Exercice indédit d’écriture créative 65

Dans une trousse d’écolier, on discutait entre voisins.
– Moi j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça, je ne dérange personne.
– C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots
comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier.

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10 réponses

  1. Clémence dit :

    Dans une trousse d’écolier, on discutait entre voisins.
    – Moi j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça, je ne dérange personne.
    – C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier.

    « Et si…. » en ce premier jour de septembre…
    Petite allégorie pour la rentrée des classes.

    Le jeune prof’ (terme épicène ) entra dans la salle de cours. Elle jeta un regard rectangulaire sur son nouveau public. Une onde murmurante enfla au gré des frottements de pieds de chaises. Des têtes pivotèrent, des dos s’offrirent en perspective. Le défi à relever était de la taille d’une obélisque !
    Elle ne fit rien paraître des spasmes de son cœur et de son pharynx.
    – Je vaincrai, comment, je ne sais pas encore, mais j’y arriverai !  Instruire, éduquer, préparer à la citoyenneté … se répétait-elle avec conviction.

    Elle avança dans l’allée centrale, sans quitter du regard ces jeunes gens. Elle repéra le plus frondeur : capuche sur la tête, regard dur, poings serrés sur sa tablette, un cutter à portée de main.

    Elle se dirigea vers lui. Duel visuel. Une discussion grondait dans sa trousse, posée en porte à faux…
    – Moi j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça, je ne dérange personne.
    – C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier !!!!

    Elle empoigna la trousse et tira vivement sur la goupille. Zip ! Trousse fermée. Déposée. Le frondeur semblait n’attendre que ce geste pour démarrer sa virulente harangue. Elle le prit de court et déclara d’une voix claire.
    – Tous égaux mais si différents !
    Silence.
    – D’un côté de la médaille, nous avons le droit d’être différent. De l’autre côté ,nous avons le devoir de respect. Les deux sont indissociables.
    Silence.
    – Ouai .. toujours pareil avec vous tous. Toujours des beaux discours pour nous embobiner. Cela fait des siècles que l’on nous assomme de ces discours mais jamais on ne nous…écoute ! Vous avez tous les beaux droits…et nous, seulement celui de nous écraser…
    La jeune prof écouta la tirade jusqu’au dernier mot.

    Elle sourit et dit :
    – Je vous ai bien entendu, mais je ne suis pas tout le monde. Je ne tiens pas à vous embobiner. A vous regarder, je doute que vous soyez « pluri-centenaires »…

    Des ricanements s’élevèrent, tant à l’adresse du rebelle qu’à celle du prof.
    Calmement, elle reprit :
    – Si vous voulez être entendus, utilisez des expressions justes, des faits réels. Si vous exagérez, votre interlocuteur tentera de contrecarrer vos excès en lieu et place d’être attentif à vos idées.

    Silence.
    Des regards changèrent de direction, des postures se modifièrent.
    Elle reprit.
    – Tous égaux, mais si différents ! Face à une situation, nous éprouvons des émotions, des sentiments. Libre à nous de les exprimer avec des mots …Libre à nous de les choisir.

    Silence.
    La prof se demandait si elle allait continuer ce monologue. Elle refit un tour d’horizon et nota quelques changements, encourageants.
    – Droit à la différence, droit au respect…
    – Oh, ça va, la prof !!!!
    – Chuuut, laisse voir…
    – On sait jamais, c’est ouf….
    – Droit à la différence, droit au respect. J’ai le droit de demander le possible…
    – Et tu sais c’qu’on te demande, nous……
    La prof garda son calme et termina.
    – Et si je fais une demande possible, j’entends bien obtenir une réponse possible positive. Il va de soi que la réciproque est de mise.
    – Mince alors, on ne nous avait jamais parlé comme ça…
    – Jamais ? Peut-être n’étiez-vous pas disposés à entendre, à ce moment là….

    Une ébauche de dialogue s’installa. Le frondeur gardait le silence mais fit glisser sa capuche. Il empoigna sa trousse et l’ouvrit d’un geste sec.
    – Compris ce qu’ a dit la prof, Stylo roule ta bille ! Des mots, oui, tant que tu veux, mais pas des maux ! Pigé ?
    La prof sourit, se dirigea vers le tableau. Elle prit un bâton de craie et , d’un geste apaisé, elle dessina la « Colombe » de Picasso.

