304e exercice d’écriture créative imaginé par Pascal Perrat
Chaque fois qu’elle passait devant cet arbre, elle l’embrassait.
Son entourage s’était habitué, il ne s’étonnait plus.
Mais soudainement, elle se mit à lui cracher dessus…
Inventez la suite
Chaque fois qu’elle passait devant cet arbre, elle l’embrassait.
Son entourage s’était habitué, il ne s’étonnait plus.
Mais soudainement, elle se mit à lui cracher dessus
Son entourage intrigué l’interrogea
Elle haussa les épaules
En quoi était-il concerné
Elle changea de chemin
au bord de celui-ci un saule pleureur lui fit un clin d’oeil
enfin c’est ce qui lui sembla
elle courut s’allonger à l’ombre de ses feuilles
certaines lui chatouillèrent les joues
émue elle se mit à sangloter
et lui raconta qu’elle avait perdu son emploi
il lui dit qu’un peu plus loin il y avait un bouleau
elle y courut
mais celui-ci lui dit que ce n’est pas là qu’elle trouverait du boulot
elle partit donc sans trop y croire à pôle emploi
sans trop réfléchir elle entra, prit un ticket
son tour vint
elle alla au guichet,
le préposé lui dit qu’il n’avait pas grand’chose à lui proposer à part un poste d’aide-garde forestier . Aimait-elle la nature, les arbres ?
Oh oui Monsieur, je leur parle d’ailleurs et parfois ils me répondent.
Bien lui dit-il, remplissez cet imprimé et je vous contacterai.
Soudain son téléphone sonna ! un peu irritée qu’on la réveille elle décrocha. C’était son chef qui s’étonnait qu’elle ne soit pas arrivée.Il lui rappela que c’était jour de soldes au rayon des plantes vertes et sapins de Noël.
Vite, elle s’habilla et partit à son travail de vendeuse aux Galeries Lafayette des Champs Elysées à Paris. Quelle barbe ce boulot …..
–
Chaque fois qu’elle passait devant cet arbre, elle l’embrassait. Son entourage s’était habitué, il ne s’étonnait plus. Mais soudainement, elle se mit à cracher dessus. Elle ne mesurait plus ses réactions. Elle n’osait plus sortir dans le parc non plus. Quelque chose d’enfoui en elle qu’elle ne contrôlait pas l’avait perturbée. Ses volets restèrent fermés toute la journée jusqu’au lendemain. L’image d’un arbre bafoué la réveilla dans la nuit. La nature était son domaine. Pourquoi avait-elle pris cet arbre en grippe ? Agresser un arbre était ridicule puisqu’il ne pouvait se défendre. Son geste était symbolique. Elle chercha dans ses livres le symbolisme de l’arbre. Mais aucun ne lui donna satisfaction. Sa réaction était personnelle et ne correspondait pas à la littérature sacrée ni même à celle du profane.
Comment d’un acte d’amour avait-elle pu déborder à une expression triviale ?
Après une deuxième nuit blanche, elle retourna vers son souffre-douleur. Elle lui tourna autour pour comprendre comment il avait pu la séduire. Elle recommença à l’enlacer. Loin de l’isoler, l’arbre la rapprochait du monde.
– Pourquoi t’accroches-tu de cette façon à moi, lui dit l’arbre ?
– Parce que tu ne mens pas, lui répondit-elle entre deux sanglots.
– Pourquoi m’as-tu craché dessus ?
– Parce que je n’ai eu personne pour faire le deuil de ma soeur.
– Que tout cela est compliqué. Et maintenant que tu m’as craché dessus, est-ce que ça va mieux ?
– Comme tu dis c’est compliqué. Je commence à comprendre certains secrets de l’amour. Il ne suffit pas de vouloir le bien des gens pour être heureux. Quelqu’un a su exploiter mes failles.
– Que veux-tu dire ?
– Ma soeur est partie, je n’ai plus de confidente. Sans nous parler nous nous comprenions. J’ai cru la remplacer par une amie. Cette amie m’a joué la comédie de la fille perdue. Je me suis occupée de ses problèmes sans savoir si elle avait raison ou tort. Je me suis rendu malade à la soutenir dans ses moments les plus durs pour elle. Lorsqu’elle fut soulagée de tous ses soucis, je suis tombée malade. Sur mon lit d’hôpital, elle voulut me faire signer pour hériter de mes biens. Comme je l’aimais beaucoup, j’ai failli le faire. Voilà pourquoi je t’ai craché dessus.
