531e exercice d’écriture créative imaginé par par Pascal Perrat
Racontez une visite guidée dans un élevage de fuites
Qui souhaite participer à cet exercice doit se souvenir de l‘enfant qu’il fut. Laisser-le jouer avec.
Oubliez tout souci de perfection et laissez votre imagination foncer tête baissée dans le brouillard de vos pensées.
Acceptez de ne pas tout contrôler, de vous tromper de mot, d’orthographe, etc.
Faites confiance à l’inspiration du moment, l’idée que vous cherchez va trouver sa forme en même temps qu’elle jaillira.
Racontez une visite guidée dans un élevage de fuites
Quand il était gamin, le prestige de l’uniforme ça le faisait kiffer grave même que ses potes le charriaient sur ses goûts zarbis.
– « Et pourquoi tu ferais pas larbin dans un grand hôtel ? T’aurais même des galons dorés
– J’ai jamais ciré les pompes à personne …
– t’as qu’a faire pompier
– J’ai pas envie de m’faire cramer
– Dans le genre planqué, y a gardien de musée…
– t’as vu comme y ont l’air s’emmerder ?
Moi , en vrai, ce que je voudrais , c’est…. »
A seize ans , son père l’a foutu dehors, une bonne brassée à grands coups de chaussures de sécurité.
Remarque, il avait l’habitude, depuis tout petit, son père l’a toujours tabassé. Quand il avait picolé toute la famille y passait Même que sa mère y est restée. Secret bien gardé, rien n’a fuité.
Les foyers, les familles d’accueil : un plan jobard pour faire de la tune, rien de plus . Se tirer, se casser, faire le mur. La débrouille , les rencontres de hasard, les p’tits boulots . …
Au placard, les rêves de vestes galonnées, oubliés, un vieux cuir râpé, c’est plus discret
« Pierrot, c’est la dernière fois, après je pourrais plus rien pour toi
Ils t’enverront au mitard, et là , crois moi il te tailleront un sacré costard !
– J’ai compris, M sieur le juge, faut pas vous inquiéter, je vais me ranger
L’éducateur qui te suit va te proposer des formations, accroche toi !
– Moi, M sieur le juge, en vrai , ce que je voudrais, c’est…
Les années ont passé, Pierrot , c’est sûr qu’il s’est rangé des voitures. Il a repris ses études, brevet des collèges, c’est pas si mal, déjà. Au moins ça lui a permis de passer des concours et d’intégrer l’école dont il rêvait. Il sourit au souvenir des tests sur la sécurité. Trop faciles, par cœur, il les connaissait Et aujourd’hui, rasé de frais, cheveux lissés, son uniforme fraîchement repassé, il intègre son poste. Il suit son chef qui lui fait une visite guidée des lieux .Devant eux les lourdes portes s’ouvrent et se referment sur leur passage. Ils enfilent de longs couloirs où une lumière froide et blanche gomme le moindre coin d’ombre. Leurs chaussures de sécurité sonnent maintenant sur les escaliers de fer qui les mènent aux coursives supérieures. Un sentiment d’euphorie soudain s’empare de lui. Les chaussures à bouts ferrés c’est lui qui les porte maintenant et il va leur en faire baver ! Il ne va pas se priver. Il se redresse et bombe le torse.Il y est arrivé . Il l’a son uniforme , même si pour les galons, il va devoir patienter. Discrètement il caresse du bout des doigts l’arme qui pend à sa ceinture pendant que, devant lui, d’une voix monocorde, son supérieur égrenne en passant devant les cellules, le nom des prisonniers, ainsi que la durée de leur peine.Pour l’exemple, il ouvre rapidement un vasistas, lui demande de s’approcher . Un coup d’œil rapide, vision circulaire d’une cellule, sur un mur, des traits barrés, pour les jours, les semaines, les mois à décompter. Dans un coin, un évier qui goutte metronomiquement ;.. irritant : fuite . Plus loin, une autre cellule , le prisonnier leur tourne le dos, la tête vissée au carreau, fuite…reve de fuite . La visite continue : les quartiers de haute sécurité. Pierrot sent sa poitrine se serrer. Il prend conscience de ce a quoi il a échappé. Se calmer , respirer.. il est en sueur…
Stridente, la sonnerie retentit soudain. Elle vient percuter les grands murs blafards et roule en écho a travers les parois des cellules, secoue Pierrot sur sa paillasse , lui vrille les oreilles . .Les prisonniers , dans les cellules voisines frappent les barreaux avec leur quart
« Évasion évasion évasion !!! » l’alerte vient d’être donnée unprisonnier a reussi a s’échapper
Hagard, tout entortillé dans ses draps, trempés de sueur, il reprend conscience . Son regards erre sur les murs, les traits barrés pour les jours les mois, les années, le robinet qui goutte , la fenêtre aux barreaux trop serrés.. Rêves de fuites
Mesdames et Messieurs, je vous souhaite la bienvenue dans notre élevage « Le temps des fuites » à ne pas confondre avec le musée tout proche « La fuite du temps » consacré à l’horlogerie.
Nous allons débuter notre visite par la pâture des « Flux migratoires » où nous élevons les futurs migrants, issus de multiples croisements entre les premiers Homo Sapiens jusqu’aux Kurdes d’aujourd’hui en passant, entre autres, par les populations juives, wisigothes ou irlandaises. Ces spécimens sont programmés pour fuir misère, famine, guerres et oppressions. Vous noterez dans leur regard toute la tristesse du monde mais également la détermination indispensable pour y échapper .
A présent, vous vous trouvez devant le champ des « Révélations » où grandissent sournoisement les futurs divulgateurs de secrets politiques, d’indiscrétions sur la vie privée, de dispensateurs de découvertes militaro-industrielles
Nous nous trouvons maintenant devant l’enclos « Sauve qui peut » où paissent les troupeaux des nouvelles générations de militaires qui ont pour nom Défaite , Débandade, Dérobade et Déroute
Nous pénétrons ici, la salle des « Évasions célèbres ». Nos travaux se basent sur les mémoires, biographies et romans de Vidocq, Papillon, Monte-Christo et tant d’autres. Les individus que vous voyez là représentent la fine fleur des futurs auteurs d’escapades les plus rocambolesques.
Nous abordons enfin le terme de notre visite, avec le futur, dans ce laboratoire d’essais, nommé « La fuite des cerveaux ». Vous apercevez dans ces bocaux, conservés dans du formol, des encéphales de jeunes gens, Français et sur diplômés, qui un jour, quitteront notre chère mais ingrate et impécunieuse patrie pour fuir massivement vers des contrées où leurs compétences seront mieux utilisées et surtout mieux rémunérées
Vous trouverez à la sortie notre boutique où vous pourrez acquérir divers produits (la poudre d’escampette, les couches pour incontinents, le parfum pour femmes «Escapade » et celui pour hommes « La fuite en avant » ) des œuvres ayant la fuite pour thème central.
Ainsi vous y trouverez entre autres les romans « Les faux-fuyants » de F.Sagan, « La débâcle » d’E.Zola ou « La Disparition » de G.Perec ; des CD des plus belles fugues de Bach et des DVD des films « Le Fugitif » ou « L’exode ».
Je vous remercie pour l’attention que vous m’avez prêtée et espère que vous avez apprécié cette visite. N’hésitez pas à parler de notre élevage sur notre site ou les réseaux sociaux
N’oubliez pas le guide. Soyez assurés toutefois que les pourboires perçus ne font pas l’objet d’une fuite de capitaux
Bravo j’aime beaucoup ce texte qui en dit beaucoup sur notre humanité
bravo un peu hard au debut mais se lit avec interet!
Merci Eléonore et Pakitapom pout vos commentaires
Racontez une visite guidée dans un élevage de fuites
VLF8, vive la fuite
« Je suis plombier, bier,bier ». Tout le monde me dit que je suis un gai luron, je vais partout, dans les maisons, dans les immeubles. J’suis inspecteur de fuites. C’est cool. Un jour à la station Château rouge, je rencontre dans la cohue un type, imper beige très serré qui me fait penser à une tenue de camouflage, petit chapeau avec une plume sur le côté et grande sacoche de cuir. Je me dis tout de suite « Qu’est-ce qu’il peut trimbaler là – dedans, ça a l’air très léger ». Il me fait signe « Viens boire un café ». Comme je n’ai rien à faire pour le moment, je me dis que j’peux bien m’accorder une petite pause. Surtout je suis d’un caractère curieux, ce n’est pas pour rien que je suis un vrai titi et que j’adore les romans de la série noire : je m’envoie un kawa avec un inconnu, un vrai film !
