685e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
On se perd en conjectures à Bois-la-Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village.
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On se perd en conjectures à Bois-la-Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village
Cela ne date pourtant pas d’aujourd’hui. Le sapin a été l’occasion de nombreuses dégradations.depuis
Tout avait débuté, il y a 3 semaines par le rajout, par un petit malin probablement, sur le carton déposé au pied du sapin «Offert par la Mairie de Bois-la-Foi » de la mention « sans soif »
Tout le monde avait souri, considérant cela comme pure plaisanterie, une bien innocente malice
Puis, les choses avaient empiré lorsque l’Étoile de David avait pris place au sommet du sapin, le chandelier à 7 branches avait remplacé les traditionnelles bougies et les rouleaux de la Torah les guirlandes.
Le Père Noël n’a plus sa capuche rouge mais la kippa et le châle de prière
Ne voulant pas être en reste, le Protestantisme avait accroché la croix huguenote et la colombe aux plus hautes branches
Au pied du sapin, une crèche avait été installée. Elle aussi dû subir des perversions de la part de l’Orthodoxie lorsque l’agneau pascal avait, si j’ose dire, devancé l’appel en s’installant dans une scène de la Nativité à, la place de l’âne et du bœuf
L’Islam a surenchéri suspendant la main de Fatma et décrochant l’Étoile de David pour la remplacer par le croissant de lune et l’étoile. Marie, mère de Jésus s’était vue revêtue du tchador
Le Taoïsme avait réussi à suspendre le yin et le yang tandis que le Bouddhisme était parvenu à placer la cloche tibétaine
Le pire avait été atteint lorsque l’on découvrit le sapin crucifié. Le Satanisme a été mis en cause sans qu’aucune preuve n’ait été apportée par l’accusation
Une nouvelle guerre de religions se profilait
Pour mettre fin à toutes ces exactions le conseil municipal, dans sa grande sagesse, a voté l’adjonction sur le fronton de l’Hôtel de ville d’un 4e mot à le devise républicaine : LAICITE
Bois-la-Foi avait déjà eu un problème à une époque lointaine.
Un groupe de curieux s’était formé il y a quelques années, afin d’étudier d’où venait ce nom pour le moins étonnant. N’ayant rien trouvé, ils en déduire que les paroissiens buvaient la Foi. Mais comment était-ce possible ? Après de longues réflexions le CRBLF (Comité de Recherche de Bois-la-Foi) conclut qu’ils buvaient sans doute l’eau bénite et c’était la raison pour laquelle, on racontait, que le bénitier était resté très longtemps vide. Un prêtre avait sûrement reçu comme mission d’arrêter cette offense à Dieu.
Après plusieurs générations, on finit par oublier cette coutume, puisque le bénitier avait retrouvé son eau sacrée.
Quant au sapin crucifié, c’était une autre affaire. Un nouveau comité vit le jour, le CDSC (le Comité Du Sapin Crucifié) composé de pratiquement tout le village. Chacun avait un avis différent, des suspicions infondées ou de vieux comptes à régler bien enfouis pour protéger le côté village-de-charme-paisible entouré de forêts. Néanmoins, tous étaient d’accord, il fallait prendre cet acte très au sérieux, car qui crucifie un sapin factice est dangereux, or plusieurs, il pourrait s’agir d’un déséquilibré ou d’un fanatique.
Mais si l’on transforme le mot « crucifier » par « clouer un sapin factice en hauteur sur un arbre pour mieux l’admirer ». Et si l’on en met plusieurs, créer une allée, ne serait-ce pas alors une œuvre d’art forestière ? Qu’en pensez-vous ? Question de vocabulaire !
Et encore un !
Les sapins factices étaient devenus si rares que chaque crucifixion était un vrai crève -cœur pour les habitant du village de Bois-la-Foi. Cette année encore, on le déplorait et une très vive inquiétude s’était emparée d’eux. Les conjectures allaient bon train, chacun avait son hypothèse, sa théorie, son explication, sa conviction, sa certitude. Bref, la conjoncture n’était pas favorable…
Les sapins en plastique ayant complètement disparu, mais pas la tradition de Noël, les arbres sont maintenant fabriqués dans une matière écologique dont le brevet a été déposé au Centre International des Matières Écologiques (CIMA). Cette matière, très complexe à fabriquer, rend la production des fameux sapins limitée.
Que faut-il donc faire ? Ne plus fêter Noël, se contenter de la rareté des sapin de la CIMA, n’avoir le sapin de Noël qu’une année sur deux, le prêter au village voisin pour éviter la jalousie et peut-être, qui sait, la crucifixion ? Les Boiséfides ne trouvent pas de réponse satisfaisante. Ils décident d’organiser un référendum pour calmer leur inquiétude, au moins, pendant le temps qu’ils rédigeraient la question.
La commune de Bois-la-Foi était connue pour ses sacrifices rituels. Pourtant l’omerta régnait. Nul ne savait exactement en quoi consistaient les cérémonies qui se déroulaient dans la plus grande opacité. Des journalistes d’investigation avaient cherché à s’infiltrer en jouant les touristes ou en travaillant au camping pendant la saison d’été. Muets ! Les habitants étaient restés muets comme des carpes léthargiques. Rien à se mettre sous la dent ! Alors les curieux avaient déserté persuadés qu’il s’agissait d’une légende des temps anciens.
