691e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Imaginez que vous vous êtes réincarné en poisson rouge. Racontez comment vous avez employé la journée d’hier ?


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32 réponses

  1. Jean-Pierre dit :

    Un astronome réincarné en poisson rouge raconte sa journée d’hier.

    J’ai passé toute ma vie d’astronome à regarder le ciel à l’œil nu, à travers une lunette, et enfin sur l’écran d’un ordinateur, car on n’arrête pas le progrès. Et un soir, j’ai voulu revenir dans le village de mon enfance pour observer les étoiles dans le noir d’une nuit sans lune, mais j’ai buté sur une racine et fait une mauvaise chute.
    À ma grande surprise, j’avançais maintenant dans un couloir interminable tandis qu’une voix synthétique venue de nulle part m’expliquait que j’avais fait une chute mortelle et que mon avenir n’était pas dans le ciel, car il était temps que je prenne ma retraite, ni sur la terre car j’étais mal tombé et je n’y avais plus ma place.
    Les gigantesques calculateurs de l’au-delà, dans l’immensité de leur intelligence artificielle avaient calculé que je pouvais encore me réincarner en poisson (rouge à cause de mes opinions politiques). J’étais trop policé pour être sauvage, et j’avais le privilège de choisir l’espèce sur le site internet de « la maison du poisson rouge » qui venait de s’afficher sur le mur devant moi : Il me suffisait de poser la main sur l’image de mon cyprinidé préféré. Le Céleste (ou lorgnette du ciel) avec ses gros yeux globuleux me plaisait bien, mais je préférais encore l’Uranoscope (ou bubble eye), encore plus rigolo avec ses deux ballons en guise de rouflaquettes. Dans le style « grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf ».
    « Ce poisson est rare et fragile et vous êtes responsable de ce choix », m’avertit la voix avant de m’inviter à signer au bas de l’écran. J’étais prévenu.
    Le marchand était ravi d’avoir enfin pu se procurer un tel spécimen. Il me plaça dans un grand aquarium juste à-côté d’un cyprin doré ordinaire qui tournait en rond dans son bocal.
    Furieux, celui-ci se foutait de ma gueule :
    – Bien le bonjour Bubulle ! Il ne te reste plus qu’à écrire « les mémoires d’un mec trop gonflé » !
    – Tu dis ça parce que t’es jaloux ! Ta dorure c’est du toc ! Je vaux bien plus cher que toi, répliquai-je avec force bulles.
    – Je préfère être à ma place qu’à la tienne, mec. Tu dois t’emmerder seul dans ce grand bocal vide. Regarde le poisson-clown dans son aquarium climatisé au décor tropical somptueux ! Il est encore plus cher que toi. Et quelle beauté !
    – J’aimerais pouvoir sauter de mon bocal pour te foutre une peignée !
    Disant cela, je heurtai la paroi de l’aquarium, un grand choc pour moi, car mes joues en forme de ballon sont encombrantes et très sensibles. De plus, je n’y vois pas très bien.
    Le cyprin doré de mes deux (rouflaquettes) était devenu vert (de jalousie).
    Stupéfaction du marchand qui n’avait jamais vu un poisson rouge de couleur verte.
    Par prudence, il déplaça mon aquarium pour le mettre à-côté de celui du poisson-clown, ravi d’être débarrassé de ce voisin teigneux. Il se livra à des pirouettes et cabrioles pour attirer mon attention.
    J’ai battu de la nageoire pour applaudir le spectacle.
    — Je suis heureux d’avoir un voisin comme toi ! Parce qu l’autre mec, il me gonfle !!!
    — Fais gaffe ! Surveille la pression pour éviter l’éclatement ! Et dis-toi bien que si cet abruti porte un bel habit vert, ce n’est pas un académicien : tu es bien placé pour savoir où il l’a trouvé.
    — Oui. Il a ramassé ça dans le dépotoir de sa colère.

    Voir :
    https://www.lapagedupoissonrouge.net/le-poisson-rouge/varietes-de-poissons-rouges/

  2. Françoise Maddens dit :

    C’était ma deuxième journée « poisson rouge »J’étais assez content car j’avais la nette impression que je savais de mieux en mieux faire fonctionner mes nageoires et que de ce fait je me déplaçais de plus en plus vite ; le côté négatif c’est que je me cognais plus fortement.Il fallait que je fasse plus attention car si je rudoyais mes nageoires je pourrais couler à pic. Rien que de l’imaginer j’en avais du bleu à l’âme. Soudain une tortue « de mer bien sûr » me heurta et c’est ainsi que je me retrouvai sur le dos.J’allai jusqu’à craindre pour ma vie mais d’un coup de queue énergique je me retrouvai en bonne position et que vis-je ? Une crevette ,toute rose. Heureusement je pus lire dans ses pensées (elle envisageait de me dévorer!) L’insolente ! Elle ne savait donc pas qu’il ne fallait pas se mesurer à plus gros que soi ! Hélàs elle l’apprendrait très vite. Moi ma réincarnation m’avait coupé l’appétit….
    Soudain, sans l’avoir voulu, je me retrouvai sur un banc de sable et me mis à grelotter. J’entendis ma mère me dire qu’il fallait m’habiller car on allait partir, mon père nous attendait dans la voiture.
    A peine éveillé je sautai sur mes jambes pour le rejoindre. J’avais pris un coup de soleil et mon corps était tout rouge.
    Regarde encore un jour ou deux et tu seras bronzé me dit-elle

  3. Urso dit :

    Imaginez que vous vous êtes réincarné en poisson rouge. Racontez comment vous avez employé la journée d’hier ?

    Elle est vraiment drôle la vie.
    L’autre jour j’ai vu une petite mouche qui faisait du surf.

    Vous savez où ?
    Sur l’eau de mon bocal de poisson rouge.
    J’ai vu aussi qu’elle faisait des signes dans ma direction.
    Je me suis approché. Je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire.
    J’ai ensuite compris.
    Elle m’a dit que dans une autre vie j’étais une baleine.
    Et puis chose curieuse que dans ma vie actuelle j’étais un poisson rouge. Ah ah ça je le sais.Très très bien.
    Un poisson un peu particulier, un poisson rouge qui vole dans les airs.

    La nuit je n’ai pas pu dormir.
    J’ai repensé aux paroles de la mouche.
    Le fait qu’avant j’étais une baleine et qu’aujourd’hui je suis un petit poisson volant.

    Ce matin j’ai essayé. En bougeant fortement mes petites nageoires.
    Je devrais pouvoir voler.
    Cette mouche n’a pas pu se tromper. Voyons !
    Oh oh j’ai réussi. C’est dingue.
    Je suis sorti du bocal à la verticale.
    Profitant justement que la grande fenêtre de la salle à manger était ouverte, je me suis enfui de cette maison.

    Ah ah à moi la belle vie, le voyage et les divertissements !
    Dans les airs j’ai croisé une grosse grosse mouche.
    C’était la mouche de l’autre jour, en plus énorme.
    – Hi hi dit-elle. Où vas-tu ? Tu es bien un poisson volant mais à la fin de la journée et avant la nuit tu dois retourner dans ta maison.
    – Laisse moi tranquille ! Moi je vole je vole. Vers le Brésil, revoir mon bel océan et mes chères plages.
    Puis je n’ai plus vu la mouche.
    Peut-être qu’à la hauteur où j’étais dans le ciel, elle ne pouvait plus voler et me suivre.
    Ho ho quelle joie, quel bonheur de revenir vers mon océan.

    Voilà comment j’ai quitté ma vie de poisson rouge dans un bocal trop petit et trop serré.
    Pour retrouver mon ancienne vie de baleine.
    Babaleine.
    Peut-être que cette mouche y est pour quelque chose ?
    Peut-être qu’on n’a pas renouvelé mon contrat de poisson rouge ?
    Ou pour une autre raison ?

    En tout cas en ce moment, en pleine mer et avec toute cette eau autour de moi, j’ai de l’espace. Avec une grande sensation de liberté.
    Hi hi elle est pas belle la vie !

  4. Michele B.Beguin dit :

    J’en avais marre de bosser, d’être prise pour un pigeon dans cette société, et marre aussi de ma relation compliquée et assez violente avec John, aussi après ma mort accidentelle, j’ai choisi de me réincarner en poisson rouge.
    J’ai eu le choix entre un chat, mais je n’aime pas les caresses; un chien, ah non si je tombe sur un chasseur, beurk; une poule, il parait qu’elles son bêtes; une mouche, ma mort risque d’être encore trop proche, et enfin un poisson rouge….
    J’ai beaucoup réfléchi. J’aime l’eau, je suis bonne nageuse, je mange peu, la couleur rouge est ma préférée, et je n’ai plus besoin de bosser. OK pour être un poison rouge.
    Depuis hier je suis dans un bocal rond rempli d’eau avec quelques graines fines en surface, Je suis rouge, J’ai une collerette blanche autour du cou, Je suis belle. J’ai regardé la pièce dans laquelle je vivais, c’était une chambre avec un lit à une place, avec des vêtements trainant sur le sol et des étagères de livres. Puis une tête s’est approchée du bocal avec des yeux globuleux, et j’entendais des mots qui ressemblaient à des borborygmes, jusqu’à ce que je vois nettement une petite fille aux yeux bleus magnifiques et au sourire rayonnant qui voulait me dire quelque chose.
    Pendant plusieurs jours, elle est venue me parler toujours avec bonté, Je ne comprenais rien, mais j’avais quand même saisi quelques mots à force d’écoute – bocal plus grand, compagnon, espace – Je n’avais pas tout saisi à son monologue, mais la surprise a été belle, car deux jours plus tard, je me suis retrouvée dans un aquarium spacieux avec des cailloux de toutes couleurs et un compagnon au corps souple et longiligne qui a fait battre mon coeur.
    la vie est belle.