– Y a longtemps que je t’observe, tu as l’air d’un gars bien, qu’a pas froid aux yeux. Pt’êt que j’ai quelque chose à te proposer. Tu verras, ça rapporte pas mal. Tu vas pouvoir te la couler douce avec ta copine, si t’en as une.
– Dis-toujours. Comment tu t’appelles ? J’aime savoir à qui j’ai affaire.
– Je m’appelle Igor. Si t’es malin, ne laisse pas passer ta chance : la belle vie avec une fille canon, la belle voiture, une Porsche 911 Turbo. ça te plait comme caisse ? Moi oui. Et les étés au bord de la mer dans une de ces îles où on vit comme tu peux même pas imaginer. Un paradis quoi et même fiscal… J’ai avec moi un type vraiment sympa, il s’est payé un grand voilier qu’il laisse une partie de l’année aux Antilles, le reste du temps il va d’île en île, tu t’imagines : cigares, whisky et petites pépées. Je te le ferai connaître.
– Et qu’est-ce qu’il faut faire ?
– Rien, on t’appelle parce qu’il y a une fuite, tu y vas et tu déposes une lettre ou un paquet.
– C’est tout ? Bon, d’accord je le fais une fois et après je t’dis quoi.
Je me lance. C’est vrai, c’est facile : je prends ma boîte à outils pour faire plus vrai et je dépose une lettre, plus souvent un paquet, quelquefois il y a quelqu’un, quelquefois il y a personne. Igor me demande même de desserrer des joints pour pouvoir les resserrer ensuite. Idiot ? Mais peu importe … Igor est réglo, J’ai toujours un beau tas de billets pour moi. Il est vraiment sympa d’aider tous ses amis qui ont des problèmes de tuyauterie. Quelque fois, j’ai juste à introduire dans un tuyau un petit cylindre en métal. Ça fait partir le calcaire. Drôlement bien, je ne savais pas que ça existait… Le 10 avril, nouveau rendez-vous avec Igor, dans un cabaret russe, le Pétersbourg : vodka, caviar, violon et danses plutôt chaudes. J’n’en reviens pas. Jamais vu ça ! J’offre à Igor et aux deux types qu’il a amenés, moustache et lunettes noires, une bouteille de champagne.
– Tu sais, Marcel, qu’on est très content. On va t’appeler VF8, ce sera plus rapide et moins embêtant : Faut pas faire de jaloux.
– VF8 ça m’va. Pourquoi pas ?
Le temps passe, je rencontre par hasard une fille drôlement gentille et belle. Elle s’appelle Natacha. Tout de suite, elle a le béguin pour moi. Elle me quitte plus, elle est vraiment accrochée (et moi aussi) : J’en reviens pas… Le 2 juin, Igor me donne rendez-vous, cette fois station Stalingrad.
– VF8, on va t’appeler à l’ambassade des U.S. Tu visites tout le circuit d’eau. Tu t’arranges pour que ça fuit de partout et il te faut plusieurs semaines pour réparer. Je vais te donner quinze petits tubes en métal et puis un plan détaillé. Tu mets ça dans les siphons et les tuyaux d’alimentation.
– Pourquoi tout ça ? Et si on s’en aperçoit, Igor. J’aime mieux arrêter. J’en ai assez fait.
– Arrêter. Voyez-vous ça. T’es malade ou quoi ? T’as pas intérêt. Ceux qui travaillent pour moi sont pas des enfants de chœur. Attention à tes abatis. Attention aussi à ta copine, une jolie fille comme ça! Tu risques de ne plus la revoir. Fini, plus personne.
J’suis dans de sales draps. J’me suis fait avoir comme un bleu. Alors, je me carapate, j’monte dans ma belle voiture, rejoindre mon bel appartement. Je me couche après avoir posé ma Rolex sur la table de nuit. Dans le noir, j’attends Natacha. Tout est fini ! On devait pourtant ce soir aller au Pétersbourg et se payer une belle soirée qu’on finirait à la maison. J’entends la porte de l’appartement s’ouvrir, le bruit de ses talons sur le parquet ciré, l’eau couler dans la salle de bains et c’est dans un nuage de N°5 que Natacha fait son apparition. Tremblant comme un gamin, tant pis, je lui raconte tout… Natacha m’observe pendant un bon moment sans rien dire puis elle éclate de rire. « Eh bien, mon loup, y a longtemps que j’le savais. Comment tu aurais eu autant d’argent ? Au fond, t’es un type honnête. Pas très malin mais sympa. » On fait une pause, elle me chuchote à l’oreille « Moi, tu me connais pas vraiment. Je m’appelle Jennifer j’suis du Minesota. J’travaille dans la même branche que toi mais pour Kennedy. Pas exactement le même patron ! T’en fais pas, on va se débrouiller. »
C’est ainsi que je me suis retrouvé avec Jennifer dans un coin bien caché d’Hawaï. Marylin s’absente de temps en temps, mais tout va bien. On appelle ça la guerre froide mais j’peux vous dire que, pour moi, c’est hot.
Racontez une visite guidée dans un élevage de fuites.
Ah, au début des années 20 nous en avions des fuites sur Terre. Elles étaient vraiment nombreuses et de toutes sortes.
Aujourd’hui, depuis que nous sommes envahis par les martiens, plus nulle trace d’aucune fuite sur la planète.
Sauf dans un village de l’ouest de la France qui a su résister et réussi à conserver la quasi-totalité des fuites existantes.
Aujourd’hui ça tombe bien, c’est justement la fête au village « En fuite » et chaque maison va présenter ses spécialités.
La vie avec les martiens est devenue moins facile : ils contrôlent, savent et voient tout.
Dans notre village on continue à résister. Nos armes ce sont les techniques de fabrication des fuites à l’ancienne.
Vous ne le savez pas encore, vous la population des années 20 : les fuites sont un moyen très efficace pour exterminer les occupants.
Alors ne perdez plus de temps, multipliez les fuites et faites en un élevage intensif.
Que vos gouvernements en fassent une priorité pour la survie de l’espèce et de l’humanité.
Alors mettez vous en marche et élevez le plus de « frites » possible …
Ah ah frites, c’est bien ça. Mangez beaucoup de frites …
C’est paraît-il bon pour la santé (surtout celles faites maison et avec de bonnes pommes de terre). Un belge qui écrit. Une fois. Ah ah.
Racontez une visite guidée dans un élevage de fuites.
Pénétrer dans un élevage de fuites n’est pas très difficile tant trous, interstices, lézardes, fissures et autres brèches zèbrent les parois.
Ce qui surprend le plus, est la quantité incommensurable de fuites qui s’ébattent et résonnent.
Les artistiques avec les fugues de Bach, les poétiques comme celles de Gainsbourg qui fuit avant que l’amour ne le quitte.
Les fuites religieuses existent aussi : souvenez-vous de la Fuite en Égypte, celles des pressés qui prennent leurs jambes à leur cou ou la poudre d’escampette sans oublier celles qui plient bagage.
Il y a les fuites en avant, celles qui ne regardent jamais en arrière, les fuites dans le temps, celles qu’on ne reverra pas.
Le corps humain n’est pas oublié puis qu’il a lui aussi a ses fuites, qu’elles soient urinaires – ben oui – ou mitrales plus joliment appelées souffle au cœur.
Les fuites d’eau ne sont pas non plus en reste chuintantes, suintantes,embêtantes, enquiquinantes.
Un élevage de fuites a de sérieux concurrents : les palais présidentiels. De ceux-là, les fuites fuitent à toute allure et les colmatages n’y font rien . Pourtant les façades, les murs les parois sont régulièrement inspectés, contrôlés, retapés. Il y a toujours un espace clandestin qui relâche avec plaisir tous les bruits de couloir, les fausses nouvelles, les ragots, les analyses, les hypothèses, supputations, suppositions, probabilités, virtualités… Cela crée embrouillaminis, imbroglio, pétaudière, capharnaüm, salmigondis et autres bisbilles propres à créer à leur tour les fameuses fuites.
Élever des fuites demande une certaines adresse. Comment, en effet, contenir dans un cadre une multitude, une concentration, une effervescence qui ne pense qu’à pousser les murs, se barrer, se casser, se tirer ? Forcément, ça ne peut que fuir de tous les côtés.
Une suite de fuites,en forme de huit, conduite par un Inuit jésuite …
A Avoires.
J’aime beaucoup. Un bel inventaire !
Fuite J1
C’était bien le 10e appels sur mon portable. Je ne voulais pas y répondre mais j’ai quand même cèdé .
Allo ?
Pourquoi tu ne réponds pas , c’est urgent pauvre imbécile.
