683e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Elle, il, n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient.
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Bonne et heureuse année !
2023 fut une année à la gomme
Elle vient de s’effacer, tant mieux pour nous !
Aujourd’hui, il s’agit d’en écrire une nouvelle
et de lui donner la bonne idée de réaliser nos voeux.
Faisons de notre mieux
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IL ouvrait ses volets quand ça lui chantait. Une fois par an, le premier janvier. Seulement les années bissextiles. IL fermait ses volets le trente et un décembre de cette même année ! IL avait sans doute ses raisons, que tout le monde ignorait ! Je suis la seule à connaître l’origine de ce comportement. Cependant, je ne vous la dirai pas. Jamais je ne le trahirai.
Ainsi, les rumeurs se propageaient dans ce village si tranquille avant que cet hurluberlu n’arrive. L’imagination de ses habitants était fertile. Une belle bande de curieux, voire de jaloux. Le chef de cette meute envisageait un enlèvement. Certains murmuraient qu’IL serait torturé.
Je lui racontais ce que j’entendais et voyais. IL me souriait en haussant les épaules. Cela fait vingt ans qu’IL habite ici, mais IL n’a jamais été accepté. Trop jeune, trop beau et surtout trop riche ! Les villageois l’avaient surnommé Le Mafieux !
Il y a quatre ans, IL ouvrit ses volets. IL prit son temps ! Son château, baptisé gentilhommière par les aigris, comporte exactement trois cent soixante-cinq fenêtres ! Vous pouvez me croire, je les ai comptées et recomptées. A son retour, IL m’a dit qu’IL avait pris une décision importante.
IL était candidat aux élections municipales. Malgré le peu de chance de réussite, vu sa notoriété, je lui faisais confiance.
Les habitants se chamaillaient. Certains allaient voter pour lui en espérant qu’IL leur dévoilerait « Le secret des Volets » D’autres répétaient : « On verra bien ce qu’IL a dans le ventre ce démoniaque voisin. Peut-être qu’IL va faire ce qu’il faut pour que nous, pauvres péquenots, ayons une meilleure vie ».
IL fut élu maire ! Il faut dire aussi, que son concurrent, trente ans à tenir la boutique, vieillard rabougri, méritait la retraite.
Peu à peu, le village se transformait, s’embellissait, s’enrichissait.
Monsieur Le Maire était respecté.
Et depuis, le premier janvier de chaque année bissextile, tous les habitants du village ouvrent leurs volets.
Elle, il, n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient.
Les gens ne comprenaient pas les ballets incessants de voitures le 29 février tous les quatre ans donc. Surtout que dès le lendemain la maison et ses environs se retrouvaient plongés dans l’obscurité.
Bien des curieux avaient essayé de percer les mystères de ces allées et venues. Certains téméraires alpaguaient le maire sur le marché pour lui demander d’où venaient ces gens qui investissaient cette maisons tous les quatre ans. Chacun allait de sa théorie la plus folle ; secte, réunions occultes, défouloir…Même les anciens étaient sollicités pour récupérer l’identité de ses résidents trop discrets et pas assez en même temps.
Les papys de la Grand Rue qui occupaient les bancs sur lesquels ils avaient une vue imprenable servaient de vigie au village et annonçaient avant tout le monde l’arrivée d’« étrangers » ou des membres de la famille du Père Jean ou de la Mère Monique. Aussi, Henri qui était réputé pour son œil de lynx malgré son grand âge fut le premier à repérer des mouvements inhabituels autour de la grande bâtisse. Il reconnut aussi la voiture garée devant la petite coop du centre bourg et alla interroger sa petite nièce qui travaillait là depuis de nombreuses années et qui lâcha avec une certaine gourmandise toutes les infos qu’elle avait déduites sans aucune certitude, en voyant les marchandises posées sur son tapis. Elle y avait donc vu passer des serviettes en papier, des cacahuètes au kilo et des bouteilles d’eau, des bougies, tout ce qui ressemblait en somme à des courses d’appoint d’achats oubliés lors d’un premier ravitaillement important fait probablement dans la grande ville voisine.
Le vieux Père Henry eut alors comme un éclair de génie et l’excitation fut à son comble quand il ressortit du magasin pour aller retrouver ses compères qui l’attendaient sur le banc : Il arriva aussi vite qu’il le put malgré sa jambe droite qui le faisait souffrir et claudiquer, bon sang surtout en ce moment avec toute cette humidité.
-oh les gars, je crois bien que je sais ! A tous les coups, je l’ai l’explication ! Je pense qu’ils viennent souhaiter un anniversaire ! Ben oui, ça collerait, quelqu’un qui serait né le 29 février, bon ben pas de pot pour celui ou celle-là soit dit en passant…Trinquer qu’une fois tous les quatre ans, bon, bref, je crois qu’on la tient notre explication !
-Pour sûr Henry tu dois avoir raison ! Maintenant il nous faut savoir QUI est l’heureux élu ! Ta femme a pas un lien de parenté avec la belle-sœur du notaire toi ?
-Ah mais je crois qu’il y a eu du grabuge dans la famille et qu’ils ne se fréquentent plus. Une sombre histoire d’héritage…
-Mince, il va falloir mener une autre enquête pour savoir de qui on parle mais on avance, on avance…
Elle, il n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient.
Ah ces poulets encore une fois ils ne m’ont pas trouvé.
À chaque fois qu’il viennent ils ne regardent jamais dans la fosse à purin.
Décidément ces poulets, ces villageois ils sont devenus hyper curieux.
C’est vrai je le reconnais ma maison très isolée elle n’ouvre pas souvent ses volets.
Presque personne ne me voit au village.
Moi qui me nourrit que d’os et qui ne bouge quasiment pas de chez moi.
Je suis un ancien arracheur de dents et aussi arracheur de têtes pendant la révolution française.
Vous voyez je viens de loin.
Un survivant de l’histoire qui passe ses journées à jouer aux osselets.
Oh oh les poulets, les gendarmes qui reviennent.
Qu’ils sont nombreux.
Je ne vais quand même pas ressortir la grosse hache, pour faire la sale besogne.
Ah j’y pense mon stock d’os bien planqué, il commence à se réduire.