  5. Peggy Malleret dit :

    691 Imaginez que vous vous êtes réincarné en poisson rouge. Racontez comment vous avez employé la journée d’hier ?

    Ma journée d’hier a été riche en évènements.

    Par chance, je me suis retrouvée dans le bassin de mon jardin et surtout pas dans un aquarium, enfermée ! Toutes les questions que je me posais trouveraient enfin une réponse, si toutefois, je réussissais à communiquer. L’endroit leur plaît-il, sont-ils heureux et surtout pourquoi refusent-ils de manger les délicieux granulés qui ont grevé mon budget ?

    Le matin, surpris de découvrir une inconnue, de couleur jaune, alors qu’ils sont tous rouges, les poissons se sont regroupés. J’imaginais pour décider s’ils m’accepteraient ou pas. Je ne connaissais pas encore leur moyen de communication. Leur « conciliabule » dura assez longtemps pour m’inquiéter.

    Extrêmement curieuse de nature, dès que j’ai fait l’acquisition de mes poissons rouges, je me suis renseignée auprès de monsieur Google. D’après une étude de l’université de Cornel aux États-Unis, ils communiquent entre eux par des petits sons. Ils entendent aussi très bien, ce que j’avais pu vérifier en les appelant avant de leur donner à manger.

    Bref, après cette attente, ils m’ont entouré pour me souhaiter la bienvenue. Miracle, je les comprenais ! Ils m’ont proposé de visiter leur domaine. Je le connaissais vide puisque je l’avais fait construire. Or là, j’avais la chance de le voir comme eux, sous l’eau ! Nous en faisâmes le tour tous ensemble. Rassurée, je compris qu’ils l’aimaient. Leur enthousiasme me réjouissait. Il ne leur manquait rien, comme je le souhaitais. Le pot de fleurs à l’envers installé pour se cacher en cas de danger leur était vraiment utile. Ils m’entraînèrent à partager le plaisir de se faufiler entre les plantes oxygénantes. J’en ai profité pour poser la question au sujet de la nourriture. Surpris, ils m’ont demandé : « Tu n’hibernes pas toi ? Nous, commençons à nous nourrir de granules seulement au début du printemps. Rien ne nous manque ici, dans l’eau. Tiens, d’ailleurs, viens goûter le long des parois les délicieuses algues qui se sont accrochées ».

    Après un bon repas, une sieste s’imposait ! Nous nous prélassâmes à fleur d’eau, pour profiter d’un rayon de soleil venu nous réchauffer en cette journée encore très froide. Le temps s’écoulait délicieusement bien lorsque, tout à fait inopinément, de gros nuages noirs assombrirent le ciel et éclatèrent en averse. Le bonheur d’entendre les gouttes se briser sur la surface du bassin en créant des vaguelettes alors que nous étions bien à l’abri, une expérience que je souhaite à tout le monde !

    Le reste de l’après-midi s’est passée à faire la course. Les poissons adorent ça !

    Le soir, installés au fond du bassin, nous nous préparions pour la nuit. Je ne savais pas à quel moment ma réincarnation cesserait. Peu m’importait, je me sentais bien. Le sommeil commençait à nous gagner lorsqu’un visiteur plongea ! Mon crapaud perdu depuis longtemps dans le jardin se manifestait ! Que demander de plus ? Je pouvais redevenir humain sans regret.

  6. Françoise - Gare du Nord dit :

    Hier matin, je me suis réveillé avec une curieuse et désagréable sensation. Je me sentais à l’étroit, étriqué ne cessant de me heurter contre des parois

    En ouvrant les yeux, je m’aperçus que ces parois étaient en verre transparent et qu’en réalité je me trouvais dans un aquarium.
    A travers, je découvris mon nouvel environnement : une cuisine
    Et un nouvel entourage. Un couple et leurs deux enfants. Tous attablés pour un petit déjeuner

    Scène de ménage entre les seniors.
    – Elle lui reproche ses faux départs, ses temps morts et ses sprints. Son manque de professionnalisme, pour ne pas dire son amateurisme.
    – Lui contre-attaque et la blâme pour sa prise de poids, ses courses perdues d’avance. Une véritable épreuve. Sa défense : elle met la barre trop haut

    Et chamailleries entre les juniors.
    – Aucun but dans la vie pronostique le cadet: Pas de repêchage et élimination directe. Carton rouge..
    – La minime accuse son frère de jouer perso et de ne pas avoir l’esprit d’équipe. Éternelle lanterne rouge. Aucun espoir.

    Moi qui vivais dans un lieu sans limites, peuplé de centaines d’espèces, je me retrouve confiné, seul, dans un espace de 100 litres. J’ai compris que je passerai le restant de mes jours à vivre seul, tournant en rond, pour tout oublier au bout de 3 secondes

    C’est ma punition, mon karma, le rachat de toutes mes fautes passées. La semaine dernière, j’ai lu un bouquin qui, si l’on en croyait la 4e de couverture, devrait bouleverser nos vies « Maudit karma »

    Ma copine Bouboule, la baleine, m’avait pourtant bien prévenu. Après la lecture de ce livre, elle s’était retrouvée réincarnée en crevette

    Je m’appelle Jack l’Etripeur, un requin-tigre. Je suis, ou plutôt j’étais, le plus féroce d’entre tous. La terreur du Pacifique. Le roi des prédateurs, le Michel Fourniret des océans : 28 à mon compteur

  7. Maguelonne dit :

    Ah Pascal, ma journée d’hier c’était le paradis. Je le sais maintenant.
    Hier j’étais dans mon bocal. Je tournais en rond,, je tournais en rond.
    J’aurais pu rêver de vastes mers du Sud et comment déjouer la gueule des requins voraces. Ou rêver de mers froides et d’être englouti dans l’estomac d’une de ces énormes baleines. Et tel Pinocchio je me serais échappé et continuerais l’aventure, libre dans ma tête.
    Mais rien de tout ça. Je suis un poisson rouge avec une cervelle de poisson rouge. Et je tourne en rond, je tourne en rond.
    De temps en temps, elle me regarde de l’autre côté du bocal, avec ses gros yeux globuleux, son  méchant nez qu’elle écrase sur la paroi. Et avec ses babouines elle me murmure des « gnan-gnan-gnan-gnan… » .
    Parfois elle nettoie ma maison. Elle me verse dans une bassine d’un bleu aussi délavé que ses yeux et je tourne en rond, je tourne en rond.
    Ce matin j’ai eu droit à la cuvette bleue.Puis il y a eu un grand fracas. Elle a hurlé. Bien plus tard elle m’a jeté dans une grande boîte rectangulaire en plastique transparent. Elle peut bien déposer tous les coffres, tours Eiffel et autres arbustes artificiels, rien n’y fera. Je ne m’habituerai jamais. Je me cogne à toutes les parois.
    Pas grave! Il n’y en a plus pour longtemps. Le plastoque c’est épouvantable. Je manque d’oxygène. Je m’étiole, je m’étiole.
    Encore combien de temps pour me retrouver le ventre en l’air à tout jamais.
    Comme j’aimais tourner en rond, tourner en rond !
    Adieu Pascal.

  8. Anne Le Saux dit :

    Ah, vous voulez savoir ce que j’ai fait hier ?

    Toilette minutieuse (on n’est jamais à l’abri d’un morceau d’algue coincé dans les branchies) ; contorsions pour le brossage des dents (qui sont, comme vous le savez, tout au fond de ma bouche) ; recherche des vêtements les plus adaptés à cette nouvelle journée (j’ai finalement reconnu, comme chaque matin, que mon costume est seyant et sa couleur toujours aussi éclatante) ; écoute des infos à la radio (il est important que je reste au courant de l’actualité du monde). J’ai ensuite fait consciencieusement mes 1000 tours de bocal comme prescrit par la médecine du sport et de la longévité. Après un bon déjeuner, fatigué, je me suis accordé un long moment d’inaction en toute somnolence. Puis j’ai repris l’entrainement : 1500 tours de bocal et cette fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

    Est-ce que je m’ennuie parfois ?

    Non jamais car j’ai un objectif : participer aux olympiades aquatiques l’été prochain.

    Pourquoi faire autant d’efforts ?

    Dans ma vie précédente, j’avais un souffle au cœur ; le sport m’était interdit depuis tout petit. Alors, je m’étais juré que dans ma prochaine vie je deviendrais un sportif de haut niveau.

