599e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Les graminées au gravier : On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit !
Inventez la suite de cet exercice en usant d’anthropomorphisme*
* L’anthropomorphisme est une analogie personnelle par identification aux choses en les imaginant semblables à la réalité humaine.
Comme on sait si bien le faire quand on est enfant. On imagine l’environnement comme vivant et doué de la parole, d’intentions et d’actions.
599 Les graminées au gravier : On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit !
Continuer cet exercice en utilisant dans anthropomorphismes
– Et si on prenait l’histoire autrement ? demande le gravier.
– Comment autrement ? Tu nous déranges, point barre ! Trouve une solution. Ça ne peut pas continuer ainsi !
– Choisissons plutôt ce qui nous unit.
– Ce qui nous unit ?
– Oui, par exemple la première syllabe de nos noms : GRA
– Et alors ?
– Disons que cela crée un lien non ?
– T’es dingue. Nous on veut juste dormir.
– Décontractez-vous, imaginez que le crissement est une musique. Il y a toutes sortes de musiques, alors pourquoi pas celle-ci ? Si vous écoutez bien, elle est constante, sans à-coups. Aujourd’hui il n’y a plus les sabots des chevaux, ni les roues cerclées de métal des carrosses ou des fiacres. C’est du caoutchouc qui souplement se déplace dans un bruit qui coule comme une rivière tranquille.
Si au lieu de vous crisper, vous vous laissez bercer par cet orchestre aux milliers de musiciens, je suis sûr que cette nuit sera pleine de doux rêves…
599/Les graminées au gravier : On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit !
– vous n’aviez qu’à vous assoupir, la nuit c’est fait pour çà, faites comme les calamagrostides Avalanche qui rêvent en se laissant « balancer » par le vent ; c’est un plaisir de les regarder on a l’impression que ce faisant elles font du charme au buisson « cheveux d’ange » ou à celui « roseau de Chine ».
Ils sont allés l’acheter en Chine ?
Mais non tu sais avec la mondialisation on peut tout se procurer . Le monde est un vaste champ traversé par les océans, les fleuves, les plaines, les montagnes, etc,etc
Tu as remarqué comme le champ de blé à droite de l’allée a l’air triste. Il a entendu le fermier dire qu’on allait le faucher la semaine prochaine.
Hé pourquoi çà ?
Pour en faire de la farine, puis du pain, des gâteaux, etc, etc
Toi au moins tu ne te métamorphoseras pas
Si on peut dire mais petit à petit sous des poids ou des pas je m’enfoncerai dans la terre et je disparaîtrai mine de rien.
L’autre jour un enfant en a jeté un dans la piscine où il s’est noyé.
Oh bof !
– On n’en peut plus, dit la graminée au gravier, tu as encore crissé toute la nuit.
– Moi ! répondit le Gravier, c’est à moi que tu t’adresses avec ton accent germanique ? Je te répète que je n’ai pas crissé. Tu te trompes, ce n’est pas moi. Je suis muet comme une carpe. La Nuit, je dors dans le Satin Blanc.
– Bien sûr que c’est toi ! Je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit.
Le Gravier, solide comme un roc, fut touché par la provoc.
– Tu me fais sortir de mes gongs. Pendant que Monsieur fume de l’herbe et se prélasse, je répète.
– Ca, tu peux le dire, tu l’as tellement répété ton Mody Blues que je n’ai pas dormi.
– Tu te trompes, c’est un autre groupe, mais qui ?
– Les Who, peut-être !
– Et puis, qu’est-ce que c’est ce nom : les « Gras-Minets » ! Moi, à ta place, j’aurais choisi Les Chats Sauvages. Ton groupe marchera mieux.
– C’est pas les « Gras-Minets » mais les Graminées.
– Ah ! D’accord. Je vois la référence à l’herbe. « Minée » pour « Fatiguée », c’est ça ? Je comprends pourquoi tu as besoin de dormir.
– Tu as raison, on va peut-être changer de nom. Sauf qu’on ne fait pas de bruit la nuit. J’y pense ! Les Chaussettes Noires, ce serait pas mal vu qu’on ne fait pas de bruit la nuit. Qu’est-ce que tu en penses ?
– Descends De Mon Nuage ! Je ne travaille pas sur le même registre. Nous, on roule les pierres, tu comprends ! On est plus dans le vrai. On ne simule pas.
– Oui je vois. D’où le nom Gravier, ça fait plutôt graveleux, ça ne se vendra pas. A ta place, j’aurais choisi Rolling Stones puisque tu roules les pierres. Parce Gravier, ça fait piteux, ça ne se vendra pas.
