi-siècle de racines et son majestueux houppier n’ont pu lutter contre le vent.
Ainsi allongé dans le jardin, il prend une place démesurée. Lui qui faisait les cachettes préférées à l’abri des regards et la joie des enfants de la maison, il va être nécessaire de le débiter et de s’en séparer.
Les enfants plaident pour que le tronc soit conservé en madriers et bastaings. Ils laisseront le bois sécher et ensuite construiront avec, un abri sympathique, dans ce coin sud-ouest du jardin.
Le service d’élagage vient débiter l’arbre et les parties réutilisables, dans le projet des enfants, sont stockées en plein air. C’est l’étape intermédiaire entre l’arbre en vie, au parfum miellé si caractéristique, aux fleurs infusées pour soigner les rhumes, soulager la toux et le stress et son utilisation comme bois de construction : Etape très utile pour appréhender le temps de transformation de la matière première.
Chacun espère que ces quelques années d’attente n’arriveront pas trop tard dans la vie des enfants qui, d’ici là, auront peut-être quitté le nid familial pour une lointaine cité universitaire et de prégnants amours qui leur feront oublier, pour un temps, l’attraction des lieux de l’enfance.
A la recherche de documentation sur le tilleul, la famille découvre que l’arbre a la réputation d’être ensorceleur et reconnaissable dans différents contes.
C’est ce que chacun espère pour finaliser leur dessein et accepter la transformation de ce coin du jardin.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi…
Moi, je suis content. Ne soyez pas offusqués, je ne fais que dire ce que je ressens en toute franchise. Vous avez déjà vécu à côté d’une vedette ?
Nous avons été plantés le même jour, il y a déjà fort longtemps. Nous n’étions pas côte à côte, mais nous pouvions nous voir, nous scruter, voir quel était celui qui grandissait le mieux, celui qui avait meilleure carrure. Nous nous étions lancés dans une concours de beauté, à celui qui attirerait le plus les regards, qui abriterait les premiers bisous, fournirait la meilleure ombre en été.
Mais il en va des arbres comme des humains. Il y a les bons élèves et les p’tites frappes.
Vous vous doutez bien que pépé Tilleul faisait partie de la première catégorie. Tout était bon chez lui. Il collectionnait pléthore de vertus. Un petit bobo, hop ! une tisane de tilleul. Un gros bobo, hop ! une huile essentielle. Une pharmacie sur racines. Paraît même que son bois est recherché pour fabriquer des trucs haut de gamme.
Il avait sa cour. On admirait sa prestance, son côté majestueux. Ah ! Tilleul. On te pardonnait tout même le fait que tu avais l’art d’attirer plein de petites bestioles volantes pas toujours très sympas et qu’il n’était pas toujours très confortable de faire une petite sieste à l’ombre de ton feuillage si précieux. Tu parles !
Moi, je suis depuis toujours et pour longtemps encore je l’espère, le fournisseur de bêtises des gamins. Ils m’adorent ! En attendant l’hiver et les batailles de boules de neige, mon fruit enveloppé d’une jolie coque recouverte de petits picots faisait office d’entraînement. Et un lancer par ici, un autre par là. Oups ! une vitre en moins. Oh merde ! un cocard par là. Ça chouine. Quelqu’un va passer un sale quart d’heure. Le blessé, lui sera soigné par le plus que parfait tilleul. Moi, j’aurais droit au regard noir. Je ne me suis pas présenté : je suis Marronnier, grand, beau et fort. Mon point faible : mon voisin.
Mais maintenant c’est enfin fini.
Évidemment, j’éprouve quand même un p’tit quelque chose. On ne partage pas la même terre depuis des lustres sans qu’une certaine forme de respect ne se soit instaurée entre nous.
Mais bon, lui, même mort, il continue à vivre. Son bois va faire le bonheur d’ébénistes, ses feuilles feront encore trempette pendant longtemps dans l’eau chaude. Je parie qu’ils arriveront encore à extraire des huiles de lui.
En résumé, il a disparu du paysage, mais il a laissé sa pharmacie. Il a laissé son empreinte pour toujours.
Salut voisin ! Je prends le relais.
Moi, je m’en réjouis !
Enfin de l’espace pour me répandre à souhait !
Enfin la paix.
Fini les petites tisanes de tilleul perlimpinpin.
Vive moi !
Oui, le pépé il était toujours en train de rivaliser avec moi le CHANVRE, « l’herbe » (comme il disait avec mépris).
Il critiquait en permanence ma famille des cannabinacées.
Il m’humiliait.
Et lorsque la nuit, les ados de la famille Gaudin, venaient cueillir mes superbes feuilles, il ricanait bêtement.
Moi, je ne disais rien.
Même lorsque les grands-parents Gaudin venaient s’approvisionner pour leur tisane de tilleul, je ne me moquais pas.
Mais un jour, la mamie Gaudin vint seule et je la surpris en train d’attraper au passage une poignée de mes belles feuilles qu’elle mélangea en catimini au tilleul.
Depuis, je la revis tous les jours dans le champ.
Elle était devenue joyeuse, radieuse, et ça faisait vraiment plaisir à voir.
Pépé tilleul n’aimait pas qu’elle ait retrouvé sa joie de vivre et il me regardait avec suspicion.
Cette cohabitation me pesait.
Et puis le vieux est enfin mort.
Depuis, la famille Gaudin est de plus en plus épanouie. (ados, parents, grands-parents) (et le chien aussi!).
Ils rigolent tout le temps et ils se roulent dans l’herbe avec volupté.
Et moi, je prolifère pour leur bien à tous, en toute tranquillité.
Je ne sais pas si c’est enfin marmonnait l’inspecteur Dutronc, mais Pépé Tilleul est mort (paix à son feuillage ). Pour moi, de façon suspecte. Je jurerai bien que c’est Mémé Tilleul qui a fait le coup, depuis le temps que le bougre la trompait sans vergogne avec toutes les essences du coin.
Cette fois ci, c’est une fougère arborescente ébouriffée qui l’a séduit par son charme exotique, mais le pire c’est que ces deux là, par des croisements contre nature, ont semés quantité de petits foulleuls qui grandissent à la va comme je te pousse, au nez et à la feuillure de la malheureuse Mémé.
