Exercice inédit d’écriture créative 27

Hier, on m’a enterré.
Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas.

Imaginez une suite

17 réponses

  1. Clémence dit :

    Hier, on m’a enterré. Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas.

    Un soir d’été, je dînais en tête à tête avec moi même. Avec mélancolie, je faisais la conversation avec ma boîte à souvenirs, imaginant mon ultime éloge, quand, tout à coup, tel l’aigle noir de Barbara, celui-ci fondit sur moi…Pas l’aigle, le souvenir !

    Un refrain de Béart.
    « Parlez-moi de moi
    Y’a que ça qui m’intéresse
    Parlez-moi de moi
    Y’a que ça qui me donne de l’émoi…. »

    Allez savoir pourquoi, Prévert lui répondit par « L’enterrement d’une feuille morte »
    Ils me prirent par la main et m’emmenèrent au cœur du sujet.

    Plus précisément, au creux de l’assiette où je fais mon entrée. Je baigne, confit de beurre salé, d’ail et de persil, moi l’escargot de Bourgogne.

    Déjà ! Piqué et brûlant, au bout de la fourchette. Avalé par une bouche gourmande, en compagnie d’un morceau de pain imbibé de sauce.
    Je ne suis déjà plus.

    Toi, ma coquille, déposée délicatement au bord de l’assiette, spirale blonde et dorée, encore chaude, tu assistes, impuissante, à mon enterrement
    Tu finiras quelque part, au fond du jardin.
    Je n’assisterai pas à ton enterrement….

    Mais peut-être, que deux escargots…
    La coquille noire et du crêpa autour des cornes , au retour de l’enterrement d’une feuille morte, te chanteront pleureront à tue-tête parce qu’ils ont un peu trop bu, un joli soir d’été….

    © Clémence.

  2. Colette Bonnet-Seigue dit :

    Sur un air de Saxo

    Les cloches sonnent aujourd’hui en volées pascales! Pour moi, rien que pour moi ! Une diva en boîte satinée, clouée à postérité terrienne pour un éternel repos macabhéen. Mais pas tout à fait, puisque je roule encore entière, raide et glacée dans la Rolls Roy d’un Club Med pour terminus, encadrée de mes GOM (gentils organisateurs de la mort) Enfin, j’arrive devant le porche de l’église. On me fait fête aujourd’hui, des gens noirs comme des champignons, pas encore à l’intérieur, curieux de me voir descendre les pieds devant sur les épaules musclées de mes noirs accompagnateurs. Moi, j’aime pas le noir, pour ma fête, ils auraient pu s’habiller de vert ou de jaune printanier !
    On est bien le vingt et un mars et, le printemps ça me connaît, enfin, avant ! Mais tout de même c’est plus gai, plus rieur !
    Et ce rideau de suie sur ma boîte, pourquoi pas un morceau d’herbe fraîche et douce de mon jardin à éclatement de bourgeons que j’affectionnais. Oui, c’est ça, les GOM en habit de clown ! Mais, pas de nostalgie !
    Je ne vais pas tout de même me mettre à pleurer ce jour de fête ! N’entendez-vous pas toutes ces revendications célestes des déçus de leur dernier voyage ?

    Pour les fleurs, je suis satisfaite, on en a rempli deux fourgons ! Les couronnes affublées de rubans-épitaphes, ça, j’aime pas : A ma mère, mon amie, ma sœur (hypocrite celle-là !!!) Le p’tit bouquet sauvage taché de coquelicots, tout timide dans son coin, j’ai deviné, c’est celui de mes petits-enfants, mes chéris, mes anges !

    Enfin la foule est entrée en silence tandis qu’un Saxo commence à jouer. On n’attend plus qu’ moi ! Alors les GOM – Musclor me sortent de ce terril roulant, je m’ retrouve trophée sur leurs épaules en procession dans l’allée centrale. On me regarde comme une princesse en boîte à musique car, ça swingue beaucoup à l’intérieur à cause du Saxo qui accompagne la Chorale des Pioupiou en tribune !