    Elle se tourna vers ses élèves et leur dit d’une voix douce…
    « Les mots sont des fenêtres ou des murs….» *

    – Mince alors, s’exclama le frondeur, elle cause bien, elle pose bien et en plus elle dessine bien !

    Rien n’était encore gagné, mais elle se sentit sereine.

    +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

    * Les mots sont des fenêtres ou des murs. Introduction à la communication non violente .
    Marshall ROSENBERG

  2. Halima BELGHITI dit :

    Dans une trousse d’écolier, on discutait entre voisins.
    – Moi j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça, je ne dérange personne.
    – C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier.
    -Timide, moi ? Mais je …
    Le feutre ne put finir sa phrase…L’ombre du stylo à plume, auto-proclamé seigneur de la trousse, se profila.
    – Que se passe-t-il, demanda-t-il, encore en train de vous chamailler ?
    – Nous parlions de nos performances répondit le stylo à bille.
    – Je disais au stylo combien j’étais discret, contrairement à lui… expliqua le feutre
    – Es-tu en train de me traiter d’agitateur, s’énerva le stylo à bille ?
    – Du calme, du calme, tempéra l’arrogant stylo à plume. L’important est de bien écrire, de dessiner de belles lettres, n’est-ce pas, comme je le fais moi-même…
    Au mot « dessiner » , la gomme, confortablement, installée dans un coin de la trousse, fronça les sourcils.
    – Dessiner dites-vous ? Aucun de vous ne m’intéresse, dit-elle avec dédain, mon coeur bat pour le crayon de papier…
    -Tu parles d’une passion la gomme, s’exclama le compas, tu effaces tout ce qu’il écrit !
    – Bien au contraire rétorqua la celle-ci, je l’aide à reformuler sa pensée, tu y connais quoi, toi, à l’amour ?
    – Ecoutez, cessez de vous disputer pour rien, reprit le stylo à plume, nous avons tous une belle personnalité, surtout moi, contrairement à lui…
    – C’est sûr ! s’écria la règle, il n’existe pas de commune mesure entre lui et nous…
    – Dieu, qu’est-ce qu’il est moche en plus d’être tout décrépi, rétorqua le stylo à bille…
    – Il pourrait s’arranger un peu, faire attention à soi c’est important…ajouta la coquette gomme
    – Il fait vraiment figure de parent pauvre, je ne sais pas ce qu’on lui trouve, persifla le discret feutre…
    – Heureusement que nous ne sommes pas de la même classe, s’exclama le compas, j’aurais honte de le fréquenter
    – Franchement, à sa place je déclarerais forfait, avança la règle…
    Au moins ils étaient tous d’accord sur un point : il y avait parmi eux un indésirable qui remportaiit tous les suffrages. Tapis tout au fond de la trousse, un vieux stulo rechargeable se recroquevilla sur lui-même, apeuré. Il savait que c’était de lui dont on parlait. Pourtant, il n’avait rien d’enviable. Il avait tellement servi que sa couleur bleue d’origine, virait au gris. Est-ce que c’était de sa faute à lui, si son cancre de propriétaire, persistait à vouloir le garder année après année ? Certes il était fatigué d’avoir tant écrit. Son embout était tout mordillé ce qui enlevait encore quelques milimètres à sa taille. Subrepticement ses voisins s’approchèrent de lui d’un air menaçant.
    – Pour qui te prends-tu ? questionna le stylo à bille
    – Crois-tu que tu sois meilleur que nous ? lui demanda le stylo à plume
    – Tu t’es vu, t’as mauvaise mine ! dit la gomme
    – Tu ferais mieux d’aller faire un tour, on t’a assez vu, lui asséna, le compas…
    Alors le vieux stylo tout penaud s’approcha du bord de la trousse pour sauter dans le vide. Il priait secrétement pour que sa chutte le réduise en miettes et qu’il puisse quitter cette trousse, puisque personne ne voulait de lui…
    Il avait choisi le moment de la récréation. Qui remarquerait un vieux stulo par terre au milieu de tout ce joyeux tohu-bohu. Alors, il prit son élan, se mit au bord du cartable et sauta de la trousse.
    – Bon débarras… cria la régle tandis que la cloche annonçant la reprise des cours sonnait. Olivier, comme à son accutumée, s’installa au fond de la classe. Il amait pouvoir s’abriter du regard de ses professeurs en se cachant derrière ses camarades. Il passait son temps à rêvasser aux vacances en mordillant un stylo.
    – Olivier, Olivier ! l’apostropha Claire, sa voisine de pupitre, tiens tu as fais tomber ton stylo, je l’ai trouvé par terre, j’ai failli marcher dessus.
    – Ah, mon stylo ! s’écria Olivier. J’adore ce stylo, c’est mon préféré. Cela m’aurait ennuyé de la perdre, dit-il. Il le prit , l’essuya délicatement de son mouchoir. Sacré stylo, pensa-t-il, on en a vécu des choses ensemble ! Puis machinalement, il le mit dans sa bouche et le mordilla…

