323e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat
À Troué-le-Creux, petite ville surprenante,
chaque maison a son trou à rires ou à pleurs,
selon…
Inventez la suite
À Troué-le-Creux, petite ville surprenante,
chaque maison a son trou à rires ou à pleurs,
selon…
Inventez la suite
– » Sois bien sage Raphael, je reviens dans une heure. S’il y a quoi que ce soit, tu vas voir Mamie. »
Mamie habite la maison d’à côté. D’habitude Raphael va chez elle dès que Maman sort, mais maintenant il est grand, il veut rester tout seul. La porte s’est refermée, Raphael se sent tout drôle, mais très fier. Perle, la petite chatte grise vient se frotter contre lui. Il lui caresse la tête. Soudain, elle dresse les oreilles, file entre ses jambes, se glisse sous un fauteuil et fait rouler une bille de verre au bas de la plinthe. La chatte tente de l’attraper mais elle ne peut glisser sa patte dans le creux. Raphael s’approche… il n’avait jamais remarqué ce trou, un trou tout rond, de la grosseur d’une pièce de monnaie. Plus de bille ! Il se baisse, regarde… c’est tout noir !! Il hésite à mettre son doigt, on ne sait jamais ! Il touche, juste le bord, légèrement humide. Il s’accroupit, renifle. Ca ne sent rien, peut-être une vague odeur d’eau salée. Intrigué, il s’allonge contre le mur, colle son oreille près du trou… floc ! floc ! il entend des gouttes tomber, une à une, puis un sanglot. On dirait un enfant qui pleure. Cela lui fait un peu peur… mais Raphael est très curieux, il colle à nouveau son oreille : cette fois, on dirait un reniflement. Et c’est toujours aussi noir ! Il s’assied, pose sa main sous son menton, comme Papa quand il réfléchit. Une étincelle s’allume dans ses yeux bruns. De l’autre côté du mur, c’est chez Mamie ! Il s’allonge, écoute encore. Peut être que Juliette est là et qu’elle pleure ? Il se lève d’un bond, part en courant, claque la porte, frappe à peine :
– Mamie, Mamie, est-ce que Juliette est là ? Pourquoi elle est triste ?
– Mais non mon grand, ta cousine n’est pas venue aujourd’hui. Pourquoi penses-tu qu’elle est triste ?
– Je l’ai entendue pleurer à travers le mur !
Mamie fronce les sourcils
– A travers le mur ?
– Oui, y a un trou, tout en bas du mur de ma chambre.
Mamie sourit, d’un air mystérieux :
– Viens!
Elle l’emmène dans sa chambre. Raphael scrute les plinthes…
– Ah ! le trou ! C’est le même qu’à la maison !
– Presque le même ! Ecoute !
Raphael s’accroupit, colle son oreille. Il sourit, s’étend de tout son long sur le sol, écoute encore, et se met à rire, à rire !
– Mamie, on dirait que c’est Juliette qui rit…
– Ce n’est pas Juliette, mon Chéri.
– Alors c’est qui ?
– C’est une longue histoire, une histoire de fantômes, c’est l’histoire du trou à rires et du trou à pleurs.
– Dis Mamie, tu me la racontes ? S’il te plait !
Raphael s’installe confortablement sur les genoux de sa grand-mère.
– Il était une fois…
© ammk
A Troué-le Creux, petite ville surprenante, chaque maison a son trou à rires ou à pleurs, depuis la nuit des temps, dit-on.
Car cette légende que Toto découvrit il y a une quinzaine de jours, en parcourant le magazine « Les Nouveaux Troubadours », remonte au XIII ème siècle et sans doute à bien avant. Passionné de ce que lui a transmis le passé depuis son plus jeune âge, il est tombé sur la rubrique intitulée « A l’Est du Levant ». L’article disait que le Maire traditionaliste de Troué-le-Creux avait eu des soucis avec son électorat. Certaines pierres utilisées pour les élections avaient été trop blanchies. La chronique n’en disait pas plus.
Son diminutif ne le gênait pas, il était inscrit sur son passeport. Souvent même, il l’avait aidé à franchir des portes. Toto se penchait assidûment sur l’historique des lieux qu’il aimait visiter. Pour sa recherche, il réserva huit jours et partit à la découverte de ce village escarpée de la Haute-Touée. Il demanda à rencontrer Monsieur le Maire pour avoir des précisions sur cette histoire de pierres blanchies. Le Maire occupé à préparer un discours pour tenter de justifier ce blanchiment ne parut pas surpris par la visite du jeune homme. Autrefois, pour élire le Maire, il fallait qu’il ait obtenu une majorité de pierres blanches. Mais aujourd’hui, on demandait plus de transparence, tellement de transparence que personne n’y comprenait goutte.
– C’est un appel publicitaire, lui répondit le Maire. Aujourd’hui, tout le monde blanchit pour se faire de la pub, alors pourquoi pas Troué-le-Creux !
– Il n’y a pas de légende alors, s’étonna Toto en écarquillant les yeux !
– Si ! Elle remonte à bien avant le XIII ème siècle, reprit le Maire qui poursuivit. Troué-le-Creux fut longtemps convoité par les hordes venues de l’Est. Elles n’étaient pas toujours animées par un instinct guerrier d’ailleurs, cela dépendait des époques. Une nuit, les villageois furent surpris endormis dans leur lit. Ces troupes-ci n’étaient intéressées que par les trous creux, elles dédaignaient les autres. A une autre époque et, bien que les villageois se fussent organisés contre l’assaillant, par déferlantes, les maisons en pierres de taille étaient périodiquement pillées. Ces vagues-là ne se captivaient que pour les pierres creusées. Mais comme elles étaient trop lourdes pour leurs chevaux, elles ne volèrent que les trous.
– Vous vous moquez encore de moi, s’indigna Toto qui entrevit ses huit jours grillés.