    A mon passage, ça pleure de partout, même Martine la bedote qui m’aimait guère a les yeux en baudruche et puis, aussi Gaston ce malandrin, l’épicier du coin qui adorait ajouter en ni vu ni connu des fruits avariés bien cachés parmi les autres.

    Ne pleure pas Ninette ! La pauvre ! Sur ses joues, c’est Niagara ! Elle m’aimait bien et moi aussi !

    Ils sont tous rangés dans la nef, par ordre protocolaire, premières rangées à droite tous les miens, silencieux, noirs de la tête aux pieds, leur visage est pâle, sauf celui de mon oncle Eugène, (habitué du bistrot voisin) qui a la couleur de son dernier rouge !

    Ça y est, me voilà entourée de cierges qui brillent comme des étoiles face à l’autel, on m’y voit mieux, une star, impressionnant ! Les gros bras me recouvrent encore de ce rideau noir qui m’étouffe. Mais moi, j’aime le rouge, vous le saviez bien, ça fait peut-être plus chic mais c’est d’un triste ! Déjà que j’entends trop de bruit de mouchoirs ! Allez les Pioupiou, saxo and Co, entonnez l’Ave Maria de mes noces ou encore, cette « Petite fleur » que j’écoutais souvent quand j’avais le blues ! Que je frétille dans ma boîte ! Ah ! C’est évident, là, je suis trop raide, mais tout de même !!!
    Ouverture de la cérémonie : le curé commence d’un air solennel, en m’appelant par mon prénom, mais, moi, je ne le connais pas ! Tiens ! Qu’est-ce que ça cache ? Un compliment ! Mazette, toute cette pommade quand on est mort !
    Même Eliane qui ne pouvait pas m’encaisser est en train de me faire un discours de derrière les fagots ! Mais moi, je n’écoute pas, d’ailleurs, elle m’a jamais écoutée !

    Tiens voilà Adrien qui va vers le micro qu’on ajuste à sa taille. Adrien, c’est mon petit-fils, mon Bout’chou d’amour qui du haut de ses huit ans entonne sur la glisse de son archet la chanson que je lui chantais. Je l’aimais bien moi mon Adrien, voilà qu’il me fait pleurer à moi aussi ! Joue ! Joue encore mon Brin de cœur, joue- moi « Une poule sur un mur », « J’ai dans mon panier », ou encore « La p’tite maison verte » tu sais, la chanson que je t’ai inventée pour t’endormir ! Bravo ! Bravo ! Tu t’es surpassé ! Tu as mieux joué qu’à la kermesse de l’école !

    Oh ! Mes chéris petits-enfants vous voilà tous, les larmes en ribambelle, à la queue leu leu, une rose blanche à la main sur l’air de Bechet. Vous les déposez délicatement, comme une caresse, sur ma boîte, je sens leur parfum, il m’envoûte.
    Tiens, en même temps, c’est au tour de mes fils en doublon pour le récit d’un de mes poèmes, mon préféré : « Le testament poétique » vous avez fait le bon choix. Ça réchauffe ma froideur. Je sens que les larmes étranglent votre gorge, courageux mes grands !

    Je vois mon cher et tendre assis tête baissée le regard vide, les yeux dans son mouchoir ! Il va se sentir bien seul maintenant !

    Oh ! Celle-là, c’est ma dragonne de sœur, elle n’en manque pas une ! Les rictus et les yeux secs, sont encore plus secs que d’habitude ! Elle y va de sa plume pas franche : Ma petite Louloutte, pourquoi pas Cacugne tant qu’elle y était, c’était plus réaliste puisque c’était l’humiliant surnom dont elle m’avait affublé dans mon enfance ! Je me souviens… Moi aussi, je me souviens ! Et patati et patata ! De quoi elle se souvenait la Brutus ? De ses gifles d’antan adressées à la volée, de ses éclats de voix, de ses rejets permanents ou de ses facétieuses mises en boîte ? Tiens, elle en a même la voix qui chevrote ! Oh ! La comédienne !! Tu vas nous manquer ma petite sœur … Pas moi ! Point final.

