L’incipit, cette phrase à soigner avec une extrême attention
Au Moyen Âge, le titre n’existait pas, seule la première phrase du texte,
l’incipit, permettait de comprendre quel était le genre du livre qu’on découvrait.
Vint l’invention du titre.
Depuis, la première phrase des ouvrages, (incipit liber, « ici commence le livre« ) a trouvé d’autres fonctions : retenir le lecteur par la manche, l’inciter à aller plus loin que les premiers mots, lui donner envie de connaître la suite.
Mais, comme notre scolarité nous a formatés pendant de nombreuses années, on commence généralement un texte avec quelques phrases d’introduction faites de généralités inutiles. Conséquemment, le lecteur languit en attendant que l’histoire qu’on lui raconte, démarre enfin.
Sachant qu’un lecteur accorde à l’auteur le bénéfice du doute pendant les premières lignes, avant de décider s’il poursuit sa lecture, il importe de les soigner avec une extrême attention.
Retenez que plus l’incipit d’un texte surprend et frappe l’imagination, plus il déclenche l’intérêt immédiat du lecteur,.
A contrario, si cette première phrase est creuse, banale ou interminable. Si elle donne l’impression que l’histoire ne décollera jamais, c’est le crash garanti.
La première phrase d’un livre, telle une injonction, doit mettre le lecteur en mouvement, l’exhorter à entrer dans le vif du sujet.
C’est la phrase la plus importante d’un livre.
Dans le journalisme, l’incipit est d’ailleurs appelé l’attaque. Ce qui veut tout dire…
En littérature, on la nomme parfois « la phrase-seuil ». Une bonne attaque éclaire le seuil du texte, elle ne plonge pas le lecteur dans l’obscurité.
Quelques célèbres incipits pour illustrer mon propos :
« La première phrase d’un roman ou d’une nouvelle, donne la longueur, donne le ton, donne le style, donne tout. Le grand problème est de commencer »
Gabriel Garcia Marquez
« Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. »
La Bible
« Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. »
Jean-Jacques Rousseau
« Aujourd’hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »
Albert Camus, L’Étranger
« Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l’emmena faire connaissance avec la glace. »
Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude
« Ça a débuté comme ça. »
Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit
« DOUKIPUDONKTAN », se demanda Gabriel excédé.
Raymond Queneau, Zazie dans le Métro
« Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde.
Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe?
D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain.
Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ?
Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. »
Diderot, Jacques le fataliste
Pascal Perrat sur France 2 MERES TOXIQUES
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com
Je suis une maitresse d’école confinée et je cherche a créer un atelier d’écriture original pour mes petits élèves. Je vais partir d’incipit »s », leur en proposer plusieurs. Ils en choisiront un, écriront la suite et l’enverront au deuxième élève qui est sur la liste de la classe, qui continuera et proposera une courte suite e t qui l’enverra au suivant, etc. etc.
On va bien s’amuser !
Bonjour et merci Maud Gaget pour ce courriel très chaleureux
Votre enthousiasme fait chaud au coeur
Amicalement
Pascal Perrat
Si l’incipit est insipide ça décapite la pépite et ça n’incite pas à se précipiter. Ainsi l’incidence de cet insigne incipit insinue insidieusement son insignifiance à nous faire palpiter.
Cher Pascal,
À défaut de vous regarder sur France2 indisponible au Québec, je n’ai pas manqué de voter pour votre blog!
« La cuisine était propre. Au milieu, l’Aurélie pendait à une grosse ficelle, accrochée par le cou. »
Marcel Aymé, La Table-aux-Crevés.
Doukipudonktan a ma préférence comme votre blog mon cher pascal ! A voté !
On ne peut que voter pour votre blog. Une merveille d’aide et de partage. Culturel, imaginatif avec des prouesses de technicité pour nous aider. Vous êtes formidable Pascal.
Et quelle merveilleuse surprise de pouvoir prochainement vous voir et entendre dans une émission que j’apprécie. Je serai devant la télé ce jour-là, vous pouvez compter sur toute mon attention.
Bien cordialement.
AB
J’ai voté aussi,
Quant à l’émission, on peut toujours la revoir sur pluzz
peut-être est-elle déjà enregistrée?
« C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. »
Gustave Flaubert, Salammbô
« Je découvris la cachette parce que le ballon était tombé dedans. »
Erri De Luca, Le jour avant le bonheur
« Cette nuit là — comme tant d’autres nuits si nombreuses
qu’on n’y pouvait songer sans une confusion — Térii le
Récitant marchait, à pas mesurés, tout au long des parvis
inviolables. »
Victor Ségalen, Les Immémoriaux
Sauf que le son du départ n’est pas « ain » mais « i »
comme dans ding, ding, dong 🙂
le début est donc digne, mais pas dingue.
C’est fou ce qu’on peut s’amuser avec quelques lettres !
« Longtemps je me suis couché de bonne heure »
Marcel Proust, Du coté de chez Swann
Les parents toxiques, ce sont des parents terribles, dans le sens qu’ils inspirent la terreur, un climat qu’ils ont forgé pour piéger, pour se défausser de leurs responsabilités. Ils lèguent leur fardeau comme une poubelle dont ils n’ont pas voulu faire le tri sélectif.
Même toxiques, ce sont nos parents, ils méritent respect. Dans ce qu’ils laissent, il y a une idée et un objet sur lesquels peut se construire un mur de sérénité.
Chaque étape de la vie n’est pas insurmontable. Je me contente d’une petite marche à gravir tous les jours.
Il est curieux ce mot tout de même… il sonne à mon oreille comme insipide.
Sauf que le son du départ n’est pas « ain » mais « i »
comme dans ding, ding, dong 🙂
Merci. Je ne l’ai jamais entendu prononcer par quelqu’un. Pas facile à placer sans qu’on vous rétorque un « hein ? » 😉
J’ai voté !!!
Je suis certaine que votre rencontre avec Frédéric Lopez et son équipe vous laissera de bons souvenirs….