  3. Peggy dit :

    Dans une trousse d’écolier, on discutait entre voisins.
    – Moi j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça, je ne dérange personne. – C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier.

    Tout doucement pour ne pas être entendu des autres, le crayon s’approcha de la gomme :

    – Viens ma petite gomme. Ma douce complice. A nous deux, nous faisons la paire ! Nous non plus nous ne dérangeons personne, nous ne froissons rien, nous travaillons tout en douceur, sans bruit. N’ayant aucune ambition d’éternité, je suis délébile. Ceux qui écrivent peuvent changer d’avis comme bon leur semble Pas de rature intempestive, il suffit simplement que toi, ma toute souple acolyte, agisses pour effacer ce qui ne leur convient plus.

    – Je peux me joindre à vous? demanda timidement le taille-crayon. Je sais bien que je deviens de moins en moins utile. Heureusement que des petits élèves continuent à me glisser dans leur trousse pour tailler des crayons de couleurs ou des petites branchettes. Ils me permettent encore de rendre service. Mais je n’en n’ai plus pour longtemps.

    – Oh tu sais, je devrais aussi parler au passé, soupira le crayon. Nous aussi nous servons de moins en moins avec les nouveaux moyens d’écriture. L’ordinateur entre autres, pour ne pas le nommer. D’ailleurs je le hais. Heureusement il nous reste les premiers pas en écriture. J’aime tellement me trouver entre les doigts d’un tout petit qui commence à former ses premières lettres en se concentrant si fort, que plus rien n’existe autour de lui. Pourtant ils me font bien mal à me mordiller avec leurs quenottes acérées

    – Et moi, pensa à voix haute un porte-plume égaré on ne sait comment dans cette trousse. Ils étaient si élégants les pleins et les déliés, d’autrefois. Aucun de vous ne se souvient de la belle calligraphie que je pouvais exécuter sous des doigts agiles. On en a même réalisé des tableaux. Vous le bille et le feutre, votre tracé est toujours égal aucun galbe, uniforme jusqu’à l’ennui.

    – Ah ah ! tu parles d’un siècle révolu, nous n’étions pas encore créés! S’esclaffèrent le stylo bille et le feutre. Tu ne devrais même plus exister. Terminé l’écriture des aïeux ! Au rencart ! Place aux jeunes !

    – Aux jeunes ! répliqua le porte-plume. Toi, le stylo-bille tu as plus d’un siècle !

    – Bon, ça va, grommela-t-il.

    Gentiment le crayon et la gomme consolèrent le porte-plume, qui leur confia accablé

    – Je vais vous raconter le plus triste. Savez-vous pourquoi je suis dans cette trousse d’écolier ? et mes frères dans plusieurs autres? Ce n’est pas qu’il y ait un regain d’intérêt pour les pleins et les déliés. Pas du tout. Ce serait trop beau. Je suis devenu une arme. Vous souvenez-vous du film «Jeux interdits » et bien voilà à quoi je sers, au massacre des insectes.