    Est-ce que j’ai bien compris que je suis maintenant un poisson rouge ?

    Ah, c’est une excellente question… laissez-moi réfléchir ! Il est vrai que je n’ai pas tellement changé mon mode de vie. A vrai dire, je n’ai pas de repères pour savoir ce qu’est une vie de poisson rouge. D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été un humain. Mais qu’importe, l’essentiel est de trouver un sens à sa vie. En cohérence ou pas avec les aiguilles d’une montre !

  9. Michel-Denis ROBERT dit :

    En fait, depuis que je suis réincarné, je ne m’ennuie pas du tout. En tant que poisson rouge, je suis heureux, je raconte ma vie au fil de l’eau. Sur mon site « FAIS CE BEAU BOCAL », j’inscris au jour le jour. Même que j’ai mis une annonce : je recherche une cyprinidée bien gaulée, si possible avec de belles nageoires. Chacun peut être témoin. De toute façon, c’est bien connu, tout le monde le sait, je n’ai pas beaucoup de mémoire. J’inscris tout, sinon je ne me souviens pas. Juste des belles nageoires !

    Aussi, je vous renvoie à ma plage d’accueil. Si vous voulez, vous pouvez lire dans ma bulle.

    Hier matin, comme d’habitude, c’est noté, je me suis baladé aux flots bleus. Ma détente personnelle pour bien commencer la journée dans un parc aménagé avec un scaphandrier. Là, où il est, mon ami l’hippocampe. Droit comme un I. C’est lui le directeur et ça fonctionne bien. Le soir, il organise des festivités. A partir de 18h. on est tous dans l’attente.
    Ce matin, il m’avait invité au petit déjeuner. Salade végan d’algue et un demi flocon d’avoine. Nous étions près du bar, on entendait de la musique. Du Schubert, je crois. Une barbue nostalgique, écoutait langoureusement. Je crois que j’avais une touche.
    Cet air a réveillé la colonie de scalaires. Nous sommes allés les voir. Ils avaient augmenté dans des proportions inimaginables. 15%, on n’avait jamais vu ça, en une seule nuit ! Même que mon ami s’est piqué à rire :
    – Tu es un peu trop optimiste, qu’il me dit. 15% de scalaires en plus, tu as dû mal compter.
    – Je ne crois pas. Je suis observateur. Je repère plus les augmentations que les diminutions. J’ai même aperçu le père Colin qui avait perdu son copain. Il n’avait pas lieu de s’inquiéter. Je l’ai vu derrière la pompe à oxygène. Lui, par contre, il a maigri depuis qu’il a perdu son alter ego Maillard. Mais je crois qu’il s’est égaré. Peut-être qu’il a fait une fugue.
    Puis, nous sommes revenus au bar. Ils écoutaient toujours le même morceau. Je les voyais inspirés. En fait, ils discutaient. J’ai prêté l’ouïe. Et donc, le napoléon et le combattant du Siam n’étaient pas d’accord au sujet de Waterloo. L’un disait qu’en ces lieux c’était un pléonasme et l’autre répondait qu’il fallait être bilingue pour comprendre.
    – En effet, grande question !
    – Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?
    – Moi, tu sais, du moment que j’ai du bulot, le reste, je m’en balance.
    Sur ce, le poisson clown est arrivé. Et on a tous fêté l’eau !

  10. Geneviève Tavernier dit :

    Imaginez que vous vous êtes réincarné en poisson rouge.
    Aïe, aïe, deux fois que je me cogne la tête !… deux t’es sûr ?… euh, j’ai l’impression de n’être sûr de rien , mais qu’est ce que je fais là, au milieu de l’eau ?… et qui me regarde avec d’énormes yeux déformés ? mais quelle angoisse, où suis-je ? …
    A la fin de ma vie, j’ai souvent repensé à ce séjour en Inde fait dans les années 70. J’avais passé quelques mois dans un ashram, j’y avais vécu une vie fort simple et avais été initié à l’hindouisme. Souvent on m’avait dit que j’avais un grand karma et c’était sûr un jour je me réincarnerais. Les dernières heures de ma vie j’ai beaucoup pensé à ces temps bénis. Pour abréger ma souffrance, je me suis imaginé me réincarnant : un jour en lion, un autre en loup, ou une autre fois en aigle, je ne choisissais que des animaux forts, des animaux qui connaissaient le moins de prédateurs possibles, un dernier sursaut d’orgueil certainement…
    Et voilà que ce matin j’avais l’impression… en fait j’étais sûr de tourner en rond dans un bocal …. Mais quelle horreur, je m’étais réincarné en poisson rouge, ce n’était pas tout à fait le karma que l’on m’avait promis…. Et j’aurais donc la mémoire d’un poisson rouge ??? abasourdi, je restai de longues heures sans bouger au fond du bocal. Mais qu’est-ce que j’avais raté dans ma vie pour que j’en arrive là !
    17h30, le gosse rentre de l’école, tous les jours c’est le même scénario, Poussin donne à manger au poisson… alors, je vais tout vous dire, soit la ration est trop juste, soit y-en-a trop et j’ai mal au ventre… et puis j’ai entendu que c’étaient des farines de poissons…. Beurk… comme si j’avais mangé du beefsteak d’homme quand j’étais encore en vie ? non mais…
    Un jour j’ai vu arriver une plante…. En plastique. N’ayant rien d’autre à faire, me voici tournant autour de la fameuse fausse algue, à longueur de journée. Mais quelle vie… bon d’accord je me répète mais mon vocabulaire est limité et j’ai tendance à tout oublier.
    C’était sans compter sur le gosse qui a lâché le bocal, je me suis retrouvé frétillant de toutes mes nageoires, manquant d’air en un mot agonisant. Ouf pour une fois Monsieur Père a eu le réflexe de me récupérer dans un verre et devinez où j’ai terminé ?…. Dans le bassin aux carpes koï, oui celles qu’on admire et que l’on montre à tous les visiteurs… tout ça pour dire que jamais personne ne m’a regardé !
    Ouille mais qu’est-ce qu’elle est froide cette eau, comment vais-je survivre ? moi qui croyais qu’il n’y avait des épreuves que dans la vie des hommes et que la réincarnation c’était la vie de château…. J’ai vite déchanté.
    Je suis allé me planquer au fond du bassin, mais il y fait noir comme dans un four, et ces deux grosses brutes à moitié albinos qui s’amusent à me poursuivre…
    Plus de nourriture toute prête, ici c’est le restau : ‘’la débrouille’’, au menu : cuisses de moustiques, ça ne manque pas, mais je commence à me lasser. Je passe mes journées, planqué entre les nénuphars et les laitues d’eau, je suis à peu près tranquille.
    Les semaines se suivent, ma vie est d’une banalité et d’une inutilité affligeante, la seule chose que j’arrive à retenir c’est la phrase qui revient régulièrement : Chéri tu devrais mettre le filet au-dessus du bassin… mais les jours ont continué à défiler et à se ressembler, jusqu’à hier où j’ai eu un peu de distraction. Un oiseau muni d’un long bec, emmanché d’un long cou…est venu se mirer à la surface de l’eau… et clac, en moins de temps qu’il n’en a fallu pour le dire j’étais dans son bec….
    Eh, Monsieur de La Fontaine tu peux me donner une indication quant à ma prochaine réincarnation ?

  11. Françoise Rousseaux dit :

    Parfois, j’ai encore du mal à y croire ! Réincarné en poisson rouge ! Moi qui avais une sainte horreur de l’eau, et sous toutes ses formes ! Je détestais la pluie, jamais je ne me baignais, je ne buvais que du vin. C’est d’ailleurs ce qui m’a perdu ! Une bonne cirrhose et j’ai passé l’arme à gauche…Quelle facétieuse divinité a décidé alors de me transmuter en une créature complètement dépendante du milieu aquatique ? Me voici donc devenu poisson et bien sûr, ni truite ni saumon, vagabondant dans quelque rivière sauvage ; non, je suis un poisson rouge, condamné à tourner en rond dans un bocal exigu jusqu’à la fin de ma nouvelle vie. Ô déprime, ô envies suicidaires ! J’ai tenté plus de vingt fois de sauter hors de ce bocal maudit et la seule fois que j’y suis parvenu, une main m’a saisi et rejeté à l’eau, interrompant une agonie tant espérée ! Depuis ce jour, un couvercle à claire-voie est posé sur le bocal, empêchant toute velléité de suicide.
    Mais depuis hier, tout a changé ; je ne déprime plus, je n’ai plus du tout envie de mourir ! Au contraire, je souhaite vivre le plus longtemps possible. Que s’est-il passé ? Je vous le raconte bien volontiers.
    Hier matin, donc, une épuisette fut plongée dans l’eau, on m’extirpa du bocal et on me plaça dans un tout petit récipient, sorte de cachot aquatique où je pouvais juste tourner sur moi-même. Qu ‘avais-je fait pour mériter ça ? Mon sort n’était déjà pas très enviable, mais là, c’était le comble du malheur ! Je sombrai dans le plus noir désespoir et j’eus à peine conscience qu’on déplaçait ma nouvelle prison. On me transportait en fait. Cela dura un moment qui me sembla une éternité et soudain, plouf ! Je fus libéré ! Je me retrouvai dans une eau, ah je ne sais comment la décrire…Une eau verte, qui sent la mousse, le cresson. J’ai commencé de timides explorations ; il semble que le fond est tapissé de plantes, où je peux aisément me dissimuler. Je n’ai rencontré aucune paroi autour de moi. J’ai nagé, frétillé, j’ai gobé des nutriments. Je crois même que j’ai avalé quelques œufs de grenouille. C’était délicieux d’ailleurs!Quand la nuit est tombée, j’étais trop excité pour dormir et là, dans l’eau devenue obscure, j’ai commencé, enfin, à nager en ligne et non plus en cercle . Ah, quelle journée merveilleuse ! J’espère qu’il en sera de même aujourd’hui !
    Et si un jour je suis réincarné en humain, j’irai nager chaque matin, je ne boirai plus que de l’eau et je chanterai sous la pluie , c’est promis !

