Renouer avec la fraîcheur de son enfant créateur
La renommée grandissante d’un autodidacte animant des ateliers d’écriture créative dans une grande école de journalisme 😉 était parvenue à l’oreille d’un professeur de lettres.
Suspicieux, il décida de rencontrer cet animateur qui prétendait éveiller la créativité des participants, quels que soient leur âge et leur bagage.
Leur rencontre eut lieu brièvement, pendant une pause, lors d’un stage de formation.
Son emploi du temps étant très chargé, le professeur avait insisté sur le fait qu’il ne disposait que d’une demi-heure, pas plus. Un exposé très important l’attendait à l’université.
Ayant à peine salué l’autodidacte, il alla droit au but :
– Parlez-moi de la créativité, vous qui vous dites éveilleur d’idées ! Sur quels principes d’intelligibilité se fonde votre pédagogie ?
L’autodidacte ne répondit pas immédiatement.
Après un temps de réflexion il fouilla dans son cartable et sortit un coquillage. Une conque, comme on en trouve parfois au bord de la mer.
Il la tendit au professeur.
– Cher Professeur, portez ce coquillage à votre oreille et dites-moi si vous entendez la mer ?
Le professeur se raidit et ne put se contenir :
– Voyons, MONSIEUR l’éveilleur ! vous n’ignorez tout de même pas que tout cela n’est qu’un enfantillage ! Quand on porte un coquillage à son oreille, ce n’est pas la mer que l’on entend, mais les sons produits par nos vaisseaux sanguins ! Le coquillage n’est qu’une caisse de résonance.
L’autodidacte rétorqua calmement :
– Comment vous expliquer ma démarche si votre esprit, fort de ses connaissances, reste sourd à ce qu’un enfant peut entendre ?
Le professeur de lettres blêmit. Quittant brusquement son siège, il jeta le coquillage sur le sol et sortit de la salle sans un mot.
L’autodidacte ramassa le coquillage et l’essuya avec sa manche.
Un stagiaire, arrivé à l’improviste, avait assisté à la scène. Il s’approcha :
– J’ai tout entendu, et j’ai vu avec quelle suffisance cet homme vous a parlé. C’est impossible pour lui de trouver l’esprit d’ouverture nécessaire à ce genre d’expérience. Il a perdu à jamais la fraîcheur de son enfance.
Ce jeune homme se fiait trop aux apparences. Il est toujours possible de retrouver l’esprit de ses 10 ans, de renouer avec la fraicheur de son enfant créateur.
Ce n’est pas plus difficile pour un érudit que pour toute autre personne.
Il faut simplement retrouver les clés pour s’ouvrir à sa propre créativité et la libérer. Nous en avons tout un trousseau !
Oublier qu’on est un adulte sensé et raisonneur. Aimer les contes de fées et les histoires à dormir debout. Et trouver dans des mots apparemment anodins le point de départ impromptu à toute une histoire. Et surtout, commencer par: « Il était une fois… »
Et bien je vous dirai, pour le pratiquer avec mes étudiants (journalisme et RP) chaque semaine, qu’il est tout à fait possible de retrouver son âme d’enfant- chaque jour- si on cultive en permanence un état d’esprit de « lâcher-prise » et (de vraie) écoute de l’autre. J’ai la soixantaine et mes étudiants 23 ans… et cela fonctionne en parfaite harmonie. Méthode: Partie 1: échauffement physique par différentes techniques. Placement de la voix (glossolalie etc.)2. atelier d’écriture ludique pour structurer son discours (style…Perrat !) et ensuite mise en pratique « expression » face caméra. C’est autant un plaisir pour les étudiants que pour celui qui le donne (votre serviteur) Allez donc, joli week-end du patrimoine à vous tous ! Pierre DG
Pauvre prof. Je suis sûre qu’en cachette… il écoute les coquillages. Bises.
il est tjs bon de retrouver une part de son enfance et écouter la mer dans le coquillage fait bien rêver
J’ai fait découvrir ce phénomène à mes petites filles.
Nous faisons ce geste à chacune de nos rencontres.
A chaque fois, leurs yeux pétillent.
Les miens, aussi.
Ah bon, c’est une histoire inventée le bruit de la mer dans les coquillages ? 😉
Excellent ! Je vais penser a poser un coquillage sur mon bureau
A la fin d’une journée harassante ,oser prendre son crayon et sur un petit bout de papier écrire une petite histoire rafraichissante avant de s’endormir . C’est donner la parole à notre âme d’enfant … quel bonheur ….
merci Pascal de nous lire et de nous encourager à le faire
Pauvre homme, je le plains !!
vous avez raison de le plaindre ce faiseur de nuages parce qu’enfin, retrouver son âme d’enfance c’est parfois détruire tous les murs, murets, enceintes soigneusement bâtis autour de soi pour se protéger. Quelle angoisse ! Retrouver son âme d’enfant, c’est se retrouver nu comme une feuille blanche, c’est accepter de tout réécrire… Quelle souffrance ! Mais retrouver son âme d’enfance, c’est aussi reprendre le coquillage en cachette et le coller à son oreille… c’est se laisser surprendre par les vagues qui montent sur vos pieds…
c’est vrai ! lorsque j’écris j’ai parfois l’impression de retrouver mon âme d’enfant et c’est très « rafraîchissant »
Ah ce prof…quel con…que!