Mais encore fallait-il le prouver!
Dutronc se rendit donc au domicile de la suspecte qui avoua sans difficulté ni remords,pour elle justice était faite.
Arrêtée, jugée, condamnée, la veuve se retrouva enracinée à perpétuité dans le parc du pénitencier voisin. Ses fleurs servirent à alimenter l’herboristerie de l’établissement où se fournissait d’ailleurs madame Dutronc.
La peine dura jusqu’à ce qu’il fut décidé qu’elle termine en bûche dans la cheminée du directeur des lieux.
— Paix à son feuillage, moi je l’aimais bien, pépé !
— Toi, peut-être, tu étais son préféré. Par contre, nous, il ne nous a jamais considérés. Surtout en période de sécheresse ! Il pompait tout, la moindre goutte d’eau, le moindre minéral sous nos pieds, le moindre rayon de soleil du haut de ses vingt mètres. On pouvait crever la souche ouverte, il ne partageait rien avec ses racines. Nada ! sauf avec toi, apparemment.
— Il nous pompait l’air aussi. Pas un coup de vent pour un coup de « pousse ». Pas une abeille ne parvenait jusqu’à nous. C’est vrai qu’il était envahissant, le vieux !
— Il nous pompait tout court, le pépé ! Personne ne pouvait communiquer avec lui. Dès qu’on le branchait, il nous menaçait derrière son abondante frondaison.
— Vous ne l’avez jamais compris, parce que vous n’avez jamais voulu l’écouter. Avec moi, il partageait surtout des histoires dont il se nourrissait pour résister. Ses rêves, me disait-il, le rendaient plus résilient que les autres. Du soleil, des minéraux, de l’eau, il n’y avait pas plus accès que vous. C’est juste qu’il n’en avait pas autant besoin que vous. Il m’a appris justement à m’en passer, à puiser juste le nécessaire et à nourrir d’avantage mes rêves et les chants d’oiseaux, ses nombreux amis. Maintenant qu’il est mort, vous allez comprendre que c’est votre ignorance qui vous fait de l’ombre et vous rend si petits. Alors, laissez-nous, avec mes amis rossignols, mésanges et rouges-gorges lui rendre le ramage qu’il mérite.
— Se nourrir d’histoires à dormir debout. Tes feuilles finiront, un jour, au fond d’une tisane, petit !
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage
L’ arbre antique avait abrité pendant plusieurs centaines d’années la vie de la famille dont il se sentait le patriarche. Pas une fête, mariage anniversaire, pas une réunion de famille qu’il n’eût protegés de ses ramures à l’odeur de tisane. Un autre tilleul à son côté qui s’élevait un peu moins majestueux toute fois caressait du bout de ses branches celles du seigneur. C’était un couple d’arbres tout simplement. L’herbe à leur pied était toujours verte et moussue c’était là qu’on dressait les tréteaux sur lesquels on disposait les assiettes mais c’était dessous aussi qu’on enterrait les chats et chiens qui avaient accompagné les enfants et les maîtres de la maison. Aussi la mort de cet ancêtre plongeait la famille dans la plus grande perplexité. «il y a fort a parier que l’autre va suivre » prophètisaient les plus défaitistes. « on va en planter un autre » disaient ceux voulaient perpétuer l’apparence. « on ne va rien faire du tout» asséna le grand père, voir le tilleul Sidonie tout seul nous rappellera les bons moments que nous avons passés avec eux. En attendant prenons nos tabourets et buvons la tisane de ses dernières fleurs. 🐀
Pépé tilleul est mort.paix à son feuillage.moi,je me dis qu’il a eu une belle vie, glorieuse,joyeuse et tout.
Si tout le monde peut se glorifier d’une vie pareille, nous serons aux petits oignons.
Im a poussé et s’est élevé droitement,fier comme roc.
Il en a mis des années à parfaire son branchage, à se parer de feuillage dense et verdoyant.
Il a laissé les humains profiter de son ombrage.la. Cueillette chaque année pour faire des tisanes était facilitée.
Il a vu les printemps d’amours naissants.
Il a reçu les confidences de jolies damoiselles.
De nombreux habitants des bois ont été recueillis, cachés,mis à l’abri dans ses branchages.
Le mariage de Zoé et Nathan,tous fiers ,la donzelle parée d’un rideau blanc dans la chevelure, le Nathan tout ému,y avait posé une couronne de pâquerettes.
Cinq ans c’est peu,et pourtant, quant on fait un mariage comme les grands, qu’on se dit « oui » le bonheur au coin des yeux,on est heureux, accompagné du tilleul pour témoin.
On s’essuie maladroitement le chocolat qu’on a au coin des lèvres et on embrasse la donzelle en fermant les yeux de plaisir.
Notre Cher tilleul a abrité, aux fortes chaleurs, quelques familles.ca a été pareil les jours d’orage, même si notre bel arbre tremblait autant que que les humains abrités,il avait vu son ami le chêne plier puis casser sous le feu d’éclairs.
Il avait communiqué et conversé avec ses congénères du Parc.
Ils s’étaient même unis une fois pour aider un frêle arbrisseau à prendre de la graine et pousser, malgré un départ mal engagé.
Il avait apprécié le vent dans ses feuillages, le soleil rechauffer ses bois.
Oui vraiment il avait eu une belle vie et avait maintes fois remercié le ciel, l’univers.
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage. Il a trainé pour s’éteindre comme il trainait pour vivre. Mon ami Noyer m’a toujours dit : on meurt comme on a vécu !
Généreux et joyeux, tu quitteras ce monde entouré d’une belle bande d’amis. Pépé Tilleul a mis plusieurs mois pour mourrir. Il appréciait toutes ces visites à son chevet. Il s’étiolait jour après jour. Feuille apres feuille, lentement, il se dénudait. Son voisin, le Saule pleureur le soutenait de ses larmes patiemment. Une feuille tombait, une larme s’écoulait. C’était beau à voir. Mais c’était lent. Le jardinier attendait pour le déraciner. Il avait déjà le remplaçant.
Mais Pépé n’était pas pressé. Il sentait encore un peu de sève couler en son corps.
Il savourait. La caresse du soleil, le chant d’un oiseau, une petite rafraîchissante..
