467e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
Née au printemps, elle avait passé l'été au milieu d'une ramure, sans jamais être vue.

Née au printemps, elle avait passé l’été au milieu d’une ramure, sans jamais être vue. Désormais, ignorée au pied d’un arbre, elle se morfondait. C’est alors…


23 réponses

  1. oholibama dit :

    Elle avait passé l’été au milieu d’une ramure sans jamais être vue. Aujourd’hui’ , ignorée au pied d’un arbre, elle se morfondait.
    Le froid mordait plus fort qu jamais, le vent se glissait sous les feuilles, les faisant tournicotaient dans tous les sens…un vrai manège à tord boyaux. La pluie tombait tout doucement , bruine parmi la brume.

    Elle se souvint.
    J’étais une fille de l’air, d’une bourrasque impétueuse,le vent se mécréant m’a avec quelque unes de mes soeurs fait devenir une fille de la terre…quelle déchéance!

    J’avais un magnifique point de vue de là-haut, une mouvance douce, enivrante, bercée par les tendres attouchements de mes soeurs ou celui plus revanchard du vent. Celui-ci pouvait être agréable, doux, mais aussi froid, cruel, mordant.

    Nous avions encore le temps, nos couleurs encore nimbée de ce vert tendre, pas de cloque, pas de flétrissement, juste quelques petites tâches de couleur orangé, jaunâtre…pas de quoi nous envolées… Alors pourquoi a t’il jouer avec nous?

    Pourquoi s’est ‘il mis en colère contre nous_fouaillant entre nos branches, nous secouant à droite,à gauche,en travers, frappant avec force contre nos pauvres forces? Nous, me voila sur ce sol ou des pas nous fauchent, nous écrasent, nous broient.

    Certaines de mes soeurs se sont retrouvés écartelées, agressées , déchirées ne restant d’elles que leurs squelettes en dentelle. Elle, elle ne devait sa survie qu’à un hasard de ce même lourdaud de cent,plaquée contre le tronc de son arbre mère, elle n’était pas en danger mais…cela ne pouvait durer.

    L’homme ce deux pattes inélégant s’en venait avec sa machine infernale. a grand coups de vent mécanique, toutes les feuilles furent rabattues afin de ne faire plus qu’un gros tas mourant. Des pelles les enlevèrent et les déposèrent dans une bene immonde.

    Elles disparurent ne laissant derrière elles que le vide et l’incertitude. qu’allaient telles devenirs? des questions qu’elle pauvre feuille verte plaquée contre son arbre mère se posaient et elle…ou allait ‘ elle finir sa triste vie?

    Un cri, des pas, des rires, des exclamations, une main potelée la retira délicatement de son arbre mère. Avec des exclamations de joie toute enfantine la voix retentit: » Regardes celle-là maman, elle est si belle, elle a encore sa couleur. Elle est parfaite, glisse -là dans le livre maman, je veux qu’elle soit mise dans mon herbier…regarde maman quelques teintes commençaient à se formés…quelle beauté ».

    Doucement une grande main déposa entre deux pages douce et fraîche la pauvre feuille toute tremblante. Quelques semaines plus tard, l’enfant tout fier montra à ses camarades de classe son herbier d’automne. Il commença par la dernière page expliquant ou et comment il avait avec sa maman ramassé telle ou telle feuille.

    Lorsqu’enfin il arriva à la première page, ses camarades s’exclamèrent: » Oh elle est encore verte pourquoi? »
    L’enfant ravi y alla de sa petite histoire; racontant que l’arbre avait continué à nourrir sa feuille jusqu’à ce que sa maman et lui la trouve, que pour le remercier…elle avait gardé la fraîcheur du printemps.

    L’enfant eut un franc succès cela va s’en dire…
    y.l.
    Sur une idée de Pascal Perrat.

  2. françoise dit :