  12. Labrosse dit :

    Petit lorsqu’on lui lorsqu’on lui contait l’histoire d’Alladin : nom de dieu ! Ce n’est pas un trésor, ni un château, ni une princesse qu’il eut formulé comme premier vœu, il espérait une métamorphose, une mue totale, une réincarnation ….
    Aujourd’hui Il était là, planté devant cette machine improbable bardée d’informatique, un vaisseau spatial voué à la génétique et permettant de s’offrir le rêve de sa vie. Certes il y avait encore des échecs mais on était en bonne voie. L’équipe de scientifique avait lancé un appel à candidatures, on offrait la gratuité aux vingt premiers candidats.
    Il n’hésita pas une seconde, il quitta son poste de travail dans l’instant, jeta ordinateur et costard cravate dans la première benne à ordure, fit le plein d’essence de sa vielle Audi et roula pied au plancher d’une seule traite jusqu’au lieu de rendez-vous.
    Il avait dormi dans sa voiture et fut le premier à se présenter devant le temple des réincarnations. Il tenait à la main une vieille pétoire hérité de son aïeul, et nul ne songea à lui prendre sa place car il aurait tiré sans hésiter.
    Lorsqu’on lui ouvrit la porte, il se précipita à l’intérieur et l’on dut rabattre aussitôt une lourde barre d’acier pour éviter que d’autres candidats se jettent corps et âmes dans le vaisseau.
    Il avança le long d’une ligne bleue accompagné de deux molosses en blouson noir à qui il confia derechef son vieux fusil.
    Une nouvelle porte s’ouvrit sur un petit patio lumineux garni de jolis plantes équatoriales et de fauteuils fluorescents véhiculant un fluide bleutée. Les deux molosses laissèrent la place à une hôtesse d’accueil accoutrée d’une panoplie d’infirmière.
    – vous souhaitez un rafraichissement Monsieur ? Prononça avec lenteur la jeune femme.
    – je veux bien prendre un petit déjeuner copieux si cela est possible, je n’ai rien avalé depuis hier soir marmonna Pierre André.
    – Avec plaisir monsieur, avez-vous des préférences ou des habitudes alimentaires, profitez-en, il se peut que demain vous n’ayez plus les mêmes paramètres nutritionnels .
    Pierre André, qui avait jusqu’à présent réfréné ses appétits pour garder la ligne et offrir à ses congénères un profil conforme à la norme, fit la liste des victuailles dont il rêvait : trippes de veau, boudin aux pommes, foie gras confit, omelette baveuse à la truffe, petits fours garnis, tarte tatin …
    L’hôtesse bien que surprise par la commande, passa discrètement un appel téléphonique à ses supérieurs et opina du chef.
    – Monsieur sera servi dès que possible. En attendant je vous invite à vous relaxer dans nos fauteuils « Blue Moon « .
    Pierre André, radieux, s’installa confortablement et se laissa bercer par le bruit d’une cascade et quelques notes de musiques sédatives.
    Lorsqu’il sortit de son assoupissement, un copieux repas l’attendait.
    L’hôtesse d’accueil lui proposa de remplir en ligne via une connexion interstellaire le questionnaire pendant qu’il festoyait, ce pour gagner du temps sur les préliminaires à sa réincarnation …
    1 – Avez-vous des préférences en matière de couleur ? formula l’hôtesse
    – le rouge et le noir sont mes couleurs préférées
    2 – Avez-vous un biotope préféré ( milieu de vie dans lequel vous seriez à l’aise) ?
    – Une grande ville américaine comme New York rétorque Pierre André
    3 – Dans quelles pratiques sportives aimeriez-vous exceller ?
    – le flamenco et le pool dance
    Pendant que l’hôtesse quelque peu effarée scrute son auditeur, Pierre André en profite pour avaler une belle fourchette de boudin aux pommes.
    4 – Quels types d’habitats vous fait rêver ?
    – un chapiteau de cirque ou la loge d’un artiste
    5 – Quelles sont vos matériaux naturels préférés ?
    – Le velours et la laine angora
    Décidément ce type est vraiment particulier songe l’hôtesse mais elle est payée grassement pour ce boulot alors pas question de tergiverser ou d’émettre un avis. La machine fera le nécessaire pour opérer la réincarnation.
    6 – Avez-vous des tendances sexuelles particulières ?
    – Atteindre L’orgasme féminin et pratiquer le callimenbo latéral
    La jeune dame en a entendu des pratiques sexuelles toutes plus déviantes les uns que les autres, mais dans le cas présent, elle parait réellement intriguée, ce type est très spécial !
    7 – Avez-vous un animal préféré ?
    La panthère noire ou le fusa malgache
    8 – quelles sont vos trois valeurs préférées ?
    La tendresse, l’engagement et l’empathie
    9 – si vous aviez une seule chose à réaliser avant de mourir laquelle feriez-vous ?
    Devenir éveilleur d’idées

    Soudain la machine se mit à bruire, à émettre des borborygmes, des beuglements plaintifs, des râles d’accouchements, il y eut comme un arc électrique, la lumière fut coupée.
    Lorsqu’on ralluma enfin la scène, sur le siège Blue Moon , trônait une femme dont je vous laisse le soin d’imaginer les contours morphologiques et psychologiques. Joyeuse réincarnation à tous, finalement c’est certainement plus facile à atteindre qu’on pense … inutile d’attendre une prochaine réincarnation.

  13. 🐻 Luron'Ours dit :

    METEMPSYCHOSE
    Vous souvient-il de cet état natatoire ? Quand je fus réincarné en poisson rouge, c’était hier, vendredi. Je mis mon slip petit bateau et ouvris mon parapluie. Vivre à la grâce de l’eau, je n’y étais pas prêt. Je dû me mettre au langage des signes, les cyprins sont muets. Je fis le décompte de mes organes. Poumon, cœur, intestin, les viscères au complet, je n’étais pas dénué de sens, des yeux, des ouies, un nez, des lèvres ourlant ma gueule, je n’en finissais pas de découvrir toutes ces merveilles. Pas de chaussures à ressemeler, pas de mains baladeuses ! Juste, de mes nageoires, je déploie la danse des 7 voiles. Enfin, séduire la petite sirène à la jolie poitrine, frayer avec la Sylphide, accompagner à la harpe Russalka dans son hymne à la lune, on dîne ce soir… Hélas, c’était un état transitoire. Me revint le mot de Marguerite Audoux : quand je sus que je mourrais bientôt, je repris courage !
    En attendant, je nage dans un bain amniotique !🐻

  14. Coriande dit :

    Monsieur LAUDELAT, globe-trotter invétéré entreprit un voyage à travers l’Amérique latine . Au cours de son périple, il fit une halte au Pérou.
    Menant une vie tumultueuse agrémentée de conquêtes féminines laissant place à d’innombrables ruptures, il décida de découvrir le chamanisme.
    Il attendait beaucoup de réponses sur le sens de la vie, sur l’homme placé dans l’état de nature, sur la façon de communiquer avec les esprits, ces entités de l’ombre, en fin de compte sur une autre manière de vivre .S’accorder une pause bienfaisante et apaisante devenait sa quête.
    Il savait que dorénavant, son état extatique n’aurait plus tout à fait le même sens ni la même et saveur que cette gesticulation amoureuse dont il était si friand !

    Abstinence et diète seront les obligations imposées par ce mysticisme.

    Au cœur d’un petit village, il découvrit la maison du Chaman.
    Aussitôt arrivé, il vit un homme de grande taille, très musclé, l’accueillir à bras ouverts.
    – Namasté ! Asseyez-vous.
    – Bonjour, vous aviez l’air de vous attendre à ma venue.
    – En effet, les esprits m’avaient averti de votre passage.
    Le voyageur n’en croyait pas ses oreilles. Il jeta un regard circulaire, comme le ferait un balai frangé tournoyant dans chaque recoin d’une maison, tenu de main de maître par une ménagère maniaque traquant la moindre poussière. C’est alors qu’il se sentit dépossédé de tous ces moyens.