– Qu’est-ce que tu racontes ? Toi aussi, tu te répètes. On vient de négocier un nouveau contrat et on a obtenu Satisfaction.
Les graminées au gravier : On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit !
– T’es fou pour les petites moqueries que les graminées ont faites tu veux leur couper les pattes !
– Eh petites moqueries, petites moqueries : une fois elles ont dit qu’on avait trop fait pipi la nuit. Une autre fois qu’on a fait caca dans un violoncelle.
Hier matin elles ont déclaré que nous étions tout gris et rabougris.
Cette histoire elle ne peut plus durer. À la longue ça devient lassant ces petites attaques régulières.
Il faut de la fermeté, une action dure à ces sales graminées.
– Tu dis que les pattes on va leur couper avec une faucille. Mais on va faire comment sans main pour tenir cette faucille ?
– Ah oui, c’est vrai ta remarque, tu n’es pas bête toi !
Ah j’ai une idée, il faudrait y mettre le feu à ces plantes.
– Comment on ferait ça, on n’a pas d’allumettes, ni de briquet ou de chalumeau.
– C’est simple Joe, nous autres gravier on pourrait à 2 ou 3, ou plus, avoir recours à la méthode des silex.
En se frottant les uns contre les autres on pourrait faire apparaître des petites étincelles qui serviraient à enflammer ces graminées.
– Oh la la j’ai l’impression que ça aussi c’est voué à l’échec.
– Ah ce que tu peux être pessimiste.
– Tu sais moi je suis pour la paix. Je ne suis pas pour la guerre avec mon prochain.
– Bon je suis un peu d’accord. Mais ces moqueries de leur part, elles vont donc perdurer ?
Hi hi il me vient une idée.
J’ai un copain qui loue pas loin d’ici – à 6 kilomètres du château où nous sommes – de petits avions.
– Et tu veux faire quoi avec ces avions à ailes ?
– Y mettre des kamikazes gravier qui en pleine nuit se jetteraient de cet avion sur les graminées.
Ah j’oubliais, ces kamikazes auraient forcément des explosifs sur eux qui mettraient le feu aux plantes.
– Oh tu es fou, complètement dingue. Je vais te dénoncer à la police des graminées pour qu’on t’enferme.
Les deux larrons ne savaient pas que pas loin une espionne graminée écoutait attentivement cette discussion.
Quelques minutes après elle en référait à la grande prêtresse graminée.
Celle-ci au vu des dires de sa compatriote se rendit compte que son peuple – peut-être sans s’en rendre compte – avait tendance à trop plaisanter avec leur voisin gravier.
Elle se dit qu’à la longue les choses pouvaient s’envenimer avec un gravier qui voudrait peut-être se venger et ainsi faire de mauvaises actions aux graminées.
Elle décida que cette nuit même, la population des plantes de ce coin du château quitterait définitivement leur emplacement.
Le lendemain, le gravier fut extrêmement surpris de ne plus voir à l’endroit habituel ses voisines.
Certains furent tristes de cette absence, d’autres s’en réjouirent.
Voyant qu’elles avaient disparu le propriétaire du château – qui était un violoniste mondialement connu – profita de ce coin devenu libre pour y venir jouer de temps en temps de son instrument préféré.
Notre peuple gravier se métamorphosa.
Il devint mélomane et eut le loisir d’écouter les plus jolis morceaux de la musique classique.
Elle n’est pas belle la vie !
Un bel exemple d’empathie
Les graminées au gravier :
« On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit ! »
Le gravier ne répondit pas ; il n’était pourtant pas insensible à la réflexion des graminées. Et c’est vrai qu’il avait crissé toute la nuit, il ne pouvait pas faire autrement. Il aurait voulu tout leur expliquer, leur dire ce qu’il endurait au quotidien en vieillissant mais les graminées ne pouvaient pas comprendre, elles ne pouvaient pas savoir ce que c’était que vieillir, elles qui se contentaient de pousser, fleurir, sécher, et puis tout recommencer.
Le gravier, lui, connaissait le poids des années : l’entassement, l’usure, les déformations, la cohabitation imposée avec des petits jeunes qui pètent la forme et n’ont peur de rien… Comment expliquer ça aux graminées pour qui la vie entière tenait dans quelques jours de pluie et de soleil et puis basta ?
Mais les graminées, plus fines qu’elles n’en avaient l’air, sentaient bien ce qui se passait. Elles tentèrent de lui tirer les vers du nez.