    Née au printemps, elle avait passé l’été au milieu d’une ramure, sans jamais être vue. Désormais, ignorée au pied d’un arbre, elle se morfondait. Apercevant le ciel à travers les branches de son arbre, elle s’aperçut qu’il n’y avait plus aucune fleur. Toutes l’avaient abandonnée, elle en fut bouleversée et se mit à pleurer des larmes de rosée. Qu’allait-elle devenir ? Jamais de sa vie elle ne s’était retrouvée seule. Soudain elle entendit une  voix qui murmurait « ma chérie je t’aime ».A ses mots sa tige se redressa, l’homme la prit et l’offrit à sa bonne amie qui en faisant la grimace lui dit qu’elle n’aimait que les fleurs noires . Qu’à cela ne tienne lui dit-il et il alla chercher une tulipe noire qui faisait partie d’un beau massif ; non ce que je veux c’est une fleur blanche  lui dit-elle. A ses mots, et heureusement pour elle il se rappela le vers d’ANOUILH :
    « On ne doit jamais battre une femme, même avec une fleur »
    Blessé, il partit sans se retourner et la fleur ne voulant pas le quitter, chaussa ses chaussures de marche et mit ses pas dans les siens, le coeur à l’ouvrage. Elle savait qu’elle n’irait pas bien loin , que c’était son premier et dernier voyage mais comme disent les jardiniers « les plantes crèvent mais les roses meurent ». Peu de temps après, ceux et celles qui levèrent les yeux au ciel aperçurent une fleur couchée langoureusement sur un nuage.
    ———————

  3. Petite feuille au bois dormant

    Au pied du grand chêne
    la petite feuille se morfondait
    rouge de plaisir, elle s’était
    envolée lors d’une risée
    alors qu’elle était bien bronzée
    Allait-elle finir dans ce tas de fumier
    qui s’amoncellait en bas du tronc
    au pied de son père nourricier
    au milieu de toutes ses sœurs
    qui pleuraient, qui se lamentaient
    parce que leur vie finissait
    et que le vent d’automne encore éparpillait ?
    Non !
    Profitant d’un souffle un peu plus appuyé
    du grand vent du Nord qui se déployait
    la petite feuille réussit à s’échapper
    Sur la cape bleue d’ Emilie
    qui ramassait un bouquet de feuille
    elle vint doucement se coller
    « Petite feuille, Comme tu es jolie »
    dit Emilie en passant son doigt
    autour de son tour dentelé
    Tu ressembles à de la soie
    Viens avec moi !
    Le petite feuille ravie
    suivit de bon gré Emilie
    Et depuis ce jour béni
    elle trône avec assurance
    a la page « renaissance »
    d’un gros Larousse jaune
    qu’Emilie affectionne
    Parfois elle change de page
    mais toujours elle apprend
    les mots qui font du tapage
    dans son cœur de chêne chouan
    de petite feuille au bois dormant.

    Lecrilibriste

  4. RENATA dit :

    C’est alors qu’il se glisse , se faufile sous elle et commence à souffler , légèrement puis de plus en plus fort . Elle se soulève . Elle décolle !
    Elle le reconnait , c’est lui qui l’a détaché de sa branche , il y a quelques semaines . Ils s’étaient bien amusés .
    Elle le retrouve avec joie et décide de le laisser faire ! il la porte et la transporte . Il s’éloigne un instant et avant qu’elle ne retombe il la relève . Elle monte , redescend , pirouette , fait des loopings .
    Elle se souvient de sa jeunesse quand ils jouaient ensemble et qu’elle lui résistait , bien attachée à son arbre .
    Il lui revient pour une dernière danse .
    Elle monte de plus en plus haut , surprenant les oiseaux qui la connaissent bien , elle a abrité leurs amours . Quelques insectes se posent sur elle et , elle devient tapis volant transportant Aladin et Yasmine en orient . Elle traverse fumées et brouillard , un peu désorientée , il la guide . Elle fait courir les enfants qui veulent l’attraper mais , un bon coup de vent lui permet de leur échapper .
    Soudain , elle le sent s’adoucir , elle se laisse aller , nul besoin de résister ni de se retenir c’est la fin du voyage . Délicatement il la dépose au centre d’un nid occupé par des moineaux . Elle aime tant les animaux . Quel bel endroit pour passer l’hiver , en bonne compagnie et au chaud .
    Il est temps de se séparer , une bise , l’air de rien et dans une dernière rafale il s’éloigne .
    Peut-être reviendra t-il lui tourbillonner autour !