– Non, répliqua le Maire ! C’est cette génération qui apporta le scrutin par pierres. On retrouve des éléments de cette légende alors que la Gaulle n’était pas encore la Gaulle. Mais un jeune chercheur a fait un rapprochement entre la percée entre monts et vallons et la caverne où les premiers habitants se réunissaient pour déclamer leurs vers. La trouée dans la montagne agissait comme un aspirateur, en quelque sorte, non pas pour exciter les envies, mais pour favoriser les échanges (on dirait culturels, aujourd’hui !). La légende est faite de choses réelles, et la rumeur se charge d’élaguer les branches mortes pour ne garder que la mémoire vive. A un moment de l’histoire, il a dû y avoir confusion entre la percée dans les montagnes et la caverne qu’on utilisait comme théâtre. La notion de frontière n’existait pas. La seule limite à découvrir était celle entre rires et larmes, comme au théâtre antique et dans le contemporain. D’où l’intérêt pour la littérature de notre cher village qui s’est perpétuée jusqu’à maintenant. Je dois faire revivre notre passé avec les moyens qu’on a à notre portée.
Toto vacilla. Rassuré, il se dit enfin qu’il n’était pas venu pour rien. Et Monsieur le Maire reprit :
– Voyez-vous, mon jeune ami, cette légende doit revivre ! Venez, je vais vous présenter le chercheur dont je vous ai parlé tout à l’heure. Ensemble, si vous le voulez, bien entendu, nous allons baptiser ce théâtre « PLEONASMUS ».
À Troué-le-Creux, petite ville surprenante, chaque maison a son trou à rires ou à pleurs, selon l’humeur, le passe-temps ou la profession de ses habitants.
La scène suivante se passe au Syndicat d’initiative de Troué-le-Creux
Bonjour Mademoiselle. Je remarque de nombreuses habitations de votre charmante bourgade possèdent des trous aux noms différents. Pouvez-vous m’en expliquer la raison ?
C’est une tradition ancienne érigée en obligation qui a voulu que chaque maison possède un trou selon l’humeur, le passe-temps ou la profession de ses habitants.
C’est ainsi que les déments sont internés au fou rire, les hypocrites se dissimulent dans des larmes de crocodiles, les commères se nichent dans les trous de serrure, les plus timides se terrent dans des trous de souris, les asthmatiques se réfugient dans des trous d’air et les plus hésitants dans des trous normands, le souffleur du théâtre a fait carrière dans un trou de mémoire, le club local d’astronomie a trouvé ses locaux dans un trou noir Et je ne vous ai pas parlé des fameux trous du …
Oui, merci ! Je crois que j’ai compris. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi il existe des constructions plus récentes qui portent le nom de « creux quelque chose »
Ah oui ! Vous faites allusion au creux de l’oreille du psychanalyste que lui dispute le curé, au creux de la vague pour l’entraîneur de l’équipe de rugby, au creux à l’estomac de notre restaurateur, sans compter ceux qui ont un creux là où je pense, les fameux trous du…
Arrêtez ces énumérations par pitié. Expliquez-moi plutôt la raison !
Un jour, le conseil municipal vota le changement du nom de la ville de Troué-les Cultures en Troué-le-Creux, en raison de l’exaspération des habitants de se faire traiter, par les contrées alentour de «trous du cul»
Vous êtes contente ! Vous avez réussi à le placer !!
À Troué-le-Creux, petite ville surprenante, chaque maison a son trou à rires ou à pleurs, selon…
Le jeune homme interrogea les habitants. Ceux-ci lui répondirent immuablement :
– C’est selon la légende…
– Mais quelle légende, demanda-t-il…
– Ah… la légende, c’est une longue histoire….
« Non loin du Ponte Vecchio, à Florence, vivait un orfèvre dont la réputation dépassait les limites de la Toscane. Il rencontra la douce Lucia, bibliothécaire et l’épousa. De leur union, naquit une adorable fillette à qui ils donnèrent le prénom de Giulietta.
Le temps passa, la fillette devint une jeune fille à la beauté rayonnante. Elle suivit les traces de son père et devint orfèvre.
Cette histoire simple était certes trop belle. Alors, le destin s’en mêla.
La même année, Giulietta perdit ses parents. Courageusement, elle reprit l’atelier familial et se voua au travail de l’or et de l’argent.
A plus de deux cents kilomètres de Florence, non loin du Palais des Doges à Venise, vivait également un orfèvre de grande réputation. Il rencontra la trop belle Sofia, bibliothécaire et l’épousa. Ils achetèrent une boutique sur le Rialto.
Un an plus tard, Sofia mit au monde un fils qu’ils prénommèrent Alessandro.
Le temps passa, Alessandro devint un adolescent d’une grande beauté, mais d’une arrogance extrême. Il ne témoignait guère de respect pour ses parents et se mit à fréquenter un groupe de jeunes vénitiens peu recommandables.
De larcins en méfaits, ils se mirent à rédiger des lettres de dénonciations qu’ils glissaient, la nuit venue, dans la Bocca di leone. Un soir de beuverie, l’inavouable eut lieu.
Alessandro, et ses amis rédigèrent une lettre qui fut sans pitié pour ses parents.
Alessandro devint l’héritier de l’affaire familiale. Mais, rongé par le remord, il se sépara de ses amis et paya grassement leur silence. Puis, il ne vécut que pour l’orfèvrerie. Il conçut des bijoux remarquables de finesse et d’audace. Sa réputation dépassa les frontières de la République.
La nouvelle parvint un jour chez Giulietta. Elle confia l’atelier à son apprenti et partit pour Venise.
Elle partit d’abord à la découverte de la Sérénissime avant de se rendre sur le Rialto. Un matin, elle poussa la porte de l’atelier du bel Alessandro.
Ils bavardèrent longtemps, discutaient des différentes techniques, échangèrent leurs secrets…
Le soir venu, il lui fit découvrir les plus beaux endroits de la cité, dont la place San Marco.
En longeant le mur du Palais des Doges, elle aperçut la Bocca di leone. D’un haussement de sourcils, elle interrogea Alessandra qui esquiva en lui déclarant sa flamme.
Giulietta repartit à Florence. Elle vendit son atelier à son apprenti et revint à Venise. Son destin fut scellé par un mariage discret. Elle versa quelques larmes….
– Pourquoi pleures-tu ?
– Je pense à mes parents qui ne peuvent partager notre bonheur.