La vie avait continué son cours jusqu’à ce 2 janvier. La photo a fait la une des journaux locaux et nationaux ; elle s’est propagée sur les réseaux sociaux et a même été relayée jusqu’au Canada, pays de forêts s’il en est. Un sapin, ou du moins un succédané de sapin a été retrouvé crucifié sur un arbre du Parc des Oiseaux qui se situe aux abords de la rivière qui traverse la bourgade – la Vérité – et à l’embranchement des sentiers de randonnée Le Droit Chemin et La Quête Authentique.
Qui avait bien pu procéder à un tel sacrilège et pour quelle raison ?
Il est vrai que ce faux sapin, fabriqué avec des restes de palettes, ne ressemblait guère à son original. Un triangle aplati, sans envergure, sans verdure et sans odeur. Un affront à la nature ! Sa crucifixion était quasi inévitable. Mais qui était donc le bourreau qui s’était chargé de la vile besogne ?
L’enquête n’a pas été longue. Des pointes jalonnaient le sol et ont conduit les enquêteurs jusqu’aux ateliers municipaux. Gaston a reconnu les faits sans regrets ni remords. Il voulait attirer l’attention des promeneurs et éviter qu’ils ne confondent les deux sentiers de randonnée. Il n’avait pas encore eu le temps d’inscrire leurs noms sur le bois avec les flèches appropriées.
Du coup, le mystère des rituels sacrificiels de la commune ne s’était pas éclairci !
Une légende … vraiment ?
On se perd en conjectures à Bois-la-Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village. Ceci est d’autant plus grave que Bois-la Foi est la patrie du poêle à bois. Les esprits commencent à s’échauffer. Et comme dit l’horticulteur local : « Un seul hêtre vous manque et tout est dépeuplé… » Serait-ce un concurrent malveillant cherchant à scier la branche sur laquelle les fabricants de la région sont assis ? Ce n’est pas en jouant les saules pleureurs que les affaires vont s’arranger.
Même le commissaire Pantin, chargé de l’affaire, y perd son lapin… Pourtant, c’est un fameux chasseur avec, à son actif, de nombreux trophées. Mais là… il semblerait que c’est l’arbre qui cache la forêt et, en fouillant un peu plus, il a peur de déterrer des cadavres. Alors, il préfère les morts enterrer leurs morts, plutôt que de rouler à tombeau ouvert.
Mais, à force de ne rien faire, les malveillances se multiplient, ce qui jette un coup de froid sur tous ceux qui avaient un poêle dans la main et qui vivaient de ce marché lucratif. Alors, pour défendre l’honneur du village, le maire s’excite et fait feu de tout bois. Surtout que le sapin fait partie de ces essences interdites comme bois de chauffage car trop dangereuses à la combustion.
Finalement, c’est un bûcheron qui avoue, pour arrondir ses fins de bois, qu’il a tout manigancé, afin de bénéficier d’un abattement. Le village peut souffler… Personne ne fera plus d’étincelles…
On se perd en conjectures à BOIS-LA-FOI. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village.
AVEC L’OIE ET LA FOI.
A mots couverts, pour ne pas blesser les susceptibilités d’aucune sorte, ce fut le sujet central de l’allocution du maire pour les voeux du nouvel an, ce samedi.
Quel était le mobile de ce crime bien anodin en soi mais qui interpelait pour la bonne raison que son explication sortait des critères habituels ? Chaque mercredi, 10 heures, lors du conseil, l’évènement s’emparait de la question subsidiaire à ne soulever qu’en cas d’élément nouveau. La crucifixion bien réelle cependant, restait en suspens jusqu’à ce que… La suite n’étant pas précisée. Chacun, chacune s’interrogeait mais personne ne voulait en parler. Si bien qu’une ombre de bizarrerie planait. Un arbre factice, du pipi d’chat. Des soucis plus importants passaient en priorité, théoriquement.
L’eau potable ! Trop de technique à évoquer ! Le budget de la commune ? Restait confiné dans les tabous ! A quand les vendanges ? Trop tôt pour se prononcer ! L’arbre épinglé cachait la forêt des préoccupations légitimes de BOIS-LA-FOI !
L’inquiétude, toutefois avec modération, s’immisçait dans les sous-entendus et les quelques chuchotements, à cause de la quantité depuis maintenant treize mois. En effet, depuis le début de l’année précédente, le nombre de sacrifices atteignait 54. Ce chiffre avait-il une signification ? Tous les vendredis de chaque semaine, fallait-il craindre une nouvelle manifestation d’un esprit vivant ou mort ? La Conseillère chargée de la branche écologique rendait responsable celle des déchets plastiques. Ainsi s’amorça une polémique nouvelle animant la commune. Elle s’était penchée sur la question et croula sous le poids d’une foule d’indices qu’elle ne voulut révéler à aucun prix. Fallait-il envisager une recherche d’ADN ? Mais c’est qu’elle s’était piquée de curiosité pour le phénomène. Quelle personnalité se cachait derrière cette publicité pour le moins baroque ?
Après les 63 affiches, plus rien. Le nombre avait donc bien une signification. Avec zèle, la Conseillère investigua. L’évènement avait suscité, une fois n’est pas coutume, la curiosité du Ministère de la Culture.
Aussi, pour couper court, c’est la Conseillère elle-même, qui pour s’amuser, avait inventer un jeu de l’OIE à connotation écologique. A chaque étape, « Plantez un arbre » et une devinette pour faire connaître le village de BOIS-LA-FOI.