  5. Blackrain dit :

    Après avoir passé deux saisons dans la ramure la feuille était à présent mûr pour les rats, présent dentelé pour servir de couverture à tous les rongeurs du sous-bois. Elle était tombé biens bas, emportée par le souffle du vent d’automne. Ô rage Ô désespoir Ô tonne ennemie de l’eau qui pleure d’avoir perdu l’été. Les « racines » lui racontaient des « mots lierres » pour adoucir ses maux. Elle avait perdu sa belle couleur d’espoir pour se retrouver marron avec sa robe brune. De vert absinthe en vert bouteille, elle avait trinqué. Elle avait pris de l’ambre pour se basaner de bronze, de bistre, de brique et de brou de noix jusqu’à devenir blet. Elle aurait voulu naître légume pour éviter qu’elle ne fane. Plongée dans les limbes de son désespoir elle se voyait partir en vrille pour devenir plante grimpante, ou bien se gorger d’eau pour devenir succulente. N’importe quoi pour survivre, même sous une autre forme. Elle revoyait sa jeunesse, lorsque la cellule ose quelque soit le tissu. Elle n’était que respiration le jour et transpiration la nuit, jouissant de l’éclat du soleil jusqu’au plus profond de ses nervures. Après avoir été aérophile, elle était devenue chlorophylle avec ces pluies devenues acides. Elle s’était donné pour mission de clore ces halos gènes pour l’homme. Comme nombre de ses congénères elle luttait contre ce que les cons génèrent. Elle estimait que ce travail à la chêne était devenu sa mission, même si c’était un sacré bouleau. Se mourant au pied de celui qui lui avait donné vie, elle se consolait en devenant sa nourriture. Ainsi, il allait bientôt cesser d’être bougon au sortir de l’hiver pour donner de robustes bourgeons capables de coiffer sa ramure d’une magnifique parure.

  6. Clémence dit :

    Née au printemps, elle avait passé l’été au milieu d’une ramure, sans jamais être vue. Désormais, ignorée au pied d’un arbre , elle se morfondait. C’est alors…

    Depuis ce matin, une petite phrase, venue d’on ne sait où, la hantait.
    En ouvrant en grand la fenêtre de sa chambre, elle pensa « « On ne sait jamais… »
    Un peu plus tard, à peine avait-elle porté son bol de café à ses lèvre, elle pensa « On ne sait jamais… »
    En épluchant les légumes, elle se surprit à chantonner « On ne sait jamais… »
    Et toute la journée s’était déroulée en compagnie de ce refrain devenu lancinant.

    Le carillon sonna dix-sept fois…« On ne sait jamais quoi? » se dit-elle à voix basse en boutonnant son manteau. Le bonnet enfoncé jusqu’à ses yeux, l’écharpe enroulée autour du cou, elle s’empara de son parapluie . « On ne sait jamais… »
    Elle tourna la clé de la serrure, l’enfonça au fond de sa poche et posa un mouchoir par-dessus. Elle faillit redire une fois de plus « On ne sait jamais », mais elle se retint à temps.

    A l’entrée de la forêt, dix-sept minutes plus tard, une pluie automnale commença à tomber. Elle leva les yeux : il y avait juste un tout petit nuage au-dessus d’elle. Elle en conclut que cela ne durerait pas. Mais, il n’en fallait pas plus pour qu’elle se pose une question : « Pourquoi lève-t-on les yeux vers le ciel quand il se met à pleuvoir ? »
    Un sourire illumina son visage. Elle se dit que sa tête tournait encore à l’endroit pour poser une telle question. Alors, une autre question déboula , chassant la première. « Pourquoi est-ce que l’on dit : à l’endroit ou dans le bon sens, pour quelque chose qui semble correct ? »

    Sur le chemin, les feuilles rousses s’affalaient doucement. De temps à autre, une goutte de pluie se transformait en perle mordorée.
    – Bien, se dit-elle, on lève les yeux vers le ciel quand il pleut, on dit que ça tourne dans le bon sens quand ça va. Mais alors, quand on a de l’imagination, on a la tête qui tourne à l’envers ? Et on regarde par terre pour voir s’il pleuvra encore longtemps ? Décidément, cela n’a aucun sens…

    Elle continua sa promenade, perdue dans ses pensées. Elle trouva que la vie était aussi étrange que de vouloir faire entrer un cube dans une sphère…à moins que ce ne soit l’inverse…C’est alors qu’un rayon de soleil audacieux creva le petit nuage et format un halo lumineux au pied d’un grand chêne.
    Cette vision lui rappela une scène, celle où elle avait été danseuse. Mais elle s’empressa de gommer ce souvenir trop douloureux. Elle se concentra sur le halo de lumière.
    Au centre, une tourterelle estourbie.
    – Mais que fais-tu là ? Tu n’es pas à ta place…
    La tourterelle tourna doucement son cou, cligna des yeux et roucoula :
    – Je suis née au printemps et j’ai passé tout l’été dans la ramure, avec mes amies. Sans jamais être vue. On s’y amusait, incognito ! Mais c’était sans compter…
    – Sans compter …?
    – La chanteuse…
    – Quoi, la chanteuse ?
    – Olympia, elle s’est cassé la gueule alors qu’elle chantait sur sa balançoire accrochée dans la charmille…
    – Ah !!!
    – Ah, tu trouves ça drôle ? Elle m’a balancé un coup de pied… et vlan ! Par terre.
    – Oh….
    – Le malheur, c’est que je ne sais plus roucouler, je ne sais plus voler, je suis bonne pour la casse….
    – Ne désespère pas, on ne sait jamais… ta vie va peut-être inspirer un poète, un musicien, un peintre, un écrivain…Mais en attendant, viens là….