– Les miens aussi sont absents, lui dit-il en la prenant tendrement dans ses bras. Ils ont embarqués à Gênes et sont partis à la découverte du monde….
Giulietta ne remarqua ni le frémissement de ses lèvres ni sa pâleur soudaine.
Ils travaillèrent sans relâche et devinrent de plus en plus audacieux. Jusqu’au jour où Giulietta fut prise d’une grande lassitude. Leur inquiétude fut brève : le médecin leur annonça une bonne nouvelle…
Alessandro décida qu’il était temps de faire une pause dans leur travail acharné. Ils fermèrent l’atelier et il emmena sa belle à Rome.
Ils y séjournèrent deux longues semaines. Chaque jour, ils découvraient la ville aux sept collines et ses nombreux quartiers.
Cet après-midi, ils traversèrent le Ponte Palatino, leurs pas les conduisirent près de la Fontaine dei Tritoni. Giulietta plongea ses mains dans l’eau fraîche et aspergea son visage.
Elle s’ébroua joyeusement puis dit à Alessandro :
– Regarde là-bas, l’église et le campanile… andiamo…
Elle lut sur une plaque de marbre : Santa Maria in Cosmedin. Ils passèrent le portique. Elle s’écria :
– Regarde, Alessandro, ce disque, cette tête… elle me rappelle celle du Palais des Doges…
Ils s’approchèrent et Giulietta lut ces quelques mots gravés sur une planchette: Bocca delle Verità.
Un sourire espiègle illumina le visage de Giulietta. Elle saisit les mains d’Alessandro et lui dit :
– Regarde, je ne t’ai jamais menti… je t’aime et je t’aimerai toujours ! Murmura-t-elle en plongeant ses mains dans la Bocca.
Elle les retira indemnes et son rire clair retentit sous le portique.
– A ton tour !
Alessandro pâlit et tenta de faire diversion en lui clamant que cela n’était qu’une rumeur et que cette Bocca était en fait une plaque d’égout.
– Justement, tu ne crains rien, allez, allez…dis-moi que tu ne m’a jamais menti…
Alessandro plongea ses mains.
Un cri effroyable déchira le ciel azur. Alessandro en retira ses bras mutilés et s’effondra.
Giulietta arracha son écharpe en enserra les moignons d’où giclait le sang…
Elle glissa sa main sous sa nuque et se pencha vers son visage. Dans un murmure, Alessandro avoua le crime de délation qu’il avait commis à l’encontre ses parents.Il poussa un ultime soupir et Giulietta lui ferma les yeux.
Les dernières paroles suivie du silence et l’effroi la glacèrent.
Elle retourna à Venise et céda l’atelier au premier orfèvre venu.
Le ventre arrondi, elle fit ses bagages et s’en alla loin de cette ville maudite. Sa fuite s’arrêta à la porte des Alpes, dans un minuscule hameau non loin de Pietramurata. Elle s’installa dans une maison simple, mais confortable. Quelques mois plus tard, elle mit au monde une petite fille qu’elle appela Chiara. Et les jours de leur vie glissèrent avec simplicité et douceur.
Giulietta reprit ses activités d’orfèvre. La maison devint trop petite. Elle y fit ajouter une annexe et demanda au maçon de laisser deux petites baies rondes dans le mur.
– Mais ça ne sert à rien, lui dit-il…
– Si…cela servira à y laisser ses rires et ses larmes, répondit-elle les yeux assombris par un voile de mélancolie…
Chiara fit ses premiers pas et grandit en sagesse et espièglerie. Elle amusait sa maman en plongeant ses mains potelées dans les deux petites baies…
– Trrrrriu , trrrrrriu… buco chantonnait la fillette…
Giulietta se leva. Elle prit une planchette et grava : « Trovere »…
Les quelques habitants s’amusèrent de cet événement et eurent l’idée de creuser, à leur tour, deux petites baies dans leur façade : une pour la joie, une pour les larmes…et la tradition se perpétra…
Au fil des ans, Trovere devint Troué. »
Voilà la légende, jeune homme….
Mais la dernière page ne fut jamais ajoutée à la légende….
Une Belle avait brisé le coeur du jeune homme, ingénieur de son état. De dépit, il s’en était allé loin de chez lui et, après maints détours, était arrivé dans le hameau. Il logea dans la maison de Giulietta et remarqua les baies aux pierres patinées.
Il y plongea les mains et ressentit un léger souffle….
Son visage devint radieux. Il fit ses bagages et retourna au pays. Il passa des heures et des nuits penché au-dessus de sa planche de travail.
Le succès fut au rendez-vous : il venait d’inventer le sèche-mains…
Un’altra sorpresa nella caduta di questa bella storia.
Mille grazie a te chi come me sembri tanto amare l’italia.
Il y a bien longtemps de cela, dans une contrée très très lointaine, la ville-état de Troué les bains jouissait d’une réputation flatteuse, grâce à ses sources d’eau thermale qui s’écoulaient dans deux grands bassins naturels, creusés dans le relief entourant la ville. On venait de toutes les régions environnantes pour s’y soigner, et la ville prospérait.
Mais une sécheresse persistante, sur plusieurs années consécutives, finit par ruiner cette manne et des jours sombres commencèrent pour la station balnéaire dont c’était la seule source de revenus. On commença par changer le nom du lieu, qui devint Troué le creux. On discuta de longues soirées sur la nouvelle fonction des deux bassins, désormais vides. Et un hurluberlu trouva des arguments décisifs pour proposer leur recyclage en trou à rire et trou à pleurer.
Il s’agissait de canaliser les humeurs changeantes des citadins, en leur permettant de se défouler librement dans des lieux prévus pour ça, et d’éviter ainsi des manifestations dans la rue. Les trous contre l’anarchie, en quelque sorte.
Une initiative qui tombait fort à propos, car depuis l’assèchement de la ville, les affaires allaient fort mal, les caisses étaient vides, et les habitants subissaient impuissants les effets d’une crise économique redoutable.