    – Quelle est votre démarche M…. ? le questionna le chaman.
    – M. LAUDELAT, je viens vous consulter car ma vie d’ici-bas, ne me donne pas toujours la satisfaction escomptée et je souhaiterais obtenir des réponses sur le sens de la vie et comprendre le monde cosmique.
    Le chaman lui sourit.
    – Beaucoup de personnes se posent les mêmes questions, vous êtes sur la bonne voie car la vie après la mort mérite qu’on y prête attention pour ne pas la rater.

    Monsieur LAUDELAT semblait rassurer et il se risqua à lui affirmer :
    – Chaman, je crois fermement à la métempsychose.
    – Très bien, dans quel animal souhaiteriez-vous être réincarné ?
    – Je n’en sais rien, répondit-il en balayant du regard les alentours comme apeuré par la présence d’esprits invisibles.
    Le chaman ayant une grande connaissance de l’humanité, déclara promptement :
    – Vous vous réincarnerez en POISSON ROUGE !
    – Ah bon ? repris M. LAUDELAT un peu déçu.
    – Le poisson rouge est un animal qui méconnaît les prédateurs, sauf peut-être la patte d’un matou espiègle.
    La nourriture vient à lui, pas besoin de chasser, de faire d’inutiles efforts.
    – De ce point de vue, vous avez raison mais sa maison est petite !
    – Détrompez-vous, le verre est transparent ce qui lui permet de voir tout, d’être informé et d’accèder ainsi à la connaissance !
    – Mais il n’a aucune utilité et dans nos appartements, le poisson rouge crève vite d’ennui et de folie à force de tourner dans son bocal !
    Le chaman surenchérit :
    – Et alors, n’est-ce pas la manière dont vous menez votre vie amoureuse, en cumulant vos expériences amoureuses souvent sources de déception, pour revenir au point zéro ?
    Le voyageur pris de panique, se leva, tourna en dessinant des cercles autour de lui comme s’il se sentait déjà emprisonné dans un bocal !
    – Ne vous effrayez pas, à ces seuls mots, vous vivez déjà votre réincarnation, quelle réceptivité !
    – Oui, mais je ne suis pas rassuré, mon habitacle sera tout de même une prison !
    – Non, vous vivrez désormais dans un palais de verre.
    – Et puis, je veux fuir le rouge qui est trop excitant ! réplique M. LAUDELAT avec fébrilité.
    – Mais, le rouge a une signification spirituelle, c’est la couleur du principe vital , de la passion, de la sexualité…
    Ne vous ressemble-t-elle pas ? répliqua le chaman d’un air malicieux. Vous venez de France, le rouge était la couleur de l’Empire, de Napoléon tout de même ! Résumons, habillé de rouge, votre résidence sera désormais un palais de verre, n’est-ce pas une vie somptueuse qui s’offrira à vous ? Puis, petit poisson deviendra grand , n’Est-ce pas ?!
    Après cette leçon de chamanisme riche en humilité, M. LAUDELAT prit congé du chamane, conscient du long chemin initiatique restant à parcourir avant de cueillir la fleur de la sagesse.

  15. iris79 dit :

    Imaginez que vous vous êtes réincarné en poisson rouge. Racontez comment vous avez employé la journée d’hier ?

    Comme tous les matins, j’ai attendu que tout ce petit monde se lève et ouvre les volets histoire d’y voir un peu clair. J’avais la dalle et pendant les vacances des petites je sais bien que je mange plus tard. Elles sont arriver vers 10h. J’adore leur frimousse, il faut le dire, je sais bien qu’elle sont adorables, toujours un mot gentil, une petite caresse sur le bocal…Je les entendais parler de moi. Elles se posaient beaucoup de questions. Elles s’intéressent à mon bien-être. Les parents font ce qu’ils peuvent. Ils essayent d’éveiller les consciences des petites.
    Bon, en même temps, c’est le père qui m’a ramené là. Il n’a pas pensé à mon bien-être bien longtemps mais d’abord à l’étincelle dans les yeux de ses petites en me voyant. Je comprends bien mais moi, même si ce n’était pas le grand confort au moins j’étais avec pleins de potes. Je savais bien que je partirai un jour. Depuis quinze jours, ils ont cru bon de m’amener un camarade, un poisson téléscope pour que je ne sois plus seul et que je ne m’ennuie plus. Pas méchant pour un sou mais nos caractères ne s’accordaient pas. J’aurais préféré resté seul tant qu’à faire pour tout dire.

    Je croyais qu’il était temps que je leur fasse comprendre alors hier j’ai tenté un truc incroyable. J’ai risqué un saut périlleux, j’étais sûr qu’elles n’avaient jamais vu ça les pépettes. C’était pour la bonne cause. Il faut que le monde comprenne. J’ai pris un risque énorme je sais. Mais j’assume. Si cela peut servir la cause de mes frères et sœurs et faire changer les choses, je fonce. J’ai attendu le moment où toute la petite famille était présente histoire de mettre toutes les chances de mon côté. J’ai tourné, me suis stabilisé, j’ai pris de l’élan, allez à la une à la deux à la trois ! Ejection de l’aquarium !!! Aie aie aie, ouah la chute sur le carrelage!!!Je me suis senti tout groggy, j’avais froid ! Ah non les filles, ne pleurez pas !!! Ca va aller ! Oh bizarre la vue d’ici…oh là là il allait quand même falloir faire vite là, j’avais la tête qui tournait et je commençais à étouffer…Ca va aller les filles ! J’avais vraiment envie de les rassurer, de ne pas leur faire de peine. Et là, le père a été super réactif ! Il a eu une idée de génie ! Il m’a provisoirement mis dans un verre avec de l’eau puis tous ensemble m’ont accompagné dehors. Là j’ai découvert un immense bassin dans lequel de vraies plantes aquatiques s’épanouissaient. Je compris que ma nouvelle vie serait ici, au milieu de deux autres congénères. Il y avait suffisamment de place et de distractions pour nous tous. Le climat était doux, c’était parfait. Quelques minutes plus tard, mon camarade de bocal nous rejoignait. Je l’accueillis à écailles ouvertes. Les petites riaient autour du bassin et j’étais heureux qu’enfin nous trouvions ce nouvel équilibre. Mon audace et mon courage avaient payé.

  16. Nouchka dit :

    Hier, je me suis réveillée quand une fenêtre a été ouverte dans la pièce où je vis dorénavant. Cette installation me rend attentif aux sensations que j’éprouve dans ce nouvel environnement.
    En effet, je suis immergé dans un aquarium installé près d’une fenêtre. De là, je vois ce qui se passe dans la pièce ainsi que ce qui se passe dans la rue.
    L’ouverture de cette fenêtre, hier matin a provoqué quelques ondes à la surface de l’eau dans laquelle je baigne. C’est étrange ces perceptions nouvelles et, généralement, plaisantes. Là, je me sentais comme caressé. L’agréable température de l’eau me donnait envie de me laisser dériver sans même bouger les nageoires ou la queue. J’apprends à utiliser ma vessie natatoire pour rester stable et contrôler ma flottaison. Cet organe, nouveau pour moi, se remplit d’eau ou d’air suivant mes besoins à me déplacer. C’est grisant. Je me sens léger, fluide, gracieux et glisse, par moment, dans un état méditatif profond.
    De l’autre côté de la paroi de verre, il y a beaucoup de lumière et de couleurs. C’est joyeux et particulièrement vivant quand les humains parlent, chantent ou écoutent de la musique. Je commence à prendre mes repères dans la distinction des formes qui m’approchent.
    Hier donc, il y avait plusieurs personnes présentes et je sais maintenant qui est celle qui me nourrit. Elle éprouve le besoin de me dire un petit mot gentil et reste un moment à me regarder évoluer. Je m’efforce alors de remonter à la surface et de manger quelques paillettes de plancton, œufs de poisson, insectes, petits invertébrés aquatiques ou végétaux mis à ma disposition. J’aime bien les paillettes rouges. Je ne sais pas ce qu’elles contiennent exactement mais ce sont celles que je préfère.
    Je suis le seul poisson dans l’aquarium. Des plantes aquatiques et quelques cailloux décorent ce meuble de verre. Hier, j’ai eu droit au changement d’eau, c’était la première fois depuis mon arrivée ici. Une cloche de nettoyage a remis une eau propre. C’était un peu stressant car je n’avais jamais assisté à cette opération mais en définitive tout s’est bien passé et, évoluer dans une eau propre, est un vrai bonheur. Le filtre ne produit ni vibration déplaisante ni bruit excessif. Juste une sorte de présence réconfortante.
    Peut-être aurai-je droit à l’arrivée d’un compagnon ou d’une compagne pour me distraire les jours où il ne se passe pas grand-chose dans la pièce ni dans la rue. Ce n’était pas le cas hier, quand une averse de grêle est survenue. Pendant quelques minutes, des grêlons sont venus rebondir sur le rebord extérieur de la fenêtre et certains ont même tapés contre la vitre. Dans la rue, les passants couraient et les quelques voitures de passage sont restées à l’arrêt, la visibilité étant quasiment nulle. J’ai assisté à ce spectacle avec intérêt, bien à l’abri dans l’eau protectrice de l’aquarium.
    A la fin de la journée, quand la lumière a faibli, j’ai repensé à l’arrivée possible d’un compagnon de vie et de jeu. J’aimerais bien établir une communication avec un pair. Le meuble qui me reçoit est suffisamment grand pour qu’au moins deux d’entre nous y vivent à l’aise. En attendant, je vais en rêver et imaginer des jeux…