    La tourterelle se blottit dans la douceur des mains gantées de laine.
    – Pourquoi pas, se dit-elle, on ne sait jamais…
    – On ne sait jamais….

    © Clémence.

  7. Avoires dit :

    Née au printemps, elle avait passé l’été au milieu d’une ramure, sans jamais être vue. Désormais, ignorée au pied d’un arbre, elle se morfondait. C’est alors…

    que je me rends compte de la beauté du tapis que mes sœurs et moi formons au pied de notre arbre. Nous exhalons une odeur de terre humide, pénétrante. J’aime cet enchevêtrement de nos formes, nous nous enroulons les unes dans les autres, notre danse embellit le trottoir.

    C’est alors aussi que je me retrouve parmi d’autres feuilles dans un automnal bouquet aux couleurs brun, doré, jaune, rouge. Je heureuse d’être avec des sœurs ; nous nous tenions chaud au lieu de rester inertes et devenir des feuilles mortes.
    Moi, la feuille de platane, large, bien découpée, habituée des cours d’école, des routes, des chemins, des allées menant à des manoirs, je suis fière de contribuer aux magnifiques ombrages, aux branchages voûtés qui se courbent.
    Je suis la voisine des nids, des éclosions, des nichées, des chants. Je suis privilégiée. Le soleil et la lune me donnent force et esprit. Je mérite bien d’avoir une autre vie après ma chute. Je suis ravie d’être dans un bouquet, de faire partie d’un tout. 

    C’est alors enfin que les poètes Jacques et Francis me voient et me magnifient: ramassées à la pelle ou couchées sur les cailloux.

    Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
    Tu vois je n’ai pas oublié.
    Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
    Les souvenirs et les regrets aussi,

    Le vent fera craquer les branches,
    La brume viendra dans sa robe blanche,
    Y aura des feuilles partout
    Couchées sur les cailloux,
    Octobre tiendra sa revanche.

    Je disparais et je reviens, je suis mortelle et éternelle, je suis caduque et résistante, je suis veloutée, rugueuse, dentelée, argentée, vert foncé, plate, recourbée, piquante, je suis passionnante. Je suis la Feuille.

  8. Mireille Fleuriet dit :

    Née au printemps, elle avait passée l’été au milieu d’une ramure sans jamais être vue. Désormais, ignorée au pied d’un arbre, elle se morfondait. C’est alors, qu’une jeune homme s’approcha, ce n’est pas pour moi, qu’il vient, car il a vu le magnifique cèpe qui me cachait en grande partie.

    Il prit le champignon sans autre forme de procès, le mit dans son panier, sans s’attarder plus que cela à lui, le roi des sous bois, il faut dire que le cèpe était vexé, même pas un regard pour le beau champignon que je suis.

    Louis, c’était le nom du jeune homme, se pencha vers moi, me prit délicatement, me souleva de terre, me fit tournoyer, s’attarda à me regarder, en voilà une belle feuille de chêne qui ira bien dans mon herbier. Il sortit de son sac, un cahier et me posa avec entre deux feuilles. J’étais bien moi, dans ce cahier au chaud, enfin quelqu’un qui s’intéresse à moi.

    J’ai fait d’une pierre deux coups, j’ai trouvé une feuille pour mon herbier c’était le but de ma promenade dans les bois et j’ai aussi cueilli des champignons dit-il se parlant à lui-même, en voilà une bonne affaire.

    Rentré chez lui, il déposa son panier de champignons sur la table de la cuisine et m’amena dans son bureau, ouvrit le cahier, un frisson me parcourut, j’avais froid tout d’un coup, me sortit avec délicatesse, enlevant les quelques morceaux de terre qui subsistait encore sur ma robe, me nettoya. Je vais te mettre à sécher et dès que tu seras sèche, tu intégreras mon herbier où tu auras une place de choix belle feuille que tu es.