    C’est le tour de ma fille. Léa, ne pleure pas, arrête, ça va aussi dégouliner dans ma boîte et tu sais combien j’aime la discrétion ! Je sais aussi que ton amour et celui de tes frères est aussi grand que cet océan de larmes qui nous inonde. Parle –moi de nos heures complices aux rires fous ! Vas-y de tes petites histoires rigolotes que tu savais si bien nous raconter ou mimer. Bon, je sais, je ne serai plus au bout du fil pour t’encourager les jours de noir, mais on ne va pas le perdre ce fil, promis !

    Allez tous, je suis invisible, c’est vrai, mais ne soyez pas si tristes tout d’même ! Je continuerai mes fêtes, les vôtres, et oui, sans vous, mais dans la cour céleste de ceux que j’ai aimés avant vous et qui sont impatients à les partager avec moi !

    Après tous ces discours un peu éprouvants, le curé entonne le De Profundis, puis le Salve Regina que je chantais souvent au caté. Il y va du goupillon, puis de l’encens qui titille mes yeux de pierre. Y en a trop ! C’est étouffant !! Insupportable ! La messe est dite !
    Retour à la case départ pour la balade en apesanteur sur les bras musclés des GOM qui auparavant ont enlevé le rideau noir, ouf ! C’est quand même mieux en rouge acajou ! Puis retour triomphal en saxo d’allégresse dans l’allée centrale. Tiens, au passage, un sourire de Ninette, je luis réponds illico. On m’enfourne dans la Rolls Roy, direction le cimetière.

    « Tu es née poussière, et tu retourneras en poussière »

    Poussière de lune ou poussière d’étoile ?

    En attendant la terre m’attend à trou ouvert au pif rectiligne, juste la place de ma boîte.

    By! By la vie d’ici ! Une autre m’ouvre les bras ! Légère, dépouillée, libre, oiseau, je vole, par-dessus les miens, j’appréhende les contours de cet enclos souterrain, inerte ! Allez ! Faites pas cet’ tête on s’retrouvera bientôt !

    Chut ! On m’appelle de là-haut… La Petite fleur du saxo…

  3. Sabine dit :

    Hier, on m’a enterré.
    Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas.
    C’est normal. Toute ma vie, je leur ai dit : «Je ne veux pas pourrir dans une boîte en bois qu’on aura mise dans un trou en ciment. Je veux être brûlée. Je vous préviens, si vous m’enterrez, je me relève. »
    Mais hier, mes idiotes de filles m’ont fait une place au cimetière. Evidement, il n’y avait qu’elles à l’enterrement. Celles qui n’ont pas respecté mes vœux. Les autres ne sont pas venus, sorte de protestation.
    On est arrivés à 15h30, à 15h 35 on me mettait déjà dans le trou. Comme promis, un bon coup de genou dans le couvercle, je me suis relevée et je suis partie.
    Elles étaient furieuses, mes filles. Elles criaient comme des hystériques qu’il fallait que je retourne dans le trou. Elles peuvent toujours courir, j’y vais, au crématoire. Je leur ai dit, que je voulais être brûlée.
    ©Margine