Qu’est ce que tu veux
Ramènes ton c.. tout de suite
Je suis pas bien
Tout de suite où tu vas le regretter
Elle a coupé.
Je suis malade , complètement malade .
Je ne suis pas bien , mais je décide quand même d’y aller.
J’enfile 2 ou 3 trucs , je siffle le fond d’une vieille tasse de café qui manque de me faire vomir et sors.
Pas la force de conduire , je prends un taxi .
Au 15 , Apple street , ça grouille .comme d’habitude.
Je monte au 2e étage , bureau de la secrétaire au chef , c’est elle qui m’a appelé.Elle avait une bonne tête , mais rusée comme une mangouste, elle me fait signe d’entrer .
Il y a le boss , bedonnant avec 2 lascars du FBI Elton et John dans leurs costumes identiques , d’enquêteurs spéciaux.
Nos enquêtes à nous sont ordinaires , pour eux c’est toujours spécial .Trouver le chat de la voisine c’est pour nous , celui de la 1ere dame , c’est eux qu’on appelle.
Le boss :
Assieds toi et ouvre grand tes oreilles à ce que vont te dire ces messieurs du FBI .On a pas de temps à perdre .
Sans même un salut , Elton commence à me débiter une histoire , qui je l’avoue avait bien du mal à passer.
-Vous connaissez le département des affaires internes du FBI
– Non , je devrais?
– Pas forcément.Bref , on a été informé il y a quelques jours de fuites , dans certains de nos dossiers.
Moi: Quoi comme dossier?
Elton jeta un regard vers le chef , pour savoir s’il pouvait me dévoiler le fin fond de l’histoire.
Le chef: Au point où on en est , lui confirma-t-il.Elton poursuivit:
Bien entendu , tout ceci est classé , secret défense .
Accouches pensais-je
Le département est chargé d’enquêter , sur le fonctionnement des services du FBI , notamment des fuites sur des dossiers sensibles.C’est maintenant le service lui même qui cache une taupe.
Moi: Une fuite dans la fuite
Le chef : Ta gueule et écoutes
John prend le relai: Les dossiers en question concernent une 30aines d’agents spéciaux , dans 10 états .Ils ont tous eu affaire de près ou de loin au Plombier.
En me disant cela , il poussa vers moi un dossier.Je l’ouvris sur une photo d’un type , du genre oriental , flanqué d’une barbe de quelques jours, portant un uniforme d’ouvrier et un sac en bandoulière. La photo de mauvaise qualité avait du être prise par une caméra de surveillance d’une rue de Manhattan.
Tout le dossier ne contenait que les mêmes photos du même gars à différents endroits.
John poursuivit: chaque photo est prise dans un état, et dans chacun d’eux il a eu contact avec au moins un agent du bureau.
Celle-ci, (me montrant l’une d’elles pas plus intéressante que les autres), est prise au bas du siège du bureau interne.
Nous ne savons pas qui il est , nous ne pouvons pour le moment interroger nos agents , tant que nous n’en savons pas plus.
Moi: Et …
Elton repris : la seule info qu’on a pu avoir , c’est qu’il aurait à un moment traîné du côté de Brooklyn avec une prostituée qu’on appelle la Nonne.
Qu’est ce que vous attendez de moi ?
Le chef: tu connais bien le milieu , tu vas trainer ta frimousse dans le coin et tâcher de nous ramener le maximum d’infos , tout ce qui peut, de près ou de loin rattacher au Plombier.Que tu me rapportes directement.
Tu as 3 jours , et si tu en parles à qui que ce soit , je m’occuperai personnellement de ta carrière, on t’acceptera même pas comme guide dans les chiottes de la prison du canton.
J’espère avoir été clair.
Oui chef , vous avez l’art de la motivation.
Dégages
J’ai dégagé de suite , d’autant que je commençais à me sentir fiévreux .
Je passais au drugstore à quelque pas de là avant de reprendre une course à mon appartement.
J’ai quand même pris une douche , avalé 2 ou 3 cachets et me suis effondré dans le canapé/lit du salon /chambre.
J’ai dû partir toute l’après-midi , il était déjà pas loin de 19h à mon réveil.Ca allait mieux .J’avais même faim.
C’était le bon moment d’aller trainer dans Vinigar Hill , le coin chaud de Brooklyn.
C’est Au Crotale , un snack-bar , de la 7e rue , devant un streack bien cuit et une bière sans alcool(je ne bois pas d’alcool pour des raisons d’incontinence urinaire),que je m’étais posé.
Tout en me sustentant, j’observais les allées et venues , arrêtant de temps en temps un regard discret sur les tables.
2 types , au fond de la salle ont particulièrement attirés mon attention.
Ils denotaient dans le décor , des fringues de marque , une coupe de cheveux impeccable , trop clean ces gars là.
J’abordai Suzan la serveuse qui passait près de moi.Je la connaissais bien et lui avait évite pas mal d’embûches avec les collègues des stup.
Dis moi , les 2 gars au fond , tu les connais.Elle jeta un regard furtif en leur direction avant de laisser tomber
Ils sont venus une fois où deux , je crois que Mylène les connaît.Mais elle est pas là ce soir.
Je suppose que tu as son numéro et son adresse.
Écoutes , j’ai pas oublié ce que tu as fais pour moi mais je veux pas d’histoire
Je me suis rangée , elle me montre une bague bon marché à son doigt.
T’en fais pas , personne n’en saura rien
Elle me griffonne les infos sur un papier , je lui glisse un beau billet dans la poche de son tablier et sors me mettre en .planque dans la voiture.
Avant d’appeler Mylène, je contactais Farmer , de la brigade des moeurs de Brooklyn.On avait bossé ensemble sur pas mal d’affaires , à l’époque on savait partager.
Salut Farmer , ça roule
Ouai et toi
Pareil
Dis moi j’ai pas trop le temps , tu peux lacher une info sur Mylène , serveuse au Crotale.
Mylene la rousse? (Bingo)
Ouai la rousse
Qu’est ce que tu veux savoir?
Si elle a eu affaire à vos services et les raisons
Tu te prends pour qui ,
Vas-y Farmer en souvenir du bon vieux temps
Rapelles moi dans une heure , je suis occupé .
Ok , merci
Au même moment , les 2 beaux gosses sortent du bar , et chacun grimpe dans sa voiture garée juste en face .
Je décide de suivre l’un d’eux, au hasard de mon intuition (comme disait notre instructeur à l’école de police).
La voiture , une berline allemande , a roulé près d’1/2 heure en direction de Stage Island, elle a fait plusieurs tours inutiles dans un quartier résidentiel, Il était évident que notre ami veillait à ne pas être suivi.La berline finie par s’immobiliser devant un pavillon cossu .
Il descendit de sa voiture, traversa la pelouse et sonna une fois à la porte.
Au bout d’1 minute , une femme en peignoir lui ouvrit.Il balaya d’un dernier regard les alentours , se glissa à son tour dans la maison.
Les rideaux des fenêtres étaient tirés et de là où j’étais je ne pouvais rien esperer.
Je décidai de rester là un petit moment avant de me risquer à proximité de la maison.J’en profitais pour rappeler Farmer.
Farmer , c’est moi , c bon tu peux parler?
Écoutes , la rousse a été impliqué dans une affaire de proxénétisme.Elle aurait aidé des macs étrangers , des afghans je crois à enrôler des filles . Apparemment une grosse affaire , sur toute la côte Est.
Des gars qui avaient des clients importants , qui ne passaient que par eux.
On avait commencé à monter une opération de collaboration avec les états concernés .
Et ça a donné quoi
Rien on a été desaisi de l’affaire par la DEA.
La DEA? Les services secrets?
Écoutes c’est tout ce que je sais , ça remonte à il y a plus d’un an .
Et Mylène , tu n’as plus rien à me dire sur elle?
J’ai plus rien, et je t’ai rien dit.
Je te le revaudrai, a+.
Bizarre , cette histoire.(Je fais des rimes quand je trime.)
J’ai quand même fais le tour de la maison , aussi discrètement que j’ai pu mais il n’y avait pas moyen de coller une oreille quelque part.
Il était bientôt 21h, je vais rendre visite à Mylène plutôt que de l’appeler.Pour l’effet de surprise.
Le Bronx , c’était pas la porte à côté mais ça roulait bien à cette heure ci.
La rue est bordée d’immeubles gris, serrés les uns contre les autres.
Je trouve le num 10 et me gare.Par expérience , je fais toujours le tour de l’immeuble pour repérer l’issue de secours.Un escalier métallique qui donne directement sur une rue latérale étroite et sombre ,encombrée de poubelles et de rebus divers.