« Allez, dis-le-nous, c’est cette histoire de mariage qui te chagrine ? Tu t’y prends bien à l’avance, ce n’est pas demain mais dans dix jours, une éternité ! »
« Évidement, vous dans dix jours vous serez montées en graines et peut-être même arrachées, vous ne pouvez pas vous sentir concernées. Alors que pour moi c’est une autre histoire : je vais encore, une énième fois, me faire piétiner toute la journée. Je vais être cassé, éparpillé, écrasé, je vais m’enfoncer toujours un peu plus… J’ai déjà une longue vie derrière moi mais je ne veux pas finir enterré vivant, ça jamais ! Pour sauver ma peau il ne faut pas arrêter de crisser, mon avenir en dépend, tant que je saurai crisser je pourrai tenir.
Vous ne vous rendez pas compte, quand on est jeune c’est facile de crisser : le jeune gravier tout neuf est couvert de petites aspérités qui le font rebondir ici et là. Quand on est jeune on saute, on pique, on se déplace en restant toujours à la surface des choses pour pouvoir s’échapper au bon moment. Mais en vieillissant ça devient plus difficile : avec les galères de la vie notre dynamisme s’effrite. On devient cabossé, on ne peut plus rebondir. Alors on s’encroûte et si on arrête de bouger ne serait-ce que quelques heures, on se fait écraser et on s’enfonce. J’ai vu ça avec des vieux potes graviers, c’est terrible, quand ils commencent à s’enfoncer au point de disparaître à moitié, c’est fichu : au lieu de les sortir de là on les recouvre d’un plein sac de petits nouveaux tout crissants tout frétillants et mes vieux potes disparaissent définitivement, enterrés vivants !
Moi je refuse de finir comme ça, alors je m’entraîne à crisser jour et nuit pour tenir le coup sans m’enfoncer sous les chaussures de ceux qui viennent me piétiner pendant des heures. Je comprends que la nuit ça vous dérange, et j’en suis désolé et vous présente mes excuses, mais je ne peux pas faire autrement, c’est indispensable pour ma survie. »
Bien qu’un peu perchées, les graminées n’avaient pas un fond méchant. Devant tant de sincérité, elles acceptèrent les excuses du gravier et veillèrent dorénavant à bien replier leur corole la nuit pour s’isoler et ne plus être incommodées par les crissements. C’est pour cette raison que, depuis ce jour-là, on les voit souvent fermées lorsqu’il fait nuit.
Jolie histoire qui fait naître l’empathie pour ce gravier que dorénavant je regarderai avec un oeil nouveau. J’aime beaucoup la chute de ce conte.
Merci beaucoup pour votre retour, belle soirée à vous !
Au petit matin, dans l’allée bordée d’arbres, alors que tout était redevenu calme, les frêles et robustes graminées, excédées après une nuit blanche due aux incessants crissements du gravier l’interpellèrent en choeur, les mains sur les hanches, rouges de colère :
C’est infernal ! Toute la nuit tu as encore crissé ! Tu ne te rends pas comptz de la pollution auditive que tu nous infliges ! Nous sommes épuisées !
Gravier, tout contrit répondit aux légères et aériennes :
C’est vrai, vous avez des cernes sous les yeux, mais, ne m’accablez pas s’il vous plaît, j’ai été créé pour embellir, aplanir…
Combien de paires de chaussures as-tu détruites ? reprirent les frêles furies. Combien de plaintes Castorama, Point P , Leoy Merlin et les autres ont-t-ils reçues pour talons aiguilles endommagés à vie ?
N’est-ce pas une bonne chose que cela : grâce à moi des armadas d’avocats ont été embauchés et leur caisse de retraite a été abondée. C’est bien, non ?
Si tu vois les choses ainsi…c’est ton affaire. La nôtre, d’affaire, c’est de pouvoir dormir tranquille, sans le vacarme de tes particules que des chaussures mal cirées projettent sur nous. Il s’agirait de s’entendre, c’est le cas de le dire…
Gravier, éploré, défait (la nuit avait été particulièrement animée) se fit tout petit et, dans un murmure, lâcha :
Je connais tous vos griefs, mais vous savez que l’allée sur laquelle on m’a étalé, mène à ce club très prisé. Je sais, je ne cause que des désagréments, je me déteste…Je ne sers à rien… Sa voix s’étrangla.
Les graminées se regardèrent, consternées.
Nous n’avons pas dit ça !
C’est moi qui le dis ! Les tribunaux sont surchargés à cause de moi…
Gravier, on s’en fiche ! Nous voulons dormir en paix. Nous te demandons de faire quelque chose pour arrêter tes crissements.Tu comprends?