– Mais je n’y suis pour rien répondit le vénérable feuillu.
– Si ! Nous sommes tous responsables les uns envers les autres.
– Sauf que je suis un arbre, répondit-il.
– Tu représentes l’amour que j’avais pour ma soeur, j’ai voulu le remplacer par un autre amour, mais cet amour m’a trompé. Tu es mon exutoire.
– Ce que tu donnes n’est jamais perdu, lui dit-il.
– Oui ! Mais elle m’a accusée d’avoir séduit son mari alors que c’elle qui l’a trompé.
– Fais confiance à la Providence. Elle efface bien des malheurs. L’Amour est plus fort que tout.
Elvine était une sauvageonne, qui marchait pieds nus et qui, disait-on, parlait toute seule. Sur le chemin de l’école, Elvine s’arrangeait toujours pour traverser seule la rivière. De l’autre côté, il l’attendait, il lui tendait les bras, depuis ce jour où elle avait glissé sur les rochers. Emportée par le courant, elle s’était agrippée à lui, à son bras noueux qui se penchait vers l’eau en furie. Il lui avait sauvé la vie. On avait retrouvé Elvine miraculeusement vivante malgré ses blessures apparentes, allongée au pied de celui qui allait devenir son arbre gardien. Elle venait le voir chaque jour, par la rivière ou par le pré. Quand elle était pressée, elle déposait rapidement un baiser sur son tronc. Quand elle avait plus de temps, elle s’asseyait sur une de ses branches et il lui semblait qu’il lui chuchotait des choses à l’oreille. Quand elle voulait s’évader vraiment, elle venait s’installer là de longs moments, avec ses cahiers et ses crayons. Elle sentait le bois craquer doucement et les feuilles se pencher sur son épaule. Alors elle fermait les yeux et le crayon glissait sur le papier.
Personne ne l’avait jamais vue ici depuis l’accident. Personne sauf les arbres environnants qui, s’ils s’étaient habitués à ses visites et étaient restés silencieux jusque-là, commençaient maintenant à soupirer, à souffler, à gémir sous le moindre souffle de vent quand Elvine s’attardait trop longtemps. Certains se mirent à laisser tomber leurs branches mortes et leur écorce juste au moment où elle passait. D’autres gonflèrent leurs racines pour la faire trébucher. Mais Elvine persistait. Elle continuait de venir régulièrement embrasser son sauveur.
Un jour où elle voulait dessiner, elle s’installa comme à son habitude, mais rien ne vint, pas de chuchotement, pas de craquement. Les feuilles tombaient, une à une, silencieuses, sèches. Elvine, de rage, cracha sur sa page blanche, se leva d’un bond et au lieu d’embrasser son arbre, vexée qu’il ne lui parle plus, lui lança une salve de salive en plein tronc. Un filet de sève se mit à couler. L’arbre sanglotait. Au moment où Elvine prit conscience de l’affront qu’elle lui avait infligé, elle sentit une agitation générale autour d’elle. Les arbres sifflaient comme par grand vent. Le vieux chêne rugissait, les acacias s’agaçaient, les frênes fulminaient, les saules pleuraient. Et l’arbre gardien, recroquevillé, penaud, essuyait la colère des siens qui lui hurlaient dans les feuilles qu’il n’aurait jamais dû sauver cette fille, que les humains, de toute façon, ne montraient qu’ingratitude à leur égard. Il était temps d’en finir. Le vieux chêne leva lentement deux de ses lourdes branches, faisant trembler le sol, et un mur de ronces entoura bientôt le petit bois du bord de l’eau. Elvine eut tout juste le temps de s’échapper. Quand elle se retourna, elle avait devant elle un haut buisson d’épines.
Chaque jour, Sylma passait devant son arbre.
L’unique du jardin.
Chaque jour, elle le prenait entre ses bras.
Elle l’enlaçait tendrement, l’écoutait attentivement et s’envolait.
Elle y puisait la force de ses racines, et la sérénité de sa cime.
Le ciel ouvert sur l’espoir.
Son entourage ne s’y habituait pas.