Ah que me veulent-ils ces personnes trop curieuses d’un pauvre monsieur qui vit tranquillement dans sa maison.
Vite vite la fosse à purin !
À moins que j’aille chercher la gigantesque tronçonneuse, un cadeau reçu à Noël.
Elle n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile.
Dans le village, les rumeurs se propageaient. En effet, chacun avait remarqué que ses volets étaient constamment fermés, sauf une fois, tous les 4 ans, chaque 29 février
Cela posait nombreuses questions :
Était-elle née un 29 février ? En profitait-elle pour évacuer de sa demeure tous les miasmes et poussières entreposés durant le quadriennal? Ou pour des ajustements de calendrier ? Ou militait-elle pour la mise en place du 30 février ?
Et suscitait de multiples craintes :
Le notaire redoutait sa mise sous tutelle
Le curé appréhendait de se faire flageller en place publique le dimanche des Rameaux
Le délégué de la F.N.S.E.A craignait l’augmentation, imposée par Bruxelles, des quotas laitiers de toutes les peaux de vaches de la bouirgade
Le représentant de la C.G.T de la scierie redoutait des coupes sombres dans les effectifs
Le boucher s’alarmait du risque de voir bannir la viande hachée des menus de l’EHAPD
Le pharmacien avait peur que le mot « caducée » ne se transforme, en ces temps de féminisme survolté, au féminin.
Le proviseur avait pour les mêmes raisons, les mêmes craintes pour le mot « lycée »
Le médecin tremblait à l’idée de voir son cabinet de consultations transformé en cabinet noir ou, pire, en cabinet d’aisances
L’instituteur se défiait de cette nouvelle tendance visant à abolir l’usage du plus-que-parfait du subjonctif
Et 2024, année bissextile, approchait inexorablement
Et elle, Élisabeth Borgne, maire du petit village de Matignon (493 âmes) allait ouvrir les volets de la mairie. Pour, comme en 2020, comme en 2016, comme en 2012, comme en 2008 etc… déclencher son nouvel article 49.3 du Code général des collectivités territoriales
Elle n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient.
Ce n’était pas Louison Deface, bigote comme une gargouille, qui aurait répété les on-dit, mais tout de même, puisqu’on les lui avait dits… ce n’était que justice de mettre en garde les dames du club de tricot, de pauvres veuves sans défense, pensez-vous, le bon Dieu en avait probablement la larme à l’œil d’une telle charité. C’est donc le cœur flétri de bonnes intentions, la tête basse et l’iris brillant, que Louison poussa la porte du très exclusif salon de Madeleine Couffin, où chaque jeudi se tissait l’opinion de toute une région. L’odeur de thé fit frémir ses narines. Elle avait bien besoin d’une tasse du breuvage réconfortant, elle dont la bouche s’asséchait d’anticipation depuis le matin. Il ne manquerait plus que la salive vint à lui manquer au moment fatidique, quand, sous les regards reconnaissants des bonnes femmes du village, tremblantes d’ignorance, au coin de l’âtre dont les flammes attiseraient ses propos, elle s’éclaircirait la gorge et délivrerait enfin, le souffle ému mais la voix juste, la vérité. Prise d’une bouffée de chaleur, elle se débarrassa de son châle, ne gardant que son chandail tricoté entre ces murs l’an passé, qui lui avait valu son lot de compliments et, il fallait s’y attendre, d’envieuses. Dieu que le péché était commun. Son petit pas de souris s’accéléra malgré elle lorsqu’elle écarta les rideaux frangés pour prendre possession de son fauteuil de velours vert, stoppa net quand elle le découvrit occupé. Madeleine lui prit le bras et la précipita au-devant de l’intruse.
« Louison, vous n’allez pas le croire, regardez qui est sortie de sa tanière pour enfin nous apprendre ce qu’elle mijote derrière ses volets clos ! »
Bonjour, j’ai voulu vous répondre, votre adresse est mail est refusée.
683/Il n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient.Fallait-il réagir ? Mais comment ? Alerter les services sociaux ? Quelques-uns prirent la décision d’aller en parler au Maire qui convoqua le conseil municipal. Après deux heures de délibération, ils prirent la décision d’envoyer une assistante sociale car la prochaine année bissextile serait dans trois ans.
Une assistante sociale municipale (jeune et jolie) accepta cette mission.
Elle était élégamment vêtue, des jolis bas fins gainaient ses jambes et elle était chaussée de chaussures à bout pointu et bride sur la cheville avec talons aiguille lorsqu’elle frappa à la porte de ce Monsieur.
Celui-ci l’ayant sans doute aperçue par sa fenêtre, lui ouvrit grand sa porte, lui baisa la main et la fit entrer.
Quelque temps après elle leur fit signe par la fenêtre de partir.
Et très vite il fut manifeste pour tout le monde qu’ils vivaient maritalement. A huit heures du matin les volets étaient ouverts, parfois les fenêtres ; on les voyait parfois jardiner.
Ets quelques mois après ils se présentèrent à la mairie pour faire publier leurs bans de mariage, elle le ventre légèrement arrondi.Les villageois furent invités au vin d’honneur qui suivit la cérémonie….
Il n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient.
La maison jaune à l’écart du village, celle que l’on appelait ’’les parasols’’ à cause des deux pins qui en avaient la forme, avait fait peau neuve. Pendant plusieurs mois, des entreprises de Marseille avait effectué des travaux, mais personne n’avait vraiment su si la maison avait été vendue ou si elle était réparée pour les propriétaires en vue d’une location.
Un jour le maire s’était hasardé jusque-là, mais les ouvriers aussi bavards que les pierres qu’ils manipulaient avaient répondu : on fait ce que l’on nous a demandé de faire.
Un soir, un taxi avait déposé une personne vêtue de noir, mais ceux qui étaient dehors n’avaient aperçu qu’une silhouette car la maison était éloignée et entourée de végétation.
Dès le lendemain matin les enfants avaient changé leur parcours de promenade à vélo, venant guetter qui pouvait bien habiter là. Ils rapportèrent que les volets étaient tous fermés. C’était étrange ! L’automne était là, il faisait doux, la maison n’avait même pas été aérée.
