Exercice inédit d’écriture créative 101

C’était un billet qui se faisait des idées, 
une petite coupure ignorant sa destinée… 

Imaginez la suite

13 réponses

  1. Clémence dit :

    C’était un billet qui se faisait des idées,  une petite coupure ignorant sa destinée… 

    Ce n’était pas tant ma couleur et ma taille qui m’importaient. Non, ce que j’aimais avec passion, c’était tous les gadgets dont j’étais doté.

    En premier, ce qui me faisait fondre, c’était – sans jeux de mots – le ferme et le craquant de ma texture à la « Granny Smith ».
    En second, j’aimais mon filigrane et mon fil de sécurité. Leur invisibilité était comme un pacte secret entre eux et moi.
    Pour ne pas conclure, je vous fais une confidence : j’ai toujours été envieux des arc-en-ciel, qu’ils soient circulaires ou en arcs , simples, doubles ou triples. J’ai été comblé sur ce point. J’arbore fièrement des hologrammes. Ils sont ma fierté personnelle. J’aime à les faire scintiller, comme des Swarovski sur une plage tropicale.
    – Arrête, me dit mon sur-moi, trêve d’auto-éloge, un peu de modestie ! Un mot de plus et je t’accuse d’avoir un égo démesuré !

    Lors de ma première sortie, je ne me doutais pas que ma carrière serait ce qu’elle fut ! Je me disais que j’étais juste une monnaie d’échange ayant la forme d’un  billet, que je pouvais me faire des idées ou non. J’étais, certes, une petite coupure, qui pourrait être vite reléguée dans quelque profondeur inavouable ou, au contraire, bénéficier d’une destinée exceptionnelle…

    A ma grande surprise, mon curriculum vitae s’est enrichi avec la rapidité digne d’un Speedy Gonzales !
    Première destination: la banque. Deuxième , le crachoir d’un distributeur. Et vogue la galère. De mains en mains.
    D’abord, celles de la crémière, puis celles du coiffeur, du boucher, de l’épicier, du bijoutier, du pharmacien. Odeur de chlore : la piscine municipale ; je suis désinfecté. Direction suivante : l’institut de beauté, lifting et massages relaxants, petit passage par la parfumerie. J’hésite entre Dior et Chanel. Un peu de deux !
    Après la folie du shopping, une pause terrasse. Les papotages ont du bon pour les serveurs. Me voilà coincé au fond d’une poche dont je fus éjecté le soir même pour reprendre ma sarabande…
    Le printemps a passé la main. Les grandes migrations estivales ont occupé mes jours et mes nuits ! Mon press book fut super génial ! Cependant, c’est avec plaisir que je retrouvai ma France !

    Vous me direz que, jusque là, ma destinée n’a rien d’extra-ordinaire. Elle est celle de toutes les monnaies d’échanges, quelques soient leurs apparences. La suite est cependant toute autre !

    L’automne a refroidi les rues de Paris et les Parisiens. L’hiver les a abrutis de rhumes, rhinites et angines. Un jour, on m’a présenté un vieux Russe, Monsieur Myxo Influenzae, si ma mémoire est bonne. Je découvris avec lui, les plaisirs d’hiver sur un terrain de jeux gigantesque. Il m’a d’abord pris sous son aile puis nous avons développé communément une pandémie de grande envergure. Le délire ! Plus je comptais d’échanges, plus notre entreprise ouvrait des succursales : dans les différents quartiers, à la périphérie puis en province ! Rien ne venait gripper les rouages de cette machine devenue nationale. Le délire !

    Je me voyais déjà en haut de l’affiche ! Consécration ultime : l’entrepreneur au plus grand nombre d’employés… légion d’honneur, tralalas et falbalas….

    Patatras, il en faut tout autrement. Allez savoir pourquoi et comment ? Brutalement, je me suis fait traité d’affreux Jojo. J’ai été empaqueté manu militaris et expédié avec des congénères en direction de Vic-Le-Comte. Naïvement, j’ai accordé mon crédit sous forme de crédo à ce doux nom. J’anticipais une retraite heureuse et paisible, au pays des Comtes de Provence…

    Que nenni…Branle-bas de combat ! J’ai à peine eu le temps de poser mes bagages que deux lascars ont mis sur pied un braquage ! « Presque parfait » a-t-on déclaré sur toutes les antennes et via toutes les ondes…

    Moi, j’étais au cachot, au sec, au noir….l’horreur ! Et puis un jour, les portes du pénitencier se sont ouvertes en grand! La lumière… éblouissante ! La chaleur…. torride…

    L’incinérateur ouvrait toute grande sa gueule vorace ! Un courant d’air, venu de je ne sais où, me sauva la mise…Je peux dire que j’ai eu chaud !