Je reviens à l’entrée et sonne au 12 , au nom de Mylène Mas.Rien , je re-sonne plusieurs fois , toujours rien.
J’appelle son portable , pas non plus de réponse .
J’ai pas traversé la ville pour rien , je repére la sonnette du concierge et pousse lourdement sur le bouton.
Qu’est ce que c’est ?
Je voudrais voir Mylène
Sonnez- là vous savez pas lire?
Elle répond pas
C’est peut-être qu’elle a pas envie de vous voir
C’est la police , venez ouvrir
Je ne voulais pas m’annoncer mais j’avais le sentiment qu’il fallait que je vois Mylène ou à défaut là où elle crèche.Il me fallait un indice , je n’ai que 3 jours , pour débrouiller une affaire où le FBI patauge et que la DEA a repris en catimini.
La concierge me demande à voir ma plaque à travers une grille d’encadrement de la porte et fini par ouvrir.
C’est une dame , afro d’un âge et d’un poids certains, enveloppé dans une robe de chambre d’une autre époque.
Vous l’avez vu entrer chez elle
Oui , vers 17h , elle portait un sac , de courses je crois
Elle n’est plus ressorti?
Je sais pas , je surveille pas les locataires.
Vous avez un double de sa clé au cas où ? Je profitai un peu de sa naïveté pour la faire obtempérer , elle pouvait bien sûr refuser.
Oui , mais , il lui serait arrivé quelque-chose à la pauv’fille?
J’espère que non , on va vérifier si elle est là.
Je suivais , la concierge , qui se soulevait difficilement à chaque marche jusqu’au 3eme.
On arrive au 12, et je toque plusieurs fois à la porte.Rien
Je lui demande d’ouvrir , et avance dans l’appartement .
L’entrée donne direct sur un petit séjour, bordé à gauche d’un couloir et à droite une porte est à moitié ouverte.
J’appelle avant de m’engager plus loin.
Mlle Mas, vous êtes là ?
Pas un bruit , il n’y a personne, je pousse la porte entrebâillée .
Une odeur âcre m’agressa de suite les synapses et mon coeur changea de rythme.
Elle était là , sur le sol au bas du lit, à moitié nue , un flot de sang avait fuites de deux trous sombres dans sa poitrine et maculait la moquette, tout autour de son corps inerte.
Je restais figé quelques secondes , sur son visage d’ange tordu d’effroi, aureolé d’une chevelure flamboyante.Ses yeux grands ouverts fixaient le plafond.
Le cri sourd de Rosalie, me sorti de ma torpeur.Je la fit sortir de l’appartement et la conduisit jusqu’à l’escalier ou je la fit asseoir.Elle tremblait de toute sa chair flasque et marmonait inlassablement des oh mon dieu , oh mon dieu…
Je ne voulais pas avoir un autre cadavre sur les bras.
Je revins au corps de Mylène.Par acquis de conscience je posais deux doigt sur son cou frêle , à peine tiede , pas trace de vie.Il est 10h10 à ma montre.Ca doit faire 1h30 à 2h00 qu’on lui avait tiré dessus.
J’appelle le chef , encore moins aimable que ce matin , je le met au parfum , il me grommelle d’appeler le poste , procédure normale , faut pas éveiller de soupçons.
Je lance l’alerte , j’ai bien 15mn avant de voir rappliquer la cavalerie.
Je fais le tour du lieu, muni d’un crayon , je scrute les tiroirs, les placards , le canapé …..Je me met en mode intuition , pas le temps d’une fouille en règle.
Je suis une jeune femme de 25/27 ans, je trime dur pour survivre, j’ai des rêves d’amour, de voyages , de vie plus facile.
Je rencontre 2 clients , ils sont beaux , ils parlent bien , on sympathise, je suis séduite, l’un d’eux me file son numéro, on prend quelques verres après le service dans un bar chic, il me fait une proposition…
Son téléphone , crétin , me suis-je fait remarquer.
J’appelle , il sonne , je tend l’oreille , sous l’armoire où il a du glisser .il n’est pas verrouillé, une chance.Je consulte les appels et note les 20 derniers sur mon calepin.
Pas le temps de faire plus. Déjà les sirènes en bas de la rue .
Toute la fine équipe est là , conduite par Dubois (Douboyss en anglais).La cinquantaine bien conservé, tiré à quatres épingles en toutes circonstances.On se vouait recproquement une fidèle anthipathie.
Je le briffai du bout des lèvres sur la situation , il m’écoutais du bout de ses oreilles d’aristocrate (il se vantait de nobles origines française ).
Tu as touché à rien
Tu me prends pour qui?
Restes dispo au cas où j’ai besoin de toi
Il l’a joue arrogant , je la joue indifférent et me tire des lieux sans un mot.
Pas le temps d’arriver à ma voiture que je me fais haranguer par le duo du FBI, calfeutrer dans un 4×4 noir :
Inspecteur , montez dans la voiture.
Je grimpe à l’arrière.
Re brief de la situation.
Tu as son tel me demande John?
Non , pouvais pas le prendre(corniaud)
Je profite: Dites au chef de vous confier l’analyse des appels , vous êtes équipés pour .Faudra m’envoyer les résultat avant la crime , si on veut garder la main.
Ok filez moi le numéro
Je le lui communique et me tire.
Je ne sais pas comment j’ai atterri sur mon canapé.
Mes pensées tournent en boucle , j’ai besoin d’une pause.J’attrappe la télécommande et allume le poste sur un ours blanc qui saute sur des glaçons , je saute aussi de chaînes en chaînes , aucun intérêt.Je m’arrête sur une pub de ménagère affolée , plombier arrive, colle qui colmate les fuites.Rezap, étoiles et galaxies , nous sommes si peu de chose,autre chaîne , autre sujet , un docteur en blouse blanche , le trouble bipolaire chez l’adulte,…
Je pars , je sombre , une porte , une concierge ,une fuite de sang dans la tuyauterie , un ours bipolaire , une étoile filante , tout fuit .Mylène, la banquise , l’évier , le temps , la vie mais où est le Plombier.
Une voix d’arrière plan m’interpelle:
Vous avez épuisé votre solde de mots autorisés , veuillez contacter votre opérateur entre 2 lettres pour charger votre compte.
PS: Veuillez excuser , le style , le fond , la forme, la ponctuation ….
.
E
–
Mesdames et messieurs, bienvenue. Je suis Anatole Sagliss, Brillantissime Président Directeur Général de cette entreprise d’élevage de fuites. Et je me réjouis d’être votre guide éclairé durant cette visite.
Nous sommes divisés en plusieurs secteurs et nous voici dans le Number One, premier secteur si vous préférez. Ici nous traitons les fuites de liquides en tout genre, de la simple eau claire aux miasmes les plus purulents. Notre arme anti fuite est la congélation en deux temps trois mouvements qui bloque toute tentative d’échappée belle.
Vous pensez peut être aux fuites de gaz. Nous avons fait le choix de refuser cet élevage qui requiert une logistique lourde et complexe. Mais nous travaillons sur la fuite thermique qui nécessite une obturation totale. Nous ne nous approcherons pas plus car il faudrait s’équiper en oxygène.
Number two, nous voici dans le secteur numéro deux qui concerne la loi. Ici nous élevons les vilains délits de fuite. Ils se heurtent au coffre fort multi blindé qui les séquestre. Nous avons le même système anti fuite pour les fuites de justice, fuites de brevets, fuites de capitaux… Pas évident de se barrer de là, je vous le dis.
Nous arrivons au secteur trois, number three pour les anglophiles. Ici nous travaillons sur les fuites par peur, par frousse, par épouvante et terreur. Tous nos dangers sont propulsés par ce tube d’un mètre de diamètre à la vitesse folle de cinquante kilomètres heure. Notre anti fuite est toujours le coffre fort auquel nous avons ajouté l’œil, énorme, réprobateur, sentencier qui vous jauge vingt quatre heures sur vingt quatre. Et ça marche du feu de dieu.
Nous arrivons au secteur quatre ou secteur de recherche. Nos ingénieurs travaillent inlassablement sur la fuite des jours, des années, du temps. C’est très compliqué mais notre acharnement nous laisse espérer de bons résultats d’ici vingt à cinquante ans.
Mesdames et messieurs, vous avez pu le constater tout au long de cette visite, ce qui fait notre force ce sont nos systèmes anti fuites qui obligent nos fuites à développer des trésors d’ingéniosité, d’inventivité, de créativité pour survivre. Et croyez moi, grâce à nos soins, leur instinct de survie est immense.