Dans ces conditions, les demandes d’accès au trou à pleurer étaient bien plus nombreuses que celles pour le trou à rire, qui devenait déficitaire. Au point d’inquiéter le gouvernement, qui essaya d’abord la persuasion et l’incitation, proposant une entrée gratuite dans le trou à pleurer pour une entrée achetée dans le trou à rire. Sans succès. Suivit la manière forte, avec séjours obligatoires annuels dans le trou à rire pour chaque citoyen.
Alors les gens prirent l’habitude de dire: « je vais au trou », pour dire qu’on allait les enfermer de force, et le mot « trou » devint synonyme de « prison ».
La révolution couva, puis gronda, puis éclata, et mis bas le gouvernement.
On le remplaça par un Président-clown, habitué des émissions drôles à la télé. Quand ils l’entendaient, les gens pleuraient de rire – un miracle – mais qui posait un nouveau problème : Dans quel trou fallait-il mettre ceux-là, le trou à rire ou le trou à pleurer ?
Le candidat Boute-en-train fut élu haut la main. Mais dès sa prise de pouvoir, il prit pour la ville-état des mesures si débiles que la crise économique s’accentua et que les habitants pleurèrent de plus belle.
La situation semblait désespérée quand on vit arriver un personnage de belle stature, très sûr de lui, vêtu en notable, dont il avait la voix posée et bien timbrée. Il demanda à rencontrer les responsables du gouvernement, et obtint un rendez-vous. Il se présenta comme médecin-hypnotiseur et promis de changer en quelques jours l’ambiance morose de la ville en franche gaîté. Le gouvernement, à bout, ne put qu’accepter et il fut convenu qu’il officierait dès le lendemain.
Entre-temps la nouvelle avait fait le tour de la ville et les gens se présentèrent nombreux à son cabinet, curieux de tenter l’expérience.
Et un miracle se produisit. Toute personne qui entrait triste dans son bureau ressortait le sourire aux lèvres.
Quelques jours plus tard, l’intégrale des habitants de Troué le creux voyait la vie en rose.
Devant ce succès, les responsables de la ville, éberlués, ne purent que remercier chaleureusement l’ hypnotiseur. Qui de son côté demanda un salaire. Déni des autorités qui prétendirent la ville à sec, en retournant leurs poches pour se donner un air plus pitoyable.
Avec un regard en dessous, le médecin tourna les talons et repartit vers son cabinet.
Les « huiles » se frottèrent les mains, persuadées d’avoir gagné.
Le lendemain, les clients du docteur, désireux de pousser plus loin leur traitement euphorique, prirent un nouveau rendez-vous. Et toute la journée, on défila dans le cabinet.
Mais cette fois les gens sortaient avec un rire franc, qui peu de temps après se transformait en éclats de rire bruyants.
Toute la nuit qui suivit, les sirènes d’ambulances se firent entendre, sans discontinuer.
Une étrange épidémie frappait la ville. Tous ceux qui avaient consulté étaient pris de fou-rires incontrôlables, impossibles à interrompre, jusqu’à suffocation, et on signalait plusieurs cas de
mort de rire.
Et l’hécatombe ne semblait pas près d’être enrayée, tous les clients du docteur étaient touchés plus ou moins gravement.
Les autorités affolées contactèrent immédiatement celui qu’on appelait plus que « le magicien » et on lui promit un mont d’or s’il mettait fin au désastre.
Ce qu’il fit sans difficulté.
Il demanda et obtint le droit de s’installer en ville, sous le nom de « soigneur des âmes » et ne manqua jamais de clients.
Il fut le premier de sa profession. Mais il y en eut bien d’autres après lui.
Car cette histoire se passait il y a fort, fort longtemps, à une époque où de telle pratiques tenaient de la magie, et où nos psychanalystes actuels n’avaient pas encore pignon sur rue. Aujourd’hui le métier nous est familier et chaque ville compte son « soigneur des âmes »
Et pour ce qui est des deux trous de Troué le creux, on les a simplement recyclés en piscines où les enfants s’ébattent – gaiement – la saison venue !
323 À Troué-le-Creux, petite ville surprenante, chaque maison a son trou à rires ou à pleurs, selon ce que nous avions vaguement entendu sans y prêter attention. Malgré ce nom qui nous avait fait bien rire nous étions tombés amoureux de la région et puis la petite ville était bourrée de charme. Au fait, comment s’appellent ses habitants ?
Par chance un terrain était à vendre.
Dès la maison construite, nous nous y sommes installés, avec l’intention de faire rapidement notre trou à Troué-le-Creux. Je dois dire que nous nous amusions beaucoup.
Nos voisins ayant l’air bien sympathiques, nous les avons invités à partager un apéro dinatoire.
Cette soirée nous a paru très étrange, comme si tout le monde cherchait quelque chose des yeux. Bien que nous ayons beaucoup ri, même jusqu’aux larmes, nous n’étions pas encore assez intimes pour leur demander ce que qui les tracassait
Quelques jours après, chez la boulangère, j’ai eu l’impression que les clients me dévisageaient. Je me suis vu dans le miroir de la boutique, mais n’est rien trouvé qui me différenciait. J’étais aussi beige et fade que les autres.
N’étant pas timide, j’ai pensé qu’il fallait régler le problème le plus rapidement possible si nous voulions faire partie intégrante de ce village.
J’ai décidé d’inviter, au café le plus proche, tous les clients présents dans la boulangerie. D’abord ils m’ont regardé comme si je disais une énormité puis ils ont accepté et même la boulangère a décidé de fermer exceptionnellement. Elle a tourné l’écriteau sur « Je reviens de suite ».
Autour d’un café j’ai posé la question :
– Alors qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi vous me regardez bizarrement ?
Comme je pouvais m’y attendre il y eut un moment de gêne et c’est la femme de ménage de l’école qui a eu le courage de parler la première.
– Ben c’est à dire qu’il n’y a pas de trous chez vous. Enfin ils ne les ont pas vus.
– Quels trous ?
– Ben les trous.
– ???
– Oui les trous à rires et à pleurs
– Ah, oui mais je pensais que c’était une plaisanterie. Nous on rit et pleure sans avoir besoin de trous.