    Je me sentis émue, on n’avait pas fait cas de moi depuis ma naissance, j’étais une feuille parmi tant d’autre. Là, on prend soin de moi, Les autres feuilles de l’arbre se décomposeront, moi, je serai pour longtemps, très longtemps dans cet herbier parmi moult plantes, feuilles séchées.

    Lorsqu’on feuillètera cet herbier, on s’extasiera sur la beauté de toutes les plantes et feuilles dont je fais partie maintenant, je me souviendrai de la forêt, de la ramure où j’étais une feuille parmi tant d’autres.

    Ne fais pas trop la fière me dis-je en mon for intérieur, tu aurais pu finir comme du compost, remercie le génie de la forêt de t’avoir donné l’opportunité de finir dans un herbier.

    Merci ! Merci !

    Mmmm je sens une bonne odeur de poêlée de champignons, eux, ils sont passés à la casserole…

  9. iris79 dit :

    Née au printemps, elle avait passé l’été au milieu d’une ramure, sans jamais être vue. Désormais, ignorée au pied d’un arbre, elle se morfondait. C’est alors qu’une petite main aux doigts potelés saisît maladroitement la tige qui avait rougi.
    Fier de sa découverte, l’enfant leva vers ses parents l’objet de sa trouvaille, son trésor. Tout le monde le félicita et lui confirma par des « hou » des « ha » enthousiastes que cette feuille était vraiment merveilleuse. L’enfant la rapporta, la serra dans ses petits doigts dont les extrémités avaient blanchi à force de la serrer de peur de la laisser s’échapper.
    Sitôt rentré, il courut dans sa chambre et chercha son livre préféré, celui qu’il regardait tout le temps et posait n’importe où. Tout à coup, il était primordial de le retrouver, plus rien n’allait compter jusqu’à sa découverte sous son oreiller. Il l’ouvrit puis tourna les pages à la recherche de la place la plus pertinente. Serait-elle plus à l’aise sur le bateau ou sur la plage abandonnée ? Finalement, il choisit de la déposer sur Robinson endormi sur la plage. Satisfait, il remit délicatement le livre en place et retourna prendre son goûter. Cette balade lui avait ouvert l’appétit. Il avait une faim d’ogre.

    Quelques automnes plus tard, il saisit sur l’étagère le livre aux pages jaunies dans la maison de ses parents. Il le ramena chez lui. Il avait l’intention de le faire découvrir à sa petite fille. Il était si heureux de partager avec elle ses propres découvertes d’enfant. Blottie dans ses bras, elle posait sa main sur celle de son papa. Ils tournaient les pages ensemble, les doigts emmêlés, captivés par l’histoire. Quand, au détour d’une page de l’album, la feuille rouge devenue pourpre glissa du papier laissant Robinson sous les rayons du soleil, leurs exclamations s’élevèrent à l’unisson « ho, comme elle est belle ! ». Le papa ému, lui raconta alors cette autre histoire, celle d’un dimanche après-midi de novembre, où petit, il faisait une balade avec mamy et papy. Il lui parla du bruit des feuilles sous ses pas, la découverte de ce trésor qu’il garda puis oublia.
    Puis ils refermèrent le livre, le déposèrent sur la table de chevet, attrapèrent écharpes et bonnets et sortirent sans tarder, rechercher et trouver de jolis trésors sous le doux soleil pâle de ce nouvel automne.

  10. Laurence Noyer dit :

    Le saviez-vous?

    Née au printemps sur le sol léger d’une pessière ardennaise
    Brimbelle passait tous ses étés au milieu des ramures
    Désormais, ignorée, elle se morfondait dans l’indifférence d’un monde devenu indigent et révolté
    C’est alors que le 29e jour du mois de Germinal
    La Citoyenne Myrtille qui passait par là
    Trouva que Brimbelle et ses airelles feraient de belles perles pour un collier.
    Et son gout exquis produirait un excellent sirop pour ses amis
    La saveur des grains bluets bientôt se déclina dans ses pâtisseries, ses liqueurs, ses sorbets
    Depuis ce jour révolutionnaire, et pour lui rendre hommage, cette perle noire des forêts porte son nom ; Myrtille.