Je passais le voir chaque soir. Il me racontait son histoire. Je prenais des notes pour un jour écrire sa vie de Tilleul au bord de l’Oeuille.
Un soir, un orage gronda. Le vent se souleva. Des rafales, le tonnerre, les éclairs…
Pépé se réveilla en sursaut, s’accrocha à ses vieilles racines en vain.
Il cria un au revoir à la vie.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi…
j’avais compris que le coup de foudre de l’été dernier était un choc violent pour toi, qui avait pourtant connu orages et tempêtes mémorables . Mais touché en plein coeur, tu as baissé la ramure,
Maintenant, branchages dégarnis, lignes épurées, tu es une sculpture magistrale qui trône dans le parc .
Pour moi, tu seras toujours une présence rassurante
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi…
Moi j’ai vu ce que personne je crois n’a vu et aussi entendu.
C’est vrai.
Il m’a fait un clin d’œil. En me chuchotant à l’oreille.
– Tu sais l’ami de toujours, j’ai une bonne carcasse qui dure depuis des décennies et je ne suis pas prêt de casser la pipe.
Vois-tu il faut de temps en temps changer de vie. Je vais donc faire le mort pendant quelques jours et après hop je me casse définitivement d’ici. Le tronc, les branches et le reste.
Voyant que j’étais très surpris, il ajouta :
– Ben oui petit. Je vais me déraciner complètement et je partirai de nuit, rejoindre ma belle tisane qui se trouve à trois kilomètres d’ici.
L’écoutant attentivement car j’ai beaucoup de respect pour pépé Tilleul, je n’ai pas fait de commentaire à ce qu’il me disait.
Mais j’ai également pensé dans ma petite tête que peut-être il était devenu fou.
Et puis la semaine suivante je suis revenu au même endroit, presque à la même heure, vers midi, là où se tenait fièrement pépé Tilleul.
Pour le voir, lui dire bonjour, discuter un peu et surtout voir s’il avait dit vrai. S’il était bien parti.
Ah le bougre, il n’y était plus.
À la place des flics, des journalistes, des photographes. Également le maire et le président.
Ce beau monde certainement devait se demander comment un arbre considéré mort avait pu quitter son « logis » habituel.
Un simple trou dans la terre avait remplacé pépé. Oh quelle affreuse scène !
Un peu par hasard levant les yeux au ciel, je vois quelque chose d’insolite.
Tout là haut il y avait des mots écrits en plusieurs couleurs.
Des mots très gentils.
Oui je la reconnaissais, c’était l’écriture de pépé.
Pépé qui me disait qu’il allait bien, qu’il pensait à moi, avec même la mention de sa nouvelle adresse.
Ah sacré farceur, sacré pépé, tu es vraiment unique dans la vie.
Un jour prochain je passe te voir. Promis.
Que c’est dingue : il lit dans mes pensées.
Voilà que d’autres mots sont apparus dans le ciel. Effaçant les premiers.
C’est dingue. Pépé a répondu.
Voilà ces autres paroles :
« Passe quand tu veux, je t’attends les bras ouverts ».
Sacré pépé Tilleul. Avec toi on ne s’ennuie jamais !
Je l’avais surnommé « Pépé Tilleul ». Je n’avais que cinq ans et il me faisait peur. Il était vieux ; si vieux que je ne savais pas lui donner d’âge. Il passait ses journées dans un fauteuil délabré sous un tilleul aussi vieux que lui, c’est pourquoi je l’avais dénommé ainsi. Il disparaissait sous son feuillage. Il y bougonnait sans répit, invectivant les oiseaux et les moustiques, écrasant rageusement les fourmis, hurlant sur les enfants à la moindre émission de bruit.
Il me faisait vraiment peur. Je me tenais à distance. Un jour que je courais après un papillon, je me suis engouffré sous l’arbre oubliant que Pépé s’y trouvait. Il a brandi un bâton pour me rosser. Heureusement, je courais plus vite que lui !
Enfin, Pépé Tilleul est mort et le tilleul n’a pas survécu à sa disparition. Paix à l’âme de Pépé et paix aussi à son feuillage favori qui lui a si souvent servi d’abri.
Le jardin parait bien nu tout à coup. Je peux y gambader à loisir mais j’ai un pincement au cœur en pensant à Pépé. Finalement, ce n’était pas un mauvais bougre.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi j’allais enfin exister. En ces temps plus qu’incertains je ne sais pas ce que serait ma vie… mais je dois l’avouer Pépé tilleul aura eu une belle vie, ça c’est sûr.
Oui pépé tilleul a été un arbre heureux, planté il y a une trentaine d’année, par mamy, même si à l’époque on n’aurait pas eu intérêt à l’appeler comme cela, il a eu beaucoup de chance de la rencontrer. Il était tout frêle quand il a été rapporté de la jardinerie, mais s’est bien vite installé. On l’a collé dans un grand terrain où de nombreux chênes poussaient. Papy, un fada de la tronçonneuse, a sur un coup de tête coupé tous ses voisins. Pendant des années il s’est venté auprès de ses copains : ’’où y du chêne y a pas de plaisir’’ et tout le monde de partir d’un rire gras, une canette à la main. Heureusement que ce jour- là, mamy est arrivée en courant tout en essuyant ses mains dans son tablier et a crié plus fort que la tronçonneuse, je t’interdis de toucher à mon tilleul c’est une nouvelle variété, appelée Henryana, tu remarqueras qu’il a de magnifiques feuilles découpées, qu’il fleurit plus tardivement, une aubaine pour tes ruches dont tu es si fier !…. alors si tu veux du bon miel ne touche pas à mon arbre.
Il me permet par ailleurs de faire mes réserves de tisane pour l’hiver et d’offrir des sachets à mes copines a-t-elle ajoutée !. ..A partir de ce jour, papy a fait profil bas et pépé tilleul a prospéré, prospéré, offrant une ombre bienfaitrice aux plantes environnantes. Les seules interventions au niveau des branches se sont faites en douceur à la scie….
Les années ont passé.