– Nous aussi avant, mais c’est un truc du gouvernement qui nous a obligé à les faire. Vous avez pas entendu? On n’arrête pas de nous le rabâcher. Ils ont choisi Troué-le-Creux comme ville pilote. On doit maintenant en avoir sinon on risque une amende.
– Mais pourquoi ?
– Vous connaissez toujours le pourquoi de leurs inventions ? J’sais pas peut être pour calculer combien on rit et pleure dans un mois et finir par nous taxer.
À Troué-le-Creux, petite ville surprenante,chaque maison a son trou à rires ou à pleurs, selon…
Les habitants vivent avec depuis toujours ! Certains les ignorent, tout en laissant les bas-fonds libres d’accès, on ne sait jamais, on peut avoir besoin de se mettre aux abris avec sourires, rires.D’autres jouent les victimes perpétuelles, puisant dans les glacières de larmes, puits sans fond de lamentations.
Des nouveaux arrivants , qui voulaient défier tous ces racontars ont décidé de calfeutrer leur maison, de ne laisser aucune oubliette accessible, de vivre en ignorant ces phénomènes traités avec mépris. L’impertinence a des limites, des sanglots émouvants s’élèvent certaines nuits d’hiver, de éclats de rire les narguent apparemment fort à propos, pas facile de les ignorer même en rationalisant …
Alors, ne voulant pas être la risée des Trouétains, ils ont discrètement ré-ouvert oubliettes et cachettes, laissant circuler les humeurs de la maison …
A Trouée-le-Creux, j’habite une vieille maison à rire léguer de ma grand-mère côté maternelle, oh! je n’y viens que peu dans l’année du moins ce depuis un an car maintenant, après avoir vécue tant d’aléas, je suis venue ici me ressourcer et j’en ai bien besoin. Ma petite vie me plaisait pourtant bien à Cloc le Ncouque, mais, le genre d’homme qui me traquait là-bas, faut dire le mot; m’empêcha d’y finir ma vie. Eh! pensez pas que je sois à l’article de la mort hein! c’est pa ça du tout et pour dire vraie…je me porte comme un charme de trente ans, na! Bref, l’homme en question me voulait pour épouse non mais et puis quoi encore…des petits monstres à son effigies en prime beurk.Et soudain du fond de ma mémoire rejaillit cette petite étincelle d’idée pour le moins saugrenue mais viable et ayant en prime l’incroyable, la merveilleuse, lumineuse capacité d’être complètement inconnu à ce vilain fifre. Voila pourquoi aujourd’hui, je passe mon précieux temps à Troué…le temps avec divers compagnes et compagnons tous plus déjantés les uns que les autres et ayant chacun et chacune un passé que la encore on ne veut dévoilé. Bref, nos jours sont heureux car…nous sommes du côtés des rieurs et non des pleureurs, quel guigne non mais je vis à deux pas d’un pleureur…qui me fait du rentre dedans façon larme à l’oeil. La poisse quoi vous ne trouvez pas?ben moi si!
La petite ville de Troué-le-Creux, si jolie soit-elle et en dépit de sa réputation d’originalité due à la présence de ses trous à rires et de ses trous à pleurs, ne m’avait guère attirée.
Etant une grosse curieuse, à mon corps défendant et devançant un éventuel trou de mémoire, je suis tout de même allée voir de quoi ses trous avaient l’air.
J’avais revêtu pour ce voyage mon plus joli chemisier à trou-trou. Ses creux m’intriguant tout autant, je m’inscrivis à la visite guidée de ces trous censés ne pas être perdus pour tout le monde. Je m’acquittai du prix de la visite avec la pièce de 2€ serrée dans le creux de ma main. Le guide ayant tout d’un honnête homme, je ne craignis pas qu’elle ne participe d’un éventuel trou dans la caisse.
La visite commença par l’église, le guide dut se servir avec vigueur de la partie sise après le creux de ses reins pour en pousser la porte. Près du trou des pleurs de l’église je repérai un creux dans le bénitier si sollicité autrefois.
Ensuite ce fut le tour des caves chacune recelant soit un trou à rires soit un trou à pleurs comme promis sur le dépliant touristique.
Des odeurs de moisi envahirent nos trous de nez, les trous à rats, les trous de souris, étaient si nombreux qu’on pouvait s’imaginer cheminant à l’intérieur d’une meule de gruyère.
Visite éprouvante qui nous fit passer du creux à l’estomac au creux de la vague.
Tout compte fait, grande fut la déception, il n’y avait plus que les trous à pleurs qui soient encore en service. En nos temps troubles, les trous à rires jugés indécents par un décret municipal avaient été obstrués dans l’attente de jours meilleurs.
Rentrée chez moi je me dis que le creux de mon lit n’avait décidément pas son pareil.
À Troué-le-Creux, petite ville surprenante, chaque maison a son trou à rires ou à pleurs, selon si la météo est clémente. Il suffit que le soleil étalent ses rayons sur les chaumières pour que les sourires jaillissent des visages, suivis de rires et même d’éclats de rires. Je vous assure, c’est exactement comme ça que l’on détecte la bonne humeur des habitants à Troué-le-Creux.
Si vous vous rapprochez des habitations, vous constaterez que des puits de lumière, des creux, ont été savamment découpés dans la pierre, comme une nécessité, un besoin vital de trou à sourires, rires et je l’ai déjà dit, éclats de rires. Ils font le plein de chaleur et quand le ciel est menaçant, ils tirent les rideaux ou baissent les stores.
Les gens sont remarquables dans cette bourgade, si vous saviez. Les femmes plus précisément. Elles n’hésitent pas à se faire plaisir, prennent les bonnes décisions quand celles-ci s’imposent. Tenez, par exemple, si l’orage gronde au sein d’un couple, la première réaction et de tirer la gueule au conjoint jusqu’au moment où la tempête passe et que les draps s’en souviennent.