  17. Avoires dit :

    Imaginez que vous vous êtes réincarné en poisson rouge. Racontez comment vous avez employé la journée d’hier ?
    Acquariumé par je ne sais quel subterfuge, je me suis mis à nager en rond, de haut en bas, en biais, en zigzag. Moi qui ai horreur des bocaux, moi qui ai toujours détesté regarder tournicoter les poissons dans les musées océanographiques et autres grands vases nationaux ou régionaux privés ou publics, j’ai dégusté, je vous le dis !
    Hier, donc, c’était vendredi ; j’ai passé une journée atroce.
    Selon l’adage «  vendredi, c’est poisson » je me suis mis d’abord la rate au court bouillon tellement j’avais peur de finir ma journée dans le même jus ! Vous me direz que finir à la casserole avec des aromates plutôt que dans l’eau glauque d’un bocal, c’est peut-être mieux . Je me suis imaginé ensuite dans une assiette entouré de deux tranches de citron et arrosé de beurre fondu…
    Rien de tout cela ne m’est arrivé, je continue à me tortiller dans cet espace étroit, ridicule.
    Quelle est la prochaine réincarnation ?

  18. 🐀 Souris verte dit :

    ROUGE DE PLAISIR
    Imaginez que vous vous êtes réincarné en poisson rouge. Racontez comment vous avez employé la journée d’hier ?
    En fait votre curiosité vous mène à savoir comment je suis mort !?
    Brûlé, brûlé comme une sainte…
    Je n’ai pas eu une vie glorieuse, une vie… une vie de barreau de chaise. Mais en cela je fus recyclé plusieurs fois. D’abord barrière de lit d’enfant, ça j’ai bien aimé, ensuite j’ai calé une grosse comtoise qui me sonnait toutes les demi-heures. Ayant perdu mon vernis, j’ai servi à la construction de la niche. Medor mort je termine ma carrière en tuteur de rosiers, pas très apprécié les piquants, la pluie et l’arrosage. Alors vous dire si ma nouvelle vie de poisson rouge même dans le bocal à cornichons n’est pas pour me déplaire. Enfin je vis ! Et je vais tout faire pour les pousser à agrandir jusqu’à l’aquarium… Les humains sont sans mesure… Plus grand toujours plus grand… Pourquoi n’en profiterais-je pas ?
    La prochaine fois, simplement la haut, évite l’eau si possible ou alors, un manche de parapluie je serai à l’abri et retrouverai mes fonctions protectrices.🐀

  19. Laurent.Bdt dit :

    Ma journée d’hier, mais c’est tout simple cher monsieur. Il tombait des cordes, et cela brouillait toute la surface libre de l’eau. Alors je suis resté chez moi, j’ai coincé la bulle comme on dit.
    Malgré tout l’ennui n’a pas tardé à se faire jour, du coup je suis sorti quand même. Je suis rentré dans le premier bar à planton se trouvant sur mon parcours, l’histoire de me mettre à l’abri.
    Bien m’en à pris. Il y avait là une petite crevette bien sympathique. On a fait connaissance, on est rentré ensemble chez moi, et …
    Maintenant on coule des jours heureux et on nage dans le bonheur
    On vous en souhaite autant

  20. Edouard dit :

    D’abord j’ai ri ! En m’étirant les nageoires : mes écailles me chatouillaient et j’étais si heureuse ! La circulation n’était pas bruyante ce matin-là et une belle lumière filtrait entre les fines entailles de ma grotte. L’eau ambiante sentait l’oursin frais et annonçait une journée d’abondance

    Depuis que je suis arrivé ici j’ai l’impression de vivre au dessus du périph’. Il y a tellement de passage dans les couloirs rocheux qui entourent mon habitat. Les courants d’eau m’emportent lorsque des vagues de chirurgiens ou de carangues les empreintes par centaines.

    Mais ce matin-là, hier, j’ai pu enfin profiter du calme. Le courant me berçait d’un va-et-vient très doux. J’en ai profité pour explorer des tunnels que je n’empreinte jamais car si le courant est trop fort, je me cogne brutalement contre les parois et mes petites écailles ne sont pas encore assez épaisse pour que la douleur ne me fasse rebrousser chemin.

    Je suis donc partie explorer. J’en choisis un. Et hop. A peine approchée de l’entrée, slap ! je me retrouve aspirer comme dans un siphon. En une seconde j’ai l’impression de parcourir la grande passe du large. Impossible de nager contre ce puissant courant. La pierre brune et sombre défile devant mes yeux sans qu’aucun détail ne me parvienne vraiment. Je me heurte dans un virage contre une petite cavité. Une deuxième dans un autre virage bloque tous mes mouvement et écrase ma tête contre une paroi visqueuse. Je reprends mes esprits durant ce bref instant mais je n’ai d’autre choix que de continuer en envoyant un coup avec ma queue. L’aspiration m’entraine toujours à une vitesse effrénée et la peur monte en moi. J’ignore où je vais ressortir et il se pourrait que…

    Non ! Impossible ! La passe ! La grande passe…

    Large de 5 mètres et profonde de 10… Des armées de poissons y nagent d’habitude… mais la c’est d’obscurité seule que l’endroit est baigné. Et l’angoisse monte imperceptiblement en moi. Des ombres immenses dessinent des mouvements d’eau et de planctons loin en dessous de moi. Je me retourne et je ne vois déjà plus la bouche qui m’a éjectée. Le courant est fort ici et toute l’eau de la baie semble se déverser dans l’océan comme cascade.

    Suis-je perdue… me dis-je en moi-même

    Puis une étincelle se rallume en moi. Le courant qui me sortait a fini par me rapprocher d’une paroi de corail qui sort de l’eau. Je m’approche alors suffisamment près pour la remonter calmement. Soudain une vague roule sous moi et me projette violemment au dessus des rochers. Je suis hors de l’eau pendant un bref instant et me retrouve prisonnière dans une petite crevasse. Je nage et tourne en rond. Je tourne en rond en attendant qu’une nouvelle vague immerge la roche et me libère mais…

    Je me réveille.

    Je suis dans mon bocal…Je tourne en rond.

  21. ROSE MARIE HUGUET dit :

    Imaginez que vous vous êtes réincarné en poisson rouge. Racontez comment vous avez employé la journée d’hier ?

    A me demander comment j’allais sortir de là !

    Réveil vaseux. Tout était trouble. Mais j’étais où ? Je me rappelais vaguement que j’étais poisson, rouge qui plus est. C’était pas ma couleur préférée, pas de bol ! Ah oui ! vraiment pas de bol, car je me suis rendu compte que je me trouvais dans un genre de grand bol en verre opaque. Était-il vraiment opaque ou cradot ?

    Mais pourquoi je n’arrêtais pas d’ouvrir ma p’tite gueule ? J’avais l’impression d’étouffer ! Comme si je manquais d’air, quelle poisse ! J’essayais de voir autour de moi, mais mes yeux semblaient vitreux. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose à voir, deux coups de nageoire et j’avais fait le tour de la propriété ! Je me trouvais dans un rond à tourner en rond. Histoire de calmer mes tournis, je descendais au fond du bol et hop je me propulsais à la surface, sortais mon petit minois et hop demi-tour et plongée vers le fond. Passionnant, non ?

    Si au moins j’avais pu voir au travers de ma cage.

    Tiens, on dirait que mes divagations internes avaient été entendues. Sans ménagement, mon logis a été transporté vers une destination inconnue.
    FLOP ! Je me fracassais mon cervelet contre un truc dur. Je surnageais dans une eau grisâtre. J’entendais le bruit d’une cascade d’eau. J’aurai aimé être saumon pour sauter de mon univers peu ragoutant vers cette cascade que j’imaginais claire et rafraîchissante. Oui ! j’oubliais de vous dire qu’en plus d’être pas claire, mon eau était chaude ! Pfff !

    Une grosse paluche m’a saisi et balancé dans mon bocal. L’eau était claire, mais froide, trop froide ! Bref, rien n’allait et ne pensez pas que je suis un grincheux !

    On me ramena à mon étagère. J’allais enfin pouvoir observer mon environnement, mais avant un petit brin de toilette s’imposait. J’ai donc débarrassé mon corps de tous les substances en décomposition qui vivaient allégrement dans mon premier bain (oui ! je sais, elles se sont retrouvées dans mon nouveau bain, mais qu’est-ce-que j’aurais pu faire d’autre, hein ?)

    En meilleure forme qu’à mon réveil, j’ai donc entrepris d’observer l’environnement extérieur et là, le choc, le méga choc !