  4. Françoise - Gare du Nord dit :

    Dans une trousse d’écolier, on discutait entre voisins.
    – Moi j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça, je ne dérange personne.
    – C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier.
    – Ce que vous écrivez est indélébile, tandis que moi, énonce doctement le crayon à papier, j’autorise la faute car « errare humanum est »
    – Ca c’est vrai la gomme, surenchérit son alter ego
    – Vous ne sortez pas du noir et du bleu. Nous, claironnent les crayons de couleur nous offrons le spectre lumineux et toutes ses nuances
    – Mais moi, moi … revendique le taille-crayon, sans moi vous auriez bonne mine !
    – Vous n’êtes que des gratte-petit fanfaronne l’aristocrate stylo à plume
    – Oui mais moi je vous efface tous, dit le tipex en se pavanant
    – Je suis cap de faire le grand écart se vante piteusement le compas
    – Et nous plastronnent de concert l’équerre et le rapporteur, nous connaissons tous les angles et avons des débouchés dans le bâtiment, l’architecture…
    – Je vous scotche tous se flatte le tube de colle
    – Pas plus que moi se glorifie l’agrafeuse
    – Décidément vous n’êtes que des manuels, des besogneux. A quoi pouvez-vous bien servir si le potache n’a pas bossé ? Tandis que moi, se pavane l’antisèche, le mi-intello mi- voyou de la bande.

  5. gepy dit :

    Dans une trousse d’écolier, on discutait entre voisins.
    – Moi, j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça je ne dérange personne .
    – C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier .
    – Chut ! ça y est, ça recommence ! dit la fermeture éclair de la trousse. Ils remettent en marche les ordinateurs.
    – On ne va pas écrire alors ! On va encore nous laisser lamentablement sécher !
    Vas-y, raconte-nous ce que tu vois !
    – La souris est là, fière, à nous snober comme d’habitude, avec son conjoint, le clavier. Quel couple infernal!
    – Vous vous rendez compte le prestige qu’ils ont, alors qu’ils ne frôlent même pas le papier. C’est une honte !
    – Ce qui est ennuyeux dans cette histoire, c’est notre position ! Qu’allons- nous devenir ? C’est déstabilant !
    – Arrête de prendre tout au pied de la lettre, ‘y a pas de quoi en faire un roman !
    – Mais comment peux-tu tout effacer de cette façon ? Tu les as bien vu, sur l’étagère, en déco.,le plumier, le porte-plume, la boîte à
    plume et le petit pot à encre. Ils n’ont pas de poussière parce qu’ils sont dans la vitrine, mais, tout de même, il n’y a que les plus
    beaux qui sont restés visibles. Les autres ont tous été gommés.
    Ils sont si tristes, les pauvres.
    – Mais arrête et rature-moi tout ça ! Il y en a qui exerce encore ; regarde en calligraphie, ils brillent toujours et restent admirés.
    – Par qui ? Je vous le demande. Ils sont si peu nombreux et puis, nos « informatisés » font la même chose sur leur écran d’ordi.!
    Je te souligne, d’ailleurs, que notre ami le buvard a disparu, lui aussi !
    Et la plume d’oie, hein ! Finie la plume d’oie ! Elle qui était si douce, si fine, si raffinée… Une travailleuse, précise, acharnée …
    ça en vide ma recharge, j’arrive plus à suivre ma ligne !
    – Moi, je pense que l’on continuera à enchanter nos chères feuilles de papier. Les enfants ne pourront pas apprendre à écrire sans nous.
    Ils nous aiment tant !
    – Peut-être que si on essayait de se rapprocher de ce couple infernal, on pourrait allier nos compétences.
    – Comment veux-tu faire ? Toujours dans tes gribouillages ! Je ne peux pas les contenir, moi,comment veux-tu que je me ferme avec autant
    de monde ! N’importe quoi ! Et arrête de me frotter le cuir avec ton bouton-poussoir ou je t’éjecte ! Tu iras pleurnicher, seul, dans
    le fond du sac d’école, avec les poussières collées à ta bille !
    – Bon, il faut sécher vos larmes d’encre maintenant ! Moi, je pense qu’on trouvera toujours à tracer du trait.
    – Facile pour toi, l’agrafeuse ! On t’a vu collé à la sortie de l’imprimante, avec des clac-clac de séduction, scotché à la souris ; on
    dirait même du double face ! Mais tu n’as pas le charme du clic-clic-clic du clavier!! On l’a bien noté, nous !
    – Les enfants, amis de l’écriture et compagnons de la créativité, surligna le tableau noir, tel un maître de séance, arrêtez de baver et
    remettez vos capuchons.
    Sachez que vous vivrez encore longtemps car une question sérieuse se pose : y-aura-t’il toujours de l’électricité pour cet usage ?
    L’avenir nous le dira. Alors, profitez intensément du moment présent et soyez toujours prêt à embellir les pages des cahiers d’un
    écolier, dans le respect de la marge bien sûr, cela va sans dire !