A leur question , les frêles et robustes gramin2es entendirent un grand sanglot. Le gravier pleurait toutes les larmes de son corps maltraité par tant de semelles indifférentes à son statut de « celui qu’on écrase ». Il criait à présent : je ne m’aime pas, je ne m’aime pas !
Le frêles et robustes se regardèrent, mortifiées, leurs yeux pleins de larmes. Si elles étaient en colère, elles n’en étaient ps moins compatissantes…
Sous la lune opaline, le gravier blanc crisse et recrisse, réveillant tout un parterre de fleurs. Elles protestent, c’est chaque fois la même chose ! Alors qu’elles sont paisiblement endormies, il crisse tout le long de l’allée ; et dans un sens, puis dans l’autre !
« Mais ce n’est pas ma faute, proteste l’accusé, je crisse quand on me marche dessus, sinon, je suis parfaitement silencieux. »
Les fleurs ronchonnent. Elles ne voient rien, mais elles entendent…Et c’est lui qui crisse, ce n’est pas l’herbe de la pelouse qui s’étale de part et d’autre de l’allée, ni le saule pleureur dont les feuilles frémissent sous la brise, c’est lui et personne d’autre !
Et au matin, la dispute reprend de plus belle : « Tu as crissé toute la nuit !
– Vous exagérez ! Un passage sous la lune et un autre peu avant l’aube !
– Deux fois réveillées ! C’est trop !
– Mais enfin, qu’y puis-je si quelqu’un parcourt l’allée pendant la nuit !
-Fais quelque chose ! Contracte-toi, ça fera moins de bruit !
-Mais ça va lui blesser les pieds ! »
Un merle s’interpose : « Les pieds … de qui ?
-De la jeune fille de la maison,répond le gravier, c’est elle qui passe, puis repasse sur l’allée. Et elle ne porte pas de chaussures.
-Eh bien justement, on ne devrait pas t’entendre crisser ! »
Le saule pleureur intervient : « Oh,taisez-vous les filles ! Je sens dans ma vieille écorce qu’un orage costaud se prépare ! Quand une averse de grêle vous aura décapitées, vous le regretterez le crissement du gravier ! »
Silence dans le jardin…
Un moment plus tard, le merle se perche dans le saule ; Il chuchote : « C’est vrai qu’il va y avoir de l’orage ?
– Bah, je n’en sais rien, c’est juste pour ne plus les entendre rouspéter ! »
Le merle lance quelques trilles, puis, de nouveau, le silence..
Et à cet instant, les fleurs, le gravier, l’oiseau, l’arbre, tous se demandent où peut bien aller , chaque nuit, la jeune fille de la maison, pieds nus sur l’allée…
La parole est maintenant à la défense.
A vous Maître.
Merci monsieur le Président.
Je représente aujourd’hui monsieur Gravier Simon, accusé par les demoiselles Graminées de crisser parfois la nuit. Mais que voulez vous qu’il fit d’autre, c’est son destin, sa vocation. Est ce un crime s’il fait des cauchemars la nuit, crissant comme on grincerait des dents?
Ces accusations criminelles destinées à cribler de honte mon client, sont prononcées par ces gracieuses herbes folles graciles qui n’hésitent pas à polluer la propreté, sinon irréprochable, de ce pauvre monsieur Gravier avec leurs graines amenés sur son territoire au moindre souffle de vent, et à empiéter sur sa surface.
Et ceci sans chercher à comprendre, à excuser cette manifestation indépendante de sa volonté.
Simon Gravier crisse la nuit. Certes. Et alors?
Toute la journée, il est foulé sans précaution par de crispants touristes criards qui l’empruntent pour une visite du château au bout de l’allée. Ce piétinement incessant lui vrille les nerfs, son sommeil et ses rêves s’en ressentent.
Il crisse. Parfois. Comme on crierait à l’aide. Allez vous rester sourd à cette souffrance?
Jadis il était voué à un usage plus noble, seuls carrosses et chevaux l’empruntaient. Il a donc vu ses conditions d’existence se dégrader gravement. N’en souffririez pas vous même, messieurs les jurés? N’en feriez vous pas des cauchemars?
Forts de tous ces éléments, je demande à la Cour et au jury de faire preuve d’indulgence à l’égard de mon client, monsieur Simon Gravier, qui mérite une peine beaucoup moins sévère que celle que requiert monsieur le Procureur Général, à savoir le remplacement pur et simple de mon client par un revêtement de bitume inesthétique et anachronique.
D’avance merci.
Les graminées au gravier : On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit !
Tu crois que ça fait nos affaires de t’entendre ainsi !