  11. Grumpy dit :

    Assise au pied d’un arbre, elle se morfondait et ça revenait toutes les 5mn « qu’est-ce-que je m’emm…. J’aurais mieux fait de rester dans mes feuilles, au moins ça remuait, j’avais plein d’insectes avec qui discuter et la visite des perdrix qui m’y retrouvaient tous les après-midi pour jouer au cartes. »

    Je gagnais toujours, elles voyaient bien que je trichais mais ne protestaient pas et revenaient quand même, elle s’ennuyaient tellement dans leurs branches elles aussi avec des maris perdreaux qui n’étaient pas de l’année. Je n’allais tout de même pas jusqu’à les plumer, c’étaient des amies.

    J’étais donc adossée à mon arbre et j’attendais que quelque chose se passe, en fait : qu’il m’arrive enfin quelque chose. Voilà que j’entendis chantonner et crac, crac sur les feuilles mortes, un petit pas trottin trottant sur mon sentier.

    Une petiote, quelqu’un à ma hauteur. A ma vue, elle s’arrêta pile et me demanda d’une voix timide :

    – Qui tu es ?
    – prudente, je lui réponds : et toi qu’est-ce que tu fous-là ?
    – c’est que je passe souvent par ici,
    – et pour aller où ?

    Là, elle m’a eue. Elle rétorqua : ça te regarde ? Si on te le demande, tu diras que tu ne le sais pas.

    Ça je l’ai mal pris, on s’est mises à se disputer, qu’après tout le chemin il n’était pas à moi, moi je disais que si, que la forêt non plus, je disais que j’y étais née et pas elle … Ça a duré un bon moment gnic et gnac. On en était presque à se crêper le chignon, sauf que de chignon, on n’en avait ni l’une ni l’autre, comme quoi les expressions toutes faites …

    Les perdrix voulurent voler à ma rescousse. Merci, mais je suis assez grande pour me débrouiller toute seule. A quoi, vexées comme les poux qu’elles avaient sous les ailes, elles ont répondu que je ne devrais plus compter sur elles à l’avenir pour ma défense, mais qu’elles continueraient à venir jouer aux cartes. Je n’ai pas dit non, mais j’en ai déduit que pour être si susceptibles, c’était certainement qu’elles étaient des mal plumées.

    Comme la petiote et moi nous nous étions calmées pendant cet interlude, nous nous sommes mises à discuter.

    Je lui ai demandé où elle avait acheté ce joli petit chaperon rouge, que j’en aimerais bien le même, c’est un cadeau de ma Mère-Grand qu’elle m’a dit,

    – si tu es d’accord, je te le joue aux cartes,
    – ah non, j’y tiens trop, il a des poches intérieures, il est douillet et imperméable, il me protège toute l’année. Si tu veux parier, on peut mettre en jeu mon petit pot de beurre ?
    – du beurre ? Qu’est-ce que c’est et à quoi ça sert ?
    – à beurrer les tartines, ou bien on peut en mettre aussi dans les épinards,
    – ah, ça, je préfère ! Mais ta Mère-Grand qu’est-ce qu’elle va faire sans son beurre ?
    – t’inquiète, le beurre elle n’en voit jamais la couleur … je le donne chaque fois au loup, tu comprends, le grand méchant loup, oouh oouh, j’adore le voir une fois par semaine.

  12. Fanny Dumond dit :

    Née au printemps, elle avait passé l’été au milieu d’une ramure, sans jamais être vue. Désormais, ignorée au pied d’un arbre, elle se morfondait. C’est alors qu’une petite fille la ramassa.

    – Tu es trop belle, lui dit-elle. Tu sais, je vais te dessiner sur une feuille.

    – Sur une feuille comme moi ?

    – Mais non, espèce d’andouille ! Sur du papier à dessin.

    Sissi s’installa sur la terrasse et entama son croquis tout en discutant avec sa nouvelle amie.

    – Tu as bien de la chance de pouvoir voler, toi. C’est mon rêve de partir loin, de voyager.

    – Tu fais quoi ? lui demanda sa sœur Mély.

