Parfois, en lisant un livre, on sent soudain que notre cœur s’emballe

« Parfois, en lisant un livre, on sent soudain que notre cœur s’emballe, qu’il bat plus fort et que notre poitrine s’étreint au point que nous nous demandons, pendant quelques secondes, si l’émotion qui nous envahit, et que les mots ont fait naître, n’est pas en train de nous retirer de la vie, de la nôtre en tout cas, pour nous amener vers un lieu d’incandescence que nous n’aurions même pas soupçonné, et que nous n’aurions jamais pu atteindre sans eux.

Les grands auteurs sont ceux-là justement qui parviennent, grâce à leur langue, à déchirer le rideau des apparences et des fausses séductions pour nous dévoiler la profondeur de nos misères, de nos beautés et de notre fragilité. Pour cette raison, j’ai toujours placé Pagnol en compagnie des plus grands, ainsi que dans la lignée de conteurs et de poètes de l’Antiquité pour qui le monde était une célébration et un temple frémissant de présences.

La beauté de sa langue tient à sa voix simple. Pagnol jamais ne s’encombre d’effets. Il dit les choses, comme un artisan parvenu au sommet de sa pratique après de nombreuses années d’exercice, sait choisir le bon outil ou éliminer les ornements superflus »

Ce qui précède est extrait d’un article* écrit par Philippe Claudel, l’auteur des « Âmes Grises », Prix Renaudot 2003, un livre que je ne connais pas. Mais vu la sensibilité avec laquelle Philippe Claudel – photo ci-dessus – exprime son admiration pour Marcel Pagnol, je vais m’empresser de le lire.

* Le Figaro Littéraire 19 mai 2011

3 réponses

  1. Je sais, j’arrive longtemps après mais c’est exactement ce que je viens de ressentir en lisant « La confusion de sentiments » de Stéphan Zweig. Cet auteur est une découverte pour moi mais c’est une véritable révélation ! J’adore son style, sa façon de décrire les personnes et leurs états d’âme… J’ai aussi beaucoup aimé « Lettre d’une inconnue », bouleversant mais j’ai moins accroché sur « Amok ». Mais j’ai hâte de lire le reste…

  2. Mariefly dit :

    Merci Pascal pour cette très belle citation.
    mon passage préféré est le suivant :
    « …Les grands auteurs sont ceux-là justement qui parviennent, grâce à leur langue, à déchirer le rideau des apparences et des fausses séductions pour nous dévoiler la profondeur de nos misères, de nos beautés et de notre fragilité. »
    Une exigence qui nous invite à aller au bout de nous même nous qui écrivons!
    Amicalement

  3. Antonio dit :

    Pour une fois que ça tombe sur un livre que j’ai lu !

    J’ai vraiment aimé à tel point que j’ai voulu en lire un autre, « Le rapport de Brodeck », mais là, j’ai moins accroché.

    En tout cas, ça donne envie de se remettre dans du Pagnol, son article !

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