Prenez garde au syndrome du chapon

Le chapon* est une volaille royale. Un mâle sélectionné en début de printemps parmi les plus belles et les plus grosses bêtes. 

Le chapon dispose pour la nuit d’un abri confortable et sûr dans lequel aucun prédateur ne peut s’introduire. Il dort sur ses deux ergots. 

Le jour, il picore tranquillement dans une vaste et grasse prairie bressane. Table lui est également ouverte dans de belles mangeoires ponctuellement approvisionnées en céréales de premier choix et de produits laitiers raffinés. Tout cela, naturellement très riche en glucides et en énergie. 

Le chapon trouve cette vie naturelle et normale, il lui arrive même de penser que ça pourrait encore être mieux. Surtout quand il commence à se trouver un peu vieux. Mais comme il n’a pas de syndicaliste pour récriminer à sa place, il fait avec.

La vie du chapon est un peu routinière mais on s’habitue à tout. Comme  cela dure depuis des mois, il pense que cela durera toujours.

Mais en peu avant Noël, arrive un événement auquel il n’est pas du tout préparé. Sa mise à mort… 

 

vx livre

Pour quelle raison ai-je rédigé cette parabole ? 

Parce que je rencontre souvent des personnes sujettes au syndrome du chapon. Des femmes et des hommes venus passer quelques jours dans notre cabane à écrire, qui déclarent : Il ne me reste plus que quelques années à faire, j’attends la retraite pour écrire le livre qui me tient à coeur. 

Ce coeur qui parfois nous lâche sans prévenir…

PS : j’ai choisi le chapon en souvenir de mes lointaines origines Bressanes

7 réponses

  1. delamare dit :

    Ce chapon venait du Japon
    Et portait un chapeau rond
    Comme les bretons…
    Mais, il mangea trop de gwuin amman,
    Il engloutit tant de Kik a farce.
    Et but plus que de raison
    Du chouchène mélangé à de l’hydromèle. Et certains soirs il entendait
    « le loup, le renard et la belette chanter »
    Il dansa dans les Festnoz
    Son petit coeur, battait comme le bagad de landbioué……
    Fatigué, il s’assit sur une pierre
    Mais ne prit par rendez-vous avec Saint-Pierre,
    e regagna tranquillement sa maison
    En imaginant ses prochaines navigations.
    (petit clin d’oeil de Bretagne)
    Pour l’orthographe des noms bretons, il y a sûrement des fotes mé pour une normande ja bi du mal a causé comme illeu. Heulla.
    Véro de st malo

  2. Aurélie L. dit :

    Bonjour Pascal,
    Si j’osais je me permettrais une autre interprétation de votre sympathique parabole… Et comme j’ose, la voici : nous évoluons dans ce que nous appelons une zone de confort qui n’apporte ni connaissances nouvelles, ni danger. C’est à proprement parlé la routine, la vaste et grasse prairie bressane.
    Toutefois il nous arrive de rêver mieux, comme le chapon. Et de ne rien faire. Comme le chapon. Se lancer dans quelque chose de nouveau, c’est sortir de sa zone de confort, aller à l’inconnu, courir certains risques… Mais c’est aussi recommencer une nouvelle aventure, ajouter un peu de piment à cette vie monotone avant de finir à la casserole comme l’a si bien dit Valérie.
    Bref, le chapon peut ouvrir ses ailes et prendre son envol, nous nous pouvons enjamber la limite de notre zone de confort !
    Belle journée à vous et merci !

  3. Valérie dit :

    Oui et non… (ce n’est pas une réponse de normand). Tout simplement la conviction que nous passerons tous à la casserole un jour ou l’autre. L’important est ce qui se passe entre temps. J’ai eu la chance de rencontrer ce coeur lâcheur, ensuite j’ai couru partout pour réaliser les rêves que j’ai failli ne pas avoir eu le temps de vivre. Aujourd’hui, je choisis : je suis chapon je savoure, le lendemain je cours. Chaque jour, je savoure…
    En tous cas, merci pour cette belle parabole qui fait réfléchir.

  4. virginie dit :

    Aujourd’hui, le coeur de ma voiture a lâché. Comme le chapon, je m’étais habituée à mon quotidien. Pour moi, c’était la précarité en ne cessant d’écrire des piges à bas prix. Je remplissais mon agenda de rendez-vous, noircissais chaque jour deux à trois papiers. L’impression d’avoir du travail me rassurait le temps de la réalisation du papier. Cependant, une insécurité polluait mon esprit. Mais, je la rabrouais, et l’étouffais dans cette formule de consolation illusoire « ce n’est pas le moment » … La peur d’oser m’enfermait dans ma routine. En l’espace de dix minutes, des chaînes se brisèrent. L’appel téléphonique de mon garagiste, annonçant la fin de vie de ma voiture, m’exhuma des ornières. Plus le choix, seul un contrat me permettra d’acquérir un nouveau véhicule. J’ai alors bousculé mon peu de confiance : réécrit CV et lettres de motivations, osé présenter mes compétences à des organismes ….
    Pascal, j’ai fortement pensé à vous : ce matin, je me suis levée comme toujours honteuse, et ce soir, l’envie de frapper à des portes pour évoquer mes projets m’enthousiasme (même si j’en bégaie un peu 😉 !!).

    Amicalement,
    Virginie

  5. Sabine dit :

    Je suis à l’opposé du chapon: je fais tout avant la retraite, de peur de ne plus pouvoir après. Mais trop c’est trop, j’ai raté un rendez-vous à 14h00…Où est l’équilibre?

  6. durand dit :

    Pensées vaseuses d’un écrivant sous le soleil, planté au bord d’un étang (suspends ton vol!) en train de butiner une mousse!

    Est t’il raisonnable d’écrire sur les chapons de roues ?

    Pour le chapon, Noël ça ne bresse pas!

    Amicalement!

    Jean de Marque!

  7. Huguette Caron dit :

    Bonjour Monsieur Perrat,

    J’adore cette parabole ce matin!

    Ayant reparti la roue de mon processus d’écriture, je me rends bien compte comment le chapon en moi a envie de picorer tranquille sans perdre un gramme de son confort.
    J’avoue que l’exercice d’écrire tient plus d’un marathon que d’une grasse prairie alors ‘la chaponne doit se faire aller la royauté!’

    Merci pour ce petit rappel.

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