Mesdames et messieurs vous l’avez compris, nous faisons dans le haut de gamme, dans l’excellence. Les meilleurs fuites au monde sont celles des Établissements Sagliss. Vous pouvez aussi consulter notre site internet Mais sachez que toute commande en direct à notre boutique bénéficie d’un offre exceptionnelle : pour quatre fuites achetées, nous vous remboursons la moins chère.
Mesdames et messieurs, moi Anatole Sagliss, BPDG des entreprises Sagliss, je vous remercie de l’intérêt que vous nous portez et nous ferons tout pour ne jamais vous décevoir.
Mesdames et messieurs, je vous salue bien bas. Enfin pas trop car j’ai les troisième,quatrième et cinquième lombaires qui bloquent.
A Maguelonne.
Belle visite guidée. J’aime bien. Bonne idée que le travail sur la fuite du temps.
Bonjour, Messieurs Dames , bienvenue à la ferme « Sauve qui peut », le seul élevage de fuites de tout le pays.
Tout d’abord, nous allons visiter la partie « Fuites matérielles », qui a été la première à être organisée. Comme vous le voyez, tout au long de cette galerie sont installés des robinets de toutes tailles et de toutes formes, des tuyaux, des gouttières , des cuvettes de WC, des tonneaux et autres cuves ; ce matériel nous permet d’élever les fuites les plus courantes, fuites d’eau, évidemment, nombreuses et variées, mais également fuites de gaz, fuites d’air, de mazout … Oui, Madame ?………Vous avez raison, ceci est bien une fuite de tuyau d’arrosage, assez commune au demeurant ; elle peut être seule, ou bien clonée en plusieurs exemplaires sur le même tuyau. …Oui, Monsieur ?………A quoi sert cet énorme ballon ? Mais il donne le jour à une magnifique fuite d’hélium! Bon y a-t-il encore des questions ?Non, alors nous allons nous diriger de l’autre côté de la ferme ; nous passons à côté du quartier des fuites corporelles, mais nous ne pouvons le visiter, il est en rénovation actuellement.
A présent, nous sommes dans le quartier des fuites dites immatérielles, parce qu’elles n’ont pas besoin d’objets spécifiques pour exister .Voici donc une belle fuite en avant, puis une fuite de capitaux, en pleine forme ! Nous arrivons auprès d’un groupe important, les fuites éperdues : il y a celle du lièvre devant le renard, celle du renard devant un chien, du chien devant un sanglier, du sanglier devant des loups…Ma préférée,je vous l’avoue, c’est la fuite du chasseur devant une coalition renard / sanglier/loup ! Dernière étape : pénétrons dans ce sombre tunnel, une surprise vous y attend…Marchons sans faire de bruit, doucement, doucement, sinon Il va se réveiller..Qui ça ? Mais Lui..Qui Lui ? Ah ça y est, vous l’avez réveillé, je sens son souffle mortel derrière nous, fuyez, mais fuyez donc !……… »
« Chers téléspectateurs, vous avez assisté en direct à une visite de la Ferme « Sauve qui peut », un élevage de fuites en pleine expansion.. »
Racontez une visite guidée dans un élevage de fuites
Si vous voulez me suivre messieurs dames, voilà quelques conseils pour profiter au mieux de la visite. Pour ceux qui auraient oublié leurs bottes vous avez dans des casiers à votre gauche, quelques sur- chaussures en caoutchouc. Les fuites sont parfois incontrôlables !
Cela fait quelques centaines d’années que je fais visiter cet endroit étonnant, et jamais un accident n’est arrivé mais, on ne sait jamais.
Nous allons commencer par les plus petites, quelques gouttes à peine visibles s’étirant le long des parois de verre, si vous avez téléchargé l’application loupe sur votre portable vous pourrez observer la beauté des reflets bleutés et le frémissement de leurs enveloppes de nacre.
Plus loin vous allez découvrir des rocailles produites par des coquilles d’escargots de nuit. Peu de vous ont dû en observer. Ces gastéropodes nocturnes sont assez rares dans nos régions tempérées ils se développent plutôt dans le grand nord où les nuits sont longues. Ces rocailles en se soudant entre elles produisent, des sortes de réservoirs qui mis bout à bout permettent aux fuites de s’écouler dans la rivière des souvenirs.
Je vois que certains d’entre vous n’ont pas jugés utile de mettre les sur- chaussures ! vous risquez d’avoir des surprises et les pieds trempés.
Devant vous un peu sur la droite un lac se répand, admiré sa couleur d’étain poli vibrant de reflets lunaires, c’est le lac « de la fuite des âmes perdues. » Pour les plus sensibles, vous pourrez détecter une légère odeur de soufre mais rien de dangereux pour vos poumons, je vous rassure. Personne n’en n’est revenu avec de gros problèmes respiratoires (enfin pour ceux qui en sont revenus !) pour les autres…. Ils se réincarnent au fond du lac, ce qui lui donne ces magnifiques reflets ambrés.
Si vous voulez bien continuer nous allons aborder la plus colossale des fuites, la plus remarquable. La fuite la plus haute du monde souterrain, classée au patrimoine de l’éternité. N’ayez aucune crainte, nous conseillons cependant aux parents de tenir la main de leurs plus jeunes enfants afin qu’ils ne risquent pas d’essayer de remonter par les parois glissantes. Il y a toujours des petits imprudents qui essaient de s’agripper pour s’échapper. Il serait dommage que vous les perdiez avant la fin de la visite.
Si vous baissez les yeux quelques secondes vous pourrez apercevoir l’étendue de l’immensité des abîmes nébuleux, des animaux chimériques qui émettent des prières illusoires remplis de convulsions malignes. Vous verrez s’agiter les corps prisonniers des monstres terriens qui ont empestés les siècles avec leurs désirs obsédant de puissance, leur soif de jouissances éphémère et illusoires.
Avant de remonter par l’ascenseur qui est devant vous au fond du corridor rouge, je voudrai vous féliciter pour votre courage, peu de personnes osent descendre si profond vers cette rencontre « des âmes perdues »
Avant de reprendre la route je vous recommande des passer par la boutique proposant quelques souvenirs que vous pourrez offrir à certaines de vos connaissances.
Il y a là, des ouvrages très documentés sur les différentes sortes de tortures, de crimes impunis, toutes les souffrances infligées aux humains par d’autres humains y sont répertoriées avec moult détails et illustrations à la pointe sèche, des eaux fortes d’une rare minutie. Nous avons aussi des films documentaires réalisés, sous le manteau d’une glaçante vérité.
Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite bonne réflexion dans le monde d’en haut.
Ah non ! Ne me parlez pas de cette visite guidée dans un élevage de fuites ! Cela a réveillé un mauvais souvenir blotti dans mon cerveau depuis une quarantaine d’années.
C’était ma première entrée à la grande école. J’avais six ans.
J’allais apprendre à lire et écrire ! Quelle aventure.
J’étais souvent au fond de la classe, le nez collé au mur, coiffé du bonnet d’âne. Je me demandais en quoi cette classe était préparatoire. Elle me préparait à quoi ? J’étais celui qu’on montrait du doigt, dont on se moquait et qu’on insultait. Bernard le bâtard, Bernard le têtard. C’est ainsi que j’ai appris à rêver, à m’évader, à inventer mille aventures. Et un jour, en fin de journée, la maîtresse nous annonça qu’elle nous emmènerait visiter un élevage de fuites.
– Maman, maman, on va visiter un élevage de fuites.
– Un élevage de fuites ?
– Oui, j’en suis sûr. C’est la maîtresse qui l’a dit.
– Tu n’aurais pas mal compris ?
Le père, qui avait entendu notre conversation, ne me laissa pas le temps de répondre.
– Mais, bien sûr, qu’il a mal compris, cet abruti ! Comme d’habitude !
Mon père était italien et maçon. Il avait le sang chaud et il était le pro des taloches.
– Stupide bâtard ! Elevage de fuites ? C’est ton cerveau qui a des fuites ! Idiot du village !
La colère était grande et les coups pleuvaient.
Maman voulut me défendre :
– Tu sais bien qu’il a des difficultés à dire certains mots !
– Toi, la mère, la ferme ! Et toi, petit morveux, tu vas me répéter le mot truites jusqu’à ce que tu le dises correctement.
J’ai essayé !
Je n’y arrivais pas.
Une erreur, une taloche.
C’était le prix à payer.
Finalement, excédé, mon père décupla sa force.
Je tombai sur le carrelage.