Il la prenait pour une illuminée.
Chaque jour, quand Sylma revenait de son étreinte,
Le dessin d’un doux sourire embellissait son visage.
Alors, elle prononçait un mot.
Jamais le même.
Un mot heureux, tendre et gai,
Que le vent offrait aux oiseaux.
Mais, soudainement, à son retour, une larme coula.
Une seule.
Le vent avait gommé son sourire.
Elle l’aimait son arbre.
Jamais, Sylma n’aurait pu lui cracher dessus.
Et le mot, ce jour-là, fut : Alpha.
Le lendemain, la même scène : une larme et… Béta.
Et ainsi de suite jusque la dernière lettre de l’alphabet.
Son entourage commençait à s’inquiéter.
Quel mot va-t-elle prononcer après Oméga ?
Ce jour-là, elle revint livide et silencieuse.
-Alpha ? lui demanda le vent.
Pas de réponse.
-Béta ? insista-t-il.
Un souffle de silence.
-Sylma, je t’en prie, dis-moi son mot.
Alors, dans un murmure, Sylma répondit :
-Méta…
– ?????
-…stases.
26/09/2018 – Tribunal populaire de Dunkerque.
Passant la parole à l’accusée, le juge eut ce mot étrange:
-« Sous les crachats, les caresses! à vous la défense! »
Son ironie annonçait une plaidoirie mouvementée, car il s’agissait bien d’un procès d’intention. Ce qui était reproché à l’accusée, au travers des crachats dont elle avait gratifié l’arbre de la place du marché -par temps de sécheresse- alors qu’auparavant elle l’avait caressé chaque jour de pluie, se résumait en trois points:
– « Corruption du jardiner, qui lui avait permis la récurrence de ses agissements,
– non-reconnaissance de l’existence du caractère sacré de cet arbre, en sa qualité d’arbre remarquable,
– et introduction de nouvelles pratiques dans la cité, par l’application de caresses ou de crachats sur tronc d’ arbres, qui désormais se répandaient comme Pokemon-go. »
L’époque sinistre que traversait cette cité s’enlisait dans le chaos juridique que le Front Idéal installait dans toutes les juridictions . Le populisme était de mise, celui-là même qui lui avait permis de gagner le pouvoir, et qui , à présent, permettait la constitution de tribunaux populaires. La fin justifiait les moyens, quand les lenteurs de la justice trouvaient là, leur soit-disant remède d’une part, et quand ainsi pouvait être combattue la pseudo-immoralité des réquisitoires des temps révolus.
L’accusée se vit donc contrainte à une défense reposant, non pas sur les chefs d’accusation, mais sur les fondements de la justice, de l’équité et de la liberté.
Avec courage, elle affronta l’opprobre sans faillir. Avec conviction, elle rappela le procès de Socrate. Avec assertivité, elle expliqua pourquoi, elle aussi, préférait mourir juste que de vivre injuste , car elle plaçait son éthique au-delà du jugement des hommes . La Morale intrinsèque, la morale non écrite, la Morale Humaine innée constituait sa colonne vertébrale tout comme la Nature était son cadre de référence.
Il n’en fut rien. Les jurés la condamnèrent à la déchéance de nationalité, à l’exil au-delà des murs dressés sur les frontières, à l’errance sans retour.
A quelques dizaines d’années de là, on pu lire dans les supports pédagogiques, comment le procès de Socrate, comment le procès de Secrète illustraient les forces du mal, le mal humain détenu en bribes par chacun, tandis que retentissait le procès de Sicrute.
Destin cruel
Chaque fois que Léa passait devant cet arbre, elle l’embrassait
Son entourage s’était habitué
Mais quelle drôle d’idée !
Ne pouvaient ils s’empêcher de penser
Bref, personne ne s’etonnait plus vraiment
Quand un jour soudainement
Elle se mit à lui cracher dessus
Atchoum !
Un nuage de postillons eclaboussa vigoureusement le tronc
Et ce fut une véritable explosion
Des feuilles poussèrent par dizaines
Mais rien de végétal
Trop banal !
Non, des pages entières d’écriture
Qu’elle s’est mise à ramasser
A rassembler
A ordonner
Tout ça mis bout à bout racontait une belle histoire
Dont elle s’est immédiatement emparée.