  4. DUMOUCHEL dit :

    Tout avait été préparé… sauf mon corps. Les pompes funèbres ne voulaient rien faire, comment faire une mise en bière sans dépouille ?
    Tant pis… on fait avec ou plutôt sans mais on fait !
    Au moment de dire au revoir au défunt, que je représente, les quelques personnes qui étaient là furent surprises et se regardèrent interloqués. Que devaient-ils faire ?
    Tant pis… on continue !
    Les croque-morts sont ravis car mon cercueil n’est pas trop lourd du fait de mon absence !
    Direction l’église : les gens discutent mais quelle oraison funèbre va-t-elle avoir ? Le prêtre est sur le point de refuser la bénédiction de mon corps… Comment voulez vous bénir un corps absent mais c’est impossible ce que vous me demandez là ! Que va dire le Vatican ?
    Tant pis… Je bénis votre cercueil si vous voulez… Les personnes présentes ne comprennent rien de ce qui se passe. Doivent ils pleurer ? Est-ce un canular macabre ? Et ensuite, elle est brûlée ou enterrée ? C’est vraiment triste un enterrement sans défunt…
    Les discussions vont bon train. Il faudrait penser à la crémation dit l’un, rendez vous compte… allez nettoyer son monument funéraire en sachant qu’elle n’est même pas dedans… Au moins, l’urne serait plus simple… on irait la fleurir avec notre air sombre et lugubre qu’en pensez vous ? Faites comme vous voulez dit l’autre maintenant que le cercueil est clos… Personne ne nous interdira rien… puisque nous seuls sommes au courant qu’il est vide ! En effet dit le suivant, mais une question subsiste !
    et tous ensemble : LAQUELLE ?

    bah Où est notre Géraldine ?

  5. DUMOUCHEL dit :

    Déjà… j’ai à me plaindre car la préparation de mon corps ne m’a pas plu… Bonjour le maquillage… même un clown présente mieux ! Ensuite, la robe que l’on m’a mise ne m’allait pas du tout… j’aurais voulu ma robe de mariage… il n’y a que dans celle ci que je suis belle… bref la présentation faisait preuve en tout état de cause de mauvais goût.

    Il y avait très peu de monde car j’ai très peu d’amis.. quelques copains qui traînent mais ne me connaissant que très peu ! Et quand je dis que je n’étais pas là… ce n’est pas totalement vrai… en fait, mon esprit se promenait… j’ai toujours été curieuse… je voulais voir….

    Voir qui serait là, ceux qui pleureraient, ceux qui me manqueront et puis savoir…. ou tenter de ressentir si nos rapports étaient sincères ! bref… un truc de curieux que nul ne peux comprendre s’il n’est pas dans le même état d’esprit.

    Je ne peux parler de mon enterrement sans parler de mon éloge funèbre et là… je ne suis pas déçue… lamentable, pathétique, mais rien de ce qui a été dit ne me ressemblait : entendre dire que j’allais leur manquer…. comment y croire ? Toutes ces années à ne cesser de penser que je ne servais à rien… Pourquoi ne me l’ont-ils pas dit plus tôt ? Oh… c’est vrai… ils étaient là dans les moments éprouvants de ma vie… comment exprimer ce que je ressens…. Ils m’aiment, moi aussi et jamais nous ne nous le sommes dit…

    Je ne suis pas présente à mon enterrement, mais ne vous tracasser pas…. je reste près de vous maintenant…. et je veillerai chaque jour sur chacun d’entre vous et promis…. je ferai en sorte que vous ne m’oubliez pas !! car moi je n’ai plus que vous à penser !

  6. marsienfr75 dit :

    Hier, on m’a enterré. Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas. (je n’y étais pas manque la négation « ne »)

    J’étais tellement tourne boulé par le fait que ma dernière volonté ne soit pas respectée, j’avais donc décidé de bouder ! J’ai vite arrêté de les regarder du haut de là où j’étais.
    J’en ai profité pour aller chercher la raison de ce manque de considération pour ma dépouille. Hélas, je n’avais plus de corps disponible pour questionner ou tourner la moindre page afin de comprendre le pourquoi.
    « Bon dieu », façon de parler car je savais maintenant que personne n’était venu me chercher, il n’y avait personne en dehors de moi. Qu’ont-ils fait pour me mener en cet endroit sinistre ?

    Soudain, le noir, des paroles tamisées, mon corps pesant, qu’elle sensation.

    Où suis-je ? Je ne les vois plus, que sont ils devenus les rares présents qui ont fait le déplacement ?

    De bruits se font entendre au dessus de moi. Alors je réalise que je suis dans mon propre cercueil et qu’ils m’enterrent vivant. Après, je ne me souviens plus de rien.