Le soir même les ados firent des tours et encore des tours sur leurs vieilles mobs ou motos, mais ils confirmèrent : tout était fermé. Les familles leur conseillèrent d’aller faire leurs tours bien bruyants à l’extérieur du village et on n’en su pas plus.
La première information arriva par le facteur, qui avait un colis à livrer aux ’’Parasols’’. Il s’empressa de raconter ce qu’il avait vu et surtout ce qu’il n’avait pas vu ! Il avait sonné, re-sonné et attendu, mais personne n’était venu ouvrir. Il confirma que tous les volets étaient fermés.
Quand en regardant de chaque côté de la maison, il vit comme une niche sur laquelle était apposé un écriteau : déposer votre colis ici. Il se baissa, plaça le colis sur un plateau tournant, et remarqua qu’au fond de l’abri une petite porte communiquait avec la maison. Il déposa le paquet et continua la lecture de l’écriteau : si vous avez besoin d’une signature sonnez déposez votre bordereau et attendez.
La nouvelle fit le tour du village.
Ce petit village d’Ardèche à l’écart des villes, possédait sa petite épicerie multifonctions que la mairie avait décidé de créer. Francine l’épicière avait plusieurs casquettes, elle s’occupait en même temps du bar, du bureau de tabac, des journaux, de la boulangerie, et bien sûr de la superette. Elle devait bien reconnaître que jusque-là elle était plus occupée par le rangement que par les clients. A partir de cette période, les clients s’attardèrent au café, parfois il revenait après le repas. Finalement une bonne partie du village trouva un prétexte pour passer à l’épicerie où la conversation roulait invariablement sur l’étrange personne qui devait habiter la maison aux volets fermés. Une fois ils n’avaient plus de pain, une fois c’étaient des pâtes ou du sel qui leur faisait défaut. Une autre fois ils venaient gratter un ticket eux qui, il n’y a pas si longtemps se défendaient de jouer. La population du village défilait plusieurs fois par semaine, Francine vit son chiffre d’affaires bondir !
Quand la réunion du conseil municipal arriva, non seulement aucun conseiller ne manquait, mais il fallut aller chercher des chaises pour l’assistance bien nombreuses, alors qu’à l’ordre du jour il n’était question que d’affaires courantes.
La séance à peine ouverte, la première question porta sur le locataire de la maison jaune. Pour tout vous dire leur répondit le maire, je me suis renseigné, la maison a été achetée par l’entreprise Hiko, tout semble en ordre, l’eau est payée, les taxes sont payées … je ne peux rien faire, s’il ne veut pas se montrer c’est son droit. Pourquoi IL retorqua une conseillère peut être s’agit-il d’une femme ? Au final personne ne l’a jamais vu.
Ces informations alimentèrent pendant plusieurs jours les conversations. Pourquoi ce nom ?…. c’était étrange… mais non retorquèrent les jeunes, vous voyez encore une entreprise française qui porte un nom français ? …Il fallait bien se rendre à l’évidence….
Plusieurs fois par semaine des livreurs déposaient des colis, mais on n’en savait pas plus car on s’aperçut que personne ne connaissait les livreurs.
Quand fin octobre Jules revint de l’estive, les habitants furent plusieurs à lui suggérer de faire le tour de la maison en pleine nuit, lui qui se déplaçait dans l’obscurité avec la même discrétion qu’un renard ou un loup ! IL renâcla, mais piqué par la curiosité il attendit un ciel très couvert et fit ses rondes de nuit. Juste un halo de lumière c’est ce qu’il avait aperçu par un minuscule trou au niveau d’un volet !
Ça signifie qu’il doit avoir un ordinateur ? ben c’est évident retorquèrent deux ados qui avaient entendus la conversation.
Mi-décembre, correspondait à la tournée des pompiers qui venait proposer leur traditionnel calendrier. Ils déposèrent un calendrier accompagné d’un mot expliquant, avec quelques fautes, qu’il serait bon de donner un peu d’argent en échange. Ils repassèrent le lendemain, mais la calendrier avait disparu et point d’argent à la place !…. Encore un radin fit l’un d’eux !
Noël approchait, et comme la tradition le voulait, le comité des fêtes, aidé du maire organisèrent le vin chaud à la petite salle des fêtes. Ahh, dit l’une des participantes, voilà l’occasion d’inviter notre inconnu …
Plusieurs papiers furent laissés à l’endroit désigné. Le maire lui-même alla frapper à la porte, mais personne ne répondit.
La soirée ‘’’vin chaud’’, ne ressembla en rien aux précédentes. Tout le monde s’interrogeait. L’épicière avait habillement suggéré à certains de ses clients d’inviter un cousin, un beau-frère enfin quelqu’un de susceptible de fournir des indications. C’est comme cela que l’on vit apparaître le chef de gendarmerie du canton, l’infirmière du cabinet du village d’à côté. …
Les enchères allèrent bon train, c’est un fantôme hurlèrent les enfants en éclatant de rire. Moi je pense que c’est un vampire dit un grand échalas à son 3° verre de vin chaud, ben oui, tous les châteaux des Carpates ont été rachetés par de riches américains ou des oligarques russes, alors il est venu se réfugier en France ! Le vieux prêtre à la retraite s’avança en s’appuyant sur sa canne, moi je pense que c’est un anachorète, un ana quoi lui retorqua -t-on !… voyons, un moine qui vit seul, un ermite qui serait venu trouver refuge dans notre paisible village. Pfff ricanèrent trois jeunes, avec l’antenne starlink et les panneaux solaires qui sont sur son toit, nous on pense : soit à un trafiquant qui gère des réseaux internationaux, soit à un dangereux tueurs en cavale. … Eh Monsieur le gendarme entendit-on dans la foule, vous recherchez qui en ce moment. Le chef se gratta le front, entre les malfaiteurs en cavale, les personnes disparues, ça représentait des milliers de personnes… alors
Un migrant hurla quelqu’un… t’es malade, il faut de la tune pour vivre dans une maison comme celle-ci !!!… un vieil homme féru d’histoire locale se hasarda à dire que peut être la sorcière brûlée au village lors de l’inquisition était revenue.. Vous parlez de brulé, mais, c’est peut-être un grand brûlé dit l’infirmière, quelqu’un qui craindrait le soleil. En tous les cas il n’a jamais rien acheté à la pharmacie, je me suis renseignée ! Un influenceur, qui fait le buzz sur tiktok en racontant sa vie de reclus, ajouta une jeune fille au milieu du brouhaha….