Mais avec ces changements climatiques que l’on rend responsables de tout, un terrible orage s’est abattu sur le village. Etant le seul arbre de la prairie, bien évidemment la foudre est tombée sur papy tilleul , le foudroyant au point de le partager en deux et de faire éclater son tronc, sa ramure se trouvant dispersée tout autour…
Il a bien fallu se rendre à l’évidence, mamy a dû accepter que papy ressorte la tronçonneuse, l’aiguise, et commence à débiter pépé en morceaux, coupant le tronc a une vingtaine de cm du sol. A partir de ce jour plus personne ne mit les pieds au verger celui-ci se transforma rapidement en une friche envahie d’orties et de ronces.
Oh, depuis quelques années je pointais mon nez régulièrement en bordure du tronc, et régulièrement on me donnait un coup de sécateur, mais là maintenant j’avais toute liberté de pousser, j’étais le rejeton de papy tilleul. Je n’étais du reste pas peu fier. Certes j’avais l’impression de manquer de place pour pouvoir m’épanouir. Toutes les plantes alentours me traitaient de gringalet me disaient que j’étais rachitique que je n‘avais pas d’avenir. Moi ça m’était égal j’étais le seul survivant, je balançais ma frêle tige au grès du vent, attendant le jour où on m’admirerait autant que feu grand-père tilleul !
Quand un beau jour, je fus réveillé par des bruits de portières, des paroles et des cris. Ce n’est que le lendemain, que je compris que ’’petite fille ‘’ avait hérité de la maison et était venue s’y installer avec sa famille. Tout le monde débarqua au milieu du verger, ça courait dans tous les sens. Petite fille et son mari se dirigèrent vers moi. Je me redressai espérant faire bonne impression. Qu’est ce que c’est que ce truc dit le mari et petite fille d’expliquer l’histoire de grand père tilleul. Ne pas y toucher parce qu’il a de belles feuilles lui retorqua-t-il, mais t’en a vu où des feuilles dentelées, c’est un tilleul ordinaire, regarde de plus près…et puis il est vraiment moche accolé à ce vieux tronc à moitié pourri. Je ne savais plus quelle contenance prendre. Je sentais que cela allait mal finir. Mais repris embarrassée petite fille, mamy a toujours dit… mais réfléchis lui dit son compagnon, ton beau tilleul était greffé sur une variété ordinaire, celui-ci n’est qu’un rejet on ne peut plus ordinaire. La semaine prochaine je le fais arracher et ici on aura notre piscine!
Je me présente, je m’appelle Nino, je suis le comparse de ce pauvre Pépé, mort de vieillesse hier.
J’ai le cœur gros de vous en parler car nous avions été plantés en même temps tous les deux sur le Cours Jean-Jaurès de notre bonne ville vers 1900 ou quelque chose comme ça.
Nous n’étions pas seuls, puisque une cinquantaine d’autres congénères avaient été plantés sur le Cours par le service des Jardins de la mairie. Choyés, dorlotés, nous avons grandi dans cet espace devenu très prisé par la population et les touristes. Des bancs, des fontaines, un kiosque sont venus agrémenter notre lieu de vie. Un vrai paradis !
Pépé et moi avions rapidement sympathisé du fait de l’installation d’un banc entre nous deux et nos racines avaient même fini par se rejoindre !
Le temps passait agréablement pour nous car nous étions devenus les vedettes du Cours Jean-Jaurès par la fréquentation quasiment ininterrompue de notre banc où s’asseyaient des amoureux, des poètes, des solitaires attendant en vain la rencontre prévue, des amateurs de musique lors des concerts.
Nos préférés étaient les peintres : ils nous prenaient pour les modèles des tilleuls. Nous étions les chouchous des barbouilleurs. Une vraie mode ! En ont-ils utilisé des tubes de peinture pour nos verts et jaunes uniques !Certains ont eu la fortune de pouvoir exposer leurs œuvres et vous pouvez toujours les admirer à la galerie du Cours où leur côte reste élevée. Un mouvement pictural « Les Tilleuls du Cours » avait même vu le jour, c’est pour vous dire …
Mais, ceux que nous aimions par-dessus tout, c’étaient les oiseaux. Nous adorions quand merles, rossignols ou fauvettes venaient troubler note tranquillité d’une si jolie manière, nous leur faisions un tendre accueil dans nos ramures odorantes. Combien de délicieux gazouillis, chuchotements, murmures avons-nous abrités! Ajoutez à cela la fragrance de nos fleurs…
Oh ! mon Pépé, tu es parti et je me sens bien seul.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi… jeune bourgeon, ne l’ai pas beaucoup connu. Je sais qu’à force d’infuser, il avait dû être traité pour ne pas perdre la boule. Il avait de la branche mais je ne connaissais pas son arbre généalogique.
Chaque matin, je respirais sa bonne odeur et aimais prendre racine sous son ombre. Mais le temps et la maladie ont eu raison de lui et il a fallu l’abattre, faute de trouver un tronc commun avec ses congénères. Depuis lors, l’atmosphère est devenue irrespirable…
Ce jour-là, un orage éclata sur la plaine. Des éclairs zébrèrent, surprenant l’air lourd. Des trombes d’eau se mirent à couler à flots d’un ciel noir en colère et grossirent les ruisseaux en à peine une heure. Des coups de tonnerre retentirent, faisant trembler les vitres. Il grêla dans quelques endroits sur les champs de blé, le peu de vignes et sur les pommeraies à perte de vue. Au mois d’août, à Saint-Martin-du-mont, on n’avait pas vu ça depuis des années.
Janine s’inquiéta. Papy Tilleul, isolé dans sa petite maison en bord de rivière, à 5 km de Saint Matin était resté optimiste. Personne n’avait jamais pu le faire bouger de sa bicoque qu’il avait entretenue avec amour. Dernièrement, il avait encore refusé de déménager. Au téléphone, la communication toujours précaire était restée en l’état. A cause de cet orage, Janine craignit le pire. Inquiète, elle appela Monique :
– Tu as vu ce qu’il tombe ?
– Ben oui, tu vois, ici, c’est pareil. Et il paraît que ça va durer. Tu as appelé Pépé ?
– Oui, j’ai réussi à l’avoir, mais tu sais bien que la communication est mauvaise. Il m’a dit que tout allait bien. Avec lui, tout va toujours bien. Même quand ça va très mal, il ne veut pas qu’on s’inquiète. Vu cet orage, tu comprends, il faudrait aller y voir. Je pense qu’il ne m’a pas dit la vérité.