Ah ça va les graminées !!! Un ton en dessous hein ! Alors vous, vous pourriez faire pleurer les enfants et les adultes et faire gonfler tous les yeux du quartier, faire éternuer à qui mieux mieux quand c’est votre moment et moi, moi, et bien j’aurais juste le droit de me taire ! Vous ne trouvez pas que vous abusez un peu là ?Vous ne vous êtes pas demandées quand je pouvais vivre, prendre du plaisir ici bas ! Vous remarquerez que j’attends sagement la nuit ou tôt le matin pour m’exprimer alors que vous harcelez et que vous vous acharnez allègrement sur le premier quidam venu à longueur de journée ! Vous n’avez pas honte !
-Oh dis donc le gravier ! On mérite notre place autant que toi ! On te signale que le paysagiste l’a bien vendu sa platebande avec tes cailloux à nos pieds et qu’on te met plutôt en valeur tout au long de cette allée !
-En fait les filles, vous êtes de sacrées petites pestes avec vos cheveux au vent…
-c’est vrai qu’on a fière allure et qu’on s’accorde assez bien…
_C’est juste que vous me vexez là à dire que je crisse sans cesse. Moi je dis rien quand vous vous ébouriffez sous le souffle du mistral et que parfois même vous me griffez quand les bourrasques sont trop fortes !
-C’est vrai que ça arrive et tu sais quoi ? Et bien ce n’est pas pour nous déplaire. On te trouve tout doux. On aime bien t’effleurer. Et puis, ça nous fait bien glousser quand tu siestes sous le soleil de plomb. Il faut bien reconnaître que tu as un bel organe. Tu chantes sacrément bien.
-Merci, j’avoue que j’adore composer avec les pas de toute la famille quand elle s’affaire autour de la voiture juste avant de partir.
-Nous, ce qu’on préfère, c’est ton chant sous les semelles de la petite quand elle court, on adore !
-Allez, il y a bien moyen qu’on trouve un terrain d’entente. Il en va de notre réputation et du désir d’être ensemble. Je vous rappelle qu’on va peut-être faire la couverture du magazine sur les jardins le mois prochain. Ce n’est pas le moment d’être chafouin…Atchoum!!!Ah je vous remercie les filles !
-Y-a pas de quoi !
Je n’avais pas pensé aux allergies pour ces graminées, une belle idée. j’aime l’idée « du bel organe qui chante sous les semelles de la tiote »
Merci Mijotoy et bon dimanche
Me voilà parti promener mon chien Toutouchou-en-Laï sur cette petite route si paisible, nous l’aimons bien tous les deux. D’habitude si calme, ce soir, ça discute et le ton monte.
– Oh, mais qu’est-ce qu’elles ont à rouspéter comme ça ces herbeuses ? (et je dis ça pour être poli)
Je les entends qui reprochent au gravier : on n’en peut plus, tu as encore crissé toute la nuit. Sauf que le gravier, apparemment il n’en peut plus lui non plus.
Ces casse-pieds agaçantes, jamais contentes, feraient mieux de se regarder : pleines de poussière, crasseuses, à demi sèches tout l’été, même les oiseaux n’en veulent pas, les escargots non plus qui n’y hasardent jamais leur pied. Pas dignes de figurer dans un herbier, et même pas médicinales.
Si elles s‘imaginent qu’elles ne sont pas bruyantes elles aussi : Et vas-y que je me couche au moindre souffle, que je me relève pour me coucher encore, ça crisse pas ça peut-être ? Les jours de Mistral, je vous raconte pas, et quand elles s’ébrouent après une averse ou trépignent pour chasser les insectes… Si vous étiez jolies, ça se saurait : personne ne vous cueille jamais.
Moi, si ces Jocrisses trouvent je crisse, ce n’est pas de ma faute, c’est que l’on me passe sur le corps toute la journée. Ça allait encore quand on m’a étalé là pour éviter la boue aux charrettes, puis les vélos s’en sont accommodés, ensuite vinrent les bagnoles, elles n’ont aucune gêne avec leurs pneus soi-disant anti-bruits.
Elles se gardent bien de rouler à fond la caisse car je leur ferait casser la figure et s’envoler dans le décor, elles me font gicler à droite comme à gauche sur les bas-côtés (chez vous, Mesdames, justement.) Pas de ma faute si vous y êtes, vous n’avez qu’à déménager.
Vous qui pouvez vous semer ailleurs, émigrez donc et qu’on en finisse, moi, sur la chaussée on m’y a étalé, j’y suis, j’y reste !
Lundi ce sera pour moi jour de fête, j’en frissonne, j’adore : les cantonniers vont venir me râteler.