Allons, allons dit le maire revenons à Noël et oublions cet individu…
L’ambiance fut rompue et rapidement les villageois rentrèrent chez eux, dubitatifs, ne sachant trop quelle solution pouvait être la bonne.
Les fêtes de fin d’année occupèrent chacun, et on oublia l’étrange personnage de la maison jaune. Jusqu’à ce samedi 29 février où tout le village avait décidé de fêter carnaval et bien sûr de faire le tour du bourg déguisés.
Quand en fin de matinée un gamin arriva essoufflé à la fontaine et dit d’une traite : jelaivuilestdeguiséenchinois…. Ooh là reprend ton souffle lui suggérèrent les plus grands.
L’enfant repris son souffle et expliqua et réexpliqua calmement à un cercle de personnes qui ne cessait de grossir : qu’un des volets était ouvert et qu’il avait vu une personne déguisée en chinois.
Vite il fallait s’organiser avant que le volet ne se referme.
En deux temps trois mouvements, les trois quarts du village avaient enfilé un déguisement, quelques femmes avait pris un panier rempli de beignets et une bouteille…. On ne sait jamais.
La majeure partie du village envahit le jardin, les enfants tapant à la fenêtre, à la porte, aux volets. Hiko eut l’impression d’être en enfer, le même qu’il avait fui quelques mois auparavant. Devant l’acharnement, et le nombre grandissant de personnes autour de sa maison, il se dit que s’il voulait retrouver le calme il fallait qu’il les affronte…
Il ouvrit la porte.
Vous, être chinois ? dit une femme. Mais parle français ou anglais hurla un jeune. Le maire s’avança, se présenta. IL demanda à la personne de type asiatique, car non il n’avait pas un masque de chinois, il avait des yeux bridés des cheveux très noirs, la peau mate, s’il parlait français.
Celui-ci se recula en clignant des yeux, la lumière semblant le déranger.
Oui je parle français, je l’ai appris à l’université de Tokyo, et il continua son histoire. Quand je suis arrivé en retraite j’étais tellement épuisé et vu que je ne supportais plus ni mes congénères ni les règles strictes de la société japonaise, j’ai décidé de devenir un hikikomori et de venir vivre au calme dans un village français….
Après un silence, un grand sec qui avait sorti son téléphone lu la définition qu’il venait de trouver :
le terme «hikikomori» désigne ces personnes incapables de sortir de chez elles et d’entreprendre des activités sociales. Il s’enferme dans sa chambre pendant des durées prolongées, souvent mesurées en années. Il n’a souvent aucun ami et passe la plupart de son temps à dormir, à regarder la télévision, à jouer sur son ordinateur et à surfer sur Internet, moyen privilégié de communication.
…. Tout le monde regarda autour de soi, puis les gens baissèrent les yeux. Le silence se fit.
En ce jour particulier, où la tradition voulait qu’il ouvre un volet en année bissextile comme des milliers de ses congénères, Hiko resserra la ceinture du kimono qu’il portait, s’inclina en joignant les deux mains et ferma la porte.
Geneviève Tavernier
Elle n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient.
– C’est une folle, disait la doyenne. Sa mère et sa grand-mère que j’ai bien connues avaient un grain. Les filles aînées dans cette famille tournent du chapeau.
– Ouais, sauf qu’elle n’est pas l’aînée, se marrait le Gustave. C’est son frère avec qui je faisais les quatre cents coups pendant qu’on faisait l’école buissonnière.
– C’est pour ça que tu n’as pas inventé la poudre, s’esclaffait-elle.
– C’est une sorcière, j’en suis sûre, pontifiait la Marguerite. Les soirs de pleine lune, elle s’en va avec sa serpette cueillir des simples qu’elle fait bouillir dans son chaudron au fond du jardin. Vous n’avez jamais senti l’odeur écœurante.
– Chais pas comment tu peux chentir une odeur, parce que tu ne chens même pas la tienne, zézayait le Claude en rajustant ses dents.
– Moi, ma tête à couper qu’elle cache le trésor de son grand-père qui faisait du marché noir pendant la guerre, affirmait la Lucie s’appuyant sur sa canne.
– En fait, on ne la voit pour ainsi dire jamais. Vous trouvez pas ça bizarre ? questionnait la Germaine, l’intello du village.
– Je viens de dire qu’elle sort la nuit, s’agaçait la Marguerite ouvrant son manteau pour sortir un mouchoir de son tablier fleuri.
Les palabres durèrent encore longtemps sur la place du village verglacée, un temps à ne pas mettre un canard dehors ! Les cancaniers eurent le souffle coupé lorsqu’un volet de la maison d’en face s’ouvrit.
– Quel temps de chien ! s’exclama Marie la propriétaire, guère étonnée de voir ce rassemblement de blablateurs. Mon train avait trois heures de retard à cause d’une congère en travers des voies. J’espère que le livreur n’est pas passé. Comme d’habitude, je fête mon anniversaire demain avec quelques amis.
– Votre annniverchaire ! s’ébahit le Claude tentant d’allumer sa bouffarde récalcitrante.
– C’est une fois tous les quatre ans, alors je mets les petits plats dans les grands. Je vous invite à prendre l’apéro, si ça vous dit et si vous n’êtes pas au fond de votre lit avec une crève carabinée.
– Je l’avais bien dit que c’est une sorcière, chuchota la Marguerite à la doyenne sourde comme un pot. Par où qu’elle est entrée chez elle ?
– Vous ne saviez pas que j’ai fait ouvrir une porte dans le jardin et que je passe par-derrière toutes les fois que je viens ici en villégiature, se s’enjoua la malicieuse Marie qui avait tout entendu.
Ouvrira ? Ouvrira pas ? Tous réunis sur la place du village se posent la même question.