AVEC L’OIE ET LA FOI, VENEZ DECOUVRIR LE VILLAGE DE BOIS-LA-FOI.
De notre envoyé spécial à Bois-la-Foi :
Ce matin, Madame Foyard, en observant le talus qu’elle occupe à l’orée du village, a découvert un sapin factice crucifié sur un poteau. C’est la troisième fois que pareil événement se produit en l’espace de quelques jours. Les habitants de Bois-la-Foi se perdent en conjonctures. Les plus inquiets sont évidemment les membres de la famille Sapin, qui ressentent cette crucifixion comme un acte symbolique à leur encontre. Certains, parmi les plus âgés de ces résineux, m’ont confié que ça leur rappelait les heures les plus sombres de leur histoire, lorsque les humains, un fois l’an, arrachaient des centaines de leurs semblables pour les confiner dans leurs maisons, où ils agonisaient durant une ou deux semaines. Ensuite, leurs cadavres étaient empilés dans les rues, d’où on les emportait loin des regards. Ce rituel ô combien cruel a cessé quand les humains ont disparu massivement de la surface de la Terre, mais les Sapins et leurs cousins Epiceas n’ont rien oublié .
Quant aux feuillus, ils se divisent en deux catégories : les empathiques, qui se veulent solidaires des Sapins et partagent leurs craintes, et les fortes têtes, qui refusent de se laisser impressionner par ces crucifixions symboliques . Parmi ceux-ci, le grand chêne Paulus Quertus qui a élu domicile sur la place principale du village.
« Sornettes et balivernes , a-t-il grondé quand je l’ai interrogé, ce sont les humains qui voyaient des symboles partout ! Encore une avanie de leur cerveau tourmenté ! Mais je vous rappelle qu’ils ont quitté ce monde depuis un certain temps ! Quant à nous autres végétaux, notre mode de fonctionnement, nos modes de communication, notre essence même, sont incompatibles avec ce soi-disant acte symbolique. Quittez le village au plus vite et laissez-nous en paix ! »
Voilà, nous n’en saurons pas plus pour le moment, mais en sachant tout ce que les Arbres ont déjà accompli depuis qu’ils dominent le monde, on peut leur faire confiance pour démêler cet imbroglio. Ah, une information de dernière minute : Paulus Quertus s’est connecté à ses cousins de la Forêt.
Ricanement sarcastique du grand chêne :
« Oui, c’est ça, je me suis connecté…mais tu n’en sauras pas plus, mon bonhomme ! Je n’allais quand même pas t’expliquer que les deux rejetons humains que nous avons recueillis, soignés, éduqués sont responsables de cette mauvaise farce ! Eh oui, chassez le naturel, il revient au galop !Bon, les cousins, vous me les envoyez ces deux olibrius, ils vont voir de quel bois je me chauffe ! »
85/On se perd en conjectures à Bois-la-Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village.
Le Maire n’ose plus sortir de peur d’être invectivé Il a beau répéter à chaque séance du conseil municipal que si la présence des arbres, y compris dans les zones dites urbaines, permet aux citoyens de conserver une proximité « sociale » avec le milieu naturel, tout en contribuant à maintenir la biodiversité dans certains environnements proches des zones naturelles ,il n’en est pas de même des sapins factices qui de plus ne donnent pas le change. Il était d’autant plus hors de lui qu’un membre dudit conseil avait donné l’ordre au jardinier chargé des espaces verts d’arroser également les sapins factices alors qu’il était demandé aux citoyens d’économiser l’eau. Il n’en dormait plus la nuit si bien que la soirée dernière il décida d’aller faire un tour et il vit un membre du conseil municipal crucifier un sapin factice. Il éclata de rire et s’empressa d’aller donner un coup de main au « déboiseur » et une heure plus tard il n’y avait plus de sapin factice.
A l’ordre du jour de la prochaine séance du conseil municipal il soumettrait l’achat et la plantation de sapins.
– Miaaouuhh ! s’esclaffe le matou de la Mairie. Vous avez entendu ce que les villageois racontent ?
– Ouaahhou ! Ils recommencent à se faire peur…, commente le chien du café-bar.
– Cocoricooo, glousse le coq, c’est le même scenario que par le passé. Ils s’inquiètent pour un soi-disant sapin factice qui aurait été crucifié pendant la nuit.
– Interrogeons le chat-huant, il saura nous dire si ce sont des balivernes ou s’il a vu quelque chose de spécial, propose le chat. J’y vais de ce pas, je sais où il dort dans la journée et pourrais monter dans son refuge.
– En attendant, écoutons leurs sornettes. Ils aiment se faire peur. Voilà les versions qui trainent depuis l’ouverture du café-maison de la presse, ajoute le chien :
. C’est un coup des écologistes qui sont opposés au sacrifice des sapins pendant les fêtes.
. C’est l’éternelle querelle entre les néo-druidistes pour qui la Terre et la Nature sont sacrées et sont dignes d’être vénérées en tant que telles et par ailleurs, les chrétiens qui ont besoin de symboles pour entretenir leurs croyances.
. C’est l’aspiration d’un artiste qui cherche à se faire reconnaître au travers de ses œuvres en bois.
. Ce sont des enfants qui cherchent à effrayer les adultes pour voir jusqu’où va la bêtise humaine.
Voilà en résumé ce que j’ai entendu depuis le petit jour.