– Pourquoi voudrais tu que Papy Tilleul mente ?
– Allo ! Tiens ! La communication est encore coupée…
Janine, vite, s’emmitoufla dans son imper marin et se résolut à sortir. Mais sur le pas de la porte, un rideau de grêlons lui interdit de franchir les quelques mètres jusqu’à sa voiture. Elle attendit quatre ou cinq minutes. Le temps de s’habituer à ce changement de temps subit, elle s’arma de courage et se lança jusqu’à l’Opel Oméga. Dans la fièvre, elle réussit à ouvrir la portière et se glissa derrière le volant. Elle démarra en vrombissant mais la visibilité réduite l’obligea à rouler très lentement. Les essuie-glaces semblèrent bien fragiles et inutiles contre ce déchaînement de forces incontrôlables. Toutefois, avec prudence, elle parvint tant bien que mal à franchir la distance en plus d’une heure. Enfin, pendant une accalmie, elle aperçut le jeune feuillage du tilleul que Papy avait planté l’été dernier.
AU PRÈS DE MON ARBRE
Enfin, pépé Tilleul est mort. Paix à son feuillage ! Moi, je ne m’en réjouis pas, enfin, c’est un constat, c’est pourquoi je vous écris. Que s’était-il passé avant ? À Buis-les-Baronnies, pour la récolte, on entendait le linge de mémé sous la futaie. La récolte du tilleul est un appoint pour un original, c’est un violoniste, un collègue. C’est tout ce qui me revient… Le tilleul se chantait lindenbaum, bordait avec ses voisins le musée de Colmar. Visité autrefois, on y trouve une crucifixion célèbre d’un maître qui tente encore les voleurs. Sans la mort de pépé tilleul je n’en aurais plus le souvenir. Un aviateur y avait cassé du bois, enfant on s’en était servi de ses pieds de nez, enfin on en fera des planches, il n’était pas du bois qu’on fait des flûtes ! Je ne souhaite que paix à son feuillage, j’affecte désinvolture, ça ne mange pas de pain. Pépé Tilleul je l’avoue, tu vas nous manquer, on devrait te laisser debout, un témoin, quoi !🐻
Papa Tilleul est mort. Une fois de plus. Même pas Pépé, Papa l’avait planté au fond du terrain. Avec ses deux autres petits enfants. Planter un arbre, c’est laisser les valises s’enraciner, c’est oublier la guerre, tenter de faire fondre le goudron dans les têtes.
Papa les avait donc installés, à 3, tous les 3 ensemble, ce qui, d’après certains les situent bien mieux, que ceux plantés par 2 ou 4. Une histoire de chiffre parfait, ne comptez pas sur moi pour vous l’expliquer. La perfection n’existe pas.
Bref, Papa Tilleul et ses 2 comparses ont longtemps poussé contre le ciel trop bas. Ils ont bien joué de la ramure pour atteindre leur jour de faîte. Ils ont accompagné la vie du Papa. Tout à tour, coin d’ombre, cercle magique, triangle de calmes permissions. A peu près tous de la même taille, la taille soigneuse du Papa exigeant, contre le moindre rejet, une petite manie d’absolu contre la jungle du vécu.
Et puis Papa s’est chopé la sale bête. Il a quitté ses tilleuls. En bon fils, à l’écoute de je ne sais quel instinct, j’ai ramené les cendres tièdes au pied des tilleuls. Les ai éparpillé autour des 3 . La brise les a distribué, à son envie. Le temps, doux balai des poussières a réorganisé, à sa mode, la ronde du moment.
J’aimais bien cette tombe ouverte. Pour lui , ayant eu tant peur de la vraie fosse . Sur les racines d’un des tilleuls surgirent les rejets de l’oubli. Et je ne les taillais pas. J’aurai craint de lui entamer la peau. Il m’avait confié la pince familiale et je coupais les ongles de ma mère, la sauvage, qu’elle puisse encore griffer.
Bien plus tard, question d’économie, de prévision du reste de vie et de recyclage du tout , ma mère et moi décidâmes de vendre le bon bout de terrain où paressaient les 3 tilleuls et mon père.
Un couple sain, producteur d’enfants d’amour, un garçon et une fille, comme ma sœur et moi-même s’intéressa à l’espace, pour y construire leur première maison, loin des gares et des péages autoroutiers. Ils parcouraient respectueusement l’étendue proposée, appréciaient l’ombre des tilleuls, y projetaient des repas familiaux. Papa Tilleul, y entendrait d’autres chansonnettes, le bourdonnement des siestes avachies.
Évidemment, nous ne leur avions rien dit de notre réalité. Ca dérange toujours, les disparus pas rangés dans les bonnes boîtes. Les poutres des pendus coûtent trop cher aux descendants des tristes engrangés de leurs parents. Et ce n’était pas par calcul. Le mystère demeurerait, simplement, entre ma mère et moi, la vie continuerai, Papa Tilleul sous un nouvel abri survivrait, autrement. On espère toujours des nouveaux voisins.
On regarda leur maison s’installer, les gamins explorer les herbes toujours sauvages.
Puis un jour de visite, je tombais, ahuri, sur une autre perspective. Tout le fond du terrain avait été retourné, les 3 tilleuls arrachés, le nez dans la boue. Les racines hurlaient dans ma tête.
J’eus une vision de nouvelle guerre. Notre Haut de France était retourné dans le bas des anciens combats. En un éclair, le voisin, faux jeton de propriétaire devenait mon ennemi.
J’ai fui, j’ai fermé ma gueule. Je n’ai même pas osé imaginer Papa Tilleul se prenant une pelle sur la gueule, tassé au fond d’une large taupière, retourner dans l’aveugle.
J’ai du délirer, un temps certain, celui d’imaginer n’importe quoi, qu’il aurait fui par une source souterraine, qu’il naviguait sur une nappe phréatique, à bord une pirogue en bois de tilleul, forcément.
Mais, je n’ai pas pu la tasse. J’ai avalé par petites doses l’infusion de la période, ce drôle d’élastique, tour à tour tendu puis si lâche, face aux réelles incohérences, les seule architectes de la vie.
