Notre mémoire a du nez
Proust l’a brillamment remarqué, nous sommes tous imprégnés par une odeur plus ou moins agréable ou désagréable.
Personnellement, c’est l’odeur de la soupe aux poireaux, pommes de terre qui demeure en moi, beaucoup plus que celle de l’encaustique ou de la lavande.
Nous étions du peuple, nos logements étaient petits, vétustes et sombres. Pas de douche, de toilettes, de chauffage. Dans leur minuscule cuisine, les mamies tenaient leurs soupes au chaud sur une cuisinière à charbons, ça bouillonnait doucement des heures durant.
Depuis, je ne peux plus supporter l’odeur de poireaux. Hélas pour moi, ma femme aime cette asperge du pauvre et en prépare régulièrement en salade, après les avoir fait cuire…
Quand cela arrive, je m’enferme ou je me sauve. J’ouvre portes et fenêtres… Ceci pour vous dire que des effluves, des fumets et des relents se sont agrippés à notre mémoire, comme si elle était en tissu.
Cherchez bien les odeurs imprégnées en votre mémoire. L’une d’elle domine les autres. Si vous la trouvez, racontez-nous cela ici, c’est avec plaisir que nous vous lirons.
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com
Parmi les mauvaises odeurs de mon enfance, me reviennent en mémoire celles de la lessiveuse avec son champignon posée sur la gazinière les lundis, les pots-pourris des menus divers et variés dans la cage d’escalier de mon immeuble quand je rentrais de l’école, les effluves de Végétaline et de café italien du 1er étage et à peine poussée la porte de mon chez moi, celle du rata pommes de terre-carottes agrémenté d’abats en fin de mois en attendant la venue du facteur apportant les allocs. Les odeurs des cabinets dans un hangar chez ma grand-mère qui me donnaient des haut le cœur. Beurk la soupe en julienne de pommes de terre, carottes, poireaux, navets (le seul légume que personne ne me forcera à manger). Pour vous Pascal ce sont les poireaux et pour moi les navets que je ne peux pas sentir ! Heureusement, les bonnes odeurs de pâtisseries faites les samedis après-midi pour le dessert du dimanche et la tarte à la bouillie de ma grand-mère sont celles que je retiens le plus volontiers.
Horreur : la doyenne du village qui tordait gallairdemment le cou de la poule et la plongeait dans
une bassine d’eau bouillante pour la plumer. Cette odeur de plumes échaudées …. aussi voir petit petit, apparaître cette peau rosée hérissée de petits trous formés à force de vigoureux arrachages.
(cruauté puante qui pourtant ne m’a famais empêché de déguster la poule rôtie)
Pour moi il y a l’odeur des artichauts que je détestais et déteste toujours , étant obligée d’en manger le cœur, pas de gaspillage , mais pour éviter d’ingurgiter cette horreur je cachais les morceaux dans ma serviette de table que je courais vider dans les toilettes dès la fin du repas .
En contrepartie mon paradis était l’odeur des beignets de ma grand-mère que je reconnaissais avant même d’entrer dans la maison et qui est définitivement inscrite dans ma mémoire olfactive puisque personne n’a jamais réussi à les refaire depuis qu’elle s’en est allée régaler les anges !
Pendant plus de quarante ans, je n ai pas supporté l odeur des épinards en train de cuire. Cette odeur me répulsif et ce souvenir est étroitement lié à l image des escaliers dans lesquels je m engageais aussitôt que l odeur se répandait en filant dans ma chambre et en promettant de ne pas en manger.
J ai redéouvert ce légume avec mes enfants qui l adorent! Je le mange différemment même si il arrive encore que l odeur me soulève le cœur de temps en temps.
Et l odeur que j ai tant aimé etait celle au creux du cou de mes filles, bébés.
Deux odeurs liées à l’enfance
La première. L’odeur de la rentrée scolaire : celle de l’encre, du cartable neuf, de la gomme, du plastique couvrant les livres, du parquet ciré du plancher de la salle de classe Merci Sylvianne
La seconde. Que je déteste encore. Celle du poireau dans la soupe qu’on m’obligeait à manger.