    A ce jour, j’ai relégué mes ambitions aux calendes grecques. Je savoure, en toute simplicité mais avec délices, l’intérieur frais d’un petit cochon de porcelaine rose !

  2. Sabine dit :

    C’était un billet
    Qui se faisait des idées
    Une petite coupure
    Ignorant sa destinée

    Il avait de grands projets
    Avant de finir tout ridé
    Devenir une grande coupure
    Avant de finir l’année

    Mais quand on est un faux billet
    Inutile de se faire des idées
    Quand on est une raclure
    On finit calciné

    © Margine

  3. Halima BELGHITI dit :

    C’était un billet qui se faisait des idées, une petite coupure ignorant sa destinée.
    Il n’imaginait pas, une seule seconde, qu’il serait l’objet de tant d’attention. Pourtant, il fut voué à une existence hors du commun. Il orne, à lui tout seul, l’un des murs du bureau de l’homme dont il a changé la vie. Lui, petite coupure sans envergure. Pourtant, ce petit billet a joué un grand rôle dans la vie de Clément. Celui-ci le gagne alors qu’il est âgé de 7 ans, en rémunération pour avoir laver la voiture de son père. C’était la toute première fois que le garçonnet recevait de l’argent en echange de son travail. Il était tellement fier de lui qu’il décida d’en faire un porte-bonheur et de l’encadrer. A partir de ce jour, Clément ne se sépara plus jamais du cadre. Durant sa scolarité, l’objet trônait sur le rebord de son bureau dans sa chambre de la maison parentale. Grâce à lui, Clément pensait qu’il pouvait réaliser tout ce qu’il souhaitait. Ce billet l’inspirait, lui donnait confiance en lui et en ses capacités. A la faculté de médecine, le cadre fut épinglé dans sa chambre d’étudiant juste au-dessus de son lit. Lorsqu’il s’établit enfin en tant que chirurgien, le cadre toujours présent, fut accroché dans son cabinet, tout seul sur un pan de mur, bien en évidence. Aux patients curieux, Clément répond toujours : » Ce billet a des pouvoirs magiques ».
    Lorsque Clément épousa Aurélie, et qu’ils eurent leur premier garçon, le jeune papa, se promit de transmette à son fils, ce qu’il avait de plus précieux : l’aptitude à croire en soi.

    ©Halima BELGHITI

  4. nathalie dit :

    C’était un billet qui se faisait des idées, une petite coupure ignorant sa destinée..
    Il frétillait déjà entre les doigts de son lecteur, qui venait de le découper avec soin dans la presse du jour. Reconnu pour sa valeur, il serait conservé, au lieu de recueillir des épluchures de pommes de terre ou autres sots légumes avant d’étouffer enfermé dans un sac plastique.
    Enfin le grand jour. Le billet était épinglé sur un mur, parmi les photos de famille, à la vue de tous, exposé en permanence sous les sunlight de la gloire qu’il ne savait pas encore éphémère. Car le soleil, de ses rayons, inlassablement, le fît pâlir jusqu’à en effacer ses mots. Jauni, racorni, le billet si soigneusement découpé un jour, finit par danser dans les flammes de la cheminée, sous le sourire satisfait de son ancien lecteur.

  5. Antonio dit :

    C’était un billet qui se faisait des idées,
    Une petite coupure ignorant sa destinée,
    Découpé et plié, dans une poche bien gardé,
    Il attendait son heure pour enfin se livrer.

    C’était un billet qui se faisait désirer,
    Une petite ordure connaissant bien son métier,
    Des mots tendres en compliments et des rimes en é
    Puis attendre que les boniments fassent leur effet.

    C’était un billet qui rêvait de dulcinée
    Une petite raclure aux mœurs et aux mots osés
    Qui la ferait rougir du premier au dernier
    Pour finir dans sa poche, tous les deux bien serrés

    C’était un billet qui se faisait des idées,
    Une petite coupure ignorant sa destinée
    Et qu’au fond d’une poche lui et ses mots se noyaient
    Au son sourd du tambour d’une machine à laver.