    Deux yeux immenses, pupilles dilatées m’observaient. Avant de plonger au fond de mon bocal j’avais eu le temps d’apercevoir des moustaches frémissantes.
    C’était quoi ce truc qui me fixait ? Brusquement une patte toute velue et acérée plongea dans mon univers en tentant de me transpercer. Je vous raconte pas le nombre de tours, de montées et de descentes que j’ai effectués dans ma propriété. J’en étais tout nauséeux.
    J’ai bien cru que j’allais servir d’apéro à cet ogre ! Finalement non. Il s’est barré.
    Ouf ! J’allais pouvoir reprendre mes esprits, m’imprégner de mon environnement et faire des bulles.
    Mais mon répit fut de courte durée. Deux autres yeux apparurent, différents mais je me suis méfié. J’ai plongé et attendu. Une petite main s’est mise à tapoter de plus en plus fort sur les murs de ma demeure, puis elle a plongé chez moi. C’est pas vrai ! Ça recommençait ! Et vas-y que je me remets à tourner encore et encore, à monter, à descendre. Le parcours du combattant. J’en avais ras les nageoires.

    Et encore d’autres yeux, d’autres mains. Ces mains là saupoudrent mon eau. Bon sang ! Elle était propre ! Mon indignation était telle que j’en avais la bouche grande ouverte. Les petites particules saupoudrées en ont profité pour entrer en moi. Beuh ! Pas bon, mais alors pas bon du tout.

    J’avais trois paires d’yeux qui m’observaient (ogre était revenu). Je ne savais plus où donner de la nageoire. J’en pouvais plus, j’avais des hauts le cœur.
    Quand enfin ils ont tous daigné me laisser en paix, j’ai cherché un coin pour me cacher. Oui, un coin dans un rond. Mon esprit avait pris l’eau, il a disjoncté.

    Et dire que dans une autre vie je voulais être poisson ! J’aurais dû préciser que je voulais être un poisson libre et pas rouge.

  22. Grumpy dit :

    Hier c’était mon anniversaire. J’ai coincé mes bulles et je n’en ai pas fait une rame.

    Mon propriétaire pense toujours à me le fêter, ce jour-là, il améliore la nourriture en y pulvérisant un gâteau sec.

    La première foi j’avais essayé d’allumer une bougie, elle n’avait pas fait long feu, sa flamme vite éteinte. Mais ma flamme pour lui brûle toujours, je la garde à l’intérieur car je suis timide, je rougis très facilement.

    En ce moment pour garder la forme, je fais des longueurs en vue des J.O. J’ai même essayé le plongeon mais ça n’a pas marché, j’ai bien failli me noyer.

    Pour me détendre un peu et voir des copains, je suis allé faire un tour sur le Vieux Port de Marseille. Je n’ai pas pu y rester longtemps, les poissonnières en me voyant, bien différent de mes collègues gisant sur leurs étals, ont crié haut et fort “au Peï, au Peï” ça voulait dire “chopez-le ! chopez-le !”) Ni une, ni deux, je suis revenu à mon bocal à toutes nageoires.

    Cette mini-évasion m’a complètement tournebullé.

    Ah, cette journée, je m’en souviendrai ! C’était le premier avril ….

  23. FANNY DUMOND dit :

    Hier, alors que je bouquinais sur ma chaise longue, horreur et damnation lorsque je me suis retrouvée à nager parmi les poissons rouges. Ma tendre moitié avait eu la très belle idée de créer cette pièce d’eau qui faisait l’admiration de nos invités, mais qui attirait les grenouilles la nuit. Moi qui ai horreur de faire du  » sous-l’eau « , je ne pouvais plus remonter à la surface et fus prise de panique et pensai que ma dernière heure était arrivée. Les poissons m’entouraient, me faisaient des guiliguilis, le gros là, le noir, avec ses gros yeux, me regardait de travers, tandis qu’un autre frétillait de sa nageoire caudale en éventail pour me donner de l’air. Je m’éloignai de ce petit monde et me cachai dans les racines d’un nénuphar, quand tout à coup l’énorme carpe koï me délogea de ma cachette.

    – N’aie pas peur, me dit-elle. Bienvenue chez nous. Ici, nous sommes tranquilles et loin de nos soucis terrestres.

    – Hein !, lui répondis-je, hébétée en tentant de lui échapper, mais je ne maîtrisais pas encore mes foutues nageoires.

    – Tu n’iras pas loin comme ça, il aurait pu le faire légèrement plus grand, son étang, se moqua-t-elle.

    – Qu’est-ce que je fais là-dedans ? lui demandai-je.

    – Bien que je sois devenu un tantinet muet, je peux encore te dire que tu avais fait ton temps sur le plancher des vaches. Sur terre, j’étais le chef de l’État et je faisais de longs discours pour convaincre mes chers concitoyens que ma politique était la meilleure de tous les temps.

    – Ne me dis pas que je suis morte et que je me suis réincarnée en poisson rouge ? hurlai-je en faisant des bulles.

    – Voilà, tu as tout bien compris, pas besoin d’en faire une allocution, me répondit-elle avant de faire un saut pour gober une mouche à la surface.

    Aussitôt, je pris mon élan et d’un bond m’éjectai de cet enfer. Sur mon transat, un sursaut me réveilla.

    – Ça m’apprendra à lire Kafka, me dis-je en refermant  » La métamorphose « .

  24. Nadine de Bernardy dit :

    Il m’a dit :
    Pupuce, t’as l’air de t’ennuyer grave dans ton bocal, je m’en vais t’chercher un p’tit copain.
    Depuis je range, astique, apprête mon logis.
    Puis je me pomponne, faisant briller mes écailles après les avoir brossées, mon collier de perle, un peu de Nuit Iodée sur les nageoires, je suis fin prête.
    Quelques gourmandises sont disposées dans mes plus beaux coquillages.
    Tout frétillante j’attends l’arrivée de mon promis.

  25. camomille dit :

    Plouf !
    Me voilà donc vouée à tourner en rond.
    Oh Mon Dieu! Quelle horreur! Deux énormes yeux d’adolescent à lunettes viennent se coller sur le bocal.
    Je m’immobilise – Je plante mon regard dans le sien – Il ne bronche pas et je comprends alors que ma vie de poisson rouge sera un calvaire.

    Il commence à faire la chose la plus bête que font les attardés face à un poisson rouge: tapoter sur le bocal pour lui faire peur.
    Effectivement, ça me fait peur… Alors je change de direction mais il re-tapote et je rechange de direction et il re-tapote.
    J’ai peur.
    Il rit.
    Son regard d’abruti envahit le bocal tel un filet de pêcheur.
    Je voudrais re-mourir car cette réincarnation en poisson rouge, ça va pas le faire. Je voudrais changer – s’il vous plaît – me suis trompée – Joker !!!
    Mais l’autre est bien là, face à mon impuissance.
    Il sourit béatement, la lèvre inférieure pendante.
    Sa mère rentre du travail: ça va mon chéri? Oui ça va, mais regarde comme il est stupide ce poisson rouge, regarde il attend que je tapote sur le bocal pour bouger – c’est son jeu préféré – il est vraiment stupide.

    – S’il vous plaît – me suis trompée – je voudrais re-mourir – Joker !!!

  26. Laurence Noyer dit :

    Réincarnée hier en poisson rouge
    J’ai tourné dans mon bocal toute la journée
    Mais j’ai été fort déconcertée quand sur la table
    A l’heure du diner on m’a posée
    En compagnie de végétaux variés
    Bah ! pourquoi-pas ? me suis-je dit amusée
    Les humains ont parfois de ces idées !
    Propulsée sur la table au milieu des invités
    J’ai commencé par tous les regarder
    Puis je me suis rendue compte qu’eux aussi m’observaient
    Soit ! pensais-je pour aussitôt l’oublier
    Vue que ma mémoire après un tour de bocal s’efface
    Soit ! repensais-je avant de remarquer
    Que chacun dans sa main tenait un ustensile
    Une sorte de trident
    Que voulaient-ils ?
    C’est alors que je sentis…
    Ça alors ! Ah ! c’est terrible…
    Je sentis que l’eau dans laquelle je baignais, chauffait
    Était-ce possible ?
    Mon bocal, tel un poêlon à fondue
    Sur un réchaud reposait
    Quelle horreur !
    J’étais le diner de tous ces convives
    Je n’eus pas le temps de penser : c’est foutu
    Car heureusement pour moi, foie de morue
    Au tour suivant, je ne m’en rappellerai plus.