Mlle Léa a fait le tour des plateaux télé
– Mlle Léa, Bonsoir
Quel effet cela fait d’être sacrée
« Révélation de l’année ? »
Et le petit manège a duré quelques temps
Tout le temps où elle était grippée, enrhumée
Plus il faisait froid, plus elle était inspirée. ..
Jusqu’au jour où elle a définitivement recouvré la santé
Plus moyen d’éternuer
Son arbre s’est desséché
Léa n’avait plus d’idées.
Elle a bien tenté d’écrire deux, trois nouvelles
Mais sous sa plume les mots se faisaient illico la belle
Pauvre demoiselle
Obligée de se réfugier dans des paradis artificiels.
Chaque fois qu’elle passait devant cet arbre, elle l’embrassait. Son entourage s’était habitué, il ne s’étonnait plus. Mais soudainement, elle se mit à lui cracher dessus…
Cette fois, elle était bien décidée. A force d’imaginer, elle allait se lancer. Mais avec prudence.
Elle jeta un dernier coup d’œil dans l’appartement vide. Elle ferma la porte et glissa les clés dans la boîte aux lettres.
Le camion de déménagement tournait au bout de la rue. Elle monta dans sa voiture….Le voyage serait long….
Une année plus tard….
Un rayon de soleil, fin comme un crayon, se posa délicatement sur son nez. Elle se leva et ouvrit les persiennes. Le paysage était magnifique : des collines à l’infini où se dessinaient des allées de cyprès conduisant à de grosses bâtisses aux toits de tuiles roses.
Cette année de location dans cette maison l’avait confortée dans son désir : c’était là qu’elle voulait vivre.
Ce matin marquerait le départ d’une nouvelle étape : trouver la maison de ses rêves.
Elle écuma toutes les agences immobilières de la région. Et tous les agents se sont arrachés les cheveux car chaque visite se terminait par un …
– Oui mais…..
– Mais ?
– Mais, je ne sais pas, mais …c’est pas ça…
Était-ce un signe ? Devrait-elle baisser les bras ?
Elle tenta d’apaiser sa tristesse par une promenade dans un village en forme de caracole. Son regard fut attiré par une affiche posée de guingois au bord d’une fenêtre. Quelques mots et un numéro de téléphone. Elle appela immédiatement. Le rendez-vous fut pris pour le lendemain après midi.
Elle avait trouvé sa maison. Vieilles poutres, tomettes patinées et…. Un arbre au milieu du salon.
Et puis, tout se passa très vite.
Elle était heureuse.
Chaque fois qu’elle passait près de son arbre, elle le caressait et l’embrassait. Ce qui étonnait ses amis… mais par la suite, cela les amusa.
Quelques mois plus tard, elle eut une idée : faire son arbre généalogique.
Elle plaça une affiche dans un cadre et suspendit le tout à une des branches de l’arbre.
Un rituel s’installa : embrasser son arbre, caresser doucement le cadre et s’adonner aux recherches généalogiques. Le temps passait. Les cases se remplissaient. Elle était heureuse.
Une nuit, elle fit un cauchemar. Le matin, elle se réveilla. Une immense mèche de cheveux blancs masquait sa joue…Mais elle continua ses recherches. A midi, la lecture d’un document la glaça d’effroi.
Elle se leva brusquement.
Elle se précipita vers l’arbre et se mit à cracher dessus….
Un arbre peut en cacher un autre…..
© Clémence
Eve avait la chance de vivre dans un jardin merveilleux, avec son compagnon, en pleine nature, dans un pays merveilleux, où un éternel soleil veillait sur les deux humains avec bienveillance. Les arbres étaient tout leur univers et chaque matin Eve les embrassait, les caressait et leur parlait. Elle les révérait, particulièrement un superbe pommier épanoui en parasol, dont les branches, attachées trop haut sur le tronc, ne permettaient pas l’accès aux magnifiques fruits rouges dont l’arbre était couvert en permanence. Elle avait tout essayé pour les atteindre : de s’étendre – mais elle était trop petite – ; de se faire faire la courte echelle – mais même cela ne suffisait pas – ; de se servir d’un bâton – mais les pommes tenaient trop bien à leur branche. En désespoir de cause elle avait momentanément renoncé. Momentanément seulement.