Un bruit mat fut mon dernier souvenir.
effrayante cette fuite elel répond un peu à mon histoire , pas terrible ce monde !
elle pourrait etre le prélude à la mienne
( Texte gravé sur le mur d’un blockhaus antinucléaire de la première génération le 42 Febraoût 2056)
Aujourd’hui, 1er Avril, jour de notre fête nationale, nous avons eu l’immense privilège de pouvoir visiter un lieu hautement sécurisé, là bas, au fin fond de la Freurope lointaine, caverneuse, voire ésotérique. On a bandé les yeux à tous les informatistes conviés et entassés dans un miniblub chahuté pendant 3 heures de railles, de poustes et de chomins.
Parvenus sur place, on nous a invité à ne pas ôter nos bandeaux et à prendre connaissance de la première fuite, la commune, la banale, rien qu’à la pointe de notre marteau, le sommet de notre nouvelle ouïe. Les petites fuites prennent naissance, le plus souvent dans des endroits sombres et inaccessibles, au fond de tuyaux antiques, de caoutchoucs synthétiques et de porcelaines fragilisées.
D’après notre roboguide, un classique GR12, on se doit de respecter leur intimité afin d’éviter que, par des gestes brusques ou des cris intempestifs, les fuites ne s’agrandissent, entraînant des fêlures plus importantes et d’inévitables débordements hors de leurs nids protecteurs.
Dans la salle suivante, nous ont été présenté toutes les variétés d’écoulements. Débarrassés de nos Bandex (Made in Albanie), nous avons pu comparer le ruissellement de quelques barrages thermoéoliens, les égouttements des plus importantes de nos cités parallèles, les débordements aléatoires de nos fosses englouties et les suintements de diverses centrales nucléaires.
Nous n’avons pu visiter la salle des hémorragies hospitalières, bouclée à cause d’on ne sait quelle priorité intercontinentale.
Malgré notre discrète insistance, on nous a fermement démenti l’existence d’un laboratoire tourné vers l’amélioration des souches de fuites d’archicapitaux.
Dans la dernière salle, le ton a changé. Le service de Sécurité Niveau H3 ne nous a pas expliqué pourquoi tous nos Photaroids, nos Khamerhas, smallphones et carnets de mots allaient nous être confisqué puis brûlé dans le Grand Four Refondateur, celui qui produit les Zarmes.
Tout élevage de la Nouvelle Génération possède ses forces et ses faiblesses. Leur parintendance directionnelle, par crainte d’une épidémie de grippe avariaire avait décider de colmater tous les risques rouillés de la propagation informactive.
Après un stockage de 24h en chambre froide, il nous fut rapidement affiché, selon les droits de l’Etre, l’organisation rapide de notre perte.
GLOUP !
(cri de révolte, réutilisé par les branches SSE (Sud sud est) de la corporation des OUTSIDERS dès la chute du Tyran NOZOR III.)
L’ambiance était morose. Fuyant la routine, ils avaient rejoint le pub.
– Je ne sais pas comment l’histoire a commencé, dit Rocco : on parlait des giboulées de mars. « Cette année, elles sont en avance. C’est Paris le Fugueur qui a répondu en plaisantant : « C’est la fuite en avant… » et pour détendre l’atmosphère, Kamal l’Esquive qui ne sait pas trop esquiver vu son surnom, a rajouté : »…où à Varennes. Ca n’a pas plu à l’Artiste toujours en recherche de sa ligne de fuite, fan d’histoire de France, les yeux courroucés, il a dit : « Ca n’a rien à voir, sans Drouet, la fuite n’aurait pas été découverte… »
On voit tout de suite que l’allusion ne t’a pas plu, reprit Rocco à son frère. C’est quand Eugène a parlé de capitaux que l’affaire est devenue un peu plus sérieuse.
– A quatre, au lieu de vous disputer, vous pourriez vous rendre utiles, vous grouper et financer un moyen pour recueillir les fuites puisqu’on a un bac sous la main. Seulement, il faudrait n’en parler à personne. Pas de fuites s’il vous plaît. Sur le terrain de Jo. ( Tout le monde l’appelait Jo mais en réalité, il s’appelait Joël. Il avait soi-disant participé à plusieurs cambriolages. Faute de preuves, toutes ses affaires avaient été classées sans fuite. Aux oubliettes !) Il était considéré comme Le Spécialiste. Où est-il maintenant ce Jo insaisissable ? toujours en goguette !
– On a toujours son bac. C’est l’essentiel.
– Mais Dan a tiré dedans avec sa 22;
– Non, c’était avec la carabine à plombs. Il n’y a pas de problèmes, aucune fuite.
– On ne parle pas du même bac. Bon ! Récapitulons. Comme Jo a le bac, je ne sais pas comment il l’a eu d’ailleurs, il faudrait réunir un condensé de toutes les fuites qu’on peut récupérer. Embaucher un hacker russe, par exemple, il parait que ce sont les meilleurs. Pour la fuite des capitaux, Dan travaille dans une banque. J’espère qu’il ne commettra pas un délit de, comment dit-on déjà ? de dérobade, comme la dernière fois. Je sais qu’il a un problème de prostate mais quand même !
– Et après ?
– Après quoi ?
– Après, on s’enfuit aux îles Croco.
– Le paradis !
Avancez M ‘sieurs Dames… Avancez.
Là, c’est la fuite du mariage de Jésus avec Marie-Madeleine.
Elle s’est légèrement répandue en chemin mais on a pu l’arrêter et la mettre sous cloche. Voyez elle n’a plus bougé depuis !
– Oh ! Oh !
Là, c’est la fuite du Père Noël qui n’existe pas.
Celle-là, on a eu du mal à l’élever. Maintenant ça va, elle se tient tranquille, mais c’est au mois de décembre qu’elle est particulièrement agitée et qu’elle essaie de s’enfuir !
– Oh ! Oh !
Là, c’est la fuite du tableau de Millet copié par Van Gogh. Là encore, nous avons eu beaucoup de difficultés. Elle s’est échappée puis avec le temps elle s’est laissée apprivoiser, et maintenant elle sait se faire oublier.
– Oh ! Oh !
Là…là…Attention, c’est la fuite de l’année !
– Aaaaah ?
Je ne peux pas vous la monter parce qu’on vient juste de nous la confier et elle n’est pas encore étiquetée.
Ce que je peux vous dire c’est qu’elle va en faire flipper plus d’un.
Mais nous serons vigilants !
– Oh ! Oh !
Allez M’sieurs Dames, circulez maintenant, on va fermer.
– Et ça M’sieur qu’est-ce que c’est ? Regardez cette étiquette : « placebo vaccin » C’est quoi M’sieur ? C’est quoi ?
Racontez une visite guidée dans un élevage de fuites
Par ici messieurs dames. Bienvenue à vous tous ! Prenez garde tout de même au chemin, une fuite d’eau cette nuit a rendu le chemin particulièrement boueux.
Voici ce qui vous attend aujourd’hui au cours de nos déambulations. Attention à votre tête en entrant, le plafond est bas…
D’ailleurs on a longtemps cru qu’ainsi les fuites pouvaient s’échapper plus facilement sans se faire remarquer mais il n’en est rien. Le grand naturaliste, Louis Derien prouva qu’elles se calaient au sol en attendant les courants d’air provenant des fenêtres plutôt que de filer à l’anglaise.
Nous verrons ensuite dans l’enclos d’à côté, les bruits qui courent, qui connaissent une natalité exponentielle ces derniers temps. Les vétérinaires s’interrogent d’ailleurs à ce sujet, ils n’ont jamais vu ça. De l’autre côté du chemin les bruits de couloirs sont plus accessibles et très volubiles à la nuit tombée ou dans la pénombre. Ce sont des animaux plutôt nocturnes. Il faut s’en méfier car ils peuvent être complètement malveillants.
Quant aux rumeurs, ce sont les pires. Nous ne rentrerons pas dans leur enclos car leurs morsures peuvent être mortelles ou du moins faire beaucoup de mal. Ce sont des fuites d’un genre très commun malheureusement. Vous en avez tous, je parie, entendu parler ou été la proie de l’une d’elle. Elles ne craignent pas l’homme et n’hésitent pas à les attaquer. Leur espèce n’a jamais été menacé et le comité d’éthique s’étrille régulièrement sur l’utilité de leur existence.
Si vous avez pris la visite complète, vous me suivrez dans le bâtiment derrière vous ou un autre genre de fuites nous attendent, un peu plus triviales peut-être mais bien réelles ! Nous en avons tous été victimes ou le seront un jour ! Et vous allez voir, vous allez apprendre des choses étonnantes !
Pour mieux les connaitre et casser quelques clichés, allons-y et ne craignez rien ! Le bâtiment est équipé d’une aspiration spéciale qui neutralise les odeurs !