Ça commence à gronder : nous sommes bien le jour de trop, le 29 février ?
Les volets n’ont plus été ouverts depuis l’an 2020 alors c’est ça, le compte est bon.
Tous les habitants amassés sur la place du village serrés les uns contre les autres, pas un, du gamin à l’aïeul n’aurait manqué cet événement pour rien au monde, quatre ans qu’on l’attendait. Les plus jeunes sont même montés sur la fontaine, ont grimpé en haut des réverbères et des platanes pour être aux premières loges.
Ça rouspète, certains grands se sont placés au second rang, derrière on n’y voit plus rien. D’autres plus malins n’ont pas eu peur du ridicule et ont apporté leur escabeaux. Priorité aux anciens : premier rang sur leurs chaises de paille ou leur tabouret.
Encore un peu et le Maire, que ça démange, ferait payer les places comme au cinéma. Ils sont tous là, il aurait ramassé une belle somme … de quoi faire remplacer quelques tuiles du clocher. Mais il a des scrupules et craignant d’être accusé de profiter de la situation, n’ose pas lancer souscription.
Pourtant ce serait vraiment le bon jour, elle rapporterait gros. Et pourquoi ?
Parce que c’est le jour où tous les quatre ans il y a là spectacle comme à guignol.
Les volets s’ouvrent, sifflets et applaudissements, le voilà, celui dont tous se moquent, l’efféminé du village, il repousse les carreaux, se retourne dos à l’assistance, baisse son pantalon et s’écrie :
« Je vous présente la nouvelle lune ! »
S’élève un Hourra général : elle n’a pas pris une ride.
On ne voyait de cette grande bâtisse qu’ une large et belle façade en pierre. Les volets ne s’ouvraient qu’une fois par an, encore fallait-il que ce soit une année bissextile. Bien-sûr cela attisait les rumeurs et toutes les peurs.
Mais moi je n’avais peur de rien et j’étais un Sherlock Holmes en jupon. Dévorée par la curiosité, je m’étais promis de découvrir ce que cachait ces volets rouges dès que je pourrais échapper à la surveillance de mes parents.
Le soir du vingt huit février1992, j’ai planqué dans le parc de la mystérieuse maison. Équipée d’une doudoune, d’un thermos de thé bien chaud, d’une boîte de chocolats, frigorifiée mais toute excitée, à huit heure le vingt neuf février je vis s’ouvrir les volets rouges. Yeux et oreilles grand ouvert, je me suis faufilée à l’intérieur. Et là, je suis restée bouche bée ! Je vous explique. La maison était immense et remplie de lutins et lutines espiègles et pétulants. Ils furent effrayés en me voyant. Mais curieux comme des poux, ils finirent par s’approcher tout en me faisant jurer au moins dix fois de ne rien révéler de ce que je voyais.
OK, leur dis-je mais éclairez moi.
Ils étaient les employés du Père Noël et bossaient seize heures par jour. Leur seul repos était le vingt neuf février.
Insupportable, dis-je ! Je veux parler au Père Noël. Mais Barbe blanche se la coulait douce aux Bahamas. Je leur racontais l’esclavage.
Ben on a toujours fait comme ça !!!
Depuis leur naissance Père Noël leur lavait le cerceau. Ils devaient travailler beaucoup et ne jamais se montrer car cela détruirait la magie de Noël. Les enfants du monde entier seraient extrêmement déçus et tristes. Des torrents de larmes créeraient des inondations catastrophiques. Voulez vous en être responsables ? disait leur patron.
Je leur expliquais que ça ne fonctionnait pas comme ça. Ils se sont mis en colère et m’ont brutalement jeté dehors.
Tandis que je me relevais et m’époussetais, j’entendis une petite voix.
Hello, c’était Jeff B., le seul lutin non lobotomisé et dont les neurones fonctionnaient à un million de tours minute. Explique moi le monde ? me dit-il. Il a tout compris très vite. Puis il est parti sans même un adieu.
J’ai eu de ses nouvelles par les médias. Il avait fondé une entreprise de livraisons, mais en améliorant grandement le système de Père Noël. Il livrait tout et n’importe quoi, en tout temps, en tout lieu, à toute heure. Sa multinationale avait mauvaise réputation : emplois précaires, cadences éprouvantes, bas salaires….Il était devenu une des plus grandes fortunes mondiales et était très très fier de sa petite personne. Il se permettait même de donner des leçons aux pauvres travailleurs.
La mémoire courte, c’est aussi pour les lutins !
Et belle année 2024 à tous.
Certains disaient que c’était un vampire et qu’ils l’avaient vu roder, la nuit, autour du cimetière. Et même qu’il se serait envolé un soir en prenant l’apparence du chauve souris. Mais que par chance pour eux, il ne se nourrissait que de sang animal. Ils demandèrent même au chasseur de lever un peu le pied, quitte à laisser les forêts alentours surpeuplées.
D’autres, lui attribuaient des dons d’alchimiste et que c’était pour ça qu’il vivait fenêtres et portes closes. Ses recherches sur la pierre philosophale devaient rester secrètes. Laissons le travailler en paix, proclamaient-ils, ainsi il nous en sera reconnaissant.
Il y en a un, l’employé municipal, qui a ri en entendant toutes ces balivernes et il a juré, croix de bois, croix de fer, qu’il l’avait vu, un soir de pleine lune, sortir de sa maison avec l’apparence d’un loup. Pour lui, il ne faisait aucun doute qu’il était un lycanthrope. Il conseilla au berger de bien rentrer ses bêtes le soir. Ce que les partisans du vampirisme ne voyaient pas d’un bon œil.
L’agent immobilier fut maintes fois questionné, et chaque fois il répéta qu’il n’avait jamais eu à faire à lui directement, qu’il ne l’avait tout bonnement jamais vu et que tout s’était réglé à distance par son assistante. Ce qui ne manquait pas de raviver l’idée de Miss Gordon, une vieille dame anglaise installée dans le coin depuis presque trente ans, qu’il s’agissait d’un fantôme. Et que son assistante n’était autre qu’une médium qui l’avait aidé à se trouver un endroit tranquille pour errer en paix. Mais qu’elle s’était bien trompée en pensant qu’ici il n’y aurait que des pigeons.