  6. Jp Carabin dit :

    Dans une trousse d’écolier, on discutait entre voisins.
    – Moi j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça, je ne dérange personne.
    – C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier.
    – Tu sais ce qu’il te dit le papier !
    Un papier froissé, c’est la soupe à la grimace pour la journée.
    Le reste de la trousse n’osa plus rien dire. Quand le papier est en colère il faut se taire. Sans lui, c’est le chômage assuré. Les sans papiers le savent bien.
    C’est le taille crayon qui a rompu le silence, d’une voix douce pour ne pas vexer à son tour, en faisant remarquer au crayon à papier qu’il avait mauvaise mine.
    – Reste dans ton coin et attend qu’on te siffle persifla le crayon.
    La gomme a voulu se mêler de la conversation. Elle a toujours considéré que le petit bout de gomme planté sur le haut du crayon était le comble de l’optimisme.
    – Comment ça lui lança le crayon. ?
    – Douze centimètres de graphite et 6 millimètres de gomme, c’est pas un peu prétentieux ?
    Les ciseaux et la règle éclatèrent de rire ensemble, un rire métallique accentué par le frottement des ciseaux sur les dents de la fermeture éclair de la trousse.
    Et le taille crayon de jeter de l’huile sur le feu …
    – Attention, cher crayon, le compas qui ne te supporte pas arrive à grandes enjambées et il pique lui ! Il est taillé pointu lui !
    La confusion qui commençait à régner dans la trousse a été interrompue par l’arrivée de la colle, toujours aussi liquide et une fois de plus sans bouchon !
    Chacun a retenu un cri. On ne bouge plus ! La dernière fois cela s’était mal terminé.

  7. A vergeylen dit :

    Dans une trousse d’écolier on discutait entre voisins. Ca se chamaillait fort.

    Puis, soudain, un Opinel débarqua.
    – Bonjour, dit-il simplement sans rien rajouter. Tous se turent. Le stylo plume osa tout de même une question.
    – Qu’est ce qui nous vaut l’honneur de votre présence parmi nous.
    – Oh vous savez par les temps qui courent, mon maître se sent mieux protégé à l’école par un couteau que par des stylos, répondit l’Opinel.
    Il avait raison. Tout le monde le savait.
    Plus personne ne rajouta un mot!

  8. Smoreau dit :

    Dans une trousse d’écolier, on discutait entre voisins.
    – Moi j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça, je ne dérange personne.
    – C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier.
    – Hé, bille de clown, tu peux parler moins fort, je vais te couper le sifflet, dit la paire de ciseaux en affutant sa voix, sortant de sa sieste à deux lames.
    Pro, le stabilo, voulant surligner tout ça, se haussa pour surplomber ce tintamarre. Le compas, jamais en reste se pointa, traça un large cercle pour inviter les protagonistes à élargir le débat.
    Cessez ! C’est l’heure de l’apéro, clama le scotch en titubant, ou j’appelle la règle ! Elle vous départagera et donnera des consignes bien droites. Et la plume Sergent major, les appliquera.
    Oh oh ! s’exclama la gomme. Pourquoi se fâcher ? On est tous dans la même trousse. Et pour un bon moment, je vous rappelle que ce sont les vacances. Alors, effaçons tout ça !

  9. Antonio dit :

    Dans une trousse d’écolier, on discutait entre voisins.
    – Moi j’écris silencieusement, chuchota le feutre, comme ça, je ne dérange personne.
    – C’est parce que t’es timide, s’esclaffa le stylo à bille, moi je roule mes mots comme je l’entends, tant pis si ça froisse le papier.