Grand-père st mort, adulé par les autres arbres et les humains. Pourtant, tout avait mal commencé. Originaire du Moyen-Orient, le tilleul était réputé être un arbre ensorceleur et maudit. On le voyait dans « Hansel et Grete » des frères Grimm ou bien dans le folklore russe où Baba Jaga enlevait des filles qui se promenaient toutes seules dans sa forêt pour les transformer en tilleuls. Mais heureusement au 17ème siècle, avec l’avènement de la science et l’expérimentation sur la pharmacopée, son image va changer. Lui qui possède des feuilles si belles en forme de cœur et d’une couleur si tendre, dont son nom à donné la couleur, ne pouvait être nuisible.
A sa mort, grand-père tilleul était déjà bien âgé avec ses 370 ans. Il était apprécié et considéré depuis longtemps par les humains. La communauté des paysans rendaient la justice sous ses branches. Il faut dire qu’il était depuis longtemps reconnu comme arbre médecine, papy tilleul. Utilisées en infusion, ses fleurs auraient des propriétés apaisantes et calmantes, reconnue efficaces pour le traitement des inflammations et de l’irritation des muqueuses. A cela grand-père leur attribuait des vertus contre les défaillances du cœur, les spasmes douloureux, les convulsions de l’enfance, la ménopause, les vertiges et l’hypocondrie. Ces fleurs étaient de véritables anti-dépresseurs, à la fois euphorisants et sédatifs. D’après certains humains elles seraient également antispasmodiques, diaphorétiques et rendraient le sang plus fluide.
Grand-père, paix à ton feuillage ! Mais moi je veux donner une autre vie à l’arbre tilleul, le rendre moderne, loin des tisanes et autres infusions. Son bois par exemple. Il est tendre et facile à travailler, à scier, à tourner et à sculpter. Après un période de séchage et de mise en œuvre, il devient très stable. Je l’imagine déjà. Dans les mains de l’homme il deviendra sabots légers, ustensiles de cuisine, pinceaux plats, crayons, allumettes, jouets, bobines de fils, récipients divers, meubles, instruments de dessin, plateaux d’imprimerie, moules de fonderie, boîtes, ruches, placages, pâte à papier, panneaux de fibres et de particules, prothèses, ou instruments de musique. J’appellerais notre fabrique : « le Tilleul de mon aïeul ». Je sais que les orthodoxes le tilleul est le seul bois autorisé comme support des icônes. Je surferai sur l’image du bois sacré en évoquant, en suggérant des vertus magiques. Même si l’humain n’en a pas conscience, il a besoin du sacré. Je créerai peut-être un département parfumerie. La senteur du tilleul se rapproche du muguet. La substance produisant cette effluve, le farnésol, est déjà utilisée. Il ne me restera plus qu’à en développer l’utilisation. Pourquoi ne pas créer une liqueur comme la verveine l’a fait. Je n’ai pas encore parlé du bourgeon. Le champ des possibles est infini. The world is mine ! Le monde est à moi !
👏Ça c’est documenté !🐻🐀
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi je l’aimais bien pépé Tilleul, il m’a tellement appris ! J’ai tellement aimé grandir à l’ombre de son tronc majestueux et de ses branches protectrices. J’ai pu prendre le temps d’étendre mes propres racines, guidé par ses multiples connaissances du terrain et de notre environnement. Il m’a protégé de bien des tempêtes dont j’ignorais tout à commencer de leur existence. Ce que j’aimais par-dessus tout, c’est qu’il me raconte l’histoire de cette forêt où je grandis, les anecdotes sur les grands arbres qui nous entourent. J’étais fier quand les promeneurs du dimanche s’arrêtaient humer le parfum de pépé, et j’imaginais le jour où à mon tour, je ferai l’admiration des passants. Ce jour était venu. J’avais grandi, muri, m’étais épanoui. Pépé me laissait une magnifique place au soleil pour continuer mon ascension vers le ciel immense. Fort de tous ses enseignements, je prenais ma place avec respect, enthousiasme et excitation. J’avais hâte de faire de l’ombre aux promeneurs fatigués, de donner mes fleurs aux passants qui aimeraient mes tisanes, d’effleurer les branches de mes voisins et de mes voisines. Je n’étais pas triste pour pépé tilleul. Ils étaient venus le chercher un matin de novembre et l’ont hissé sur le grand camion. Je savais qu’à partir de ce moment, nous serions certes séparés mais que pour lui commençait une autre vie pour l’éternité. Il ferait surement un très joli meuble dans un joli foyer, c’est tout le mal que je pouvais le souhaiter.
J’allongeais mes branches en faisant frémir mes feuilles, m’installant pleinement dans cette place que pépé avait si bien su conserver pour que je m’y épanouisse. Je humais l’air à plein poumon remuaient imperceptiblement mes racines pour conforter mon assise, ma place dans ce vaste monde.
– Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi, je vais pouvoir être utile à quelque chose dans ce parc. Il n’y en avait que pour lui, tout le monde m’ignore.
– Tu n’as pas honte, jeune freluquet, de te réjouir de la mort d’un bicentenaire ! s’offusqua Marronnier. Tu en as pour des décennies avant de donner une belle ombre comme la sienne afin que les passants puissent s’asseoir auprès de toi.
– Encore faudrait-il que les employés aient l’idée de poser son banc près de mon tronc. Regarde-moi ça, ils l’ont laissé près de sa souche.
– Tu crois qu’ils n’ont que ça à faire, ils viennent de l’abattre. Moi, j’ai bien du chagrin d’avoir perdu mon meilleur ami. Nous avons été plantés le même jour et nous avons grandi ensemble. Nous en avons vu passer du monde, des changements de modes vestimentaire et écouté tant de conversations intimes ou des engueulades. Si je savais écrire mes mémoires, je suis sûr que ce serait un best-seller.
– Pfff ! Laisse-moi pousser tranquille, se renfrogna le gringalet.
– Je ne vais pas te déranger bien longtemps, je suis couvert de pustules.
– J’avais bien remarqué que tu étais malade comme l’autre vieux. J’espère que ce n’est pas contagieux.
– Va savoir !
– Ils ont coupé mon arbre ! s’écria une jeune femme. Il n’y a plus d’ombre pour bouquiner sur mon banc.