Ah, j’oubliais, ajoute le chien du bistro, comme le faux sapin est accroché à un squelette d’arbre mort à proximité de Notre Dame des Langueurs, certains disent que ce serait un message de la Pietà de la chapelle…
– Je vais voir le renard et le sanglier par là-bas, ils ont peut-être quelque chose à signaler, suggère le chat. J’ai envie de voir sur place ce qu’il en est.
Pendant que les animaux du village recueillent les sornettes des administrés, le chat poursuit son enquête sur le terrain proche de la chapelle. Il trouve des paroissiens agenouillés à la porte de la chapelle et d’autres en prière au pied de la Pietà polychrome, trésor des lieux.
Le sapin factice est toujours accroché à l’arbre mort et des barrières de sécurité ont été installées autour de cette composition par les agents de la mairie.
Les interviews menées par le chat auprès des animaux des bois ne révélèrent pas grand-chose de notable. Il en ressort que le soi-disant sapin factice crucifié n’est qu’une construction provisoire destinée à faire sécher les peaux du gibier des chasseurs en cette période de l’année où peu de visiteurs viennent admirer Notre Dame des Langueurs dans la chapelle.
Les animaux se gaussent de la bêtise des humains toujours enclin à se faire peur et à imaginer des dangers là où seule la vie continue sans doute un peu trop monotone.
On se perd en conjectures à Bois-la Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village.
Nous sommes en 2077. La vie a bien changé. Un groupe de citadins a décidé de partir vivre au milieu d’une forêt et de se débrouiller par lui-même après les nombreux décrets pris par le gouvernement :
Se passer d’électricité, cultiver son jardin, et le plus étrange, ne plus détenir le moindre objet en plastique, bien trop polluant.
La petite communauté vivotait au rythme de deux saisons bien marquées. Un été très chaud et un hiver doux et pluvieux. Ils avaient avec le temps abandonné traditions et croyances. Comme leur très lointain ancêtres ils vénéraient les uns le soleil, les autres la lune et d’autres le grand chêne au milieu de la forêt. La dite forêt ne contenant plus le moindre résineux ceux-ci ayant tous disparu avec la sécheresse.
La seule tradition qu’ils avaient gardée était Noël. Peut être en souvenir de leurs grands parents qui leur avaient conté les Noël d’antan, pleins de lumières de cadeaux, d’agapes en tout genre ! A Bois-la-Foi comme s’appelait le petit village, on continuait à honorer cette tradition mais la fête ne ressemblait que bien peu à celle d’autrefois !
La tradition du sapin était restée, ceux en plastiques avaient été confisqués avant leur départ et ceux de la forêt avaient disparu ! Heureusement quelques bricoleurs invétérés avaient emporté un monceau de palettes et de cagettes en tout genre, se disant : on ne sait jamais, ça peut servir !
En effet, à l’approche de Noël, ils avaient donc confectionné des sapins à l’aide de quelques bouts de bois. Les sapins avaient été décorés avec des pommes de pin, des guirlandes de clématites et de petits rameaux garnis de boules de houx ou de gui ! les sapins avaient été placés à l’extérieur des maisons celles-ci étant bien trop petites pour les contenir.
Trop contents d’avoir une distraction les enfants passaient leur temps à jouer près du sapin, certains même se construisant une cabane pour jouer au père Noël ou à la Crèche.
C’était une période bénie, tant pour les adultes qui avaient la paix pendant quelques semaines que pour les enfants qui avaient des occupations qui sortaient un peu de l’ordinaire.
Quelques jours avant le 25 décembre, ce fut la stupeur au village, le sapin factice du Maire avait été vulgairement crucifié pendant la nuit. Le village fut en émoi. Une vive inquiétude le gagna On se perdit en conjectures, qui avait bien pu vandaliser le sapin !
Il faut dire qu’à Bois-la-Foi, rien ne disparaissait jamais, chacun laissant sa porte ouverte nuit et jour. Alors, après quelques recherches les adultes abandonnèrent et retournèrent à leurs occupations.
La nuit suivante un second sapin fut à son tour crucifié. Chacun sorti sur le pas de sa porte, commentant les méfaits. Quelques soupçons firent le tour du village mais, comme la veille, les parents retournèrent à leurs occupations.
Pendant ce temps le groupe des 4, comme on les appelait, ne l’entendait pas de cette oreille. Pas question que leurs sapins finissent accrochés à un arbre. Les quatre enfants inséparables se réunirent dans la cabane de Léo, pour décider d’un plan afin de démasquer le responsable. Ils étaient au complet : Léo, Zoé, Ben et Nina avec bien sûr son inséparable chiot. Dag, était là lui aussi.
Comme tout le monde se couche tôt, on pourrait faire le guet dit Ben.
Et la conversation continua.
Je crois que c’est la pleine lune, on verra clair….
Ouai on va se coucher, on lit, on lit …
Tu crois pas que les parents vont trouver ça bizarre ?
Et on saute par la fenêtre, et on se retrouve ici.
D’accord, moi j’apporte mon canif, on ne sait jamais.
Et moi Dag dit Nina.
OHHHH, nonnnn dirent les autres en cœur.
Alors je ne viens pas
Bon d’accord…. Soupirèrent les trois enfants.
Le soir même, une fois les parents endormis, les enfants se retrouvèrent dans la cabane de Léo. Le petit groupe était bien emmitouflé, prêt à l’aventure.
Les quatre compères se rendirent à l’orée du bois pour mener leur enquête !
Quand ils arrivèrent devant les deux sapins cloués aux arbres, ils en découvrirent un troisième !
