Exercice inédit d’écriture créative 15

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Émois

Elle tenait, depuis quelques mois, un journal d’émois.
L’émoi de novembre n’avait pas été significatif, à peine deux lignes.
L’émoi de décembre se résumait en cinq lignes,
mais l’émoi de janvier promettait…

Racontez

13 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    L’émoi de novembre n’avait pas été significatif, à peine deux lignes de condoléances laconiques dans la rubrique nécrologique. Suffisamment pour cet émoi sinistre, le mal aimé du calendrier, celui des monuments aux morts et des chrysanthèmes, qui promène son humeur maussade et son air chagrin sur une période de l’année en phase terminale

    L’émoi de décembre se résumait en cinq lignes. Trop peu pour cet émoi qui pourtant offrait tant : des réjouissances des joujoux par milliers qui émerveillaient les grands,

    Mais l’émoi de janvier promettait… Volubile et prodigue, fougueux et peu avare – surtout de ce qui ne l’engageait pas, il promettait comme un député en campagne électorale, comme un repris de justice multi-récidiviste à la barre d’une cour d’assises, comme un garnement renvoyé de plusieurs établissements scolaires, comme un amant infidèle. Des belles promesses : des promesses de Gascon, des promesses de mariage, des promesses de marin et des promesses de mécanicien

    Autant l’émoi de janvier était superbe et généreux, autant les émois suivants faisaient peine à voir. Tristes et apeurés, les épaules voûtées, ils s’attendaient à recevoir, chaque jour, une volée de bois vert ou à être rossés. Pourquoi ? Pour promesses non tenues.

    Le cœur plein d’amertume, vivant dans la crainte permanente, lassé d’être le suivant de cet émoi hâbleur et vantard, l’émoi de février décida un matin du 15 février 1375* d’en faire moins que les autres. « Après moi le déluge » se dit-il plein de désinvolture égoïste

    C’est la raison pour laquelle le mois de février ne compte que 28 jours, certaines années, il daigne néanmoins faire quelques heures supplémentaires (24).

    * Date sujette à caution. Certains historiens fixent l’événement au 12 février 1297, d’autres au 4 février 1455 et d’autres encore au 21 février 1389

  2. Clémence dit :

    Émois. Elle tenait, depuis quelques mois, un journal d’émois. L’émoi de novembre n’avait pas été significatif, à peine deux lignes. L’émoi de décembre se résumait en cinq lignes, mais l’émoi de janvier promettait…

    Elle et moi !

    Pour elle et moi, l’émoi de novembre n’avait pas été significatif, à peine deux lignes. En noir : un prénom recopié à la hâte, un numéro de téléphone.
    L’émoi de décembre se confirmait. En cinq lignes à l’encre bleue, le prénom doublement souligné, rendez-vous, oui, suivi de points de suspension, le nom d’une rue, une date.
    Pour elle et moi, janvier promettait.

    Je ne me trompais pas…
    Passée la discrétion des premiers émois de la première rencontre, les mots se bousculaient. Rapidement jetés sur la page pour ne pas oublier.

    Février et ses frimas provoquèrent d’autres émois : les frissons et les frictions.
    Les nez rouges, les lèvres gercées, les mains gelées, les fous-rires…

    Mars et ses promesses appelèrent plus d’audace.
    J’étais complice. Il y avait toujours elle, il y avait toujours moi et les émois.
    Les longues balades, les confidences partagées comme des bonbons…

    Avril arriva, clair et franc.
    Les corps se découvraient, cheveux relevés, jupes dansantes et ballerines.
    J’étais émerveillé. Je la trouvais si belle. Que d’émois partagés.
    Le corsage blanc ou le bleu ? La robe ou la jupe, le bermuda, peut-être ?
    La promenade à vélo ou à pieds ?

    Mai
    Mai fut un laid mois pour elle et moi.
    Elle en quarantaine ! Elle était dans tous ses états et écrivait, écrivait. A l’encre violette. Elle se languissait. Les pages étant trop petites, l’écriture se fit plus petite. Je partageais la silencieuse moitié de ses émois.

    Juin
    Ses jours moirés
    Les temps perdus à rattraper, les émois à partager, les confidences à multiplier.
    Elle et moi… que d’émois !