Si je devais décrire mon métier, je dirai que je suis éleveur, éleveur de fuites. Les fuites font souffrir, toujours, même si elles sont parfois indispensables. Alors, les gens me confient leur fuite, pour que je les élève, dans tous les sens du terme, pour que la douleur ne soit pas vaine, pour que les pleurs délavent le chagrin comme la pluie dilue la poussière.
Depuis le temps, je les connais bien les fuites. C’est normal, je vous l’ai dis, je les élève. Elles sont de différentes sortes, des plus banales aux plus douloureuses. Mais, laissez moi vous faire visiter mon petit élevage !
Les plus courantes sont les fuites en avant, celles qui retiennent beaucoup plus qu’elles ne libèrent. Celles là, il s’agit de les stopper, elles sont délétères et ne mènent nulle part. Des fuites sans destination, des fuites inutiles. Stopper leur croissance avant qu’il ne soit trop tard, avant que tout retour en arrière soit interdit.
Et puis, il y a les fuites de survie. Fight or flight. Celles qui envolent les gens, le cerveau reptilien aux commandes. Celles là, il faut les nourrir, les encourager, les consoler. Elles sont fragiles comme une femmes battue, hésitantes comme un enfant abusé, désespérées comme un migrant.
Les fuites alarmes sont délicates à manier tant elles sont complexes. La fugue de l’adolescent, le burn-out de l’homme d’affaire, le cancer de la femme malheureuse. Le corps qui fuit, qui lâche, qui prévient, qui s’efface, qui alarme sur une réalité blessante. Pour bien les élever, il me faut les écouter avec bienveillance.
Enfin viennent les fuites de matières, les tangibles. Les matérielles, fuites de gaz qui implosent des vies, fuites urinaires qui humilient. Les immatérielles, informations interdites diffusées par des lanceurs d’alerte. Plus ou moins graves, elles font souffrir le sujet. Il me faut les remettre à leur place, les contenir, les relativiser.
Je suis éleveur de fuites,
Je suis psychiatre…
Bonjour, je suis votre guide. Je vous souhaite la bienvenue dans « le musée de l’élevage de la fuite », unique au monde. Comme vous pouvez le constater, ce dôme en verre a été construit sous la mer, grâce au mécénat de son Altesse Mario, le roi du colmatage des écoulements. Avant de commencer notre parcours, je vous remercie de ne jamais divulguer les secrets de ces lieux. Afin d’éviter l’évasion de cette technologie de pointe brevetée, je vous demanderais de signer une attestation sur l’honneur. Que ceux qui ne sont pas d’accord, quittent les lieux, sans remboursement du ticket d’entrée… Je vois que tout le monde approuve, alors commençons notre circuit.
Après avoir parcouru des dédales de tunnels, les visiteurs en avaient plein les pattes, les yeux et les oreilles à regarder, sans les voir, des trous, des fissures, des tuyauteries rouillées, d’écouter, sans la comprendre, de la philosophie sur les fuites en avant, sur les disparitions inquiétantes irrésolues, sur les échappements des gouvernements pris de danse de Saint Guy.
Tout à coup, un grand craquement fit apparaître d’innombrables brèches sur le dôme. Ce fut la débâcle générale. Plusieurs personnes disparurent corps et âmes dans des puits sans fond, d’autres se serraient les uns les autres en hurlant, certains trouvèrent des masques de plongée. Le guide invita au calme, mais rien n’y fit. Puis, la porte d’entrée explosa sous la pression des flots et,
Marie se réveilla inondée de sueur et se fustigea d’avoir maté « Titanic », pour la énième fois afin de se changer les idées, seule dans son canapé.
– « Françoise, viens voir »
Dans mon petit short d’enfant, l’air pur de haute montagne, en début de journée est délicieusement frais sur mes cuisses à l’ombre des grands mélèzes. J’aime écraser de mes sandales les petites touffes d’épines au sol. Leur parfum tenace embaume les lieux.
– « Françoise, ils ont vidé la piscine ; viens voir »
L’immense rectangle carrelé scintille au soleil. En effet, il ne reste plus, sur la pente inclinée que l’eau déversée par les jets émis de la paroi la plus haute. Cela ressemble à des fuites de différentes intensités qui coulent ensuite sur la pente.
Je descends prudemment le long de l’échelle métallique. J’ai envie de savoir si l’eau des fuites est froide.
Françoise du bord du bassin m’invective :
– « Fais gaffe à pas tomber. Y a pas d’eau, c’est dangereux ! Et pis, t’as pas enlevé tes lunettes… »
Je remonte dare-dare sur le bord et cours jusqu’à notre chambre déposer mes maudites lunettes.
Françoise, s’est assise sur le bord, près de l’une des fuites et, de ses pieds, asperge les alentours. C’est joli les gouttes irisées qui s’envolent près d’elle.
J’ôte sandales et short et descends vers le fond du bassin. Je me sens toute petite dans ce trou. C’est curieux qu’il n’y ait que nous, là où les autres jours, nous étions si nombreux. Je rie de contentement et de crainte d’être entrain de faire une bêtise. Mon rire résonne entre les parois. C’est magique. Je chante ce qui me passe par la tête, histoire d’expérimenter cette amplification des sons.
Je me rapproche des jets d’eau. Ils sont de différentes intensités. Je tente de goutter l’eau qui sort de l’une des petites fuites. L’eau m’éclabousse la figure ; je recule. J’ai horreur d’avoir de l’eau dans les yeux.
Françoise descend me rejoindre, vêtue d’un maillot de bain Tenue que nous gardons en permanence sur nous depuis le début du séjour ici.
Je m’assieds sur le carrelage mouillé et tente de dévaler cette pente comme sur un immense toboggan. Les fuites d’eau favorisent la glissade qui me donne des sensations de vitesse et de liberté. Je tente de garder l’équilibre sur les fesses sans trop de succès. Françoise s’est lancée à son tour sur la piste et a opté pour la glissade sur la cuisse, plutôt que sur son postérieur. J’imite et réalise que le résultat est autrement plus probant. Nous cherchons à diversifier nos descentes, tantôt la tête en avant, tantôt sur le dos. C’est pas mal, ainsi sur le dos, je ressens le carrelage qui chatouille agréablement ma peau. Je plisse les yeux pour voir en dépit du soleil qui surplombe la scène. C’est grisant ce jeu inédit.
Trois de nos parents sont partis aux aurores en montagne. Seule maman est restée avec nous. Elle ne viendra pas limiter nos ébats, elle profite, elle aussi, de l’absence des autres adultes pour faire ce dont elle a envie, c’est-à-dire se dorer au soleil.
Après un long temps d’expérimentation du fond du bassin, de courses à celle de nous deux qui arriveraient la première, au bas de la pente, je me baisse et fais pipi sans retirer mon slip de bain. La petite fuite jaune s’enfuit devenant verte sur le carrelage bleu.
Au fil du temps, nous expérimentons tout ce qui nous parait possible. La douche sous les différentes fuites, le chant à pleine voix qui prend une puissance inédite, etc.
Maman vient nous chercher pour le repas et découvre notre euphorie après tant de découvertes.
Ce soir, nos cuisses ont perdues la surface de leur peau et nous cuisent comme des brûlures.
C’est pas grave, ca en valait la peine !!
Varennes le 30 janvier 2021
Chers clients et néanmoins amis,
c’est avec le plus grand regret que je dois annuler la visite guidée prévue pour dimanche prochain, à laquelle vous aviez été nombreux à vous inscrire.
Notre guide,qui devait vous accompagner, est en fuite avec nos capitaux,et jusque là ,introuvable.
Je vous adresse donc, avec toutes mes excuses,un catalogue succinct de nos différentes fuites,garantie élevées selon les normes ECF355QIM 2822 en vigueur actuellement.
– La fuite en avant:
spécimen remuant très en vogue, convenant à des gens dynamiques et sans attaches
– La fuite devant ses responsabilités:
de la même famille que la précédente, mais avec un petit côté assez lâche et inconséquent
– La fuite devant l’ennemi:
nous sommes toujours dans la même catégorie.Plus connue sous le nom de « courage-fuyons » .A recommander aux personnes aimant leur tranquillité.
– La délit de fuite:
La encore race peu courageuse,n’assumant pas ses malversations mais pouvant être très reconnaissante envers ceux qui la recueillent.
– La fuite à toutes jambes:
une sportive qu’il faut bien avoir en main sous peine de la voir disparaitre définitivement.
– Prendre la fuite sans demander son reste:
à tenter si vous n’êtes pas du genre à vous attacher.
Voilà un premier aperçu de ce que nous avons en magasin.
La photo accompagnant chaque espèce de fuite rend bien hommage à leur caractère,regard fuyant,longues jambes,échine courbée.