Les graminées au gravier :
– On n’en peut plust’ as encore crissé toute la nuit.
– Elle est bien bonne celle-là ! C’est pas ma faute si je suis allergique à vous. Moi, je n’en peux plus d’éternuer depuis huit jours que Florian m’a étalé dans votre allée. J’étais bien pépère à l’intérieur de mon sac dans son hangar.
– Ça, c’est sûr. Nous aussi, nous étions bien mieux sans toi, tout moche en plus !
– Ouais ! Sauf que moi, je ne balance pas mes pollens au moindre coup de vent. Regardez, j’en suis tapissé ! s’agace Gravier.
– Et que veux-tu qu’on y fasse ! Nous avons été créées comme ça. Et notre vie est bien plus courte que la tienne. Toi, tu es éternel.
– Je pense que nous sommes incompatibles, mais comment faire ? Nous sommes condamnés à nous supporter tous les printemps. Tu parles d’une vie !
– Ça, c’est sûr ! On aimerait bien profiter de ce beau jardin et, surtout, dormir tranquillou au chant du grillon.
– Vous n’êtes que des égoïstes. Allez… Ciao ! Je suis si fatigué que je n’ai même pas le courage de discuter pour riens’ égosille Gravier entre deux éternuements.
– À tes souhaits ! se marrent les graminées.
– Florian, je le trouve moche ce gravier qui tu as posé dans cette allée. Je préfère quand mon massif est naturel, explique Blanche à son mari.
– Ah, bon ! C’était pour t’éviter de la désherber. Faire et défaire, c’est toujours travailler. Je vais le mettre dans la bétonnière pour retaper le mur du hangar.
(Attention, âmes prudes, ne franchissez pas cette ligne)
Les graminées au gravier :
— On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit !
— Grave !
— Personne ne prend son pied de la sorte ! Tu simules, c’est pas possible autrement !
— Grave ! C’est pas humain !
Le gravier aux graminées, de sa voix aigüe :
— Excusez, les filles, je reconnais que la soirée a un peu dérapé. C’est qu’elles m’ont pris par surprise.
Une graminée rosissant : — Mais, elles étaient combien ?
— Quatre ! Elles m’ont littéralement roulé dessus. Faut dire qu’elles étaient bien allumées, pleins phares ! Un peu comme vos éclats ce matin.
Les graminées, rouges comme des pivoines, en chœur : — Ooooh !
— Alors, elles ont commencé à s’en jeter un petit, un Caillou on the beach, un de mes cocktails favoris, puis deux, et puis ça a dégénéré. Elles sont parties en roue libre et moi complètement en vrille, j’ai plus rien maîtrisé. J’aurais bien voulu mettre un frein à tout ça, mais plus elles freinaient, plus ça les excitait. Et moi…
La graminée écarlate : — Quoi, toi ?
— Bah moi, faut reconnaître que j’aimais ça, j’avais les cailloux qui ne demandait qu’à gicler, sans vouloir vous paraître rustre. Un vrai feu d’artifice !
Les graminées, choquées, en chœur : — Ooooh !
— C’est pas humain ! Oh ! Voilà que je perds mes pollens.
— Moi aussi, grave ! Avec cette chaleur…
— Moi ça me file le bourdon, ces crissements.
— Oh oui, un bourdon !
Oh excellent, j’adore 🙂
Merci Mijo, je vois que vous avez aussi bien pris votre pied avec ce gravier 😉
Merci Antonio 🙂 Je crois savoir que vous aimé le théâtre. Pouvons-nous nous contacter autre que sur ce site?
Oui avec plaisir, Mijo, vous pouvez m’écrire à mon adresse mail : ana315@free.fr A bientôt ! 😉
PROSOPOPÉE QUAND TU NOUS TIENS
Les graminées au gravier : On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit !
C’est quand ils m’ont roulée dessus répondit la petite route de campagne. Avant, quand je n’étais qu’un chemin creux, ils m’empruntaient ! Voire m’évitaient ! Exceptés les les amoureux qui par mes bosses s’envoyaient en l’air et après l’ ombre des grands arbres protégeait leurs ébats.
Depuis, ils m’ont nivelée à leur idée, recouverte de ce gravier crissant, roulant. Même led camionneurs me passent dessus. Les motos font du rodéo à me casser le dos. À ce propos ils vont me faire un ‘dos d’âne ‘ …
– Des casse-culs ?
Toute cette poussière va encore nous secouer s’ébrouèrent les graminées
– Arrêter les filles c’est vous qui polluez, pollen, et peaux de toutous.
a…a…tchoum crissa le gravier.