OHHHHH, firent-ils en cœur, en portant leur main à leur bouche !
Mais qui peut bien faire ça ?…
Nous devons mener une vraie enquête.
Allez Dag, renifle, renifle…
Dag partit comme un fou, obligeant les enfants à piquer un sprint… jusqu’à la maison de Tatie Jeanne.
Avec son habitude de donner un os tous les matins à Dag, ton cornichon de chien est venu directement ici !
Quel idiot
Mets- lui la laisse, on ne peut pas lui faire confiance
Retournons aux sapins.
Là, ils observèrent le sol et remarquèrent des empreintes de semelles E N O R M E S…. Léo pris un bâtonnet et releva la longueur des empreintes.
Allons vérifier à qui elles appartiennent. Tout le monde laisse ses bottes sous son appentis, il n’y a qu’à comparer !..
Ben oui t’as raison, et on saura qui est le responsable !…
Les enfants partirent comparer des dizaines de paires de bottes, au bout d’une heure ils durent se rendre à l’évidence, aucune ne correspondait.
IL doit bien chausser du 60 !
Oh n’exagère pas, peut être du 47 du 48 ?
Retournons aux sapins.
La lune éclairait la nature environnante, rassurant les enfants.
Chacun cherchait des indices autours des malheureux sapins prisonniers de leurs troncs !
Au fait dit Zoé, on n’a jamais revu Boule de poiles
T’as raison ?
Ça fait au moins un an ?…
Il est p’être mort ?
Humm, moi j’me rappelle que mon père disait …. qu’il n’avait jamais vu d’aussi grands ….
Ben n‘eut pas le temps de finir sa phrase qu’un énorme nuage noir passa devant la lune, tous se mirent à trembler en voyant toutes les ombres s’allonger et l’obscurité les envelopper petit à petit.
Oui c’est lui,
C’est lui…
Crièrent-ils en cœur en se précipitant chacun vers sa maison.
Le lendemain matin, dans les quatre familles, les parents à peine levés, virent débouler leurs enfants criant : y-a un troisième sapin, y-a un troisième sapin…. C’est Boule de poils, c’est Boule de poils….
Les parents et le reste des villageois se retrouvèrent au centre du village…
Effectivement dit le maire, d’une voix forte et d’un ton neutre nous n’avons jamais revu le vieil ermite, les enfants ont raison c’est certainement lui qui a commis ce sacrilège.
Tout le village se mit en route.
Boule de poils tenait son nom de ses longs cheveux ébouriffés, de sa grande barbe et surtout de sa veste en peaux de bêtes qui avait remplacé sa vieille parka !
Après deux heures de marche ils arrivèrent à une petite cabane au milieu d’une clairière. Boule de poils, il faut dire que personne ne connaissait son nom ( !..), était assis près de son feu. Quand il aperçut les villageois, il se mit à crier : moi pas sapin, moi pas sapin !
Le vieil ermite semblait avoir eut une attaque, son élocution était compliquée.
Le maire s’approcha de vieil homme et lui dit : effectivement tu n’as pas de sapin, mais tu es malade, tu dois venir habiter au village.
Rester ici, rester ici, moi SAPIN !
Tout le monde se regarda puis les uns après les autres, ils baissèrent la tête.
S’étaient-ils souvent préoccupés de Boule de poils ?
En fait jamais !
Un des bricoleurs de la communauté proposa que pour l’instant, on laisse tranquille l’ermite et que l’on revienne le lendemain avec un sapin.
Toute la soirée les deux fabricants de sapins factices construisirent le plus grand sapin qu’ils n’avaient jamais fait et allèrent le déposer à côté de la porte de Boule de poils.
A partir de ce jour plus aucun sapin ne fut crucifié au village !
Geneviève T.
Bonjour Geneviève. J’ai bien aimé le début. mais pas écouté jusqu’au bout c’est tellement long votre texte
On se perd en conjectures à Bois-la-Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village.
Le bourg de Bois-la-Foi était bien connu dans la région pour la foi de ses habitants. Nombre d’entre eux l’avaient choisi comme lieu d’habitation pour la symbolique de son nom. Bois = arbre, arbre de vie, arbre de foi. Les gens y étaient heureux et bienséants.
Mais un jour, en ce lieu paisible, l’incompréhensible se présenta.
Mamannnnnn ! Papaaaaaaa ! Une bande d’enfants arrivaient en courant dans le village, s’époumonant à appeler leurs parents.
Les passants intrigués ou indignés les regardèrent filer vers leurs maisons respectives. Tous les enfants racontèrent la même chose à leurs parents :
« Les petits lutins avaient décoré un arbre du grand parc avec un faux sapin » !
La réaction des parents fut la même dans toutes les maisons : arrête de raconter des âneries !
Mais les enfants insistaient et juraient dire la vérité. Agacés par l’imagination de leurs enfants, ils les prièrent de se taire et leur trouvèrent des occupations histoire de ne plus les avoir dans les jambes.
Il est vrai que nous étions tout début décembre. Les enfants trépignaient, leurs pensées étaient toutes tournées vers l’évènement du mois : Noël et l’arrivée si attendue du Père Noël dans son immense traîneau tiré par de magnifiques rennes, chargé de montagnes de cadeaux fabriqués par les petits lutins.
Les enfants étaient à la fois tristes et en colère. Pourquoi les grands ne les croyaient pas ? Pourquoi ils n’ont pas voulu les accompagner pour leur montrer ce qu’ils avaient vu ? C’était pas juste ! On ne ment pas à Bois-la-Foi !