  7. Gwenaëlle dit :

    Hier, on m’a enterré. Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas. Pas envie, pas la pêche ! Toujours devoir être là où on vous attend, y’en a marre. J’y suis pas allée. Non y’a rien a expliqué, un coup de calcaire, envie d’être ailleurs. Me laisser porter par mes envies, déambuler, rêver, aller où bon me semble. D’ailleurs, beaucoup avait compris que je ne viendrai pas, avec mon sale caractère, ils se doutaient que je n’en ferai qu’à ma tête.. Il y avait très peu de monde… Finalement j’ai bien fait de ne pas y aller. Je vous tire ma révérence, je m’échappe, je disparais. On m’attend ailleurs. Dans un monde meilleur.

  8. Antonio dit :

    « Excusez-moi, je ne fais que passer. Je sais, je n’ai rien à voir avec le sujet. Je suis le dixième commentaire, celui qu’on a décidé d’enterrer depuis le début de ces petits jeux.
    chaque fois c’est pareil, on s’arrête sous mon nez et on passe au jeu suivant. Cette fois je dis STOP ! …

    Enfin, j’existe ! »

    (pour les toqués des comptes ronds)

  9. Isabelle dit :

    Hier, on m’a enterré. Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas. J’avais tout simplement décider d’être ailleurs, là où on ne m’attendait pas. « Quelle belle surprise », me dirent les uns, « Quel jeu de dupe », me dirent les autres.
    Mais finalement, être ici où là, quelle importance, à partir du moment où vous êtes quelque part !

  10. Zouzou dit :

    Vous allez trouver ça drôle. C’est dans la rubrique nécrologique de la gazette locale que j’ai appris ma propre mort. Ça m’a fait un choc. J’étais assis dans un café. J’attendais qu’un serveur prenne ma commande depuis un bon moment déjà quand mon regard a glissé sur le journal de mon voisin. Je sais pas qui a eu l’idée de cette annonce, je connais personne dans ce bled. Et puis le problème n’est pas là. Le problème c’est que je suis bien vivant. Je m’en serais rendu compte si j’étais mort ! En fait le serveur n’est jamais venu prendre ma commande. A chaque fois qu’il me passait à côté, je le hélais. Je sais pas s’il était bouché ou bigleux… Enfin, bref. Je sais pas ce qui se passe ces derniers temps mais les gens sont d’une incorrection! On me rentre dedans, on me marche sur les pieds, on m’ignore… Parfois, j’ai l’impression d’être l’homme invisible. Je me demande bien qui ils ont pu foutre dans mon cerceuil!

  11. Marie-Ange dit :

    Hier, on m’a enterrée. Il y avait très peu de monde, même moi je n’y étais pas. J’avais préféré être ailleurs… là où on avait besoin de moi. L’un de mes amis avait l’esprit suicidaire et je préférais lui remonter le moral ! Nous sommes allés nous promener dans la campagne, au grand air, loin de cette boîte ou je n’avais guère envie de m’enfermer… Là, au moins, au milieu des fleurs qui sentaient bon, de l’humus, de la terre (mais dessus…), nous étions bien et je le voyais ressusciter à vue d’oeil… moi aussi, d’ailleurs !

  12. Cécile Lenormand dit :

    Hier, on m’a enterrée. Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas.
    Je m’étais déjà envolée vers des lieux plus aérés. J’étouffais ici, j’avais besoin de respirer, de m’emplir d’air pur, de me fondre dans le vent. J’étais partie danser avec les alizées, me battre contre les tempêtes, tournoyer au coeur des cyclones. Cest le chemin que j’ai choisi pour gagner mon éternité. Rien n’a pu me retenir. De toute façon, personne n’a remarqué mon absence.

  13. Pascal Perrat dit :

    Hier, on m’a enterré. Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas.
    J’avais été révélé, à mon insu. Depuis j’agonisais, de bouche à oreille, plus du tout confidentiel. Tout ça parce que celle à qui je m’étais confié n’avait pas su tenir sa langue. Son lapsus m’avait tué. Mais reste encore un mystère, là où je me suis dévoilé.