Pardon Sylvianne
le parfum que mettais ma mère avant de sortir un enchantement, que j’ai gardé inscrit dans ma mémoire hélas ce parfum n’existe plus je l’ai recherché mais rien c’est trop vieux
par moment devant un film de la vieille époque j’ai des relents délicieux de ce merveilleux nectar qui me viennent et c’est toujours un moment de tendresse qui réchauffent le cœur , en quelque sorte un parfum Doudou !
Je crois l’avoir déja évoqué. Ma vieille salle de classe puait le géranium alors que mon cours préféré, le cour de récration embaumait le tilleul.
Le chocolat chaud au retour de l’école que nous préparait maman
Et l’odeur des matins d’été
Je ne sais s’il y a une odeur, un parfum de mon enfance qui prédomine sur l’autre. Souvent je me surprends à en retrouver, n’importe où, dedans, dehors. Mais il est plus facile de me souvenir des plus persistantes qui émanaient de la cuisine de maman. La mienne était une très bonne cuisinière, et l’est toujours. Donc quand nous arrivions de l’école ou des terrains de jeu, avant le bain et de se mettre en pyjama, il y avait déjà les odeurs qui émanaient de la cuisine et qui provoquaient les premiers émois ou les premiers pleurs. Ah noooon! pas encore des haricots verts, on en a eu hier ! Justement, il fallait les finir, mon père en avait ramené plein du jardin. Oh! des patates com azeite ! Dès six ans, je parlais parfaitement le frantugais. Traduisez, le fumet d’un cozido, le pot-au-feu portugais dont le principe pour moi consistait à faire tremper les patates (plus que les carottes et navets) dans un bain d’huile d’olive, un plaisir qui ne m’a jamais quitté.
Mais le pied pour le nez de l’enfant difficile-à-table que j’étais, c’était l’odeur de la brioche qui cuisait au four. Une fois par mois, le samedi soir, avec mes soeurs, on y avait droit. Et c’était une pure excitation des papilles qui durait toute la soirée jusqu’au lendemain matin. Les effluves nous prenaient les narines qui nous conduisaient jusqu’à la cuisine pour voir monter la pâte dans ces deux moules que je revois encore, l’un rectangulaire, l’autre rond, en forme de rosace. Et pendant que les brioches reposaient chaudement sur la table de la cuisine, sous un torchon, nous nous endormions avec ce parfum et l’excitation d’être le lendemain. C’était, pour mes soeurs et moi, un peu Noël, chaque mois.
Ben, c’est malin, Pascal, de me remettre ces odeurs dans la tête. Allez, demain, j’appelle maman pour lui dire que je descends ! 🙂
Les poireaux vinaigrettes ? Miam ! C’est mon enfance.
Mais l’odeur ou plutôt le parfum qui me rajeunit immédiatement de 60 ans, c’est la cire de chez ma marraine. Vieil appartement de Paris 15e. Les vieux parquets sont cirés régulièrement. Les vieux meubles en bois sont cirés. Un autre monde pour moi, vivant à Sarcelles béton et formica. J’entre et je suis embrassée par ma marraine, souriante et accueillante. Cire et affection sont pour moi entremêlées.
Chère Sylvianne tu m’as fait plaisir avec ton poireau et l’odeur de la cire… Tout un passé. ! Merci 🐭
Bon Sylvianne, tente le poireau vinaigrette pour ton homme. On ne voudrait pas qu’il de casse une patte en se sauvant de la cuisine! 😉😊
Je me souviens qu’un jour tu m’as punie avec comme sanction : des poireaux -vinaigrette
Je l’avais bien mérité
Tu t’en souviens ?
C’est amusant Pascal sur tu évoques ces souvenirs olfactifs d’ enfance car c’est un sujet que j’avais donné a mon atelier.
Chez nous c’était le céleri aussi dans le soupe. Cette odeur prégnante qui marquait même les vêtements. Mais moi je l’aime cette odeur, elle me rassure et je revois les personnes qui ‘cocottaient’ ! Et ces souvenirs me font plaisir. En revanche, lorsque je donnais mes cours, les mains des élèves parfumées à l’orange de midi qui grimpaient les gammes sur le manche du violon étaient rédhibitoires ! Allez allez.. un coup de savon la-dessus avant de remonter sur le Do !!! Merci de réveiller ces souvenirs il me tarde de lire ceux des amis participants 🐀