Cependant,si vous savez les mettre en confiance,leur apporter beaucoup d’amour,une nourriture abondante et variée,il n’y a pas de raison de ne pas en faire des compagnes stables,fidèles,sachant apprécier et rechercher votre compagnie .
Vous trouverez nos tarifs en fin de catalogue.Soyez aimables de nous tenir au courant du devenir de, la ou des fuites que vous avez choisi. Avec mes remerciements
Le Directeur
🐀 EN LIGNE DE FUITES+🐻
En tête les Fuites en avant.
En queue les pétaradantes : celles de gaz de toute nature.
Les Flatulences à échappement libre s’en donnent a cœur joie.
Et enfin, nettoyant le terrain : les Fuites d’Eau.
Dans cette vaste nature montagneuse nous avons fait la connaissance de quelques points : Les Culminants qui se prenaient pour des points Forts, quelques Points virgules échappés de ma feuille faisaient des croches pattes à des Fuyards pour les remettre à l’endroit.
Ça bringuebalait pas mal et dans la troupe les Points de Côté flanquaient la pagaille.
Nous en étions au point de rupture et n’étions pas près de rejoindre la Ligne de Fuite. Horizon pour nous perdre à l’infini.
Gardons le moral, faisons un pet pour nous ébattre mais je ne suis pas sûr que nous sortions grandis de cette promenade à tous vents!🐀
🐻 VISITE À FUITES
Oui, je le suis. Guide touristique. Jeu monte le dernier, descend le premier de l’autocar. À Paris, à Rome ou Naples, partout où il y a des fuites, j’y suis.
Singulier métier dont la vocation incoercible m’est venue à Loches. Impressionné par la visite des souterrains, j’étais étreint d’une délicieuse angoisse.
Le roi Louis XI avait, dit-on enfermé de ses ennemis préférés dans des cages et leur rendait visite tous les jours. Il en restait une, en parfait état de marche. Vide. J’imaginais cet » in pace »après nettoyage et remise en état par le forgeron du village sous les directives d’archéologues.
Désormais, je fais visiter les catacombes, les plombs de Venise, le téléphérique du Sinplon, tout ce qui ce balance dans le vide. Les Mines du Nord, après la cage des pendus, une descente vertigineuse, des galeries pour chercher la veine. À la fin, j’exhorte mes ouailles à entonner le ‘ de pronfondis ‘, j’encaisse leur obole, un générique de faim, car à tout, il faut une échappatoire 🐻
Quelle joie de voir la navette spatiale en forme de gros nuage se mettre en position géostationnaire au dessus de mon jardin. J’accours pour me.positionner sous le faisceau lumineux afin d’être remonter dans le vaisseau et retrouver les 9 autres personnes choisies pour aller visiter l’élevage de fuites.
Depuis que j’ai pris conscience mon pouvoir à les reconnaître et les attraper, les chamanes du ciel sont rentré en contact avec moi pour me proposer de comprendre comment ils font naître et grandir les fuites: ces pensées imaginaires qui viennent survoler nos petites têtes avant de se laissaient attraper et alimenter les pensées, de nous autres les humains.
Et oui, Les chamanes élèvent les fuites pour leur permettre de s’échapper et d’inonder la terre afin de satisfaire nos cerveaux tellement gourmands de pensée en tout genre.
C’est parti, le nuage derive. Nous sommes au complet. Je comprend alors que nous allons être chacun accompagné par un chamane pour nous expliquer comment élever une fuite. Mon guide pour ce voyage s’appelle Chama lo. Sa spécialité est de créer des fuites avec des brins de bonheur.
Le chamane m’ expliquet d’abord que les fuites sont des brins de pensée messager invisible fabriquée a partir d’énergie cosmique qui permettent de faire naître toutes nos pensées dans notre imagination.
Il me propose de me faire une démonstration.
chama lo me demande de m’asseoir près de lui. Il me regarde, sourit puis se met à decrire avec ses mains un grand cercle face à lui. Je comprends alors qu’il est en train d’ouvrir l’espace temps. Il plonge son avant bras dans ce qui me paraît être un miroir flouté qui flotte au dessus du sol. Après quelques secondes, il ressort methodiquement des formes géométriques semblables à des hyeroglyphes. Ces formes sont près de nous en suspension elles aussi. On dirait un énorme.puzzle flottant et lumineux.Ce qu’il me.montre est hallucinant, je suis bouche bée.
Avec beaucoup de dextérité et de vitesse, je le vois assembler des formes entre elles les unes après les autres puis avec un breve expiration les renvoyer dans le miroir flouté.
Chama lo m’explique alors qu’ils vient de créer des fuites. Ils me fait comprendre qu’ils les a créé puis les a guider dans son pâturage spirituel pour les laisser grandir.
Chama lo m’explique qu’il n’y aucune règles. Ces fuites vont grandir puis naturellement s’échapper attirer par l’énergie dégagée par la Psyché des humaons. Elles vont venir flotter au dessus de la têtes des humains. Leur destin est d’être attrapé par les pensées de nous les hommes pour nous aider à rêver, imaginer et créer le monde de demain. C’est pour cela qu’on appelle cela l’élevage des fuites. Un élevage spirituel de petits brins de pensée que s’échappent pour notre plus grand bonheur
Visite guidée dans un élevage de fuites
Mesdames, messieurs, pour commencer cette visite, je vous demanderai de vous réunir au centre de la cour, et de rester près de moi de façon à ne pas vous évader.
Vous êtes devant le grand escalier dérobé qui reçoit chaque semaine, son lot d’escapades.
Quand elles nous sont livrées, les fuites ne sont encore que des fugues, pleines d’esquives et d’éclipses.
Là, elles sont défaites, et mises en déroutes pour devenir de grandes échappatoires.
Parfois, elles subissent des reculades, consécutives bien souvent à des crises de panique et certaines font volte-face. Nous organisons alors, des séances d’entrainement à l’évasion.
Nous voici maintenant dans la salle des oubliettes. C’est dans ce lieu que l’on nourrit les fuites, avec de la poudre d’escampette.
Nous entrons à présent dans le parc de dispersion où les fuites finissent de tergiverser.
Et enfin l’issue de secours où elles sont abandonnées à leur sort vers le sauve qui peut.
A l’issue de cette visite je vous invite à passer à la boutique où vous pourrez admirer nos plus beaux spécimens d’échappées belles.
Et bien voilà, que dire de plus? Bravo!
Merci pour le pourboire Iris
La plage rouge était vide. Seule attendait mon guide : Nathalie. Le sable était riche en fer. L’enfer était dans les yeux de Nathalie. Elle racontait la rivière aux élèves de ma classe. Des gestes très classe illustraient les paroles de mon guide, de Nathalie. Je buvais la suite des mots qui sortaient de sa bouche, une fuite de mots sans suite que je n’entendais pas. Je dévorais les lèvres de mon guide : Nathalie. Les mots se déformaient dans mon imaginaire. Il était question de fuites saumonées, des fuites qui filaient sous mon nez en eau froide. Lorsqu’il fut question de musique, la fuite de Schubert me laissait craindre de faire chou blanc. Aimerait-elle ma musique, Nathalie ? Moi qui n’étais pas classique, pourrais-je lui servir de guide, à Nathalie ? Comme je préférais la Country, j’avais peur d’être contré par une musique qu’on sert tôt plutôt que de lui faire écouter jusqu’à tard un Johnny qui serait un peu trop Cash. Oserais-je lui en parler ou bien allais-je prendre la fuite au terme de la visite guidée ? Je me posais la question pendant qu’un banc de fuites offrait un dos arc-en-ciel aux regards émerveillés des enfants et au sourire conquis de notre guide : Nathalie. Lorsque son exposé prit fin je ne la laissais pas s’en aller car je me décidais enfin. Je l’entrainais à l’écart. Je remontais le courant des pensées qui mettaient des papillons dans mon ventre pour pondre une phrase d’accroche cœur. Lorsque je comparais la beauté de mon guide à celle de Shana Twain elle me concéda de faux airs de Tim McGraw. Nos rires se confondirent avant de convenir d’un rendez-vous. Point de Michelin pour me servir de guide. Je l’emmenais dans un petit bistrot pour partager une truite aux amandes sur une nappe à carreaux. Lorsque mon baiser effleura ses lèvres elle ne me mit pas à l’amende. Elle me le rendit avec plus de profondeur. Je sombrais alors dans des abîmes de plaisirs avec celle qui allait devenir pour la vie mon guide : Nathalie.
Pour Blackrain Très romantique. Bravo. Une belle atmosphère.