    – Ce n’est pas tant que tu le froisses, l’interrompit le stylo plume, c’est plutôt que tu y traînes tes grosses pattes de chat. Franchement tu devrais soigner un peu ta tenue.
    – Tu t’es vu, monsieur la délicatesse ! A donner des leçons aux autres tu ferais mieux de revoir ton haleine et remplacer le contenu de tes cartouches par du dentifrice ! Je suis peut-être mal fagoté mais moi je ne bave pas à la première ligne qui passe !
    – Et prends ça dans les dents ! lâcha le surligneur jaune.
    – Bon les enfants, tenez vous droits, reprit la règle, on vient !
    – Hé ho ! …
    – Aïe ! … quels rustres ces doigts !
    – Mais… ne poussez pas !
    – Ce n’est pas moi, c’est le gros feutre là !
    – Pardon !
    – Nous voilà beaux, tous dehors !
    – Que se passe-t-il, demanda le stylo bille ?
    – Ca sent l’inventaire, murmura le stylo plume, posé à l’écart des autres.
    – Quelqu’un a-t-il vu le crayon à papier, s’inquiéta la gomme ?
    – Non !
    – Moi je l’ai vu se tailler hier matin, s’avança le taille-crayon. Depuis il a disparu.
    – Il n’avait pas bonne mine, c’est vrai, déclara le rapporteur !
    – Et un de plus, se lamenta le crayon de papier bleu ! Hier c’était le rouge.
    – Hé ho ! …
    – Aïe ! … quels rustres ces doigts !
    – Mais… ne poussez pas !
    – Ce n’est pas moi, c’est le gros feutre là !
    – Pardon !
    – Retour au bercail, se réjouit le stylo bille, fausse alerte !
    – Ben t’es qui toi, demanda le stylo plume à une nouvelle tête qu’il scruta de haut en bas avec un certain dédain ?
    – Je suis le critérium, je viens d’arriver !
    – Mazette ! … t’as la vu la ligne, s’exclama le stylo bille ? Quelle classe !
    – Et la mine, ajouta le crayon de papier bleu, si fine, si délicate !
    – Hum ! se délectait déjà la gomme avec gourmandise !
    – Bon, hé ho, ça va, c’est qu’un crayon de papier qui a enfilé un joli costume, minimisa le stylo plume pour calmer les ardeurs de ses collègues.
    Il retourna de tout son poids au fond de la trousse dans un éclat de rire général.

  10. – et moi dis le crayon de papier, je suis autant utilisé pour les travaux de précisions, que pour donner libre à toute imagination.
    – Oui mais tu finis souvent en gribouillis illisibles! Rétorqua le stylo bille
    Mais je sais m’effacer quand il le faut! Enfin je disparais à l’envi!
    – t’es triste, t’es moche, avec tes traces uniformément grises, répliquèrent en cœur les crayons de couleurs, nous on est la vie, la gaité, on transforme les pages en œuvre d’art!
    – n’exagérez pas dis le feutre, moi et mes copains, avec nos traits on illumine les textes.
    – Oui mais vous êtes le cauchemar des élèves, impossible de vous effacer vous, les stylos bille ou feutre.
    -Tant pis pour eux, il n’ont qu’à faire attention ces petits chéris, entonnèrent-ils ensemble!
    – mais il prend toute la place celui-là s’offusqua le crayon de couleur rouge
    – Eps toi le ’’pépère ’’ tu dors? Ajouta le vert
    – Oh moi répondit calmement le stylo encre, permettez moi d’abord d’enlever mon chapeau pour vous saluer!
    – t’en fais pas un peu trop! Ne pu s’empêcher de dire le stylo bille
    -Moi je suis le préféré, ne vous en déplaise, le chéri des profs, mon écriture est fine, élégante, je suis respecté…
    – Ohhhh ça va! crièrent les autres à tue tête!
    – J’ai été choisi avec soin, je suis chouchouté,
    – Oui mais t’as une petite santé, toute les semaines il te faut ta perfusion!
    Je me nourris d’une encre noble, translucide, qui donne aux écrits un éclat particulier
    -Dis donc, t’es bien bavard tout d’en coup!
    -Vous avez raison, je ne vais pas continuer à perdre mon temps avec des êtres aussi insignifiants que vous, je vais poursuivre ma sieste, pour être en forme pour le cours de tout à l’heure!
    Geneviève Tavernier

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