  6. Smoreau dit :

    C’était un billet qui se faisait des idées, une petite coupure ignorant sa destinée… Tout frais, tout neuf sorti des rotatives, il était fier. Il affichait sur son bulletin de naissance 100 euros, né en 2002, d’un très beau vert. Ses grand-parents, de modestes billets de 100 francs lui avaient donné le goût de la finance. Heureux, il allait circuler dans toute l’Europe. Il participerait à la création de l’union. Il s’imaginait déjà, comme son grand-père lui racontait au coin de la caisse, passer de main en main, de porte-monnaie en porte-feuille. Il allait découvrir du beau monde, c’est certain. Un jour, il fut ingurgité dans un distributeur avec des compagnons de tout acabit. Et hop en moins d’une heure, il glissa dans une fente et se retrouva dans de jolies mains. Plié avec soin, elle l’inséra dans son sac à main. Etait-ce une princesse, une star ou une trader ? Ah ! Ma vie commence ! Ce soir, je jouerai au casino ou sur un paquebot. Mr Billet vert de 100 euros jubilait. La demoiselle fit un saut au Casino, remplit sans y penser un horrible caddie qui grinçait. En grimaçant, elle déballa et paya avec son billet de 100 euros ! Pas de destin grandiose.

  7. Smoreau dit :

    A Christine BP:
    Bravo ! imaginatif ! Pauvre billet… Il aurait pu tant accomplir.

  8. Durand Jean Marc dit :

    Le petit billet.

    C’était un billet qui se faisait des idées,une petite coupure ignorant sa destinée.
    Il avait apprécié sa naissance, le soin qu’avait pris l’artiste pour le mettre au monde du visible, du bien ciselé. L’odeur de l’encre le chatouillait encore.

    Il se voyait déjà dans le potefeuille d’un homme riche, généreusement offert à un portier.Il se projetait dans le tiroir caisse d’une boulangerie. Grâce à lui, le portier mangerait du pain frais. Il se voyait empilé, économisé par un patron soigneux, appliqué à aggrandir son commerce, à engager, qui sait, un jeune mitron. Il se considérait au chaud, dans une banque, à l’abri du chiffonnage, du fond de poche. Il s’imaginait voyageant par le train, le bateau, l’avion. Il planait.

    Il se réveilla dans une grande boîte. Le couvercle s’en souleva violemment. Des êtres se disputaient la banque. L’un d’eux, plus virulent, le saisit à pleine main, le distribua avec d’autres de ses congénères. Il aperçut son reflet dans les lunettes d’un joueur: 100.

    En fait, il n’était qu’un vulgaire rectangle de papier, de bien peu de valeur, monopolysable.

  9. ChristineBP dit :

    C’était un billet qui se faisait des idées, une petite coupure ignorant sa destinée, pelotonnée au fond de la poche encore humide d’urine. Un passant lui avait donné ce ticket, cette monnaie versée dans son gobelet. Lui, trop saoul, n’avait même pas réalisé quelle porte cela lui ouvrait. 500 €…..Il avait donné les pièces à ses copains de caniveau, puis froissé le papier, et l’avait fourré au fond de sa poche à moitié déchirée. Depuis des jours plus rien ne se passait.
    Bien sûr, pour le billet l’odeur était insupportable. Mais ce n’était pas pire qu’enfermé dans un porte-monnaie.

    Un matin, Martin se remit sur ses pieds, sobre pour une fois. Il faisait encore froid, même si le soleil naissant promettait une belle journée. Il trouva un fond de café dans l’écuelle d’un voisin. Cela finit de le réveiller. Il marcha, quelques pas. S’étira les bras, le dos. Plusieurs jours qu’il n’avait pas bougé, assommé par l’alcool. Son corps était rouillé, enfermé, malmené. Il avait faim. Il était sale, répugnant même. Il se sentait las et déprimé.
    Il prit son sac à dos et avança en traînant un peu des pieds, lentement la tête baissée, serrant son col pour se réchauffer. Il ne savait pas où aller.
    Il aurait tellement aimé avoir un peu de monnaie pour se payer un billet vers le sud.
    Là-bas, il en était sur, sa fille l’aurait hébergé.

  10. Alfred dit :

    C’était un billet qui se faisait des idées, 
une petite coupure ignorant sa destinée…

    “Je ne suis pas un zéro, je ne suis pas un numéro”, c’était sa devise.
    Pas bien sûr de sa valeur, il rêvait de liberté, de dots, de rançons, de viatiques
    “Des lires délivrent”, c’était ce qu’il croyait

    Il ruminait dans l’obscurité d’une poche profonde. “L’argent n’a pas d’odeur et je sens l’encre fraîche.” Il s’en trouvait froissé, craignant d’être blanchi.

    La poche était trouée, il prit un billet de parterre pour la plus grande joie du gamin qui le trouva, le ramassa et l’échangea illico contre une place de ciné.