Même si personne ne prêta attention à ce que les enfants affirmaient, une petite graine avait malgré tout été semée dans un petit coin du cerveau.
Le grand parc était le lieu incontournable de Bois-la-Foi. On y promenait les chiens, on apercevait les amoureux, les enfants allaient y jouer en toute quiétude. Et voila t’il pas qu’un promeneur ayant eu peu de foi en la parole de son fiston, découvre à son tour le faux sapin cloué au plus bel arbre du parc. Les bras lui en tombèrent. Il se dépêcha de diffuser la nouvelle. Un grand rassemblement se fit autour de ce magnifique chêne. Outrés, choqués, démunis, les habitants ne savaient que penser. Ils étaient seulement sûrs que ce ne pouvait être que l’œuvre d’une personne de peu de foi. Ils voulurent effacer l’outrage, mais craignant d’abimer l’arbre, ils s’en retournèrent chez eux quelque peu décontenancés.
L’inquiétude alla grandissant au fur et à mesure que de nouveaux faux sapins furent découverts cloués sur les grands arbres du parc. Les commentaires allaient bon train. Les suppositions s’amoncelaient, chacun brandissant son hypothèse. Les regards se firent méfiants, les habitants se scrutaient malgré les sourires d’apparence.
Qui avait profané les arbres ? Qui avait moqué la tradition centenaire de l’arbre de Noël ?
Ma foi, personne n’en savait rien. Les habitants étaient dans les ténèbres. Qui les punissait ? Étaient-ils en train de perdre leur foi, de boire le calice jusqu’à la lie ? Leur bourg était-il maudit ? Pourtant ils étaient tous de bonne foi, du moins le pensaient-ils.
La mauvaise foi commença à prendre le dessus. Certains juraient avoir vu telle personne s’en aller vers le parc dans la nuit, poussant une charrette solidement bâchée. D’autres affirmaient avec véhémence que les nouveaux venus dans le bourg étaient les responsables de cette ignominie. Jamais, on n’avait eu à déplorer de tels actes auparavant !
L’inquiétude était à son paroxysme ! On se craignait, on se méfiait, au point d’oublier sa foi, les bienfaits du bois.
Le curé de la paroisse était sens dessus dessous. Ses ouailles se détournaient de la foi à croire que du mauvais bois se consumait en eux. Sa foi ne suffisait plus à étouffer la mauvaise foi qui avait gagné le bourg. Les paroissiens cherchaient le coupable tels des démons assoiffés. Le curé souffrait, transpirait, ne trouvait aucune réponse, aucune solution.
Dring ! Dring ! Dring !
Mais que se passe-t-il ?
Dring ! Dring ! Dring !
Le réveil matin ! Bon sang ! C’était l’heure des laudes.
Ce ne fut qu’un cauchemar !
Tout était normal à Bois-la-Foi.
Rose Marie H.
Pareil que le précédent. On se perd dans le longueur. Dommage l’ histoire est belle
Ce matin-là, à Bois la foi, les conjonctures avaient frappé de bonne heure. On pu croiser la vieille conjoncture, celle se la jouant latine, une Conjuctus souvent mauvaise, avec deux énormes dents sortant sur les côtés de la gueule.
Une conjoncture plus locale se rattachait à la gestion des fêtes de fin d’année du village. Le maire, on n’avait cru pouvoir s’y fier, mais ce n’était qu’un bipède élu par un groupe de pas significatifs, des mal coiffés, des Licence IV.
Sinon une conjoncturtivite apporta de significatives hallucinations à quelques habitants. On sacrifia un sapain diaboliquement fabriqué par le boulanger le 24 Décembre.
La conjoncjointure frappa celles et ceux ayant du mal à se déplacer jusqu’au bistrot et d’y lever le coude.
Mais pour l’essentiel, la conjoncture ne concerna que la rencontre de circonstances mouvantes et habituelles entre conjoints plus ou moins éméchés ou/et amochés de la vie.
Finalement, suite à une vaste délibération chapeautée par le préfet, on rebaptisa le lieu Bois la foi sans soif.
Si vous passez, par-là, joyeux touristes enrubannés d’argent, n’hésitez pas à visiter ce lieu unique du pays Franglois de la Basse Ronce.
200 habitants, 200 maisons, 100 églises et 100 bistrots.
Enfin un texte qui nous tient réveillé.
On se perd en conjectures à Bois-la-Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village.
Le lendemain matin, le Maire de BOIS-LA-FOI convoque son Conseil Municipal en séance extraordinaire et il entre tout de suite dans le vif du sujet :
– C’est le troisième depuis le début de l’année… Le troisième sapin factice crucifié !
Ce n’est pas normal.
Avez-vous des indices , des idées, des témoignages… que sais-je moi ?
AVEZ-VOUS QUELQUE CHOSE A ME DIRE BON SANG !!!
Un silence de plomb. C’est tout ce qu’il obtient comme réponse.
Hors de lui, le Maire se met à hurler :
– Je vous avertis, avec moi l’omerta ça ne marchera pas.
Je sais que tout se sait à Bois-la-Foi,
Personne ne sortira de cette salle sans avoir dit ce qu’il sait.
J’ai tout mon temps (rajoute-t-il en croisant les bras en signe de détermination).
Une heure après, la situation n’a pas changé.