Tout le monde voyait bien que quelque chose clochait !
Les gendarmes faisaient même des rondes autour de la maison, ils guettaient et notaient dans un petit calepin tout ce qui paraissait anormal. Les pages se noircissaient à chaque garde. La jeune recrue, Emma, tout juste quatre mois de gendarmerie dans les bottes, racontait toutes les bizarreries vues à sa coiffeuse, qui elle même les répétait à sa meilleure amie, la serveuse du restaurant. Autant dire qu’elle en informait le village entier.
Ce qui rendit les hypothèses toutes plus folles les unes que les autres.
Mais qui savait vraiment ?
N’oublions pas que la nuit et les rayons de la lune s’amusent à métamorphoser les choses. Une chaise de jardin devient un ogre affamé mangeant les restes du barbecue de midi. Un lutin se cache derrière le tas de bois pour voler quelques bûches, pour chauffer sa petite maison, là dans la prairie d’à côté.
Chaque grincement se fait plus strident et plus effrayant.
Les esprits s’animent de mille et une pensées et se racontent des histoires farfelues.
Mais que pouvait-il bien se passer dans ce village ?
Seule une personne avait la réponse à cette question. Celui qui était la cible de toutes ces élucubrations.
Un jour il téléphona à l’ami qui lui avait conseillé de s’installer ici. Pour y avoir séjourné pendant une semaine, il lui avait vanté la beauté et la quiétude de ce joli patelin :
– Dis donc Pascal, je voulais juste te dire que le stage que tu as animé ici… et bien, il a marché ! L’imagination ce n’est plus ce qu’il manque par ici !
Sorcier, dérangé, meurtrier… Tout le monde partageait ses propres idées dans des conversations entre soi-disant privilégiés. Chez le boucher, au café, et bien sûr, chez la coiffeuse Renée. Cet homme était devenu un pestiféré, tout cela à cause de volets fermés. Imaginaire des villageois et villageoise se ramifier aussi vite que les branches du laurier. Même l’hiver ou la nature a besoin de se replier sur elle-même pour se régénérer, à Granboisé pas question de s’arrêter de piailler. Parler, jacasser, théoriser voilà quels étaient les jeux préférés des gens du quartier. Bien sûr, personne ne se risquait à aller interroger ou même de s’intéresser à ce jeune homme qui de loin paraissait émerveillé. Il y avait trop de risques de briser cette atmosphère surchargée, trop de peur de casser cet élan oppressant, aucune envie de nettoyer cet air biaisé.
La vérité, c’est que les villageois caressaient au fond d’eux le secret d’espoir un jour de ressortir le bûcher : ce rythme mystique pour punir l’hérétique, pour purifier les pensées comme si l’autre en était le précurseur, pour se protéger comme si son prochain était un agresseur.
Si les volets restés fermés, c’était tout simplement parce qu’il voulait se protéger de ces opinions dirigées. Incapable du moindre signe de tolérance, à quoi de mieux que d’offrir, ses volets a ses voisins. Il leur donnait une raison d’exister.
Pas mal du tout! Ça ressemble à Grand Corps Malade! Du slam!
Bonsoir à vous tous et bonnes fêtes de fin d’année. Voici mon texte:
« C’est un bien petit village » s’écria le maire de la commune. Tout le monde se connait depuis des lustres ici. On se demande même si nous n’avons des liens de parenté. Par contre, celui au numéro 6 de la rue du Lavoir, pardine, lui s’est enterré vivant comme on enterre les années à chaque nouvel an. Dites-moi, vous autres leds mamies pervenches qui habitaient en face, avez-vous vu le rustre du 6? Vous a-t-il offert à l’ouverture d’un volet voire des deux, l’expression d’un bonjour? Je serai bien surpris de votre réponse s’il y en avait eu au moins des intentions de présentation à ses très belles voisines.
— Hou Hou là! s’exclama Marie-Thérèse, la jumelle de Marie-Odile, à peine plus âgée que sa cadette. Notre « Jules » n’a même pas répondu à nos avances! L’air sombre, aigri et non moins édenté de sa mâchoire inférieure, Marie-Thérèse en avait suffisamment encore pour bafouiller un semblant d’esquisse amoureuse du « quand dira-t-on ».
Marie-Odile, qui n’avait pas sa langue sa poche de tablier vieillissant, finit par ouvrir un large bec, bien plus grand qu’un corbeau sur son arbre perché. Accoudée à sa fenêtre de chambre, le voile sur la tête traduisant l’esprit d’une grande religieuse pratiquante, attira l’attention de Simon le maire. Tout le monde se tutoie dans le village….
— Dis-moi, Simon! Tu as prévenu la Maréchaussée? C’est peut-être un fugitif?!?
— Oh bien sûr que non Marie-Odile! rétorqua-t-il. Crois-tu que je ne suis pas suffisamment bon enquêteur pour savoir ce qu’il se passe dans Ma commune?
— Je ne dis pas ça Mon pauvre! Je dis seulement ça parce que Monsieur le Curé est venu voir ce qu’il se passait encore avant-hier.
— Ha bon Marie-Odile? Il est venu dans cette maison? Et pourquoi faire?
— Seul Dieu le sait! Ricana-t-elle entre ses lèvres toutes fripées, ses épaules sautillant à peine, histoire d’une moquerie.
— Arrête donc de te moquer de moi, estampille le maire.Il s’agit encore de l’une de vos rumeurs certainement. D’ailleurs, plus personne ne vous croit à toutes les deux.
Marie-Thérèse, restée dans son coin mais n’en pensait pas moins, confirme alors la venue du Curé et deux autres personnes à la maison du 6.
Le maire encore tout bouleversé de savoir que le curé était venu deux jours auparavant sans l’avoir mis au courant, tourna les talons aux deux mégères et monta dans sa berline toute flamboyante, quoiqu’une crotte de pigeon surplombant la toiture de la maison des jumelles avait ceci dit bien visé l’angle supérieur de la lunette arrière de son bolide. Pour une fois, il ne pleuvait pas pour laver la carrosserie….
Pneus grinçant, le carrosse magistral s’arrêta devant le presbytère à quelques lieux du 6.