    – J’ai dessiné cette feuille et je suis partie en voyage avec elle. D’abord, elle m’a emmenée dans la mer où nous avons fait de la plongée sous-marine et j’ai vu tout plein de beaux poissons et des coraux multicolores. J’ai même vu un dauphin super-sympa et il m’a fait voyager sur son dos. C’était Gé-Nial ! Il faisait tout tout plein de galipettes et je suis même pas tombée. Après, elle m’a emmenée avec un petit voilier sur une plage paradisiaque où j’ai vu des oiseaux de toutes les couleurs et j’ai même parlé avec un colibri. Il m’a raconté qu’il apportait le bonheur à ceux qui le voyaient. Il n’arrêtait pas de me faire des guilis guilis sur mes bras et sur mes joues. Après, la toute gentille feuille m’a emmenée dans un château où j’ai parlé avec une princesse. Waouh ! Comme ils sont longs et beaux ses cheveux ! Comme ceux de Raiponce. On s’est amusées comme des folles toutes les deux. Elle m’a fait essayer tout plein de belles robes comme dans l’ancien temps. Elle m’a fait visiter son château et puis, le soir, on est allées au bal où j’ai même dansé avec le prince charmant. T’imagine ! Il était si beau avec ses yeux bleus et ses habits tout en or et tout brillants. Ensuite, ma gentille amie m’a posée sur le dos d’une oie sauvage et là, je ne te dis pas ! J’ai fait le tour du monde agrippée à son cou. Au pôle Nord, je n’avais même pas froid et j’ai vu des pingouins, des esquimaux qui m’ont fait tout plein de gros bisous sur le nez et des icebergs bleutés et, tu sais, dans un pays où il fait très chaud comme en Afrique, j’ai vu des lions, des tigres, des éléphants, des gentils serpents et j’ai même fait un tour dans le désert sur un chameau. J’en ai tellement vu des trucs, des paysages et des gens qu’à force je me rappelle plus trop, mais ça va bien me revenir petit à petit. Et puis, tu m’as fait sursauter en arrivant et voilà…

    – Je pense que tu regardes trop de dessins animés, lui dit Mély en s’esclaffant.

    – Et toi tu ne sais pas rêver, répondit Sissi en rangeant méticuleusement son amie dans sa boîte de crayons de couleur.

  13. jean marc durand dit :

    Née au printemps, elle avait passé l’été au milieu d’une ramure, sans jamais être vue. Désormais ignorée au pied d’un arbre, elle se morfondait.

    C’est alors que la main se pencha sur elle. La ramassa délicatement. C’était une main des villes, une main la tenant par le pétiole, entre deux doigts, de peur de tout, peur de la casser, peur de se salir, allez savoir ce qui fait peur aux mains des villes à la campagne ?

    Elle se sentit transportée, non par un vent léger, un vent tourbillonnant, un vent mauvais…, plutôt une ligne d’autobus, l’ éloignant de ses racines vers les rhizomes de la cité. Pour la première fois, après sa chute, elle prit l’ascenseur. La sève lui palpitait les nervures.

    On la posa sur une table, le temps pour la main de fouiller d’autres feuilles. Puis, elle fut glissée entre deux autres.

    Sur celle de gauche, en haut, s’alignaient de sombres traces. Elle déchiffra: » Charles se réveillait en sursaut, croyant qu’on venait le chercher pour un malade…. » La feuille lut toute la page…. y nota les exigences d’une mère…à tenter de vouloir convaincre son fils…que, si sa femme était contrainte à gagner sa vie…elle n’aurait pas ces vapeurs-là.. ??? Puis, elle, la feuille, pas la mère, ni la femme lut la page de droite. On y parlait d’une place, dès le matin, encombrée par une file de charrettes, toutes à cul et les brancards en l’air… La dernière phrase s’étalait en bas:  » Il était ganté de gants jaunes, quoiqu’il fût chaussé de fortes guêtres; et il se dirigeait vers la maison du médecin, suivi d’un paysan marchant la tête basse, d’un air tout réfléchi »

    Et puis, c’était tout. Elle ne saurait rien de plus du docteur, de la mère, de la femme, du paysan certainement inquiet de son état de santé ?

    C’était vraiment tout. Bloquée entre ces deux feuilles, elle ne savait pas si elle pourrait en savoir plus, ou pas. Elle resterait une feuille parmi d’autres, mais pas de la même famille. Elle resterait là, peut-être longtemps, ou pas, selon ce que la main déciderait, ou pas.

    Et personne, dans une autre histoire, ne saurait qui de la main ou de la feuille se dessécherait la première.