Les femmes de Troué-le-Creux, elles, percent l’abcès en convoquent le vent pour qu’il chasse les nuages. Si l’orage devient plus menaçant, elles ne pleurent pas, ni même ne s’inquiètent, ni ne font la gueule, loin de là, elles laissent un mot sur le guéridon pour l’ex élu de leur cœur, écrit avec soin, sans rature, ni hésitation. Elles leur demandent d’aller faire leur numéro ailleurs et de ne surtout plus revenir leur casser les oreilles avec des reproches minables, humiliants qui pourraient, si on y prêtait attention, provoquer des larmes, des pleurs, des plaines, des doutes, des remises en question. Il n’y a aucune remise en question à Troué-le-Creux. On ne veut pas de larmes là-bas. Le soleil s’occupe à toute tristesse et brûle tout ce qui est indésirable, grâce aux trous savamment découpés dans la pierre, qui le laisse entrer à sa guise, pour qu’il réchauffe la fragilité de la vie, évitant ainsi qu’elle sombre dans le chagrin.
Les thérapeutes devraient prescrire des séjours à Troué-le-Creux… A méditer.
C’est Selon
À Troué le Creux, chaque maison à son trou à rires ou son trou à pleurs
C’est selon le pire, ou fonction du meilleur
et chacun y dépose des billets qui s’étirent, transfigurant l’humeur
A Ecoute-s’il-pleut (Marne) chaque jardin pleure son nuage ou le glas du soleil
Ça donne un beau potage ou une pleine corbeille
on partage, on sécoute et on s’émerveille
À La Chapelle du Lou (Île et Vilaine) on guette le cri du fou
ou bien les regrets de biquette,
car on craint pour les coups que nous donne les conquêtes
quand l’homme honnête bafoue, dans le néant nous projette
À Foufouilloux (Cantal) , les loufoques épousent les cinoques,
À moins que le coincés ne s’enhardissent des duchnocks
puis troquent les voleurs, contre d’honnêtes tout fous
À Airos (Aude) les hommes achètent des miches, les femmes, des flûtes
Car la boulangère aguiche et son mari affûte
ses arguments pugnaces à la table de délices
alors les femmes pleine d’audace leur offre leur calice
A Baschoix (Ile et Vilaine) on rêve droiture, honnêteté
on écarte les parjures, et leur absurdité
à faire croire qu’on apure en prônant l’équité
tout en trichant dans la légalité
alors le risque s’accroit de tenter l’aventure
d’un populisme de mauvais aloi
À Troué-le-Creux, petite ville surprenante, chaque maison a son trou à rires ou à pleurs, ce qui n’est pas sans poser des problèmes à certains habitants, d’ordre physique (chutes) psychologique et familial, etc. En effet, des membres d’une même famille se divisaient sur le choix du trou à rires ou du trou à pleurs. Plus grave depuis quelques années, beaucoup d’habitants divorçaient , d’autres choisissaient de déménager à cause de ces foutus trous Si çà continuait ainsi il y aurait plus de trous à rires ou à pleurs que d’habitants.
Le maire avait été réélu sur la promesse de faire disparaître ces trous à rire et à pleurs, mais comme dit le dicton « les promesses n’engagent que ceux qui les croient.
Le conseil communal se réunit en vain plusieurs fois . Il fut envisagé, entre autres, de les boucher avec des engins de chantier mais cette solution se démontra vite irréalisable.
Et là le Maire, qui s’appelait Monsieur Macron, un vague cousin de la troisième ou quatrième génération d’un de nos hommes politiques actuels, pour faire oublier les trous à rire et à pleurs eut une idée géniale : changer le nom de la commune. La loi le permettait étant donné que celle-ci est l’espace d’organisation administrative le plus proche des citoyens. C’est aussi et surtout un espace de développement économique, social et culturel, un espace de liberté, de participation à la vie de la communauté.
Faute d’entente des conseillers municipaux, aucune décision n’était encore intervenue quand le Maire fut élu Député.
Du fait de ce contretemps, les trous à rire et à pleurs sont toujours là et la commune s’appelle toujours Troué-le-Creux. Des bruits avaient couru que les conseillers avaient vainement cherché une anagramme de Troué le Creux.
Leçon de vie
A Troué- le- Creux, petite ville surprenante
Pas très loin de Nantes,
Chaque maison a son trou à rires
Quelquefois juste un mini-trou à sourires
Un tout petit trou de souris
Un petit trou riquiqui
Mais si important
Dans la vie de ses habitants
Qu’il suffit d’y glisser l’extrémité d’un doigt de pied
Pour illuminer toute la journée !
Seulement voilà
De-ci de-là
L’ombre du malheur
Se faufile parfois au milieu des fleurs
Alors à ce moment-là
Les enfants vont se cacher dans les trous à pleurs
Pour y verser quelques larmes de chagrin ou de peur
Et les parents aussi peuvent y aller
Pour sécher discrètement leurs yeux embués.
C’est ainsi qu’à Troué
Les habitants savent raison garder
Ils ont compris, depuis fort longtemps,
Qu’entre malheur et bonheur
On passe sa vie à jongler
Que c’est ainsi depuis une éternité
Et que, bon an mal an, cela risque de durer …
joli texte
rythmé, poétique
et s’il suffisait d’un doigt de bonheur pour faire un pied de nez au malheur!
Cher habitant du Reste du Monde,
A Troué-Le-Creux, petite ville surprenante, chaque maison à son trou à rires ou à pleurer, selon l’humeur de ses habitants ; tristesse, colère et frustrations trouvent leur place dans le trou à pleurs tandis que joie, hilarité ou euphorie sont vite délestés dans le trou à rires.
Ici, chacun sait que la clef d’une espérance de vie la plus longue et paisible possible tient dans l’évacuation rapides des émotions parasites.
Il n’y a qu’à voir l’âge moyen et la sérénité des habitants pour comprendre que chez les Trousseaux du Creux on ne badine pas avec ses questions là !
Ne dit-on pas ; « rire à en pleurer », « pleurer toutes les larmes de son corps » ou encore « mourir de rire » ?
Ce qui prouve, s’il en est besoin, que les émotions sont bel et bien dangereuses pour la santé.
Dès leur plus jeune âge, les enfants Trousseaux du Creux apprennent à cultiver la neutralité de leurs sentiments.
Nuls pleurs, colères, cris ou autres éclats de rire.