Le curé, le Père Gaston, encore étendu sur son canapé pour une sieste d’après messe, manqua de se flanquer le visage sur le carreau de gironde.
— Quand, Quand…. Cancan du dimanche arrive à point nommé dans ma maison! Balbutia-t-il d’un ton crispé mais silencieux, le regard aiguisé à l’approche du Maire grognant les remords d’un mord potence…potentiel.
— Dis-moi, mon Père! Es-tu allé au 6 au bas de la rue? Gronda-t-il.
— Et bonjour, mon Fils! Entre, fais comme chez toi! Ma maison est la tienne comme je suis dans la maison de Dieu! Rétorqua aussit$ot le Curé Gaston.
Sur le coup, un son de cloche sonne. Non, c’est le téléphone du Père Gaston.
— Chut s’écria le Curé au Maire. C’est certainement l’appel de Dieu. C’est l’heure!
— Hein, l’air stupéfait du Maire laissant parfaitement ressortir deux belles grosses billes presque noires à l’annonce du curé. Les deux sentendaient comme « cul et chemise ». Ils aimaient se faire des farces chacun leur tour mais le curé encore presuqe endormi pensait à une visite amicale de son acolyte.
— Crénom de Dieu, la Gendarmerie! s’exclama-t-il.
— Qoi? répondit le Maire.
— Le doigt sur les lèvres, le Curé Gaston lui dit de faire silence. Un gendarme était au téléphone. Quelques instants après la sonnerie de l’Angelus, le curé raccrocha après avoir souhaité une bonne fin de dimanche au gendarme.
— Alors quoi? ajouta le Maire d’un ton passablement accusateur à son compère de toujours.
D’un ton calme, le Curé Gaston lui répondit:
— Les voies du seigneur sont impénétrables!
— Pffff! soupira le Maire Simon. Tu vas enfin me dire ce que te voulait la Maréchaussée?
— Et toi, pour quelle raison fais-tu grincer ta voiture jusque devant chez moi? Et pourquoi viens-tu en criant si fort que mon sursaut a failli provoquer la fracture de mon nez sur le sol?
— L’autre au 6, celui qui vit comme un ermite!…… s’insurge-t-il.
— Et bien quoi le 6? en réponse du curé au maire.
— Il parait que tu es venu il y a deux jours avec deux autres personnes chez le gars. Tu peux me dire pourquoi? posa d’un ton agacé le Maire.
— Je vais donc te répondre mon Fils Simon. Les voies du seigneur, comme tu le sais déjà, sont impénétrables. Je m’en vais te raconter alors le strict minimum sur ce personnage du 6. Cette maison a été achetée par…
— Oui la maison de la mère Michelle était en vente depuis plusieurs années déjà! coupa le Maire Simon.
— Mais tu vas me laisser tranquille et finir cette histoire m’enfin! s’empressa le Curé Gaston.
— Oh oh ajouta Simon. Déjà que les deux commères m’ont raconté qu’elles ne savaient rien si ce n’est que tu es venu le voir il y a deux jours avec deux autres personnes, je pense que je vais encore rester sur le carreau. mais que se passe-t-il dans mon village? Vas-tu enfin me dire pourquoi le type n’ouvre jamais a maison? Déjà qu’il ne s’est jamais présenté à la mairie alors là, c’est le bouquet! Si en plus tu t’y mets toi aussi! s’impatiente le maire.
— Tu me connais Simon! T’ai déjà menti?
— Pas à ma connaissance, Gaston! répondit Simon le visage défait.
— Et bien, je vais te le dire, dit le Curé d’une voix calme et impénétrable. L’homme est une star mais pas une star au seul sens comme tu l’entends. Une star, une étoile venant de loin, une étoile qui brille au Zénith, au Solstice, à l’Equinoxe et au Midi. Il est la Lumière divine que chacun, chacune d’entre nous attendons depuis des temps infinis. Il est l’unique sentier emprunté sur son chemin de Croix et dont la souffrance n’a eu de cesse qu’une fois exhibé à la vue de tous en haut du Golgotha!
— Mais que me racontes-tu là Gaston? dit d’un air désabusé le maire.
— Tu voulais une explication, Simon? et bien la voilà ton explication! dit le religieux d’un ton assuré.
— Je ne te suis plus, mon Cher Gaston! s’empressa Simon.
— Apprends, mon Cher Simon, que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Je veux te dire par ces mots que je vante les mérites d’un homme que personne ne connait et dont tout le monde s’inquiète de ne connaitre que l’adresse de celui-ci.Je vante les mérites d’un homme, Jésus monté sur la croix et qui a fait les paroles de la Sainte Bible. J’ai mis à la lumière l’épilogue d’un seul homme pour que toi, mon Fils, tu puisses apporter la bonne parole à ton peuple dans ton village. L’appel de la Gendarmerie, tout comme ma volonté de ne pas dire ce qui est avec exactitude mais de laisser pénétrer en toute personne du village les flatteries que cela pourrait engendrer aux seules fins de préserver la sérénité et la plénitude de l’homme au 6 de la rue du Lavoir.
Un long silence de Simon….
— Tu m’as écouté, même avec un air étonné! Et tu m’as cru. Alors fais-toi le garant de la rumeur de l’ecclésiastique que je suis sans que nul ne puisse une nouvelle fois obliger ce « doux Jésus » à porter encore et toujours sa croix sur son chemin!……
Charles
Elle n’ouvre ses volets qu’une fois par an, encore faut-il que l’année soit bissextile.
Dans le village, les rumeurs se propagent.
– C’est pas normal disent les uns,
– Ça cache sûrement une histoire bizarre, disent les autres.
Marius, le braconnier qui en sait davantage à force d’espionner, raconte:
« C’est tous les quatre ans que je vous dis, c’est tous les quatre ans qu’elle ouvre tout doucement ses volets.
Elle est jeune, elle est belle, elle a les cheveux longs.
Elle se penche, regarde bien à droite, regarde bien à gauche puis elle referme les volets.
Voilà ! »
Le Maire reste dubitatif,
Le curé lève les yeux au ciel en quête de réponse,
Et l’instituteur réfléchit en silence.