    Juillet
    Elle et moi, moissons.
    Elle me confia ses émois, son cœur de moineau : colère, envie, déception, rage et tristesse.
    Elle écrivait à l’encre verte.
    Venise ne serait pas à elle.

    Août
    Elle et moi et nos émois.
    Elle parlait, elle écrivait, elle se confiait.
    Je l’écoutais, je compatissais, je l’apaisais.
    Septembre reviendrait !

    Septembre arriva.
    Les émois firent trembler sa voix.
    Elle me confia ses craintes et ses espoirs…
    Elle et moi avions tant partagé.

    Le soir, elle arriva, rose d’émotion.
    Elle m’empoigna. En grand, elle écrivit à l’encre rose :

    Charline est avec moi en CM1 !

    © Clémence

  3. PPerrat dit :

    Le rapprochement d’émois et des mois est une bonne idée.
    Les jeux de mots produits adoucissent les mauvaises nouvelles véhiculées par le sujet.
    On espère que l’émoi de février sera plus joyeux

  4. dumouchel dit :

    Elle tenait, depuis quelques mois, un journal d’émois.
    L’émoi de novembre n’avait pas été significatif, à peine deux lignes.
    L’émoi de décembre se résumait en cinq lignes,
    mais l’émoi de janvier promettait un branle bas d’émoi ; l’affolement lors de l’accouchement de la petite dernière, l’attendrissement quand elle ouvrira la carte de voeux de sa petite nièce, le choc lorsqu’elle apprendra que son mari désire partir. Mais aussi et surtout la timidité qu’elle devra surmonter pour annoncer la nouvelle à ses parents ainsi que la contrariété à la vue de leur réaction. Il y aurait donc cette effervescence quand il déménagerait. Suivi du bouleversement que cela créera dans sa vie, une page se tournera sur les tracas du quotidien et l’ennui qui s’installera dans les fins de journées. Un émoi de janvier qui devrait prendre quelques pages et laissera place à l’émoi de février.

  5. Halima BELGHITI dit :

    Elle tenait, depuis quelques mois, un journal d’émois. L’émoi de novembre n’avait pas été significatif, à peine deux lignes. L’émoi de décembre se résumait en cinq lignes, mais l’émoi de janvier promettait d’être intense et donc mériterait sûrement plus d’encre et de place sur son journal. 10…15…20 lignes ? Oh, non, bien plus! se disait-t-elle. Emma imaginait un émoi qui aurait, au moins, besoin de deux voire trois pages décriture pour le relater. Au moins! Un émoi grand, non, un gigantesque émoi, un émoi plein de couleurs et d’émotions. Ce genre d’émois qui laissent pantois. Elle ne saurait dire avec précision pourquoi, mais Emma sentait que cet émoi de Janvier allait être à nul autre pareil…Peut-être parce que c’est le premier mois de l’année… qu’il est porteur d’energie et d’espoirs, de nouveautés et d’inconnu… Peut-être aussi parce qu’à l’occasion de cette nouvelle année, elle avait formé de nombreux voeux. Et qu’elle espérait secrètement qu’ils se réalisent. Et enfin et surtout parce qu’Emma avait découvert qu’elle avait une capacité très developpée de s’émouvoir. Ni les soucis du quotidien, ni les peines, ni les tristesses et encore moins les frustrations de la vie n’avaient entamé, si peu que ce soit, sa capacité à ressentir de l’émoi. Elle se savait chanceuse, elle savait que ce n’était pas forcémment le cas de tout le monde. En proie à un cynisme grandissant, les personnes de son entourage, avait-t- elle remarqué, ont souvent tendance à se fermer à tout émoi, de peur de perdre leur fragile équilibre ou leur sens des choses. Mais Emma, elle, s’était entraîné. Chaque mois, elle avait guetté un émoi, avait su le reconnaître et l’accueillir…Elle leur avait donné une note sur 10 pour en établir l’intensité et l’importance et savoir les ressentir comme il se devait…Alors, Emma, attendait patiemment l’émoi de ce mois. « Comment va-il être ? Quelle émotion va-t-il porter en lui ? ». Et chaque matin de ce froid mois de janvier, Emma pensait à l’émoi. « L’émoi peut concerner de grandes choses ou de petites choses, se disait-elle. Peu importe. L’important c’est qu’il y en est un »…Et un jour l’émoi vint. Il advint en debut de soirée, il faisait déjà nuit, comme il est de coutume à cette période de l’année… l’émoi vint sous la forme d’une prise de conscience fulgurante : en un éclair, Emma comprit qu’elle pouvait éprouver autant d’émois qu’elle voulait… Elle comprit qu’il était de son ressort de ressentir de l’émoi…pour tout ce qu’elle souhaitait, quand elle le souhaitait et Emma fut transportée de joie… Elle décida alors de tenir un journal des joies…

    Halima BELGHITI

  6. Gwenaëlle dit :

    Émue elle le fut lorsque cette petite main se glissa dans la sienne et lui dit pleure plus j’ai trouvé un baiser pour toi.