  14. Niko dit :

    Hier, on m’a enterré. Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas.
    Oui, en effet, j’ai eu peur de rester là. Je voulais revoir le monde…
    Je suis parti me réincarner dans le corps d’un nouveau-né.
    Je m’appellerai Titeuf, je vivrai en Afrique, je serai un président très connu.
    A mes prochaines funérailles, dans 70 ans, tous les plus grands hommes de la Terre viendront me voir. Alors, je serai immortel.

  15. Fiori dit :

    Faut dire que j’ai toujours eu beaucoup de mal à rester en place. Les longues heures à étudier, les problèmes à tiroir, les repas du dimanche, cela n’a jamais été pour moi. A défaut de pouvoir bouger les jambes, je m’échappais par la fenêtre : il me suffisait de suivre du regard les poussières qui brillaient dans les rayons du soleil. Doucement, je virevoltais, bienheureuse. Je partais dans le ciel et me laissais dériver, allongée sur un nuage. Je regardais la terre d’en haut. Je m’éverveillais tant que lorsqu’on me rappelait sur terre c’était toujours pour me questionner sur ce que je trouvais amusant. Comme je ne trouvais rien à répondre, j’ai fis de l’espace autour de moi. Hier, évidemment, il y a eu bien peu de monde. Je ne peux pas leur en vouloir. Je n’y suis pas restée très longtemps. J’avais mieux à faire.

  16. Antonio dit :

    Il faut que je vous dise d’abord que j’ai mal tourné dès les premières acnés de mon adolescence. Si mes premières fugues sont passées inaperçues, elles étaient bien réelles. Au centre, on avait beau m’enfermer à chaque fois, à double, voire quatre tours, me faire surveiller par des milliers de détecteurs, les plus sophistiqués, je savais que je pouvais sortir à tout moment.
    C’était devenu une fixation chez moi. Me tirer d’ici à tout prix, voir le monde, me fixer, oui … quelque part où l’herbe serait plus verte.
    Ici, à mon âge, je fumais tout ce que je voulais, tout ce que je pouvais même, c’était très courant par chez nous. Mais à force, je n’en avais plus le cœur, j’en faisais depuis quelque temps une mauvaise réaction.

    Et puis j’ai explosé, ce matin du 26 avril. Ils n’ont pas compris. Je courais sans regarder derrière moi, je voulais fuir. On m’a rattrapé, plaqué au sol. On m’a achevé, difficilement, après des semaines d’agonie.

    Hier, on m’a enterré, on vous a dit. Il y avait très peu de monde, même moi, je n’y étais pas. Je parcours encore le monde, libre comme l’air, au dessus de tout soupçon.

    Tchernobyl, 15 mai 1986.

  17. catherine dit :

    Non c’est une blague, pour rien au monde je n’aurais voulu manquer ça. Enfin, disons plutôt qu’une part de moi y était et qu’une autre n’y était pas mais c’est quelque chose que je serais bien en peine de vous expliquer étant donné l’état de votre équipement cognitif et sensoriel actuel. Sachez pour ceux qui ne sont pas venus, que c’est vraiment ok pour moi. J’ai bien reçu vos pensées et prières me concernant. Octave, j’ai essayé de te prévenir de mon départ dans tes rêves mais je ne sais pas si tu m’as reçue 5 sur 5 parce que tu es si préoccupé en ce moment par ta vie professionnelle que ton espace onirique était déjà surchargé. Lulia avec sa sensibilité médiumnique, avait déjà compris.
    Les milliers de japonais que j’ai croisés ont effectué la transition facilement, leur culture les prédisposant à considérer toute forme matérielle comme éphémère.
    Comme promis, je vous donnerai régulièrement de mes nouvelles, d’une manière ou d’une autre. Soyez attentifs au nombre 22 qui est ma signature!

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