Marius est persuadé que la prochaine apparition ne saurait tarder vu que quatre ans se sont écoulés depuis la dernière fois.
Les trois hommes, se fiant aux déductions de Marius, décidèrent de se poster en face de la maisonnette le 1er janvier 2024.
Il ne fait pas très chaud, le temps passe lentement mais ils sont déterminés. Cette affaire a trop traîné.
Soudain, ils entendent le bruit d’un moteur.
Au bout du chemin apparaît un très beau jeune homme de fort belle allure sur une mobylette blanche qu’il fait vrombir à tout-va.
A ce moment là, les volets s’ouvrent brutalement.
La jeune et belle personne aux cheveux longs se penche et crie :
« C’est maintenant que tu arrives ? Ça fait cent ans que j’attends moi !
Cent ans que je dors pour patienter… Ah ! Je te jure ! ».
Le beau jeune homme un peu froissé répond :
– Faut toujours que tu exagères ! Allez, arrête de râler ma Princesse, fais-moi un bisou et monte !
C’est drôle, enlevé, et je ne l’ai pas vu arriver! Bravo!
Oh! Merci Pauline 🙂
Elle n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient.Déjà lors de son arrivée les langues s’étaient déliées… On avait bien vu ce RAV 4 noir immatriculé 75 arriver. Mais pas repartir. Etait-ce de nuit? Allez savoir!
On avait bien vu aussi la couleur des volets changer. Doucement insensiblement. De vert clair courant dans le coin, ils avaient blanchi. Et depuis cet fin d’hiver, le bleu le disputait au rose sur certains volets! Ah, alors? Pas une seule couleur? Mais plusieurs? Pâles, pastel. De l’ouverture à la fermeture des volets, la préoccupation des langues bien pendues s’était déplacée vers cette manifestation subtile: le changement des couleurs! La présence même invisible était avérée. Les couleurs devenaient tout à coup une préoccupation collective. Lesquelles? Pourquoi? Quand? Mode? Pas mode! Code de l’urbanisme? Pas code de l’urbanisme? Habitude régionale, consensus? Celles-là innovaient, surprenaient… Couleurs du temps? Quel temps? De l’heure? De l’aurore? Du crépuscule? Laisser le temps agir… Le soleil allait se charger de magnifier tout çà!
Elle n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient. Chacun guettait. Était-elle là, enfermée ou était-elle en voyage ?
Il y a 10 ans, elle était arrivée au crépuscule. C’était un 1er janvier 2024. Personne ne l’avait vraiment vue. Juste entraperçue. Une grande femme enveloppée d’un grand châle rouge sang.
Personne ne la connaissait. Une étrangère au village. Les langues allaient bon train. C’était la maison de la mère Poularde, réputée comme portant malheur. Toutes les habitantes, successivement, avaient disparu mystérieusement,
Le lendemain de l’emménagement, le maire et le curé s’étaient présentés. Ils frappèrent, personne n’ouvrit ! Les volets étaient tous fermés. Pas un bruit.
Chaque jour, les villageois curieux passaient et repassaient devant la belle demeure.
Le soir, la cheminée fumait discrètement. Seul indice de LA présence.
Un matin, le 29 février, les volets et les portes s’ouvrirent !
Stupéfaction de la population.
On allait enfin voir cette mystérieuse femme.
La table au dehors était dressée somptueusement.Vaisselle, nappe et carafe d’un jour de fête.
Un gâteau d’anniversaire trônait au milieu de la table.
Et un mot : Mangez, buvez à ma santé. Tous les 4 ans, je vous inviterai à mon anniversaire.
Je devrais avoir 60 ans aujourd’hui, mais je n’ai que 15 ans. Je suis jeune et vieille. Biscornue.
Ma tête et mon corps sont dissemblables. Vous ne pourriez pas m’accepter alors je me cache. Je ne vis qu’un jour tous les 4 ans. Le reste du temps, je meurs.
Merci Éléonore. Que vos souhaits se réalisent.
BISSEXTILE
D’avoir trop chauffé sa marmite, Sosigène dans un excès de bouillonnement, laissa échapper une volute neuronale qui moitié-dure moitié-mou prit la forme bizarre d’une chose active que tous les quatre ans.
Ça fit jaser et on se demandait bien ce que ce ‘truc’ faisait le reste du temps à croupeton sur la terre.
Cherche pas dit Billentête le fataliste, quand tu le vois comme ça, il court après le soleil… Mais pas assez vite disent les abrutis il va tout faire foirer. C’est alors que le Julien eut cette idée de génie : on va lui rajouter une journée ça lui donnera le temps d’arriver.
En l’an 2024 il y a fort à parier qu’il sera là. Il ouvrira alors son œil goguenard, sa fenêtre sur le monde …
Un vœux bien bricolé: une bonne année tous les quatre ans et le reste du temps on s’accroche comme d’hab !🐭
bonne idée de virer 2023 Sale année bonjour 2024 que je veux belle et ensoleillée je ferai tout pour cela ! bonne nouvelle année à tous
683/il, n’ouvrait ses volets qu’une fois par an, encore fallait-il que l’année soit bissextile. Dans le village, les rumeurs se propageaient.
Une fois par an mais pas même un jour précis… La rumeur, malgré l’incuriosité des voisins s’était répandue. Quel reclus, quel exclus vivait derrière ses volets clos ? Des journalistes en mal de papiers étaient sur le coup, subreptices ou volubiles. La police en était réduite au conjectures, les enfants chantaient la mère Michel en contrebas lors du carnaval. Bref, ce mystère était devenu l’épicentre de l’imaginaire collectif. C’est une mouche retraitée qui découvre le poteau rose. Depuis la loi sur les portes et fenêtres, mademoiselle Lepoids en a pris ombrage. Elle est entrée en résistance, vit en symbiose avec ses petits. Elle cultive. Elle veille sur une variété de poids de senteur, à ramée, ridés. Elle est leur reine des abeilles. Tout ce monde, y compris les araignées, vit à la dure dans l’attente et la ferveur. Le jour ouvrable les graminées s’échappent pour coloniser. Ah les petits pois les petits pois les petits pois !
🐻 Luron’Ours