  7. Mariefly dit :

    L’émoi de janvier promettait. De toute façon, forcément meilleur que celui de décembre. Durant le dernier mois de l’année écoulée, le trop plein de son moi l’avait noyée. Trop de moi tue l’émoi. Elle met désormais tous ses espoirs en janvier, promesse d’une aube intérieure qui ouvre son coeur. Elle l’affute et laisse de côté son nigaud de nombril idéaliste pour décider de vivre tous les petits émois de rien, qui font tout. L’odeur et la saveur d’une soupe de légumes fumante mijotée pour se réchauffer, la caresse d’un rayon de soleil après tant de jours de gris, « Let it be » accompagnée à la guitare par la voix claire de sa fille, la lune surgissant par dessus les toits de la ville. Les petites merveilles de janvier vont bientôt remplir son journal à le faire déborder d’émois doux. Le grand émoi peut bien attendre. Elle a mieux à faire qu’attendre. Elle a des tonnes d’émois à vivre et à écrire au présent.

  8. Sylvie H. dit :

    L’émoi de janvier promettait. « Aime-moi », cria-t-il au SDF qui lui tendait la main en mâchouillant un « serre-moi la paluche » gras d’alcool. C’était en temps de gels. Visages congestionnés et pas serrés pour aller marché.
    L’oie suivante avait les doigts froids des bigotes. Peu de foi au pied de Saint-Eustache enrhumée. Quelques cartons effeuillés sur le faux marbre du forum, l’Africaine passive passe ses journées en boubou blanc sur le trottoir jusqu’à ce qu’on lui tende son petit noir couronné d’une fumée mince. Parfois, elle effleure avec élégance l’éventail des pages jaunes d’un annuaire. Sur le trottoir opposé, le bonnet aux sourcils, son reflet pâle et petit, accroupi, couve un livre de contes illustré ouvert sous les yeux des passants.
    Peu de roi, pas d’émoi. Ils ont froid.

  9. Pascal Perrat dit :

    Vos émois vivront de longs mois
    et moi « je les lira » jusqu’à ce que la tête me tournoie

  10. Antonio dit :

    L’émoi de janvier promettait, c’est vrai. On le disait majestueux, exceptionnel, éblouissant. Il n’arrive que trop rarement … disons, pour être exact, que l’on n’arrive à le percevoir que trop rarement. Pour cela il faut garder les yeux ouverts, la tête haute, ne pas regarder ses chaussures et aller à sa rencontre d’un pas léger et insouciant.
    C’est ce qu’elle a fait ce matin même, vers neuf heures …
    Comme tous les mardi matin le marché a pris place dans son quartier. Elle se faufile, la tête haute, les yeux grands ouverts, d’un pas allant et léger, dans les allées où elle flâne et retrouve son primeur préféré qui lui a préparé son panier des fruits et légumes bio. Il s’appelle Igor et son panier est une pure merveille de couleurs, de senteurs, autant que de choix et de qualité. Aubergine, courgettes, tomates, salade de chêne rouge, poivrons, échalotes, citrons, coriandre, menthe, clémentines, pommes et poires se serrent comme ils peuvent pour faire partie du voyage.
    Un joli tournesol clôturera la sélection, marque de la délicatesse d’Igor à l’égard de sa protégée.