    “Beuark ! Voila que je sens le pop corn maintenant. Je préférais jouer les filles de l’air sur le trottoir sanglotait-il.
    “Espèce d’espèces” l’épingla un chèque. C’est pas parce que t’es du liquide que tu dois nous noyer. Tu dois faire contre mauvaise fortune bon cœur et apprendre à donner le change sinon, je te fiche mon billet que ni une ni deux tu vas te retrouver à Chamalières avant l’heure.
    Ce nom le fit frissonner. “Je n’ai rien fait de mal, jamais triché, jamais volé, jamais escroqué. J’ai toujours été honnêtement gagné, je ne veux pas aller en enfer, je ne veux pas être incinéré ! Je veux continuer à suivre le cours de ma vie, je veux finir chez un collectionneur.”
    Le tiroir-caisse s’ouvrit et il changea de mains, soulagé de quitter ce chèque de mauvais augure. Dans les minutes qui suivirent, il fut échangé contre un demi de bière blonde, un paquet de tabac à rouler, un journal de petites annonces, trois croisants, il perdit vite le compte.
    “Moi qui pensais n’être rien, j’ai été tout cela d’une seule traite !” Cette découverte lui donna du crédit à ses propres yeux. “Si j’ai pu faire ça tout seul, que serait-ce à plusieurs ?” Une liesse le prit en évoquant une liasse. “Qu’il est doux d’être un billet” babillait-il pour lui-même, “Même anonyme, notre pouvoir est entier ; celui de s’offrir un petit plaisir, de faire la charité, de dépenser sans y penser, d’exister au quotidien… Comme je plains les sans-papiers ”

  11. Christine dit :

    Billet, c’était pourtant sa vocation. Une belle carrière commencée comme simple billet à ordre avant de grimper un à un les échelons, passant du national à l’Europe. Une route bien tracée qu’il se voyait terminer en habit vert, aux States. Mais la crise avait brisé ses projets : il n’avait plus la cote, seules les cartes de crédit tiraient encore leur épingle du jeu dans cette époque tristement virtuelle. Ses nuits étaient cauchemardesques, il se voyait matricule anonyme, englouti dans une file interminable de chômeurs qui pointaient à Pôle emploi pour ne pas mourir tout à fait.
    Il froissa le vieux journal où les cours de la Bourse étaient relégués en dernière page, après la météo. Il faisait froid dans le petit appartement depuis longtemps abandonné par son locataire expulsé. Même pas un reste de whisky pour se réchauffer l’âme. Il jeta un regard circulaire à la pièce, un chouette salon autrefois avec des copains qui fumaient des pétards, de la musique, des rires à longueur de nuits, des filles. Pour en arriver là, c’était sordide !
    Affalé tristement sur sa misère, il ne l’entendit pas venir : une petite pièce, toute rondelette, un peu timide. Elle avait roulé sans bruit sur sa tranche et s’était mise à briller gentiment sous un rayon de soleil qui filtrait à travers le volet mal fermé.
    – Heu ! T’es qui toi, une meuf rescapée, en délirance toi aussi ?
    Elle ne répondit rien, se contentant de briller un peu plus pour arracher un sourire au vieux schnock grincheux.
    Elle était plutôt gironde, ça lui aurait presque fait oublier ses délires, il en était tout chose.
    – Toi aussi, ils t’ont abandonnée ?
    – Eh oui ! C’est la vie… Moi c’est Marianne, et toi ?…
    D’un coup, elle lui avait redonné la pêche, la mignonne. Et une idée : il allait se recycler, et pas plus tard que tout de suite, en billet doux, rien que pour elle.

    Bon week-end,

  12. isabelle hosten dit :

    c’était un petit billet qui se faisait des idées
    une petite coupure ignorant sa destinée
    rêvant de voyages aux antipodes
    le fond de poche restait bien étroit
    Corné, froissé, tout rabougri,
    songeant à l’étalement, au repassage
    d’autres jaunes et violets,
    lés « reluqués », en liasses grasses
    dans les mallettes acier des puissants
    mais voilà, condamné d’une caste,
    celle « des verts », menu fretin méprisable
    jamais son horizon ne serait hollywoodien
    soudain l’inondation, vertige rotatoire
    une odeur de lessive…l’approche du trépas
    survivre à l’essorage!!
    tout passe à la machine, même les rêves en couleur
    et finir sur un fil, avec un peu de chance…

  13. Fred Nache dit :

    C’ETAIT UN BEAU BILLET

    C’était un billet qui se faisait des idées,
    une petite coupure ignorant sa destinée…
    Je suis, se disait elle, universelle et pleine de valeur
    Les francs, les grecs me portent en leur cœur

    Un célèbre monument gallo romain
    Construit grâce à des efforts surhumains,
    Le pont du Gard se voit à mon endroit
    Et je satisfais tous les ayant droit.

    Elle voyagea ainsi dans tant de poches
    Passa dans des mains sales, devint moche
    Perdit ses couleurs, se fit collante et empoussiérée,
    Tant et si bien qu’elle termina sa vie incinérée.

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