Les bébés sont, dès leur naissance, confiés à des professionnels, experts dans l’art du visage neutre ; câlins, soins, mots, très peu de sourires, aucun enthousiasme.
A l’école, les instituteurs sont équipés d’avaleurs de maux et de neutraliseurs de chamailles.
Ainsi, les enfants apprécient très vite la paix du corps et de l’esprit.
Une fois adulte, chacun s’emploie à poursuivre et cultiver cette qualité de vie. Jamais un mot plus haut que l’autre, aucun conflit, aucune rancune ou jalousie, nul éclat de rire, nulle explosion euphorique ne troublent le paisible calme de troué-Le-Creux.
Les heures de méditations quotidiennes et les trous à pleurer ou à rire sont des piliers de la réussite de notre ville.
Cher habitant du Reste du Monde, nous comprenons votre souhait d’amélioration de votre espérance et qualité de vie. Nous entendons que vous ayez à cœur de transmettre des outils infaillibles à vos enfants.
Aussi, nous vous invitons à rejoindre notre PROGRAMME DETOX-SERENITE INTENSIF.
Suite à ce programme individuel de 6 mois, et après validation d’une période de probation de 6 mois supplémentaires, vous serez autorisé à rejoindre Troué-Le-Creux et ses habitants !
Vous prêterez attention aux conditions préalables à l’accès à notre programme, c’est à dire motivation sincère ET bonne santé de TOUTE votre famille.
Toute préinscription sera envoyée par courrier à l’aide du formulaire ci-joint.
Soyez assuré que nous y apporterons une attention toute minutieuse.
Veuillez croire, cher habitant du Reste du Monde, en notre plus neutre considération.
M. CREUSSANTROU,
Noble et modeste Maire de Troué-Le-Creux
Les souris se passèrent le mot rapidement : « à Troué-le-Creux, il y a des trous partout, c’est un vrai gruyère ! »
Et, dès lors, elles affluèrent de tous les coins, et envahirent le petit village…. Au grand désespoir des habitants qui ignoraient totalement la particularité de leurs modestes demeures.
Après quelques bagarres pour choisir les meilleurs emplacements, les souris se trouvèrent enfin installées chacune chez elle, et décidèrent d’aller explorer les environs pour y trouver leur pitance. Elles se roulèrent dans la poussière de leur trou, afin d’en emporter les senteurs qui leur permettraient de retrouver leur chemin dans cet environnement encore peu familier.
Ce que personne n’avait prévu, c’est qu’au passage de certaines de ces petites bêtes -bien mignonnes en somme-, les uns éclataient d’un rire inextinguible, alors que d’autres fondaient en larmes, inconsolables. Certains mêlaient rires et larmes, alors que d’autres restaient insensibles ou se sauvaient, c’était à n’y rien comprendre, et toute la vie sociale s’en trouva perturbée.
Quelques fortes têtes, convaincues qu’il y a toujours une explication à tout évènement, se firent forts de trouver la raison de ces comportements étranges. Ils comprirent bien vite qu’il y avait un lien avec l’invasion des souris, et cherchèrent une explication dans leur origine : d’où venaient-elles ? Avaient-elles un ADN particulier ? Et pourquoi donc n’avaient-elles pas toutes le même effet sur l’humeur des humains ? Peut-être mâles et femelles ? Jeunes ou adultes ?
Mais leur espoir demeura vain, aucune explication ne pouvait venir de leur origine, et la plupart des chercheurs jetèrent l’éponge.
Un tout petit groupe de deux jeunes curieux se montra plus tenace. Ils dirigèrent leurs recherches sur le village lui-même, et d’abord sur son nom : d’où venait-il ? Et si cela avait un rapport avec les souris, les trous de souris…. ? Bizarre comme idée, mais après tout, au point où on en était…
Et ils commencèrent à explorer systématiquement tous les endroits creux où logeaient les petits rongeurs.
C’est en y plongeant une main curieuse que l’un la retira pleine d’éclats de rires, alors que chez le voisin, c’est une averse de larmes qui les accueillit.
Bizarre, bizarre….Sans donner d’explications, ils invitèrent tous les habitants à explorer tous les trous de leur maison, et à se retrouver à la Mairie pour partager leurs découvertes.
Leur intuition était la bonne, l’assemblée la confirma : chacun, dans sa maison, avait bien un trou, et un seul, riche soit en rires soit en larmes. Et la concertation commença : qu’allait-on en faire ? Les faire disparaître ? Ce serait pourtant bien de pouvoir rire ou pleurer à volonté ! Donc en tirer parti ? Mais comment ?
C’est le menuisier, homme réputé opportuniste, qui trouva la solution : fabriquer pour chaque trou habité une solide porte, qu’il suffirait d’ouvrir au besoin. (Et tant pis pour la souris qui y logeait, qu’elle parte ailleurs !)
Il fit fortune, bien entendu, mais refusa d’assumer les querelles qui suivirent : les propriétaires de trous à rire prétendaient taxer les propriétaires de trous à larmes qui auraient recours à leurs bienfaits, ces derniers entendaient bien, à leur tour, monnayer leurs services pour les décès, les guerres, les séparations…
Mais qui donc a parlé de « rire aux larmes » ?
A Troué le Creux,petite ville surprenante,chaque maison a son trou à rires,ou à pleurs selon le quartier où elle est située.
Cela ne se passe pas de la même façon à Troué le Creux (familièrement nommé Troué par ses habitants)rive gauche et Troué rive droite,si votre habitation est à Troué ville haute ou Troué le bas,ni si vous avez vos quartiers à Troué nord ou ouest.
Pareillement, si votre adresse indique que vous êtes de Troué le Creux le Vieil ou Troué le Neuf.
Avez vous le privilège de demeurer près de la gare,non loin de la mairie,votre trou personnel n’aura pas la même fonction .
Admettons que vous puissiez rejoindre le bar: » Au creux de Troué » à pied ,ce ne sera pas la même chose que si vous devez emprunter un véhicule pour vous y rendre.
Autre exemple: votre maison borde la nationale,côté pair ce sont les trous à rires,côté impair les trous à pleurs bien sûr.
