L’extraordinaire voyage en Mongolie de Guillaume de Rubrouck (1253 – 1255)

En l’an 1253, Guillaume de Rubrouck, frère franciscain originaire de Flandres, est envoyé par Saint-Louis en mission en Mongolie afin d’évangéliser cette terra incognita. Huit ans avant Marco Polo, alors que les invasions mongoles font trembler l’Occident, c’est nus pieds qu’il effectuera ce long voyage.

Son récit, truculent et riche de mille anecdotes, est l’un des tout premiers témoignages de la vie en Mongolie à l’époque des grands khans. Digne ancêtre d’Albert Londres, le frère franciscain s’avère tour à tour missionnaire, espion, grand reporter et ethnologue avant l’heure.

Guillaume de Rubrouck et son compagnon Barthélémy de Crémone passeront un hiver à Karakorum, la capitale de la Mongolie. Au cours de leur périple de deux ans, ils endureront faim, froid, fatigue et mauvais traitements.

Une source historique inestimable sur la vie et les moeurs mongoles du XIIIe siècle. Une description unique de la ville de Karakorum aujourd’hui disparue.

Collection « Explorateurs d’antan »

Extrait :

« Près de ce palais il y a plusieurs autres logis spacieux comme des granges, où l’on garde les vivres, les provisions et les trésors ; et parce qu’il n’eût pas été bienséant ni honnête de porter des vases pleins de lait ou d’autres boissons en ce palais, ce Guillaume lui avait fait un grand arbre d’argent au pied duquel étaient quatre lions aussi d’argent, ayant chacun un canal d’où sortait du lait de jument. Les quatre pipes étaient cachées dans l’arbre, montant jusqu’au sommet et de là s’écoulant en bas. Sur chacun de ces canaux il y avait des serpents dorés dont les queues venaient à environner le corps de l’arbre. De l’une de ces pipes coulait du vin, de l’autre du caracosmos ou lait de jument purifié, de la troisième du ball ou boisson faite de miel, et de la dernière de la cérasine faite de riz. Au pied de l’arbre chaque boisson avait son vase d’argent pour la recevoir. Entre ces quatre canaux tout au haut était un ange d’argent tenant une trompette, et au dessous de l’arbre il y avait un grand trou où un homme se pouvait cacher, avec un conduit assez large qui montait par le milieu de l’arbre jusqu’à l’ange. […]

Au dehors du palais il y a une grande chambre où ils mettent leurs boissons, avec des serviteurs tout prêts à les distribuer sitôt qu’ils entendent l’ange sonnant de la trompette. Les branches de l’arbre étaient d’argent, comme aussi les feuilles et les fruits qui en pendaient. Quand donc ils voulaient boire, le maître sommelier criait à l’ange qu’il sonnât de la trompette, et celui qui était caché dans l’arbre soufflait bien fort dans ce vaisseau ou conduit allant jusqu’à l’ange, qui portait aussitôt sa trompette à la bouche et sonnait hautement ; ce qu’entendant les serviteurs et officiers qui étaient dans la chambre du boire, ils faisaient en même instant couler la boisson de leurs tonneaux, qui était reçue dans ces vaisseaux d’argent, d’où le sommelier la tirait pour porter aux hommes et aux femmes qui étaient au festin. »

Les Editions d’Asie centrale ont été fondées par Sylvie Lasserre, grand reporter spécialiste de l’Asie centrale et membre de la Société Asiatique.

1 réponse

  1. Faireri dit :

    Une tres bonne lecture, je vous remercie !

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