Deux heures après, le boulanger commence à s’inquiéter pour sa fournée qui doit brûler…
Le facteur se tracasse pour sa tournée qu’il n’a pas encore commencée…
Et Jacqueline, pense aux enfants livrés à eux-mêmes dans sa classe.
Au bout de deux heures et quart, Marius, le fameux braconnier du village, se racle la gorge et se lance :
– Bon : Monsieur le Maire effectivement, je crois que, enfin je pense que….
– Accouche Marius !
– Eh bien : C’EST VOTRE FEMME !
– Quoi ???
– Oui c’est votre femme qui fait des tournées la nuit avec ses partisans.
Elle brandit un panneau : « à Bois-la-Foi, la foi fait loi » et ils recherchent les sapins factices pour les crucifier : c’est un genre de secte quoi !
Le Maire sidéré, reste figé quelques longues secondes puis s’exclame :
– Honte à toi Marius… Oui, honte à toi d’oser dire pareilles infamies. Je vais te casser la gueule moi… Espèce de gros menteur.
La dessus il se jette sur Marius – les pompiers sont appelés à la rescousse et le Maire est emmené à l’hôpital psychiatrique en état de choc.
Comme quoi, la parole est d’argent mais le silence est d’or, surtout à Bois-la-Foi.
Oh ! Camomille, j’aime toujours autant tes histoires et leur côtévillageois.
Pauvre maire, finir à l’hosto pour un faux sapin !…
Ravie que ça t’amuse Avoires! Merci
Bien Camomille vivant et court.🐀
On se perd en conjectures à Bois-la-Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village.
Ce qui inquiète, au-delà du fait que l’on abime ainsi des arbres, ce qui choque et peine bien des gens dans ce village au bord de la forêt, c’est que nous sommes en mai. Les gens ne comprennent pas. Ils s’interrogent. Quel est le message ? Est-ce une plaisanterie ? Que signifierait-elle ?
Ce qui était sûr, en conclurent les habitants présents à l’assemblée extraordinaire organisé par le maire et son conseil municipal, c’était que ce ne pouvait être le fait d’un seul homme. En effet ces faux sapins étaient extrêmement lourds et les crucifier nécessitait au moins quatre mains voire six.
Certains avaient pris le temps de cartographier l’emplacement des faux sapins cloutés et s’étaient rendu compte que cela dessinait un autre sapin. Le résultat de cette première enquête empirique fut confié à la gendarmerie car on s’aperçut que le sommet du sapin ainsi cartographié indiquait la maison du maire comme la tête d’une flèche qui aurait désigné quelqu’un. Certains prirent peur et la protection de l’élu fut sérieusement évoquée. Tout ce ramdam ne fut pas sans conséquence. On en parla dans les journaux locaux, régionaux et une équipe d’une chaîne de télévision nationale fit même le déplacement ! des jeunes se filmaient dans de drôles d’accoutrements en train de danser autour des arbres sur des chants de Noël. Ils postaient leurs vidéos sur les réseaux sociaux et l’on vit bientôt les premières retombées se manifester sur le village. A commencer par l’office de tourisme dépassé par le nombre d’appels pour avoir des renseignements plus précis (quelles sorties faire à proximité ? Le site des « maudits » sapins est-il accessible gratuitement ?…)
Les loueurs de chambre et de maisons remplirent leur carnet de réservation en un temps record et les villages voisins firent savoir qu’il en était de même. Bientôt on ne se préoccupa plus de savoir pourquoi, comment on avait crucifié des sapins, ni qui pouvait être l’auteur de ce méfait. Le tourisme dans cette région tranquille connut une explosion tout l’été et ce succès ne se démentit pas jusqu’à Noël, ou l’on atteint alors le maximum de la fréquentation du village. Ce qui créa de fortes tensions entre villageois mais aussi avec ces touristes sans respect qui piétinaient ce territoire et leur environnement. Il avait fallu renforcer la sécurité après qu’un groupe de types éméchés a eu l’intention de couper tous les arbres porteurs des sapins crucifiés. Bref, un arrêté du maire mit fin à tout ce bazar sans nom. Bientôt, Bois-La-Foi retrouva son anonymat (tout relatif mais tout de même…). Ce qui persista fut la rumeur selon laquelle le conseil municipal avait tout inventé pour redynamiser le village. Vu l’esclandre et la pitoyable gestion de l’afflux de touristes rapaces, on pouvait lire dans les journaux quelques mois plus tard des articles peu élogieux sur cette affaire qui se terminaient tous par « tel est pris qui croyait prendre ».