Et la prosopopée cessa dans les éternuements.🐀
Bonne relation avec les allergies de saison 🙂 entre graminées et gravier.
🤧🐀
Le paysagiste des Le Cam a parfaitement répondu à leur attente. Les mauvaises herbes n’ont quasiment plus droit de cité dans le jardin paysagé qu’il a composé autour du « penty » à la sortie du village.
En effet, cédant à un effet de mode, l’exotisme est entré dans nos jardins depuis quelques années. On y voit croitre palmiers, oliviers et autres plantes cactées qui nécessitent peu d’entretien et se satisfont d’un sol pauvre où la belle terre de bruyère a souvent été recouverte d’un mélange de gravier et de sable.
La satisfaction des Le Cam est assez égoïste et le paysagiste ne leur a pas indiqué que le jardin serait d’autant plus épanoui que ses différentes composantes s’accepteraient entre elles.
En effet, les escargots qui trainent leur bave sur le gravier ont entendu les graminées siffler dans la brise. Leur plainte s’adresse au gravier qui recouvre le sol à leurs pieds. Les bougonneries sont les suivantes : « On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit ! »
Le gravier offensé a répondu vertement : « Si vous n’êtes pas contentes, retournez sur la dune, où votre sauvagerie s’épanouira tout son soûl »
Les graminées toutes ébouriffées d’indignation en ont perdu quelques plumets et étamines, considérant ces propos discriminatoires. La plus haute d’entre elles a suggéré de les représenter et, s’adressant au gravier, lui explique posément : « Le droit au sommeil est un droit fondamental ; or vous ne respectez pas ce droit en crissant toutes les nuits depuis bientôt dix jours ».
Le gravier, les paupières gonflées et alourdies s’agace : « Je suis comme vous. Je ne peux dormir et je n’en fais pas tout un foin ! »
Et la graminée d’ajouter : « C’est vous l’auteur de la nuisance ; c’est à vous de la faire cesser »
Le gravier fatigué de toute cette ridicule histoire de conclure : « Facile à dire Ma Chère amie. Quand le vent souffle et que vous siffler à qui mieux-mieux toute la nuit, je ne m’en plains pas, parce que je sais que vous n’y pouvez rien. Et bien, dites-vous que, quand les chats du quartier viennent sur moi gratter le sol, courir, déposer leur urine puante, courser quelque mulot ou autre proie, je n’y peux rien non plus. Très bonne journée à vous Chère Voisine »
Nouchka. Si je ne me trompe,le penty est une petite maison bretonne non ? Nous allons ts ls ans en côtes d’Armor et remarqué que ts ls jardins étaient plantés de palmiers ! Nous qui venons du Sud !!! Merci pour ce rappel en Breizh 🐀
599e SOMMEIL TROUBLÉ
Les graminées au gravier : On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit !
L’enfant turbulent n’a pas appris ! Une leçon de sons : gros, grain, gras minet ! Quand te dé gros grains graminéseras-tu ? Je me gramènerai quand…
Une berceuse m’endort, un son me nie. Au pied du lit, qui de la pantoufle foulera gravier, poussière, ou du brodequin ?
À la fin, il a bien dormi.🐻
Super idée que de jouer sur la prononciation 🙂 Bravo
– On n’en peut plus, t’as encore crissé toute la nuit ! Tu nous empêches de dormir.
– Tu m’agaces. Tu n’avais qu’à ne pas rester en lisière. C’est toi qui viens toujours te frotter à moi. Ma chère herbe tu te fais envahissante. Tu pousses et me repousses sans arrêt. Tu t’insinues entre mes gravillons et j’en ai les portugaises toutes ensablées.
– C’est toi qui t’es installé sur mon espace naturel. Tu traces ta route en écrasant mes congénères.
– Oui mais ces cons génèrent des désagréments sous les pieds humains. Alors ceux-ci tapissent une allée de granulat pour faciliter leurs allées et venus sans se mouiller ou s’embourber.
– Tu prends ton pied. Mais c’est toi qui apportes un caillou dans ma chaussure. Tu t’es enduit de désherbants afin de me repousser, pour plus que je ne pousse.
– Tu as tout compris. L’humain a dit : « De l’herbe assez ! ». Alors il m’a fabriqué pour que je passe à travers les prairies, la savane ou la jungle, des lieux où tu sévissais sans partage. C’est pourquoi il agglutine sable, roche, caillou pour que je devienne bitume, un ciment routier qui fait cheminer la civilisation.