Mais un jour que le pommier exhibait un fruit énorme, avec une peau rouge luisante, des joues rebondies, la tentation se fit trop forte. L’objet du désir était suspendu sur une des branches les plus hautes et Eve n’hésita pas à bâtir tout un échaffaudage de branches, de cailloux, et de tout ce qu’elle pouvait trouver pour se hausser jusqu’au fruit convoîté. Après un dur labeur elle entreprit d’escalader son monticule mais il s’effondra. Elle dut rassembler les pièces et consolider avant de réessayer. Second essai infructueux : il lui manquait la longueur d’une main pour atteindre l’objet. Elle rajouta un étage à l’échaffaudage, mais voilà qu’au moment d’atteindre enfin son but, un vent malicieux fit bouger la branche pour l’éloigner de sa main. Montée sur la pointe des pieds, Eve espérait enfin saisir le fruit, quand elle perdit l’équilibre et tomba au pied de l’arbre.
Elle se redressa comme une furie et se mit à insulter le pommier et à lui cracher dessus. L’arbre restait de bois, bien entendu. Alors elle lui envoya un violent coup de pied.
Et l’énorme pomme inaccessible, sous la violence de l’injure, se détacha de la branche et tomba tout droit sur le crâne d’Eve. Assommée, elle s’endormit. Et elle rêva.
Elle rêva d’un serpent à plumes qui entourait lascivement son cou et lui faisait un boa multicolore, et elle trouvait ça joli et agréable.
Réveillée en sursaut, elle décida dérechef de fonder une boutique de mode.
Elle courut réveiller Adam qui faisait la sieste au pied d’un arbre voisin, pour lui faire part de sa décision.
Et elle eut connaissance qu’Adam était nu.
Quand elle vit son machin, elle lui éclata de rire au nez. Mais Adam, lui, travaillé par d’autres impulsions en découvrant Eve en tenue d’Adam, ne pensait pas à se fâcher.
Ils furent interrompus dans leur contemplation par une pluie glaciale qui s’abattit tout soudain sans crier gare.
Alors Adam confectionna une hache de fortune et abattit le pommier pour fabriquer avec son bois la première charpente,destinée à abriter désormais leurs ébats.
Et il décida qu’il se ferait charpentier, ce qui ne pouvait manquer d’être un métier d’avenir avec une météo aussi pourrie.
Ah ! Et puis bien sûr : ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants !
Chaque fois qu’elle passait devant cet arbre, elle l’embrassait.
Son entourage s’était habitué, il ne s’étonnait plus.
Mais soudainement, elle se mit à lui cracher dessus…
Les murmures allaient bon train. Que se passait-il, après cette période de grand amour, une telle agressivité ?? Elle restait imperturbable, incomprise par tous, aucune raison de se justifier . Si On avait écouté attentivement, On aurait vite compris qu’elle répétait des textes de théâtre, après une saison sirupeuse et romantique, elle optait pour les joutes oratoires !! Avec conviction elle pouvait cracher rageusement à la figure de ce partenaire impassible toute la hargne, la colère, la provocation des futures diatribes, avec la gestuelle bien appuyée comme ponctuation ….. et elle progressait .
Apparence, apparence …
Chaque fois qu’elle passait devant cette arbre, elle l’embrassait. Son entourage s’était habitué, il ne s’étonnait plus. Mais soudainement elle se mit à lui cracher dessus. Le voisinage mit plus de temps à apprivoiser cette nouvelle manifestation. Il y a toujours de l’étrange tournant au bizarre. Mais pour les autres, l’insolite vient toujours d’ailleurs. Se pensant de la même famille qu’elle, ils abattirent l’arbre.
Chaque fois qu’elle passait devant cet arbre, elle l’embrassait. Son entourage s’était habitué, il ne s’étonnait plus. Mais soudainemenr, elle se mit à lui cracher dessus…
Un autre exemple de ce qui se passe autour de chacun de nous chaque jour : on veut juger on se basant sur ce que l’on voit mais on n’a pas le
temps (ni l’enseignemet) de bien comprendre les dessous (les causes profondes) de l’évènement.
Chaque fois qu’elle passait devant cet arbre,elle l’embrassait.Son entourage s’était habitué,il ne s’étonnait plus,mais soudainement,elle se mit à lui cracher dessus avec une férocité mêlée d’un désespoir qui faisaient très mal au pauvre arbre.