  27. Alain Granger dit :

    Je me suis réveillé lorsque mon maître s’est levé. Il n’est pas très discret. J’ai eu la lumière de la cuisine en plein dans mes yeux globuleux et proéminents. Il parait que c’est un signe de beauté pour notre espèce. J’ai entendu mon jeune maître m’appeler Popeye. Pourquoi pas ? J’ai vu à la télé le dit « Popeye ». Sympathique avec sa pipe et comme moi, il adore les épinards. Bon, je reste allongé sur les graviers. Je n’aime pas les efforts. J’aime bien buller le matin. Avec mon ventre rond et ma courte queue, je ne suis d’ailleurs pas très bon nageur. Ma compagne n’est pas très loin. Elle aussi reste allongée. Elle veille sur ses alevins. J’ai divorcé de ma dernière compagne car elle avait bouloté les siens. Son appétit avait été plus fort que son instinct maternel. Quand je dis divorcé, je veux dire que je l’ai estourbi, la tueuse. Je lui ai coupé sa nageoire caudale à cette Queue d’éventail, à cette dévoreuse d’enfant. Elle a trainé son corps en forme d’œuf pendant quelques jours avant de se décider à décéder, cachée derrière une pierre de décors. Le maître a remonté son corps à l’épuisette. Cette épreuve m’avait épuisé. J’ai mis longtemps à m’en remettre. Puis le maitre a mit une nouvelle compagne dans mon aquarium. 100 litre d’eau pour moi tout seul, c’était bien trop. Je m’ennuyais. La jeune « poissone » était d’une espèce dite perlée avec ses écailles blanches en forme de perle. Elle m’a tout de suite plu. J’ai pensé rapidement à lui faire des enfants. Je les adore mes petits alevins, tout gris, tout mignons. Bon, certains commencent à me pomper l’air mais ce n’est pas grave. Je mets les indisciplinés au coin, près de la pompe à air. Alors ils regardent monter les bulles d’air. Ils n’ont plus que ça à faire. Bon, le maitre s’est relevé pour la seconde fois. Mais il fait jour maintenant. Je prends la température. 20 degrés. C’est bon. Je vais me lever. Après avoir fouillé le substrat, du gravier de première qualité, bien rond, bien souple à la recherche du petit-déjeuner, on fait une partie de cache-cache avec les alevins. On se faufile entre les herbacées vivaces. Ce sont des plantes bananes aux longs pétioles verts clairs et aux longues tiges. Elles montent jusqu’à la surface pour y déposer ses faux nénuphars. Les petits préfèrent se dissimuler dans les massifs d’Egeria, plus denses. Ces hydrophytes enracinées dans le substrat. Les gamins adorent danser. Je les repère souvent à ça. Ou alors, je les perçois lorsqu’ils tirent sur les tiges des végétaux. Les gamins ne peuvent s’en empêcher. C’est atavique, je crois. Mais je dis souvent au petit que j’ai surpris, pour plaisanter : ‘C’est à la mère que tu dois ce défaut ». Ça la fait sourire. Je l’aime. C’est une vraie perle. Sinon ce sont les pierres de couleurs ou les roches argentées qui leurs servent de cachette. Après l’exercice, le repos à nouveau. A midi le patron nous nourri. Il verse sa mixture dans l’eau. Celle-ci tombe jusqu’au fond ou se dissous. Pour dix sous on a rien à manger. J’ai toujours faim et ma compagne aussi. Heureusement qu’il remet ça le soir, le gentil petit maître. Quand je dis petit maître, je devrais dire grand car il fait plus d’1,90 mètres de haut le jeune garçon. La semaine dernière il nous a versé de la mie de pain. Ce n’était plus mon ami, le petit maître. Son pain m’avait fait gonfler le ventre. J’ai mal digéré durant toute la semaine. Il a dut le voir ou le comprendre. Il ne nous en a plus donné. Pas con le bougre. Bon, c’est déjà la nuit. Je vais aller me coucher. J’ai raconté l’histoire de Némo aux petits. Ils sont calmes. On va pouvoir dormir avant de passer à la prochaine journée. Il va s’en passer des journées d’ici mes 30 ou 40 ans. Mon père est mort à 48 ans. J’ai 10 ans et toute la vie devant moi. Bon allez, bonne nuit.

  28. Sylvie H dit :

    Comme un poisson rouge

    Crampes dans la queue ! le braille, c’est top pour scander les slogans… mais diable, après une journée complète de manif, suis raide comme une arête de seiche. A mon âge, on n’a plus les muscles d’un alevin.
    Hier, nous étions plus de 500, lieus jaunes, maquereaux, bars, dorades, saints-pierres, mulets et même quelques saumons qui venaient de rentrer de leur treck de maternité en eau douce. Du monde dans les eaux troubles du bassin.
    Nos revendications ? Vous en avez tous entendu parler. Les chalutiers qui d’un coup de filet raflent tout le petit peuple des fonds marins, quels que soit la taille, l’âge et la confession. Ils ne respectent même plus le moment où on se reproduit, grondaient les bars à coup de nageoires rageurs. Zones interdites, puissance des moteurs sous déclarées, maillage du filet illégal, il y avait du lourd dans le dossier.
    Ras les écailles, braillaient les potes. Et moi, rouge de père en fils, j’ai passé la journée à rassembler les troupes, organiser le mouvement et tenté de bloquer l’entrée du bassin.
    Mort aux chalutiers ! Il en va de notre survie !

  29. Antonio dit :

    Ah ! le vendredi. Vous tombez bien. C’est le jour de télétravail de Madame. Monsieur, lui, il prend son vol hebdomadaire pour Toulouse parce que le train c’est interminable et il ne serait jamais rentré pour 21 heures. Oui, je suis d’accord avec vous, c’est surtout un trait minable de sa petite personne qui ne supporte pas l’étroitesse des halls de gare et lui préfère les grands espaces d’aéroport avec le chouchoutage en classe affaires d’Air inter.

    (Je sais, ça ne vous rajeunit pas. Mais les poissons rouges, ça remonte à loin, hein ? À notre époque on élève plutôt des piranhas dans des grands aquariums, non ?)

    Bref, hier, c’était vendredi et, donc, j’étais seul avec Madame. Le petit Louis, lui, était à l’école. Un répit avant le week-end, tant l’agité du bocal m’en fait voir de toutes les couleuvres. Oui, vous avez bien lu. C’est son jeu préféré à ce petit morveux. Recouvrir mon gîte d’une assiette et laisser le reptile s’exciter devant en me faisant sa danse du ventre, l’eau à la bouche. Mais là, le petit morveux était à l’école et j’étais donc seul avec Madame.

    À sa pause de dix heures, j’ai droit à une petite collation de granulés énergétiques. Une fois avalés, je ne tiens plus en place, je frétille comme un Usain Bolt avant de parcourir les cent centimètres du tour de bocal en moins de dix secondes. Elle adore. Je l’entends applaudir derrière la vitre. Je sais ce qui m’attend. Je n’en suis pas fier, mais que voulez-vous, c’est ma seule distraction de la semaine.

    Et puis vers midi, elle ferme le clapet à son ordinateur portable et tous ses problèmes professionnels. Elle arrive avec un petit sac plastique rempli d’eau. Je sais que c’est pour moi, un véhicule qui vient me prendre, comme une star qui se rend au Parc des Princes fouler la pelouse des émirs pour un match de champions cup.

    Le trajet dure une trentaine de minutes, j’essaye de ne pas être trop stressé pour ne pas altérer mes performances et ne pas la décevoir. Nous arrivons enfin. Elle sonne. Ophidie lui ouvre. C’est son amie, excitée comme une puce. « Ah ! tu es venue avec. Chouette ! On va bien s’amuser. » Elles papotent pendant que je m’échauffe dans un aquarium qui fait la longueur d’une piscine de 400 centimètres. Je ne suis pas seul. Mon adversaire semble gonflé à bloc, ne tenant pas plus en place que moi.

    13 heures. Madame et Ophidie s’installent, chacune se saisissant de son champion, non sans mal. Alors, elles ouvrent bien grand la trappe sur la ligne de départ et, après avoir décompté « trois, deux, un… », nous détalons comme deux chevaux de course à Longchamp pour arriver le premier au bout de la longue ligne droite où nous attend la silhouette d’une petite sirène irrésistible.

    Mais non, ce n’est pas de la maltraitance animale, juste un jeu pervers entre Madame et moi, chaque vendredi. Ah ! Vous voulez savoir qui a gagné. Je n’en suis pas fier. Je me suis encore fait rétamer par le golgoth d’Ophidie, mais Madame, elle, s’est quand même bien amusée.

    (Franchement, la prochaine fois, j’espère me réincarner en Usain Bolt.)

  30. Difficile pour un poisson rouge de rester dans son bocal… En fait, je n’avais qu’un désir : aller me ressourcer ailleurs. J’entendais déjà les sirènes de l’océan qui m’appelaient. Je me voyais filant à l’anglaise, faisant une queue de poisson à tous ceux qui me refusaient le passage, prétextant que je n’étais pas en âge pour aller me baigner. C’était toute une histoire et je ne voulais pas en faire un roman fleuve.
    Alors je me suis pris à rêver : je franchissais le pas, je me jetais à l’eau pour aller couler des jours heureux dans quelque rivière plutôt que de me morfondre dans un appartement et tourner en rond dans un univers trop étroit à mon goût.
    Mais il a bien fallu se résoudre : l’ide de mars n’est pas encore pour demain. Alors, je me suis dit : « Arrête ! » Et j’ai repris sagement le cours de ma vie.

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