– Toi avec tes bouquins ! lui lança son amie. Pas moyen de causer avec toi. J’ai quelque chose à te raconter de bien plus croustillant que tes romans à l’eau de rose. Le marronnier est occupé. On n’a qu’à s’installer sous ce jeune tilleul.
– Mais, il n’y a pas de banc !
– T’en fais bien des manières ! On peut bien s’asseoir sur l’herbe.
Et c’est ainsi que le jeunot entama sa biographie.
Pépé Tilleul
« Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage. Moi », disait le voisin le plus proche, « je l’aurais coupé depuis longtemps. Il fait trop d’ombre à mes plants et à l’automne il y en avait des feuilles mortes à ramasser… »
Cet automne justement, la tempête a déraciné Pépé Tilleul. Son demi-siècle de racines et son majestueux houppier n’ont pu lutter contre le vent.
Ainsi allongé dans le jardin, il prend une place démesurée. Lui qui faisait les cachettes préférées à l’abri des regards et la joie des enfants de la maison, il va être nécessaire de le débiter et de s’en séparer.
Les enfants plaident pour que le tronc soit conservé en madriers et bastaings. Ils laisseront le bois sécher et ensuite construiront avec, un abri sympathique, dans ce coin sud-ouest du jardin.
Le service d’élagage vient débiter l’arbre et les parties réutilisables, dans le projet des enfants, sont stockées en plein air. C’est l’étape intermédiaire entre l’arbre en vie, au parfum miellé si caractéristique, aux fleurs infusées pour soigner les rhumes, soulager la toux et le stress et son utilisation comme bois de construction : Etape très utile pour appréhender le temps de transformation de la matière première.
Chacun espère que ces quelques années d’attente n’arriveront pas trop tard dans la vie des enfants qui, d’ici là, auront peut-être quitté le nid familial pour une lointaine cité universitaire et de prégnants amours qui leur feront oublier, pour un temps, l’attraction des lieux de l’enfance.
A la recherche de documentation sur le tilleul, la famille découvre que l’arbre a la réputation d’être ensorceleur et reconnaissable dans différents contes.
C’est ce que chacun espère pour finaliser leur dessein et accepter la transformation de ce coin du jardin.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage, moi…
Moi, je suis content. Ne soyez pas offusqués, je ne fais que dire ce que je ressens en toute franchise. Vous avez déjà vécu à côté d’une vedette ?
Nous avons été plantés le même jour, il y a déjà fort longtemps. Nous n’étions pas côte à côte, mais nous pouvions nous voir, nous scruter, voir quel était celui qui grandissait le mieux, celui qui avait meilleure carrure. Nous nous étions lancés dans une concours de beauté, à celui qui attirerait le plus les regards, qui abriterait les premiers bisous, fournirait la meilleure ombre en été.
Mais il en va des arbres comme des humains. Il y a les bons élèves et les p’tites frappes.
Vous vous doutez bien que pépé Tilleul faisait partie de la première catégorie. Tout était bon chez lui. Il collectionnait pléthore de vertus. Un petit bobo, hop ! une tisane de tilleul. Un gros bobo, hop ! une huile essentielle. Une pharmacie sur racines. Paraît même que son bois est recherché pour fabriquer des trucs haut de gamme.
Il avait sa cour. On admirait sa prestance, son côté majestueux. Ah ! Tilleul. On te pardonnait tout même le fait que tu avais l’art d’attirer plein de petites bestioles volantes pas toujours très sympas et qu’il n’était pas toujours très confortable de faire une petite sieste à l’ombre de ton feuillage si précieux. Tu parles !
Moi, je suis depuis toujours et pour longtemps encore je l’espère, le fournisseur de bêtises des gamins. Ils m’adorent ! En attendant l’hiver et les batailles de boules de neige, mon fruit enveloppé d’une jolie coque recouverte de petits picots faisait office d’entraînement. Et un lancer par ici, un autre par là. Oups ! une vitre en moins. Oh merde ! un cocard par là. Ça chouine. Quelqu’un va passer un sale quart d’heure. Le blessé, lui sera soigné par le plus que parfait tilleul. Moi, j’aurais droit au regard noir. Je ne me suis pas présenté : je suis Marronnier, grand, beau et fort. Mon point faible : mon voisin.
Mais maintenant c’est enfin fini.
Évidemment, j’éprouve quand même un p’tit quelque chose. On ne partage pas la même terre depuis des lustres sans qu’une certaine forme de respect ne se soit instaurée entre nous.
Mais bon, lui, même mort, il continue à vivre. Son bois va faire le bonheur d’ébénistes, ses feuilles feront encore trempette pendant longtemps dans l’eau chaude. Je parie qu’ils arriveront encore à extraire des huiles de lui.
En résumé, il a disparu du paysage, mais il a laissé sa pharmacie. Il a laissé son empreinte pour toujours.
Salut voisin ! Je prends le relais.
Moi, je m’en réjouis !
Enfin de l’espace pour me répandre à souhait !
Enfin la paix.
Fini les petites tisanes de tilleul perlimpinpin.
Vive moi !
Oui, le pépé il était toujours en train de rivaliser avec moi le CHANVRE, « l’herbe » (comme il disait avec mépris).
Il critiquait en permanence ma famille des cannabinacées.
Il m’humiliait.
Et lorsque la nuit, les ados de la famille Gaudin, venaient cueillir mes superbes feuilles, il ricanait bêtement.
Moi, je ne disais rien.
Même lorsque les grands-parents Gaudin venaient s’approvisionner pour leur tisane de tilleul, je ne me moquais pas.
Mais un jour, la mamie Gaudin vint seule et je la surpris en train d’attraper au passage une poignée de mes belles feuilles qu’elle mélangea en catimini au tilleul.
Depuis, je la revis tous les jours dans le champ.
Elle était devenue joyeuse, radieuse, et ça faisait vraiment plaisir à voir.
Pépé tilleul n’aimait pas qu’elle ait retrouvé sa joie de vivre et il me regardait avec suspicion.
Cette cohabitation me pesait.
Et puis le vieux est enfin mort.
Depuis, la famille Gaudin est de plus en plus épanouie. (ados, parents, grands-parents) (et le chien aussi!).
Ils rigolent tout le temps et ils se roulent dans l’herbe avec volupté.