Il n’ était pour rien dans cette profanation qu’il n’avait pu éviter, mais la culpabilité et la peine le rongeaient cependant ,de se voir dorénavant souillé par celle dont il aimait tant les doux baisers quotidiens.
A part lui,on ignorait pourquoi il en était ainsi.Il faut savoir qu’elle ne l embrassait pas n’importe où,mais juste sur ce petit coeur gravé G. et I., témoin d’un jeune amour qui avait grandi,secret,sous les branches du vieux chêne, l’année passée.
I. avait juré à Gérard,à la fin de l’été, de l’attendre jusqu’aux prochaines vacances et d’embrasser ce coeur tous les matins en partant pour le collège.De son côté, lui avait promis de penser à elle, à la même heure,à l’autre bout de la France où il habitait.
Elle avait tenu son engagement,attendu Gérard tout ces longs mois.Dès le début de juillet ,I. rôda autour de la maison de vacances de ses parents. Vers le 14, les volets étaient toujours clos.Elle s’inquiétât.
Un matin, attendant son tour pour acheter du pain I. entendit la boulangère dire que la maison des Parisiens allait bientôt être ouverte.Son coeur s’affolât,son amour lui ferait signe sans tarder.
Trois jours plus tard ,sortant de chez elle pour aller au village elle LES vit, au bout du sentier ,se dirigeant vers elle , main dans la main.
Gérard et une fille très ordinaire…….
Malade de honte, I. n’eût que le temps de se jeter derrière un buisson.Ils passèrent devant elle sans la voir.,s’arrêtant un peu plus loin.
» Ah tiens je vais te montrer quelque chose.Tu vois ce coeur,là,sur le gros chêne ? J’ai eu un amourette l’an dernier avec un gamine du coin.Elle a voulu que l’on grave nos noms sur ce tronc comme le font tous les amoureux.
Elle était mignonne mais un peu trop jeune pour moi.Si nous la rencontrons, je te la présenterai.
Sortant ensuite un couteau de sa poche, il transforma rapidement en riant le I. en un L. tout neuf.
– Et voilà. »
Lydie se mit à rire elle aussi :
C’est toi qui est trop mignon,c’est bêta mais je ne déteste pas ».
Chaque fois qu’elle passait devant cet arbre, elle l’embrassait.
Son entourage s’était habitué, il ne s’étonnait plus.
Mais soudainement, elle se mit à lui cracher dessus …
Pourquoi ce revirement d’attitude ?
Elle en avait eu assez d’embrasser ce tronc rugueux qui ne répondait jamais à ses étreintes ; il restait impassible, semblait ne pas sentir ses baisers, alors qu’elle l’aimait tant ! Elle avait eu toutes les patiences, mais aujourd’hui, après s’être tordu le pied deux fois sur le chemin, avoir rencontré sa voisine désagréable qui ne la saluait même pas, elle avait perdu son calme.
C’est alors que l’arbre, s’étirant de toutes ses branches, poussant un bâillement à se décrocher les racines, faisant craquer tous ses rameaux, se couvrit de lumière comme un soleil et se transforma en un magnifique jeune homme, celui-là même qu’elle avait tant aimé avant qu’il ne se transforme en arbre, un jour d’orage entre eux.
Il la prit dans ses bras puissants et la serra jusqu’à l’étouffer, lui rendant tous ses baisers.
Elle se dégagea un peu de cette étreinte passionnée, le regarda avec amour et essuya tendrement le crachat qu’il avait sur la joue.
– Je t’aime, Olivier, dit-elle
Cet arbre ancré en terre,
à la naissance de son grand père,
elle lui donnait chaque jour un baiser
pour l’arroser.
Quand étaient venus les premiers ulcères
saccageant son écorce-artère,
elle avait, à chacune de ses balades,
amplifié ses accolades.
Comme un chien lèche ses plaies,
son écorce elle embrassait.
Pour endiguer l’érosive,
elle lui donnait sa salive,
comme on dépose un baiser consolant
sur les bobos des enfants.
Elle laissait cette eau vitale
irriguer ses crevasses.
Tous ces crachats salvateurs
L’embaumait jusqu’au cœur.