685/AUX ABOIS
Encore une sapinade ! Dans la conjoncture actuelle, on avait bien besoin de ça ! Par les temps qui courent, un sevice de nuit alors qu’on dort sur ses deux oreilles. Quand le sapin factice fut crucifié ça n’ augurait rien de bon. Il fallut tirer l’affaire au clair ! Ça l’affichait mal. La peur n’évite pas le danger, les deux se confondent. On était à la croisée des chemins, presque à l’orée du bois. Il ne faut pas jeter le manche après la cognée, insinuait-on sans se fendre la gueule. La populace est partagée. Venger l’outrage, crier au sacrilège, vouer aux gémonies le présumé auteur du délit. Haro sur le baudet, diable, on en voit la queue. L’affaire tournait court, personne ne voulait se mouiller. On courait à la catastrophe. Cet hiver, il gelait à pierre fendre, c’était un crève-cœur, à ne pas mettre un chien dehors. On fouetta un chat, qui fit grise mine. Il était hors de question que le bourreau d’arbre aille se faire pendre ailleurs. Les mords-y l’œil partisans de représailles immédiates s’opposaient frontalement aux t’auras la cuisse qui se payeraient sur la bête prise la main dans le sac. Pierre, Paul, Jacques, voulaient tourner la page, passer à autre chose. Si le sapin ça sucre, le sirop d’érable ça vaut bon bec ! Bref, on composa. 🐻
On se perd en conjectures à Bois-la-Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village. Chez Gisou, le bistrot au coin de la rue de la pie qui boit, les commentaires vont bon train. Entre deux rinces gosier, les supputations fleurissement, et les hypothèses les plus saugrenues sont évoquées. Il se dit même qu’il s’agirait d’une secte des mâcheurs de gomme contre ceux qui chiquent du tabac. Il paraît qu’ils indiqueraient ainsi aux suppôts de Satan où se trouve les âmes impures. D’autres suggèrent que c’est au contraire une marque, comme une bénédiction des familles les plus unies au moment de Noël, celles qui seraient les heureuses lauréates d’un cadeau bonus. Dans le même ordre d’idées, ce serait soi-disant une contravention de la patrouille de Noël contre les familles qui ont perdu l’esprit de famille ou l’on sacrifié sur l’autel de l’égoïsme individualiste. Le seul fait sur lequel tous s’accordent est qu’il s’agit d’un repère.
C’est aussi ce que pense Hubert-Marie, le responsable d’un groupe de rando, à son bras droit de baliser le parcours avec des silhouettes de sapins en bois d’allumettes cloués sur le tronc des arbres, pour rester dans l’esprit de Noël.
On se perd en conjectures à Bois-la-Foi. Un sapin factice a encore été crucifié pendant la nuit. Une vive inquiétude gagne le village.
Cette charmante et paisible bourgade doit son nom à un célèbre curé qui traînait sa soutane dans tout le canton aux temps troubles de la Révolution. Il ne cessait d’abreuver ses ouailles de la Bonne Parole. Dès que les mécréants le voyaient dans les parages, ils disaient : Tiens, v’là, le « Bois-la-foi » et s’empressaient de s’enfermer dans leur logis.
En ce début d’année 2024, le conseil municipal tint une réunion dans la salle des fêtes. Certains pensaient qu’il s’agissait d’un coup des écolos, mais ça ne tenait pas la route vu qu’ils sont contre le déboisement. D’autres supposaient que les hypocondriaques craignaient pour leur santé. Ils avaient lu sur la toile que ces faux sapins dégageaient du plomb et pourquoi pas du cyanure. Peut-être que c’était le curé itinérant qui disait ses messes pour les pigeons nichés sous les poutres et pour les araignées. Un villageois émit l’hypothèse que c’était la vengeance du gérant de la jardinerie désespéré de n’avoir pas vendu son stock de « Nordmann ». Une mère de famille expliqua qu’elle avait remarqué que son arbre en plastique n’était plus dans son garage, mais dans le brouhaha, personne n’y prêta attention. Ils y passèrent des heures à palabrer et le mystère resta entier.
Pendant ce temps, sur la place du village, la bande de chenapans se tenait les côtes à force de rigoler. Eux, ce qu’ils voulaient pour le prochain Noël, c’était un vrai et grand sapin qu’ils choisiraient, un qui sent bon la résine, qui perd ses aiguilles et qui n’est jamais le même.
Crucifier les arbres
L’arbre est sa propre croix
Dans l’horizontalité
De ses bras-branches
Et la verticalité
De son corps-tronc
Il est son propre supplice
Son intrinsèque calvaire
Mise en abîme
De son état dans son avenir
L’arbre est la croix
Et la crucifixion
Une très bonne année à tous et toutes
Histoire vraie. billet d’humeur
Ce sujet ne pouvait mieux tomber. Déjà que dans notre patelin chaque carrefour est doté d’un sapin ‘ multifonction ‘! Un cône qui est censé représenter l’abre mythique, coiffé d’un bonnet pointu (j’éviter les ‘cônes’!😀), au milieu, sous les yeux du père Noël une bouche ouverte qui se marre et nous tire la langue sur sa barbe blanche !
Est-ce au titre de la laïcité ?
Comment saborder cette présentation ironique ? En la crucifiant ? J’ai appris que récemment au pays du Bois sans foi c’est ce qu’ils avaient fait. Quel courage si cette effigie de sapin synthétique était aussi moche et peu représentative de ce symbolise la fête de Noël… Ils ont eu raison. Pas d’inquiétude on sera à leur côté pour boycotter toutes ces horribles sculptures en forme de sapin qui se fichent de nous en nous tirant la langue. 🐀
Bonjour, Souris Verte, tu as levé l’étendard de la révolte. Une de plus. Uderzo avait vu juste avec ses petits gaulois survoltés. Il y a un truc qui m’énerve en ce moment chaque fois que je discute avec une personne elle ronchonne. Rien ne va dans notre pays. Le verre est toujours à moitié vide. Ce qui n’est pas vrai. Je suis heureux de vivre en France où je peux m’exprimer librement sans risque d’être embastillé. Souhaitons que cela dure.
Un nouveau sapin crucifié.
Dans leur petite maison
Marie et Joseph grondent
Leur fils unique
Qui, cette nuit,
A encore fait des siennes
Sous prétexte que son père
Est charpentier
S’il savait……