  14. 🐀 Souris verte dit :

    🐀UNE FEUILLE PERDUE 🍃
    Un arbre maigrelet rescapé d’un incendie, de son ergot racine se cramponnait au sol.
    Sa branche unique coupait l’air à l’horizontal.
    Cette fine ramure murmurait dans le vent
    – évite-nous, moi et mes feuilles, il faut que je résiste sinon, tu vas nous casser le pied.
    Le vent, pris de compassion, en ronchonnant fit d’abord un détour puis, au fil des jours se lassa de tant d’attention.
    Malicieusement il tricota une à une les feuilles si vertes au printemps, qui rougirent du plaisir d’être chatouillées.
    Toutes chutèrent en incendiant le sol.
    Une seule résista à cet agitateur, une toute petite perdue au milieu des autres qu’il ne vit pas.
    Elle s’accrocha mais ‘ jaunit à l’idée ‘ de passer l’hiver là, seule dans le froid.
    Malgré tout, une bise eut raison de sa ténacité.
    À l’automne, elle chut.
    Et sur le brasier des autres au sol réunies, brilla un écu d’or.🍂

  15. Kyoto dit :

    A l’étroit dans mon bourgeon, je n’avais qu’une envie : m’ouvrir à la lumière. Le printemps me fit cet honneur. Je me déployais impatiente. Mais ma modestie et ma timidité m’incitèrent à me cacher au milieu d’une ramure pour ne pas être vue.

    Seul, un oiseau me découvrit. Il était beau comme un coquelicot. La douceur de ses plumes et les notes cristallines de ses chants m’enchantaient. Il me trouvait belle comme l’univers. Le plaisir d’être nous, nous fit oublier que l’été finissait.

    Il cessa de chanter. Par une nuit froide de pleurs, il s’envola. Pour se cacher. Je me décrochai et tombai au pied d’un arbre. Désormais seule, je me morfondais.

    Soudain, un escogriffe s’agita tout autour des arbres. Ses longs doigts acérés et griffus pourchassaient et emprisonnaient toutes les feuilles qui, comme moi, gisaient apeurées et résignées. Nous étions trop nombreuses et intuitivement nous savions que nous serions broyées.

    Ainsi fut fait.

    DESIR. PLAISIR. SOUFFRIR. MOURIR.

    La quadrature de la vie.

  16. Camomille dit :

    Elle se morfondait, elle se morfondait….
    – Suis-je donc si insipide pour que personne ne s’attarde sur moi ?
    – Suis-je donc si légère pour être ignorée de la sorte, au pied d’un arbre en plus !
    – Suis-je donc née au printemps pour rien ?

    Ainsi se lamentait L’IDEE endormie tout l’été au milieu d’une ramure.
    Elle n’avait plus qu’un seul objectif : se laisser mourir dans son sommeil.

    C’est alors que Pascal PERRAT apparut, baguette magique en main et lui cria :
    – Holà L’IDEE… J’arrive, ne t’endors pas surtout !
    – Tu sommeillais tout simplement et tu pensais être sans intérêt… Que nenni !
    Moi  « EVEILLEUR D’IDEES » je vais te ravigoter, te requinquer, te rebooster, te dépoussiérer…. te réveiller quoi !

    Voilà notre idée toute secouée par cette apparition. Secouée et apeurée.

    Et l’ éveilleur d’idées de continuer :
    – Fais moi confiance L’IDEE, et laisse toi aller. Faut sortir des sentiers battus :
    Tout d’abord, ne réfléchis plus. Oui, tu te prends trop la tête au risque de perdre l’essence première de ton objectif.
    Écoute tout simplement tes instincts primaires, reste simple et spontanée et tu vas sortir de l’ombre tout naturellement…. tu vas jaillir !

    Devant autant de promesses, L’IDEE commença à montrer le bout de son nez.
    Elle croisa le regard bienveillant de l’éveilleur d’idées qui lui sourit.
    Elle se sentit subitement en confiance, respira un bon coup et se lança dans le vide.
    Elle devint alors L’IDEE la plus originale que l’éveilleur d’idées n’ait jamais croisée.

  17. Nadine de Bernardy dit :

    Née au printemps,elle avait passé l’été au milieu d’une ramure,sans jamais être vue.Désormais,ignorée au pied d’un arbre,elle se morfondait.
    C’est alors qu’elle vit arriver un couple de vieillards se tenant tendrement par le bras.L’homme portait un panier assez lourd.
     » Oh,chéri regarde ,s’exclama la femme,ça ne te rappelles rien?
    L’homme à ses çôtés se pencha,se releva péniblement,les larmes aux yeux:
    – Si bien sûr,c’est avec cela que nous étions vêtus avant que d’être punis pour notre curiosité.Que de souvenirs! »
    La femme ramassa délicatement la feuille.Ils reprirent leur route,un panier de pommes au bras de l’homme,une feuille morte dans la main de la femme.

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