    Vous avez un peu de temps pour me lire, j’espère, car l’émoi n’est pas encore là.
    Là voilà quittant la place avec son panier maraîcher fleuri au bras. Il fait sombre. Le marché couvert lui masque le ciel. Il est neuf heures vingt trois, un ciel couvert masque le soleil.
    Elle s’assoit avec ses provisions sur le banc d’un square voisin. Elle est déçue. Elle aurait aimé sentir les rayons du soleil d’hiver lui prendre le visage comme deux mains chaudes réconfortantes.
    Elle attend sur son banc. L’émoi va venir. Elle scrute le ciel embrumé. Il est dix heures sept. Le voilà. Un vieil homme s’installe dans le petit kiosque comme tous les mardi matin vers cette heure-ci. Il dépose une grande boite sur le sol. Il l’ouvre sans prêter attention à son entourage. Il est concentré. Il sort une pièce cuivré brillante, à la forme d’un instrument. Il ajoute son bec et y attache une anse à son cou. Un pupitre est installé. Il souffle quelques notes de ce qui ressemble à un saxophone comme un docteur prend le pouls de son patient. Il est prêt, elle aussi. C’est bien un saxophone.
    Les premières notes sont exactement celles qu’elle attend, elle les connaît par cœur, elle tremble mais elle veut dépasser sa peur. Il joue, ne se doute de rien. Elle ose, elle entonne : « Summertiiiiiiiiiiime … »
    La voix claque dans l’air du matin avec la pureté et la puissance d’une Ella Fitzgerald ressuscitée. On aurait pu croire à un disque de la diva du blues. Le vieux saxophoniste s’est même arrêté. Ce silence annonçait dès lors l’émoi qui ne pouvait plus reculer. Ils se sont regardés, il a souri, il a poursuivi, elle l’a suivi.
    « … and the living is ea-syyy ! »
    Elle a la chair de poule. Les quelques auditeurs qui s’approchent aussi. Elle ne les voit pas, elle lève les yeux au ciel et n’entend plus que la musique dont l’harmonie l’envahit par tous les pores. Elle passe les couplets, d’une octave à l’autre et avec une telle chaleur dans la voix que personne ne semble ressentir le zéro pointé de la température extérieure. La chanson durera huit minutes avec des passages d’improvisations vocales dont Ella avait le secret.
    Magnifique, sublime, éblouissant, les commentaires fusent tout autour.
    Une diva dans son manteau noir à côté d’une corbeille colorée, l’image est aussi belle que le son de ce spectacle improvisé.
    Quand elle eut fini, elle n’entendit même pas les quelques applaudissements devant elle. Elle regardait le ciel et se voyait sur un de ces nuages. Elle l’avait fait.
    Ce seront ses premiers mots dans son journal sur l’émoi de janvier.

  11. Geneviève T. dit :

    l’émoi de janvier promettait ……de voir se noircir de nombreuses pages de son journal.
    Les deux derniers mois de solitude avaient été durs, très durs, pour elle. Elle, aimée, chouchoutée, gâtée, depuis des années. Elle avait vu sa vie de couple se déliter en quelques mois. Il était parti avec une autre. Voilà c’est tout!. ..un scénario tout simple!
    Elle avait dû quitter son bel appartement pour ce petit studio. Elle avait petit à petit sombré dans le désespoir. Ses soirées maintenant elle les passait souvent à pleurer . Elle ne répondait plus au téléphone. L’entourage en avait assez. Il ne savait plus que faire.
    La veille de Noël, en sortant de la boulangerie, elle se surprit à avoir envie d’aller boire un thé. Dans le bar elle s’était installée près d’une vitre embuée. Son regard dans le vague, avait fini par rencontrer deux yeux aussi tristes que les siens. Un pâle sourire s’était ébauché sur les lèvres de l’un et de l’autre.
    Les derniers jours de l’année avaient été identiques aux précédents. Lorsqu’elle ouvrit son journal en cette veille de nouvel an, ce fut pour écrire deux mots en majuscules : ET MOI! Les deux mots remplissaient à eux seules la feuille.
    Le lendemain matin, longue queue devant la boulangerie. On la bouscula. Deux regards se croisèrent. Qui avait parlé le premier? Qui avait souri le premier?
    En rentrant elle ouvrit son journal. Là en vis-à-vis des deux mots écrits la veille, elle traça les mêmes lettres, seul le T était oublié.
    Elle tourna la page et nota: à 5h rendez-vous au bar pour un thé….
    Geneviève T.

  12. Bruno dit :

    L’épaule démise de mon mars 1998 m’a méchamment marquée

  13. Papalagui dit :

    Emoi
    narratif
    tout
    rabelaisien,
    entre
    2,
    libérer son
    écriture et
    toujours
    tactiquement
    recréer et
    enrichir
    son style

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