– La civilisation. Tout de suite les grands mots, les grandes phrases. Mais en réalité tu n’es que pollution. Sans nous la terre ne serait pas et l’Homme mourrait de faim. Nous couvrons 40 % de la planète et 70 % des terres cultivées. Que deviendrait la culture humaine sans l’agriculture et la culture des graminées. L’Homme n’aurait même pas le loisir d’y penser. Il devrait se dépenser pour se nourrir et se contenter de chasser et de pêcher. Il ne serait plus gras, miné par des projets de cités plus gigantesques et tentaculaires. Un jour les cités deviendront tellement crépusculaires que le béton étouffera la nature, sa source de vie. Toi tu n’es que destruction. Tu es comme Attila. Là où tu passes l’herbe ne repousse pas. Et en plus tu réchauffes l’atmosphère en rejetant la nuit l’a chaleur que tu as accumulée durant le jour.
– Oh, la, la ! c’est royal, c’est réal ! Tu te prends pour une lumière. Les grands mots c’est toi qui les appliques. Tu te fais l’épeautre de l’écologie. Je vois que tu ne chaumes pas. Tu voudrais bien mettre une avoine à mon expansion pour que je reste sur la paille.
– Tout à fait. Ton expansion c’est le coup de bambou. Tu coutes de plus en plus de blé pour t’étaler alors que les populations manquent de froment, de riz, de millet et de sorgho pour se nourrir. L’homme arrose sa pelouse bien policée au détriment de nos rhizomes qui se font des cheveux pour s’accrocher à la vie, à l’avis contraire des crèves la faim qui ne pratiquent pas le golfe même s’ils se meurent dans celui du Bengale.
– Mais rassure-toi. Je vais bientôt m’en aller. Mon allée de gravier sera bientôt remplacée par le propriétaire qui vote pour les verts. Il compte apposer sur le sol des dalles en bois à travers lesquelles tu seras pourra pousser.
– Je te remercie pour m’avoir informé de cet espoir. Alors j’accepte pour ce soir que tu dormes à mes côtés. Tu pourras crisser tant que tu veux. Je boirai un alcool de céréale pour fêter ton départ. J’espère que nous le boirons ensemble.
Bah des jeux de mots, un vocabulaire qui sonnent juste et font sourire 🙂 On ressent chez l’auteur son attrait pour l’écologie:)
Scroch , scroch..skrisss…sckrisss..
─ Chut ! y’en a qui veulent profiter de la paisibilité de la nuit !
Swiiich, swiiich…
─ Non seulement ça m’ébouriffe le scalpe, mais en plus ça manque de me cramer mes capillaires !
─ Ouais, ils sont agaçants d’écraser ainsi leurs mégots comme s’ils dansaient le twist avec leurs groles.
─ Et je ne te parle même pas de la fierté du gravier de montrer ainsi toutes sa gamme de crissements.
─ Quand ce n’est pas les pneumatiques qui freinent ou dérapent selon l’ego ou l’état d’intimité du conducteur avec une bouteille d’alcool. Nous avons perdu tonton Hubert, le roseau de Chine et Mimi Grenouille la semaine dernière avec ces folies. De plus quand le jardinier a voulu ratisser les traces pour égaliser le bougre de gravier, ceux sont nos cousins Gazontais qui ont volé et fini au compost !
─ On était bien tranquille quand la bande d’humains était cantonnée chez elle à cause du scarabée chinois. Plus de fête au château du coucher du soleil au lever du jour. Juste nous sous la voûte étoilée du ciel. C’est là que je déclaré ma flamme à Miss Cantus.
─ Hé Penissetum , c’est pas le moment de flirter. Nous devons agir et faire cesser ces sifflements, grincements, frottements intempestifs du gravier en ces belles soirées d’été.
─ Ah ah vous êtes devenues folles les graminées, je suis le roi de la déco des chemins pour ne pas salir les chaussures vernis des messieurs ou les sandales fines des gentes dames. De plus, je ne crains pas le désherbant ni le rotor du jardinier, tandis que vous…
─ Oh merde ! J’ai encore abîmé dans ce satané gravier mon talon de ma dernière paire d’escarpin Lou Boutin. Chéri je n’en peux plus, ton gravier me coûte trop cher.
─ Bon ma caille, ne crise plus. Dès lundi je vais faire remplacer ce gravier par un dallage de pavés autobloquants.
Moralité on sait ce qu’on perd mais pas ce qu’on trouve 😊
On imagine le scalpe ébouriffé ! Votre écriture est tjrs très visuelle et en plus cette fois-ci on a les onomatopées ! Tout pour êtes heureux Mijoroy… Merci pr vs petits messages b sympas 🐀
Merci Souris verte de votre enthousiasme 🙂