Et moi, je prolifère pour leur bien à tous, en toute tranquillité.
Je ne sais pas si c’est enfin marmonnait l’inspecteur Dutronc, mais Pépé Tilleul est mort (paix à son feuillage ). Pour moi, de façon suspecte. Je jurerai bien que c’est Mémé Tilleul qui a fait le coup, depuis le temps que le bougre la trompait sans vergogne avec toutes les essences du coin.
Cette fois ci, c’est une fougère arborescente ébouriffée qui l’a séduit par son charme exotique, mais le pire c’est que ces deux là, par des croisements contre nature, ont semés quantité de petits foulleuls qui grandissent à la va comme je te pousse, au nez et à la feuillure de la malheureuse Mémé.
Mais encore fallait-il le prouver!
Dutronc se rendit donc au domicile de la suspecte qui avoua sans difficulté ni remords,pour elle justice était faite.
Arrêtée, jugée, condamnée, la veuve se retrouva enracinée à perpétuité dans le parc du pénitencier voisin. Ses fleurs servirent à alimenter l’herboristerie de l’établissement où se fournissait d’ailleurs madame Dutronc.
La peine dura jusqu’à ce qu’il fut décidé qu’elle termine en bûche dans la cheminée du directeur des lieux.
— Enfin, pépé Tilleul est mort !
— Paix à son feuillage, moi je l’aimais bien, pépé !
— Toi, peut-être, tu étais son préféré. Par contre, nous, il ne nous a jamais considérés. Surtout en période de sécheresse ! Il pompait tout, la moindre goutte d’eau, le moindre minéral sous nos pieds, le moindre rayon de soleil du haut de ses vingt mètres. On pouvait crever la souche ouverte, il ne partageait rien avec ses racines. Nada ! sauf avec toi, apparemment.
— Il nous pompait l’air aussi. Pas un coup de vent pour un coup de « pousse ». Pas une abeille ne parvenait jusqu’à nous. C’est vrai qu’il était envahissant, le vieux !
— Il nous pompait tout court, le pépé ! Personne ne pouvait communiquer avec lui. Dès qu’on le branchait, il nous menaçait derrière son abondante frondaison.
— Vous ne l’avez jamais compris, parce que vous n’avez jamais voulu l’écouter. Avec moi, il partageait surtout des histoires dont il se nourrissait pour résister. Ses rêves, me disait-il, le rendaient plus résilient que les autres. Du soleil, des minéraux, de l’eau, il n’y avait pas plus accès que vous. C’est juste qu’il n’en avait pas autant besoin que vous. Il m’a appris justement à m’en passer, à puiser juste le nécessaire et à nourrir d’avantage mes rêves et les chants d’oiseaux, ses nombreux amis. Maintenant qu’il est mort, vous allez comprendre que c’est votre ignorance qui vous fait de l’ombre et vous rend si petits. Alors, laissez-nous, avec mes amis rossignols, mésanges et rouges-gorges lui rendre le ramage qu’il mérite.
— Se nourrir d’histoires à dormir debout. Tes feuilles finiront, un jour, au fond d’une tisane, petit !
Très belle suite, j’ai adoré…
Merci beaucoup Marie.
Enfin, pépé Tilleul est mort ! Paix à son feuillage
L’ arbre antique avait abrité pendant plusieurs centaines d’années la vie de la famille dont il se sentait le patriarche. Pas une fête, mariage anniversaire, pas une réunion de famille qu’il n’eût protegés de ses ramures à l’odeur de tisane. Un autre tilleul à son côté qui s’élevait un peu moins majestueux toute fois caressait du bout de ses branches celles du seigneur. C’était un couple d’arbres tout simplement. L’herbe à leur pied était toujours verte et moussue c’était là qu’on dressait les tréteaux sur lesquels on disposait les assiettes mais c’était dessous aussi qu’on enterrait les chats et chiens qui avaient accompagné les enfants et les maîtres de la maison. Aussi la mort de cet ancêtre plongeait la famille dans la plus grande perplexité. «il y a fort a parier que l’autre va suivre » prophètisaient les plus défaitistes. « on va en planter un autre » disaient ceux voulaient perpétuer l’apparence. « on ne va rien faire du tout» asséna le grand père, voir le tilleul Sidonie tout seul nous rappellera les bons moments que nous avons passés avec eux. En attendant prenons nos tabourets et buvons la tisane de ses dernières fleurs. 🐀
Pépé tilleul est mort.paix à son feuillage.moi,je me dis qu’il a eu une belle vie, glorieuse,joyeuse et tout.
Si tout le monde peut se glorifier d’une vie pareille, nous serons aux petits oignons.
Im a poussé et s’est élevé droitement,fier comme roc.
Il en a mis des années à parfaire son branchage, à se parer de feuillage dense et verdoyant.
Il a laissé les humains profiter de son ombrage.la. Cueillette chaque année pour faire des tisanes était facilitée.
Il a vu les printemps d’amours naissants.
Il a reçu les confidences de jolies damoiselles.
De nombreux habitants des bois ont été recueillis, cachés,mis à l’abri dans ses branchages.
Le mariage de Zoé et Nathan,tous fiers ,la donzelle parée d’un rideau blanc dans la chevelure, le Nathan tout ému,y avait posé une couronne de pâquerettes.
Cinq ans c’est peu,et pourtant, quant on fait un mariage comme les grands, qu’on se dit « oui » le bonheur au coin des yeux,on est heureux, accompagné du tilleul pour témoin.
On s’essuie maladroitement le chocolat qu’on a au coin des lèvres et on embrasse la donzelle en fermant les yeux de plaisir.
Notre Cher tilleul a abrité, aux fortes chaleurs, quelques familles.ca a été pareil les jours d’orage, même si notre bel arbre tremblait autant que que les humains abrités,il avait vu son ami le chêne plier puis casser sous le feu d’éclairs.
Il avait communiqué et conversé avec ses congénères du Parc.
Ils s’étaient même unis une fois pour aider un frêle arbrisseau à prendre de la graine et pousser, malgré un départ mal engagé.
Il avait apprécié le vent dans ses feuillages, le soleil rechauffer ses bois.
Oui vraiment il avait eu une belle vie et avait maintes fois remercié le ciel, l’univers.