Bref, cette situation complexe,déroutante parce que immuable , a fait le bonheur et la prospérité des entreprises de déménagement.
En effet,un nouveau maire fut élu qui se lassa bien vite des plaintes continuelles de ses Trouécreusois devant rester à vie avec des trous à pleurs, ce qui rendaient leur bien invendable,et leur humeur chagrine. Contrairement au reste de la population jouissant d’un confort moral certain et n’ayant pas du tout envie de déménager.donc de vendre.
Cet élu responsable promulgua rapidement un décret obligeant les chanceux à échanger leur maison avec les plus mal lotis tous les cinq ans.afin que ceux ci ne tarissent point toutes les larmes de leur corps.
Il y eut moult jérémiades,des départs vers d’autres horizons, mais ceux qui restèrent respectèrent les conditions imposées.
Un certain équilibre régna dans la petite ville surprenante.
Les habitants passaient, dans un grand élan de solidarité, du rire aux larmes à chaque quinquennat,satisfaits de leur sort en définitif.
Le village du livre ? Vous connaissez ? La ville aux proverbes en Bretagne ? Non ? Ici à Troue le creux … vous allez voir, suivez le guide. La pharmacie Malatesta on entre ! Rien à signaler un pharmacien, des malades qui toussent et des étagères pleines de boites et de flacons. La oui la devant, oui cette niche, avancez, n’ayez pas peur ! C’est … je vois que vous avez compris. On se poste devant, on respire à fond, on ferme les yeux, on serre les poings et on y jette son maudit mal au ventre. Si ça marche ? Suffit d’y croire comme la médecine. Ça soulage !
Vous continuez la visite? La caverne aux douceurs ? Non ça ne vous dit rien. Maître Droit un avocat comme les autres ? Pas tout à fait. On entre. Regardez la oui ce guichet. Ça tient du confessionnal, on pousse la cloison et on a cette tablette du papier et un stylo et derrière cette boîte à lettres. Le trou à chicanes. Oui certains veulent rester discrets. On va s’étaler sur les histoires de famille ou les disputes avec son voisin. Si ça fonctionne? Une merveille notre meilleur trou ! Vous me suivez?
L’église vous vous en doutiez ? Combien vous dites non deux trous ! La bas à la lumière le tronc aux souhaits et au fond derrière oui presque dans le noir la vilaine fissure ou introduire juste un petit billet : la fosse à rancœurr. Excellent rendement on vient de loin pour visiter notre petite église.
Vous regardez votre montre, vous devez partir, vous n’avez plus le temps ? Quel dommage vous n’avez vu ni le trou à rire ni la niche à rêves. Des Must tout le monde passe par la . Quelques curiosités mais je vois que vous êtes pressé. Vous verrez on revient et on repart transformé. La visite complète coûte 20€ par personne. Merci Monsieur et Madame à bientôt!
À Troué-le-Creux, à chaque coin de rue, on tourne la page.
Dans cette petite ville surprenante, à la mémoire courte
chaque maison passe à la trappe ses pense-bêtes.
On mange la consigne de ce qu’on a chassé de son esprit
avant de se rafraîchir les idées.
A Creusé-le-Trou dans un coin reculé de la tête
on se met au vert, on oublie tout,
et on recommence.
Chacun a, son trou noir ou son trou d’air,
son trou à rire ou à pleurer.
C’est selon…
A Treusé-le-Cou, les lêtes de tinotte n’ont pas des méloires d’éméphant
On a louillé dans les vousenirs, ponser l’épage…
Tout est toubé dans l’ombli.
Très joli j’aime beaucoup la fin merci
… son humeur. Dans ce lieu oublié de Dieu au creux de la vallée de la Maurienne chacun écoute Savoie en attendant que la mort vienne. Après avoir engrangé le blé qui petit à petit poussait en bottes de 7 lieues, le paysan écoute l’hiver et compte ses sous. Les rides enracinent ses mains calleuses, ses mains gagneuses d’un argent qui se terre.Il se terre Happy quand les potes rient autour des briques en glaise.
Sous eux, comme sous chaque maison, un trou prévu pour le blé, recueille le son, ici leçon de joies, ailleurs répétition de cris ou de pleurs, de confidences, de cons qui dansent sur leur magot. Un magot qui se termite, se terre mine ici, se terril ermite, se terre minus et se taire minable car sans partage, sans décence et sans descendance.
Dans ce trou blé, le son est troublé des secrets qu’on cave, qu’on cache à ses proches, des proches qu’on vexe plutôt que de les aimer.
Dans les tunnels qui serpentent sous les trous, les rires et les pleurs se mélangent sous les troupeaux qui panurgent, les trouvères qui boivent leurs ballades, les troufignons qui embauchent leur femme quand le parlement de terre dans la campagne, les trousseaux qui écoutent ceux qui parlent et mentent, et puits les troufions qui regardent par derrière dans la peur des terroristes, de ces lendemains qui déchantent jusqu’à fleur des champs.
C’est tout aussi intéressant.
Quelle belle réponse
Merci et merci Pascal pour cette superbe idée
Selon le sentiment du jour, l’idée infusant dans la rivière, là bas, on s’y croit invité à pleurer.
Non parce que c’est triste, ou moche ou poussiéreux. Simplement parce que c’est beau, calme, évident.On ne penserait même pas à en fabriquer une carte postale ou un circuit touristique.
Un chemin vacille entre les touffes d’herbes. Il s’évanouit dans le brouillard de nos yeux. Un oiseau têtu réclame un peu plus du soleil.
Et nous l’encourageons.
De l’autre côté du site, le vent secoue nos corps, nous pousse à rire du déséquilibre. Nous étendons les bras, saisissons les cordes de pluie, nous lavons des fatigues.
Les mouettes griffent le ciel bien plus bas que le fer des avions. Elles ne tentent pas d’orchestrer leurs improvisations par dessus le sacre de la plage.
Nous gloussons avec les petits gravelots,roulons des cailloux dans nos gorges.
La mer a remballé ses vagues, déroulé sa moquette pour nos pieds.
Nous ne craignons rien des trous d’eau, de terre, de guerre.
A Troué-le-Creux, on niche au bon pied de nos falaises!